Le fil des thésards (ou des thésards sur le fil, allez savoir...)

Qu'est-ce que la "validation du travail de recherche" ?

Mon directeur de thèse m'a dit lors de notre dernière entrevue que pour soutenir, il fallait que j'aie écrit des articles. Je croyais que c'était un impératif pour passer la qualification de Maître de Conférence mais pas pour la soutenance. Ai-je mal compris ?

Pour soutenir, en tant que tel, ça ne me semble pas une obligation (et je n'ai jamais vu un collègue l'imposer). Pour candidater, en revanche, c'est tout à fait nécessaire. On suggère en général aux doctorants d'essayer de publier/communiquer pendant qu'ils font leur thèse, de façon à se constituer un dossier pour la suite.

belote a écrit:Mon directeur de thèse m'a dit lors de notre dernière entrevue que pour soutenir, il fallait que j'aie écrit des articles. Je croyais que c'était un impératif pour passer la qualification de Maître de Conférence mais pas pour la soutenance. Ai-je mal compris ?

Lors de la soutenance de thèse, on parle de la thèse, pas des articles...

Il faudrait jeter un œil dans les modalités de l'école doctorale, s'il y a une absurdité de ce genre dans les "crédits" à obtenir. Les communications et articles nous en faisaient valider mais n'étaient pas pour autant obligatoires dans mon ED pour soutenir.

Oui voilà ça peut être une question relative au fonctionnement de l'ED et à l'obtention du diplôme : la fac où j'ai commencé ma thèse nous "forçait" à valider des heures de formation (même sans lien avec notre discipline).

Oui, ça c'est autre chose: ils sont devenus à moitié zinzins à demander X participations à des machins et des trucs. De mon temps, quand quelqu'un faisait une thèse, on lui fichait la paix, histoire qu'il puisse travailler tranquillement.

C'est ça. Mais tout ça n'a rien à voir avec l'évaluation de la thèse en elle-même, qui est seule à être en jeu lors de la soutenance.

Itou (et j'ai soutenu en 2010). Aujourd'hui, la même université exige de valider des crédits obtenus par des heures de formation en sus de la rédaction et la soutenance d'une thèse de doctorat.

Oui, FoP, c'est sûr mais pour soutenir, sur le papier, il faut avoir validé certaines choses et sur le papier, la soutenance peut être refusée si la formation à l'éthique de la recherche / les x séminaires / les x communications et que sais-je encore selon les modalités de l'arrêté de je ne sais plus quand (2016 ? À moins qu'il y en ait eu un nouveau depuis) et de l'ED ne sont pas remplies (modalités réduites pour les salariés). Dans les faits, évidemment, je doute qu'on ait refusé une soutenance au motif que les heures / crédits n'aient pas été validés mais plus grand chose ne m'étonnerait.

Mais, epekeina et Condorcet, comment avez-vous su que le plagiat, c'était mal sans la formation, alors ?

Spoiler:

Ergo a écrit:Mais, epekeina et Condorcet, comment avez-vous su que le plagiat, c'était mal sans la formation, alors ?

Si, si, il y avait une Formation (avec une Majuscule). Mais ultra rapide.
Ça devait être un truc du genre: si vous n'avez rien de plus à dire que ce qui a déjà été dit, allez plutôt vendre des frites sur la plage de Dunkerque…

Ergo a écrit:Oui, FoP, c'est sûr mais pour soutenir, sur le papier, il faut avoir validé certaines choses et sur le papier, la soutenance peut être refusée si la formation à l'éthique de la recherche / les x séminaires / les x communications et que sais-je encore selon les modalités de l'arrêté de je ne sais plus quand (2016 ? À moins qu'il y en ait eu un nouveau depuis) et de l'ED ne sont pas remplies (modalités réduites pour les salariés). Dans les faits, évidemment, je doute qu'on ait refusé une soutenance au motif que les heures / crédits n'aient pas été validés mais plus grand chose ne m'étonnerait.

Mais, epekeina et Condorcet, comment avez-vous su que le plagiat, c'était mal sans la formation, alors ?

Spoiler:

Oui je suis d'accord Ergo, j'ai moi-même dû faire ces trucs dans ma 1ere fac, mais le post de départ mentionnait "l'évaluation de la recherche", d'où la différence que je faisais entre le propos de la soutenance (qui porte sur la recherche) et la validation du doctorat ou l'autorisation de soutenir (qui ne dépend en effet pas forcément que de la recherche).

Ma formation de thèse a véritablement commencé avec un colloque de Cerisy intitulé "L'histoire culturelle du contemporain" que j'ai payé de mes deniers (donc en dehors du parcours universitaire). J'ai alors mesuré l'écart qui me séparait de véritables enseignants-chercheurs et l'ampleur de la tâche qui me restait à abattre pour mener à bien des recherches point trop bancales. A l'inverse, le dialogue avec mon directeur de thèse fut chiche et le travail de thèse en grande partie solitaire. Donc, cette fâcheuse propension à quantifier le labeur ne me parle guère et il est probable que dans les conditions actuelles, je n'eusse pas engagé une thèse (surtout vu le contexte ambiant). Avec le recul, je regrette d'ailleurs de ne pas avoir engagé et soutenu une thèse à l'étranger car ce que je vois de la France aujourd'hui montre tout le mépris qu'elle voue aux travaux académiques et aux conditions dans lesquels ils sont réalisés.

J'ai toujours trouvé idiot d'imposer des heures de formations aux doctorants, comme si on n'avait pas assez à faire. En étant doctorante en plus de mon temps plein de prof, je devais valider un peu moins d'heures (juste les 2/3 de ce qui était imposé aux autres) mais mon activité d'enseignante ne comptait pas. Et en plus rien ou presque dans ma discipline. Bref. L'université où je suis allée ensuite pour continuer et finir le doctorat a toujours dit que ce qui était important était la thèse, et j'en suis ravie (même si j'ai fait ces heures de formation pour rien dans ma 1ere fac donc).

Bonjour !
Depuis la réforme du doctorat (en 2016, année où je me suis inscrite en thèse), il faut valider un certain nombre d’ECTS (30 je crois) qui sont composés de deux parties:
- au moins 20 ECTS de crédits « recherche » en plus de la thèse (articles, communications…). C’est très facile à obtenir, la rédaction d’un article en vaut déjà 5.
- au moins 10 ECTS de formation pro. On peut obtenir la plupart de ces 10 crédits en enseignant, soit dans le cadre du contrat doc, soit dans le secondaire. Quand on est en contrat doc, l’enseignement ne suffit pas, il faut donc suivre des formations que je qualifierais de « à la con » (mais mon avis n’engage que moi) proposées par l’école doctorale.
Cette réforme étant nationale, cela concerne toutes les facs et toutes les ED, et c’est normalement obligatoire pour soutenir. J’avais dû remplir une sorte de portfolio récapitulant tout ça avant de pouvoir soutenir en 2020.

Oui, bon… C'est très exactement le genre de choses avec lesquelles je me garde bien d'enquiquiner les thésards, qui ont bien mieux à faire. En général, dans un labo, on peut organiser un ou deux séminaires et les thésards peuvent y exposer leurs travaux, et quant aux machins “pro”, même chose. Évidemment qu'il faut les encourager à pondre des articles et à communiquer, à moins évidemment que ça ne soit pas leur but. Mais de là à tout conditionner par ça, il y a une marge. Cela étant, je ne doute pas que ce genre d'envahissement par les ECTS avec sa logique bureaucratique délirante (il faut des ECTS, dont inventons les machins qui permettent de les valider!) ne fasse des ravages.

Oui bien sûr les directeurs de thèse dans l’extrême majorité des cas s’en fichent royalement et n’en parlent pas à leurs doctorants sauf pour les informer… ce sont les responsables de l’ED qui gèrent ça et demandent des comptes. Après, bon, c’est certes pénible mais pas très compliqué. Il suffit en effet de participer à quelques séminaires de son labo et d’écrire un ou deux articles en rapport avec son sujet de thèse quand on ne veut pas faire plus, et c’est plié. Quant aux formations pro, on en est dispensé quand on bosse en dehors d’un contrat doc, et sinon il faut accepter de sacrifier deux trois jours dans une année à aller faire le guignol dans des trucs du type « astuces pour s’exprimer en public » ou « gestion des conflits »… palpitant, mais pas insurmontable.

A ceci près que lorsqu'on est inscrit dans une université loin de son lieu de résidence, cela rajoute des frais qui auraient pu être utilisés ailleurs pour la thèse.

C'est pourquoi on doit protéger ses thésards.

La beauté de la thèse réside justement dans la liberté qu'elle vous laisse : il a bien fallu qu'un esprit triste s'aperçoive de ce privilège inconcevable.

Ce sont moins des esprits tristes que de petits esprits (à supposer qu'il y ait de l'esprit), si j'en crois ma petite expérience. Bref, l'université est bien malade, pas partout, peut-être…

Non mais écoutez je ne défends pas ces règles, je me contente de répondre à la question posée. Et le coup de « défendre ses thésards » c’est super mais en fait c’est une reforme qui est certainement nulle mais qui en l’occurrence est passée. C’est comme les comités de suivi annuels : on peut juger ça bien ou pas, le fait est que ça existe, et que c’est obligatoire, voilà. Après, on peut en tant que directeur de thèse faire en sorte d’alléger ces contraintes pour les doctorants par mille manières, et c’est tant mieux. Juste, quelqu’un pose une question, je réponds en citant la règle, et je précise que cela ne me semble pas insurmontable, de façon générale. Que ce soit plus pénible pour certains que pour d’autres pour X raisons, je peux l’entendre, mais bon c’est un peu le jeu et participer à deux séminaires en 3-4 ans de thèse ce n’est pas non plus la mort…

Je vous remercie de vos réponses. La difficulté est qu'il me reste un an et demi de thèse et que je n'ai pas du tout le temps pour des articles. Je travaille à temps plein au lycée, n'ai pas de contrat doctoral et me suis lancée dans ce projet pour "l'amour de l'art".
Je n'ai pas été entièrement dispensée des formations transversales (je ne sais pas pourquoi) et j'ai aussi, de temps en temps, une vie de famille. Donc l'idée de perdre encore du temps dans la rédaction parce qu'il faut que j'aille à des colloques ou que j'écrive des articles me panique. Je ne parle même pas des contraintes professionnelles et financières d'aller à droite à gauche.
S'il faut m'y plier, je le ferai, mais d'après ce que j'ai compris à la lecture de vos réponses, c'est conseillé mais pas obligatoire.

Ça dépend des facs, visiblement. Dans la mienne rien de tel, pas de cours non plus d'ailleurs.

Si tu enseignes dans le secondaire c’est normal que tu aies été dispensé(e) des formations transversales (encore heureux!)
En revanche pour les articles, je ne pense pas que tu puisses être dispensé(e) mais le mieux est de te renseigner auprès de ton ED pour savoir si tu peux obtenir une dérogation, il y a peut être des souplesses. Je te le souhaite en tout cas !

Décidément je lis mal: ce n’est pas normal que tu n’aies PAS été dispensée des formations pro…