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- New ZealandNiveau 9
uneodyssée a écrit:D'accord avec Élaina, c'est plus large que le jeu.
Ce n'est pas une étude mais un ressenti d'expérience : le nombre de choses que nos élèves n'apprennent pas, simplement parce qu'ils ne sont pas en cours pour apprendre (j'entends par là : parce qu'ils n'ont pas conscience qu'ils sont en cours pour apprendre)… Certains d'entre eux subissent ce temps sans prendre garde aux objectifs pédagogiques… même quand on les explicite : quand on les dit à la classe, ils n'entendent pas (ils ne se sentent pas concernés par ce qu'on dit ; la même chose dite à un groupe de 4 éveille soudain plus d'écho ! c'est qu'on leur parle à eux soudain) ; quand on les écrit au tableau ou sur un doc distribué, ils ne les lisent pas ou du moins ne font pas le lien avec l'activité (de la même manière qu'ils ne savent pas toujours utiliser le paratexte).
Malgré cela, je m'obstine à expliquer chaque fois ce qu'on apprend, quand je choisis de passer par le jeu.
C'est exactement ça : les élèves sont nombrilistes, il leur faudrait des cours particuliers. Mes élèves faibles se sentent concernés dès que je leur parle directement, quand je suis à côté d'eux. Evidemment, ce n'est pas possible en permanence, je ne suis pas prof. particulier.
Si quelqu'un a des pistes, je suis preneuse. Certaines activités ludiques fonctionnent (application sous forme de jeu plutôt qu'en frontal), mais pas pour mes 6ème (ceux qui en auraient le plus besoin ne comprennent pas que l'objectif n'est pas de jouer mais d'appliquer des points grammaticaux - ce n'est pas faute de le leur avoir rappelé maintes fois pendant chaque activité...).
- ar_angarNiveau 9
Elaïna a écrit:J'ai longtemps été convaincue de l'intérêt du jeu, du temps que j'étais cheftaine dans le scoutisme, où la base de la pédagogie est justement le jeu. Tout apprentissage passe par le jeu, que ça soit faire des noeuds, apprendre le morse, planter une tente, connaître l'histoire du scoutisme, le livre de la jungle ou les questions religieuses.
Au bout de cinq années d'exercice comme cheftaine et une bonne dizaine de camps encadrés, j'en tire un constat d'échec. Mis à part quelques enfants qui apprennent et retiennent parce que, comme en classe, tu leur dis un truc et ils le retiennent, l'écrasante majorité n'en retire strictement rien. Je l'ai constaté même avec d'autres anciennes cheftaines. Il y a peu, je parlais avec l'une du fondateur du mouvement scout, et elle me dit "oh lala comment tu sais ça"... Je lui rappelle qu'on a fait ensemble un jeu quand on était gamines, vers 10 ans, et que ça portait justement sur tel épisode. Sa réponse : "ah ben peut-être hein, moi de toute façon je retenais jamais rien". J'ai fait le test plusieurs fois avec les gamins qui étaient sous ma responsabilité : tout ce qui était appris par le jeu n'était en fait pas appris du tout. Alors j'ai fait du moins fun : si on faisait une séance noeuds, eh bien, chaque cheftaine prenait un petit groupe de gamins et les entraînait à faire des noeuds jusqu'à plus soif. Et là curieusement ils retenaient.
J'en retire l'expérience un peu tristounette que le ludique peut être intéressant pour appliquer un principe, réveiller un peu les élèves, vérifier des connaissances ou juste s'amuser un peu en classe un petit moment pour détendre l'atmosphère, mais qu'on n'apprend rien ainsi pour l'écrasante majorité des gamins. Mais ça rejoint un peu d'autres problématiques sur l'implicite et l'explicite : tu as le gamin qui comprend que le cours dialogué est un cours, et le gamin à qui on a dit "tu écoutes bien la maîtresse" et qui n'a pas pigé que le dialogue prof-élèves était partie intégrante du cours. Pour l'histoire ci-dessus des tangrams en cours de lettres, il y aura sûrement l'élève qui pige du premier coup le lien entre l'activité et le but pédagogique, et l'autre qui ne retiendra que le fait qu'on a fait joujou en cours de français.
Amen
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C'est en forgeant qu'on devient forgeron.. Vous allez rire, j'ai un marteau !
- pailleauquebecFidèle du forum
Il y a aussi tellement d'autres choses qu'on devrait envoyer rejoindre la corbeille des fausses bonnes idées.
Quand je suis arrivé dans l'EN, la trentaine, j'étais assez convaincu qu'on allait faire mieux que les générations passées. Je sentais quand même qu'à l'ESPE on nous disait un peu n'importe quoi, mais dans le fond j'étais moi aussi d'accord avec l'idée qu'il fallait dépoussiérer la manière de faire cours. C'est là que certaines idées à la mode ont pu trouver leur place dans mes cours.
J'ai longtemps cru à l'intérêt du jeu, de l'humour en classe, de l'utilisation des TICE, des styles d'apprentissage, des compétences... Par contre dès le début je n'ai pas trop cru au travail en ilots, au bruit pédagogique, à l'élève qui découvre et construit son savoir par lui même.
Au fur et à mesure, et à partir de ma 4 ou 5ième année d'enseignement j'ai commencé à faire le vide : j'ai laissé tomber le jeu, puis les styles d'apprentissage, vers ma 10e année d'enseignement j'ai abandonné les compétences et l'utilisation des TICE pour me concentrer sur l'essentiel.
Finalement je n'ai gardé que l'humour en classe, mais à dose très modérée.
Je suis maintenant arrivé à la conclusion qu'il est préférable de faire l'inverse de ce que les inspecteurs et l'ESPE demandent (en maths : un cours structuré, des exercices pas rigolos, apprendre les définitions, s'entraîner, travailler en silence, écrire le cours,...).
Je trouve que mon parcours est quand même un peu du gâchis, car si il faut 10 ans pour réaliser ses erreurs, sur une carrière de 30 ans d'enseignement, cela fait beaucoup d'élèves auxquels j'aurais enseigné de manière bancale.
Quand je suis arrivé dans l'EN, la trentaine, j'étais assez convaincu qu'on allait faire mieux que les générations passées. Je sentais quand même qu'à l'ESPE on nous disait un peu n'importe quoi, mais dans le fond j'étais moi aussi d'accord avec l'idée qu'il fallait dépoussiérer la manière de faire cours. C'est là que certaines idées à la mode ont pu trouver leur place dans mes cours.
J'ai longtemps cru à l'intérêt du jeu, de l'humour en classe, de l'utilisation des TICE, des styles d'apprentissage, des compétences... Par contre dès le début je n'ai pas trop cru au travail en ilots, au bruit pédagogique, à l'élève qui découvre et construit son savoir par lui même.
Au fur et à mesure, et à partir de ma 4 ou 5ième année d'enseignement j'ai commencé à faire le vide : j'ai laissé tomber le jeu, puis les styles d'apprentissage, vers ma 10e année d'enseignement j'ai abandonné les compétences et l'utilisation des TICE pour me concentrer sur l'essentiel.
Finalement je n'ai gardé que l'humour en classe, mais à dose très modérée.
Je suis maintenant arrivé à la conclusion qu'il est préférable de faire l'inverse de ce que les inspecteurs et l'ESPE demandent (en maths : un cours structuré, des exercices pas rigolos, apprendre les définitions, s'entraîner, travailler en silence, écrire le cours,...).
Je trouve que mon parcours est quand même un peu du gâchis, car si il faut 10 ans pour réaliser ses erreurs, sur une carrière de 30 ans d'enseignement, cela fait beaucoup d'élèves auxquels j'aurais enseigné de manière bancale.
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