- titus06Habitué du forum
Le problème, il faut le rappeler, c'est qu'un illuminé et fanatique religieux a tué un enseignant parce qu'il exerçait son métier.
Il faut nous poser la question de savoir qui a "armé" cet individu, qui, d'après ce que j'ai lu et entendu, vivait en France depuis 2008 (12 ans donc).
Apres on peut aussi s'interroger sur les accomodements et renoncements que l'article de Sud Ouest susmentionné évoque et dont je cite un extrait.
Il faut nous poser la question de savoir qui a "armé" cet individu, qui, d'après ce que j'ai lu et entendu, vivait en France depuis 2008 (12 ans donc).
Apres on peut aussi s'interroger sur les accomodements et renoncements que l'article de Sud Ouest susmentionné évoque et dont je cite un extrait.
Jean-Pierre Obin n’y va pas par quatre chemins : « On est enfin sorti du déni des responsables politiques et institutionnels. C’est la fin de la lâcheté . »
En 2004, l’inspecteur général de l’Éducation nationale remettait un rapport sur « les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires », qui alertait, pour la première fois, sur les atteintes à la laïcité. Trop brûlant. Le rapport avait eu droit à un enterrement de première classe.
- zigmag17Guide spirituel
Relisons Les territoires perdus de la République de E. Brenner (essai) , et Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte de T. Jonquet (polar).
- ErgoDevin
Je crois qu'il est trop tôt pour à peu près tout. L'enquête, les sources, les confrontations éclaireront les faits petit à petit, les éloignant de la question croire/pas croire. Évidemment, cela demande du temps, qui n'est pas notre temps médiatique et encore moins celui de l'internet (ou de nos conversations générales). Chacun son métier et sa chronologie.Hypermnestre a écrit:Alors qui croire ? La note du 12 octobre, ou le Ministre ?Ergo a écrit:Blanquer explique que les faits rapportés par le Point sur une éventuelle sanction sont faux.
L'enseignant fait cours, il est soutenu sur ce point. Malentendu sur le fait qu'il ait proposé aux élèves de sortir, le professeur s'en est expliqué et la principale a appelé les référents laïcité. Tout le monde a parlé, et avec les parents, et l'incident était clos. Et le professeur lui-même était satisfait de la façon dont ça s'est passé.
Ensuite, d'autres personnes se sont greffées: l'élève qui a été exclue n'était pas en cours, le père est venu comme si sa fille avait été exclue à cause de cette affaire. Avec sa vidéo, il a cherché à créer de la violence autour de cette affaire, à cibler ce professeur en employant le mot "sévir", repris ensuite par la presse.
La principale a accompagné l'enseignant pour la plainte pour diffamation et l'inspecteur laïcité l'a appelé pour le soutenir. Le soutien de l'institution s'est déclenché dès que le problème a été soulevé.
- CaroliineNiveau 5
C'est d'une injustice sans nom, une aberration sans nom, une cruauté sans nom...Je rejoins @ergo: il va falloir du temps pour cerner les tenants et les aboutissants de tout cela.
Mes pensées à la famille et à tous les collègues. La douleur est vive tout autant que la sidération...
Mes pensées à la famille et à tous les collègues. La douleur est vive tout autant que la sidération...
- slynopHabitué du forum
Bon courage à Salomé et tous les collègues du collège. Depuis vendredi je ne cesse d'y penser, sidéré.
Notre collègue était marié et avait des enfants, qu'est-ce qui a été prévu pour les aider ?
J'espère que la scolarité des enfants sera prise en charge en totalité par l'Etat comme pupilles de la Nation. De notre côté, on pourrait mettre en place une aide financière pour les aider, nous sommes nombreux, le montant pourrait être conséquent.
Notre collègue était marié et avait des enfants, qu'est-ce qui a été prévu pour les aider ?
J'espère que la scolarité des enfants sera prise en charge en totalité par l'Etat comme pupilles de la Nation. De notre côté, on pourrait mettre en place une aide financière pour les aider, nous sommes nombreux, le montant pourrait être conséquent.
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"C'est pas moi qu'explique mal, c'est les autres qui sont cons !", Perceval dans Kaamelot.
- RogerMartinBon génie
Sur Néo il y a un bouton d'alerte à la modération en forme de triangle, en haut à droite de chaque message.laMiss a écrit:Où peut-on signaler les contenus qui nous semblent être des fake ?
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Yo, salut ma bande ! disait toujours le Samouraï.
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User 17706 s'est retiré à Helsingør.
Strange how paranoia can link up with reality now and then.
- CleroliDoyen
Je tiens à vous assurer de mon soutien, que j'adresse également à la famille et aux amis de Samuel Paty. Vous allez devoir vous reconstruire collectivement et ce n'est pas facile (j''avais écrit "nous allez" avant de me corriger mais nous sommes tous, membres de l'Education nationale, atteints par ce qui vient d'arriver).Salomé a écrit:Bonjour. Je suis une collègue de Samuel.
Comme vous vous en doutez, nous sommes extrêmement choqués et encore dans la sidération.
Nous avons perdu un collègue d'une manière tellement atroce qu'elle est encore difficilement concevable pour nous.
C'est aussi tout notre collège- la communauté éducative, les agents, les élèves et leurs parents-qui est touché qu'il va falloir reconstruire.
Aujourd'hui, nous lisons beaucoup de choses fausses sur lui et sur ce qui s'est passé avant que ce crime horrible n'ait lieu, et cela nous met en colère. Il y a même des propos diffamatoires sur lui et sur nous qui circulent.
Faites attention à ce que vous lisez sur les réseaux sociaux et qui sont repris par les médias, parfois sans la distance professionnelle qui serait nécessaire.
Dans une histoire moins dramatique mais fortement médiatisée, j'ai pu prendre conscience de l'abîme entre les faits et les récits qu'on lisait dans les journaux. J'ai vu également les chaines d'info faire le pied de grue devant les lieux, sûrement en quête d'un nouvel incident. C'était pitoyable à voir et terrible à vivre.
- RogerMartinBon génie
+1000Ergo a écrit:Je crois qu'il est trop tôt pour à peu près tout. L'enquête, les sources, les confrontations éclaireront les faits petit à petit, les éloignant de la question croire/pas croire. Évidemment, cela demande du temps, qui n'est pas notre temps médiatique et encore moins celui de l'internet (ou de nos conversations générales). Chacun son métier et sa chronologie.Hypermnestre a écrit:Alors qui croire ? La note du 12 octobre, ou le Ministre ?Ergo a écrit:Blanquer explique que les faits rapportés par le Point sur une éventuelle sanction sont faux.
L'enseignant fait cours, il est soutenu sur ce point. Malentendu sur le fait qu'il ait proposé aux élèves de sortir, le professeur s'en est expliqué et la principale a appelé les référents laïcité. Tout le monde a parlé, et avec les parents, et l'incident était clos. Et le professeur lui-même était satisfait de la façon dont ça s'est passé.
Ensuite, d'autres personnes se sont greffées: l'élève qui a été exclue n'était pas en cours, le père est venu comme si sa fille avait été exclue à cause de cette affaire. Avec sa vidéo, il a cherché à créer de la violence autour de cette affaire, à cibler ce professeur en employant le mot "sévir", repris ensuite par la presse.
La principale a accompagné l'enseignant pour la plainte pour diffamation et l'inspecteur laïcité l'a appelé pour le soutenir. Le soutien de l'institution s'est déclenché dès que le problème a été soulevé.
Sans la "croire", la note est pour moi un document très intéressant car elle montre comment l'EN peut aisément se dédouaner vis-à-vis de services qui, eux, pourraient agir lorsque la température monte. Et bien entendu, les échelons intermédiaires sont félicités d'éteindre le feu plutôt que d'appeler les pompiers, nous connaissons tous le syndrome du #pasdevague.
Je n'accorde aux déclarations du ministre que le poids qu'elles méritent. L'individu est déjà en campagne pour les régionales paraît-il. J'irai me promener avec une pancarte dans la rue cet après-midi, mais certainement pas à ses côtés Place de la République, l'émétique est déjà à son maximum là.
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- EsméraldaGrand sage
Un néo bien informé serait-il s'il y a un rassemblement prévu dans l'Oise aujourd'hui ou dans les prochains jours? Je ne trouve rien sur les sites syndicaux et ne fréquente pas FB ... Merci
- pseudo-intelloSage
L'Oise, je ne sais pas, mais si tu es plutôt à l'Est du département, il y a un rassemblement à 15h30 à Laon.
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- ErgoDevin
En théorie, il y avait Beauvais hier:Esméralda a écrit:Un néo bien informé serait-il s'il y a un rassemblement prévu dans l'Oise aujourd'hui ou dans les prochains jours? Je ne trouve rien sur les sites syndicaux et ne fréquente pas FB ... Merci
https://www.google.com/maps/d/viewer?mid=1yXaK0Awy88fO1qInS8sMglEwzk-Kkvdv&ll=51.41912620594607%2C5.569247678450422&z=7
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
slynop a écrit:Bon courage à Salomé et tous les collègues du collège. Depuis vendredi je ne cesse d'y penser, sidéré.
Notre collègue était marié et avait des enfants, qu'est-ce qui a été prévu pour les aider ?
J'espère que la scolarité des enfants sera prise en charge en totalité par l'Etat comme pupilles de la Nation. De notre côté, on pourrait mettre en place une aide financière pour les aider, nous sommes nombreux, le montant pourrait être conséquent.
Sur le fil « brassard noir » j’ai soulevé l’idée d’une cagnotte et après avoir lu certaines réponses, je me suis permise d’envoyer un MP pour savoir si quelqu’un avait déjà mis en place une cagnotte pour soutenir financièrement sa famille, et dans le cas contraire, si nous pouvions en lancer une.
_________________
Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
- EsméraldaGrand sage
Ergo, je ne sais pas s'il a eu lieu hier, je ne pouvais pas y aller...
- HonchampDoyen
RogerMartin a écrit:+1000Ergo a écrit:Je crois qu'il est trop tôt pour à peu près tout. L'enquête, les sources, les confrontations éclaireront les faits petit à petit, les éloignant de la question croire/pas croire. Évidemment, cela demande du temps, qui n'est pas notre temps médiatique et encore moins celui de l'internet (ou de nos conversations générales). Chacun son métier et sa chronologie.Hypermnestre a écrit:Alors qui croire ? La note du 12 octobre, ou le Ministre ?Ergo a écrit:Blanquer explique que les faits rapportés par le Point sur une éventuelle sanction sont faux.
L'enseignant fait cours, il est soutenu sur ce point. Malentendu sur le fait qu'il ait proposé aux élèves de sortir, le professeur s'en est expliqué et la principale a appelé les référents laïcité. Tout le monde a parlé, et avec les parents, et l'incident était clos. Et le professeur lui-même était satisfait de la façon dont ça s'est passé.
Ensuite, d'autres personnes se sont greffées: l'élève qui a été exclue n'était pas en cours, le père est venu comme si sa fille avait été exclue à cause de cette affaire. Avec sa vidéo, il a cherché à créer de la violence autour de cette affaire, à cibler ce professeur en employant le mot "sévir", repris ensuite par la presse.
La principale a accompagné l'enseignant pour la plainte pour diffamation et l'inspecteur laïcité l'a appelé pour le soutenir. Le soutien de l'institution s'est déclenché dès que le problème a été soulevé.
Sans la "croire", la note est pour moi un document très intéressant car elle montre comment l'EN peut aisément se dédouaner vis-à-vis de services qui, eux, pourraient agir lorsque la température monte. Et bien entendu, les échelons intermédiaires sont félicités d'éteindre le feu plutôt que d'appeler les pompiers, nous connaissons tous le syndrome du #pasdevague.
Je n'accorde aux déclarations du ministre que le poids qu'elles méritent. L'individu est déjà en campagne pour les régionales paraît-il. J'irai me promener avec une pancarte dans la rue cet après-midi, mais certainement pas à ses côtés Place de la République, l'émétique est déjà à son maximum là.
Je vais sembler défendre Blanquer, mais il se peut aussi qu'entre le discours, et les volontés, du ministre, et la technostructure et certains DSDEN, chefs d'établissement, etc, il y a ait une certaine déperdition, voire de la mauvaise volonté, ou du "cause toujours"...
Il n'est qu'à voir comment, dans certains bassins, la disparition des notes continue à être le dada de certains chefs, donc pour un système "tout compétence", alors que visiblement ce n'est plus un des axes du ministère, et que cela a montré ses limites...
Je ne veux pas dévier le sujet, mais ce n'est peut-être pas ici au ministère que cela se joue. Difficile de faire perdre des réflexes "parapluie", ou "éteignoir", après des décennies, même chez des chefs rajeunis.
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"Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assise par terre comme ça.."
- chmarmottineGuide spirituel
Honchamp a écrit:RogerMartin a écrit:+1000Ergo a écrit:Je crois qu'il est trop tôt pour à peu près tout. L'enquête, les sources, les confrontations éclaireront les faits petit à petit, les éloignant de la question croire/pas croire. Évidemment, cela demande du temps, qui n'est pas notre temps médiatique et encore moins celui de l'internet (ou de nos conversations générales). Chacun son métier et sa chronologie.Hypermnestre a écrit:
Alors qui croire ? La note du 12 octobre, ou le Ministre ?
Sans la "croire", la note est pour moi un document très intéressant car elle montre comment l'EN peut aisément se dédouaner vis-à-vis de services qui, eux, pourraient agir lorsque la température monte. Et bien entendu, les échelons intermédiaires sont félicités d'éteindre le feu plutôt que d'appeler les pompiers, nous connaissons tous le syndrome du #pasdevague.
Je n'accorde aux déclarations du ministre que le poids qu'elles méritent. L'individu est déjà en campagne pour les régionales paraît-il. J'irai me promener avec une pancarte dans la rue cet après-midi, mais certainement pas à ses côtés Place de la République, l'émétique est déjà à son maximum là.
Je vais sembler défendre Blanquer, mais il se peut aussi qu'entre le discours, et les volontés, du ministre, et la technostructure et certains DSDEN, chefs d'établissement, etc, il y a ait une certaine déperdition, voire de la mauvaise volonté, ou du "cause toujours"...
Il n'est qu'à voir comment, dans certains bassins, la disparition des notes continue à être le dada de certains chefs, donc pour un système "tout compétence", alors que visiblement ce n'est plus un des axes du ministère, et que cela a montré ses limites...
Je ne veux pas dévier le sujet, mais ce n'est peut-être pas ici au ministère que cela se joue. Difficile de faire perdre des réflexes "parapluie", ou "éteignoir", après des décennies, même chez des chefs rajeunis.
Oui, il y a parfois des enjeux subtils parfois locaux entre le DASEN et les CDE, voire aussi avec les autres responsables locaux (maire, préfet ..). Il n'est pas rare qu'il ait par exemple des enjeux politiques (politiciens ?) qui se dévoilent au moment d'élections.
- faustine62Érudit
Quelqu'un peut-il m'éclairer sur le droit d'entrée d'un individu connu pour prosélytisme, au sein d'un établissement scolaire ? D'après l'article, il a été "reçu" par la principale.
https://www.google.fr/amp/s/amp.ouest-france.fr/faits-divers/attentat/professeur-decapite-qui-est-abdelhakim-sefrioui-le-militant-islamiste-place-en-garde-a-vue-7019261
https://www.google.fr/amp/s/amp.ouest-france.fr/faits-divers/attentat/professeur-decapite-qui-est-abdelhakim-sefrioui-le-militant-islamiste-place-en-garde-a-vue-7019261
- chmarmottineGuide spirituel
faustine62 a écrit:Quelqu'un peut-il m'éclairer sur le droit d'entrée d'un imam au sein d'un établissement scolaire ? D'après l'article, il a été "reçu" par la principale.
https://www.google.fr/amp/s/amp.ouest-france.fr/faits-divers/attentat/professeur-decapite-qui-est-abdelhakim-sefrioui-le-militant-islamiste-place-en-garde-a-vue-7019261
Je me suis posée la même question un peu plus haut.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
faustine62 a écrit:Quelqu'un peut-il m'éclairer sur le droit d'entrée d'un imam au sein d'un établissement scolaire ? D'après l'article, il a été "reçu" par la principale.
https://www.google.fr/amp/s/amp.ouest-france.fr/faits-divers/attentat/professeur-decapite-qui-est-abdelhakim-sefrioui-le-militant-islamiste-place-en-garde-a-vue-7019261
N.B. il n'est pas réellement imam: c'est un prédicateur/agitateur/idéologue, lié aux Frères Musulmans, plus radical encore qu'eux, qui pilote un groupuscule auto-baptisé “conseil des imams de France” (dont se plaignent pas mal d'imams, qui sont menacés/persécutés par ce groupuscule)…
_________________
Si tu vales valeo.
- sifiÉrudit
Lu sur Facebook (Alexis Potschke) a écrit:Il y a ce moment que craignent tous les enseignants dès lors qu’ils s’aventurent en-dehors de leur maigre zone de confort, à l’occasion d’un repas de famille, d’un verre avec des inconnus : ce moment que votre métier, que bien souvent vous faites par passion, parce que vous avez une vocation, en est réduit à de vagues préjugés : pour les uns, vous êtes au mieux un fainéant, au pire un lâche, et il s’agit de vous situer sur le dégradé de la planque. D’autres vous disent, croyant vous faire plaisir, qu’ils ne pourraient pas faire votre travail quand ils apprennent que vous enseignez en banlieue, puis déroulent un chapelet de préjugés sur vos élèves, ou alors remettent en question le bien-fondé de vos séquences si patiemment préparées, pensant secrètement mais sans vous le dire que vous êtes un idiot. À ce moment, vous savez que la soirée est gâchée. Tout en vous mordant les joues, vous apprenez à ne plus réagir que lorsqu’on attaque vos élèves : pour vous-même, c’est peine perdue ; parfois obtient-on, à la rigueur, un petit : « toi, c’est différent », semblant de compromis qui permet de clore un débat qui n’a pas vraiment eu lieu. Le mépris, c’est l’ordinaire des enseignants. Et puis, le mépris, c’est visqueux, c’est contagieux. À la fin, tout le monde se sent en droit de vous faire la leçon.
À la vérité, je crois que si les enseignants ont cette habitude de se marier entre eux, c’est parce qu’on ne vous comprendra jamais plus exactement dès lors que vous avez commencé à faire cours. Ce qu’il se passe dans une salle de classe est si complexe, subtil, que tous ceux qui en parlent à votre place vous agacent. Devenir enseignant, c’est devenir incompris dans un monde qui croit savoir mieux que vous ce qui fait votre quotidien, et ce que vous devriez dire, faire, enseigner. Les uns vous reprochent vos vacances, d’autres votre lâcheté supposée, et d’autres encore la teneur de vos cours. Que s’imaginent-ils ? Qu’on entre dans la fonction publique comme dans un grand lit douillet et qu’il n’y a plus qu’à y faire ce qu’on veut ? Le plus souvent, c’est simplement agaçant ; parfois, quand d’aucuns se sentent en droit de s’offusquer, c’est une porte ouverte au pire. C’est aussi le début d’une tragédie.
J’ai lu depuis hier bien des horreurs à propos de l’assassinat atroce de Samuel Paty. J’ai lu par endroits d’odieux commentaires qui osaient lui reprocher d’avoir montré des caricatures de Mahomet en classe. Des larmes de rage me sont à nouveau montées aux yeux, venant ajouter plus d’horreur encore à l’horreur. L’accuser de cela, c’est ça le lit douillet ; il consiste à dire : le problème est réglé, puisqu’il venait de lui. Ces reproches sont des coups portés à sa mémoire, et à l’honneur aussi de ceux-là même qui les portent. Ils éclaboussent de honte ceux qui les tiennent.
Ils sont évidemment nombreux, les enseignants – et j’en suis – à aborder des sujets de société en classe. À l’occasion d’une remarque qui fuse, et qui nous pousse à interrompre le cours, parce qu’il faut faire un peu de ménage, parce qu’il y a des choses qui moisissent sous les crânes, des intolérances de tous bords qu’il faut pêcher dans les têtes pour les jeter au centre de la salle, et les voir se débattre et s’asphyxier, comme des poissons sur le pont d’un chalutier. Après un drame, aussi, quand les enseignants, parfois endeuillés eux-mêmes, doivent gérer une émotion qui les dépasse, mais qu’il n’y a qu’eux à la barre. Alors, pour un instant, ils deviennent des « héros », et on les pare d’attributs dont ils ne veulent pourtant pas, ils veulent surtout des classes moins chargées, et dont on parait aussi les soignants il y a quelques mois – ça ne coûte rien, des mots. Le mêmes qui n’avaient que du mépris pour le corps enseignant se rangent avec eux, et déguerpiront dès que l’actualité sera différente pour se ranger ailleurs, comme des pénibles lors des alarmes incendie.
Il faut parfois du courage, croyez-moi, pour tenir face à une classe qui déborde de questions, dont certaines sont de nature à vous heurter ; non pas que les élèves veuillent vous bousculer pour voir comment vous allez tomber, mais ils veulent parfois simplement éprouver un discours qu’ils avaient, le confronter au vôtre, celui de l’institution. Lorsqu’ils font ça, je me dis qu’on avance tous ; je préfère entendre des horreurs pour pouvoir ensuite en discuter qu’abandonner mes élèves à des discours d’intolérance. Il faut parler, de tout, d’absolument tout, dès lors que le besoin s’en fait sentir. Évidemment qu’il faut parler de la liberté d’expression. Évidemment qu’il ne faut pas avoir peur d’aborder un sujet, quel qu’il soit. Ou l’on crée des générations qui pensent que la Terre est plate, que l’évolution n’est pas scientifique, que tout brûle sauf le Coran, que quelque part on organise un « grand remplacement », que le génocide arménien n’a pas existé, et même que les sirènes, elles, existent. Figurez-vous que nos élèves ne sont pas les imbéciles qu’on croit parfois, qu’ils sont capables de débattre et de discuter, de se remettre en question, de réfléchir. S’interdire des sujets, c’est insulter leur intelligence, et oser les heurter, c’est une manière de respect.
La laïcité – mot que l’on trempe dans toutes les sauces – ne signifie pas, comme j’ai pu le lire, que la religion n’a pas sa place à l’école : elle l’a, au sein des programmes. Le monde contemporain ne serait pas ce qu’il est sans l’apport des monothéismes. On ne peut le comprendre sans comprendre les religions du Livre. Il faut toujours questionner la religion, et ça n’est pas un manque de respect que de le faire, ça n’est pas non plus une agression. Notre travail, c’est de donner aux élèves des rames pour avancer dans le monde que d’autres ont préparé – ou détruit, question de pour de vue – pour eux, de les pousser à la réflexion. Je dis souvent à mes élèves qu’une idée, si forte soit-elle, si convaincu soit-on qu’elle est inattaquable, ne vaut rien tant qu’on n’a pas eu à la défendre par des arguments ; qu’il faut toujours chercher à l’attaquer par soi-même pour voir si elle tient debout, si elle a des failles, et qu’on en sort toujours gagnant, soit qu’on saura mieux défendre ce qu’on avait pensé sans savoir pourquoi, soit qu’on aura laissé tomber une pensée qui ne valait rien, ou qui ne nous allait pas. Un vrai débat ne fait que des gagnants, et tout ce qui est gagné autrement que par des arguments est en fait perdu.
L’esprit critique, c’est un cadeau que l’on fait à nos élèves. C’est un beau cadeau, peut-être la plus jolie chose qu’on puisse leur donner, parce qu’une fois qu’on l’a, on ne le perd pas de sitôt.
Il faut tenir bon et continuer de questionner le monde par tous les moyens ; il ne le faut pas par posture, pour faire les gros bras, mais il le faut parce qu’ils le méritent. Parce que nos élèves ne sont pas les hordes sauvages que nous décrivent les éditorialistes mais des êtres pensants, curieux, subtils, ambitieux aussi. Il faut toujours tout questionner. Samuel Paty avait indiscutablement raison de le faire.
Un homme hier parce qu’il croyait en l’intelligence et en l’esprit critique, a été décapité, en quittant son collège, par un lâche qui n’avait en manière d’argument qu’une lame. Comment en est-on arrivé là ? Je ne suis qu’enseignant, je n’en sais rien, je ne sais parler que de ce que je connais, pour le reste, je n’ai que des larmes. Je garde pour ailleurs ma colère et ma rage et mes cris étouffés. Pour demain, aussi, pour la place de la République qui peut-être en a assez de nos cris, et qui se demande pourquoi ils ne cessent pas, pourquoi on n’a pas réussi à faire en sorte qu’on puisse ne plus crier, ne plus pleurer. Je me le demande aussi, et la question me tourne dans la tête. Mais je ne suis qu’un enseignant, et nos épaules à tous sont lourdes ces temps-ci.
Aujourd’hui, je pense à mes élèves, et je regrette d’être en vacances ; j’aurais voulu être là pour eux lundi, pour faire ce qu’il faut faire de toutes les choses traumatisantes : en parler. Défaire les nœuds de la pensée, les aider à y voir plus clair, leur dire que les méchants, c’est pas eux. Ils vivront peut-être certains discours comme des attaques dans les jours à venir, parce qu’il est si facile d’écrire « musulman » sur une boîte et de mettre tout le monde dedans. Je pense aussi à cette petite fille, j’espère que ça ne vous choquera pas, dont on a jeté l’identité sur internet, et à la culpabilité qui va l’étreindre. Je pense aux élèves à qui les charognards de l’information ont tendu des micros pour abreuver leurs journaux. Je pense plus particulièrement aux élèves de Samuel Paty, je pense à eux maintenant et à eux plus tard, j’espère qu’ils seront entourés dans les jours à venir.
Et je pense avant tout à Samuel Paty et à tous ceux qui l’aimaient.
M. Paty, je ne vous connaissais pas, mais je vous pleure aujourd’hui. J’aurais voulu que tout le monde puisse recevoir l’esprit critique que vous vouliez offrir à vos élèves.
Moi, aujourd’hui, je n’ai que des larmes à vous offrir, à offrir à votre mémoire et à ceux qui vous connaissaient, et la promesse de ne pas vous oublier.
- GourgNiveau 4
Tangleding a écrit:Le renseignement territorial n'est pas forcément le plus au fait des arcanes de l'EN. On va attendre les résultats des enquêtes.
Rapporter, c'est la mission du Renseignement Territorial, son unique mission, il n'y a à ce jour aucun fait qui conduise à douter que le rapport du 12 octobre soit exact. Si quelqu'un croit qu'un tel fait est l'assurance donnée ce matin par M. Blanquer que notre collègue assassiné a de bout en bout été pleinement soutenu, il connait mal notre Ministre, qu'on a déjà entendu mentir sur les ondes .
Bien avant le drame, un malheureux inspecteur a été mandaté pour dire à un professeur qu'enseigner le programme n'excluait pas de faire profil bas, en présentant des excuses, devant une levée de bouclier de plusieurs familles. Cet inspecteur est peut-être un bon connaisseur de la laïcité, peut-être était-il désolé d'avoir a transmettre ce message de démission - mais voilà le statut de la Fonction Publique est clair, 1 on applique les instructions du chef, 2 on réfléchit à deux fois avant de les signaler comme contraire à l'esprit de la Loi, pour aucun autre résultat que d'être mis au placard.
Ce n'est pas ce genre de démissions de la hiérarchie qui ont tué Monsieur Paty. Ce n'est pas non plus le manque d'anticipation des services de sécurité qui l'a tué. On pouvait juste prévoir que l'attaque d'un professeur ne se produirait pas dans un "quartier", mais arriverait dans un collège plus bourgeois, vu que dans un "quartier" personne ne montre à ses élèves une caricature du prophète. Ce sont des islamistes qui l'ont tué, en manipulant un gamin.
- faustine62Érudit
@epekeina, j'ai rectifié, mais mon message avait déjà été cité. Cet article de Marianne mentionne déjà un sitting devant le lycée Auguste-Blanqui de Saint-Ouen. Et on a laissé cet individu récidiver une seconde fois.
https://www.marianne.net/societe/laicite-et-religions/frere-musulman-pro-hamas-portrait-de-sefrioui-le-predicateur-a-lorigine-de-la-fronde-contre-lenseignant-decapite
https://www.marianne.net/societe/laicite-et-religions/frere-musulman-pro-hamas-portrait-de-sefrioui-le-predicateur-a-lorigine-de-la-fronde-contre-lenseignant-decapite
- TangledingGrand Maître
Merci pour ce texte qui me fait pleurer, à notre collègue Alexis Poschke qui l'a écrit, à toi @Sifi qui l'as partagé.
- AudreyOracle
Gourg a écrit:Tangleding a écrit:Le renseignement territorial n'est pas forcément le plus au fait des arcanes de l'EN. On va attendre les résultats des enquêtes.
Rapporter, c'est la mission du Renseignement Territorial, son unique mission, il n'y a à ce jour aucun fait qui conduise à douter que le rapport du 12 octobre soit exact. Si quelqu'un croit qu'un tel fait est l'assurance donnée ce matin par M. Blanquer que notre collègue assassiné a de bout en bout été pleinement soutenu, il connait mal notre Ministre, qu'on a déjà entendu mentir sur les ondes .
Bien avant le drame, un malheureux inspecteur a été mandaté pour dire à un professeur qu'enseigner le programme n'excluait pas de faire profil bas, en présentant des excuses, devant une levée de bouclier de plusieurs familles. Cet inspecteur est peut-être un bon connaisseur de la laïcité, peut-être était-il désolé d'avoir a transmettre ce message de démission - mais voilà le statut de la Fonction Publique est clair, 1 on applique les instructions du chef, 2 on réfléchit à deux fois avant de les signaler comme contraire à l'esprit de la Loi, pour aucun autre résultat que d'être mis au placard.
Ce n'est pas ce genre de démissions de la hiérarchie qui ont tué Monsieur Paty. Ce n'est pas non plus le manque d'anticipation des services de sécurité qui l'a tué. On pouvait juste prévoir que l'attaque d'un professeur ne se produirait pas dans un "quartier", mais arriverait dans un collège plus bourgeois, vu que dans un "quartier" personne ne montre à ses élèves une caricature du prophète. Ce sont des islamistes qui l'ont tué, en manipulant un gamin.
N'importe quoi.
Mes élèves viennent pour plus de la moitié d'entre eux du "quartier" et je les ai déjà montrées, ces caricatures. Et je suis certaine de ne pas être la seule enseignante à avoir fait de même dans les "quartiers".
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