- Hervé HervéFidèle du forum
Rassemblement aujourd'hui à Strasbourg
15 heures place Kleber
15 heures place Kleber
- Pontorson50Fidèle du forum
Ponocrates a écrit:Notre collègue n'a pas été tué "par désaccord".
Il a fait l'objet d'une campagne de dénonciation mensongère et haineuse, a été livré à la vindicte qui voulait son annihilation en tant qu'enseignant, jusqu'à ce que l'un d'entre eux aille plus loin et fasse disparaître l'être humain qui remplissait ce rôle. C'est la fonction et l'individu que l'on a voulu faire disparaître. Je ne peux que penser à sa famille, à ses proches, y compris sur ce forum et à tous ceux dans l'éducation nationale, seuls face à la haine de certains parents qui refusent le rôle de l'éducation, la lâcheté de certains supérieurs qui ne veulent pas de vague.
Si, c'est un désaccord sur ce qui se montre ou pas en classe qui aboutit à une campagne de dénonciation mensongère et haineuse, puis à la vindicte, puis au meurtre, cette chaîne est un tout, sans le désaccord initial il n'y pas la suite. Nous devons donc casser l'engrenage faisant passer d'un désaccord à une vindicte puis à un assassinat, chacun à notre échelon de responsabilité. Et nous restons parmi les mieux placés pour cela par notre fonction. Je suis d'accord en ce sens pour dire l'évidence que la fonction a été attaquée autant que la personne.
- eeNiveau 9
Je suis allée regarder la vidéo et j'ai entendu la jeune fille et son père parler de "photo d'homme nu". Je me souviens avoir corrigé un nombre incalculable de fois des élèves disant "photo" pour "image" ou "tableau". Cette confusion, apparue depuis quelques années, m'a toujours laissée songeuse. Vous allez me dire : quel rapport avec l'assassinat de notre collègue?Gourg a écrit:sinan a écrit:Ce qui est particulièrement effrayant dans cette affaire, au-delà de l'acte en lui-même évidemment, c'est ce père qui ne prend aucune distance avec le récit de sa fille, qui relate de manière assez surréaliste ce cours, en parlant de cours sur l'islam et d'images nues du prophète. On voit une élève qui n'a rien compris au cours, qui se pose en victime de façon absurde, et un père qui ne prend aucun recul. Cette situation est malheureusement répandue, et cela fait froid dans le dos. Les professeurs sont vraiment tous en danger. Je suis horrifiée.
Si vous enseignez longtemps en collège vous constatez qu'inévitablement et fréquemment un fait survenu dans un cours donne lieu à une rumeur qui circule parmi les élèves de tout le collège, et souvent déforme considérablement les faits réellement survenus.
Et vous constaterez aussi que pour bien des parents la parole de leur enfant ne peut pas être fausse, que chez bien des parents une plainte de leur enfant déclenche des affects extrêmes. .
Celui des mots, tout simplement.
Un père dont la fille rentre en disant : "Mon prof nous a montré une photo d'homme nu en disant que c'était le prophète. En plus, il a demandé aux élèves musulmans de lever le doigt et de sortir" a toutes les raisons d'être choqué, de vouloir rencontrer le prof et sa hiérarchie. La seule chose qui pourrait l'empêcher d'être choqué, ce serait une croyance forte en l'école, l'amenant à décrypter ce que dit sa fille : "Une photo, t'es sûre? Et qui avait dit ou fait quoi pour que votre prof suggère aux élèves musulmans de sortir? Et quel était l'objectif de ce cours, à ton avis? Quel était son lien avec l'actualité?" Bref, seul un père posant des questions de prof peut deviner ce qu'était vraiment le cours décrit par sa fille...
Je pense que tu as raison, Gourg, l'absence de recul des parents est effrayante. Mais qu'a-t-on fait collectivement - à part des injonctions sur "l'école ouverte" transformant les familles en consommatrices - pour rapprocher mots des enseignants et mots des familles, pour opérer une forme réciproque de traduction réduisant le champ du malentendu?
Par ailleurs, dans l'horreur de ce qui s'est produit, j'avoue avoir ressenti une forme de soulagement en apprenant que le jeune meurtrier n'était pas un élève ou ancien élève du collège, et qu'il était tchétchène. Pourquoi? Parce que la Tchéchénie est terre de barbarie guerrière depuis deux décennies, et qu'on peut supposer que le sang, la souffrance, la haine, le mépris de la vie (la sienne et celle de l'autre)... ont malheureusement constitué le cadre dans lequel s'est élevé le jeune criminel. C'est un crime "importé", moins sidérant, pour moi, que celui des frères Kouachi qui étaient de purs produits de l'échec des institutions éducatives (ASE et EN) françaises.
Cela m'a rappelé un vieil épisode vécu avec un petit c.o.n. de 6e ou 5e, qui au moment de lire un morceau d'un conte de Gripari, où il était question de diables et dieux, a refusé de le faire car : "je ne prononce pas le nom de D." Je me souviens de l'épisode, du bref débat mené alors avec la classe, mais pas du tout de ce que j'avais pu lui dire à lui. Mais sans-doute, au final, quelque chose de très proche de ce qu'a dit notre collègue assassiné : si vraiment tu es trop choqué, va terminer l'heure en permanence. C'est dans ce même établissement que tous les ans, en 6e, quand je comparais un extrait de la Genèse et un du Coran sur la création du monde, il me fallait sortir les rames pour expliquer que non, je ne pouvais certainement pas me prononcer sur la véracité de ces textes, qu'ils étaient par définition écrits par des hommes et que nous les étudiions au même titre que les mythes grecs ou romains, comme de la littérature/de l'art. Qu'est-ce que leurs parents (un tiers évangélistes antillais, un tiers musulmans turcs ou pakistanais, un tiers Maghreb et Afrique sub saharienne) pouvaient percevoir de ce travail fait en classe? Combien en ai-je choqué sans le savoir ni le vouloir, quand leur gamin s'est plaint à la maison que "la prof dit que Zeus et Allah, c'est pareil, c'est que de la myto"?
En tous cas, hommage à notre collègue, c'est certain. Et réflexion ouverte, d'urgence, sur les moyens de restaurer la confiance dans l'école sous nos masques slips...
- GourgNiveau 4
Ponocrates a écrit:Notre collègue n'a pas été tué "par désaccord".
Il a fait l'objet d'une campagne de dénonciation mensongère et haineuse, a été livré à la vindicte qui voulait son annihilation en tant qu'enseignant, jusqu'à ce que l'un d'entre eux aille plus loin et fasse disparaître l'être humain qui remplissait ce rôle. C'est la fonction et l'individu que l'on a voulu faire disparaître. Je ne peux que penser à sa famille, à ses proches, y compris sur ce forum et à tous ceux dans l'éducation nationale, seuls face à la haine de certains parents qui refusent le rôle de l'éducation, la lâcheté de certains supérieurs qui ne veulent pas de vague.
Oui seuls. Faisant face, aussi, au Ministère qui cultive cette lâcheté, depuis des décennies.
- Pontorson50Fidèle du forum
Gourg a écrit:
Si vous enseignez longtemps en collège vous constatez qu'inévitablement et fréquemment un fait survenu dans un cours donne lieu à une rumeur qui circule parmi les élèves de tout le collège, et souvent déforme considérablement les faits réellement survenus.
Et vous constaterez aussi que pour bien des parents la parole de leur enfant ne peut pas être fausse, que chez bien des parents une plainte de leur enfant déclenche des affects extrêmes.
Et disons-le, y compris parfois quand le parent est un prof, là il arrive que la bienveillance initiale pour le collègue en prend un coup...du fait que nous profs accordons énormément d'importance à la réussite scolaire.
- PonocratesExpert spécialisé
Quand vous dites qu'il a été tué par désaccord, vous vous voilez la face. Le problème n'est pas le désaccord. Il est dans la haine de ce qu'est la République laïque, de ce que représente l'éducation nationale. À vous lire on pourrait croire que vous tenez notre collègue pour responsable de n'avoir pas fait ce qu'il fallait à son "échelon de responsabilité".Pontorson50 a écrit:Ponocrates a écrit:Notre collègue n'a pas été tué "par désaccord".
Il a fait l'objet d'une campagne de dénonciation mensongère et haineuse, a été livré à la vindicte qui voulait son annihilation en tant qu'enseignant, jusqu'à ce que l'un d'entre eux aille plus loin et fasse disparaître l'être humain qui remplissait ce rôle. C'est la fonction et l'individu que l'on a voulu faire disparaître. Je ne peux que penser à sa famille, à ses proches, y compris sur ce forum et à tous ceux dans l'éducation nationale, seuls face à la haine de certains parents qui refusent le rôle de l'éducation, la lâcheté de certains supérieurs qui ne veulent pas de vague.
Si, c'est un désaccord sur ce qui se montre ou pas en classe qui aboutit à une campagne de dénonciation mensongère et haineuse, puis à la vindicte, puis au meurtre, cette chaîne est un tout, sans le désaccord initial il n'y pas la suite. Nous devons donc casser l'engrenage faisant passer d'un désaccord à une vindicte puis à un assassinat, chacun à notre échelon de responsabilité. Et nous restons parmi les mieux placés pour cela par notre fonction. Je suis d'accord en ce sens pour dire l'évidence que la fonction a été attaquée autant que la personne.
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"If you think education is too expensive, try ignorance ! "
"As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? "
- kaktus65Niveau 10
En 2013, on a exclu un 6eme qui s’appelait Oussama (faites le calcul avec 2001 ...) et qui avait un portrait de Ben Laden dans son sac.
Que dire ...
Que dire ...
- Agrippina furiosaFidèle du forum
amethyste a écrit:Je pense qu'il faut aussi regarder sur les sites syndicaux.
CGT Educ 03 :
Suite à l'assassinat de notre collègue Samuel Paty, enseignant de conflans Sainte Honorine cet après-midi, victime d'un acte terroriste islamiste, un appel spontané national se fait pour des rassemblements dans toutes les villes de France à 15h ce samedi.
Contre le terrorisme et pour défendre la liberté d'expression.
Rendez-vous sur la place de la poste à Vichy, place de la liberté à Moulins et place piquand à Montluçon pour un moment de recueillement et de solidarité.
Place Jaude à Clermont-Ferrand pour le Puy-de-Dôme.
Merci Amethyste pour cette précieuse infos. J'ai transmis à tous mes collègues passé et présent. J'espère que nous serons nombreux pour penser à Samuel.
- chmarmottineGuide spirituel
https://www.lepoint.fr/societe/le-pere-qui-avait-diffuse-la-video-hostile-au-professeur-d-histoire-en-garde-a-vue-17-10-2020-2396817_23.php
L'article publie ces témoignages d'anciens élèves et résume le cheminement de l'affaire sur les réseaux sociaux. Je ne peux m'empêcher de penser que sans la sur-utilisation des réseaux sociaux depuis quelques années, la fin de l'histoire aurait été différente. On apprend notamment que la Licra avait demandé, en juillet dernier, la suspension du compte twitter @Tchetchene_270, qui a diffusé la photo de l'assassinat de la victime dans l'heure qui a suivi les faits.
Rencontré devant le collège hier soir, Jean-Baptiste, ancien élève de M. Paty, aujourd'hui lycéen, ne comprend pas : « C'était un cours normal. C'était au programme. Il n'y a jamais eu de problèmes. M. Paty demandait de sortir aux élèves qui pouvaient être choqués de voir le prophète dessiné. Mais ils n'obligeaient personne ni dans un sens ni dans un autre. Le père qui l'a attaqué n'a rien compris, sa fille non plus. »
Même son de cloche dans le petit groupe d'adolescent installé contre les murs des maisons attenantes à l'établissement, espérant apercevoir Emmanuel Macron : « Ici, personne n'a jamais été choqué par le cours de M. Paty. On est tous choqués par son assassinat : il avait une femme et un jeune enfant. On n'aurait jamais pu imaginer un événement pareil ici, c'est pas un élève d'ici qui a fait cet acte de barbarie. C'est très grave. Ça fait peur. »
L'article publie ces témoignages d'anciens élèves et résume le cheminement de l'affaire sur les réseaux sociaux. Je ne peux m'empêcher de penser que sans la sur-utilisation des réseaux sociaux depuis quelques années, la fin de l'histoire aurait été différente. On apprend notamment que la Licra avait demandé, en juillet dernier, la suspension du compte twitter @Tchetchene_270, qui a diffusé la photo de l'assassinat de la victime dans l'heure qui a suivi les faits.
- AgapéNiveau 3
Rassemblement ce samedi 17/10 à 15h devant la Préfecture de Saint-Brieuc en hommage à Samuel Paty, enseignant assassiné pour avoir fait son métier. Les enseignants forment la jeunesse à la démocratie et à la liberté d'expression qui n'est, en aucun cas, négociable.
- Ramanujan974Érudit
Ce qui s'est passé est horrible. Toute personne sensée est d'accord avec ça.
Moi, je suis perplexe à la lecture de certains messages de ce fil : ceux qui veulent à leur tour montrer les caricatures à leurs élèves.
Il y a un côté "Idéal à défendre et vision sacerdotale du métier" que je ne partage pas.
Désolé si je choque, mais ce n'est pas à un enseignant dans son coin, même si on est des centaines à le faire, de prendre des risques pour sa vie/sa famille dans l'exercice de son métier. Je n'ai pas signé pour ça, contrairement à un pompier ou un soldat. Surtout vu comme on est soutenu.
Mon job est d'enseigner ma discipline. Point barre. Je ne crois pas du tout à "la formation de citoyens éclairés"...
Si je voyais Macron et Blanquer brandir les caricatures et porter un brassard "Je suis Charlie", je verrais peut-être les choses d'un autre oeil. Ou que tous les IG/IPR/IEN/Recteurs/DASEN de France fassent une tournée des écoles pour expliquer les caricatures.
Mais il y a plus de chances que je gagne à Euromillions.
Ce qui est le plus triste, c'est que ça ne s'arrêtera pas. Je ne vois pas ce qu'il faudrait faire, en supposant que tout soit possible.
Je ne crois pas que c'est être lâche de penser ça, on ne peut pas raisonner avec l'irrationnel. Il reste la colère et la résignation.
Moi, je suis perplexe à la lecture de certains messages de ce fil : ceux qui veulent à leur tour montrer les caricatures à leurs élèves.
Il y a un côté "Idéal à défendre et vision sacerdotale du métier" que je ne partage pas.
Désolé si je choque, mais ce n'est pas à un enseignant dans son coin, même si on est des centaines à le faire, de prendre des risques pour sa vie/sa famille dans l'exercice de son métier. Je n'ai pas signé pour ça, contrairement à un pompier ou un soldat. Surtout vu comme on est soutenu.
Mon job est d'enseigner ma discipline. Point barre. Je ne crois pas du tout à "la formation de citoyens éclairés"...
Si je voyais Macron et Blanquer brandir les caricatures et porter un brassard "Je suis Charlie", je verrais peut-être les choses d'un autre oeil. Ou que tous les IG/IPR/IEN/Recteurs/DASEN de France fassent une tournée des écoles pour expliquer les caricatures.
Mais il y a plus de chances que je gagne à Euromillions.
Ce qui est le plus triste, c'est que ça ne s'arrêtera pas. Je ne vois pas ce qu'il faudrait faire, en supposant que tout soit possible.
Je ne crois pas que c'est être lâche de penser ça, on ne peut pas raisonner avec l'irrationnel. Il reste la colère et la résignation.
- InvitéInvité
Un post a été supprimé. Merci de ne pas étendre ce sujet aux polémiques générales sur les problèmes des cités ou autres.
- gnafron2004Grand sage
Rassemblement demain dimanche à 15h à l'arbre de la liberté, place André Maurois à Périgueux.
- leliseurNiveau 5
Ramanujan974 a écrit:Ce qui s'est passé est horrible. Toute personne sensée est d'accord avec ça.
Moi, je suis perplexe à la lecture de certains messages de ce fil : ceux qui veulent à leur tour montrer les caricatures à leurs élèves.
Il y a un côté "Idéal à défendre et vision sacerdotale du métier" que je ne partage pas.
Désolé si je choque, mais ce n'est pas à un enseignant dans son coin, même si on est des centaines à le faire, de prendre des risques pour sa vie/sa famille dans l'exercice de son métier. Je n'ai pas signé pour ça, contrairement à un pompier ou un soldat. Surtout vu comme on est soutenu.
Mon job est d'enseigner ma discipline. Point barre. Je ne crois pas du tout à "la formation de citoyens éclairés"...
Si je voyais Macron et Blanquer brandir les caricatures et porter un brassard "Je suis Charlie", je verrais peut-être les choses d'un autre oeil. Ou que tous les IG/IPR/IEN/Recteurs/DASEN de France fassent une tournée des écoles pour expliquer les caricatures.
Mais il y a plus de chances que je gagne à Euromillions.
Ce qui est le plus triste, c'est que ça ne s'arrêtera pas. Je ne vois pas ce qu'il faudrait faire, en supposant que tout soit possible.
Je ne crois pas que c'est être lâche de penser ça, on ne peut pas raisonner avec l'irrationnel. Il reste la colère et la résignation.
C'est pourtant - ou devrait être - le premier rôle, la première mission de tout enseignant : former des citoyens.
Et cela passe par plein de chemins possibles.
A chacun d'entre nous de choisir lesquels.
- GourgNiveau 4
ee a écrit:
Un père dont la fille rentre en disant : "Mon prof nous a montré une photo d'homme nu en disant que c'était le prophète. En plus, il a demandé aux élèves musulmans de lever le doigt et de sortir" a toutes les raisons d'être choqué, de vouloir rencontrer le prof et sa hiérarchie. La seule chose qui pourrait l'empêcher d'être choqué, ce serait une croyance forte en l'école, l'amenant à décrypter ce que dit sa fille : "Une photo, t'es sûre? Et qui avait dit ou fait quoi pour que votre prof suggère aux élèves musulmans de sortir? Et quel était l'objectif de ce cours, à ton avis? Quel était son lien avec l'actualité?" Bref, seul un père posant des questions de prof peut deviner ce qu'était vraiment le cours décrit par sa fille...
Je pense que tu as raison, Gourg, l'absence de recul des parents est effrayante. Mais qu'a-t-on fait collectivement - à part des injonctions sur "l'école ouverte" transformant les familles en consommatrices - pour rapprocher mots des enseignants et mots des familles, pour opérer une forme réciproque de traduction réduisant le champ du malentendu?
Qu'a-t-on fait pour rapprocher mots des enseignants et mots des familles ? énormément, et dans la mauvaise direction.
Il y a cinquante ans (je n'y étais pas mais on le voyait encore il y a 30 ans) il arrivait que des parents hurlent au scandale pour les atteintes aux bonnes moeurs d'un professeur : qui avait osé parler de Darwinisme, de sexualité ou que sais-je.
C'était traité bien différemment. Un Principal de cette époque convoquait une assemblée de tous les parents, qui savaient qu'ils avaient intérêt à y venir. Il leur expliquait la Loi, et leur passait un savon.
Aujourd'hui le Principal écrit un mail à son chef qui lui dit de ne rien faire. Sur-administration... Dévalorisation des Professeurs mais aussi des Chefs d'Etablissements. Dont le syndicat en est réduit à demander qu'on cesse d'écrire au Rectorat des rapports, pour ensuite demander au chef d'établissement de bien vouloir mettre sa signature en bas, comme si c'était vraiment lui qui l'avait écrit.
Il y a quinze ans j'avais fais calculer à des élèves de cinquième le nombre probable de planètes analogues à notre Terre, dans l'univers visible. J'ai essayé de les convaincre que la vie existait probablement sur beaucoup de planètes, bien trop lointaines pour qu'on puisse le voir. Que peut-être des êtres quasiment faits comme nous humains existent ailleurs.
Quelques jours après un élève m'a dit que l'imam lui avait appris qu'Allah n'avait créé qu'une seule humanité - je ne me souviens plus s'il savait si Allah s'était exprimé concernant la création de bactéries sur d'autres planètes. Je lui ai demandé comment cet imam le savait, on en a discuté calmement... C'était bien et ça s'est arrêté là. Mais si un activiste avait essayé de convaincre des parents que je salissais la conscience des enfants musulmans ? Ce n'est pas arrivé. Aujourd'hui ça arriverait, forcément.
Heureusement M. Macron va nous protéger, et a confié le redressement de l'Ecole Publique au meilleur connaisseur possible de sa situation. A M. Blanquer qui est depuis plus de dix ans dans le cercle dirigeant de l'Education Nationale, où il oeuvre avec constance à la dévalorisation des professeurs.
- trompettemarineMonarque
Ce matin, nous étions seuls en salle des professeurs. L'administration a géré par mail (une partie de la direction et tous les agents sont en arrêt maladie).
J'ai affiché dans la salle de la classe où j'avais cours un portait de Marianne pleurant (photo trouvée sur internet) avec en dessous "Je suis professeur".
Je recommencerai à la rentrée. J'ai été un peu sidérée de l'absence de réaction des quelques collègues présents, mais la stupéfaction et l'effroi sont si grands.
Certains élèves n'étaient pas au courant et voulaient une explication des faits.
J'ai expliqué comme j'ai pu, pas trop longuement, car je n'aurai pas tenu longtemps sans pleurer : je ne sais pas pourquoi j'ai parlé de la crise des iconoclasmes à l'époque byzantine, puis de la laïcité, du rôle des professeurs et des principes républicains (refusant ce terme de "valeurs") et d'autres choses encore. J'ai dit que nous en reparlerions à la rentrée, lorsque l'émotion serait moins aiguë.
J'ai fini en disant : "Ce professeur a un nom, il s'appelait Samuel".
Le proviseur a prévu une minute de silence dans toutes les classes à la rentrée.
Malaga,Thierry, à nouveau, vous avez toutes mes pensées.
J'ai affiché dans la salle de la classe où j'avais cours un portait de Marianne pleurant (photo trouvée sur internet) avec en dessous "Je suis professeur".
Je recommencerai à la rentrée. J'ai été un peu sidérée de l'absence de réaction des quelques collègues présents, mais la stupéfaction et l'effroi sont si grands.
Certains élèves n'étaient pas au courant et voulaient une explication des faits.
J'ai expliqué comme j'ai pu, pas trop longuement, car je n'aurai pas tenu longtemps sans pleurer : je ne sais pas pourquoi j'ai parlé de la crise des iconoclasmes à l'époque byzantine, puis de la laïcité, du rôle des professeurs et des principes républicains (refusant ce terme de "valeurs") et d'autres choses encore. J'ai dit que nous en reparlerions à la rentrée, lorsque l'émotion serait moins aiguë.
J'ai fini en disant : "Ce professeur a un nom, il s'appelait Samuel".
Le proviseur a prévu une minute de silence dans toutes les classes à la rentrée.
Malaga,Thierry, à nouveau, vous avez toutes mes pensées.
- Fesseur ProGuide spirituel
Certes.Ramanujan974 a écrit:Ce qui s'est passé est horrible. Toute personne sensée est d'accord avec ça.
Moi, je suis perplexe à la lecture de certains messages de ce fil : ceux qui veulent à leur tour montrer les caricatures à leurs élèves.
Il y a un côté "Idéal à défendre et vision sacerdotale du métier" que je ne partage pas.
Désolé si je choque, mais ce n'est pas à un enseignant dans son coin, même si on est des centaines à le faire, de prendre des risques pour sa vie/sa famille dans l'exercice de son métier. Je n'ai pas signé pour ça, contrairement à un pompier ou un soldat. Surtout vu comme on est soutenu.
Mon job est d'enseigner ma discipline. Point barre. Je ne crois pas du tout à "la formation de citoyens éclairés"...
Si je voyais Macron et Blanquer brandir les caricatures et porter un brassard "Je suis Charlie", je verrais peut-être les choses d'un autre oeil. Ou que tous les IG/IPR/IEN/Recteurs/DASEN de France fassent une tournée des écoles pour expliquer les caricatures.
Mais il y a plus de chances que je gagne à Euromillions.
Ce qui est le plus triste, c'est que ça ne s'arrêtera pas. Je ne vois pas ce qu'il faudrait faire, en supposant que tout soit possible.
Je ne crois pas que c'est être lâche de penser ça, on ne peut pas raisonner avec l'irrationnel. Il reste la colère et la résignation.
Mais si les enseignants ne le font pas, qui va le faire ?
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Pourvu que ça dure...
- VanGogh59Expert spécialisé
Ramanujan974 a écrit:Ce qui s'est passé est horrible. Toute personne sensée est d'accord avec ça.
Moi, je suis perplexe à la lecture de certains messages de ce fil : ceux qui veulent à leur tour montrer les caricatures à leurs élèves.
Il y a un côté "Idéal à défendre et vision sacerdotale du métier" que je ne partage pas.
Désolé si je choque, mais ce n'est pas à un enseignant dans son coin, même si on est des centaines à le faire, de prendre des risques pour sa vie/sa famille dans l'exercice de son métier. Je n'ai pas signé pour ça, contrairement à un pompier ou un soldat. Surtout vu comme on est soutenu.
Mon job est d'enseigner ma discipline. Point barre. Je ne crois pas du tout à "la formation de citoyens éclairés"...
C'est pourtant inclus dans ton métier et je rappelle que l'EMC n'est pas le seul "job" des profs d'histoire-géo. Je ne te cache pas que je suis assez éberlué par ton discours car que tu le veuilles ou non tu es un agent de l'Etat et tu es payé aussi pour défendre ces valeurs...
Quant à ceux qui défendent l'idée de montrer les caricatures, oui j'en fais partie. Nous en parlons régulièrement en classe en EMC ou en Histoire. J'évoquais le matin même face à mes élèves le droit au blasphème et à la critique des religions que permet notre beau pays. Non par volonté de provoquer mais simplement parce que si on le fait pas, on va ouvrir une sorte de jurisprudence mentale qui fera que, demain, on n'enseignera peut être plus la shoah ou le génocide arménien parce que ça peut choquer tel ou tel personne et nous nuire personnellement.
De plus, au lendemain de l'assassinat d'un collègue pour ces raisons, il me semble très moyen d'employer l'expression "Idéal à défendre et vision sacerdotale du métier". Je constate avec grand regret et, disons-le, dégoût que la solidarité confraternelle que l'on devrait tous ressentir s'arrête au niveau du trouillomètre...
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"Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles" Oscar Wilde
- Ramanujan974Érudit
leliseur a écrit:Ramanujan974 a écrit:Ce qui s'est passé est horrible. Toute personne sensée est d'accord avec ça.
Moi, je suis perplexe à la lecture de certains messages de ce fil : ceux qui veulent à leur tour montrer les caricatures à leurs élèves.
Il y a un côté "Idéal à défendre et vision sacerdotale du métier" que je ne partage pas.
Désolé si je choque, mais ce n'est pas à un enseignant dans son coin, même si on est des centaines à le faire, de prendre des risques pour sa vie/sa famille dans l'exercice de son métier. Je n'ai pas signé pour ça, contrairement à un pompier ou un soldat. Surtout vu comme on est soutenu.
Mon job est d'enseigner ma discipline. Point barre. Je ne crois pas du tout à "la formation de citoyens éclairés"...
Si je voyais Macron et Blanquer brandir les caricatures et porter un brassard "Je suis Charlie", je verrais peut-être les choses d'un autre oeil. Ou que tous les IG/IPR/IEN/Recteurs/DASEN de France fassent une tournée des écoles pour expliquer les caricatures.
Mais il y a plus de chances que je gagne à Euromillions.
Ce qui est le plus triste, c'est que ça ne s'arrêtera pas. Je ne vois pas ce qu'il faudrait faire, en supposant que tout soit possible.
Je ne crois pas que c'est être lâche de penser ça, on ne peut pas raisonner avec l'irrationnel. Il reste la colère et la résignation.
C'est pourtant - ou devrait être - le premier rôle, la première mission de tout enseignant : former des citoyens.
Et cela passe par plein de chemins possibles.
A chacun d'entre nous de choisir lesquels.
Je me suis mal exprimé.
Mon rôle est d'apprendre les maths aux élèves, comme chaque prof avec sa discipline.
Que cela contribue d'une manière ou d'une autre à la formation du citoyen, tant mieux. Mais c'est une conséquence, pas le but premier.
- sookieGrand sage
Est ce que quelqu’un sait s’il y a un rassemblement à Reims ? Je n’arrive pas à trouver l’info .
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On est belle et on ne se tait pas, on n'est jamais trop vieille pour quoique ce soit
- Fesseur ProGuide spirituel
L'EMC n'est pas la chasse gardée des collègues d'Histoire.Ramanujan974 a écrit:leliseur a écrit:Ramanujan974 a écrit:Ce qui s'est passé est horrible. Toute personne sensée est d'accord avec ça.
Moi, je suis perplexe à la lecture de certains messages de ce fil : ceux qui veulent à leur tour montrer les caricatures à leurs élèves.
Il y a un côté "Idéal à défendre et vision sacerdotale du métier" que je ne partage pas.
Désolé si je choque, mais ce n'est pas à un enseignant dans son coin, même si on est des centaines à le faire, de prendre des risques pour sa vie/sa famille dans l'exercice de son métier. Je n'ai pas signé pour ça, contrairement à un pompier ou un soldat. Surtout vu comme on est soutenu.
Mon job est d'enseigner ma discipline. Point barre. Je ne crois pas du tout à "la formation de citoyens éclairés"...
Si je voyais Macron et Blanquer brandir les caricatures et porter un brassard "Je suis Charlie", je verrais peut-être les choses d'un autre oeil. Ou que tous les IG/IPR/IEN/Recteurs/DASEN de France fassent une tournée des écoles pour expliquer les caricatures.
Mais il y a plus de chances que je gagne à Euromillions.
Ce qui est le plus triste, c'est que ça ne s'arrêtera pas. Je ne vois pas ce qu'il faudrait faire, en supposant que tout soit possible.
Je ne crois pas que c'est être lâche de penser ça, on ne peut pas raisonner avec l'irrationnel. Il reste la colère et la résignation.
C'est pourtant - ou devrait être - le premier rôle, la première mission de tout enseignant : former des citoyens.
Et cela passe par plein de chemins possibles.
A chacun d'entre nous de choisir lesquels.
Je me suis mal exprimé.
Mon rôle est d'apprendre les maths aux élèves, comme chaque prof avec sa discipline.
Que cela contribue d'une manière ou d'une autre à la formation du citoyen, tant mieux. Mais c'est une conséquence, pas le but premier.
Et comment ne pas réagir/expliquer/questionner ses élèves devant un tel drame même en n'étant "que professeur de mathématiques" ?
_________________
Pourvu que ça dure...
- HocamSage
J'espère que notre collègue Samuel Paty recevra les plus beaux hommages possibles dans ces circonstances. Pensées à ses proches, à ses amis, à ses élèves, à ses collègues actuels et passés, à ses voisins, et aux éventuels témoins directs et via les RS de cet acte immonde.
- Ramanujan974Érudit
VanGogh59 a écrit:
C'est pourtant inclus dans ton métier et je rappelle que l'EMC n'est pas le seul "job" des profs d'histoire-géo.
Je ne te cache pas que je suis assez éberlué par ton discours car que tu le veuilles ou non tu es un agent de l'Etat et tu es payé aussi pour défendre ces valeurs...
Quant à ceux qui défendent l'idée de montrer les caricatures, oui j'en fais partie. Nous en parlons régulièrement en classe en EMC ou en Histoire. J'évoquais le matin même face à mes élèves le droit au blasphème et à la critique des religions que permet notre beau pays. Non par volonté de provoquer mais simplement parce que si on le fait pas, on va ouvrir une sorte de jurisprudence mentale qui fera que, demain, on n'enseignera peut être plus la shoah ou le génocide arménien parce que ça peut choquer tel ou tel personne et nous nuire personnellement.
De plus, au lendemain de l'assassinat d'un collègue pour ces raisons, il me semble très moyen d'employer l'expression "Idéal à défendre et vision sacerdotale du métier". Je constate avec grand regret et, disons-le, dégoût que la solidarité confraternelle que l'on devrait tous ressentir s'arrête au niveau du trouillomètre...
1) et 2) Je ne me rappelle pas en 20 ans de métier avoir eu l'occasion de défendre ces valeurs. C'est sûrement lié à la discipline, les profs d'HG et de Français sont plus exposés.
3) Je suis d'accord avec toi, on ne doit pas arriver à cette auto-censure. Mais tant que l'exemple de viendra pas d'en haut, avec un soutien et une protection pour les profs sans faille, je serais assez pessimiste.
4) Ce qui est passé est horrible et très triste. Mais je ne suis pas un héros. Si cela fait de moi un trouillard, et bien tant pis...
- InvitéInvité
Ramanujan974 a écrit:leliseur a écrit:Ramanujan974 a écrit:Ce qui s'est passé est horrible. Toute personne sensée est d'accord avec ça.
Moi, je suis perplexe à la lecture de certains messages de ce fil : ceux qui veulent à leur tour montrer les caricatures à leurs élèves.
Il y a un côté "Idéal à défendre et vision sacerdotale du métier" que je ne partage pas.
Désolé si je choque, mais ce n'est pas à un enseignant dans son coin, même si on est des centaines à le faire, de prendre des risques pour sa vie/sa famille dans l'exercice de son métier. Je n'ai pas signé pour ça, contrairement à un pompier ou un soldat. Surtout vu comme on est soutenu.
Mon job est d'enseigner ma discipline. Point barre. Je ne crois pas du tout à "la formation de citoyens éclairés"...
Si je voyais Macron et Blanquer brandir les caricatures et porter un brassard "Je suis Charlie", je verrais peut-être les choses d'un autre oeil. Ou que tous les IG/IPR/IEN/Recteurs/DASEN de France fassent une tournée des écoles pour expliquer les caricatures.
Mais il y a plus de chances que je gagne à Euromillions.
Ce qui est le plus triste, c'est que ça ne s'arrêtera pas. Je ne vois pas ce qu'il faudrait faire, en supposant que tout soit possible.
Je ne crois pas que c'est être lâche de penser ça, on ne peut pas raisonner avec l'irrationnel. Il reste la colère et la résignation.
C'est pourtant - ou devrait être - le premier rôle, la première mission de tout enseignant : former des citoyens.
Et cela passe par plein de chemins possibles.
A chacun d'entre nous de choisir lesquels.
Je me suis mal exprimé.
Mon rôle est d'apprendre les maths aux élèves, comme chaque prof avec sa discipline.
Que cela contribue d'une manière ou d'une autre à la formation du citoyen, tant mieux. Mais c'est une conséquence, pas le but premier.
Je crois que de toute manière il faut distinguer deux choses :
- le fait que tout enseignant doive porter une attitude d'exigence de la laïcité et un discours sans ambiguïté qui la défende,
- et enseigner la laïcité ce qui réclame un savoir-faire particulier. Et je comprend parfaitement que beaucoup de collègues des disciplines ne se sentent pas de le faire.
- ElyasEsprit sacré
C'est l'enfer, les sites d'information ne vérifient pas la véracité des photographies.
- Dadoo33Grand sage
sookie a écrit:Est ce que quelqu’un sait s’il y a un rassemblement à Reims ? Je n’arrive pas à trouver l’info .
Allez voir sur le site du snes
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