- Dadoo33Grand sage
sookie a écrit:Est ce que quelqu’un sait s’il y a un rassemblement à Reims ? Je n’arrive pas à trouver l’info .
Allez voir sur le site du snes
- CisilHabitué du forum
Quelqu'un sait s'il y a un rassemblement prévu à Caen ?
Edit : merci Dadoo !
Edit : merci Dadoo !
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"Si haut que l’on soit placé, on n’est jamais assis que sur son cul." Montaigne.
"When I went to school, they asked me what I wanted to be when I grew up. I wrote down ‘happy’. They told me I didn’t understand the assignment, and I told them they didn’t understand life.” John Lennon
- VanGogh59Expert spécialisé
Tamerlan a écrit:
Je crois que de toute manière il faut distinguer deux choses :
- le fait que tout enseignant doive porter une attitude d'exigence de la laïcité et un discours sans ambiguïté qui la défende,
- et enseigner la laïcité ce qui réclame un savoir-faire particulier. Et je comprend parfaitement que beaucoup de collègues des disciplines ne se sentent pas de le faire.
Enseigner, oui. La faire respecter, non.
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"Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles" Oscar Wilde
- InvitéInvité
C'est bien ce que je dis, non ?VanGogh59 a écrit:Tamerlan a écrit:
Je crois que de toute manière il faut distinguer deux choses :
- le fait que tout enseignant doive porter une attitude d'exigence de la laïcité et un discours sans ambiguïté qui la défende,
- et enseigner la laïcité ce qui réclame un savoir-faire particulier. Et je comprend parfaitement que beaucoup de collègues des disciplines ne se sentent pas de le faire.
Enseigner, oui. La faire respecter, non.
- chmarmottineGuide spirituel
JMB fait actuellement sa conférence de presse.
A 15h : conférence de presse du parquet anti terroriste.
Conseil de défense ce week-end.
A 15h : conférence de presse du parquet anti terroriste.
Conseil de défense ce week-end.
- cunégondeNiveau 10
La fille du père qui a porté plainte n'aurait pas assisté au cours qu'elle évoque.
- Thalia de GMédiateur
Iannis Roder est l'invité du jt de France2.Thalia de G a écrit:À écouter Iannis Roder https://www.franceinter.fr/emissions/la-personnalite-de-la-semaine/la-personnalite-de-la-semaine-17-octobre-2020 qui redoute l'auto-censure des enseignants. Des mots émouvants à la fin de l'interview.
Je vais l'écouter avec beaucoup d'attention.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- chmarmottineGuide spirituel
JMB : dans l'immédiat, reconnaissance de M. Paty, avec hommage national, et d'autres manières de manifester notre solidarité.
Cadrage national pour la rentrée pour le travail avec les élèves. Nécessité de l'unité du monde adulte.
Cadrage national pour la rentrée pour le travail avec les élèves. Nécessité de l'unité du monde adulte.
- chmarmottineGuide spirituel
Elle ne ferait pas partie de la classe.cunégonde a écrit:La fille du père qui a porté plainte n'aurait pas assisté au cours qu'elle évoque.
- chmarmottineGuide spirituel
lundi 2 : clarté, fermeté, subtilité
- titus06Habitué du forum
ee a écrit:Je suis allée regarder la vidéo et j'ai entendu la jeune fille et son père parler de "photo d'homme nu". Je me souviens avoir corrigé un nombre incalculable de fois des élèves disant "photo" pour "image" ou "tableau". Cette confusion, apparue depuis quelques années, m'a toujours laissée songeuse. Vous allez me dire : quel rapport avec l'assassinat de notre collègue?Gourg a écrit:sinan a écrit:Ce qui est particulièrement effrayant dans cette affaire, au-delà de l'acte en lui-même évidemment, c'est ce père qui ne prend aucune distance avec le récit de sa fille, qui relate de manière assez surréaliste ce cours, en parlant de cours sur l'islam et d'images nues du prophète. On voit une élève qui n'a rien compris au cours, qui se pose en victime de façon absurde, et un père qui ne prend aucun recul. Cette situation est malheureusement répandue, et cela fait froid dans le dos. Les professeurs sont vraiment tous en danger. Je suis horrifiée.
Si vous enseignez longtemps en collège vous constatez qu'inévitablement et fréquemment un fait survenu dans un cours donne lieu à une rumeur qui circule parmi les élèves de tout le collège, et souvent déforme considérablement les faits réellement survenus.
Et vous constaterez aussi que pour bien des parents la parole de leur enfant ne peut pas être fausse, que chez bien des parents une plainte de leur enfant déclenche des affects extrêmes. .
Celui des mots, tout simplement.
Un père dont la fille rentre en disant : "Mon prof nous a montré une photo d'homme nu en disant que c'était le prophète. En plus, il a demandé aux élèves musulmans de lever le doigt et de sortir" a toutes les raisons d'être choqué, de vouloir rencontrer le prof et sa hiérarchie. La seule chose qui pourrait l'empêcher d'être choqué, ce serait une croyance forte en l'école, l'amenant à décrypter ce que dit sa fille : "Une photo, t'es sûre? Et qui avait dit ou fait quoi pour que votre prof suggère aux élèves musulmans de sortir? Et quel était l'objectif de ce cours, à ton avis? Quel était son lien avec l'actualité?" Bref, seul un père posant des questions de prof peut deviner ce qu'était vraiment le cours décrit par sa fille...
Je pense que tu as raison, Gourg, l'absence de recul des parents est effrayante. Mais qu'a-t-on fait collectivement - à part des injonctions sur "l'école ouverte" transformant les familles en consommatrices - pour rapprocher mots des enseignants et mots des familles, pour opérer une forme réciproque de traduction réduisant le champ du malentendu?
Par ailleurs, dans l'horreur de ce qui s'est produit, j'avoue avoir ressenti une forme de soulagement en apprenant que le jeune meurtrier n'était pas un élève ou ancien élève du collège, et qu'il était tchétchène. Pourquoi? Parce que la Tchétchénie est terre de barbarie guerrière depuis deux décennies, et qu'on peut supposer que le sang, la souffrance, la haine, le mépris de la vie (la sienne et celle de l'autre)... ont malheureusement constitué le cadre dans lequel s'est élevé le jeune criminel. C'est un crime "importé", moins sidérant, pour moi, que celui des frères Kouachi qui étaient de purs produits de l'échec des institutions éducatives (ASE et EN) françaises.
Cela m'a rappelé un vieil épisode vécu avec un petit c.o.n. de 6e ou 5e, qui au moment de lire un morceau d'un conte de Gripari, où il était question de diables et dieux, a refusé de le faire car : "je ne prononce pas le nom de D." Je me souviens de l'épisode, du bref débat mené alors avec la classe, mais pas du tout de ce que j'avais pu lui dire à lui. Mais sans-doute, au final, quelque chose de très proche de ce qu'a dit notre collègue assassiné : si vraiment tu es trop choqué, va terminer l'heure en permanence. C'est dans ce même établissement que tous les ans, en 6e, quand je comparais un extrait de la Genèse et un du Coran sur la création du monde, il me fallait sortir les rames pour expliquer que non, je ne pouvais certainement pas me prononcer sur la véracité de ces textes, qu'ils étaient par définition écrits par des hommes et que nous les étudiions au même titre que les mythes grecs ou romains, comme de la littérature/de l'art. Qu'est-ce que leurs parents (un tiers évangélistes antillais, un tiers musulmans turcs ou pakistanais, un tiers Maghreb et Afrique sub saharienne) pouvaient percevoir de ce travail fait en classe? Combien en ai-je choqué sans le savoir ni le vouloir, quand leur gamin s'est plaint à la maison que "la prof dit que Zeus et Allah, c'est pareil, c'est que de la myto"?
En tous cas, hommage à notre collègue, c'est certain. Et réflexion ouverte, d'urgence, sur les moyens de restaurer la confiance dans l'école sous nos masques slips...
De ce que l'on sait pour le moment, l'assassin était né à Moscou en 2002. Rien n'indique pour le moment qu'il ait vécu en Tchétchénie et l'on ne sait pas depuis combien de temps il vivait en France.
- Thalia de GMédiateur
chmarmottine a écrit:lundi 2 : clarté, fermeté, subtilité
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Soleil noir de mes mélancolies.
- JayKewNiveau 9
Ramanujan974 a écrit:VanGogh59 a écrit:
C'est pourtant inclus dans ton métier et je rappelle que l'EMC n'est pas le seul "job" des profs d'histoire-géo.
Je ne te cache pas que je suis assez éberlué par ton discours car que tu le veuilles ou non tu es un agent de l'Etat et tu es payé aussi pour défendre ces valeurs...
Quant à ceux qui défendent l'idée de montrer les caricatures, oui j'en fais partie. Nous en parlons régulièrement en classe en EMC ou en Histoire. J'évoquais le matin même face à mes élèves le droit au blasphème et à la critique des religions que permet notre beau pays. Non par volonté de provoquer mais simplement parce que si on le fait pas, on va ouvrir une sorte de jurisprudence mentale qui fera que, demain, on n'enseignera peut être plus la shoah ou le génocide arménien parce que ça peut choquer tel ou tel personne et nous nuire personnellement.
De plus, au lendemain de l'assassinat d'un collègue pour ces raisons, il me semble très moyen d'employer l'expression "Idéal à défendre et vision sacerdotale du métier". Je constate avec grand regret et, disons-le, dégoût que la solidarité confraternelle que l'on devrait tous ressentir s'arrête au niveau du trouillomètre...
1) et 2) Je ne me rappelle pas en 20 ans de métier avoir eu l'occasion de défendre ces valeurs. C'est sûrement lié à la discipline, les profs d'HG et de Français sont plus exposés.
3) Je suis d'accord avec toi, on ne doit pas arriver à cette auto-censure. Mais tant que l'exemple de viendra pas d'en haut, avec un soutien et une protection pour les profs sans faille, je serais assez pessimiste.
4) Ce qui est passé est horrible et très triste. Mais je ne suis pas un héros. Si cela fait de moi un trouillard, et bien tant pis...
En 2015, suite aux attentats de Charlie Hebdo, j’avais abordé avec toutes mes classes - et en anglais - la question de la laïcité et de la liberté d’expression(ce sont des thèmes qui par ailleurs se prêtent à ses comparaisons sur la façon dont la laïcité est perçue dans les pays anglo-saxons).
Mais les enseignants de toutes les disciplines doivent pouvoir aborder ces questions fondamentales, même si elles ne sont pas du tout liées à leur discipline.
On parle de valeurs républicaines qui forment le socle de notre société, pas de matières scolaires.
Mais d’une façon générale, je trouve que les enseignants sont encore trop seuls, pas assez accompagnés dans cette tâche qui devient de plus en plus difficile.
Aujourd’hui, l’heure est au deuil. Nous sommes tous sidérés devant une telle folie meurtrière.
Des questions :
Quelles “armes” utiliser face à la terreur ? Comment éclairer les forces obscurantistes ?
Comment assurer la protection des personnels ? Etc.
- chmarmottineGuide spirituel
Thalia de G a écrit:chmarmottine a écrit:lundi 2 : clarté, fermeté, subtilité
JMB parlait de la façon dont il faudrait aborder les choses avec les élèves le lundi 2
- InvitéInvité
Oui, le subtilité va cependant faire parler.
- Ramanujan974Érudit
chmarmottine a écrit:Thalia de G a écrit:chmarmottine a écrit:lundi 2 : clarté, fermeté, subtilité
JMB parlait de la façon dont il faudrait aborder les choses avec les élèves le lundi 2
J'ai l'impression qu'encore une fois on va laisser les enseignants de débrouiller seuls face aux élèves.
- chmarmottineGuide spirituel
Tamerlan a écrit:Oui, le subtilité va cependant faire parler.
surtout quand il ajoute "les parents ont leur mot à dire dans tous les sujets". Ils doivent avoir une participation toujours plus forte ...
Il rappelle le respect dû au professeur.
- chmarmottineGuide spirituel
Selon, lui, la Principale a fait ce qu'elle avait à faire.
Soutien du professeur et dialogue avec les parents.
VIdéo du parent qualifiée de scandaleuse, faite pour créer du conflit.
Soutien du professeur et dialogue avec les parents.
VIdéo du parent qualifiée de scandaleuse, faite pour créer du conflit.
- zigmag17Guide spirituel
Ce qui est extraordinaire, c'est le postulat de départ, tranquillement admis et jamais remis en cause: il serait naturel qu'un enseignant doive prendre des précautions et proposer à des élèves de quitter le cours s'il s'avère que le contenu de ce dernier serait pour eux "choquant". L'enseignant agit avec tolérance et par anticipation, c'est tout à son honneur. Mais cela dans un Etat de droit ne devrait jamais être. Nous devrions pouvoir assurer des cours sans devoir nous poser au préalable la question de savoir si par hasard leur contenu peut entraîner un déchaînement de violence.
De ce fait, tout le raisonnement est biaisé. Il devrait être possible de réagir en considérant le problème à la racine, et de dire: tu es un élève en France aujourd'hui, au XXIe siècle, tu assistes à un cours dans l'Ecole de la République qui ici est laïque et ouverte à toutes les croyances et même -on n'en parle JAMAIS- à l'athéisme, tu as le droit de ne pas être d'accord, cela s'appelle l'esprit critique et le débat, mais si tu penses que c'est trop insupportable pour toi, d'abord laisse les autres exprimer leur point de vue, ensuite choisis un mode d'instruction différent (le CNED, par exemple, puisque le distanciel est à la mode).
Ne nions pas les problèmes. Bravo à ceux ici qui disent que "oui oui on va leur montrer les caricatures à ces petits élèves, afin qu'ils comprennent qu'enseigner la liberté d'expression c'est notre job".
Vous savez quoi? Depuis une quinzaine d'années à peu près sont arrivés dans mes classes des élèves qui dans le meilleur des cas passent une heure de cours la tête tournée sans jamais me regarder quand le contenu du cours ne le leur plaît pas; et je ne parle pas de grammaire ou de conjugaison hein. Des thèmes d'actualité, ou des textes, ou des oeuvres picturales, qui les heurtent en raison de convictions religieuses clairement énoncées. Cette attitude ostentatoire est difficile à prouver donc à contrer. Dans l'entre-deux, il existe les "empêcheurs d'enseigner en rond", qui hurlent ou s'exclament pour les mêmes raisons, empêchent le cours d'avancer et parfois oui, me traitent de "blanche et de Française qui si elle n'est pas contente n'a qu'à partir" (cela m'est arrivé dans mon précédent établissement et j'aimerais bien que mes propos soient conservés ici car c'est la vérité , une vérité que certains collègues ne peuvent même pas imaginer, moi-même si je n'avais pas travaillé dans certains contextes je n'y aurais pas cru). La dernière étape j'imagine, c'est celle qui a trouvé son aboutissement tragique hier.
Alors évidemment ce sont quelques élèves à la marge , heureusement. Mais à cause d'eux, évidemment aussi qu'il faut bien réfléchir à la manière dont le programme va être traité: allons-y, parlons de Simone Veil et de l'avortement, des droits des femmes, sujets sensibles s'il en est, devant une audience prête à en découdre avec des arguments plus que fallacieux basés sur une idéologie extrémiste; parlons aussi de cet AED attendu par une petite bande avec des battes de base-ball à la sortie du lycée parce qu'il avait osé discuter une thèse créationniste énoncée par un élève pendant une heure d'étude.
Depuis quelques années, faire certains cours relève du rodéo, de l'équilibrisme, de l'exploit. Et bien sûr que l'auto-censure existe. Hélas. Si l'EN était claire avec ça, tout ceci n'arriverait pas, c'est aussi simple que cela: parole de l'enseignant sacrée donc respectée, cours appliqués, le tout dans le respect de chacun.
Parce que le monde est entré dans l'école, parce que le monde parfois a des côtés obscurs, parce que les élèves ne sortent pas de nulle part et que certains font au lycée ce qu'ils font à l'extérieur: ils battent le rappel des troupes pour aller donner "une bonne leçon" à celui ou celle qui n'entre pas dans leurs vues étroites.
Je ne comprends pas pourquoi il ne faut pas parler de "cité " ici (ou de "quartier")? J'ai dû rater quelques messages. Néanmoins, pourquoi occulter une certaine réalité?
L'angélisme et la bien-pensance nous font un tort énorme. J'ai travaillé longtemps dans un lycée polyvalent en milieu très urbain, en SEP, avec des élèves qui apprenaient leurs sourates en cours de français pour les réciter à l'imam le soir et ne faisaient cas ni de leur enseignante (puisque femme) ni de ses propos (puisque laïcs donc par nature irrecevables). Les collègues de sections avec des élèves de type Abibac, Bachibac etc, vivaient leur métier à des années-lumière du nôtre, en LP. On peut se payer le luxe d'avoir un raisonnement purement intellectuel quand on n'est pas confronté quotidiennement à une hostilité qui fait qu'en filigrane il y a toujours l'idée qu'après un cours il "pourrait se passer quelque chose" (appel de parents mécontents, arrivée d'une bande dans le lycée "pour discuter" etc).
Si je n'avais pas travaillé en LP je n'aurais jamais pu admettre que notre société est aussi fondée sur cette part obscure, cela m'aurait semblé délirant et faux. Pourtant c'est une réalité.
D'ailleurs j'ai demandé une mutation il y a quelques années; je suis désormais dans un LP beaucoup plus tranquille, dans lequel pour l'instant aucune conviction religieuse extrémiste n'est exprimée, ni de ce fait n'empêche de faire cours. Eh bien oserai-je dire que je suis beaucoup plus détendue? Je fais des cours sans arrière-pensée, tels qu'ils doivent être faits. Il y a des débats en classe bien sûr, mais rien qui fasse l'objet d'un ressentiment ou d'une haine posés a priori sur mon enseignement ou ma personne.
Tout cela n'est pas normal.
De ce fait, tout le raisonnement est biaisé. Il devrait être possible de réagir en considérant le problème à la racine, et de dire: tu es un élève en France aujourd'hui, au XXIe siècle, tu assistes à un cours dans l'Ecole de la République qui ici est laïque et ouverte à toutes les croyances et même -on n'en parle JAMAIS- à l'athéisme, tu as le droit de ne pas être d'accord, cela s'appelle l'esprit critique et le débat, mais si tu penses que c'est trop insupportable pour toi, d'abord laisse les autres exprimer leur point de vue, ensuite choisis un mode d'instruction différent (le CNED, par exemple, puisque le distanciel est à la mode).
Ne nions pas les problèmes. Bravo à ceux ici qui disent que "oui oui on va leur montrer les caricatures à ces petits élèves, afin qu'ils comprennent qu'enseigner la liberté d'expression c'est notre job".
Vous savez quoi? Depuis une quinzaine d'années à peu près sont arrivés dans mes classes des élèves qui dans le meilleur des cas passent une heure de cours la tête tournée sans jamais me regarder quand le contenu du cours ne le leur plaît pas; et je ne parle pas de grammaire ou de conjugaison hein. Des thèmes d'actualité, ou des textes, ou des oeuvres picturales, qui les heurtent en raison de convictions religieuses clairement énoncées. Cette attitude ostentatoire est difficile à prouver donc à contrer. Dans l'entre-deux, il existe les "empêcheurs d'enseigner en rond", qui hurlent ou s'exclament pour les mêmes raisons, empêchent le cours d'avancer et parfois oui, me traitent de "blanche et de Française qui si elle n'est pas contente n'a qu'à partir" (cela m'est arrivé dans mon précédent établissement et j'aimerais bien que mes propos soient conservés ici car c'est la vérité , une vérité que certains collègues ne peuvent même pas imaginer, moi-même si je n'avais pas travaillé dans certains contextes je n'y aurais pas cru). La dernière étape j'imagine, c'est celle qui a trouvé son aboutissement tragique hier.
Alors évidemment ce sont quelques élèves à la marge , heureusement. Mais à cause d'eux, évidemment aussi qu'il faut bien réfléchir à la manière dont le programme va être traité: allons-y, parlons de Simone Veil et de l'avortement, des droits des femmes, sujets sensibles s'il en est, devant une audience prête à en découdre avec des arguments plus que fallacieux basés sur une idéologie extrémiste; parlons aussi de cet AED attendu par une petite bande avec des battes de base-ball à la sortie du lycée parce qu'il avait osé discuter une thèse créationniste énoncée par un élève pendant une heure d'étude.
Depuis quelques années, faire certains cours relève du rodéo, de l'équilibrisme, de l'exploit. Et bien sûr que l'auto-censure existe. Hélas. Si l'EN était claire avec ça, tout ceci n'arriverait pas, c'est aussi simple que cela: parole de l'enseignant sacrée donc respectée, cours appliqués, le tout dans le respect de chacun.
Parce que le monde est entré dans l'école, parce que le monde parfois a des côtés obscurs, parce que les élèves ne sortent pas de nulle part et que certains font au lycée ce qu'ils font à l'extérieur: ils battent le rappel des troupes pour aller donner "une bonne leçon" à celui ou celle qui n'entre pas dans leurs vues étroites.
Je ne comprends pas pourquoi il ne faut pas parler de "cité " ici (ou de "quartier")? J'ai dû rater quelques messages. Néanmoins, pourquoi occulter une certaine réalité?
L'angélisme et la bien-pensance nous font un tort énorme. J'ai travaillé longtemps dans un lycée polyvalent en milieu très urbain, en SEP, avec des élèves qui apprenaient leurs sourates en cours de français pour les réciter à l'imam le soir et ne faisaient cas ni de leur enseignante (puisque femme) ni de ses propos (puisque laïcs donc par nature irrecevables). Les collègues de sections avec des élèves de type Abibac, Bachibac etc, vivaient leur métier à des années-lumière du nôtre, en LP. On peut se payer le luxe d'avoir un raisonnement purement intellectuel quand on n'est pas confronté quotidiennement à une hostilité qui fait qu'en filigrane il y a toujours l'idée qu'après un cours il "pourrait se passer quelque chose" (appel de parents mécontents, arrivée d'une bande dans le lycée "pour discuter" etc).
Si je n'avais pas travaillé en LP je n'aurais jamais pu admettre que notre société est aussi fondée sur cette part obscure, cela m'aurait semblé délirant et faux. Pourtant c'est une réalité.
D'ailleurs j'ai demandé une mutation il y a quelques années; je suis désormais dans un LP beaucoup plus tranquille, dans lequel pour l'instant aucune conviction religieuse extrémiste n'est exprimée, ni de ce fait n'empêche de faire cours. Eh bien oserai-je dire que je suis beaucoup plus détendue? Je fais des cours sans arrière-pensée, tels qu'ils doivent être faits. Il y a des débats en classe bien sûr, mais rien qui fasse l'objet d'un ressentiment ou d'une haine posés a priori sur mon enseignement ou ma personne.
Tout cela n'est pas normal.
- EuphémiaNiveau 10
Mais justement, il est bien là le scandale. Ne rien voir venir alors qu'il y avait une cabale islamiste contre notre collègue depuis près de deux semaines sur les réseaux sociaux, c'est du déni, de la lâcheté, de l'incompétence.pogonophile a écrit:
Rétrospectivement, on peut déplorer qu'il n'y ait pas eu une protection policière, qui aurait été nécessaire. Sauf que personne n'aurait pu le dire, personne ne l'a réclamé pas même, à ma connaissance, la victime, parce que c'est un événement inédit.
Rétrospectivement, on peut regretter que la protection fonctionnelle n'ait pas été mise en place comme elle aurait dû, mais ce n'est jamais qu'une protection juridique : elle n'aurait rien empêché, tout comme l'enregistrement de la plainte.
Rétrospectivement, on peut dire que l'institution aurait dû faire ci ou faire ça.
Mais la vérité c'est que personne n'a rien vu venir.
Comment est-il possible, avec tout ce qui se passe actuellement, à la lecture des messages publiés sur facebook et twitter, de ne pas immédiatement en conclure qu'il y a un homme en danger et qu'il faut le protéger ? Comment un tel aveuglement est-il encore possible ?
_________________
L’école est un lieu admirable. J’aime que les bruits extérieurs n’y entrent point. (Alain)
L'esprit critique, c'est, au minimum, un esprit qui n’a pas peur des mots. (Jean-Claude Michéa)
- Thalia de GMédiateur
Voilà qui est plus clair. Lundi 2 nov, jour de la rentrée des vacances de Toussaint.chmarmottine a écrit:Thalia de G a écrit:chmarmottine a écrit:lundi 2 : clarté, fermeté, subtilité
JMB parlait de la façon dont il faudrait aborder les choses avec les élèves le lundi 2
C'est l'occasion de rappeler qu'un certain nombre de lecteurs de ce fil n'appartiennent pas de près ou de loin au monde de l'école.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- chmarmottineGuide spirituel
Les deux semaines de vacances vont permettre de préparer le 2 avec tous les acteurs (représentants, intellectuels, experts ...). Ressources pédagogiques pour la rentrée, communiquées aux profs.
- Ajonc35Sage
Que dire de plus que n'auraient dit bon nombre des posts précédents?
Pour moi stupeur, nausée, chagrin et tout d'abord à celui de sa famille et de son cercle proche qu'il soit professionnel ou amical. Un peu, beaucoup, tétanisée par cette nouvelle.
Je rajoute qu'il y a deux ou trois ans, j'avais travaillé le sujet des libertés et donc de la liberté religieuse à travers "Persépolis" et donc de la religion musulmane qu'il ne fallait pas confondre avec terrorisme et je terminais par les libertés en France. J'ai subi les assauts d'un parent fou, furieux qui m'indiquait que je n'avais pas à enseigner cela sans pour autant avoir le soutien de ma Direction qui subissait aussi ce parent. Et je dois remercier deux collègues qui ont enfin mis ce parent à sa place. Ouf, ce n'est pas aller plus loin. mais si j'avais eu le soutien "l'assaut" aurait été plus court. Le parent, un Français sans doute de culture catholique donc des irrationnels, "irraisonnables" il y en a partout.
Pour moi stupeur, nausée, chagrin et tout d'abord à celui de sa famille et de son cercle proche qu'il soit professionnel ou amical. Un peu, beaucoup, tétanisée par cette nouvelle.
Je rajoute qu'il y a deux ou trois ans, j'avais travaillé le sujet des libertés et donc de la liberté religieuse à travers "Persépolis" et donc de la religion musulmane qu'il ne fallait pas confondre avec terrorisme et je terminais par les libertés en France. J'ai subi les assauts d'un parent fou, furieux qui m'indiquait que je n'avais pas à enseigner cela sans pour autant avoir le soutien de ma Direction qui subissait aussi ce parent. Et je dois remercier deux collègues qui ont enfin mis ce parent à sa place. Ouf, ce n'est pas aller plus loin. mais si j'avais eu le soutien "l'assaut" aurait été plus court. Le parent, un Français sans doute de culture catholique donc des irrationnels, "irraisonnables" il y en a partout.
- fanetteFidèle du forum
les stylos rouges a écrit:Les lieux de rassemblement de cet après-midi - 15h
Paris – Place de la République
Conflans-Sainte-Honorine – Collège Bois d’Aulne
Lille
Montpellier
Lyon – Place Bellecour
Bordeaux – Place de la République
Beauvais – Place Jeanne Hachette
Metz
Nîmes – Esplanade
Marseille – Vieux Port
Le Havre
Massy
Nancy
Nantes – Place Royale
Rennes
Avignon – Place de la République
Brest – Place de la Liberté
Dijon
Valence – Fontaine Monumentale (15 rue Bancel)
Toulouse – Place du Capitole
Meaux
Tours – Place J.Jaurès
Rouen – Place de la République
Thionville – Place Claude Arnoult
Compiègne – Devant la Mairie
Metz – Place d’Armes
Clermont-Ferrand – Place de Jaude
Niort
Annecy – Place de la Mairie
Poitiers – Place d’Armes
Nice
Saint-Etienne – Place du Peuple
Belfort – Place de la Mairie
Strasbourg – Place Kléber
Orléans – Place du Martroi
Reims
Pau – Place de la République
Et d’autres...
https://www.facebook.com/groups/stylosrouges/permalink/731540574377876
On ne peut pas partager puisque le groupe est privé, mais peut-être peut-on copier et coller sur nos murs ?
https://www.facebook.com/groups/stylosrouges/permalink/731897974342136/
On peut s'inscrire sur le groupe pour accéder aux infos
_________________
L'école nuit gravement à l'obscurantisme !
- eeNiveau 9
Moi qui ne suis pas matheuse, je crois que j'aurais adoré, quand j'étais collégienne, travailler sur la probabilité de vie extraterrestre! Quelle belle idée...! Et oui, effectivement, ce que tu racontes de la réaction d'un-e élève ne me surprend pas, et heureusement, tu as pu discuter avec l'élève en question et fin de l'affaire. Il y a 10 ans comme aujourd'hui, quand même, qu'un différend sur le contenu d'un cours se termine en assassinat reste l'exception.Gourg a écrit:Qu'a-t-on fait pour rapprocher mots des enseignants et mots des familles ? énormément, et dans la mauvaise direction.ee a écrit:Un père dont la fille rentre en disant : "Mon prof nous a montré une photo d'homme nu en disant que c'était le prophète. En plus, il a demandé aux élèves musulmans de lever le doigt et de sortir" a toutes les raisons d'être choqué, de vouloir rencontrer le prof et sa hiérarchie. La seule chose qui pourrait l'empêcher d'être choqué, ce serait une croyance forte en l'école, l'amenant à décrypter ce que dit sa fille : "Une photo, t'es sûre? Et qui avait dit ou fait quoi pour que votre prof suggère aux élèves musulmans de sortir? Et quel était l'objectif de ce cours, à ton avis? Quel était son lien avec l'actualité?" Bref, seul un père posant des questions de prof peut deviner ce qu'était vraiment le cours décrit par sa fille...
Je pense que tu as raison, Gourg, l'absence de recul des parents est effrayante. Mais qu'a-t-on fait collectivement - à part des injonctions sur "l'école ouverte" transformant les familles en consommatrices - pour rapprocher mots des enseignants et mots des familles, pour opérer une forme réciproque de traduction réduisant le champ du malentendu?
Il y a cinquante ans (je n'y étais pas mais on le voyait encore il y a 30 ans) il arrivait que des parents hurlent au scandale pour les atteintes aux bonnes moeurs d'un professeur : qui avait osé parler de Darwinisme, de sexualité ou que sais-je.
C'était traité bien différemment. Un Principal de cette époque convoquait une assemblée de tous les parents, qui savaient qu'ils avaient intérêt à y venir. Il leur expliquait la Loi, et leur passait un savon.
Aujourd'hui le Principal écrit un mail à son chef qui lui dit de ne rien faire. Sur-administration... Dévalorisation des Professeurs mais aussi des Chefs d'Etablissements. Dont le syndicat en est réduit à demander qu'on cesse d'écrire au Rectorat des rapports, pour ensuite demander au chef d'établissement de bien vouloir mettre sa signature en bas, comme si c'était vraiment lui qui l'avait écrit.
Il y a quinze ans j'avais fais calculer à des élèves de cinquième le nombre probable de planètes analogues à notre Terre, dans l'univers visible. J'ai essayé de les convaincre que la vie existait probablement sur beaucoup de planètes, bien trop lointaines pour qu'on puisse le voir. Que peut-être des êtres quasiment faits comme nous humains existent ailleurs.
Quelques jours après un élève m'a dit que l'imam lui avait appris qu'Allah n'avait créé qu'une seule humanité - je ne me souviens plus s'il savait si Allah s'était exprimé concernant la création de bactéries sur d'autres planètes. Je lui ai demandé comment cet imam le savait, on en a discuté calmement... C'était bien et ça s'est arrêté là. Mais si un activiste avait essayé de convaincre des parents que je salissais la conscience des enfants musulmans ? Ce n'est pas arrivé. Aujourd'hui ça arriverait, forcément.
Heureusement M. Macron va nous protéger, et a confié le redressement de l'Ecole Publique au meilleur connaisseur possible de sa situation. A M. Blanquer qui est depuis plus de dix ans dans le cercle dirigeant de l'Education Nationale, où il oeuvre avec constance à la dévalorisation des professeurs.
Exception qui ne doit pas conduire (à mon avis) à renforcer la défiance à coup de caméras de sécurité, assimilation profs/policiers comme "fonctionnaires d'autorité" ou vague de "je vous fais manger des caricatures du prophète jusqu'à l'indigestion parce que c'est ça la liberté républicaine".
Mais exception qui reste un événement tellement sidérant, horrible, effrayant, qu'elle doit nous conduire à une réflexion d'urgence.
Sur l'intégrisme criminel, certainement, mais comme profs, on n'est pas beaucoup plus concernés que n'importe quel citoyen.
Sur la façon dont on peut rétablir une confiance en l'école, en revanche, on est les mieux placés. Et nombre parents sont sincèrement convaincus que notre rôle principal est de casser le dos de leurs enfants avec des sacs trop lourds, de leur gâcher les soirées avec des devoirs aussi inutiles qu'incompréhensibles, de leur apprendre des choses sans grand intérêt et de les choquer dans leurs convictions les plus intimes. Dans les cités populaires où l'institution scolaires est devenue cette sorte d'ennemi incompréhensible, raciste, "islamophobe", méprisant... et qui n'aide même pas à trouver du travail, il reste quelques parents légalistes qui célèbrent les vertus de l'obéissance ("écoute ton prof même si ça n'a pas d'intérêt pour éviter les ennuis ou par respect de l'adulte") mais beaucoup sont désormais aussi vindicatifs que leurs ados. C'est dans ce contexte d'énorme malentendu que les haines en réseau ont flambé et armé un gamin de 18 ans. Et c'est sur ce malentendu que je me demande comment nous pouvons agir. Ce que nous croyons nous-même être capables de transmettre, à qui et dans quel but.
Et pour revenir à ma remarque initiale, par exemple, qu'une "photo" n'est pas un "dessin" (et réciproquement). Qu'il y a un usage légitime de la langue et un usage fautif, même la dite faute serait-elle communément partagée. Que tout n'est pas relatif ou question de point de vue. Que le champ de l'exactitude et celui de la croyance ne se recoupent qu'en partie. Que le vrai peut choquer, et que ça s'assume. ... Tout un programme supposant peut-être des classes moins chargées et des horaires moins légers dans les matières aidant à développer la rationalité (français, maths, histoire et sciences...)
- AphrodissiaMonarque
Tu sais bien, nous reprenons le 26: rien ne sera prêt et on devra pendant une semaine faire comme si rien n'était parce que la journée d'action nationale sera le 2, etc. Moi, l'aide, je la veux bien pour le 26.Ramanujan974 a écrit:chmarmottine a écrit:Thalia de G a écrit:chmarmottine a écrit:lundi 2 : clarté, fermeté, subtilité
JMB parlait de la façon dont il faudrait aborder les choses avec les élèves le lundi 2
J'ai l'impression qu'encore une fois on va laisser les enseignants de débrouiller seuls face aux élèves.
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Hominis mens discendo alitur et cogitando. (Cicéron)
Et puis les steaks ? Ça se rate toujours comme la tragédie. Mais à des degrés différents. (M. Duras)
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