- Une passanteEsprit éclairé
pogonophile a écrit: [
Vous vous souvenez de l'arrivée du conseil pédagogique, il y a une douzaine d'années ? Combien de cris d'orfraie on a entendus sur la "caporalisation en marche", et sur les appels au boycott ? Aujourd'hui qu'observe-t-on ? Non, il n'y a pas eu caporalisation, bien au contraire. Le conseil pédagogique est la seule instance où on peut effectivement parler du coeur des métiers de l'éducation, sans parents ni élèves à la table, et c'est à mes yeux la plus utile.
Le projet d'établissement, on peut en penser tout ce qu'on veut et ce n'est pas la panacée, mais la réflexion collective autour de l'établissement, le diagnostic partagé, la recherche commune de solutions, c'est constructif pour tout le monde, et le rejeter en bloc est une erreur.
Je m'en souviens bien, et ce que nous craignons s'est totalement réalisé dans mon établissement : choix des enseignants membres en fonction des désirs de la direction (qui choisit les enseignants les moins au courant des actualités de l'éducation, ou ceux qui n'osent pas s'opposer à la direction, ou encore ceux qui ont baissé les bras, tout a été fait pour que les enseignants ayant une vision globale de l'établissement, et pas uniquement de leur discipline, ceux qui osent mettre les pieds dans le plat soient évincés).
Et les conseils pédagogiques actuels se transforment en chambre d'enregistrement des décisions de la direction, laquelle va ensuite se vanter en CA que la décision a été prise par le conseil pédagogique.
Lors de la DGH, c'est devenu "on a tant d'heures, qui les veut ? qui va en perdre ?" et bien évidemment, aucune mention des conséquences sur les postes et généralement, les enseignants directement concernés ne sont avertis de rien puisqu'ils ne peuvent être présents et que les autres, bien merdeux, n'osent rien dire...
Bref, le conseil pédagogique peut vraiment être l'instrument de la "caporalisation en marche", cela dépend sans doute des établissements, des CDE, mais c'est un fait que cette évolution existe ! Et les petits chefs enivrés de leur pouvoir n'hésitent pas se servir de cet outil pour parvenir à leurs fins (lesquelles sont souvent obscures, puisque nous n'avons pas accès à leurs lettres de mission, mais deviennent claires après quelques années...).
Le pouvoir entre les mains de quelqu'un de juste, avec une conscience morale, n'est pas un problème, mais entre les mains de carriéristes sans humanité, cela devient mortifère (et je pèse mes mots).
- LagomorpheFidèle du forum
pogonophile a écrit:
J'utilise à dessein le mot "réactions", parce qu'en définitive, je vois une posture systématique de réaction, pour conserver : quand on n'en change jamais, c'est du conservatisme réactionnaire. Où sont les propositions ? Où sont les alternatives ?
Il me semble qu'en l'occurrence, la proposition est on ne peut plus claire: ce nouveau dispositif d'évaluation des établissements sera inutile, et forcément au moins un peu chronophage, donc forcément au moins un peu nuisible. La contre-proposition est ici de ne pas le mettre en place. Ou au mieux, de laisser la structure hors-terrain jouer avec des chiffres dès lors qu'elle ne met pas le terrain à contribution pour les obtenir, et que les conclusions basées sur ces chiffres n'aboutissent pas à alourdir la charge de travail du terrain.
Là, un diagnostic va être posé: tel établissement va être bon dans un certain domaine (par exemple, égalité filles-garçons en sciences), moins dans d'autres (par exemple, capacité à ramener à un niveau correct des élèves très en difficulté). Et après, il se passe quoi ? L'Education Nationale n'a pas l'intention de fournir le moindre moyen supplémentaire, et même si elle le souhait, elle n'est plus capable de recruter ce qu'il faut en moyen humain. A quoi peut aboutir d'autre un diagnostic - que nous savons tous faire de notre établissement sans cadre formel inutile - à part demander aux enseignants de travailler encore plus, de changer pour la n-ième fois de méthode pour adopter celle en vogue (à base de neuro-soupe, sous Blanquer), d'individualiser toujours plus dans des classes à 36. Alors même que la capacité d'action des enseignants a été amputée par les dernières réformes du collège et du lycée, qu'on peut résumer par "moins d'heures et plus de classes pour tous".
pogonophile a écrit:Et c'est une attitude qui fait du refus une fin en soi, pour ne pas "courber l'échine" : moi je veux bien qu'on ne courbe pas l'échine, mais après avoir dit "non", on veut quoi ? Le maintien, la conservation, et en passant parce que c'est plus qu'en retard, la revalorisation. Donc on n'avance pas, on essaie au mieux de ne pas reculer
C'est, je pense, le souhait d'innombrables collègues: ne pas reculer, ce serait déjà pas mal. Ne pas empiler les réformes, dont on nous promet à chaque fois qu'elles auront de merveilleux résultats, qu'il y aura un "après" incomparable au déplorable "avant", alors qu'en définitive les élèves ne sont pas meilleurs et nous, nous sommes de plus en plus épuisés.
Un diagnostic sans accès au traitement ne sert à rien, sauf à dépenser de l'énergie pour permettre au politique de dire qu'il a "fait" quelque chose. D'inutile.
- Ramanujan974Érudit
pogonophile a écrit:Où sont les propositions ? Où sont les alternatives ?
Je vais en donner une simple, de proposition : il y a 3 types de réunions inutiles, puisqu'à la fin c'est le CdE qui décide, quoi qu'aient pu dire les participants : le conseil de classe, le conseil péda et le CA.
Je propose que lors de ces réunions, les décisions soient prises à la majorité, le pouvoir du CdE se bornant à trancher en cas d'égalité.
- Pourquoi 3,14159Expert
Les réformes ont plus souvent comme effets des recules plutôt que des avancées... enfin, pas pour une minorité.
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"Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité. " (Albert Einstein).
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Pour faire une réponse constructive à cette logique d'évaluation, il faut discuter des critères d'évaluation. Car tout le monde n'a pas la même vision de l'efficacité d'un système éducatif.
Il y a quelque temps la cour des comptes avait fait un rapport pour suggérer que si des enseignants disponibles dans l'établissement effectuaient les heures de cours des professeurs absents, même si les remplaçants n'avaient pas les classes en responsabilité, alors le service éducatif serait amélioré car les élèves auraient toutes leurs heures de cours. Bien sûr, d'un point de vue enseignant, c'est totalement absurde puisque passer une heure avec 30 élèves ne permet aucun apprentissage durable. Pourtant, les membres de la cour des comptes, qui ne sont pas inaptes intellectuellement, ne voyaient pas le problème, dépenser une HSE pour zéro apprentissage des élèves. La cour des comptes proposait, par ignorance (?), de faire le contraire de son but, c'est-à-dire dépenser inutilement de l'argent publique.
Qu'est-ce qu'un système éducatif efficace ? Voilà une question compliquée qui mériterait d'être débattue entre enseignants, car les idées sont très variées, et qui pourrait au moins faire un contre discours par rapport à la vision des administrateurs de l'école qui pensent pouvoir évaluer les systèmes en comptant les heures de cours, les ratio heures de cours/élèves, les taux de réussite au examen ou les taux de redoublement.
Il y a quelque temps la cour des comptes avait fait un rapport pour suggérer que si des enseignants disponibles dans l'établissement effectuaient les heures de cours des professeurs absents, même si les remplaçants n'avaient pas les classes en responsabilité, alors le service éducatif serait amélioré car les élèves auraient toutes leurs heures de cours. Bien sûr, d'un point de vue enseignant, c'est totalement absurde puisque passer une heure avec 30 élèves ne permet aucun apprentissage durable. Pourtant, les membres de la cour des comptes, qui ne sont pas inaptes intellectuellement, ne voyaient pas le problème, dépenser une HSE pour zéro apprentissage des élèves. La cour des comptes proposait, par ignorance (?), de faire le contraire de son but, c'est-à-dire dépenser inutilement de l'argent publique.
Qu'est-ce qu'un système éducatif efficace ? Voilà une question compliquée qui mériterait d'être débattue entre enseignants, car les idées sont très variées, et qui pourrait au moins faire un contre discours par rapport à la vision des administrateurs de l'école qui pensent pouvoir évaluer les systèmes en comptant les heures de cours, les ratio heures de cours/élèves, les taux de réussite au examen ou les taux de redoublement.
- CeladonDemi-dieu
Justement, il semble que les 35 h dans l'établissement, pour éviter les désagréments pointés par beaverforever, semblent une option de plus en plus crédible...
(Par parenthèse, je ne vois pas l'intérêt de faire faire une heure de cours de maths à un enseignant de français, mais je peux me tromper...)
(Par parenthèse, je ne vois pas l'intérêt de faire faire une heure de cours de maths à un enseignant de français, mais je peux me tromper...)
- may68Expert
RogerMartin a écrit:En Angleterre aussi, les collègues pensaient voir ainsi la solution à tous leurs soucis, et la possibilité de s'auto-améliorer dans la joie. On voit où en sont l'enseignement et les conditions de travail de tous (enseignants/administratifs) chez eux aujourd'hui dans le public. Bon courage et on en reparle dans cinq ans.pogonophile a écrit:Je regrette je ne vois pas où est le mal intrinsèque dans le fait que les établissements évaluent leur situation, ni que l'institution le fasse à son tour. Nous sommes tous évalués, individuellement, à différents moments de nos carrières, et la réflexion collective sur le projet d'établissement ou le conseil pédagogique font déjà les trois quarts de ce en quoi ces évaluations d'établissements vont consister.
Qu'on se montre vigilants face à de potentielles dérives, soit. Mais condamner la démarche dès ses prémisses, et refuser le principe d'une évaluation par le collectif lui-même, c'est jeter le bébé avec l'eau du bain.
Est-ce qu'il existe des liens vers des articles ou des reportages vers ce que tu décris du système anglais ?
- LefterisEsprit sacré
Marxou a écrit:
Consigne clairement délivrée aux gouvernements par l'OCDE dans le cadre de la" libéralisation" et marchandisation du service public: diminuer drastiquement les moyens alloués à ce dernier afin qu'il dysfonctionne; en faire porter la responsabilité sur ses agents, à savoir les fonctionnaires, fainéants, incompétents, trop payés et source de dette publique (ah, la DETTE!). Une fois le service public désorganisé et ne pouvant fonctionner correctement: constat implacable, le secteur privé sera beaucoup plus efficace pour le gérer.
Politique déjà mise en oeuvre dans de nombreux secteurs du public (poste, hôpitaux, etc...) et qui s'applique désormais à l'enseignement, dernier bastion à déconstruire. Réformes ubuesques impossibles à appliquer, diminution des postes,individualisation des rémunérations, classes surchargées, injonctions contradictoires, manque délibéré d'infos claires sur le bac par exemple qui conduit tout le monde ( profs, élèves, CDE, parents) à la panique, sauf le ministre qui a provoqué tout ce bordel, qui s'en contrefout et qui pense désormais mériter des fonctions plus gratifiantes. Il les obtiendra dans la mesure où il a appliqué les directives délibérément délétères de son gouvernement. Bravo JMB. T'as fait le job.
Evidemment, l'Education n'est pas un îlot préservé de l'attaque frontale et générale contre les services publics, le statut de leurs agents, et les tentatives de prédation du privé (qui commencent par des "externalisations"). Dans l'EN, rien que dans les dernières années, on vient de s'enfiler dans le désordre la réforme du collège, celle des rythmes, la réforme du lycée. Que des régressions, dont le principal objectif était de réduire les heures d'enseignement, t qui ont entraîné des suppressions de postes, des postes partagés, le saccage de certaines disciplines, la multiplication des classes . Sur le plan du statut : le gel sine die du point d'indice, le PPCR punitif pour la majorité (qui finance les rares avancées de certains) , la réduction de diverses rémunérations annexes (primes HS, bi-admissibilité, tutorat, et j'en oublie...). Le tout sur fond d'écroulement absolu des recrutements, que ne peuvent ignorer les décideurs, qui continuent sciemment le massacre. Comment croire un seul instant que les réformes ont un autre but que les économies, qui passent par la dégradation des conditions de travail et de vie ?
C'est exactement ça : les réunions, épuisantes, servent à ça. Faire "co-construire" (comme on dit si élégamment dans la phraséologie administrativo pédago) des orientations déjà décidées d'en haut, et toujours vers le pire, avec tout ce que tu cites et bien autre chose.musa a écrit:A mon avis au contraire, on avait bien raison de pousser des cris d'orfraie à propos du conseil pédagogique. Encore une réunion de plus pour bien épuiser les troupes déjà harassées entre midi et deux, qui fait avancer la cause des classes sans notes, des rapports de stage au rabais, des projets àlac (ou pas parfois) dans tous les sens.
Pour ceux qui ne connaissent pas trop ce domaine, ça ressemble furieusement, comme deux gouttes d'eau, à du transverse management, la nouvelle passion de l'administration en général (il faut vraiment prendre sur soi de lire ces affreux rapports périodiques, qu'ils soient de l'IGA, de l'EN , la lettre Vigie, ou encore le site de la BIEP).
[quote="Sphinx"]Je me suis contentée de donner un témoignage plus haut de la façon dont s'est passée la dernière évaluation (en l'occurrence du climat scolaire) dans mon établissement, évaluation qui a servi uniquement à mettre les problèmes (de climat scolaire) sous le tapis et à faire taire ceux qui protestaient.
C'est un tabou absolu dans les établissements : on parle de mesures technicistes (réaménagement des modalités de surveillance, histoire d'entrées et sorties, de sonneries etc.) et quand le poisson est bien noyé, on a évité de parler du fond du problème.
Rien que l'existence du projet d'établissement est une aberration. Il ne devrait y à voir qu'un seul projet sur tout le territoire national, pour l'école de la République, qui n'en a plus que le nom si on la morcelle. Nous sommes dans l'école des territoires, pour reprendre la phraséologie à la mode que je dénonce plus haut. Pour tout le reste, y compris ce que tu dis sur ls autres chambres d'enregistrement, pas la peine de répéter ce que je dis plus haut sur les techniques managériales.On a enfin le fameux projet d'établissement (je n'aurais pas pensé que ça rentrait dans ce chapitre des évaluations, mais puisque ça vient sur le tapis), qui est devenu chez moi un outil de management (axes imposés par la direction sans concertation, mise en place de commissions (obligatoires) pour travailler sur les axes en question, conclusions des commissions en bonne partie réécrites après coup par la direction.
La cour des comptes a une logique comptable, et en plus fait de la politique. Payer des HSE revient moins cher que créer des postes, avec les charges qui vont avec. Ca permet de faire tourner la garderie, qui est quand même le but principal des comptables : mettre des adultes le plus longtemps possible devant des élèves. C'est inefficace (j'ai un parent qui a connu ça en Australie) mais ça permet e tenir les enseignants sous la main, et à terme ça rentre dans les services.beaverforever a écrit:la cour des comptes avait fait un rapport pour suggérer que si des enseignants disponibles dans l'établissement effectuaient les heures de cours des professeurs absents, même si les remplaçants n'avaient pas les classes en responsabilité, alors le service éducatif serait amélioré car les élèves auraient toutes leurs heures de cours. Bien sûr, d'un point de vue enseignant, c'est totalement absurde puisque passer une heure avec 30 élèves ne permet aucun apprentissage durable. Pourtant, les membres de la cour des comptes, qui ne sont pas inaptes intellectuellement, ne voyaient pas le problème, dépenser une HSE pour zéro apprentissage des élèves. La cour des comptes proposait, par ignorance (?), de faire le contraire de son but, c'est-à-dire dépenser inutilement de l'argent publique
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- MoonchildSage
pogonophile a écrit:Je regrette je ne vois pas où est le mal intrinsèque dans le fait que les établissements évaluent leur situation, ni que l'institution le fasse à son tour. Nous sommes tous évalués, individuellement, à différents moments de nos carrières, et la réflexion collective sur le projet d'établissement ou le conseil pédagogique font déjà les trois quarts de ce en quoi ces évaluations d'établissements vont consister.
Qu'on se montre vigilants face à de potentielles dérives, soit. Mais condamner la démarche dès ses prémisses, et refuser le principe d'une évaluation par le collectif lui-même, c'est jeter le bébé avec l'eau du bain.
Si nous n'étions pas totalement inhibés par les tabous de notre institution, il serait en fait très simple d'évaluer la situation des établissements : elle découle en premier lieu de facteurs structurels (passage automatique d'élèves avec des lacunes énormes souvent irrécupérables, perte du pouvoir décisionnaire sur l'orientation, impossibilité d'écarter les élèves perturbateurs et impunité qui en découle) et secondairement d'une dérive pédagogique généralisée (programmes mal conçus, injonctions contradictoires, promotion de méthodes inefficaces) ; on ajoutera à la liste la perte d'attractivité du métier qui a à la fois des conséquences structurelles (classes sans prof dans certaines matières) et pédagogiques (recrutement de contractuels d'un niveau parfois "fragile").
Une fois qu'on a fait ce bilan, il est évident que les véritables leviers ne se situent pas au niveau de l'établissement : il n'y a, à la rigueur, que le chef d'établissement qui peut avoir une action un tout petit peu efficace mais il faudrait pour cela qu'il aille à l'encontre des consignes de sa hiérarchie et qu'il mette en péril son avancement de carrière.
Il apparaît donc que toutes les réunions de diagnostic partagé ou d'évaluation collective ne seront au mieux qu'une perte de temps et se transformeront en éléments de pilotage managérial à sens unique - que d'autres intervenants ont déjà décrits dans les messages précédents - avec plus ou moins de diplomatie ou de brutalité selon la personnalité du chef.
Puisqu'on parle de réflexion collective et de diagnostic partagé, moi j'attends avec impatience le jour où on me demandera d'évaluer l'équipe de direction de mon lycée et mes inspecteurs ; j'ai des choses à dire, plein...
- Ajonc35Sage
Tant de choses bien dites et en si peu de mots. Complètement d'accord. On peut évaluer les éléments dont est à l'origine mais pas ceux qui nous tombent dessus. Le niveau catastrophique et d'abord dans les bases, nous n'en sommes pas à l'origine.Moonchild a écrit:pogonophile a écrit:Je regrette je ne vois pas où est le mal intrinsèque dans le fait que les établissements évaluent leur situation, ni que l'institution le fasse à son tour. Nous sommes tous évalués, individuellement, à différents moments de nos carrières, et la réflexion collective sur le projet d'établissement ou le conseil pédagogique font déjà les trois quarts de ce en quoi ces évaluations d'établissements vont consister.
Qu'on se montre vigilants face à de potentielles dérives, soit. Mais condamner la démarche dès ses prémisses, et refuser le principe d'une évaluation par le collectif lui-même, c'est jeter le bébé avec l'eau du bain.
Si nous n'étions pas totalement inhibés par les tabous de notre institution, il serait en fait très simple d'évaluer la situation des établissements : elle découle en premier lieu de facteurs structurels (passage automatique d'élèves avec des lacunes énormes souvent irrécupérables, perte du pouvoir décisionnaire sur l'orientation, impossibilité d'écarter les élèves perturbateurs et impunité qui en découle) et secondairement d'une dérive pédagogique généralisée (programmes mal conçus, injonctions contradictoires, promotion de méthodes inefficaces) ; on ajoutera à la liste la perte d'attractivité du métier qui a à la fois des conséquences structurelles (classes sans prof dans certaines matières) et pédagogiques (recrutement de contractuels d'un niveau parfois "fragile").
Une fois qu'on a fait ce bilan, il est évident que les véritables leviers ne se situent pas au niveau de l'établissement : il n'y a, à la rigueur, que le chef d'établissement qui peut avoir une action un tout petit peu efficace mais il faudrait pour cela qu'il aille à l'encontre des consignes de sa hiérarchie et qu'il mette en péril son avancement de carrière.
Il apparaît donc que toutes les réunions de diagnostic partagé ou d'évaluation collective ne seront au mieux qu'une perte de temps et se transformeront en éléments de pilotage managérial à sens unique - que d'autres intervenants ont déjà décrits dans les messages précédents - avec plus ou moins de diplomatie ou de brutalité selon la personnalité du chef.
Puisqu'on parle de réflexion collective et de diagnostic partagé, moi j'attends avec impatience le jour où on me demandera d'évaluer l'équipe de direction de mon lycée et mes inspecteurs ; j'ai des choses à dire, plein...
Quand on a en 4 ème un élève, que dis-je des élèves qui ont un niveau CE2 ( et encore je suis gentille, car petite-ajonc dans certains domaines, serait supérieure à ces élèves et je pense d'abord à la lecture et l'écriture mais aussi tout ce qui demande de la motricité fine) et qui obtiennent quand même le DNB, que pouvons-nous y faire?
- Cléopatra2Guide spirituel
C'est exactement ce que je ressens. Je suis perpétuellement en état de dissonance cognitive au travail, ce qui nuit gravement à ma santé mentale. Et à part démissionner (mais je ne trouverai pas un job qui convienne au niveau salaire et temps libre), je n'ai pas de solution.musa a écrit:A mon avis au contraire, on avait bien raison de pousser des cris d'orfraie à propos du conseil pédagogique. Encore une réunion de plus pour bien épuiser les troupes déjà harassées entre midi et deux, qui fait avancer la cause des classes sans notes, des rapports de stage au rabais, des projets àlac (ou pas parfois) dans tous les sens. On pourra toujours me rétorquer que je n'ai qu'à y faire entendre ma voix. C'est pas faux, c'est ce que je fais depuis des années mais je commence à en avoir marre de ramer tout le temps à contre courant pour finir par appliquer des décisions collectives que je n'approuve pas et qui génèrent même souvent chez moi un conflit de valeurs. En tous cas, moi c'est ça qui me fait souffrir. Je préférerais mille fois qu'on me f... la paix, qu'on me laisse appliquer les injonctions de ma hiérarchie lointaine plutôt que de me voir imposer des décisions locales prétendument collégiales. Je ne suis sûrement pas la seule dans mon cas et c'est la source de multiples tensions dans les établissements. On peut penser que ça disparaîtra avec le départ à la retraite de vieux c... comme moi certes mais je n'en suis pas sûre.
- ElyasEsprit sacré
Parlons clairement : ces inspections d'établissement et le conseil pédagogique seraient d'excellentes choses s'il n'y avait pas ce climat d'autoritarisme et de défiance des enseignants qui existe depuis la moitié de la première décennie de ce siècle (selon moi, cela date de 2004-2005).
- CeladonDemi-dieu
Fillon, Robien... plus tard Chatel, mais avant ces fines équipes, Allègre. A partir de lui, l'accélération du délitement décomplexé s'est précisée. Et Royal en complément...
- MarxouHabitué du forum
On ne peut qu'halluciner face au mépris de ce gouvernement. Et c'est acté depuis un certain temps. La sarkozie avec Châtel et sa loi dévastatrice sur l'autonomie des établissements. Et ça a continué avec Hollande (!): rabotage des coûts en tout genre (fin de la bi-admissibilité, diminution de presque moitié de l'indemnité des tuteurs...et la réforme du collège). Mais avec JMB, on touche le fond: fake news sur fake news, balancées sur BFM. Contre-vérités incessantes, sur la réforme et la gestion du covid, mépris, annonces tout azimut non suivies d'effet. L'impression d'être dans une alter-réalité, une sorte de trumpisme éhontée. Du gros n'importe quoi, du foutage de gueule qui ne se cache même plus. Et pendant ce temps-là, nous les profs, bon soldats, bons élèves, on doit se démerder, cogiter et paniquer avec des infos qui arrivent au compte-goutte, insensées, et une réforme du bac inapplicable. Et on aura des hordes d'élèves incapables de rédiger des paragraphes dignes de ce nom, qui s'en iront en masse dans le supérieur (dont je plains vivement les enseignants).
Réussite au bac à 90%, tout va bien...
Ces politiques sont insensés, voire criminels.
Réussite au bac à 90%, tout va bien...
Ces politiques sont insensés, voire criminels.
- Cléopatra2Guide spirituel
Pour parler de chez moi, la situation est affreuse cette année en raison de la proviseure adjointe qui n'a pas fait ce qu'elle devait faire pendant l'été et peut-être aussi à cause de l'ancien chef parti à la retraite en laissant le bouzin pas préparé. Le nouveau chef a mis 4 à 5 semaines à tout rattraper. Alors il a dit qu'effectivement c'était n'importe quoi, que la rentrée avait été chaotique, a remercié tout le monde blablabla, la proviseure adjointe l'a remercié aussi. Mais voilà, personne ne s'est excusé. Personne n'a dit "je suis désolé, j'ai loupé, j'aurais dû demander de l'aide, je ne l'ai pas fait". Et pourtant : qui va l'évaluer? Qui va l'empêcher de nuire? Que va-t-il se passer pour cette dame (que je trouvais au demeurant très sympathique avant qu'elle ne mente et qu'elle ne cache ses erreurs)? Il va y avoir une évaluation, puisque l'IA est au courant, bien sûr, mais que va-t-on nous dire? Rien.
L'évaluation des établissements, c'est toujours sur les mêmes que ça retombe. Et les inspections de vie scolaire, je n'en ai vu aucune qui se soit passée avec une remontée des bretelles des chefs incompétents.
Chez nous, le conseil pédagogique s'est tu lorsque j'ai pris la parole pour rappeler combien la rentrée avait été catastrophique (et ça n'était pas fini), alors qu'on s'était mis d'accord pour parler ensemble. Une bonne partie est aussi, comme moi mais d'une autre liste, élue au CA. De nombreux collègues sont venus me voir après coup pour me dire que mon intervention avait été trop top. Et pourtant c'est l'autre liste qui a gagné ces élections.
L'évaluation ira bien, car il y aura toujours des carpettes pour faire les trucs, ou alors on nous forcera à aller à des réunions débiles. J'en ai marre. Et qu'on ne vienne pas me dire que c'est positif. En plus, ces organismes sont des nids à bullshit jobs, voilà de l'argent public jeté par les fenêtres.
L'évaluation des établissements, c'est toujours sur les mêmes que ça retombe. Et les inspections de vie scolaire, je n'en ai vu aucune qui se soit passée avec une remontée des bretelles des chefs incompétents.
Chez nous, le conseil pédagogique s'est tu lorsque j'ai pris la parole pour rappeler combien la rentrée avait été catastrophique (et ça n'était pas fini), alors qu'on s'était mis d'accord pour parler ensemble. Une bonne partie est aussi, comme moi mais d'une autre liste, élue au CA. De nombreux collègues sont venus me voir après coup pour me dire que mon intervention avait été trop top. Et pourtant c'est l'autre liste qui a gagné ces élections.
L'évaluation ira bien, car il y aura toujours des carpettes pour faire les trucs, ou alors on nous forcera à aller à des réunions débiles. J'en ai marre. Et qu'on ne vienne pas me dire que c'est positif. En plus, ces organismes sont des nids à bullshit jobs, voilà de l'argent public jeté par les fenêtres.
- MarxouHabitué du forum
Marxou a écrit:On ne peut qu'halluciner face au mépris de ce gouvernement. Et c'est acté depuis un certain temps. La sarkozie avec Châtel et sa loi dévastatrice sur l'autonomie des établissements. Et ça a continué avec Hollande (!): rabotage des coûts en tout genre (fin de la bi-admissibilité, diminution de presque moitié de l'indemnité des tuteurs...et la réforme du collège). Mais avec JMB, on touche le fond: fake news sur fake news, balancées sur BFM. Contre-vérités incessantes, sur la réforme et la gestion du covid, mépris, annonces tout azimut non suivies d'effet. L'impression d'être dans une alter-réalité, une sorte de trumpisme éhonté. Du gros n'importe quoi, du foutage de gueule qui ne se cache même plus. Et pendant ce temps-là, nous les profs, bon soldats, bons élèves, on doit se démerder, cogiter et paniquer avec des infos qui arrivent au compte-goutte, insensées, et une réforme du bac inapplicable. Et on aura des hordes d'élèves incapables de rédiger des paragraphes dignes de ce nom, qui s'en iront en masse dans le supérieur (dont je plains vivement les enseignants).
Réussite au bac à 90%, tout va bien...
Ces politiques sont insensés, criminels.
- Clecle78Bon génie
Oui Marxou ! Tu as tout à fait raison !
- RogerMartinBon génie
may68 a écrit:RogerMartin a écrit:En Angleterre aussi, les collègues pensaient voir ainsi la solution à tous leurs soucis, et la possibilité de s'auto-améliorer dans la joie. On voit où en sont l'enseignement et les conditions de travail de tous (enseignants/administratifs) chez eux aujourd'hui dans le public. Bon courage et on en reparle dans cinq ans.pogonophile a écrit:Je regrette je ne vois pas où est le mal intrinsèque dans le fait que les établissements évaluent leur situation, ni que l'institution le fasse à son tour. Nous sommes tous évalués, individuellement, à différents moments de nos carrières, et la réflexion collective sur le projet d'établissement ou le conseil pédagogique font déjà les trois quarts de ce en quoi ces évaluations d'établissements vont consister.
Qu'on se montre vigilants face à de potentielles dérives, soit. Mais condamner la démarche dès ses prémisses, et refuser le principe d'une évaluation par le collectif lui-même, c'est jeter le bébé avec l'eau du bain.
Est-ce qu'il existe des liens vers des articles ou des reportages vers ce que tu décris du système anglais ?
Je vais voir si je trouve des choses récentes.
Voilà déjà le site officiel : "Find and compare schools in England"
https://www.gov.uk/school-performance-tables
https://www.compare-school-performance.service.gov.uk/
Et un article (2019) dont les liens renvoient aux principales objections : que les résultats seuls ne sont pas tout, etc., que les profs perdent un temps fou à préparer les inspections en question, etc.
https://www.tes.com/news/has-ofsted-listened-its-critics
Et là des critiques sur le fond datant de 2017 -- rien n'a changé depuis.
https://www.tes.com/news/ofsted-does-more-harm-good-warns-top-academic
Il faut que je retrouve le titre de l'ouvrage que j'avais lu, qui explique que tout l'enseignement ne vise plus qu'à cocher des cases, sans se préoccuper des apprentissages véritables -- c'était un conseil de lecture de Ronin il me semble.
EDIT Seven Myths About Education de Daisy Christodoulou.
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Yo, salut ma bande ! disait toujours le Samouraï.
I User5899.
User 17706 s'est retiré à Helsingør.
Strange how paranoia can link up with reality now and then.
- LefterisEsprit sacré
Bel exemple de génitif subjectif ou objectif : les enseignants sont défiants, ou bien les bureaucrates qui les cornaquent sont défiants ? Magistrorum suspicio.Elyas a écrit:Parlons clairement : ces inspections d'établissement et le conseil pédagogique seraient d'excellentes choses s'il n'y avait pas ce climat d'autoritarisme et de défiance des enseignants
Très bonne analyse psychologique : des gens eux-mêmes au bout du rouleau, écoeurés, épuisés, continuent à jouer le jeu en faisant des choses qui les fatiguent, auxquelles ils ne croient pas, mais qu'ils pensent être obligatoires pour ne pas décevoir, pour être bien vus, ou par simple habitude d'obéissance d'anciens fayots devenus profs.Cléopatra2 a écrit:
L'évaluation ira bien, car il y aura toujours des carpettes pour faire les trucs, ou alors on nous forcera à aller à des réunions débiles. J'en ai marre. Et qu'on ne vienne pas me dire que c'est positif. En plus, ces organismes sont des nids à bullshit jobs, voilà de l'argent public jeté par les fenêtres.
La carpettocratie a de beaux jours devant elle.
Quant aux évaluations, enquêtes, analyses, elle aboutissent toujours aux mêmes conclusions: il faut retenir les enseignants dans les établissements, leur imposer des réunions, leur donner plus de travail, les contrôler, et les éloigner de leur discipline à laquelle ils sont trop attachés. Tout ce qui rend les enseignants malades, il faut leur en administrer une dose supplémentaire. La théorie de la mithridatisation ?
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- HocamSage
Lefteris a écrit:
Quant aux évaluations, enquêtes, analyses, elle aboutissent toujours aux mêmes conclusions: il faut retenir les enseignants dans les établissements, leur imposer des réunions, leur donner plus de travail, les contrôler, et les éloigner de leur discipline à laquelle ils sont trop attachés. Tout ce qui rend les enseignants malades, il faut leur en administrer une dose supplémentaire. La théorie de la mithridatisation ?
De nos gouvernements craignant les trahisons,
J'ai pris soin de m'armer contre tous les poisons.
J'ai su, par une longue et pénible industrie,
Des plus mortels décrets prévenir la furie.
Ainsi, toutes les nuits, infligeais-je à mes yeux
De lire assidûment les œuvres de Meirieu(x).
Des rapports de l'IFRAP, venin combien toxique !
Je faisais tous les ans l'examen méthodique.
- Pontorson50Fidèle du forum
La conséquence d'une telle démocratisation a un coût très élevé en stress : les rapports entre pairs ayant du pouvoir potentiellement les uns sur les autres ne sont pas les mêmes que les rapports entre collègues relativement dépourvus de pouvoir, en tout cas du pouvoir de décision directe dévolu au chef d'établissement ou à des instances autres ou au dessus de lui. En tant que fils et veuf d'universitaire, je suis bien placé pour savoir à quel point le relationnel pèse lourd à la fac, où les rapports horizontaux de pouvoir rendent ce dernier beaucoup plus pesant que la verticalisation qu'une unité collective met en sourdine très aisément.Ramanujan974 a écrit:pogonophile a écrit:Où sont les propositions ? Où sont les alternatives ?
Je vais en donner une simple, de proposition : il y a 3 types de réunions inutiles, puisqu'à la fin c'est le CdE qui décide, quoi qu'aient pu dire les participants : le conseil de classe, le conseil péda et le CA.
Je propose que lors de ces réunions, les décisions soient prises à la majorité, le pouvoir du CdE se bornant à trancher en cas d'égalité.
Je préfère de loin une caporalisation à cela pour ma petite santé personnelle. Mais il est vrai que j'ai eu la chance d'avoir de bons chefs d'établissement dans l'ensemble, en tout cas aucun (et j'en ai eu 7) manifestant une volonté de puissance comme carburant quotidien. Franchement, si on veut jouer au petit chef, il vaut mieux ne pas être chef d'établissement, ne serait-ce que parce que nous sommes gérés par les inspecteurs et l'administration centrale. Les seuls personnels pouvant être victimes des caporalisations sont les non titulaires et les agents non profs (et encore pas tous).
Ce qui me tracasse davantage, c'est cette soif constante d'évaluation qui s'accompagne d'un mépris de plus en plus grand pour la notation d'une part, et qui, d'autre part, n'a pas montré, partout où elle est présente dans le privé et de fort longue date, qu'elle avait une utilité aussi grande que les effets délétères auxquels elle mène.
Je rejoins la critique de fond sur le projet d'établissement, que je considère en tant que fonctionnaire d'État comme une incohérence. Je souhaite, ayant eu une carrière, volontairement parfois, ou parfois pas, mobile, pouvoir évoluer de façon comparable d'un établissement public à l'autre, et que cela reste possible pour mes successeurs. C'est d'ailleurs fondamental pour les collègues pourvus d'une affectation sur deux établissements voire plus.
Le recentrage sur l'instruction, que ce soit les heures d'enseignement ou les temps d'étude dirigée des élèves, me semble impératif pour clarifier nos missions et, partant, nous mettre à l'aise dans notre travail au quotidien. Mais j'accepte en échange moins de concertation, car la concertation étant chronophage, il n'est pas concevable à mes yeux de la vouloir et de maintenir un temps de travail raisonnable. La démocratie mange du temps, et beaucoup, tous les militants le savent. Dans l'exercice d'un métier, elle dévore rapidement en se surajoutant aux tâches impératives.
L'inintérêt de l'évaluation des établissements est pour moi la critique principale, je ne la redoute pas du tout, je suis peiné de voir tant de gens s'engager dans des démarches qui me semblent d'un apport epsilonien par rapport à l'engagement pris.
- MarxouHabitué du forum
Dystopie suédoise. Le bilan catastrophique de la privatisation de l'enseignement.Vision cauchemardesque de ce qui pourrait nous arriver (article du monde diplo cité par le monde)
https://www.monde-diplomatique.fr/2018/09/GOARANT/59043
https://www.monde-diplomatique.fr/2018/09/GOARANT/59043
Ainsi, de nombreux élèves, parents et décideurs politiques entretiennent une illusion de réussite, alors que le pays dégringole dans les évaluations internationales. Au dernier classement PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), en 2015 (2), la Suède reste dans la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ; mais elle n’occupe plus les meilleures places comme dans le premier classement, en 2000, et enregistre un net recul en sciences et en mathématiques. En outre, consacrant plus de 7 % du produit intérieur brut (PIB) à l’éducation, elle est devenue le pays d’Europe le plus dépensier dans ce domaine (3
- Clecle78Bon génie
Le triomphe ou plutôt le désastre de l'idéologie avec une école vendue aux lobbys et aux entreprises, le rêve de Jean-Michel Blanquer... Cela fait un moment que j'ai lu un article sur ce fiasco dans le Monde diplomatique.
- LadyOlennaModérateur
Je suis en train de travailler sur le rapport d'auto-évaluation d'une école pour laquelle je fais partie du trinôme d'évaluateurs externes. Je suis censée trouver des "leviers de progrès" et "faire des propositions d'amélioration". Sauf que d'une, la directrice et son équipe n'étant pas totalement stupides, ils les ont trouvés tout seuls les leviers de progrès, et de deux, je ne vois pas comment on pourrait remédier par exemple au fait que les deux classes de l'école ne sont pas sur le même site et que cela empêche les PE de travailler ensemble. Donc qu'est ce qu'on attend au juste de moi, de nous ? Mystère. Je dois en tout cas remplir une "analyse du rapport d'auto-évaluation et préparation de la visite d'évaluation externe". Après cela le trinôme dont je fais partie ira passer deux jours sur place, rencontrer les enseignants et les personnels, les parents, la municipalité, assister à un conseil de cycle. Nous sommes tous missionnés pour évaluer deux écoles chacun, dans deux départements différents. Parce que bien sûr on nous envoie tous à deux heures de route, pour être bien sûrs qu'on ne connaît ni l'école ni les PE qui y travaillent. Combien ça coûte tout ça, le défraiement du trajet, des repas, de la nuit d'hôtel, multiplié par trois, pour chaque école du pays (et je ne parle même du bilan carbone de l'opération) ? Tout ça pour quoi ? Ça fait suer tout le monde, les PE et les évaluateurs externes ont autre chose à faire, ça fait de jolis petits rapports dont tout le monde se fout royalement, qui n'aboutiront à aucune amélioration concrète. Mais on fait quand même, parce qu'on nous le demande, parce que personne n'ose dire non tout seul, parce que c'est comme ça. J'ai envie de pleurer.
- coincoincoinNiveau 1
C'est tout le problème de la rémunération, et des collègues contraints financièrement d'accepter des tâches débiles.
Ça valide la débilité du système, mais je comprends que certains en aient besoin pour payer le loyer.
Juste pour info, ça rapporte combien cette mission ?
Ça valide la débilité du système, mais je comprends que certains en aient besoin pour payer le loyer.
Juste pour info, ça rapporte combien cette mission ?
- EdithWGrand sage
Quand on pense que les agriculteurs ont été soutenus partout et par tous sur le refrain « trop de normes, trop de paperasse », alors que les dossiers à remplir sont probablement de la petite bière comparés à ceux des administrations telles que la nôtre… je ne nie pas l’absurdité de leur fonctionnement, je trouve juste très anormal que des demandes de notre administration telles que le délire décrit par LadyOlenna, soient totalement ignorés de tous ceux qui sont extérieurs.
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