- IphigénieProphète
Bon moi qui suis de loin vos débats savants, j’ai expliqué les nuances à mon matheux de mari et il m’a juste dit:
« mais à quoi ça sert de chercher à nuancer comme cela la négation ? Parce que bon on comprend bien que quand Chimène dit « je ne te hais point » elle traduit une litote confuse : « je devrais te haïr mais je ne te hais pas » c’est ni total ni partiel mais entre deux... »
« mais à quoi ça sert de chercher à nuancer comme cela la négation ? Parce que bon on comprend bien que quand Chimène dit « je ne te hais point » elle traduit une litote confuse : « je devrais te haïr mais je ne te hais pas » c’est ni total ni partiel mais entre deux... »
- NLM76Grand Maître
Je ne vois pas l'intérêt de cette distinction byzantine ! La négation porte sur le verbe, et comme sur le verbe, elle porte sur l'ensemble de la proposition dont il est la base. Ce qui est nié c'est le fait "d'aller danser avec ces chaussures trop petites", et non le seul complément.The Paper a écrit:En relisant les exemples que j'ai donnés plus haut, je m'aperçois d'un phénomène qui m'amène à revenir sur cette différence entre "porter sur" et "insister sur".
Dans les négations autres que "ne... pas / point", la négation insiste sur un élément comme tu le disais, elle n'empêche pas la négation de porter aussi sur le verbe. "Il n'est jamais content" nie "est content" mais insiste sur "jamais". Mais dans les négations en "ne... pas / point", l'interprétation partielle ne fait pas qu'insister sur un point de la phrase, elle ne porte que sur lui. Le verbe n'est plus nié. Cela paraîtra peut-être plus manifeste dans un exemple utilisant un complément circonstanciel de moyen :
"Je n'irai pas danser avec ces chaussures trop petites !" (J'irai danser, mais pas avec ces chaussures-là ! Une autre formule plus claire serait : "ça n'est pas avec ces chaussures trop petites que j'irai danser !") Cela va au-delà de l'insistance : la négation ne porte pas sur le verbe "aller" car le locuteur estime établi le fait qu'il ira danser (d'après ce qu'il a dit précédemment dans la conversation), mais uniquement sur le complément.
C'est exactement le même problème que lorsqu'on refuse de dire qu'un complément circonstanciel complète un verbe, pour dire qu'il complète une phrase — passons sur la terrible confusion entre phrase et proposition que cette doctrine induit.
En l'occurrence, le locuteur refuse clairement d'aller danser si les chaussures sont trop petites. On le voit bien si on déplace le complément : "Avec ces chaussures trop petites, je n'irai pas danser !"
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IphigénieProphète
Il me semble qu'on le voit aussi avec le conditionnel:"avec ces chaussures trop petites je n'irais pas danser". I.E: les conditions n'étant pas remplies, c'est niet. Non? (ou : non, non?; non mais oui? oui mais non? )
- The PaperHabitué du forum
NLM et Iphigenie, vous ne tenez pas compte du fait que le locuteur a établi dans le reste de la conversation qu'il irait danser. Je vais choisir un autre exemple alors. "C'est moi qui ai construit cette cabane. Oh ! mais attention ! Je n'ai pas construit cette cabane avec ces outils tout neufs ! Non, m'sieur, j'ai utilisé les vieux outils hérités de mon grand-père !"
La négation ne porte que sur le complément, pas sur le verbe : le locuteur a bel et bien construit la cabane.
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- IphigénieProphète
bah pour moi elle porte sur le fait que je n'ai pas bâti cette cabane avec des outils neufs.The Paper a écrit:Je vais choisir un autre exemple alors. "C'est moi qui ai construit cette cabane. Oh ! mais attention ! Je n'ai pas construit cette cabane avec ces outils tout neufs ! Non, m'sieur, j'ai utilisé les vieux outils hérités de mon grand-père !"
Tu vois bien que la négation ne porte que sur le complément, pas sur le verbe : le locuteur a bel et bien construit la cabane.
autant que:
je n'ai pas mangé de pizza mais des haricots = je n'ai pas mangé de pizza (action non faite) même si j'ai mangé des haricots (action faite).
franchement j'ai beaucoup de mal, beaucoup.
- The PaperHabitué du forum
C'est tout à fait possible de le voir comme ça également, effectivement.Iphigénie a écrit:je n'ai pas mangé de pizza mais des haricots = je n'ai pas mangé de pizza (action non faite) même si j'ai mangé des haricots (action faite).
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- NLM76Grand Maître
Voilà. Ne trouves-tu pas que c'est quand même beaucoup plus simple ainsi ?
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- The PaperHabitué du forum
(Mais même comme ça, on insiste sur l'opposition entre la pizza et les haricots, pas sur l'action.)
Ou alors :
je n'ai pas mangé de pizza mais des haricots = j'ai mangé mais pas de la pizza (action faite mais pas avec tel élément) même si j'ai mangé des haricots (action faite avec tel autre élément).
Quelle que soit la logique choisie (peu importe), la notion de négation "partielle" est intéressante en ce qu'elle pointe un élément particulier de la phrase (souligné à l'oral), contrairement à la totale. Dans le cas des structures en "ne... pas", je ne vois que deux moyens de déterminer si l'interprétation est partielle ou totale à l'écrit : le graphisme (par exemple un mot en italique) et le contexte. Se demander alors si une négation est totale ou partielle, ça revient à se demander quel sens elle a. Mais je précise, je te l'ai dit plus haut, que moi aussi, je trouve compliqué le cas des structures en "ne... pas". En cours, on s'attarde surtout sur les partielles en "ne... guère", "... jamais", "... plus", etc.
Concrètement, dans les structures en "ne... jamais", etc., la négation est de toute façon partielle. On peut donc partir d'une remarque de grammaire pour aller vers le sens du texte.
Alors que dans les structures en "ne... pas", comme elle peut être partielle ou totale, le chemin est inverse : il faut partir du sens du texte pour avoir la réponse grammaticale. Pour moi, ça ne présente aucun intérêt.
Ou alors :
je n'ai pas mangé de pizza mais des haricots = j'ai mangé mais pas de la pizza (action faite mais pas avec tel élément) même si j'ai mangé des haricots (action faite avec tel autre élément).
Quelle que soit la logique choisie (peu importe), la notion de négation "partielle" est intéressante en ce qu'elle pointe un élément particulier de la phrase (souligné à l'oral), contrairement à la totale. Dans le cas des structures en "ne... pas", je ne vois que deux moyens de déterminer si l'interprétation est partielle ou totale à l'écrit : le graphisme (par exemple un mot en italique) et le contexte. Se demander alors si une négation est totale ou partielle, ça revient à se demander quel sens elle a. Mais je précise, je te l'ai dit plus haut, que moi aussi, je trouve compliqué le cas des structures en "ne... pas". En cours, on s'attarde surtout sur les partielles en "ne... guère", "... jamais", "... plus", etc.
Concrètement, dans les structures en "ne... jamais", etc., la négation est de toute façon partielle. On peut donc partir d'une remarque de grammaire pour aller vers le sens du texte.
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- IphigénieProphète
là encore j'ai bien des difficultés à conceptualiser le fait que "ne...jamais "soit une négation plus partielle que "ne...pas ": entre "je ne comprends pas" et "je ne comprends jamais", il me semble que le plus "radical" serait "ne jamais"...
c'est même ce qui m'a "interpellée" dans les exemples officiels...
En tout cas je pense que si quelques élèves ont survécu à la grammaire en collège, on va les achever à l'EAF... :lol:
c'est même ce qui m'a "interpellée" dans les exemples officiels...
En tout cas je pense que si quelques élèves ont survécu à la grammaire en collège, on va les achever à l'EAF... :lol:
- The PaperHabitué du forum
En disant qu'une négation "ne jamais" est partielle, on dit qu'elle insiste sur l'aspect temporel. Toi, tu dis qu'elle est plus radicale. J'ai envie de dire "Les deux mon général". L'un n'empêche pas l'autre. Sa radicalité passe par l'aspect temporel. Avec "ne plus", on a l'aspect temporel mais pas l'aspect radical.
La radicalité serait légèrement différente selon ce qu'on place avant :
1) Il pourrait tous les jours aider sa mère à faire le ménage . Mais il ne le fait jamais !
2) Il pourrait de temps en temps aider sa mère à faire le ménage. Mais il ne le fait jamais !
La deuxième me semble plus radicale que la première.
1) Les autres matières, je les comprends toujours, mais celle-là, je ne la comprends jamais.
2) Les autres matières, je les comprends parfois, mais celle-là, je ne la comprends jamais.
La première me semble plus radicale que la deuxième.
La radicalité serait légèrement différente selon ce qu'on place avant :
1) Il pourrait tous les jours aider sa mère à faire le ménage . Mais il ne le fait jamais !
2) Il pourrait de temps en temps aider sa mère à faire le ménage. Mais il ne le fait jamais !
La deuxième me semble plus radicale que la première.
1) Les autres matières, je les comprends toujours, mais celle-là, je ne la comprends jamais.
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- IphigénieProphète
Oui j’ai vu cette explication mais quand l’aspect temporel est un illimité j’ai du mal à parler de partiel : je trouve, pour ma part de non spécialiste de la grammaire, qu’on fait des nuances bien byzantines quand même !
Je veux bien qu’on distingue entre ne pas faire et ne faire guère par exemple ou ne rien Faire et ne faire pas grand chose mais sinon, je donnerais bien aux élèves le sketch de Devos: « parler pour ne rien dire » : de l’utilisation poétique du rien!
Je veux bien qu’on distingue entre ne pas faire et ne faire guère par exemple ou ne rien Faire et ne faire pas grand chose mais sinon, je donnerais bien aux élèves le sketch de Devos: « parler pour ne rien dire » : de l’utilisation poétique du rien!
- IphigénieProphète
Oui mais dans les deux cas il n’en fout pas une, dit la mère :lol:The Paper a écrit:En disant qu'une négation "ne jamais" est partielle, on dit qu'elle insiste sur l'aspect temporel. Toi, tu dis qu'elle est plus radicale. J'ai envie de dire "Les deux mon général". L'un n'empêche pas l'autre. Sa radicalité passe par l'aspect temporel. Avec "ne plus", on a l'aspect temporel mais pas l'aspect radical.
La radicalité serait légèrement différente selon ce qu'on place avant :
Il pourrait tous les jours aider sa mère à faire le ménage . Mais il ne le fait jamais !
Il pourrait de temps en temps aider sa mère à faire le ménage. Mais il ne le fait jamais !
La deuxième me semble plus radicale que la première.
- The PaperHabitué du forum
Oui
Finalement, les connotations de radicalité et de temporalité ne tiennent-elles pas surtout au contexte ?
Dans "Je n'ai jamais fumé !", je trouve que c'est davantage la radicalité qui est exprimée, le locuteur insiste sur sa totale innocence. Mais dans "Je n'ai jamais vu ce film.", c'est plutôt la temporalité qui l'emporte et c'est une invitation à ce qu'on lui montre le film en question pour mettre fin à cette temporalité.
Finalement, les connotations de radicalité et de temporalité ne tiennent-elles pas surtout au contexte ?
Dans "Je n'ai jamais fumé !", je trouve que c'est davantage la radicalité qui est exprimée, le locuteur insiste sur sa totale innocence. Mais dans "Je n'ai jamais vu ce film.", c'est plutôt la temporalité qui l'emporte et c'est une invitation à ce qu'on lui montre le film en question pour mettre fin à cette temporalité.
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- RobertDeSaintLoupNiveau 2
Chers tous,
Je suis nouveau en tant que membre de ce forum, même si je le lis régulièrement. Je voudrais apporter quelques éclairages sur cette fameuse négation qui semble tant poser problème, notamment concernant la distinction totale/partielle. Je pense que l'erreur souvent commise est la suivante : ce binôme est lu sous un angle sémantique, alors qu'il est purement syntaxique. La distinction totale/partielle n'est pas lié au sens de la phrase mais bien à sa dimension logico-syntaxique, exactement comme la distinction interrogation totale/interrogation partielle. Je m'explique avec des exemples.
"Je n'aime pas le chocolat" : la négation est totale parce qu'elle porte bien sur l'ensemble du contenu propositionnel et non sur un constituant de celle ci. Vous connaissez tous l'opération linguistique de substitution possible pour le vérifier : il suffit de passer à la forme affirmative correspondante : "j'aime le chocolat". Vous voyez bien que vous ne niez aucune fonction syntaxique de la phrase : vous niez toute la phrase.
Maintenant prenons un exemple de négation partielle :
"Personne n'aime le chocolat" : la négation est partielle parce qu'elle porte sur un constituant de la proposition avec le pronom "personne" (qui implique un animé humain), et ce constituant est la fonction sujet du verbe "aime". On dit donc que c'est partiel parce que la négation porte seulement sur une fonction syntaxique spécifique de la phrase. La substitution à la forme affirmative permet de le vérifier : "Paul/Quelqu'un aime le chocolat". C'est bien LE SUJET et SEULEMENT LE SUJET que vous avez nié, et non toute la phrase comme dans la négation totale qui ne porte sur aucune fonction précise mais sur toute la phrase. Partielle veut dire ce qu'il veut dire : "une partie de", donc en grammaire une partie de = un constituant syntaxique.
Cela se vérifie avec tous les exemples de négation partielle :
"Je ne veux rien, merci" : la négation partielle porte sur le complément d'objet direct du verbe "veux", fonction occupée par le pronom indéfini "rien". Substitution possible : "je veux un café".
"Nulle part le bonheur ne m'attend" : la négation partielle porte le complément circonstanciel de lieu la phrase avec la locution adverbiale "Nulle part". Substitution possible : "Le bonheur m'attend à la maison".
Il faut vraiment lire ce binôme de la même façon que pour l'interrogation :
"Aimes-tu le chocolat ?" : interrogation totale > l'interrogation porte sur l'ensemble de la proposition et non sur un de ses éléments.
"Qu'aimes-tu ? " : interrogation partielle > l'interrogation porte sur le complément d'objet direct du verbe "aimes" qu'occupe le pronom interrogatif "que".
Voilà j'espère que mes explications sont claires, mais le mieux pour faire de la grammaire, c'est de ne jamais se préoccuper de sémantique, et bien exclusivement de morpho-syntaxe.
Je suis nouveau en tant que membre de ce forum, même si je le lis régulièrement. Je voudrais apporter quelques éclairages sur cette fameuse négation qui semble tant poser problème, notamment concernant la distinction totale/partielle. Je pense que l'erreur souvent commise est la suivante : ce binôme est lu sous un angle sémantique, alors qu'il est purement syntaxique. La distinction totale/partielle n'est pas lié au sens de la phrase mais bien à sa dimension logico-syntaxique, exactement comme la distinction interrogation totale/interrogation partielle. Je m'explique avec des exemples.
"Je n'aime pas le chocolat" : la négation est totale parce qu'elle porte bien sur l'ensemble du contenu propositionnel et non sur un constituant de celle ci. Vous connaissez tous l'opération linguistique de substitution possible pour le vérifier : il suffit de passer à la forme affirmative correspondante : "j'aime le chocolat". Vous voyez bien que vous ne niez aucune fonction syntaxique de la phrase : vous niez toute la phrase.
Maintenant prenons un exemple de négation partielle :
"Personne n'aime le chocolat" : la négation est partielle parce qu'elle porte sur un constituant de la proposition avec le pronom "personne" (qui implique un animé humain), et ce constituant est la fonction sujet du verbe "aime". On dit donc que c'est partiel parce que la négation porte seulement sur une fonction syntaxique spécifique de la phrase. La substitution à la forme affirmative permet de le vérifier : "Paul/Quelqu'un aime le chocolat". C'est bien LE SUJET et SEULEMENT LE SUJET que vous avez nié, et non toute la phrase comme dans la négation totale qui ne porte sur aucune fonction précise mais sur toute la phrase. Partielle veut dire ce qu'il veut dire : "une partie de", donc en grammaire une partie de = un constituant syntaxique.
Cela se vérifie avec tous les exemples de négation partielle :
"Je ne veux rien, merci" : la négation partielle porte sur le complément d'objet direct du verbe "veux", fonction occupée par le pronom indéfini "rien". Substitution possible : "je veux un café".
"Nulle part le bonheur ne m'attend" : la négation partielle porte le complément circonstanciel de lieu la phrase avec la locution adverbiale "Nulle part". Substitution possible : "Le bonheur m'attend à la maison".
Il faut vraiment lire ce binôme de la même façon que pour l'interrogation :
"Aimes-tu le chocolat ?" : interrogation totale > l'interrogation porte sur l'ensemble de la proposition et non sur un de ses éléments.
"Qu'aimes-tu ? " : interrogation partielle > l'interrogation porte sur le complément d'objet direct du verbe "aimes" qu'occupe le pronom interrogatif "que".
Voilà j'espère que mes explications sont claires, mais le mieux pour faire de la grammaire, c'est de ne jamais se préoccuper de sémantique, et bien exclusivement de morpho-syntaxe.
- IphigénieProphète
Merci pour cette explication limpide: le tout est en effet de s’entendre sur le sens spécifique des termes employés !
Ce qui ne résout pas la question de savoir si ces finesses sont utiles pour nos élèves, remarquez ...
Ce qui ne résout pas la question de savoir si ces finesses sont utiles pour nos élèves, remarquez ...
- cannelle21Grand Maître
J'ai retrouvé un de mes cours de l'ENS quand je passais l'agreg. Si ça vous intéresse. Moi quand je le relis, je me dis que je ne comprends pas tout.
- Cours:
D) La négation
Introduction :
Pour le logicien, l’opération de négation inverse la valeur de vérité d’une proposition. Dans ce cas, nier, c’est refuser, c’est s’opposer à un fait ou à une idée. La négation est alors purement descriptive avec inversion de la polarité.
2 problèmes de la négation en français : l’expression de la négation varie en fonction des niveaux de langue et de la distinction entre l’oral et l’écrit. d’autre part, l’incidence syntaxique de la négation ne recouvre pas toujours sa portée sémantique. Il faut donc s’interroger sur la portée de la négation.
2 dimension de la négation :
- Une dimension lexicale, par relation d’antonymie qui repose sur l’opposition de mots de sens contraires.
- Une dimension grammaticale qui se caractérise par l’utilisation de termes négatifs appartenant à différentes catégories gram : pronoms (personne, rien), déterminants (aucun). Ne et pas sont ressentis comme des adverbes, mais sont très différents des autres, ils sont marqueurs de négation. La négation peut très bien s’employer dans un GN (« un exemple non littéraire ») ou dans une phrase sans verbe (« plus de pain »).
I. Portée de la négation :
La position des termes négatifs n’indique pas forcément sur quoi ils portent.
A. Négation totale et négation partielle :
Négation totale : porte globalement sur la proposition entière. S’exprime avec pas ou point en association avec ne. Correspond à la négation logique et donc s’oppose à la phrase positive correspondante.
Négation partielle : porte seulement sur une partie de la proposition. Elle s’exprime au moyen de mots négatifs associés à ne.
- Un pronom négatif représente la négation d’un GN : « personne n’est venu », « il n’a rien compris ».
- Un déterminant négatif indique l’absence ou nie l’existence du référent du GN. C’est la quantification nulle : « il n’a lu aucun livre ».
- Un CC de temps ou de lieu peut être nié par un gpe prép ou par un adverbe ou une locution de sens négatif. « on ne la rencontre nulle part ».
NB : la négation totale, tout en gardant sa valeur de négation de phrase peut n’affecter qu’un constituant particulier. Qd le verbe est suivi d’un CO ou d’un CC, la négation est pragmatiquement restreinte au constituant qui suit le verbe, alors que le reste de la phrase est présupposé.
Exemple : « je ne l’ai pas tué avec ce couteau », implique qu’il l’a tué, mais pas avec un couteau.
La négation totale admet l’éventail d’interprétations partielles qui l’impliquent.
Exemple : « elle n’aime pas la glace à la vanille »
- Soit : porte sur le verbe : « mais elle les adore ».
- Soit : porte sur l’ensemble du COD : « mais elle aime les caramels ».
- Soit : porte sur le C du N : « mais à la framboise ».
De plus, dans une phrase complexe comportant un verbe de pensée qui est nié, la négation peut porter sur la subordonnée : « je ne pense pas qu’il réussira »/ « je pense qu’il ne réussira pas ». Même procédé avec un inf.
B. Négation exceptive (ou restrictive) :
N’est pas à proprement parler une négation. Formulé avec ne…que, équivaut à seulement, uniquement, rien (d’autre)…sinon / sauf. Restrictive en ce qu’elle exclut de son champ tout terme autre que celui qu’elle introduit.
Affecte différents constituants placés après le verbe :
- Le COD. « il ne pense qu’à elle ».
- L’attribut du sujet : « L’homme n’est qu’un roseau ». Implique le plus souvent une échelle sur laquelle l’attribut occupe une place inférieure.
- Le CC : « Ce train ne circule que le dimanche ».
- Le CC du présentatif : « il n’y a que lui qui comprenne ».
- La séquence imperso : « il ne reste autour de moi que des cons ».
NB : la négation exceptive ne peut porter ni sur le sujet lui-même, (sera exprimé par seulement et seul), ni sur le verbe lui-même à un mode personnel. Mais qd le sujet est placé après le verbe, la restriction avec ne…que peut être employée.
L’exception peut aussi se dire au moyen de rien que suivi de CI ou de CC. « on le reconnaît rien qu’à sa démarche ».
Un terme négatif peut se combiner avec ne…que pour annuler l’exception. Il rétablit alors le champ des possibles.
NB : jusqu’au 17ème : « je n’ai point de faim qu’à table » = « je n’ai faim qu’à table ».
C. Place de la négation :
En FM, négation « à double détente ». Prend une forme discontinue.
- ne…pas / plus / jms… encadre le verbe à la forme simple. Ne ne peut être séparé du verbe qu’avec le pronom cpt de forme clitique. Le 2nd élément correspond à la place post verbale qui équivaut à COD en AF des mots devenus adverbes de négation.
- Avec une forme composée, encadre l’aux et les pronoms cpt. Mais personne, aucun + nom et nulle part sont placés après le pp. Rien se place après l’aux, mais après le pp qd introduit par une prép.
- Qd la négation porte sur un inf, placé en bloc devant l’inf. « il chasse pour ne pas s’ennuyer ». NB : 17ème : « je le perds pour ne me perdre pas ». ! ! : avec les verbes aller, devoir, falloir, vouloir, penser, sembler, la négation encadre le verbe ppal.
- Aucun, jms, nulle part, rien, personne, peuvent occuper des positions disjointes du verbe.
Chacun des éléments négatifs peut s’employer seul. Peuvent faire phrase à eux seuls.
II. Emplois de mots négatifs :
A. Non :
Mot phrase :
Peut exprimer la négation d’une phrase entière. Peut être renforcé par un adverbe.
Peut servir de renforcement dans une phrase et remplacer « n’est-ce pas ». « Cette pièce est géniale, non ? ». En début de phrase, renforce une négation.
S’emploie autonymiquement en fonction de COD : « elle m’a dit non ». Peut remplacer une complétive.
Peut porter sur une partie de la proposition, oppose 2 constituants présentés comme antithétique. Porte sur un GN ou GNP, un pronom, un adjectif, un déterminant, un adverbe, qu’elle oppose à un autre élément de même fonction. « il est à voile et non à vapeur ». Mais aussi : « il est non à voile, mais à vapeur ». Concurrence de pas.
Peut jouer le rôle d’un préfixe négatif, devant un substantif, concurrence par pas devant un adjectif, mais familier « c’est pas drôle ».
Peut former diverses locutions : non plus, par opposition à aussi. Reprend des éléments d’une proposition négative. De même non seulement, en corrélation avec mais aussi. Sert à opposer sous forme de gradation 2 termes de même structure.
B. Pas et point :
Les 2 expressions ppales de la négation totale, en corrélation avec ne.
Dans l’usage actuel, point a une coloration archaïsante / à pas, alors que dans langue classique, point dans des interro impliquant le doute et dans des phrases au conditionnel.
Peuvent s’employer aussi sans ne.
Ils concurrence non. Mais pas ne peut s’employer seul, il doit être renforcé par un adverbe.
Peuvent aussi porter sur un verbe particulier. Ils servent à nier l’élément qui suit : « pas de chance », « pas fameux », « pas lui », « pas auj’h ».
C. Guère et plus :
Variantes aspectuelles de pas et point.
Guère indique une quantité très minime. La proposition n’est pas totalement niée, mais orientée vers la négation totale. Apte à la litote. Peut indiquer une fréquence tempo faible, et s’oppose à souvent. Peut porter sur un verbe, sur un adjectif ou sur un comparatif, mais aussi un nom à la manière d’un déterminant composé : « guère de ».
Plus : rupture d’une continuité tempo. Découpe la succession tempo en distinguant un avant et un après. Même distribution que guère.
S’emploie sans ne dans une phrase nominale pour nier l’existence du référent.
D. Le fonctionnement de « ne » :
S’emploie en corrélation avec un autre adverbe. Il peut être effacé dans l’usage oral.
Peut s’employer seul pour marquer la négation. Concurrence la forme complète qui peut être rétablie, sauf dans les locutions figées.
Usage recherché :
- Après certains verbes d’aspect ou de modalité suivis d’un inf. « Fabrice ne put retenir sa curiosité ».
- Après un si hypothétique. « si je ne me trompe » + « n’était, n’eût été », qui représente une variante de « si ce n’est ».
- Après qui ou quel dans une interro oratoire. « qui n’en conviendrait ».
- Après que interro ou exclamatif employé au sens de pourquoi. « que ne le disiez vous plus tôt ».
- Dans une subordonnée relative ou consécutive après une ppale interro ou négative : « y a-t-il qq dont il ne médise ? ».
- Dans une expression de temps exprimant le temps écoulé ou dans une subordonnée introduite par depuis que. « il s’est écoulé beaucoup de temps depuis que je ne t’ai rencontré ».
- Dans des locutions proverbiales : « il n’empêche », « il n’a cure »…
Ne explétif n’a pas de valeur proprement négative.
- Se rencontre dans les complétives CO d’un verbe exprimant la crainte, l’empêchement ou la défense, le doute ou la négation.
- Dans les circonstancielles introduites par avant que, à moins que, de peur que. Elément envisagé négativement car pas encore réalisé.
- Dans les comparaisons d’inégalité, si la ppale est positive : « elle est plus grande que je ne croyais ». Implique : « je ne croyais pas qu’elle fût aussi grande ».
E. Les termes de la négation partielle :
Appartiennent à 3 catégories gram :
- Adverbes : jamais et nulle part.
- Pronoms : personne, nul, rien.
- Déterminants négatifs : aucun, nul.
NB : les termes de la négation partielle ont à l’origine un sens positif. Ils peuvent garder une valeur positive indéterminée dans des phrases interro, dans des conditionnelles (si jamais je t’attrape ), dans des structures comparatives (il sait mieux que personne), dans des locutions (à tout jamais).
F. Que :
Marque avec ne la négation exceptive. Ne peut « excepter » un verbe, sauf avec le verbe faire : « elle ne fait que m’embêter ». Peut marquer l’obligation aussi : « tu n’as qu’à… ».
G. Négation et coordination :
Ni sert à coordonner des constituants négatifs. Est associé à ne, qd ni coordonne 2 éléments, il doit être répété devant chaque terme, et ne devant le verbe.
NB : dans l’usage classique, peut être utilisé avec ne…pas, dans ce cas, le 1er ni peut être omis. « sa gerbe n’était point rose ni collante ».
Qd il coordonne 2 GV, chaque verbe est précédé de ne.
H. Les auxiliaires de la négation :
Renforcent la négation :
Locutions adverbiales :
- de suivi d’un cpt de durée : « de sitôt », « de mémoire d’homme », « de ma vie ».
- « Du tout », « le moins du monde », « pour un sou ».
- « si / tant / tellement que cela ». La négation se combine ici avec un système comparatif.
Locutions pronominales, qui suppléent personne ou rien.
- « grand chose », « grand monde ».
- « âme qui vive », « qui que ce soit », « quoi que ce soit ».
I. Négation cumulée :
Le cumul des négations peut correspondre à une affirmation atténuée ou renforcée.
NB : dans la langue classique : « pas rien » = « quelque chose ».
Pour le renforcement, utiliser 2 termes dont l’idée de négation ne porte pas sur le même champ : « elle ne voit jms personne », ne s’annulent pas.
III. Négation, quantification et modalisation :
A. Négation et quantification :
Règle générale : le quantificateur reste hors de portée de la négation qd il la précède. « plusieurs flèches n’ont pas atteint la cible ».
Tout dans un GN sujet fait exception à la règle. « tous les étudiants n’ont pas lu le texte » = « pas tous les étudiants ont lu les textes ».
Le quantificateur est nié s’il suit la négation. La négation de la totalité laisse libre d’autres possibilités : « René n’aime pas tous les livres de M. Duras » = « il en aime certains ».
B. Négation et verbes modaux :
Sont différemment affectés par la négation sl la place occupée par les termes négatifs. Qd encadre le modal, affecte le modal et inverse sa valeur. Sinon, affecte le cpt.
Concerne aussi les verbes comme permettre, obliger.
IV. La négation comme acte de langage :
Une négation descriptive qui porte seulement sur le contenu de l’énoncé. l’événement ou l’état dénoté comme contraires à la réalité.
De plus, énoncés négatifs qui dénotent une info positive. C’est la litote.
Une négation polémique qui affecte la relation entre les interlocuteurs. Le locuteur s’oppose à une affirmation d’autrui, qu’il vise à réfuter.
à tout énoncé négatif peut être compris à 2 niveaux.
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- RobertDeSaintLoupNiveau 2
Iphigénie a écrit:Merci pour cette explication limpide: le tout est en effet de s’entendre sur le sens spécifique des termes employés !
Ce qui ne résout pas la question de savoir si ces finesses sont utiles pour nos élèves, remarquez ...
La manière dont j'interprète totale et partielle ne m'est pas propre, et je pense que le fichier Eduscol leur donne aussi ces sens-là, qui sont ceux de toutes les grammaires scolaires et universitaires (GMF, Grévisse, Grammaire Graduelle du Français...)
- IphigénieProphète
Personnellement je ne me suis jamais penchée sur le problème, d’où mon interrogation sur la nécessité d’y confronter les élèves mais merci pour l’explication qui est limpide en effet.
Quand je disaos s’entendre sur le sens ce n’est pas une remise en question de vos propos, bien au contraire mais la reconnaissance que je ne connaissais pas l’emploi spécifique des termes ici!
Quand je disaos s’entendre sur le sens ce n’est pas une remise en question de vos propos, bien au contraire mais la reconnaissance que je ne connaissais pas l’emploi spécifique des termes ici!
- RobertDeSaintLoupNiveau 2
Etant grammairien et stylisticien de formation, je trouve qu'il est absolument nécessaire de poursuivre un enseignement explicite réservé à l'étude de la langue au lycée. En revanche, ce programme-là - trois points de grammaire sans aucune progression et complètement décrochés d'un enseignement continué - et cette épreuve-là - une question bien vague et imprécise dans ses attentes à partir d'un court extrait de phrase d'un texte - ne sont ni faits ni à faire.
- RobertDeSaintLoupNiveau 2
Rassurez-vous, je ne l'avais pas pris comme tel )Quand je disaos s’entendre sur le sens ce n’est pas une remise en question de vos propos, bien au contraire mais la reconnaissance que je ne connaissais pas l’emploi spécifique des termes ici!
- IphigénieProphète
On est bien d’accord...RobertDeSaintLoup a écrit:Etant grammairien et stylisticien de formation, je trouve qu'il est absolument nécessaire de poursuivre un enseignement explicite réservé à l'étude de la langue au lycée. En revanche, ce programme-là - trois points de grammaire sans aucune progression et complètement décrochés d'un enseignement continué - et cette épreuve-là - une question bien vague et imprécise dans ses attentes à partir d'un court extrait de phrase d'un texte - ne sont ni faits ni à faire.
- RobertDeSaintLoupNiveau 2
Quand les inspecteurs nous disent qu'il faut faire une leçon de syntaxe sur l'interrogation parce que "les élèves ne maîtrisent plus la formulation des interrogations ni ne distinguent les différents niveaux de langue qui y sont associés, qu'ils confondent systématiquement le type interrogatif et la proposition subordonnée interrogative", je ne peux qu'abonder en leur sens. Mais dans ce cas-là, il faut revoir également tous les types de phrase : combien d'élèves de 1ère sont capables de formuler une phrase de type injonctif au mode subjonctif, sans erreur ni de syntaxe, ni de conjugaison ? Je pense qu'on les compte sur les doigts d'une main.
- User27372Niveau 7
@RobertDeSaintLoup Merci, tes propos sont très éclairants et coupent court à de nombreux débats.
- NLM76Grand Maître
Bonjour,
merci beaucoup à l'ami de Marcel pour son intervention ! Tu me permets de pointer précisément ce qui ne me convient pas dans cette opposition entre négation partielle et négation totale. D'une part, si je suis d'accord pour distinguer sémantique et syntaxe, je pense qu'une erreur contemporaine de la linguistique réside dans le refus de leur indissoluble articulation. Ensuite, je pense que, même et surtout dit comme tu le dis, ça ne marche pas.
Dans "Je n'aime pas le chocolat", ce qui est nié, c'est la proposition "j'aime le chocolat". Ce n'est pas l'amour seulement, ce n'est pas le pronom sujet tout seul, ce n'est pas l'objet tout seul. C'est toute la proposition. Dans "Personne n'aime le chocolat", c'est la proposition entière "Quelqu'un aime le chocolat". Ce n'est pas partiel. Cette histoire de partiel/total rapportée à la proposition, ça ne tient pas debout.
Il est possible que j'aie tort. Mais pour l'instant je tiens vraiment à cette affaire, même si c'est une des nombreuses raisons pour lesquelles on peut me prendre pour un branquignole à l'université...
Bon, maintenant, il faut aussi que je regarde cette notion pour l'interrogation.
merci beaucoup à l'ami de Marcel pour son intervention ! Tu me permets de pointer précisément ce qui ne me convient pas dans cette opposition entre négation partielle et négation totale. D'une part, si je suis d'accord pour distinguer sémantique et syntaxe, je pense qu'une erreur contemporaine de la linguistique réside dans le refus de leur indissoluble articulation. Ensuite, je pense que, même et surtout dit comme tu le dis, ça ne marche pas.
Dans "Je n'aime pas le chocolat", ce qui est nié, c'est la proposition "j'aime le chocolat". Ce n'est pas l'amour seulement, ce n'est pas le pronom sujet tout seul, ce n'est pas l'objet tout seul. C'est toute la proposition. Dans "Personne n'aime le chocolat", c'est la proposition entière "Quelqu'un aime le chocolat". Ce n'est pas partiel. Cette histoire de partiel/total rapportée à la proposition, ça ne tient pas debout.
Il est possible que j'aie tort. Mais pour l'instant je tiens vraiment à cette affaire, même si c'est une des nombreuses raisons pour lesquelles on peut me prendre pour un branquignole à l'université...
Bon, maintenant, il faut aussi que je regarde cette notion pour l'interrogation.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
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- Négation / grammaire
- Problème de grammaire : la négation
- Jean-Claude Gaudin à Vincent Peillon : "Poser comme principe que l’amélioration de l’école passe par le périscolaire, c’est la négation même du rôle de l’Education nationale".
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