- IphigénieProphète
En parlant de négation qui présente un problème particulier, je n'entendais pas faire analyser à l'élève une leçon d'agreg mais voir s'il est capable de voir qu'il y a un cas particulier: comme dans :"patience et longueur de temps font plus que force ni que rage"
voir ce ni à la place d'un et me paraît à la fois plus facile et plus intéressant que de développer tout un paragraphe pour dire que dans un énoncé simple: "je ne comprenais pas bien":
J’ajoute: en plus dans cette phrase la négation porte plus sur « bien » que sur le verbe...quand on ne comprend pas bien c’est qu’on comprend un peu quand même.
C'est drôle parce que personnellement je suis tout à fait d'accord avec le deuxième paragraphe et pas du tout avec le premier: mais c'est qu'en fait, on n'est pas d'accord sur ce qui a changé la donne:
ceux qui parcellisent les cheveux
ou ceux qui parcellisent les négations?
chronologiquement, c'est l'introduction de cette notion de "partiel" et "total" qui a fichu un sacré bazar, dont on se serait passé en lycée...
Oui, je comprends qu'on décide d'appeler les négations avec "personne", "rien" "aucun" des "négations partielles" ( ou si on veut des schtroumpfs verts) et les négations par par "ne pas" , "des négations totales" ( ou si on veut des schtroumpfs rouges), ok, on peut faire ça automatiquement. S'il faut, il faut...
(Mais c'est faire passer à la trappe le "n'" nécessaire devant le verbe - quand même, ce qui est aussi un pur fait grammatical.)
Et surtout reste le problème: à quoi ça sert au juste? Perso je ne vois pas...
a titre de complément voilà comment on parlait de la négation dans la Grammaire Souché Grunenwald qui était la bible du temps de mes études. Il en ressort que l’on n’en faisait pas un problème ni une problématique ... Je n'ai pas retrouvé mon manuel de 3e mais un manuel plus ancien qui doit être à peu près similaire néanmoins:
voir ce ni à la place d'un et me paraît à la fois plus facile et plus intéressant que de développer tout un paragraphe pour dire que dans un énoncé simple: "je ne comprenais pas bien":
où, finalement, on aboutit très savamment à dire donc que dans "je ne comprenais pas bien", la négation "ne pas" correspond au langage courant et que c'est le contraire de "je comprenais bien". Ok mais c'est bien compliqué pour en arriver là, non?
La phrase présente une négation grammaticale, dite aussi négation de proposition : la négation porte sur la phrase et concerne le noyau verbal de la proposition « je ne comprenais pas bien » . C'est une forme de phrase dite négative qui s'oppose à la forme affirmative de la phrase. La négation grammaticale concerne ici le verbe « comprenais » avec la structure négative à deux éléments en corrélation : « ne » adverbe de négation conjoint et antéposé au verbe, et l'adverbe « pas » qui suit le verbe. Ces deux éléments encadrent le verbe conjugué à un temps simple. La négation est de portée totale : elle porte sur l'ensemble de la proposition qui s'oppose rigoureusement à la forme affirmative correspondante : « je ne comprenais pas bien » / « je comprenais bien ». La présence des deux éléments de la négation grammaticale indique un niveau de langue courant.
J’ajoute: en plus dans cette phrase la négation porte plus sur « bien » que sur le verbe...quand on ne comprend pas bien c’est qu’on comprend un peu quand même.
C'est drôle parce que personnellement je suis tout à fait d'accord avec le deuxième paragraphe et pas du tout avec le premier: mais c'est qu'en fait, on n'est pas d'accord sur ce qui a changé la donne:
ceux qui parcellisent les cheveux
ou ceux qui parcellisent les négations?
chronologiquement, c'est l'introduction de cette notion de "partiel" et "total" qui a fichu un sacré bazar, dont on se serait passé en lycée...
Vous vous coupez les cheveux en quatre sur des occurrences en cherchant "du sens", tandis que je ne raisonne qu'en matière de syntaxe.
"Personne n'est venu à ma soirée" : c'est une négation partielle qui porte sur le sujet du verbe "est venu" avec le pronom indéfini "personne", et ce n'est pas vraiment discutable en réalité, c'est un pur fait grammatical, c'est le sujet qui est nié dans l'agencement syntaxique de la phrase.
Oui, je comprends qu'on décide d'appeler les négations avec "personne", "rien" "aucun" des "négations partielles" ( ou si on veut des schtroumpfs verts) et les négations par par "ne pas" , "des négations totales" ( ou si on veut des schtroumpfs rouges), ok, on peut faire ça automatiquement. S'il faut, il faut...
(Mais c'est faire passer à la trappe le "n'" nécessaire devant le verbe - quand même, ce qui est aussi un pur fait grammatical.)
Et surtout reste le problème: à quoi ça sert au juste? Perso je ne vois pas...
a titre de complément voilà comment on parlait de la négation dans la Grammaire Souché Grunenwald qui était la bible du temps de mes études. Il en ressort que l’on n’en faisait pas un problème ni une problématique ... Je n'ai pas retrouvé mon manuel de 3e mais un manuel plus ancien qui doit être à peu près similaire néanmoins:
- Spoiler:
- RobertDeSaintLoupNiveau 2
Au début du 20e siècle, l'explication de texte se résumait à une glose paraphrastique et psychologisante bourrée de références à la vie de l'auteur et aux considérations morales. Nous avons évolué depuis, et c'est tant mieux non ? L'étude de texte s'est enrichie des apports de la linguistique structurale, d'un nouvel appareillage rhétorique, de la narratologie... Eh bien on peut partir du principe que c'est pareil en grammaire et que nous avons progressé grâce aux apports de la recherche.
Je ne me verrais pas proposer un cours de grammaire si pauvre et si daté à mes élèves...
Je ne me verrais pas proposer un cours de grammaire si pauvre et si daté à mes élèves...
- IphigénieProphète
Oui tu as raison . Le niveau des élèves en lettres a terriblement monté depuis les années 80! ( Mais je connais mal les pratiques du début XXe contrairement à toi )RobertDeSaintLoup a écrit:Au début du 20e siècle, l'explication de texte se résumait à une glose paraphrastique et psychologisante bourrée de références à la vie de l'auteur et aux considérations morales. Nous avons évolué depuis, et c'est tant mieux non ? L'étude de texte s'est enrichie des apports de la linguistique structurale, d'un nouvel appareillage rhétorique, de la narratologie... Eh bien on peut partir du principe que c'est pareil en grammaire et que nous avons progressé grâce aux apports de la recherche.
Je ne me verrais pas proposer un cours de grammaire si pauvre et si daté à mes élèves...
Il est normal de leur donner de nouveaux concepts pour parler des textes, (surtout s’il ne les comprennent pas d’ailleurs.)
Mais bon c’est une question de foi finalement, ancrée par la formation de chacun, on le voit bien. Reste à l’ensemble des enseignants à progresser suffisamment pour digérer tous en même temps tous ces concepts contradictoires que l’on introduit en grammaire, à mon avis pas tellement pour répondre à l’avidité d’apprendre des élèves mais plutôt en fonction des luttes d’influence - et de l’arrivée de nouveaux enseignants qui retranscrivent les cours qu’ils ont reçus, chacun selon son parcours et il s’avère que les progrès étant incessants, très peu ont la même formation....
PS: si je donne le regard des anciennes grammaires ce n’est pas pour refaire une guerre des anciens tocards contre les modernes efficaces mais pour répondre à ton argument selon lequel tu as toujours appris comme ça et qu’il n’y a donc pas de raison de changer: c’était juste pour donner une idée de la relativité des croyances , pas un modèle à suivre.
J’ajoute que je trouve très intéressantes les recherches universitaires dans tous ces domaines mais que je regrette profondément l’absence de réflexion sur une construction cohérente des apprentissages en primaire collège et lycée où il ne suffit pas de balancer les apports les plus récents sans donner les bases élémentaires d’abord: en pédagogie savoir élaguer son savoir pour le transmettre est extrêmement essentiel: je veux bien qu’on passe six mois pour travailler la négation pour une thèse ou un concours de spécialiste mais est-ce bien le plus urgent en troisième ou même première ? Enfin ajoutons quand même pour aller au bout de ma pensée, qu' après avoir trouvé très claire ta toute première intervention pour définir ce qu'on entendait par "partiel" et "total" en éclairant cela par la nécessité de circonscrire un sens très particulier pour ces mots, je trouve que ton développement sur le "ne pas ...bien", que tu donnes en exemple, n'est pas très loin de la glose, à mon très, très humble avis: glose moderne, certes, mais glose quand même....
Et, pardon d'éditer encore, mais je cherche à préciser ma pensée dans un échange par forum qui réduit un peu à la caricature...
je suis parfaitement d'accord avec ce passage:
mais je pense que la cause en est justement la précipitation avec laquelle on introduit sans cesse de nouveaux termes qui satisfont surtout les luttes de chapelles . Si tu veux bien comparer la "pauvreté honteuse" de la grammaire ancienne que j'ai citée et la grammaire que tu as citée, je trouve qu'on a en fait exactement la même chose, heureusement! (on dirait même une réécriture simple, avec simplement le fait que l'une s'adresse aux collégiens de 6e à 3e et l'autre à des étudiants de capes de lettres) hormis l'introduction de la distinction partielle et totale qui est si claire que nous discutons depuis des jours entre enseignants: peut-être serait-il sage de ne pas mêler nos élèves à ces débats, si enrichissants soient-ils: c'est surtout cela, ici comme ailleurs (conditionnel? focalisations? valeurs temporelles? place des figures de style dans les lectures ...etc:on pourrait faire une liste) qui a introduit une pagaille insupportable: non que je récuse ces éléments indiscutables d'analyse, mais leur introduction à des niveaux qui ne sont pas les bons sous prétexte de "progrès scientifique"- progrès qui vient créer la confusion et donc la régression- au moment où il s'agit de fixer des bases sûres. Et là où je te rejoins c'est que dans la différence des manières d'enseigner (et peut-être d'ailleurs, soyons honnêtes, dans l'assimilation parfaite par tous de tous ces "apports" dont, en plus, la validité demande parfois à être éprouvée) on finit par perdre vraiment, totalement nos pauvres cobayes d'élèves. Au point qu'il faut réapprendre aux étudiants de licence l'accord du verbe avec le sujet pendant que l'on reproche à un malheureux élève de CM2 de ne pas avoir identifié la valeur aspectuelle d'un temps qu'il ne sait pas conjuguer. Et au point qu' onn n'a pas publié la fameuse et attendue nomenclature pour le lycée parce qu'en réalité on n'a pa pu se mettre d'accord sur les notions....C'est là toute la difficulté de l'enseignement de notre discipline, qui ne possède plus aucune unité ni théorique, ni idéologique, plus aucune ligne commune : chacun y voit ce qu'il veut y voir, y fait ce qu'il veut y faire, y pratique ce qu'il veut y pratiquer. Aucune autre discipline n'est frappée par un tel morcellement de chapelles et une absence de vision d'ensemble. Et ce bien souvent au détriment des élèves qui reçoivent des cours de nature trop différente au fil de leur scolarité en lettres, et qui sont évalués selon des critères qui dépendent de la vision de chaque professeur de lettres. Ce cas de l'étude de la négation, aussi minime soit-il, en est un signe révélateur et patent.
Et enfin(!) en relisant attentivement la grammaire que tu proposes, et en revenant sur ton exemple:" je ne comprenais pas bien comment etc": la négation est bien à portée partielle et non, comme tu le dis, totale, il me semble, comme c'est le cas dans l'exemple donné par la grammaire: "elle ne travaille pas au bureau le lundi": franchement, avec une notion aussi discutable pour l'entendement d'un enseignant, tu trouves qu'elle est indispensable pour des élèves?
- NLM76Grand Maître
Ouh là malheureuse ! La valeur des temps ? Vous avez vraiment envie que les élèves se coltinent du global et du sécant ?roxanne a écrit:Ça m’a dépassée cette notion de négation au programme alors qu’il y a tant de points simples comme par exemple la relative ou la valeur des temps auraient fait l’affaire.
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- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- gregforeverGrand sage
Je rêve d'une chose: que l'aménagement de l'oral prévu soit la suppression de la question de grammaire: ils n'en ont pas fait en seconde, tout le monde n'a pas eu le temps d'étudier tous les points et en plus personne n'est d'accord sur comment l'analyser!
- NLM76Grand Maître
Tiens, je crois avoir trouvé des cas où le concept de négation partielle pourrait éventuellement avoir un sens. C'est dans les phrases à forme en quelque sorte schizoïde :
Ou, plus intéressant :
- La paix fait nos souhaits et non point nos soupirs. [La Fontaine]
Ou, plus intéressant :
- Ton bras est invaincu, mais non pas invincible.
- Leur gouffre est effrayant, mais pas plus que le mien. [Hugo]
- Je l’aime, non point tel que l’ont vu les enfers, / Volage adorateur de mille objets divers, / Qui va du dieu des morts déshonorer la couche, / Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche, / Charmant, jeune, traînant tous les cœurs après soi : / tel qu’on dépeint nos dieux — ou tel que je vous vois.
- P.S.:
- J'ai dû mal lire, mais il me semble que l'un des intervenants a dit que son analyse était purement syntaxique, sans interférence avec la sémantique. Je suppose donc que la très-sainte, pure, catholique, orthodoxe et éternelle RPR s'est trompée : "D'autre part, l'incidence syntaxique de la négation ne recouvre pas toujours sa portée sémantique."
- P.P.S:
- Je pense que les commentaires ou explications littéraires qu'on rédigeait dans le courant du XXe siècle étaient très souvent toutes moisies, du fait de leur superficialité grandiloquente. Et que ceux et celles qui se targuent de scientificité depuis la fin du XXe siècle le sont tout pareil : la poudre aux yeux que les unes et les autres utilisent ne diffèrent qu'en la recette qui permet de la synthétiser. Iphigénie et moi-même sommes d'une troisième école
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- Une passanteEsprit éclairé
NLM76 a écrit:Ouh là malheureuse ! La valeur des temps ? Vous avez vraiment envie que les élèves se coltinent du global et du sécant ?roxanne a écrit:Ça m’a dépassée cette notion de négation au programme alors qu’il y a tant de points simples comme par exemple la relative ou la valeur des temps auraient fait l’affaire.
Relative et valeur des temps sont au programme de seconde
- NLM76Grand Maître
Oui. Il va falloir que je m'attaque à ça aussi...Une passante a écrit:NLM76 a écrit:Ouh là malheureuse ! La valeur des temps ? Vous avez vraiment envie que les élèves se coltinent du global et du sécant ?roxanne a écrit:Ça m’a dépassée cette notion de négation au programme alors qu’il y a tant de points simples comme par exemple la relative ou la valeur des temps auraient fait l’affaire.
Relative et valeur des temps sont au programme de seconde
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- NLM76Grand Maître
Je continue à travailler sur la négation. Un point, parmi tant d'autres, très intéressant et très utile à faire travailler au lycée, est celui de la négation "lexicale", par les suffixes. Là, par exemple, on aurait quelque chose comme une négation partielle ("réfléchi/irréfléchi"), puisqu'on peut nier l'adjectif ou l'adverbe sans s'occuper de la proposition. Mais ce n'est évidemment pas ce qui est intéressant. Ce qui est intéressant, c'est l'étude de la façon dont on peut "nier" un adjectif, dans la mesure où cela permet de repérer beaucoup de doubles négations, de les comprendre, d'en saisir l'intérêt. Cela pourrait permettre aussi — et c'est un point qui me paraît essentiel — d'étudier du vocabulaire difficile de façon structurée, à la fois pour l'orthographe, la sémantique, et même la syntaxe.
C'est pourquoi aussi je pense que le choix de faire de la question de grammaire à l'épreuve orale de français une question de "syntaxe" pose de graves problèmes : c'est ce qui fera que les professeurs s'occuperont de calembredaines (négation prétendument totale, ou partielle...), plutôt que de ce qui permettrait de faire progresser les élèves. C'est pourquoi il me paraît aussi assez important de réfléchir un peu à ce qu'est la syntaxe, relativement à ce qu'est la grammaire, etc. Par exemple, je peux reprendre ce que Dubois disait dans sa Grammaire structurale du français en 1967, qui intégrait les "procédures morphologiques de la négation de l'adjectif" dans son étude de la "transformation négative". Non qu'il considérât que la négation morphologique de l'adjectif relevât de la syntaxe — il ne pose pas le problème. Mais il montre que c'est un élément essentiel de la structure profonde de la langue — et même de la phrase, puisqu'il s'agit pour lui d'un des outils de la "transformation négative".
Mais s'agit-il pour autant de faire un cours de linguistique ? Non. Il ne s'agit pas seulement d'éclaircir le fonctionnement de la langue; il s'agit d'utiliser, comme un outil, comme un auxiliaire — ce qui n'a rien de honteux — cette étude théorique pour étendre la connaissance pratique de la langue, et donc, essentiellement, du vocabulaire. Or l'étude du vocabulaire implique l'étude de l'orthographe, des relations de sens, de la morphologie... et de la syntaxe: les mots, et pas seulement les verbes ont une "construction", qu'il est bon d'enseigner aux élèves.
Ici il peut être bon de se rappeler que la distinction des types de "fautes" (Oh le vilain mot), entre barbarismes, solécismes, impropriétés, faux-sens, contre-sens peut être très utile pour organiser à la fois l'enseignement et l'apprentissage — non seulement pour éviter les dites fautes, mais surtout pour enrichir la langue, la capacité à développer, à construire, à clarifier la pensée.
Ainsi, il me semble qu'il peut être bon d'étudier en priorité les mots inconnus ou méconnus des élèves, au sein de cette étude de la négation. Une leçon, donc, sur les préfixes adjectivaux qui marquent la négation ne serait donc pas malvenue... avec une évaluation. Mais pour cela il faut avoir des outils. Et il m'a semblé qu'il fallait, outre l'indispensable travail au fil des textes étudiés, que nous ayons à notre disposition, des listes. [Il faudra revenir sur cette question des listes : est-ce qu'on peut, est-ce qu'on doit étudier le vocabulaire à travers des listes ? La réponse, comme d'habitude, est évidemment complexe.]
De ce fait, j'ai commencé à travailler à ces listes. J'en ai déjà proposé pour la négation lexicale du verbe. Je vous soumets un peu de celles que je constitue pour la négation de l'adjectif. [Il s'agirait non seulement de préparer ce sur quoi nous pouvons faire travailler nos élèves, mais aussi de donner explicitement aux élèves la liste des mots qu'ils doivent connaître : de sorte qu'ils ne s'imaginent pas qu'ils doivent apprendre "anaphore, omniscient, antépiphore...", mais "blême, blafard, impassible..."] Pour ce faire, je suis parti des 15000 mots du Dictionnaire du français usuel de Picoche et Rolland. J'en ai extrait les mots à préfixe négatif. De ceux-ci, j'ai extrait les adjectifs et les adverbes. Après classement selon des critères variés pour rendre appréhendables ces longues listes, j'ai supprimé les mots dont il me semblait que l'immense majorité des élèves les maîtrisaient suffisamment bien. J'en ai tiré des listes de mots qui méritent d'être étudiés au lycée aujourd'hui — et sans doute plutôt au collège, dans un système d'instruction publique qui se tiendrait.
Ainsi, pour les mots où le préfixe négatif in- se transforme, j'aurais :
- illégitime, illettré;
- ignoble, ignominieux;
- irrécusable, irréfutable, irrémédiable, irrésolu;
- immaculé, immémorial, immense, immensément, immonde, immoral;
- imparfait, impartial, impartialement, impassible, impavide, imperceptible, impie, implacable, impoli, impondérable, importun, impotent, imprescriptible, improbable, impudique, impudent, impunément, impuni, imputrescible.
Voilà un élément ce qui me semble pouvoir être une des bases d'une étude véritablement utile de la grammaire. Voyez-vous comme moi à quel type de travail cela peut donner lieu ? Est-ce que pour vos élèves aussi ce sont des mots qui méritent d'être étudiés ?
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- RellNiveau 6
Je m'arrache quelque peu les cheveux sur les négations partielle et totale.
Dans la phrase : "Je n'accepterai pas votre invitation, du moins pas maintenant", je comprends bien que selon Riegel, Pellat, Rioul, cela soit une négation totale, mais ce ne me semble pas adapté à ce type de phrase. La négation ne porte pas totalement sur le verbe, puisqu'elle ne porte que sur sa réalisation dans le temps : "pas maintenant".
A l'inverse, faire comprendre aux élèves que "ne ... jamais" relève de la négation partielle est un peu difficile.
Dans la phrase : "Je n'accepterai pas votre invitation, du moins pas maintenant", je comprends bien que selon Riegel, Pellat, Rioul, cela soit une négation totale, mais ce ne me semble pas adapté à ce type de phrase. La négation ne porte pas totalement sur le verbe, puisqu'elle ne porte que sur sa réalisation dans le temps : "pas maintenant".
A l'inverse, faire comprendre aux élèves que "ne ... jamais" relève de la négation partielle est un peu difficile.
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Classes 2020-2021 : deux classes de 1ère générale + HLP 1ère
"Le temps était encore ténébreux et sentant l'infélicité et calamité des Goths, qui avaient mis à destruction toute bonne littérature ; mais, par la bonté divine, la lumière et dignité a esté de mon âge rendue ès lettres [...] Maintenant toutes disciplines sont restituées, les langues instaurées, grecque, sans laquelle c'est honte que une personne se die savant, Hébraïque, Chaldaïque, Latine "[...]
François Rabelais, Les Horribles et Épouvantables Faits et Prouesses du très renommé Pantagruel, chap. 8, 1532.
- NLM76Grand Maître
Oui. Il faut laisser tomber cette histoire de négation "totale" ou "partielle". Ça ne tient pas debout, et ne présente pas d'intérêt pour les élèves.
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- RellNiveau 6
Les programmes ne nous y contraignent-ils pas ?
Autre question : dans ce vers de Victor Hugo, "Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie", peut-on parler de cumul de négations ? La seconde négation est totale, mais elles ont un effet d'insistance parce qu'elles sont cumulées l'une à l'autre.
NLM76, je viens de découvrir que tu participais au site Instruire. Bravo ! J'y ai lu plusieurs articles très intéressants.
Autre question : dans ce vers de Victor Hugo, "Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie", peut-on parler de cumul de négations ? La seconde négation est totale, mais elles ont un effet d'insistance parce qu'elles sont cumulées l'une à l'autre.
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François Rabelais, Les Horribles et Épouvantables Faits et Prouesses du très renommé Pantagruel, chap. 8, 1532.
- NLM76Grand Maître
Oui, il y a cette grave erreur inscrite dans les programmes, dans une parenthèse où l'on indique une liste de trucs à voir quant à la négation, en prétendant qu'ils peuvent être utiles à la lecture des textes.Rell a écrit:Les programmes ne nous y contraignent-ils pas ?
Autre question : dans ce vers de Victor Hugo, "Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie", peut-on parler de cumul de négations ? La seconde négation est totale, mais elles ont un effet d'insistance parce qu'elles sont cumulées l'une à l'autre.
NLM76, je viens de découvrir que tu participais au site Instruire. Bravo ! J'y ai lu plusieurs articles très intéressants.
Ça ne tient pas debout. La seule solution en attendant, c'est de raconter que "ne... pas" est une négation totale, et que tout le reste est de la négation "partielle".
Preuve supplémentaire que le problème de l'école, comme nous le disons sur instruire.fr, ce sont les programmes.
Quant à "Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie", on a surtout une double négation qui vaut une affirmation "Tout a sa mélancolie". Après, pour l'effet produit, je pense qu'on peut parler d'hyperbole, mais surtout expliquer comment VH invite à parcourir le monde pour en extraire le nectar mélancolique, et évoquer le fait qu'on pourrait imaginer que la mélancolie serait absente de certaines choses, mais qu'en réalité, pour qui sait voir, pour le poète, en toute chose, même de la façon la plus inattendue, il y a de la mélancolie. [Explication sans doute en partie erronée, du fait que j'interprète ce vers sans lire le contexte.]
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- RellNiveau 6
Ah, tu y lis une hyperbole ? Je voyais une litote.
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François Rabelais, Les Horribles et Épouvantables Faits et Prouesses du très renommé Pantagruel, chap. 8, 1532.
- HannibalHabitué du forum
Rell a écrit:Je m'arrache quelque peu les cheveux sur les négations partielle et totale.
Dans la phrase : "Je n'accepterai pas votre invitation, du moins pas maintenant", je comprends bien que selon Riegel, Pellat, Rioul, cela soit une négation totale, mais ce ne me semble pas adapté à ce type de phrase. La négation ne porte pas totalement sur le verbe, puisqu'elle ne porte que sur sa réalisation dans le temps : "pas maintenant".
A l'inverse, faire comprendre aux élèves que "ne ... jamais" relève de la négation partielle est un peu difficile.
Le 1er exemple présente une correction -une reformulation du propos, justement pour passer d'une négation totale à une négation partielle.
Pour la négation totale, c'est qu'en fait seuls certains forclusifs peuvent nier le GV lui-même et non ses seuls satellites.
Je ne vois pas : c'est l'action de voir qui est niée > négation totale.
Je ne vois personne : l'action de voir n'est pas niée, on nie voir quelqu'un.
Je ne vois jamais: l'action de voir n'est pas niée en elle-même, on nie voir à un moment donné.
Au passage, les forclusifs de négation partielle sont réputés plus aisément cumulables: je ne vois jamais personne /
Mais l'essentiel au fond reste de bien cerner la portée de la négation. Négation totale et partielle ne sont que des outils parmi d'autres pour ce faire.
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"Quand la pierre tombe sur l'oeuf, malheur à l'oeuf.
Quand l'oeuf tombe sur la pierre, malheur à l'oeuf." (proverbe)
- Thierry75Niveau 10
Quand je compare l'ignorance abyssale de mes élèves et les questions byzantines qu'on se pose ici, cela me laisse perplexe.
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Le moi est haïssable.
- NLM76Grand Maître
C'est possible, même si je n'en suis pas convaincu ! Mais ce subtil distinguo me paraît de peu d'intérêt en l'espèce.Rell a écrit:Ah, tu y lis une hyperbole ? Je voyais une litote.
L'étiquette qu'on colle sur cette affaire n'importe guère. Ce qui importe, c'est de voir ce qui se passe. Pendant qu'on discute pour savoir si c'est une litote ou une hyperbole, ou ailleurs, pour savoir si c'est une métonymie ou une synecdoque, on ne s'occupe pas de savoir ce qui se passe dans ce texte-là.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- NLM76Grand Maître
Je viens de voir que la note de service de 2020 ne précisait plus "question de syntaxe" pour la question de grammaire.
Du coup, on peut poser des questions de vocabulaire et de morphologie ?
Du coup, on peut poser des questions de vocabulaire et de morphologie ?
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- glucheNiveau 10
De quelle note de service parles-tu? Je n'ai pas trouvé après une recherche rapide.
- NLM76Grand Maître
Bah. Je l'ai mise en lien, sous "note de service".
Alors, chez nous, on a un courrier des IPR, qui rappelle la note de service de 2019 :
On va appliquer la vieille note de service.
Qué bazar !
Alors, chez nous, on a un courrier des IPR, qui rappelle la note de service de 2019 :
- Pour le traitement de la question par le candidat, rappelons qu’il s’agit d’une explication «qui vise l’analyse syntaxique d’une courte phrase ou d’une partie de phrase.» Le commentaire «stylistique» n’est pas requis.
On va appliquer la vieille note de service.
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- glucheNiveau 10
Ah, pardon!
Mais c'est la même chose dans le note de service de 2020, non?
Mais c'est la même chose dans le note de service de 2020, non?
Le candidat répond à la question de grammaire posée par l'examinateur au moment du tirage. Cette partie est notée sur 2 points. La question porte uniquement sur le texte : elle vise l'analyse syntaxique d'une courte phrase ou d'une partie de phrase.
- NLM76Grand Maître
Ah bah oui, tu as raison.
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- tannatHabitué du forum
Rell a écrit:Je m'arrache quelque peu les cheveux sur les négations partielle et totale.
Dans la phrase : "Je n'accepterai pas votre invitation, du moins pas maintenant", je comprends bien que selon Riegel, Pellat, Rioul, cela soit une négation totale, mais ce ne me semble pas adapté à ce type de phrase. La négation ne porte pas totalement sur le verbe, puisqu'elle ne porte que sur sa réalisation dans le temps : "pas maintenant".
A l'inverse, faire comprendre aux élèves que "ne ... jamais" relève de la négation partielle est un peu difficile.
Si j'avais eu cette phrase à faire étudier aux élèves, je l'aurais analysée comme suit :
une négation totale pour la proposition "Je n'accepterai pas votre invitation"
puis le segment (qui me semble être une proposition ellipitique) "du moins pas maintenant" et qui constitue une épanorthose permettant de revenir sur le propos et permet de donner à une valeur partielle à la négation.
Mais cela serait sans doute une bêtise.
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- NLM76Grand Maître
Euh... Il y en a vraiment parmi vous qui comptent faire suer les élèves avec une question sur la "négation partielle" ?
J'en suis tout ébahi.
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- Clecle78Bon génie
Plus ça va plus je trouve la grammaire française incroyablement difficile. Alors les pauvres élèves ... Je vais vraiment leur poser les questions les plus simples possibles. Et même ce qui me semble simple ne sera pas facile je pense.
- PunkyNiveau 9
Bonjour,
Je partage un certain pessimisme ambiant. La classe de stmg que j'ai en charge n'a pas particulièrement d'amour pour la grammaire....
Je poserai aussi des questions faciles, qui seront très probablement déjà perçues comme difficiles.
Je partage un certain pessimisme ambiant. La classe de stmg que j'ai en charge n'a pas particulièrement d'amour pour la grammaire....
Je poserai aussi des questions faciles, qui seront très probablement déjà perçues comme difficiles.
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