Tensions entre collègues au sujet de la grève ?

Y a-t-il dans vos établissements des tensions entre grévistes et non grévistes ?

On rend la mobilisation visible dans notre établissement - étiquette sur nos casiers, banderoles à l'entrée du lycée à certains moments, repas en salle des profs - et des collègues non grévistes le vivent comme une agression et une source de dissension. Est-ce que c'est spécifique à mon établissement ? (L'an dernier, c'était déjà extrêmement tendu à propos de la réforme du lycée).

Aucun conflit ici. Le fait de cataloguer par les étiquettes est peut-être à l'origine des dissensions.

Ce qui exacerbe les tensions c'est de rendre visible la contestation dans le lycée là où la concorde et le silence doivent régner (comme si la concorde et le silence étaient une position non politique).

Je suis de plus en plus extrémiste. En fait, ils se sentent agressés car ils n'assument pas leur choix. Ils croient qu'on les critique ou que sais-je. Chez nous c'est pareil.
Si la réforme passe, je vous avoue qu'à la moindre plainte de ces personnes, je leur rentrerai dans le lard, et je n'aurai aucun scrupule à "mettre une mauvaise ambiance".

A ma connaissance aucun non gréviste n'a été molesté ou invectivé par un collègue gréviste dans l'Education nationale.
Ceux qui croient voir de la violence symbolique dans les dépliants syndicaux appelant à la mobilisation versent dans la sensiblerie pudibonde. Leur déniaisement serait souhaitable.

Cléopatra2 a écrit:En fait, ils se sentent agressés car ils n'assument pas leur choix. Ils croient qu'on les critique ou que sais-je.

C'est une forme de critique. Je n'hésite plus à signifier durement la réalité de la réforme et ainsi que leur complicité à mes collègues qui me font remarquer ma présence dans les quelques jours hors grèves (soit 3 jours depuis le début).

Cléopatra2 a écrit:Je suis de plus en plus extrémiste. En fait, ils se sentent agressés car ils n'assument pas leur choix. Ils croient qu'on les critique ou que sais-je. Chez nous c'est pareil.
Si la réforme passe, je vous avoue qu'à la moindre plainte de ces personnes, je leur rentrerai dans le lard, et je n'aurai aucun scrupule à "mettre une mauvaise ambiance".

Je pense comme toi : s'ils ne font pas grève parce qu'ils sont macronistes, ils assument leurs idées. S'ils ont des moyens financiers qui leur permettent d’encaisser la réforme, ils n'ont pas le droit de critiquer ceux qui se battent pour leur bifteck. Et si c'est au contraire par manque de moyens financiers, ils se doivent de remercier en silence ceux qui agissent pour eux.

Il y a cette tension en salle des professeurs, cela vient s'ajouter au fait qu'il y ait chez nous des désaccords entre organisations syndicales. 
L'échec de 2003 a laissé aussi des plaies béantes. 
Le fait d'appartenir à un groupe ou plus exactement de ne pas y appartenir exacerbe naturellement des tensions existantes ou en révèle. C'est inévitable.

Lefteris a écrit:

Cléopatra2 a écrit:Je suis de plus en plus extrémiste. En fait, ils se sentent agressés car ils n'assument pas leur choix. Ils croient qu'on les critique ou que sais-je. Chez nous c'est pareil.
Si la réforme passe, je vous avoue qu'à la moindre plainte de ces personnes, je leur rentrerai dans le lard, et je n'aurai aucun scrupule à "mettre une mauvaise ambiance".

Je pense comme toi : s'ils  ne font pas grève parce qu'ils sont macronistes, ils assument leurs idées.  S'ils ont des moyens financiers  qui leur permettent d’encaisser la réforme, ils n'ont pas le droit de critiquer ceux qui se battent pour leur bifteck.  Et si  c'est au contraire  par manque de moyens financiers, ils  se doivent de remercier en silence ceux qui agissent pour eux.

Pour avoir dit en substance la même chose en SDP, j'ai provoqué l'ire d'un collègue très à droite. Les mots échangés ont été âpres. Nous sommes désormais une minorité à témoigner par la mobilisation de notre colère. Pour les autres, atonie complète: gâteaux de Noël, tisanes, "Et comment on va organiser les E3C?".
J'avoue que je suis presque autant dégoûtée des collègues que de l'EN.

Orlanda a écrit:
Pour avoir dit en substance la même chose en SDP, j'ai provoqué l'ire d'un collègue très à droite. Les mots échangés ont été âpres. Nous sommes désormais une minorité à témoigner par la mobilisation de notre colère. Pour les autres, atonie complète: gâteaux de Noël, tisanes, "Et comment on va organiser les E3C?".
J'avoue que je suis presque autant dégoûtée des collègues que de l'EN.

Je serais curieux de connaître ses arguments. Parce que désormais, nous ne sommes plus dans des questions d'opinion , de point de vue, mais devant des faits évidents, que ce soit la volonté de prédation avouée des grands groupes comme BlackRock, l’immoralité de nos dirigeants et l'évidence des intérêts qu'ils représentent, et le résultat catastrophique sur les pensions.

Il faut bien réformer. Yapludargent. Il faut être réaliste. La dette.

Lefteris a écrit:

Orlanda a écrit:
Pour avoir dit en substance la même chose en SDP, j'ai provoqué l'ire d'un collègue très à droite. Les mots échangés ont été âpres. Nous sommes désormais une minorité à témoigner par la mobilisation de notre colère. Pour les autres, atonie complète: gâteaux de Noël, tisanes, "Et comment on va organiser les E3C?".
J'avoue que je suis presque autant dégoûtée des collègues que de l'EN.

Je serais curieux de connaître ses arguments. Parce que désormais, nous ne sommes plus dans des  questions d'opinion , de point de vue, mais devant des faits évidents, que ce soit la volonté de prédation avouée des grands groupes comme BlackRock, l’immoralité de nos dirigeants et l'évidence des intérêts qu'ils représentent, et le résultat catastrophique sur les pensions.

Il n'a pas d'arguments.  Il est contre le principe de la grève, et il dit que si on veut gagner plus d'argent, comme lui, il faut faire le plein d' HS. L'Etat n'est pas là pour nous entretenir, il faut "mouiller la chemise". Très primaire.
Quand je pense que nos détracteurs dénoncent notre corporatisme de gauchistes: je n'en ai jamais vu la couleur.

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Il faut bien réformer. Yapludargent. Il faut être réaliste. La dette.

Bingo!!!

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Il faut bien réformer. Yapludargent. Il faut être réaliste. La dette.

Pourtant il y en a assez pour inscrire en lycée des jeunes de plus de 16 ans qui n'ont pas le niveau du certif, et pour imposer aux STS et aux IUT de recruter en dépit du bon sens. Ainsi que pour payer les commissaires de police 1000 euros mensuels de plus que les enseignants de grade analogue (les agrégés).

Je ne sais s'il y a des tensions entre collègues au sujet de la grève puisque j'ignore tout bonnement ceux qui ne la font pas. Ils ne font plus partie de mon paysage mental. De toute façon mes sujets 90% du temps en salle des profs sont : la caisse de grève, et qui va à la prochaine manif. ça aide à filtrer pas mal.

Franchement, moi, je suis dégoûtée. Ce soir, remise des bulletins en seconde, ce matin des collègues étaient en train de se répartir les rendez-vous des grévistes à la récré, en râlant en plus. Un collègue qui devait rendre les bulletins de 17h30 à 19h viendra à 16h pour remplacer un gréviste. Une collègue qui est en jour d'enfant malade a été contactée par téléphone et viendra à 16h en laissant sa fille à une voisine, parce qu'"à cause" des grévistes, personne ne peut la remplacer. Les chefs n'ont rien demandé, les élèves non plus, les collègues font ça tout seul. J'ai suggéré de peut être déplacer des rendez-vous, d'en parler à l'administration, parce que quand même, le prof qui est en grève toute la semaine, c'est pour avoir de la visibilité aussi. pas pour que d'autres le remplace gratuitement, sans surtout rien dire aux familles et "briser la grève". Mais non, ça ne se fait pas, soit disant. Moi, je n'ai été gréviste que les grosses journée, mais j'aurai été gréviste la semaine, j'aurai été verte.
En plus, le collègue qui vient à 16h était gréviste mardi, mais a assuré, LUI, ses HUIT heures de cours. Et hallucine quand je lui dis que ce n'est pas malin.
edit : et je ne parle pas des grévistes présents en conseils de classe le 5/12 pour "ne pas se faire mal voir". aucune différence par rapport aux autres soirs.
Au secours !

A lire l'attitude de vos collègues, les 38 % d'enseignants qui ont voté Macron au 1er tour revêtent une réalité.

C'était 38 ??? Ebé !

Je me sens assez scrutée, mais c'est peut-être moi qui vois ça. Comme la collègue qui dit que ceux qui ne font pas grève verront bien au passage de la réforme (heu non....je ne suis pas d'accord, mes finances m'empêchent de faire grève comme je le souhaite, mais ça ne veut pas dire que j'approuve la réforme....)

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Il faut bien réformer. Yapludargent. Il faut être réaliste. La dette.

Non, non et non. Le problème n'est pas qu'il n'y a plus d'argent, le problème est qu'il y a TROP d'argent.

La masse monétaire totale de la zone euro était de 12500 milliards d'euro en 2018.

Elle a été multipliée par deux en quelques années.

Si vous mesurez votre salaire en valeur relative (et non absolue), cela signifie (en théorie relative de la monnaie) que votre salaire a été divisé par deux durant cet intervalle de temps. Posséder 10000 € d'économie ne signifie rien. Ce qui compte, c'est quelle valeur de la masse monétaire ça représente. C'est ça, la vraie mesure de votre richesse (ou de votre pauvreté !)

Les banques créent bien trop d'argent, c'est ça qui nous appauvris !

Oui.
Des tensions.
Rien de méchant, mais c'est palpable.

Les non-grévistes généralement ne jugent pas les grévistes.
L'inverse n'est pas toujours vrai...

Violet a écrit:Oui.
Des tensions.
Rien de méchant, mais c'est palpable.

Les non-grévistes généralement ne jugent pas les grévistes.
L'inverse n'est pas toujours vrai...

Euh... ce serait un comble ; si les grévistes, après s'être beaucoup battus et avoir perdu plein d'argent, la veille des fêtes qui plus est, obtenaient quelque chose, je suppose que les non-grévistes ne le refuseraient pas et sauraient en profiter, non ?

pi-connu a écrit:Les banques créent bien trop d'argent, c'est ça qui nous appauvris !

Seule la BCE peut créer des euros sortis de nulle part. Les banques commerciales ne peuvent que multiplier les euros de la banque centrale via l'effet multiplicateur du crédit.
Ceci dit, le taux directeur de la BCE est effectivement bien trop bas, mais c'est ainsi que les élites achètent la paix sociale (avec notre argent plus que le leur, au passage).

AsarteLilith a écrit:Je me sens assez scrutée, mais c'est peut-être moi qui vois ça. Comme la collègue qui dit que ceux qui ne font pas grève verront bien au passage de la réforme (heu non....je ne suis pas d'accord, mes finances m'empêchent de faire grève comme je le souhaite, mais ça ne veut pas dire que j'approuve la réforme....)

Les collègues qui ne font pas grève pour raisons financières, souvent viennent dire qu'ils nous soutiennent et parfois nous remercient.
Là on parle de ceux qui ne font pas grève et se sentent jugés par les grévistes. Alors en fait oui, je les juge, mais je ne leur dis pas en salle des profs et ne leur reproche rien. Je me contente d'envoyer des mails à l'ensemble des collègues, mais pour certains, c'est déjà trop.