- scot69Modérateur
Pour le travail de groupe, on a un système pas mal: dans la mesure du possible, nous avons un "trou en commun" avec les collègues de la même matière. Ça nous permet de nous retrouver ensemble SI BESOIN ... ou pas.
- LagomorpheFidèle du forum
Merci @pogonophile pour les exemples concrets.
Je comprends bien ceci, mais ces exemples en vrac suffisent à dégager quelques réponses à ta question initiale: qu'est-ce que la réunionite (ou si je puis reformuler: pourquoi les professeurs vont considérer certaines réunions comme de la réunionite) ?
1) Intervention indésirable du chef d'établissement dans un domaine strictement pédagogique: exemple "travailler sur la compréhension de la consigne ou sur l'expression écrite."
Ce n'est pas pour rien que l'institution a toujours séparé, dans le secondaire, la hiérarchie administrative (CdE) et l'évaluation des qualités pédagogiques (IPR/IG). Le CdE ne lisant pas, je pense, les copies ni leur correction, quelle serait la légitimité d'un tel diagnostic de sa part ? Si je détecte chez certains élèves des confusions sur un terme récurrent de mes consignes, ou des difficultés d'expression écrite, j'y remédie, c'est mon boulot. Ce n'est que dans le cas extrême où le problème serait signalé par les professeur comme touchant une part significative de l'ensemble des élèves de l'établissement, que l'intervention du CdE devient légitime. Ceci dit, s'il n'a pas d'heures à fournir pour permettre la mise en place d'aides, ça risque de ne pas servir à grand chose. Bref, une réunion sur ce genre d'objet relève pour moi de la réunionite.
2) Tentative de mise à contribution des professeurs dans un domaine qui n'est pas le leur: exemple des violences sur le parvis de l'établissement. Je ne suis pas compétent en matière de gestion de la violence en dehors de ma salle. Je trouverais normal qu'on m'informe de ces violences (par mail, pas par réunion imposée), et si j'ai une idée lumineuse dans ce domaine j'en ferai volontiers part au CdE ou aux CPE. Mais si je suis convoqué à réunion pour réfléchir sur ce sujet, je me demanderai du début à la fin ce que je fais là. Réunionite itou.
3) Convocation de professeurs pour discuter d'un projet facultatif pour lequel ils n'ont manifesté aucun intérêt. Le CdE peut bien sûr être à l'initiative d'un projet, et s'informer par mail des manifestations d'intérêt des uns et des autres, puis leur proposer de se réunir pour la mise en oeuvre. Mais si je me retrouve convoqué pour discuter d'un projet dans lequel je n'ai aucune intention de m'investir, réunionite derechef.
Corollaire: dans les autres exemples que tu cites, je n'aurais en revanche pas l'impression de perdre mon temps.
pogonophile a écrit:
@Cléopatra2
C'était juste quelques exemples en vrac, ils ne sont pas tous idéaux - et d'ailleurs je ne travaille pas sur tous ces sujets à la fois, c'est juste ce qui m'est venu au moment où je rédigeais.
Comme je ne souhaite pas rendre mon établissement, donc mon nom, identifiables, je n'ai pas cité notre travail en particulier.
Je comprends bien ceci, mais ces exemples en vrac suffisent à dégager quelques réponses à ta question initiale: qu'est-ce que la réunionite (ou si je puis reformuler: pourquoi les professeurs vont considérer certaines réunions comme de la réunionite) ?
1) Intervention indésirable du chef d'établissement dans un domaine strictement pédagogique: exemple "travailler sur la compréhension de la consigne ou sur l'expression écrite."
Ce n'est pas pour rien que l'institution a toujours séparé, dans le secondaire, la hiérarchie administrative (CdE) et l'évaluation des qualités pédagogiques (IPR/IG). Le CdE ne lisant pas, je pense, les copies ni leur correction, quelle serait la légitimité d'un tel diagnostic de sa part ? Si je détecte chez certains élèves des confusions sur un terme récurrent de mes consignes, ou des difficultés d'expression écrite, j'y remédie, c'est mon boulot. Ce n'est que dans le cas extrême où le problème serait signalé par les professeur comme touchant une part significative de l'ensemble des élèves de l'établissement, que l'intervention du CdE devient légitime. Ceci dit, s'il n'a pas d'heures à fournir pour permettre la mise en place d'aides, ça risque de ne pas servir à grand chose. Bref, une réunion sur ce genre d'objet relève pour moi de la réunionite.
2) Tentative de mise à contribution des professeurs dans un domaine qui n'est pas le leur: exemple des violences sur le parvis de l'établissement. Je ne suis pas compétent en matière de gestion de la violence en dehors de ma salle. Je trouverais normal qu'on m'informe de ces violences (par mail, pas par réunion imposée), et si j'ai une idée lumineuse dans ce domaine j'en ferai volontiers part au CdE ou aux CPE. Mais si je suis convoqué à réunion pour réfléchir sur ce sujet, je me demanderai du début à la fin ce que je fais là. Réunionite itou.
3) Convocation de professeurs pour discuter d'un projet facultatif pour lequel ils n'ont manifesté aucun intérêt. Le CdE peut bien sûr être à l'initiative d'un projet, et s'informer par mail des manifestations d'intérêt des uns et des autres, puis leur proposer de se réunir pour la mise en oeuvre. Mais si je me retrouve convoqué pour discuter d'un projet dans lequel je n'ai aucune intention de m'investir, réunionite derechef.
Corollaire: dans les autres exemples que tu cites, je n'aurais en revanche pas l'impression de perdre mon temps.
- TFSFidèle du forum
Pourquoi 3,14159 a écrit:Nous laisser faire, nous sommes des cadres de cat. A assez intelligents pour faire notre taf correctement.pogonophile a écrit:Pat B a écrit:Ce que je vois comme évolution nette, ces dernières années, c'est une tendance accrue de ce que j'appellerai "management par pression des pairs" (d'où l'injonction à travailler par groupe, à avoir des progressions communes) ; lorsqu'on nous enseignait ce genre de chose en école d'ingé, on ne nous en montrait que les côtés positifs : il y a l'idée que le groupe est supérieur à la somme des individus, et surtout l'auto-régulation des stratégies où on élimine les moins efficaces, l'harmonisation des modes de fonctionnement... mais jamais on ne nous parle en formation des retombées négatives en matière de pression ressentie ou de goût du travail par exemple. Et pourtant, dans notre métier particulièrement, c'est un type de management hautement toxique car susceptible de briser les motivations et le goût d'enseigner quand la pression du groupe amène à l'opposé de notre façon de faire.
Bref, je pense que c'est cette évolution qui est nocive. Certaines techniques de management sont vraiment toxiques. Pas toutes... Mais la mode actuelle ne va pas dans le bon sens.
Est-ce que tu peux développer ce point précis ? Et as-tu une idée de comment faire pour éviter cet écueil ?
C'est exactement cela ! Et, même si c'est accessoire, si des idées de travail en commun surgissent, et elles surgiront, naturellement, donner les moyens pour que les travaux aboutissent...
- SphinxProphète
Cléopatra2 a écrit:Pour ce que j'ai graissé, c'est typiquement inutile pour se mettre d'accord sur les mots de consigne et apprendre à rédiger.pogonophile a écrit:@Lagomorphe
Je te donne quelques exemples en vrac :
- faciliter la réussite des élèves : travailler sur le vocabulaire de la consigne (par exemple, le mot "décrire" qui n'a pas le même sens d'une matière à l'autre), s'entendre sur la préparation de l'oral du DNB, des examens blancs, des E3C, améliorer l'expression écrite dans toutes les disciplines
- travailler sur le climat : améliorer collectivement la gestion de telle classe compliquée, réfléchir à tel problème spécifique à l'établissement (par exemple, des violences répétées sur le parvis), construire un accueil pour les 6e ou les 2ndes
- proposer ou impulser des projets (non ce n'est pas sale) : qui veut répondre à cette proposition de résidence artistique, quels partenaires solliciter pour cette problématique éducative et qui va les intégrer à son cours
Bien sûr, il y a de nombreux enseignants qui savent communiquer et se coordonner. Pour autant, ils ne sont pas au fait de tout ce qu'il se passe, de tous les besoins, de tout ce que font leurs collègues.
"L'institution" en elle-même s'en préoccupe par vagues, soit par toquade du ministre (devoirs faits), soit parce que c'est une thématique contemporaine (prévenir le harcèlement). Le CdE, c'est selon le diagnostic de l'établissement, qui est plus pertinent s'il est partagé... donc réalisé en équipe.
Chaque discipline a ses spécificités, et c'est la réunion où personne ne sera d'accord, ni sur les moyens, ni sur le fond. L'horreur totale.
Quant à l'organisation des examens blancs, pour moi ça ne nécessite pas de réunion. Soit c'est le conseil péda qui organise (s'il n'y a rien d'autre à voir en conseil péda), soit c'est le chef.
Lagomorphe a écrit:Merci @pogonophile pour les exemples concrets.pogonophile a écrit:
@Cléopatra2
C'était juste quelques exemples en vrac, ils ne sont pas tous idéaux - et d'ailleurs je ne travaille pas sur tous ces sujets à la fois, c'est juste ce qui m'est venu au moment où je rédigeais.
Comme je ne souhaite pas rendre mon établissement, donc mon nom, identifiables, je n'ai pas cité notre travail en particulier.
Je comprends bien ceci, mais ces exemples en vrac suffisent à dégager quelques réponses à ta question initiale: qu'est-ce que la réunionite (ou si je puis reformuler: pourquoi les professeurs vont considérer certaines réunions comme de la réunionite) ?
1) Intervention indésirable du chef d'établissement dans un domaine strictement pédagogique: exemple "travailler sur la compréhension de la consigne ou sur l'expression écrite."
Ce n'est pas pour rien que l'institution a toujours séparé, dans le secondaire, la hiérarchie administrative (CdE) et l'évaluation des qualités pédagogiques (IPR/IG). Le CdE ne lisant pas, je pense, les copies ni leur correction, quelle serait la légitimité d'un tel diagnostic de sa part ? Si je détecte chez certains élèves des confusions sur un terme récurrent de mes consignes, ou des difficultés d'expression écrite, j'y remédie, c'est mon boulot. Ce n'est que dans le cas extrême où le problème serait signalé par les professeur comme touchant une part significative de l'ensemble des élèves de l'établissement, que l'intervention du CdE devient légitime. Ceci dit, s'il n'a pas d'heures à fournir pour permettre la mise en place d'aides, ça risque de ne pas servir à grand chose. Bref, une réunion sur ce genre d'objet relève pour moi de la réunionite.
2) Tentative de mise à contribution des professeurs dans un domaine qui n'est pas le leur: exemple des violences sur le parvis de l'établissement. Je ne suis pas compétent en matière de gestion de la violence en dehors de ma salle. Je trouverais normal qu'on m'informe de ces violences (par mail, pas par réunion imposée), et si j'ai une idée lumineuse dans ce domaine j'en ferai volontiers part au CdE ou aux CPE. Mais si je suis convoqué à réunion pour réfléchir sur ce sujet, je me demanderai du début à la fin ce que je fais là. Réunionite itou.
3) Convocation de professeurs pour discuter d'un projet facultatif pour lequel ils n'ont manifesté aucun intérêt. Le CdE peut bien sûr être à l'initiative d'un projet, et s'informer par mail des manifestations d'intérêt des uns et des autres, puis leur proposer de se réunir pour la mise en oeuvre. Mais si je me retrouve convoqué pour discuter d'un projet dans lequel je n'ai aucune intention de m'investir, réunionite derechef.
Corollaire: dans les autres exemples que tu cites, je n'aurais en revanche pas l'impression de perdre mon temps.
D'accord avec les réserves exprimées dans ces deux interventions, auxquelles j'ajouterais :
Ça ça fait typiquement partie du genre de trucs qui me saoulent. Plus ça va et plus on les accueille, on les coucougne, on les met en confiance, tout ça pour se rendre compte qu'ils sont parfaitement à l'aise pour se sentir les rois du monde mais que pour tout ce qui est important (i.e. intégrer les règles de l'établissement) là y a plus personne. On perdrait moins de temps à leur faire des escape game aux petits oignons (j'imagine que ce n'est pas forcément ce dont tu parlais mais ce n'est qu'un exemple) et un peu plus à préparer une rentrée qui se déroule sans erreurs, sans problèmes et sans accrocs, ni plus ni moins pour eux que pour les autres niveaux et les personnels, ce serait déjà un pas de géant. J'ai l'impression de perdre un temps de malade dans des réunions multiples tous les ans pour organiser l'accueil de la clientèle (accueil des CM2, 2e accueil des CM2, journée portes ouvertes, accueil des 6e sur une journée complète avec interdiction d'accueillir tout autre niveau dans l'établissement pour ne pas les traumatiser, et à peine c'est fait on recommence à faire des réunions pour parler de l'accueil des suivants. Mais stop quoi !)construire un accueil pour les 6e ou les 2ndes
Exemple parfait du genre de trucs qui pourrait se régler par mail... La réunion c'est pour après, pour ceux qui ont manifesté qu'ils étaient intéressés et qui veulent lancer le travail pour de bon.- proposer ou impulser des projets (non ce n'est pas sale) : qui veut répondre à cette proposition de résidence artistique, quels partenaires solliciter pour cette problématique éducative et qui va les intégrer à son cours
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- CathEnchanteur
Ah oui, ras-le-bol de devoir peaufiner des journées d'accueil d'un jour, de 2 jours pour des classes de seconde, ils ont 15 ans, faut-il vraiment leur tenir la main pendant heures ?
Résultat, au terme de cette journée d'accueil les élèves sont tellement détendus et en pleine forme qu'on se croirait en fin d'année... Même pas la petite appréhension de la rentrée qui permet de les mettre tout de suite au boulot. Une belle réussite, vraiment.
Résultat, au terme de cette journée d'accueil les élèves sont tellement détendus et en pleine forme qu'on se croirait en fin d'année... Même pas la petite appréhension de la rentrée qui permet de les mettre tout de suite au boulot. Une belle réussite, vraiment.
- VinZTDoyen
J'ai vu aussi des « journées d'intégration » organisées début octobre, toujours pour les pauvres choupinous de seconde, avec bien entendu les réunions qui vont avec, et les « porteurs » de projet fiers comme Artaban.
Si ça les amuse, ma foi, c'est leur problème, sauf qu'ils trouvent absolument normal de faire péter tes heures de cours, alors que tu n'as rien demandé. Vous savez, les fameuses heures dans lesquelles on doit « routiniser » mettre en place des « automatismes », travailleur l'autonomie …
En tout cas — simple observation de terrain sans grande valeur statistique — depuis qu'on apprend aux élèves l'autonomie à grand coups d'AP depuis la sixième, de journées d'intégration, d'accueil, de Pronote, d'ENT et autres merveilles, ceux qui me tombent sous le nez sont de moins en moins capables de se prendre en main tous seuls. Amusant de voir à quel point leurs smartphones ne leur permettent même pas de téléphoner pour demander, en cas d'absence, le travail à faire à un camarade.
Si ça les amuse, ma foi, c'est leur problème, sauf qu'ils trouvent absolument normal de faire péter tes heures de cours, alors que tu n'as rien demandé. Vous savez, les fameuses heures dans lesquelles on doit « routiniser » mettre en place des « automatismes », travailleur l'autonomie …
En tout cas — simple observation de terrain sans grande valeur statistique — depuis qu'on apprend aux élèves l'autonomie à grand coups d'AP depuis la sixième, de journées d'intégration, d'accueil, de Pronote, d'ENT et autres merveilles, ceux qui me tombent sous le nez sont de moins en moins capables de se prendre en main tous seuls. Amusant de voir à quel point leurs smartphones ne leur permettent même pas de téléphoner pour demander, en cas d'absence, le travail à faire à un camarade.
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« Il ne faut pas croire tout ce qu'on voit sur Internet » Victor Hugo.
« Le con ne perd jamais son temps. Il perd celui des autres. » Frédéric Dard
« Ne jamais faire le jour même ce que tu peux faire faire le lendemain par quelqu'un d'autre » Pierre Dac
« Je n'ai jamais lâché prise !» Claude François
« Un économiste est un expert qui saura demain pourquoi ce qu'il avait prédit hier ne s'est pas produit aujourd'hui. » Laurence J. Peter
- Mcready1Fidèle du forum
*Ombre* a écrit:Je suis d'accord avec Zagara.
J'invite ceux qui ne l'ont pas encore fait à écouter l''émission de Louise Tourret consacré aux suicides des enseignants (ne vous fiez pas au titre qui renvoie à la e partie de l'émission) :
https://www.franceculture.fr/emissions/etre-et-savoir/tous-chez-lorthophoniste
L'un des invités y dit très bien à quel point les transformations apportées par le "new management" ont créé le malaise, dépossédé les professionnels de toute une partie de leur travail et vidé ce travail de son sens.
Il y avait un (en fait, trois) doc sur Arte et un passage a particulièrement retenu mon attention ((de 19:48 à 26:38) :
https://www.arte.tv/fr/videos/083305-002-A/travail-salaire-profit-emploi/?fbclid=IwAR0MEcXbNoi0rx5Uo3iXbYm97gAeL8fg4NnxQTuFbc15vE6aldosnX3tq00
Elle traite du passage à ce type de management privé au public.
- frimoussette77Guide spirituel
J'ai vu des journées d'intégration ….. en juin Et ce qui me fait pleurer, c'est le coût de ces journées !VinZT a écrit:J'ai vu aussi des « journées d'intégration » organisées début octobre, toujours pour les pauvres choupinous de seconde, avec bien entendu les réunions qui vont avec, et les « porteurs » de projet fiers comme Artaban.
.
- *Ombre*Grand sage
Je débarque après quelques échanges tumultueux.
J'entends que Pogonophile parle pour lui, dans le souci de mieux cerner ce qu'est, aux yeux des enseignants, une réunion inutile, avec pour horizon un réel souci du bien-être des professeurs. Il a plusieurs fois exprimé très clairement ce souci et je ne vois pas pourquoi nous ne lui ferions pas crédit de sa bonne foi (ou alors, nous pouvons soupçonner tout le monde d'imposture et nous perdons tous notre temps sur ce forum). Pogonophile, tu parles de ton point de vue, qui peut s'entendre.
Et plusieurs professeurs (dont je fais partie) te répondent de leur point de vue, qui est le reflet de ce qu'ils vivent au quotidien, qui n'est pas forcément le travail avec un chef soucieux de leur bien-être mais plus tristement le résultat des politiques de management (je crois que le terme est celui qui convient, avec sa connotation) aux conséquences douloureuses, dont ces fameuses réunions démultipliées sont un aspect.
Je pose l'honnêteté de ta démarche comme un a priori, Pogonophile, donc je ne saurais trop te recommander d'écouter l'émission dont j'ai mis le lien, ainsi que la vidéo postée par Macready (le passage cité) que je remercie au passage, car elle dit des choses très intéressantes, et qui répondent en partie à ton questionnement.
Ce n'est pas à moi que tu poses la question, mais je me permets de donner ma réponse (et Pat complétera ou contredira si nécessaire).
L'exemple type, c'est la réunion faite pour imposer des décisions "d'en haut", ces fameuses réunions qui nous imposent des procédures, niant notre savoir-faire et nous privant de toute une partie de notre travail, sa part de conception (nous réduisant à des exécutants imbéciles) pourtant essentielle à sa cohérence. Ces dernières années, nous avons ainsi eu l'évaluation par compétences, les EPI, l'AP nouvelle formule, la co-intervention posée comme un bien en soi... À chaque fois, le déroulement est le même. Nous, enseignants du terrain, n'avons rien demandé. Un bureaucrate (ou plutôt son relais dans la chaîne hiérarchique) nous explique que, désormais, bien enseigner, bien évaluer, c'est enseigner comme ci, c'est évaluer comme, et que tout ce que nous avons fait avant était plus ou moins de la merde (combien d'enseignant ont eu ce sentiment lors des formations à la réforme du collège ?). Il nous donne des directives très générales (travaillez en projet, en interdisciplinarité, croisez des compétences...) mais rien de très clair et ne répond pas à nos questions concrètes (nous laissant dans un grand désarroi qui conduit un grand nombre à se raccrocher aux textes, c'est-à-dire à la corde avec laquelle on est en train de les pendre) car, de toute façon, il s'en fout, il n'y est jamais, lui, sur le terrain, son job, c'est juste de faire passer les consignes d'en haut et de justifier les nouvelles coupes dans nos horaires et nos budgets.
Quand un enseignant en conclut que les EPI sont à des usines à gaz, que l'évaluation par compétences est un cache-misère qui empêche de développer de vraies solutions, que l'AP nouvelle formule, sans moyens, sans groupes, est un pur artefact de communication, il n'en est pas moins sommé de faire comme tout le monde : l'argument du travail en équipe fonctionne bien comme un moyen de pression du groupe sur les individus, de normalisation des pratiques, ce que j'appelais précédemment les fourches caudines du ministère. Et l'enseignant qui, comme je l'ai été, comme nous avons été nombreux et sommes encore nombreux à l'être, se retrouve à devoir adopter contre son gré des pratiques contraires à ses convictions est en effet particulièrement démotivant.
Les exemples que je donne sont précis, nombreux et récents.
Le mécanisme que je décris avec ces exemples est très exactement celui que décrivent les sociologues du travail quand ils parlent de perte de sens, d'instrumentalisation des professionnels soumis à des décisions absurdes, niés dans leurs compétences, rendus interchangeables. C'est très exactement ça, du management toxique, cynique, et le fonctionnement récent de l'EN (ou moins récent, d'ailleurs, comme a l'air de le dire PatB) y ressortit pleinement.
C'est ça, que nous essayons de t'expliquer.
J'aimerais le faire sans noms d'oiseaux ni anathèmes. Si, comme je le crois, tu es sincère dans ton questionnement, entends nos réponses et nourris ta réflexion des liens postés.
J'entends que Pogonophile parle pour lui, dans le souci de mieux cerner ce qu'est, aux yeux des enseignants, une réunion inutile, avec pour horizon un réel souci du bien-être des professeurs. Il a plusieurs fois exprimé très clairement ce souci et je ne vois pas pourquoi nous ne lui ferions pas crédit de sa bonne foi (ou alors, nous pouvons soupçonner tout le monde d'imposture et nous perdons tous notre temps sur ce forum). Pogonophile, tu parles de ton point de vue, qui peut s'entendre.
Et plusieurs professeurs (dont je fais partie) te répondent de leur point de vue, qui est le reflet de ce qu'ils vivent au quotidien, qui n'est pas forcément le travail avec un chef soucieux de leur bien-être mais plus tristement le résultat des politiques de management (je crois que le terme est celui qui convient, avec sa connotation) aux conséquences douloureuses, dont ces fameuses réunions démultipliées sont un aspect.
Je pose l'honnêteté de ta démarche comme un a priori, Pogonophile, donc je ne saurais trop te recommander d'écouter l'émission dont j'ai mis le lien, ainsi que la vidéo postée par Macready (le passage cité) que je remercie au passage, car elle dit des choses très intéressantes, et qui répondent en partie à ton questionnement.
pogonophile a écrit:Pat B a écrit:Ce que je vois comme évolution nette, ces dernières années, c'est une tendance accrue de ce que j'appellerai "management par pression des pairs" (d'où l'injonction à travailler par groupe, à avoir des progressions communes) ; lorsqu'on nous enseignait ce genre de chose en école d'ingé, on ne nous en montrait que les côtés positifs : il y a l'idée que le groupe est supérieur à la somme des individus, et surtout l'auto-régulation des stratégies où on élimine les moins efficaces, l'harmonisation des modes de fonctionnement... mais jamais on ne nous parle en formation des retombées négatives en matière de pression ressentie ou de goût du travail par exemple. Et pourtant, dans notre métier particulièrement, c'est un type de management hautement toxique car susceptible de briser les motivations et le goût d'enseigner quand la pression du groupe amène à l'opposé de notre façon de faire.
Bref, je pense que c'est cette évolution qui est nocive. Certaines techniques de management sont vraiment toxiques. Pas toutes... Mais la mode actuelle ne va pas dans le bon sens.
Est-ce que tu peux développer ce point précis ? Et as-tu une idée de comment faire pour éviter cet écueil ?
.
Ce n'est pas à moi que tu poses la question, mais je me permets de donner ma réponse (et Pat complétera ou contredira si nécessaire).
L'exemple type, c'est la réunion faite pour imposer des décisions "d'en haut", ces fameuses réunions qui nous imposent des procédures, niant notre savoir-faire et nous privant de toute une partie de notre travail, sa part de conception (nous réduisant à des exécutants imbéciles) pourtant essentielle à sa cohérence. Ces dernières années, nous avons ainsi eu l'évaluation par compétences, les EPI, l'AP nouvelle formule, la co-intervention posée comme un bien en soi... À chaque fois, le déroulement est le même. Nous, enseignants du terrain, n'avons rien demandé. Un bureaucrate (ou plutôt son relais dans la chaîne hiérarchique) nous explique que, désormais, bien enseigner, bien évaluer, c'est enseigner comme ci, c'est évaluer comme, et que tout ce que nous avons fait avant était plus ou moins de la merde (combien d'enseignant ont eu ce sentiment lors des formations à la réforme du collège ?). Il nous donne des directives très générales (travaillez en projet, en interdisciplinarité, croisez des compétences...) mais rien de très clair et ne répond pas à nos questions concrètes (nous laissant dans un grand désarroi qui conduit un grand nombre à se raccrocher aux textes, c'est-à-dire à la corde avec laquelle on est en train de les pendre) car, de toute façon, il s'en fout, il n'y est jamais, lui, sur le terrain, son job, c'est juste de faire passer les consignes d'en haut et de justifier les nouvelles coupes dans nos horaires et nos budgets.
Quand un enseignant en conclut que les EPI sont à des usines à gaz, que l'évaluation par compétences est un cache-misère qui empêche de développer de vraies solutions, que l'AP nouvelle formule, sans moyens, sans groupes, est un pur artefact de communication, il n'en est pas moins sommé de faire comme tout le monde : l'argument du travail en équipe fonctionne bien comme un moyen de pression du groupe sur les individus, de normalisation des pratiques, ce que j'appelais précédemment les fourches caudines du ministère. Et l'enseignant qui, comme je l'ai été, comme nous avons été nombreux et sommes encore nombreux à l'être, se retrouve à devoir adopter contre son gré des pratiques contraires à ses convictions est en effet particulièrement démotivant.
Les exemples que je donne sont précis, nombreux et récents.
Le mécanisme que je décris avec ces exemples est très exactement celui que décrivent les sociologues du travail quand ils parlent de perte de sens, d'instrumentalisation des professionnels soumis à des décisions absurdes, niés dans leurs compétences, rendus interchangeables. C'est très exactement ça, du management toxique, cynique, et le fonctionnement récent de l'EN (ou moins récent, d'ailleurs, comme a l'air de le dire PatB) y ressortit pleinement.
C'est ça, que nous essayons de t'expliquer.
J'aimerais le faire sans noms d'oiseaux ni anathèmes. Si, comme je le crois, tu es sincère dans ton questionnement, entends nos réponses et nourris ta réflexion des liens postés.
- Ajonc35Sage
Tous ces messages me font pleurer. Je suis en fin de parcours et des réunions j'en ai connues. Au tout début de ma carrière, il y a même un établissement où c'était tous les 15 jours, mais je n'ai jamais eu le sentiment de m'y ennuyer ou de trouver qu'elles ne servaient à rien. Depuis cela s'est dégradé et cette dégradation est surtout le fait qu'entre deux réunions , il ne se passe rien ou pas grand chose ce qui explique qu'à la réunion suivante on reprend une partie de la précédente et cela toute l'année.
Il y a aussi les réunions qui ne servent à rien, mais qui font du bien au chef d'état et à ses bouffons ( y en a toujours partout où je suis passée, les mêmes qui disent que c'était intéressant puis se ravisent en petits comités.
Cet échange me rappelle une réunion " pédagogique" ( rien de pédagogique) où on m'a affectée à un groupe pour réfléchir à la parole des élèves dans notre établissement. Nous avons beaucoup échangé, mais vraiment beaucoup et tout ça a abouti à la création d'un conseil de la vie lycéenne ( qui était déjà dans les tuyaux) et que s'y passe t-il dans ce CVL : rien ou pas grand chose. Une journée entière - avec enseignants et personnel de la vie scolaire et pas de cours - pour ça, mais le CDE a rempli la case : "mise en place du conseil de la vie lycéenne" et mieux " en concertation avec "
Une autre réunion dite encore " pédagogique" où le CDE Adjoint a "mis" tous ceux qui ne cochaient pas la case " réforme", " voyages scolaires", et d'autres thèmes guère plus intéressants ( sauf réforme) à un atelier " échanges sur la poursuite d'études des élèves ". Atelier pour lequel nous avons mijoté entre nous, et surtout fait semblant car nous soupçonnions un des participants d'être un "bouffon", bref encore une journée de perdue pour avancer dans mes cours et avec mes élèves.
Sans compter les réunions en soirée où tout est déjà décidé, qui sont juste informelles (une lettre du CDE nous suffirait), les réunions pour faire le quota, les réunions avec le CDE qui s'écoute mais il est bien le seul ( avec les bouffons)
Pour en parler avec une amie psychologue, elle me dit et me répète de m'éloigner de tout ce qui ne fait pas sens dans mon métier et elle trouve que ce que je fais manque de plus en plus de sens.
Si multiplier les réunions avaient fait avancer nos élèves, cela se saurait. Je fais partie de ces derniers élèves qui ont passé l'examen des bourses et notre institutrice de CM2 nous gardait après la classe pour nous aider. Aujourd'hui on peut de moins en moins aider les élèves, happer par des tâches inutiles. Ceci est valable pour tous dans notre Institution quel que soit notre poste. On fait du présentiel. On coche les cases et on perd de vue notre présentiel auprès des élèves.
Il y a aussi les réunions qui ne servent à rien, mais qui font du bien au chef d'état et à ses bouffons ( y en a toujours partout où je suis passée, les mêmes qui disent que c'était intéressant puis se ravisent en petits comités.
Cet échange me rappelle une réunion " pédagogique" ( rien de pédagogique) où on m'a affectée à un groupe pour réfléchir à la parole des élèves dans notre établissement. Nous avons beaucoup échangé, mais vraiment beaucoup et tout ça a abouti à la création d'un conseil de la vie lycéenne ( qui était déjà dans les tuyaux) et que s'y passe t-il dans ce CVL : rien ou pas grand chose. Une journée entière - avec enseignants et personnel de la vie scolaire et pas de cours - pour ça, mais le CDE a rempli la case : "mise en place du conseil de la vie lycéenne" et mieux " en concertation avec "
Une autre réunion dite encore " pédagogique" où le CDE Adjoint a "mis" tous ceux qui ne cochaient pas la case " réforme", " voyages scolaires", et d'autres thèmes guère plus intéressants ( sauf réforme) à un atelier " échanges sur la poursuite d'études des élèves ". Atelier pour lequel nous avons mijoté entre nous, et surtout fait semblant car nous soupçonnions un des participants d'être un "bouffon", bref encore une journée de perdue pour avancer dans mes cours et avec mes élèves.
Sans compter les réunions en soirée où tout est déjà décidé, qui sont juste informelles (une lettre du CDE nous suffirait), les réunions pour faire le quota, les réunions avec le CDE qui s'écoute mais il est bien le seul ( avec les bouffons)
Pour en parler avec une amie psychologue, elle me dit et me répète de m'éloigner de tout ce qui ne fait pas sens dans mon métier et elle trouve que ce que je fais manque de plus en plus de sens.
Si multiplier les réunions avaient fait avancer nos élèves, cela se saurait. Je fais partie de ces derniers élèves qui ont passé l'examen des bourses et notre institutrice de CM2 nous gardait après la classe pour nous aider. Aujourd'hui on peut de moins en moins aider les élèves, happer par des tâches inutiles. Ceci est valable pour tous dans notre Institution quel que soit notre poste. On fait du présentiel. On coche les cases et on perd de vue notre présentiel auprès des élèves.
- User17095Érudit
Tout tumulte mis à part, je trouve cet échange très enrichissant, parce qu'il permet à chacun de voir à quel point les visions, les approches, les conceptions sont différentes - alors que la finalité "être bien au travail pour bien travailler" devrait évidemment faire consensus. Merci de m'en faire crédit.
Je suis assez déstabilisé par cette idée que je n'avais pas assez intégrée, selon laquelle le travail en équipe et l'échange de pratiques pouvait arriver à une forme de pression, qui impose un changement sans adhésion, donc de la souffrance. On ne peut accepter de faire évoluer ses pratiques, donc de prendre un risque, que si on est en confiance et stable. La multiplication des injonctions qui changent tous les deux ans n'est certainement pas un facteur de stabilité, au contraire, ça fait perdre le sens de ce qu'on fait. La culture du "chacun seul dans sa salle et surtout que personne ne vienne regarder, tout va très bien merci de ne pas vous en soucier" n'aide pas non plus, mais c'est un autre sujet.
Pourtant, je crois en la pertinence des changements de pratiques, ou plus précisément de donner un maximum de possibilités de faire des changements, pour deux raisons.
D'une part, les résultats globaux des élèves montrent bien qu'on ne les fait pas aussi bien progresser qu'on voudrait - les indicateurs les plus pertinents à mes yeux n'étant pas ceux relatifs à un niveau global, mais à la différence des progrès effectués, entre les plus favorisés et les moins favorisés ; une école qui ne surmonte pas les déterminismes, c'est une école qui ne fonctionne pas assez bien. Personne n'est satisfait de ce que nous faisons aujourd'hui. Il y a, certes, une question de moyens et d'investissement ; il y a aussi une possibilité d'évolution des pratiques.
D'autre part, la formation initiale des enseignants étant ce qu'elle est, le "répertoire pédagogique" est souvent très étroit, surtout en début de carrière. L'essentiel s'acquiert sur le tas, ou en discutant entre deux portes. Partant du principe que chacun peut évoluer dans sa pratique, et que chaque approche pédagogique a ses mérites, il me semble nécessaire d'échanger un maximum pour s'enrichir mutuellement, ce qui passe par du travail en groupe. Parce que dans tout ce que tu cites, les EPI ne sont pas forcément des usines à gaz, l'évaluation par compétences n'est pas forcément un cache-misère, etc, on trouve mille retours qui en montrent l'intérêt ; par contre, ce qui est certain, c'est que si c'est mal préparé, ou imposé à des enseignants qui n'adhèrent pas, ça ne peut que mal finir.
A mon sens, le rôle pédagogique du chef d'établissement s'exprime là, en favorisant la formation des enseignants, en leur donnant la possibilité d'innover (et je ne parle pas d'inventer encore autre chose, mais d'innover pour eux-mêmes, en faisant quelque chose qui existe déjà mais dont ils ne sont pas familiers), et de partager leurs expériences. L'enjeu, c'est d'enrichir effectivement leur répertoire pédagogique, donc d'exercer en conscience leur liberté pédagogique.
C'est dans cette dernière notion que se cache, paradoxalement, un nœud. La fameuse "liberté pédagogique", elle concerne le choix des méthodes et des moyens... donc elle ne peut pas être exercée si on ne sait pratiquer que d'une manière, que d'une façon. Et donc, elle peut aussi bien être invoquée pour dire "je pense que telle façon de faire est la plus adaptée à ces élèves, donc je ne m'appuierai pas sur le petit livre orange" que pour dire "je veux rester immobile, c'est aux élèves de s'adapter et pas à moi, même si je vois bien qu'ils n'y parviennent pas du tout."
J'entends dans ce que tu dis qu'elle peut aussi vouloir dire une troisième chose, "j'en ai marre qu'on m'agite sous le nez tel collègue prodigieux ou telle méthode formidable, j'essaie de bien faire et c'est déjà assez compliqué comme ça."
La solution, c'est la mise en place de conditions d'échange qui ne soient pas anxiogènes. Je ne crois pas que laisser faire suffise, la culture des salles de profs n'encourage pas à la prise de risque. C'est donc un vrai travail demanagement de direction d'équipe qui doit être conduit pour permettre à chacun de s'enrichir sans être mis en difficulté.
Je suis assez déstabilisé par cette idée que je n'avais pas assez intégrée, selon laquelle le travail en équipe et l'échange de pratiques pouvait arriver à une forme de pression, qui impose un changement sans adhésion, donc de la souffrance. On ne peut accepter de faire évoluer ses pratiques, donc de prendre un risque, que si on est en confiance et stable. La multiplication des injonctions qui changent tous les deux ans n'est certainement pas un facteur de stabilité, au contraire, ça fait perdre le sens de ce qu'on fait. La culture du "chacun seul dans sa salle et surtout que personne ne vienne regarder, tout va très bien merci de ne pas vous en soucier" n'aide pas non plus, mais c'est un autre sujet.
Pourtant, je crois en la pertinence des changements de pratiques, ou plus précisément de donner un maximum de possibilités de faire des changements, pour deux raisons.
D'une part, les résultats globaux des élèves montrent bien qu'on ne les fait pas aussi bien progresser qu'on voudrait - les indicateurs les plus pertinents à mes yeux n'étant pas ceux relatifs à un niveau global, mais à la différence des progrès effectués, entre les plus favorisés et les moins favorisés ; une école qui ne surmonte pas les déterminismes, c'est une école qui ne fonctionne pas assez bien. Personne n'est satisfait de ce que nous faisons aujourd'hui. Il y a, certes, une question de moyens et d'investissement ; il y a aussi une possibilité d'évolution des pratiques.
D'autre part, la formation initiale des enseignants étant ce qu'elle est, le "répertoire pédagogique" est souvent très étroit, surtout en début de carrière. L'essentiel s'acquiert sur le tas, ou en discutant entre deux portes. Partant du principe que chacun peut évoluer dans sa pratique, et que chaque approche pédagogique a ses mérites, il me semble nécessaire d'échanger un maximum pour s'enrichir mutuellement, ce qui passe par du travail en groupe. Parce que dans tout ce que tu cites, les EPI ne sont pas forcément des usines à gaz, l'évaluation par compétences n'est pas forcément un cache-misère, etc, on trouve mille retours qui en montrent l'intérêt ; par contre, ce qui est certain, c'est que si c'est mal préparé, ou imposé à des enseignants qui n'adhèrent pas, ça ne peut que mal finir.
A mon sens, le rôle pédagogique du chef d'établissement s'exprime là, en favorisant la formation des enseignants, en leur donnant la possibilité d'innover (et je ne parle pas d'inventer encore autre chose, mais d'innover pour eux-mêmes, en faisant quelque chose qui existe déjà mais dont ils ne sont pas familiers), et de partager leurs expériences. L'enjeu, c'est d'enrichir effectivement leur répertoire pédagogique, donc d'exercer en conscience leur liberté pédagogique.
C'est dans cette dernière notion que se cache, paradoxalement, un nœud. La fameuse "liberté pédagogique", elle concerne le choix des méthodes et des moyens... donc elle ne peut pas être exercée si on ne sait pratiquer que d'une manière, que d'une façon. Et donc, elle peut aussi bien être invoquée pour dire "je pense que telle façon de faire est la plus adaptée à ces élèves, donc je ne m'appuierai pas sur le petit livre orange" que pour dire "je veux rester immobile, c'est aux élèves de s'adapter et pas à moi, même si je vois bien qu'ils n'y parviennent pas du tout."
J'entends dans ce que tu dis qu'elle peut aussi vouloir dire une troisième chose, "j'en ai marre qu'on m'agite sous le nez tel collègue prodigieux ou telle méthode formidable, j'essaie de bien faire et c'est déjà assez compliqué comme ça."
La solution, c'est la mise en place de conditions d'échange qui ne soient pas anxiogènes. Je ne crois pas que laisser faire suffise, la culture des salles de profs n'encourage pas à la prise de risque. C'est donc un vrai travail de
- Pat BÉrudit
pogonophile a écrit:Pat B a écrit:Ce que je vois comme évolution nette, ces dernières années, c'est une tendance accrue de ce que j'appellerai "management par pression des pairs" (d'où l'injonction à travailler par groupe, à avoir des progressions communes) ; lorsqu'on nous enseignait ce genre de chose en école d'ingé, on ne nous en montrait que les côtés positifs : il y a l'idée que le groupe est supérieur à la somme des individus, et surtout l'auto-régulation des stratégies où on élimine les moins efficaces, l'harmonisation des modes de fonctionnement... mais jamais on ne nous parle en formation des retombées négatives en matière de pression ressentie ou de goût du travail par exemple. Et pourtant, dans notre métier particulièrement, c'est un type de management hautement toxique car susceptible de briser les motivations et le goût d'enseigner quand la pression du groupe amène à l'opposé de notre façon de faire.
Bref, je pense que c'est cette évolution qui est nocive. Certaines techniques de management sont vraiment toxiques. Pas toutes... Mais la mode actuelle ne va pas dans le bon sens.
Est-ce que tu peux développer ce point précis ? Et as-tu une idée de comment faire pour éviter cet écueil ?
Il faut avoir en tête que notre métier est plus proche de l'artisanat que de l'industrie. Chaque enseignant va enseigner à sa manière, avec sa personnalité, son caractère. Lui imposer des façons d'enseigner qui ne lui correspondent pas est néfaste pour plusieurs raisons, en particulier : 1) parce que ça sous-entend que tout ce qu'il faisait jusqu'à présent est mauvais, donc côté estime de soi c'est pas top ; 2) parce que certaines façons d'enseigner peuvent ne pas correspondre du tout à son caractère et l'amener à être totalement inefficace (et là aussi, c'est destructeur pour lui et mauvais pour la classe). Certains sont très bon en cours "magistral" qu'ils savent rendre passionnant, d'autres sont meilleurs en "animateur" en travaux de groupes et aiment créer des activités qui amèneront l'élève à avancer (mais ne pourront pas forcément s'approprier des activités créées par d'autres). Certains sont plus "coach sportif", certains plus "juge froid et impartial", certains sont plus directifs, d'autres beaucoup moins, certains ne supportent pas le moindre bruit, d'autres s'en accommodent...
Or, l'injonction à travailler ensemble amène les enseignants à comparer leurs techniques. Cela peut être positif (on s'inspire des idées des autres), ça peut aussi être très négatif si certains veulent imposer leur façon de faire aux autres (j'en ai été témoin dans une équipe de maths où l'une voulait imposer une progression spiralée à deux plus anciennes qui refusaient et voulaient imposer leur progression commune... il y a eu de fortes tensions, accusation d'incompétence de part et d'autre, soutien des parents d'un côté, de l'inspecteur de l'autre, avec souffrance et dépression de part et d'autre). Ça peut être mitigé pour un enseignant qui voudra s'approprier des pratiques qui fonctionnent pour d'autres mais pas pour lui (il peut se sentir incompétent... alors que c'est juste une façon de faire qui lui correspond mal).
Enfin, tout simplement, des collègues aiment ce métier pour la liberté, l'espace de création qu'il offre (préparer les cours, c'est le meilleur moment!). Sacrifier cette liberté parce qu'on impose de travailler en groupe, ça enlève une partie de l'attrait du métier. Même la liberté de progression est importante, parce qu'on choisit de s'appuyer sur tel ou tel acquis antérieur pour amener telle ou telle notion, parce qu'on sait qu'on insistera de cette façon plus sur telle ou telle chose qui nous semble importante (et là, un débat entre collègues pour choisir ce qui est le plus important laissera chacun sur ses positions avec de la frustration de tous les côtés). Et ainsi, même la notion de "progression commune" peut être mal vécue. S'entendre sur des objectifs de mi-parcours pour les épreuves communes est déjà, dans certains cas, un casse-tête...
Accessoirement : se mettre d'accord sur une progression, un DS, ça prend un temps fou, le double ou le triple de ce qu'il nous faudrait en décidant seul. Or on a de moins en moins de temps, car on a de plus en plus de petites tâches chronophages (monter un dossier pour une sortie -j'ai connu l'époque où ça se décidait sans paperasse!-, faire des réunions PPRE ou école-collège, voir de plus en plus les parents, adapter les photocops pour un dyspraxique, cocher des compétences dans un logiciel qui buggue,...)
Bref, il faut juste avoir en tête que l'enseignant doit être libre et maître de ses choix (dans les limites du programme), et pour ça, ne pas imposer le travail en commun. On peut l'encourager, organiser des temps d'échanges (une heure de trou en commun c'est le top mais ce n'est pas toujours possible), juste pour qu'on y puise de l'enrichissement, mais sans rien imposer. Selon les personnes, les caractères, le travail en groupe n'est pas forcément possible ni souhaitable. Mon mari a frôlé le burn-out parce qu'on l'obligeait à travailler en équipe alors qu'il fonctionne de façon diamétralement opposé à l'un de ses collègues... rien que se mettre d'accord sur des critères d'évaluation était un cauchemar (certes, ça s'ajoutait à d'autres choses, notamment un manque de soutien de la direction face à de gros soucis dans la classe où il était PP... mais c'est une injonction supplémentaire à faire un DS commun qui l'a amené à l'arrêt de travail). On travaille sur de l'humain, chaque équipe est différente...
Ce qu'il faut garder en tête c'est qu'on a besoin d'être bien dans ses basket pour enseigner. Car dans la classe, on est seuls face aux élèves. Et si on est fragilisés parce qu'on nous impose un mode de fonctionnement qui ne nous convient pas, ou s'il y a des tensions dans l'équipe qui nous gâchent l'humeur, c'est mauvais, pour l'enseignant comme pour la classe.
Comme nous l'avait dit un (super) CDE : "mon boulot, c'est de faire en sorte que vous puissiez faire le vôtre le plus sereinement possible." (il parlait du barrage qu'il faisait pour nous préserver des récriminations des parents)
Cela dit, j'ai connu à mes débuts un management participatif super positif, où on décidait vraiment tout ensemble, très bien vécu parce qu'on était une petite équipe soudée... et que le boulot était globalement moins dur donc il nous restait de l'énergie pour discuter (classes moins difficiles, et pas de PPS, PPRE et autres...) ; et surtout parce qu'on avait une vraie confiance, entre nous et de la part de notre CDE, on avait la conviction d’œuvrer dans le même but, on savait s'écouter et parvenir à un consensus, tout en respectant pleinement les libertés, spécificités et points faibles de chacun... et pourtant, dans nos matières respectives, on bossait chacun de notre côté à notre sauce, il y avait un respect absolu de la liberté pédagogique de chacun. Je n'ai plus jamais retrouvé une équipe fonctionnant aussi bien. Mais c'était aussi un temps où les enseignants passaient toute leur carrière dans le même établissement et formaient, à la longue, une équipe soudée (un petit collège rural privé).
Cela dit, aujourd'hui, avec toutes les petites tâches et réunions qui se sont ajoutées, même si je retrouvais ce genre de super équipe, je crois qu'aucun de nous n'aurait plus le courage de se réunir une fois par mois pour prendre les décisions...
- frimoussette77Guide spirituel
Cela peut créer aussi des tensions qui n'existaient pas auparavant. Une équipe fonctionne tant bien que mal, un CDE veut tout révolutionner et l'équipe explose complètement (et pas qu'en lettres!).pogonophile a écrit:
Je suis assez déstabilisé par cette idée que je n'avais pas assez intégrée, selon laquelle le travail en équipe et l'échange de pratiques pouvait arriver à une forme de pression, qui impose un changement sans adhésion, donc de la souffrance. On ne peut accepter de faire évoluer ses pratiques, donc de prendre un risque, que si on est en confiance et stable. La multiplication des injonctions qui changent tous les deux ans n'est certainement pas un facteur de stabilité, au contraire, ça fait perdre le sens de ce qu'on fait. La culture du "chacun seul dans sa salle et surtout que personne ne vienne regarder, tout va très bien merci de ne pas vous en soucier" n'aide pas non plus, mais c'est un autre sujet.
Et puis comment vérifier que les nouvelles pratiques fonctionnent ? Le taux de réussite au brevet quand on voit ce que les compétences permettent ….
Les parents veulent de bonnes notes, on aménage, on fait à la place de l'enfant, on lui en demande moins : les notes sont meilleures : il a progressé, c'est bien on continue alors que l'élève n'en fait, n'en sait pas plus. C'est tellement subjectif !
- Monsieur_TeslaNiveau 10
Pat B a écrit:pogonophile a écrit:Pat B a écrit:Ce que je vois comme évolution nette, ces dernières années, c'est une tendance accrue de ce que j'appellerai "management par pression des pairs" (d'où l'injonction à travailler par groupe, à avoir des progressions communes) ; lorsqu'on nous enseignait ce genre de chose en école d'ingé, on ne nous en montrait que les côtés positifs : il y a l'idée que le groupe est supérieur à la somme des individus, et surtout l'auto-régulation des stratégies où on élimine les moins efficaces, l'harmonisation des modes de fonctionnement... mais jamais on ne nous parle en formation des retombées négatives en matière de pression ressentie ou de goût du travail par exemple. Et pourtant, dans notre métier particulièrement, c'est un type de management hautement toxique car susceptible de briser les motivations et le goût d'enseigner quand la pression du groupe amène à l'opposé de notre façon de faire.
Bref, je pense que c'est cette évolution qui est nocive. Certaines techniques de management sont vraiment toxiques. Pas toutes... Mais la mode actuelle ne va pas dans le bon sens.
Est-ce que tu peux développer ce point précis ? Et as-tu une idée de comment faire pour éviter cet écueil ?
Il faut avoir en tête que notre métier est plus proche de l'artisanat que de l'industrie. Chaque enseignant va enseigner à sa manière, avec sa personnalité, son caractère. Lui imposer des façons d'enseigner qui ne lui correspondent pas est néfaste pour plusieurs raisons, en particulier : 1) parce que ça sous-entend que tout ce qu'il faisait jusqu'à présent est mauvais, donc côté estime de soi c'est pas top ; 2) parce que certaines façons d'enseigner peuvent ne pas correspondre du tout à son caractère et l'amener à être totalement inefficace (et là aussi, c'est destructeur pour lui et mauvais pour la classe). Certains sont très bon en cours "magistral" qu'ils savent rendre passionnant, d'autres sont meilleurs en "animateur" en travaux de groupes et aiment créer des activités qui amèneront l'élève à avancer (mais ne pourront pas forcément s'approprier des activités créées par d'autres). Certains sont plus "coach sportif", certains plus "juge froid et impartial", certains sont plus directifs, d'autres beaucoup moins, certains ne supportent pas le moindre bruit, d'autres s'en accommodent...
Or, l'injonction à travailler ensemble amène les enseignants à comparer leurs techniques. Cela peut être positif (on s'inspire des idées des autres), ça peut aussi être très négatif si certains veulent imposer leur façon de faire aux autres (j'en ai été témoin dans une équipe de maths où l'une voulait imposer une progression spiralée à deux plus anciennes qui refusaient et voulaient imposer leur progression commune... il y a eu de fortes tensions, accusation d'incompétence de part et d'autre, soutien des parents d'un côté, de l'inspecteur de l'autre, avec souffrance et dépression de part et d'autre). Ça peut être mitigé pour un enseignant qui voudra s'approprier des pratiques qui fonctionnent pour d'autres mais pas pour lui (il peut se sentir incompétent... alors que c'est juste une façon de faire qui lui correspond mal).
Enfin, tout simplement, des collègues aiment ce métier pour la liberté, l'espace de création qu'il offre (préparer les cours, c'est le meilleur moment!). Sacrifier cette liberté parce qu'on impose de travailler en groupe, ça enlève une partie de l'attrait du métier. Même la liberté de progression est importante, parce qu'on choisit de s'appuyer sur tel ou tel acquis antérieur pour amener telle ou telle notion, parce qu'on sait qu'on insistera de cette façon plus sur telle ou telle chose qui nous semble importante (et là, un débat entre collègues pour choisir ce qui est le plus important laissera chacun sur ses positions avec de la frustration de tous les côtés). Et ainsi, même la notion de "progression commune" peut être mal vécue. S'entendre sur des objectifs de mi-parcours pour les épreuves communes est déjà, dans certains cas, un casse-tête...
Accessoirement : se mettre d'accord sur une progression, un DS, ça prend un temps fou, le double ou le triple de ce qu'il nous faudrait en décidant seul. Or on a de moins en moins de temps, car on a de plus en plus de petites tâches chronophages (monter un dossier pour une sortie -j'ai connu l'époque où ça se décidait sans paperasse!-, faire des réunions PPRE ou école-collège, voir de plus en plus les parents, adapter les photocops pour un dyspraxique, cocher des compétences dans un logiciel qui buggue,...)
Bref, il faut juste avoir en tête que l'enseignant doit être libre et maître de ses choix (dans les limites du programme), et pour ça, ne pas imposer le travail en commun. On peut l'encourager, organiser des temps d'échanges (une heure de trou en commun c'est le top mais ce n'est pas toujours possible), juste pour qu'on y puise de l'enrichissement, mais sans rien imposer. Selon les personnes, les caractères, le travail en groupe n'est pas forcément possible ni souhaitable. Mon mari a frôlé le burn-out parce qu'on l'obligeait à travailler en équipe alors qu'il fonctionne de façon diamétralement opposé à l'un de ses collègues... rien que se mettre d'accord sur des critères d'évaluation était un cauchemar (certes, ça s'ajoutait à d'autres choses, notamment un manque de soutien de la direction face à de gros soucis dans la classe où il était PP... mais c'est une injonction supplémentaire à faire un DS commun qui l'a amené à l'arrêt de travail). On travaille sur de l'humain, chaque équipe est différente...
Ce qu'il faut garder en tête c'est qu'on a besoin d'être bien dans ses basket pour enseigner. Car dans la classe, on est seuls face aux élèves. Et si on est fragilisés parce qu'on nous impose un mode de fonctionnement qui ne nous convient pas, ou s'il y a des tensions dans l'équipe qui nous gâchent l'humeur, c'est mauvais, pour l'enseignant comme pour la classe.
Comme nous l'avait dit un (super) CDE : "mon boulot, c'est de faire en sorte que vous puissiez faire le vôtre le plus sereinement possible." (il parlait du barrage qu'il faisait pour nous préserver des récriminations des parents)
Cela dit, j'ai connu à mes débuts un management participatif super positif, où on décidait vraiment tout ensemble, très bien vécu parce qu'on était une petite équipe soudée... et que le boulot était globalement moins dur donc il nous restait de l'énergie pour discuter (classes moins difficiles, et pas de PPS, PPRE et autres...) ; et surtout parce qu'on avait une vraie confiance, entre nous et de la part de notre CDE, on avait la conviction d’œuvrer dans le même but, on savait s'écouter et parvenir à un consensus, tout en respectant pleinement les libertés, spécificités et points faibles de chacun... et pourtant, dans nos matières respectives, on bossait chacun de notre côté à notre sauce, il y avait un respect absolu de la liberté pédagogique de chacun. Je n'ai plus jamais retrouvé une équipe fonctionnant aussi bien. Mais c'était aussi un temps où les enseignants passaient toute leur carrière dans le même établissement et formaient, à la longue, une équipe soudée (un petit collège rural privé).
Cela dit, aujourd'hui, avec toutes les petites tâches et réunions qui se sont ajoutées, même si je retrouvais ce genre de super équipe, je crois qu'aucun de nous n'aurait plus le courage de se réunir une fois par mois pour prendre les décisions...
Tellement vrai, on enseigne avec ses "tripes" :lol:
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Ce que j'entends je l'oublie.
Ce que le lis je le retiens.
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Tchuang Tseu
- mathmaxExpert spécialisé
Pogonophile a écrit: il me semble nécessaire d'échanger un maximum pour s'enrichir mutuellement, ce qui passe par du travail en groupe.
Je ne suis pas d'accord avec cette implication. Les échanges les plus féconds sont souvent informels, et aussi en tête à tête. La notion de « travail de groupe » induit une forme d'obligation, de formalisation qui ne favorise pas automatiquement l'enrichissement mutuel, et peut au contraire amener à une obligation de consensus, de rabotage des particularités individuelles. Une fois encore, il est important de faire confiance aux professeurs, d'accepter de ne pas tout organiser.
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« Les machines un jour pourront résoudre tous les problèmes, mais jamais aucune d'entre elles ne pourra en poser un ! »
Albert Einstein
- SphinxProphète
Mais moi je veux bien apprendre de nouveaux trucs pour enseigner plus efficacement, je ne demande même que ça, mais pourquoi est-ce que je devrais pour cela faire des réunions avec les collègues de mon établissement ? Dans ma matière on est cinq : deux avec qui je m'entends très bien en termes de pédagogie (une avec qui je travaille depuis huit ans, plus âgée que moi, qui m'a appris énormément de trucs quand je suis arrivée dans le métier, et qui est dans la salle à côté de la mienne ; et une avec qui je travaille depuis quatre ans, qui est dans la salle en face, avec qui on échange tout le temps des idées, des progressions etc. Autant dire qu'on vit presque les unes sur les autres), et deux avec qui je m'entends bien humainement mais qui ont des façons de travailler radicalement différentes des miennes (j'ai vu, c'est bon, ça ne m'intéresse pas, cela dit le défi lecture c'est avec elles deux que je le fais, comme quoi).
Travailler en équipe avec les quatre, mais aucun problème, on échange par mail pour les achats pédagogiques, on se met d'accord avec celles qui ont des 3e sur les premiers chapitres pour le brevet blanc, on se voit une heure un midi pour faire le sujet ensemble, on se parle pour monter des projets ("moi j'ai cette sortie théâtre, il faut une autre classe pour remplir le car, qui est intéressée ?") Et puis basta. Le jour où ma chef veut qu'on se réunisse pour discuter ensemble et améliorer nos pratiques pédagogiques, déjà on va lui demander de quoi elle se mêle, et ensuite je peux garantir qu'on va se retrouver à cette réunion à se regarder l'air bête, parce que ça fait belle lurette qu'on n'a plus de grandes révélations mystiques à se faire les unes aux autres.
Si je veux m'améliorer et découvrir de nouvelles choses, il y a le PAF pour ça, avec des gens qui ont supposément été sélectionnés pour devenir formateurs justement parce qu'ils avaient des choses à montrer (après le contenu dudit PAF c'est autre chose et surtout c'est un peu comme un Kinder Surprise, à peu près tous les stages s'intitulent "enseigner le [insérer ici le nom de la matière] autrement" mais on ne sait jamais si à l'intérieur ça va être la petite voiture super cool à monter soi-même ou la figurine moche d'un dessin animé qu'on ne connaît même pas. Mais bon ça c'est un autre problème).
Très honnêtement je ne crois pas que ce soit le rôle de mon chef d'établissement de me dire "vous devez vous réunir parce que vous devez travailler en équipe pour vous améliorer". Il y a deux liens logiques dans cette affirmation et les deux sont absolument et totalement faux. Se réunir, oui, mais pas pour le but de me faire travailler en équipe, ça c'est un moyen et pas un objectif ; se réunir, c'est pour abattre effectivement du travail qui a besoin d'être abattu à plusieurs, point barre. Travailler en équipe, oui, parce que nécessairement il y a de choses qui doivent être décidées collégialement, des informations qui doivent être données à tous ; mais pas pour m'améliorer dans ma pratique : ce sont deux choses qui sont complètement décorrélées.
Travailler en équipe avec les quatre, mais aucun problème, on échange par mail pour les achats pédagogiques, on se met d'accord avec celles qui ont des 3e sur les premiers chapitres pour le brevet blanc, on se voit une heure un midi pour faire le sujet ensemble, on se parle pour monter des projets ("moi j'ai cette sortie théâtre, il faut une autre classe pour remplir le car, qui est intéressée ?") Et puis basta. Le jour où ma chef veut qu'on se réunisse pour discuter ensemble et améliorer nos pratiques pédagogiques, déjà on va lui demander de quoi elle se mêle, et ensuite je peux garantir qu'on va se retrouver à cette réunion à se regarder l'air bête, parce que ça fait belle lurette qu'on n'a plus de grandes révélations mystiques à se faire les unes aux autres.
Si je veux m'améliorer et découvrir de nouvelles choses, il y a le PAF pour ça, avec des gens qui ont supposément été sélectionnés pour devenir formateurs justement parce qu'ils avaient des choses à montrer (après le contenu dudit PAF c'est autre chose et surtout c'est un peu comme un Kinder Surprise, à peu près tous les stages s'intitulent "enseigner le [insérer ici le nom de la matière] autrement" mais on ne sait jamais si à l'intérieur ça va être la petite voiture super cool à monter soi-même ou la figurine moche d'un dessin animé qu'on ne connaît même pas. Mais bon ça c'est un autre problème).
Très honnêtement je ne crois pas que ce soit le rôle de mon chef d'établissement de me dire "vous devez vous réunir parce que vous devez travailler en équipe pour vous améliorer". Il y a deux liens logiques dans cette affirmation et les deux sont absolument et totalement faux. Se réunir, oui, mais pas pour le but de me faire travailler en équipe, ça c'est un moyen et pas un objectif ; se réunir, c'est pour abattre effectivement du travail qui a besoin d'être abattu à plusieurs, point barre. Travailler en équipe, oui, parce que nécessairement il y a de choses qui doivent être décidées collégialement, des informations qui doivent être données à tous ; mais pas pour m'améliorer dans ma pratique : ce sont deux choses qui sont complètement décorrélées.
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- OrlandaFidèle du forum
De quoi "s'enrichir" est-il le nom? Je suis, en professeur de lettres, un peu alarmée par le sens très particulier que revêt ce mot dans ton discours, Pogonophile.
Le postulat de départ, c'est que le professeur doit être enrichi, comme un sol qu'on fertilise pour le rendre plus productif. Meilleure manière de le bousiller, au passage. C'est déjà très très douteux.
Je ne dis pas l'accueil que je ferais à quelqu'un qui voudrait nous enrichir, moi et mes pratiques, malgré moi. En fait, là est le noeud du problème: c'est toujours malgré nous.
Je cherche toujours à rendre mes cours meilleurs - quand je ne suis accablée par des tas de tâches chronophages, car il faut se sentir libre et dégagé pour réfléchir et apprendre -, et cela passe par des lectures, des échanges informels avec des collègues, mais la maturation de tout cela est un travail nécessairement solitaire.
La pire manière pour moi de travailler, c'est quand on me colle en équipe avec des gugusses que je n'ai pas choisis, et avec obligation de produire quelque chose à la fin. Dans ces cas-là, je suis plus odieuse que mes pires élèves.
Or, ces derniers temps, toutes les formations auxquelles j'ai dû assister était de cette farine, avec pillage des productions à la fin.
D'une manière générale, quand on ne fait pas appel à mon intelligence, je travaille mal. Je travaille donc, je suppose, de plus en plus mal.
Si j'étais un élève, mon professeur devrait subir une formation pour s'adapter à ma façon de fonctionner. Pourquoi n'est-ce pas le cas du CDE qui prétend me faire travailler mieux et "m'enrichir"?
La liberté pédagogique n'est pas à mettre avec mépris entre guillemets. C'est absolument essentiel.
Le postulat de départ, c'est que le professeur doit être enrichi, comme un sol qu'on fertilise pour le rendre plus productif. Meilleure manière de le bousiller, au passage. C'est déjà très très douteux.
Je ne dis pas l'accueil que je ferais à quelqu'un qui voudrait nous enrichir, moi et mes pratiques, malgré moi. En fait, là est le noeud du problème: c'est toujours malgré nous.
Je cherche toujours à rendre mes cours meilleurs - quand je ne suis accablée par des tas de tâches chronophages, car il faut se sentir libre et dégagé pour réfléchir et apprendre -, et cela passe par des lectures, des échanges informels avec des collègues, mais la maturation de tout cela est un travail nécessairement solitaire.
La pire manière pour moi de travailler, c'est quand on me colle en équipe avec des gugusses que je n'ai pas choisis, et avec obligation de produire quelque chose à la fin. Dans ces cas-là, je suis plus odieuse que mes pires élèves.
Or, ces derniers temps, toutes les formations auxquelles j'ai dû assister était de cette farine, avec pillage des productions à la fin.
D'une manière générale, quand on ne fait pas appel à mon intelligence, je travaille mal. Je travaille donc, je suppose, de plus en plus mal.
Si j'étais un élève, mon professeur devrait subir une formation pour s'adapter à ma façon de fonctionner. Pourquoi n'est-ce pas le cas du CDE qui prétend me faire travailler mieux et "m'enrichir"?
La liberté pédagogique n'est pas à mettre avec mépris entre guillemets. C'est absolument essentiel.
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"Nous vivons à une époque où l'ignorance n'a plus honte d'elle-même". Robert Musil
- Ajonc35Sage
Orlanda a écrit:De quoi "s'enrichir" est-il le nom? Je suis, en professeur de lettres, un peu alarmée par le sens très particulier que revêt ce mot dans ton discours, Pogonophile.
Le postulat de départ, c'est que le professeur doit être enrichi, comme un sol qu'on fertilise pour le rendre plus productif. Meilleure manière de le bousiller, au passage. C'est déjà très très douteux.
Je ne dis pas l'accueil que je ferais à quelqu'un qui voudrait nous enrichir, moi et mes pratiques, malgré moi. En fait, là est le noeud du problème: c'est toujours malgré nous.
Je cherche toujours à rendre mes cours meilleurs - quand je ne suis accablée par des tas de tâches chronophages, car il faut se sentir libre et dégagé pour réfléchir et apprendre -, et cela passe par des lectures, des échanges informels avec des collègues, mais la maturation de tout cela est un travail nécessairement solitaire.
La pire manière pour moi de travailler, c'est quand on me colle en équipe avec des gugusses que je n'ai pas choisis, et avec obligation de produire quelque chose à la fin. Dans ces cas-là, je suis plus odieuse que mes pires élèves.
Or, ces derniers temps, toutes les formations auxquelles j'ai dû assister était de cette farine, avec pillage des productions à la fin.
D'une manière générale, quand on ne fait pas appel à mon intelligence, je travaille mal. Je travaille donc, je suppose, de plus en plus mal.
Si j'étais un élève, mon professeur devrait subir une formation pour s'adapter à ma façon de fonctionner. Pourquoi n'est-ce pas le cas du CDE qui prétend me faire travailler mieux et "m'enrichir"?
La liberté pédagogique n'est pas à mettre avec mépris entre guillemets. C'est absolument essentiel.
Tu résumes parfaitement mon vécu. Sauf que. On m'a tellement asséché que je n'ai plus envie de faire mieux ou plus.
ON m'a tellement abreuvé de réunions et de pseudo-formations que je ressemble aujourd'hui à une plante qui manque d'eau, voire complétement asséchée. C'est une image que j'utilise au sein de mon lycée pour expliquer mon état d'esprit. Je suis, en effet, comme une plante qu'ON a oublié de nourrir, d'abreuver, de rempoter. A force de m'obliger à faire ce que je n'aime pas, que je trouve inutile, et qui se révèlent inutiles, je finis même par détester ( pas tout à fait je vous rassure) ce en quoi je crois encore un peu, c'est à dire former les jeunes. Je suis aussi comme une plante qui crie ses besoins mais que personne n'écoute, normal, je suis une plante et je ne vis pas dans le même jardin que "ON".
Et pourtant je suis une plante qui s'est nourrie, s'est enrichie pendant des années. Mais depuis quelques années, c'est le désert et il n'y même pas de pétrole ni de gaz.
- barègesÉrudit
Beaucoup d'éléments très pertinents ont déjà été donnés par les collègues.
Deux observations personnelles et subjectives :
- le travail en équipe, ça convient à certains, pas à d'autres. Et ce qui est valable pour les enseignants l'est aussi pour les élèves. Il y en a pour qui le travail en ateliers, qu'ils connaissent depuis leur primaire, a été une subtile torture psychologique renouvelée au quotidien. Ils témoignent de leur soulagement d'entrer dans les cours où il n'y en avait pas ou très peu, où ils pouvaient de poser pour réfléchir tout seuls. On commence d'ailleurs à lire dans la presse qu'en entreprise aussi, on revient parfois au travail individuel avec un peu de réflexion solitaire, au moins pour ceux qui sont plus efficaces ainsi. Changer ses pratiques, vouloir les faire évoluer n'est pas synonyme de travailler en équipe. Il n'y a aucune nécessité à cette corrélation.
- à titre personnel, j'aime beaucoup améliorer mes cours, et il y a du boulot. Comme le disent les collègues, le caractère informel des conversations entre deux portes ou au café est le plus efficace. Et surtout, deux conditions nécessaires : avoir du temps à y consacrer (et en système bureaucratique, pour un enseignant, l'amélioration pédagogique vient malheureusement en dernier, derrière les protocoles et les paperasses - parce qu'il y faut de la créativité, donc un minimum de sérénité, si possible du silence, de la solitude et un bon cadre), et être stimulé par le fond de son métier, donc ni "à bout" (voir un autre fil...), ni sous-payé, ni trop inquiet pour le quotidien ou l'avenir, et si possible être dans des interactions professionnelles qui donnent envie - par la richesse intellectuelle des échanges, la bienveillance...
Deux observations personnelles et subjectives :
- le travail en équipe, ça convient à certains, pas à d'autres. Et ce qui est valable pour les enseignants l'est aussi pour les élèves. Il y en a pour qui le travail en ateliers, qu'ils connaissent depuis leur primaire, a été une subtile torture psychologique renouvelée au quotidien. Ils témoignent de leur soulagement d'entrer dans les cours où il n'y en avait pas ou très peu, où ils pouvaient de poser pour réfléchir tout seuls. On commence d'ailleurs à lire dans la presse qu'en entreprise aussi, on revient parfois au travail individuel avec un peu de réflexion solitaire, au moins pour ceux qui sont plus efficaces ainsi. Changer ses pratiques, vouloir les faire évoluer n'est pas synonyme de travailler en équipe. Il n'y a aucune nécessité à cette corrélation.
- à titre personnel, j'aime beaucoup améliorer mes cours, et il y a du boulot. Comme le disent les collègues, le caractère informel des conversations entre deux portes ou au café est le plus efficace. Et surtout, deux conditions nécessaires : avoir du temps à y consacrer (et en système bureaucratique, pour un enseignant, l'amélioration pédagogique vient malheureusement en dernier, derrière les protocoles et les paperasses - parce qu'il y faut de la créativité, donc un minimum de sérénité, si possible du silence, de la solitude et un bon cadre), et être stimulé par le fond de son métier, donc ni "à bout" (voir un autre fil...), ni sous-payé, ni trop inquiet pour le quotidien ou l'avenir, et si possible être dans des interactions professionnelles qui donnent envie - par la richesse intellectuelle des échanges, la bienveillance...
- *Ombre*Grand sage
Je suis plutôt d'accord avec les derniers messages. Tu trouveras sans doute qu'il y a beaucoup de défiance envers le travail en équipe. Mais il y a à rebours quelque chose d'assez étonnant à vouloir à toute force faire travailler de concert des personnes qui ne se sont pas choisies, arrivées là par le hasard des mutations, et ayant parfois des conceptions pédagogiques diamétralement opposées. Une grosse équipe, c'est, au mieux, en collège, une dizaine collègues de la même matière. Il est assez naïf de penser que ces personnes rassemblées par le hasard sont les mieux placées pour s'enrichir mutuellement. Dans l'état actuel des débats pédagogiques, il y a bien plus de chance pour qu'elles s'entre-tuent.
Cela ne veut pas dire qu'aucune ne travaille à améliorer ses pratiques.
Comme Orlanda, je lis beaucoup. J'ai découvert Bonnery grâce à Elyas, Make it stick aussi grâce à Néo, et Visible Learning, et Boimare ; j'ai parlé de Terrail, j'ai travaillé avec le GRIP. J'apprends, sans arrêt. J'échange sur des forums d'enseignants et j'y prends ce qui me convient, alors que l'injonction faite à travailler en équipe IRL revient le plus souvent à me demander de m'accommoder de ce qui ne me convient pas.
Et comme le dit Sphinx, quand il y a dans l'équipe des collègues avec lesquels il y a réellement des affinités, il n'est nul besoin d'exhortations ni de réunions formelles pour que nous échangions et partagions ce que nous jugeons intéressant.
Cela ne veut pas dire qu'aucune ne travaille à améliorer ses pratiques.
Comme Orlanda, je lis beaucoup. J'ai découvert Bonnery grâce à Elyas, Make it stick aussi grâce à Néo, et Visible Learning, et Boimare ; j'ai parlé de Terrail, j'ai travaillé avec le GRIP. J'apprends, sans arrêt. J'échange sur des forums d'enseignants et j'y prends ce qui me convient, alors que l'injonction faite à travailler en équipe IRL revient le plus souvent à me demander de m'accommoder de ce qui ne me convient pas.
Et comme le dit Sphinx, quand il y a dans l'équipe des collègues avec lesquels il y a réellement des affinités, il n'est nul besoin d'exhortations ni de réunions formelles pour que nous échangions et partagions ce que nous jugeons intéressant.
- Fires of PompeiiGuide spirituel
Je souscris entièrement aux messages dernièrement postés, en particulier sur la violence que représente le travail en équipe forcé. Et je n'emploie pas le terme de violence par hyperbole...
Il faudrait interroger ce présupposé si répandu, que l'amélioration passe par le travail en équipe (même si ni l'équipe ni le sujet ne sont choisis)... d'où vient-il ? Qui a décrété que cela se passait ainsi ? Suis-je si anormale pour détester cela ? Je n'ai pas besoin de cela pour me former, pour apprendre.
Il faudrait interroger ce présupposé si répandu, que l'amélioration passe par le travail en équipe (même si ni l'équipe ni le sujet ne sont choisis)... d'où vient-il ? Qui a décrété que cela se passait ainsi ? Suis-je si anormale pour détester cela ? Je n'ai pas besoin de cela pour me former, pour apprendre.
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Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- User17095Érudit
Juste en passant (parce que je crois qu'il y a une porte qui s'est ouverte et ça fait beaucoup qui en sort d'un coup), le travail en équipe n'est qu'une façon de mutualiser et de s'enrichir mutuellement, et ce n'est qu'une des raisons de se réunir... En aucun cas je n'imagine que c'est l'alpha et l'omega.
J'entends néanmoins les limites du procédé, les réticences et les rejets qu'il suscite ; je regrette qu'il y ait tant de défiance et d'amertume qui les motivent parfois.
@FOP
Le mot "violence" n'est certainement pas une hyperbole.
Quand on ressort en se sentant nul, ou en ayant l'impression d'avoir été perçu comme nul, c'est violent.
Idéalement, on devrait ressortir avec l'envie de faire.
J'entends néanmoins les limites du procédé, les réticences et les rejets qu'il suscite ; je regrette qu'il y ait tant de défiance et d'amertume qui les motivent parfois.
@FOP
Le mot "violence" n'est certainement pas une hyperbole.
Quand on ressort en se sentant nul, ou en ayant l'impression d'avoir été perçu comme nul, c'est violent.
Idéalement, on devrait ressortir avec l'envie de faire.
- Fires of PompeiiGuide spirituel
Ce n'est pas forcément ou seulement le fait de se sentir nul, c'est aussi et surtout qu'on voit bien que ce travail en équipe répond à une volonté au-dessus de nous, et pas à un besoin que nous aurions, et qui serait en lien avec notre pratique. Donc, de ce fait, on sort en ayant l'impression d'avoir perdu notre temps, d'avoir fait acte de présence pour aucun intérêt, aucun résultat, juste pour répondre à une lubie des chefs et de l'institution à travers eux. Quand j'ai une question sur ma pratique et que j'ai besoin d'un avis extérieur, je le prends auprès de mes collègues, de façon informelle. Et ça me suffit, ça nous suffit. Les discussions sont naturelles, enrichissantes. Quand on fait ce genre de réunions forcées, je me sens écrasée par tout ce qui n'est pas mon métier (i.e. : répondre aux lubies de l'institution et à ses volontés de manager les personnels comme dans une grande entreprise), alors que mon métier, enseigner, on m'empêche de le faire en prenant sur mon temps de préparation ou de réflexion ou de repos.
Mais j'aime aussi ce métier pour sa dimension artisanale et personnelle, et mon caractère (désolée, mais ça entre en ligne de compte) joue : je n'ai jamais aimé les travaux de groupe. Alors qu'on ml'y force, après tant d'études, un concours, alors que je suis adulte et qualifiée, je le prends mal. Heureusement que dans mon collège nos chefs n'ont pas la réunionite aiguë.
Mais j'aime aussi ce métier pour sa dimension artisanale et personnelle, et mon caractère (désolée, mais ça entre en ligne de compte) joue : je n'ai jamais aimé les travaux de groupe. Alors qu'on ml'y force, après tant d'études, un concours, alors que je suis adulte et qualifiée, je le prends mal. Heureusement que dans mon collège nos chefs n'ont pas la réunionite aiguë.
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Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- SphinxProphète
Le problème, c'est que "travail en équipe" est une notion très floue dans laquelle on peut mettre à la fois tout et n'importe quoi, que "mutualiser et s'enrichir" ne vaut guère mieux, et qu'on peut travailler en équipe sans mutualiser et sans se réunir (par exemple en ayant chacun ses façons de faire et sa progression et en échangeant les infos importantes par mail ou entre deux portes pour être sur la même page), mutualiser sans travailler en équipe ni se réunir (par exemple quand on va en formation on donne nos notes aux collègues, on se prête des bouquins ou des idées, mais pas plus de réunions que ça et chacun fait strictement ce qu'il veut de son côté dans sa salle de classe), se réunir (pour totalement autre chose) sans mutualiser ni travailler en équipe. Tu vois donc bien que travailler en équipe = mutualiser = faire des réunions (pas taper, j'ai bien compris que dans ta tête ce n'est qu'une possibilité parmi d'autres, mais enfin tu as l'air de bien t'y accrocher quand même) est un axiome dépourvu de sens par cela même qu'il est flou et que ces trois items n'ont de rapport entre eux que parce que tu l'as décidé.
Le problème, c'est qu'à partir du moment où on pense comme ça, paf, davantage de réunions. S'il y a des profs qui souhaitent se voir pour mutualiser et travailler en équipe, il faut vraiment que ça vienne d'eux, et il est statistiquement improbable que ça soit une demande d'une majorité des équipes, tellement il y a de façons différentes de concevoir ça. Ça ne peut pas venir de toi. D'autant plus que même si tu modalises "je vous propose de vous réunir pour mutualiser vos pratiques et voir comment travailler en équipe", tu es le chef, donc ça sera vécu comme une contrainte. Pourquoi ne pas laisser les profs se débrouiller pour monter leur éventuel travail en équipe et leur éventuelle mutualisation ? S'ils veulent des temps de réunion, ils sont assez grands pour t'en demander. S'ils veulent plus de formation, il y a assez d'outils institutionnels pour ça (même les stages d'établissement, qui pour ce que j'en ai vu sont de vastes blagues, mais passons, là aussi il faut les proposer seulement en réponse à une demande). Moi j'attends de mon chef d'établissement non pas qu'il se préoccupe de ma formation ou de mes pratiques pédagogiques, qui ne sont pas de son ressort, mais qu'il organise des réunions uniquement pour des problèmes concrets et réels (il va se passer ça et ça, comment s'organise-t-on, que fait-on au sujet de telle classe ou de tel élève).
Le problème, c'est qu'à partir du moment où on pense comme ça, paf, davantage de réunions. S'il y a des profs qui souhaitent se voir pour mutualiser et travailler en équipe, il faut vraiment que ça vienne d'eux, et il est statistiquement improbable que ça soit une demande d'une majorité des équipes, tellement il y a de façons différentes de concevoir ça. Ça ne peut pas venir de toi. D'autant plus que même si tu modalises "je vous propose de vous réunir pour mutualiser vos pratiques et voir comment travailler en équipe", tu es le chef, donc ça sera vécu comme une contrainte. Pourquoi ne pas laisser les profs se débrouiller pour monter leur éventuel travail en équipe et leur éventuelle mutualisation ? S'ils veulent des temps de réunion, ils sont assez grands pour t'en demander. S'ils veulent plus de formation, il y a assez d'outils institutionnels pour ça (même les stages d'établissement, qui pour ce que j'en ai vu sont de vastes blagues, mais passons, là aussi il faut les proposer seulement en réponse à une demande). Moi j'attends de mon chef d'établissement non pas qu'il se préoccupe de ma formation ou de mes pratiques pédagogiques, qui ne sont pas de son ressort, mais qu'il organise des réunions uniquement pour des problèmes concrets et réels (il va se passer ça et ça, comment s'organise-t-on, que fait-on au sujet de telle classe ou de tel élève).
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- Cléopatra2Guide spirituel
pogonophile a écrit:Juste en passant (parce que je crois qu'il y a une porte qui s'est ouverte et ça fait beaucoup qui en sort d'un coup), le travail en équipe n'est qu'une façon de mutualiser et de s'enrichir mutuellement, et ce n'est qu'une des raisons de se réunir... En aucun cas je n'imagine que c'est l'alpha et l'omega.
J'entends néanmoins les limites du procédé, les réticences et les rejets qu'il suscite ; je regrette qu'il y ait tant de défiance et d'amertume qui les motivent parfois.
@FOP
Le mot "violence" n'est certainement pas une hyperbole.
Quand on ressort en se sentant nul, ou en ayant l'impression d'avoir été perçu comme nul, c'est violent.
Idéalement, on devrait ressortir avec l'envie de faire.
Mais ça, ça n'est pas du ressort du CDE, à mon avis (ou alors en "négatif" en n'imposant ce type de réunions ou de travail en équipe).
Edit : FoP et Sphinx ont parfaitement développé.
- ysabelDevin
Fires of Pompeii a écrit:Je souscris entièrement aux messages dernièrement postés, en particulier sur la violence que représente le travail en équipe forcé. Et je n'emploie pas le terme de violence par hyperbole...
Il faudrait interroger ce présupposé si répandu, que l'amélioration passe par le travail en équipe (même si ni l'équipe ni le sujet ne sont choisis)... d'où vient-il ? Qui a décrété que cela se passait ainsi ? Suis-je si anormale pour détester cela ? Je n'ai pas besoin de cela pour me former, pour apprendre.
Je suis entièrement d'accord. J'ai toujours abhorré le travail en équipe, le sport d'équipe…
J'aime échanger mais avec qui je veux, quand je veux.
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« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
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