La multiplication des écrans entraîne une décérébration à grande échelle

Ma fille vient de rentrer du collège. Elle a franchi la porte d'entrée avec sa copine (qui a un abonnement internet illimité sur son smartphone) et la première phrase qu'elle m'ait adressée à été : "Il est où, l'ordi ?". Je lui fais remarquer que la première chose qu'elle fait en rentrant, c'est de se jeter sur l'ordi et elle me répond : "Il faut bien que je fasse mes devoirs avant d'aller à mon cours de clarinette : je dois aller sur Labomep pour faire mes maths". Et comme je crois bien que c'est encore un travail en groupe donné du jour au lendemain à des enfants qui habitent tous dans des villes différentes, il va falloir qu'elle fasse une visio, pendant laquelle on sait bien qu'ils passent plus de temps à parler d'autre chose et à se montrer d'autres choses que des maths. Bref, j'y vais : j'entends des applaudissements, c'est louche pour des maths. La première chose qu'on va faire, c'est donc s'engueuler à cause de l'ordi indispensable pour les devoirs... elle est en 5e.

Ouhlàlà Lene 75, ça me rappelle un exposé de techno de mon fils l'année dernière à faire en groupe (6 personnes excusez du peu) pendant les vacances de la Toussaint. Des heures passées en conversations oiseuses, une rando parasitée par des histoires de connexion, mon téléphone qui bipe à 4 heures du matin (j'avais oublié d'éteindre et une des filles était en vacances à la Martinique). Le tout pour un résultat extrêmement médiocre de l'aveu même de mon fils. Bref, une super plus-value pédagogique
Et de retour du collège là, ma fille s'est aussi jetée sur l'ordi pour écouter sa clef usb d'anglais. Ca s'entend. Mais bizarrement, elle est beaucoup moins pressée de faire son exercice de maths bien classique pour le coup.

Scoop en direct: j'ai quitté Néo parce que je n'entendais plus la mélopée anglaise... et j'ai trouvé ma fille en train d'envoyer un mail indispensable à sa copine qu'elle vient de quitter et qu'elle voit demain à 8h. D'exercice de maths, il n'était évidemment pas question. Bon, je vous quitte, faut que j'arrache mon fils à Simcity.

Ah mais SimCity c'est pas pareil, j'y jouais quand j'étais gamin, ça forme des gens équilibrés et intelligents.

DesolationRow a écrit:Ah mais SimCity c'est pas pareil, j'y jouais quand j'étais gamin, ça forme des gens équilibrés et intelligents.

lene75 a écrit:Ils ne savent littéralement pas quoi faire de ces livres et de ces jeux auxquels ils ne trouvent aucun intérêt.

J'ai l'impression qu'il y a eu un gros changement en très peu de temps, et si je vous rejoins sur l'idée que les smartphones (tels qu'ils sont conçus aujourd'hui) portent en eux le germe de cette nocivité, je pense que l'effet néfaste a été décuplé par le covid : alors qu'avant, on avait quand même du temps sans smartphone, pour jouer, discuter, se balader, faire du sport, et mille autres choses, le confinement nous a enfermé·es dans une sorte de face-à-face avec nous-mêmes où le seul contact avec le monde extérieur était le téléphone. Si ça n'avait duré qu'une semaine, ça n'aurait pas été très problématique, mais en deux mois, les habitudes se sont installées, sans qu'on parvienne à s'en libérer une fois la liberté retrouvée. Notre contact au monde et nos relations sociales s'en sont trouvées durablement abîmées. D'où l'accélération de la décérébration que l'on constate je trouve depuis deux ans (c'est en tout cas l'hypothèse que je forme).

Ici tout va bien ou presque pour cette fois-ci : elles sont en train de visionner les vidéos de la pièce de théâtre qu'ils font avec leur prof de français. Je suppose que c'est plus sympa que Labomep, qui est lui-même plus sympa que les devoirs traditionnels qui passeront après. J'ai fait l'innocente parce que ça créé des tensions quand elle s'aperçoit que je la flique alors qu'elle est vraiment en train de faire ses devoirs.

Allez, il faut que je passe mon smartphone a la petite sœur qui est en CM1 pour qu'elle puisse scanner les QR-codes pour réviser son contrôle d'histoire.

Remarquez ça soigne mon addiction quand l'une a mon ordi et l'autre mon téléphone. Heureusement que je n'avais pas l'intention de travailler !

DesolationRow a écrit:Ah mais SimCity c'est pas pareil, j'y jouais quand j'étais gamin, ça forme des gens équilibrés et intelligents.

Dans la même veine le "mais j'ai regardé la télé toute mon enfance, je suis pas plus bête qu'un autre"... quand c'est quelqu'un de plus de 45/50 ans qui le dit c'est toujours intéressant de lui demander ce qu'il regardait. Parce que, bien que n'ayant pas de télé à la maison, il m'arrivait de la regarder chez les autres et j'ai des souvenirs très précis de pièces de la BBC en VO quand j'avais 7 ou 8 ans le dimanche après-midi (mon grand-père ronflait après son repas devant l'écran), de documentaires, de rares dessins animés, plutôt de bonne facture (2h le mercredi et autant le samedi soir), de diffusion le mardi soir, tôt, de films à regarder en famille... et quand c'était plus "populaire" c'était Intervilles, l'Eurovision, voire les pièces de boulevard avec Jacqueline Maillan. Deux ou trois chaînes, publiques, pas ou peu de publicité. Pas de Hanouna ou des Chtis à Las Vegas, ni de téléréalité, de jeux débiles, d'info en continu, de clips sexistes/vulgaires/homophobes ou autre. Et pas d'internet.

Il faut comparer ce qui est comparable. Dans la classe de prépa de mon aînée, un nombre très important de ses camarades n'a pas eu la télé et pas ou tard un téléphone. Il y a des contre-exemples sans doute aussi. L'apprentissage de la frustration, l'attrait pour la lecture, le sens de l'effort sont tellement plus difficiles à acquérir si on a un écran à disposition, quel qu'il soit. On peut "former" autant qu'on veut, ça ne change rien. Pensez aux heures en voiture, dans des salles d'attente où on s'est tellement ennuyés petits (je parle pour les plus de...), est-ce qu'on n'en a pas tiré des choses, une certain capacité à rêvasser, à bâtir des châteaux en Espagne, à faire des listes diverses? Probablement que cet espace d'ennui (très pénible...) n'existe quasiment plus et que cela impacte les cerveaux de nos jeunes... et moins jeunes. Et notre façon (tout du moins ce que notre hiérarchie préconise qu'elle soit) d'enseigner. Il faut divertir, jouer, être ludique, faire des escape games, des projets avec des sorties... Et presque tout le monde (chefs, parents, inspecteurs...) hurle dès qu'on exige un peu de travail intellectuel ou de mémorisation. En font les frais les matières optionnelles parmi les plus exigeantes : allemand, grec, latin - je ne parle pas du russe... qui n'existe presque plus (attention, je n'ai pas dit que les autres ne l'étaient pas, exigeantes, juste que ces trois-là, pour être suivies correctement demandent un gros effort de l'élève dès le départ, maîtrise de la grammaire, mémorisation, etc, effort souvent incompatible avec le concept d'option qui équivaut souvent à "pas obligatoire donc pas de travail" dans l'esprit des élèves et de leurs parents).

Spoiler:

angelxxx a écrit:J'ai lu, et ce n'est pas en contradiction avec ce que j'explique : le problème n'est pas l'écran mais son usage. Chose que vous confirmez : l'usage est mauvais dans certains milieux.

Et donc, on peut avancer ? Je réitère ma question : avez vous une seule étude prouvant la nocivité des écrans ?

Encore mieux que des études qui se contredisent toutes : le bon sens tout simplement

Edith, je pense que DesolationRow était ironique
Et pour ta fille, généralement les élèves qui comprennent vite réussissent à trouver des stratégies pour ne pas perdre leur temps en classe.

EdithW a écrit:? Probablement que cet espace d'ennui (très pénible...) n'existe quasiment plus et que cela impacte les cerveaux de nos jeunes

C'est très juste. Et non seulement cet espace d'ennui n'existe quasiment, plus mais quand il existe de nombreux parents cherchent à le combler (que dire de ces enfants qui ont des téléphones en main lors des balades dominicaines).

EdithW a écrit:

DesolationRow a écrit:Ah mais SimCity c'est pas pareil, j'y jouais quand j'étais gamin, ça forme des gens équilibrés et intelligents.

Dans la même veine le "mais j'ai regardé la télé toute mon enfance, je suis pas plus bête qu'un autre"... quand c'est quelqu'un de plus de 45/50 ans qui le dit c'est toujours intéressant de lui demander ce qu'il regardait. Parce que, bien que n'ayant pas de télé à la maison, il m'arrivait de la regarder chez les autres et j'ai des souvenirs très précis de pièces de la BBC en VO quand j'avais 7 ou 8 ans le dimanche après-midi (mon grand-père ronflait après son repas devant l'écran), de documentaires, de rares dessins animés, plutôt de bonne facture (2h le mercredi et autant le samedi soir), de diffusion le mardi soir, tôt, de films à regarder en famille... et quand c'était plus "populaire" c'était Intervilles, l'Eurovision, voire les pièces de boulevard avec Jacqueline Maillan. Deux ou trois chaînes, publiques, pas ou peu de publicité. Pas de Hanouna ou des Chtis à Las Vegas, ni de téléréalité, de jeux débiles, d'info en continu, de clips sexistes/vulgaires/homophobes ou autre. Et pas d'internet.

Il faut comparer ce qui est comparable. Dans la classe de prépa de mon aînée, un nombre très important de ses camarades n'a pas eu la télé et pas ou tard un téléphone. Il y a des contre-exemples sans doute aussi. L'apprentissage de la frustration, l'attrait pour la lecture, le sens de l'effort sont tellement plus difficiles à acquérir si on a un écran à disposition, quel qu'il soit. On peut "former" autant qu'on veut, ça ne change rien. Pensez aux heures en voiture, dans des salles d'attente où on s'est tellement ennuyés petits (je parle pour les plus de...), est-ce qu'on n'en a pas tiré des choses, une certain capacité à rêvasser, à bâtir des châteaux en Espagne, à faire des listes diverses? Probablement que cet espace d'ennui (très pénible...) n'existe quasiment plus et que cela impacte les cerveaux de nos jeunes... et moins jeunes. Et notre façon (tout du moins ce que notre hiérarchie préconise qu'elle soit) d'enseigner. Il faut divertir, jouer, être ludique, faire des escape games, des projets avec des sorties... Et presque tout le monde (chefs, parents, inspecteurs...) hurle dès qu'on exige un peu de travail intellectuel ou de mémorisation. En font les frais les matières optionnelles parmi les plus exigeantes : allemand, grec, latin - je ne parle pas du russe... qui n'existe presque plus (attention, je n'ai pas dit que les autres ne l'étaient pas, exigeantes, juste que ces trois-là, pour être suivies correctement demandent un gros effort de l'élève dès le départ, maîtrise de la grammaire, mémorisation, etc, effort souvent incompatible avec le concept d'option qui équivaut souvent à "pas obligatoire donc pas de travail" dans l'esprit des élèves et de leurs parents).

Spoiler:

Et tu oublies, pas de télé le matin, les premières émissions de la journée commençaient un peu avant le journal de 13 h.
Mes parents ont eu une télé lorsque j'ai eu 3-4 ans , en noir et blanc, je devais avoir 8-9 ans quand on a eu la couleur. Avant, si on voulait un programme en couleur, on allait chez mes grands-parents, on se réunissait en famille avec oncle et tante, on y allait pour les matchs de foot ou jeux sans frontière (beaucoup mieux qu'intervallis), on papotait et rigolait en même temps pendant que mon grand-père hurlait sur l'arbitre ou sur "les Français nuls en sport pas comme les Allemands qui en faisaient beaucoup plus à l'école" et ma grand-mère qui lui disait "mais c'est à la télé, ils ne peuvent pas t'entendre"
Et j'ai les mêmes souvenirs de programmes (et aussi les variétés du samedi soir)
(c'était la séquence nostalgie de Sookie, désolée)

Bon, j'avoue que mes enfants ont regardé un peu la télé le matin avant l'école, surtout les deux grands quand je devais préparer le 3e et ils ne sont pas devenus complètement décérébrés.
Mais personnellement, je suis satisfaite de ne plus avoir d'enfants/ados maintenant, les miens ont entre 24 et 30 ans , et à l'âge scolaire, ça a été le tout début des smartphones, il n'y avait pas encore de tablette et on avait un seul ordi de bureau puis un portable que l'on se partageait, et une connexion internet pas encore en wi-fi. Et le tout début des réseaux sociaux (au début de Facebook, le dernier était au collège) C'était encore gérable même s'il fallait quand même y faire attention.


Pour le reste je suis tout à faire d'accord avec toi. Et je sais que je suis beaucoup trop souvent sur les écrans (tablette dans mon salon, téléphone hors de la maison), et je ne sais plus m'ennuyer. Je sors mon téléphone dès que je dois attendre, même si c'est 2-3 minutes (à la queue au super marché par exemple)

Zybulka a écrit:Edith, je pense que DesolationRow était ironique
Et pour ta fille, généralement les élèves qui comprennent vite réussissent à trouver des stratégies pour ne pas perdre leur temps en classe.

Oui, j'avais saisi l'ironie, mais j'en rajoutais une couche

Elberta a écrit:

EdithW a écrit:? Probablement que cet espace d'ennui (très pénible...) n'existe quasiment plus et que cela impacte les cerveaux de nos jeunes

C'est très juste. Et non seulement cet espace d'ennui n'existe quasiment, plus mais quand il existe de nombreux parents cherchent à le combler (que dire de ces enfants qui ont des téléphones en main lors des balades dominicaines).

Les bébés de 1 ou 2 ans, dans leur poussette avec un smartphone pour les tenir tranquille (c'est à dire ne pas avoir à les occuper, le gamin ne demande rien, lui, à part de l'attention) j'ai envie de hurler sur les parents et d'appeler la hotline pour les violences sur enfants quand je vois ça (mais je me retiens).

Je voulais dire dominicales, bien sûr.

EdithW a écrit:

Elberta a écrit:

EdithW a écrit:? Probablement que cet espace d'ennui (très pénible...) n'existe quasiment plus et que cela impacte les cerveaux de nos jeunes

C'est très juste. Et non seulement cet espace d'ennui n'existe quasiment, plus mais quand il existe de nombreux parents cherchent à le combler (que dire de ces enfants qui ont des téléphones en main lors des balades dominicaines).

Les bébés de 1 ou 2 ans, dans leur poussette avec un smartphone pour les tenir tranquille (c'est à dire ne pas avoir à les occuper, le gamin ne demande rien, lui, à part de l'attention) j'ai envie de hurler sur les parents et d'appeler la hotline pour les violences sur enfants quand je vois ça (mais je me retiens).

Ça, c’est grave. Vraiment, ça me fait de la peine pour ces enfants. Je suis étonné de la naïveté des parents. Il y a des tas d’études scientifiques qui montrent la nocivité des écrans (télé ou ordinateur pour les enfants) en gros, ça mange la concentration, ça prend du temps sur les apprentissages, la créativité, les activités sportives etc.. le livre de Desmurget est clair. [modéré]
Je me rends compte que je vais beaucoup moins, voire plus du tout sur internet quand je suis en vacances ou quand je suis occupé comme ce matin et que ça ne me manque pas. C’est le signe que le temps que j’y consacre, c’est un peu du bouche-trou. C’est plus une routine qu’une addiction ou que quand j’y vais, c’est pour chercher une info, me tenir au courant. D’autant que n’ayant pas d’internet sur le portable, dès que je quitte la maison ou le travail, je n’ai pas la possibilité d’y passer du temps. Ça limite le temps d’écran forcément.
Pour l’instant, mes enfants sont en primaire, il y a un questionnaire de lecture à faire sur un site spécialisé mais rien d’autre.

Je suis persuadé que d'ici 10 ans tous ceux qui ont les moyens paieront très cher pour avoir une école classique, sans gadgets électroniques qui seront réservés aux enfants de la plèbe pour les tenir.

C'est déjà le cas aux Etats-Unis.

Matteo a écrit:Je suis persuadé que d'ici 10 ans tous ceux qui ont les moyens paieront très cher pour avoir une école classique, sans gadgets électroniques qui seront réservés aux enfants de la plèbe pour les tenir.

La garderie électronique coûte cher. J'imagine mal notre pays en assez bonne santé économique dans 10 ans pour continuer d'alimenter ces flots de dépenses inutiles.

Je suis assez d'accord. Pour ma part, je résiste tant que je peux aux pressions que la société exerce pour que j'aie un smartphone (sérieusement, ça commence à être de plus en plus dur, ils y a de plus en plus de choses qui nécessitent une "application" pour smartphone).

Quand je prends les transports, je sors un bouquin, ou, si le trajet dure moins de 10-15 minutes, j'attends, tout simplement. J'ai un peu peur de ne plus être capable d'attendre 15min en m'ennuyant si je me mets à avoir ce genre de jouet.

Et pour les élèves, je suppose que c'est pareil : s'ils ont été habitués à avoir toujours un truc à faire immédiatement, qui capte leur attention, ils deviennent difficilement gérables lorsqu'on leur demande simplement de patienter...

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:

La garderie électronique coûte cher. J'imagine mal notre pays en assez bonne santé économique dans 10 ans pour continuer d'alimenter ces flots de dépenses inutiles.

Pas si sûr : avec la banalisation du numérique, elle peut être aussi une solution de facilité voire une manière de rogner sur les postes enseignants.

Hier, post de 17h37... Le concept de "Territoire Numérique Educatif". Testé chez les "pauvres" évidemment.

TrucOuBidule a écrit:

*Ombre* a écrit:Tiens, Proton, tu pourrais méditer ce passage :

« Tout dépend comment on s’en sert », « il suffit d’être raisonnable ». Derrière ces expressions, assenées par des experts du « bon usage » du numérique, la responsabilité écrasante de ces firmes est transférée aux parents, et plus particulièrement aux parents des classes populaires. Car de la même manière que la bourgeoisie s’est détournée de la malbouffe, elle apprend aujourd’hui à préserver ses enfants des écrans après les avoir utilisés pendant vingt ans comme marqueur social [2] Les familles les plus pauvres, inondées de pub et privées de nature, dépourvues des moyens de rivaliser avec YouTube et Fortnite par des sorties et des loisirs, sont massivement victimes de la misère addictive du high tech. Non seulement leurs enfants sont les premiers touchés, mais les parents sont désignés comme les principaux coupables. Comme pour les problèmes d’obésité et de surpoids (qui touche maintenant plus d’un tiers des jeunes enfants en France [3]), la violence de l’intoxication de masse est recyclée en violence de classe [4].

tAoK a écrit:A la réunion de rentrée de 6ème, la PP nous informe que l'enfant doit lui-même se connecter sur Pronote tous les soirs, et qu'il pourra lui être autorisé l'utilisation de son portable en classe pour certaines activités mathématiques.

L'école se rend complice de cette addiction aux écrans dès le plus jeune âge.

Lorsque l'infime minorité de parents a osé répondre : "notre enfant n'a pas de portable", la réponse a été : "ah bah ouais mais bon ... on s'arrangera". Où comment faire passer certaines personnes pour des mauvais parents au yeux de tous, y compris de nos propres enfants.

On n'est pas sortis de la m****.

Mais c'est qu'il y a le marché de la "EdTech" à développer...!?!!!
Regardez ce qu'est un TNE "Territoire Numérique Educatif" :
-> https://www.banquedesterritoires.fr/sites/default/files/2018-12/2018-11-Ecarto%20observatoire%20des%20territoirs%20numeriques%20educatifs-web.pdf
Testé ... dans le Val-d'oise et l'Aisne (départements pas vraiment riches),
-> https://www.banquedesterritoires.fr/territoires-numeriques-educatifs-un-niveau-dequipement-souvent-insuffisant
Je pense que l'enseignement en "chair et en os", cela restera possible pour... les moins pauvres. Et comme ça, bah les inégalités se creuseront encore etc etc.

J'ai fait cet été une vidéo effrayante, très facilement à l'insu des gens sur cette vidéo. Au déjeuner, une famille avec la mère, deux enfants et une très jeune enfant. Chacun était "sur" son écran. Les 4 sont restés scotchés à leur écran pendant les 15 minutes où j'ai déjeuné.  Ils ne m'ont pas vu pas plus que les serveuses qui allaient et venaient. Ils étaient avachis sur la banquette (les pieds dessus). La petite prenait des aliments à la main et les portait à sa bouche aussi mécaniquement/machinalement qu'un robot. Déshumanisée avant même de l'être pleinement. Aucune compétence sociale. C'était effrayant !! Et loin d'être un cas unique.

J'avoue avoir peur de la société à venir. L'école dans une dizaine d'année sera un enfer !

Devant mon établissement, le matin, je vois des élèves ensemble mais qui ne se parlent pas. Ils sont chacun sur leur smartphone... Je trouve cela très triste.

Panta Rhei a écrit:J'ai fait cet été une vidéo effrayante, très facilement à l'insu des gens sur cette vidéo. Au déjeuner, une famille avec la mère, deux enfants et une très jeune enfant. Chacun était "sur" son écran. Les 4 sont restés scotchés à leur écran pendant les 15 minutes où j'ai déjeuné.  Ils ne m'ont pas vu pas plus que les serveuses qui allaient et venaient. Ils étaient avachis sur la banquette (les pieds dessus). La petite prenait des aliments à la main et les portait à sa bouche aussi mécaniquement/machinalement qu'un robot. Déshumanisée avant même de l'être pleinement. Aucune compétence sociale. C'était effrayant !! Et loin d'être un cas unique.

J'avoue avoir peur de la société à venir. L'école dans une dizaine d'année sera un enfer !

Personnellement, cela me gêne beaucoup : je détesterai être filmé à mon insu. Et plus encore si c'est pour en tirer des interprétations de ce genre.

TrucOuBidule a écrit:Hier, post de 17h37... Le concept de "Territoire Numérique Educatif". Testé chez les "pauvres" évidemment.

TrucOuBidule a écrit:

*Ombre* a écrit:Tiens, Proton, tu pourrais méditer ce passage :

« Tout dépend comment on s’en sert », « il suffit d’être raisonnable ». Derrière ces expressions, assenées par des experts du « bon usage » du numérique, la responsabilité écrasante de ces firmes est transférée aux parents, et plus particulièrement aux parents des classes populaires. Car de la même manière que la bourgeoisie s’est détournée de la malbouffe, elle apprend aujourd’hui à préserver ses enfants des écrans après les avoir utilisés pendant vingt ans comme marqueur social [2] Les familles les plus pauvres, inondées de pub et privées de nature, dépourvues des moyens de rivaliser avec YouTube et Fortnite par des sorties et des loisirs, sont massivement victimes de la misère addictive du high tech. Non seulement leurs enfants sont les premiers touchés, mais les parents sont désignés comme les principaux coupables. Comme pour les problèmes d’obésité et de surpoids (qui touche maintenant plus d’un tiers des jeunes enfants en France [3]), la violence de l’intoxication de masse est recyclée en violence de classe [4].

tAoK a écrit:A la réunion de rentrée de 6ème, la PP nous informe que l'enfant doit lui-même se connecter sur Pronote tous les soirs, et qu'il pourra lui être autorisé l'utilisation de son portable en classe pour certaines activités mathématiques.

L'école se rend complice de cette addiction aux écrans dès le plus jeune âge.

Lorsque l'infime minorité de parents a osé répondre : "notre enfant n'a pas de portable", la réponse a été : "ah bah ouais mais bon ... on s'arrangera". Où comment faire passer certaines personnes pour des mauvais parents au yeux de tous, y compris de nos propres enfants.

On n'est pas sortis de la m****.

Mais c'est qu'il y a le marché de la "EdTech" à développer...!?!!!
Regardez ce qu'est un TNE "Territoire Numérique Educatif" :
-> https://www.banquedesterritoires.fr/sites/default/files/2018-12/2018-11-Ecarto%20observatoire%20des%20territoirs%20numeriques%20educatifs-web.pdf
Testé ... dans le Val-d'oise et l'Aisne (départements pas vraiment riches),
-> https://www.banquedesterritoires.fr/territoires-numeriques-educatifs-un-niveau-dequipement-souvent-insuffisant
Je pense que l'enseignement en "chair et en os", cela restera possible pour... les moins pauvres. Et comme ça, bah les inégalités se creuseront encore etc etc.

Je viens de supporter une journée bourrage de crâne TNE. Dans un espace incroyable, avec coin créativité piscine à balles, coin relaxation banquette, papasan, transat, coin jeu avec légo/M patate et fraise tagada, repas fourni nous avons dû essayer des applications d'entreprises privées parce que étiquetés CPC ou formateurs. Nous devrons retransmettre la bonne parole à nos collègues qui n'ont pas eu la chance de participer à ce temps de team cohésion. Rien ne fonctionnait, questions gênantes ignorées (25 millions pour ces applications et un ENT pendant 3 ans et ensuite....on paie enfin on nous a rassuré, les collectivités ne pourront que payer devant l'engouement des parents. C'est sûr, ma commune vient de baisser la subvention par enfant et réfléchit à chauffer à 17°, je pense qu'elle s'empressera de payer.) Pourquoi aucune application gratuite (mais rien n'est gratuit par pauvre dâme) n'apparaît sur le bouquet proposé, comment est effectué le choix des applications, comment limiter l'exposition aux écrans...? Incroyable.
Bon rien ne fonctionnait, pas assez de connexion, fonctionne sur tablettes mais sur PC et inversement, code incorrect, inutile. On a bien rigolé.