- roxanneOracle
Donc 3 commentaires??? Ce n'est pas du tout ça qui a été dit.
- KilmenyEmpereur
roxanne a écrit:Mais l'enjeu n'est quand même pas le même. Faire une dissertation sur une œuvre qu'ils n'ont pas lue ou étudiée me parait du domaine de l'impossible. (ou alors on va avoir des disserts sur une œuvre avec des exemples d'une autre). Commenter un texte hors parcours revient à ce qui a toujours été fait. Je pense que personne n'avait bien dû préparer à Andrée Chédid l'année dernière..
Pour certains élèves faire une dissertation sur une oeuvre censée être lue est AUSSI du domaine de l'impossible.
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Un petit clic pour les animaux : http://www.clicanimaux.com/catalog/accueil.php?sites_id=1
- KilmenyEmpereur
roxanne a écrit:Donc 3 commentaires??? Ce n'est pas du tout ça qui a été dit.
Ce que dis Une passante ne tranche pas la question. Cela peut être oui, comme non.
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- Une passanteEsprit éclairé
J'avoue ne pas voir où vous percevez une ambiguïté : le texte à commenter sera en lien avec l'objet d'étude, et absolument pas avec un parcours. il n'y aura donc qu'un seul texte (poétique, ou théâtral, ou narratif, ou argumentatif, comme avant quoi)
- roxanneOracle
Oui, ça y est j'ai compris. En fait, à force de chercher à comprendre ce que peut vouloir dire tel ou tel point, on finit par se compliquer encore plus la vie.
- RobertDeSaintLoupNiveau 2
Bonjour à tous,
Je réactive ce sujet pour vous faire part de mes interrogations concernant la réintroduction de l'exercice d'explication linéaire au lycée dans la perspective de l'oral de l'E.A.F.
Après huit mois d'application de ce nouveau programme - qui peut être contestable sur d'autres points, mais ce n'est pas l'ensemble du programme que je souhaite commenter - et l'étude de quinze textes en explication linéaire (j'ai terminé le 15e texte juste avant les vacances de printemps, je m'arrête donc là pour la liste du bac), je trouve globalement que le changement de méthode contraint par l'attente d'une explication linéaire au bac n'est pas satisfaisant. J'avancerai pour cela plusieurs raisons :
1. Le temps : là où je prenais 2h pour une lecture analytique par axes de lecture successifS, j'ai bien du mal à faire moins de 3h en explication linéaire parce que j'ai tendance à moins resserrer mon propos et à laisser davantage les élèves commenter à l'oral au fil de la lecture en cours dialogué. L'exercice s'éternise, c'est très long, pour eux comme pour moi. Cela les amuse sur les 5-6 premières lignes, et après ils tombent dans un profond sommeil.
2. La difficulté extrême de l'exercice qui relève selon moins d'une forme purement universitaire et non d'une forme pédagogique comme l'était la lecture analytique. Il est bien plus difficile de faire un commentaire abouti de manière linéaire que de manière composée : les élèves n'arrivent pas à dépasser la succession de remarques et d'analyses complètement émiettées, sans lien les unes aux autres ; ou pire, ne font que de la paraphrase. Ils naviguent à vue, perdent le sens du texte, ne savent ni vraiment quoi dire, ni comment le dire. L'ensemble paraît dilué, allé trop dans tous les sens. Globalement, mes élèves trouvent l'exercice fastidieux et complètement artificiel. J'ai trouvé les prestations à l'oral blanc bien plus médiocres en explication linéaire que ce que j'entendais dans l'ancien format.
3. L'ennui : je m'ennuie en explication linéaire (ce qui n'était pas le cas en lecture analytique), ils s'ennuient aussi.
4. L'inadaptation de la forme de l'exercice à la nature même de certains textes : commenter une scène de théâtre de manière linéaire, je trouve cela d'une totale absurdité. De même que bien des passages de roman.
Je trouve qu'il faudrait, comme le programme le suggère, laisser la méthode au choix du professeur, et que par conséquent, le choix de la méthode soit laissé également au candidat à l'oral du baccalauréat :
- cela permettrait d'une part de re-dynamiser le cours en ne faisant pas sans cesse le même exercice ad nauseam : on varierait ainsi de forme selon ce qu'on veut dire sur le texte.
- cela permettrait d'adapter la forme de la glose à la nature du texte : certains textes argumentatifs se prêtent parfaitement à l'explication linéaire, certains textes théâtraux pas du tout.
- cela donnerait plus de souplesse et de liberté à notre enseignement.
Selon moi, l'explication linéaire a toujours été un exercice du supérieur, que l'on fait à défaut de pouvoir élaborer un commentaire composé, parce qu'on n'a pas le temps de préparer en 1h (oral de l'ENS) ou en 2h (oral de l'agrégation, ou du capes), un commentaire composé. Pourquoi donc imposer cette forme à des lycéens de 1ère ? C'est une forme de spécialistes, qui s'adressent à des spécialistes qui glosent entre eux.
Bref, je n'avais rien contre l'explication linéaire à l'origine, mais dans son application devant des classes du secondaire, je juge l'expérience honnêtement assez catastrophique et je ne vois pas comment on peut maintenir une forme pareille pendant des années.
Je réactive ce sujet pour vous faire part de mes interrogations concernant la réintroduction de l'exercice d'explication linéaire au lycée dans la perspective de l'oral de l'E.A.F.
Après huit mois d'application de ce nouveau programme - qui peut être contestable sur d'autres points, mais ce n'est pas l'ensemble du programme que je souhaite commenter - et l'étude de quinze textes en explication linéaire (j'ai terminé le 15e texte juste avant les vacances de printemps, je m'arrête donc là pour la liste du bac), je trouve globalement que le changement de méthode contraint par l'attente d'une explication linéaire au bac n'est pas satisfaisant. J'avancerai pour cela plusieurs raisons :
1. Le temps : là où je prenais 2h pour une lecture analytique par axes de lecture successifS, j'ai bien du mal à faire moins de 3h en explication linéaire parce que j'ai tendance à moins resserrer mon propos et à laisser davantage les élèves commenter à l'oral au fil de la lecture en cours dialogué. L'exercice s'éternise, c'est très long, pour eux comme pour moi. Cela les amuse sur les 5-6 premières lignes, et après ils tombent dans un profond sommeil.
2. La difficulté extrême de l'exercice qui relève selon moins d'une forme purement universitaire et non d'une forme pédagogique comme l'était la lecture analytique. Il est bien plus difficile de faire un commentaire abouti de manière linéaire que de manière composée : les élèves n'arrivent pas à dépasser la succession de remarques et d'analyses complètement émiettées, sans lien les unes aux autres ; ou pire, ne font que de la paraphrase. Ils naviguent à vue, perdent le sens du texte, ne savent ni vraiment quoi dire, ni comment le dire. L'ensemble paraît dilué, allé trop dans tous les sens. Globalement, mes élèves trouvent l'exercice fastidieux et complètement artificiel. J'ai trouvé les prestations à l'oral blanc bien plus médiocres en explication linéaire que ce que j'entendais dans l'ancien format.
3. L'ennui : je m'ennuie en explication linéaire (ce qui n'était pas le cas en lecture analytique), ils s'ennuient aussi.
4. L'inadaptation de la forme de l'exercice à la nature même de certains textes : commenter une scène de théâtre de manière linéaire, je trouve cela d'une totale absurdité. De même que bien des passages de roman.
Je trouve qu'il faudrait, comme le programme le suggère, laisser la méthode au choix du professeur, et que par conséquent, le choix de la méthode soit laissé également au candidat à l'oral du baccalauréat :
- cela permettrait d'une part de re-dynamiser le cours en ne faisant pas sans cesse le même exercice ad nauseam : on varierait ainsi de forme selon ce qu'on veut dire sur le texte.
- cela permettrait d'adapter la forme de la glose à la nature du texte : certains textes argumentatifs se prêtent parfaitement à l'explication linéaire, certains textes théâtraux pas du tout.
- cela donnerait plus de souplesse et de liberté à notre enseignement.
Selon moi, l'explication linéaire a toujours été un exercice du supérieur, que l'on fait à défaut de pouvoir élaborer un commentaire composé, parce qu'on n'a pas le temps de préparer en 1h (oral de l'ENS) ou en 2h (oral de l'agrégation, ou du capes), un commentaire composé. Pourquoi donc imposer cette forme à des lycéens de 1ère ? C'est une forme de spécialistes, qui s'adressent à des spécialistes qui glosent entre eux.
Bref, je n'avais rien contre l'explication linéaire à l'origine, mais dans son application devant des classes du secondaire, je juge l'expérience honnêtement assez catastrophique et je ne vois pas comment on peut maintenir une forme pareille pendant des années.
- IphigénieProphète
Ton message montre à quel point il est difficile de changer ses habitudes.
Du tout: il a longtemps été considéré comme impensable de faire un commentaire composé sans avoir fait d’abord une étude linéaire : le « tout synthétique » (commentaire, corpus, questions d’ensemble...) est un concept assez récent en pédagogie: on a longtemps privilégié l’analyse.
Selon moi, l'explication linéaire a toujours été un exercice du supérieur, que l'on fait à défaut de pouvoir élaborer un commentaire composé, parce qu'on n'a pas le temps de préparer en 1h (oral de l'ENS) ou en 2h (oral de l'agrégation, ou du capes), un commentaire composé. Pourquoi donc imposer cette forme à des lycéens de 1ère ? C'est une forme de spécialistes, qui s'adressent à des spécialistes qui glosent entre eux.
- DesolationRowEmpereur
RobertDeSaintLoup a écrit:Selon moi, l'explication linéaire a toujours été un exercice du supérieur, que l'on fait à défaut de pouvoir élaborer un commentaire composé, parce qu'on n'a pas le temps de préparer en 1h (oral de l'ENS) ou en 2h (oral de l'agrégation, ou du capes), un commentaire composé.
Je ne me prononcerai pas sur ce qu'il faut faire au lycée, mais ça c'est très factuellement faux.
- Thalia de GMédiateur
Il fut un temps, que les moins de 20 ans... où on ne se posait pas la question. C'était dès la 6e, voire avant, que nos maîtres nous enseignaient l'explication de texte, autrement dite l'étude linéaire, laquelle, censément acquise en seconde permettait de rédiger un commentaire composé.Iphigénie a écrit:Ton message montre à quel point il est difficile de changer ses habitudes.
Du tout: il a longtemps été considéré comme impensable de faire un commentaire composé sans avoir fait d’abord une étude linéaire : le « tout synthétique » (commentaire, corpus, questions d’ensemble...) est un concept assez récent en pédagogie: on a longtemps privilégié l’analyse.
Selon moi, l'explication linéaire a toujours été un exercice du supérieur, que l'on fait à défaut de pouvoir élaborer un commentaire composé, parce qu'on n'a pas le temps de préparer en 1h (oral de l'ENS) ou en 2h (oral de l'agrégation, ou du capes), un commentaire composé. Pourquoi donc imposer cette forme à des lycéens de 1ère ? C'est une forme de spécialistes, qui s'adressent à des spécialistes qui glosent entre eux.
Je plussoie Iphigénie, l'étude linéaire est un préalable au commentaire composé.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- DesolationRowEmpereur
Je ne suis pas d'accord du tout avec l'idée qu'un commentaire composé est plus élaboré qu'une étude linéaire. Ce sont deux exercices différents.
- IphigénieProphète
Absolument oui, mais comme l’implique « composé », me semble-t-il, on compose à partir du simple et non au doigt mouillé , non?DesolationRow a écrit:Je ne suis pas d'accord du tout avec l'idée qu'un commentaire composé est plus élaboré qu'une étude linéaire. Ce sont deux exercices différents.
- DesolationRowEmpereur
En général nous ne sommes pas en désaccord. Sauf sur les subordonnées introduites par quo, bien entendu.
- RobertDeSaintLoupNiveau 2
Justement tout mon propos consiste à dire que le commentaire (ou lecture analytique, méthodique, peu importe l'intitulé, dès l'instant qu'on organise notre réflexion en des axes synthétiques) me semblent plus simples à réaliser qu'une explication linéaire aboutie et réussie pour des élèves de 1ère. Etant assez jeune, je n'ai jamais connu l'explication linéaire au lycée en tant qu'élève, encore moins au collège évidemment. Je ne l'ai pratiquée que dans la préparation des concours.
- myzNiveau 1
Entièrement d'accord avec tous tes arguments RobertdeSaintLoup ! Il faudrait en effet que les élèves aient le choix à l'oral (et pourquoi non d'ailleurs ? je ne vois pas...), ce qui pourrait réconcilier tout le monde, toutes les pratiques, et ce qui nous laisserait plus de liberté et de souplesse pour adapter la méthode au texte étudié, en fonction de son genre littéraire, de sa structure de son économie interne etc.
Enfin, si c'était le seul défaut de ces nouveaux programmes...
Enfin, si c'était le seul défaut de ces nouveaux programmes...
- trompettemarineMonarque
Moi, je ne vois plus l'intérêt de l'oral : à force de réformes multiples, plus personne ne sait ce qu'est une explication, ou plus excatement tout le monde en a une idée différente.
Il faudra du temps pour revenir à quelque chose partagé par chacun.
En attendant, les formateurs continuent à nous dire de faire faire des padlets (grand bien leur fasse, moi c'est niet), de ne pas avoir d'attentes formelles en explication (et que la lecture linéaire, c'est le mal, parce que, je cite, "une lecture linéaire, ça se vomit"), de ne pas accepter la paraphrase mais de l'accepter aussi (ou bien, ça dépend pour quel type d'élève), de ne pas attendre le plan du texte, mais de le valoriser, de ne pas attendre de procédés d'écriture, mais de le valoriser. Si le texte est interprété, attention ça peut ne pas venir de l'élève : donc pas sûr qu'on mette des points.
Bref, du gloubiboulga sans compter l'entretien où l'on demande à ne pas avoir, en tant que professeur, une connaissance experte de l’œuvre : ce qui importe c'est l'approche personnelle de l'élève, que dis-je son ressenti, oui son ressenti, ce mot creux qui n'existe pas mais qui est au cœur de l'évaluation. Oui ressentir l’œuvre, c'est dialoguer avec elle.
Non, dialoguer avec une œuvre, c'est la connaître, avoir d'autres connaissances, l'analyser dans le détail, l'interroger, la comprendre, la laisser nous surprendre, nous interroger, et lui laisser son mystère.
On n'en obtient pas de ressenti. Moi, il n'y a que les pets que je sens et pourtant j'ai un très mauvais odorat.
Bref, ce n'est plus qu'une bouillie informe que cette épreuve orale.
Les élèves sortent peut-être bien meilleurs en explication au collège qu'en lycée, à force d'injonctions hiérarchiques aberrantes.
Note attendue pour éviter tout recours : entre 14 et 20 (22 ce serait mieux). (Surtout avoir une moyenne plus haute que celle qu'ils pourraient obtenir en mathématiques)
Moi, entre le vomi (dont on m'accuse) et les pets (que je pressens), j'en ai ma claque de l'épreuve de français.(surtout, surtout, en ce moment) !
EDIT : au milieu des E3C, l'oral de français, c'est peanuts. Alors, beaucoup d'élèves ne vont pas se fatiguer à réviser leurs textes.
Il faudra du temps pour revenir à quelque chose partagé par chacun.
En attendant, les formateurs continuent à nous dire de faire faire des padlets (grand bien leur fasse, moi c'est niet), de ne pas avoir d'attentes formelles en explication (et que la lecture linéaire, c'est le mal, parce que, je cite, "une lecture linéaire, ça se vomit"), de ne pas accepter la paraphrase mais de l'accepter aussi (ou bien, ça dépend pour quel type d'élève), de ne pas attendre le plan du texte, mais de le valoriser, de ne pas attendre de procédés d'écriture, mais de le valoriser. Si le texte est interprété, attention ça peut ne pas venir de l'élève : donc pas sûr qu'on mette des points.
Bref, du gloubiboulga sans compter l'entretien où l'on demande à ne pas avoir, en tant que professeur, une connaissance experte de l’œuvre : ce qui importe c'est l'approche personnelle de l'élève, que dis-je son ressenti, oui son ressenti, ce mot creux qui n'existe pas mais qui est au cœur de l'évaluation. Oui ressentir l’œuvre, c'est dialoguer avec elle.
Non, dialoguer avec une œuvre, c'est la connaître, avoir d'autres connaissances, l'analyser dans le détail, l'interroger, la comprendre, la laisser nous surprendre, nous interroger, et lui laisser son mystère.
On n'en obtient pas de ressenti. Moi, il n'y a que les pets que je sens et pourtant j'ai un très mauvais odorat.
Bref, ce n'est plus qu'une bouillie informe que cette épreuve orale.
Les élèves sortent peut-être bien meilleurs en explication au collège qu'en lycée, à force d'injonctions hiérarchiques aberrantes.
Note attendue pour éviter tout recours : entre 14 et 20 (22 ce serait mieux). (Surtout avoir une moyenne plus haute que celle qu'ils pourraient obtenir en mathématiques)
Moi, entre le vomi (dont on m'accuse) et les pets (que je pressens), j'en ai ma claque de l'épreuve de français.(surtout, surtout, en ce moment) !
EDIT : au milieu des E3C, l'oral de français, c'est peanuts. Alors, beaucoup d'élèves ne vont pas se fatiguer à réviser leurs textes.
- myzNiveau 1
Entièrement d'accord à nouveau ! Moi aussi je n'en ai plus qu'assez de cet oral inepte !!
- RobertDeSaintLoupNiveau 2
trompettemarine a écrit:Moi, je ne vois plus l'intérêt de l'oral : à force de réformes multiples, plus personne ne sait ce qu'est une explication, ou plus excatement tout le monde en a une idée différente.
Il faudra du temps pour revenir à quelque chose partagé par chacun.
En attendant, les formateurs continuent à nous dire de faire faire des padlets (grand bien leur fasse, moi c'est niet), de ne pas avoir d'attentes formelles en explication (et que la lecture linéaire, c'est le mal, parce que, je cite, "une lecture linéaire, ça se vomit"), de ne pas accepter la paraphrase mais de l'accepter aussi (ou bien, ça dépend pour quel type d'élève), de ne pas attendre le plan du texte, mais de le valoriser, de ne pas attendre de procédés d'écriture, mais de le valoriser. Si le texte est interprété, attention ça peut ne pas venir de l'élève : donc pas sûr qu'on mette des points.
Bref, du gloubiboulga sans compter l'entretien où l'on demande à ne pas avoir, en tant que professeur, une connaissance experte de l’œuvre : ce qui importe c'est l'approche personnelle de l'élève, que dis-je son ressenti, oui son ressenti, ce mot creux qui n'existe pas mais qui est au cœur de l'évaluation. Oui ressentir l’œuvre, c'est dialoguer avec elle.
Je pense que tu mets le doigt sur l'essentiel du problème dans l'enseignement de notre discipline, surtout au lycée : c'est une véritable crise épistémologique et théorique. Qu'est-ce que commenter, expliquer un texte ? Qu'est-ce que cela veut dire finalement et qu'est-ce qu'on en attend dans des évaluations scolaires ? Chacun y met ce qu'il veut y voir et réalise les exercices en fonction de ses propres visions de la littérature et de ses enjeux éducatifs, de ses propres idéologies scolaires, de ses propres conceptions... On nous assomme d'injonctions, mais paradoxalement, le contenu même de ce qu'on enseigne n'a jamais été aussi diffus et confus !
Je suis consterné par ce que tu racontes sur les formations que tu as suivies : autant ne pas être hypocrite et dire qu'on n'attend rien, et que dès l'instant que l'élève parle, il a déjà la moyenne aha. "Si le texte est interprété, attention ça ne peut ne pas venir de l'élève : donc pas sûr qu'on mette des points." Mais quelle absurdité... Ce que je raconte non plus ne vient pas toujours de moi, mais des connaissances qu'on m'a transmises sur les textes... Je ne réinvente pas une interprétation dans chaque explication de texte, pourquoi attendrait-on de notre élève une autre interprétation que celle de son professeur ? Et dans ce cas, à quoi sert le professeur ? A juste distribuer le texte et à organiser sa "rencontre" avec l'élève ? Bah clairement il n'y a pas besoin d'avoir fait des études pour faire ça aha.
- ysabelDevin
Iphigénie a écrit:Ton message montre à quel point il est difficile de changer ses habitudes.
Du tout: il a longtemps été considéré comme impensable de faire un commentaire composé sans avoir fait d’abord une étude linéaire : le « tout synthétique » (commentaire, corpus, questions d’ensemble...) est un concept assez récent en pédagogie: on a longtemps privilégié l’analyse.
Selon moi, l'explication linéaire a toujours été un exercice du supérieur, que l'on fait à défaut de pouvoir élaborer un commentaire composé, parce qu'on n'a pas le temps de préparer en 1h (oral de l'ENS) ou en 2h (oral de l'agrégation, ou du capes), un commentaire composé. Pourquoi donc imposer cette forme à des lycéens de 1ère ? C'est une forme de spécialistes, qui s'adressent à des spécialistes qui glosent entre eux.
Jusqu'à la réforme Bayrou (déjà lui !) les explications étaient toujours linéaires au lycée. Quant au commentaire composé, une collègue, partie à la retraite il y a une dizaine d'années m'avait dit un jour que c'était une invention des années 70. On leur a demandé d'enseigner, du jour au lendemain, ce nouvel exercice.
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- sinanNiveau 9
J'avoue que ces critiques à l'endroit de la lecture linéaire me plongent dans un abîme de perplexité. Pour moi, seule une lecture linéaire permet de rendre compte de la progression d'un texte, de sa complexité. Elle permet en effet de construire une attention aux mots du texte de manière rigoureuse. Il s'agit avant tout d'"apprendre à lire" à des élèves qui n'ont, avant d'arriver au lycée, jamais vraiment décortiqué un texte, qui ont plutôt appris à survoler, à sur interpréter.
J'ai toujours mené une lecture linéaire, avant de composer le commentaire.
C'est vrai que j'enseigne dans les zones "difficiles". C'est peut-être une manière nécessaire avec certains publics.
Et question méthode, j'ai d'ailleurs une certaine " virginité" : je n'ai pas fait mon lycée en France, j'ai été initiée sur le tard aux méthodes françaises d'analyse de texte. Peut-être est-ce un héritage de ma formation un peu "vieillotte" en lettres classiques.
J'ai toujours mené une lecture linéaire, avant de composer le commentaire.
C'est vrai que j'enseigne dans les zones "difficiles". C'est peut-être une manière nécessaire avec certains publics.
Et question méthode, j'ai d'ailleurs une certaine " virginité" : je n'ai pas fait mon lycée en France, j'ai été initiée sur le tard aux méthodes françaises d'analyse de texte. Peut-être est-ce un héritage de ma formation un peu "vieillotte" en lettres classiques.
- CathEnchanteur
Thalia de G a écrit:Il fut un temps, que les moins de 20 ans... où on ne se posait pas la question. C'était dès la 6e, voire avant, que nos maîtres nous enseignaient l'explication de texte, autrement dite l'étude linéaire, laquelle, censément acquise en seconde permettait de rédiger un commentaire composé.Iphigénie a écrit:Ton message montre à quel point il est difficile de changer ses habitudes.
Du tout: il a longtemps été considéré comme impensable de faire un commentaire composé sans avoir fait d’abord une étude linéaire : le « tout synthétique » (commentaire, corpus, questions d’ensemble...) est un concept assez récent en pédagogie: on a longtemps privilégié l’analyse.
Selon moi, l'explication linéaire a toujours été un exercice du supérieur, que l'on fait à défaut de pouvoir élaborer un commentaire composé, parce qu'on n'a pas le temps de préparer en 1h (oral de l'ENS) ou en 2h (oral de l'agrégation, ou du capes), un commentaire composé. Pourquoi donc imposer cette forme à des lycéens de 1ère ? C'est une forme de spécialistes, qui s'adressent à des spécialistes qui glosent entre eux.
Je plussoie Iphigénie, l'étude linéaire est un préalable au commentaire composé.
Mais bien évidemment.
- ProvenceEnchanteur
En collège, je la privilégie depuis longtemps. Elle permet d'éclairer progressivement le sens du texte et de mettre en évidence sa construction. Sur des textes complexes, je la trouve très efficace.RobertDeSaintLoup a écrit: Etant assez jeune, je n'ai jamais connu l'explication linéaire au lycée en tant qu'élève, encore moins au collège évidemment. Je ne l'ai pratiquée que dans la préparation des concours.
sinan a écrit:J'avoue que ces critiques à l'endroit de la lecture linéaire me plongent dans un abîme de perplexité. Pour moi, seule une lecture linéaire permet de rendre compte de la progression d'un texte, de sa complexité. Elle permet en effet de construire une attention aux mots du texte de manière rigoureuse. Il s'agit avant tout d'"apprendre à lire" à des élèves qui n'ont, avant d'arriver au lycée, jamais vraiment décortiqué un texte, qui ont plutôt appris à survoler, à sur interpréter.
J'ai toujours mené une lecture linéaire, avant de composer le commentaire.
Je plussoie entièrement.
- RobertDeSaintLoupNiveau 2
Eh bien je me sens tout seul à regretter la lecture analytique ! aha. En fait j'aurais aimé aussi partager des expériences pédagogiques avec des collègues enseignant en lycée et qui pratiquent donc aussi l'explication linéaire à la chaîne pour l'oral du baccalauréat. Peut-être que c'est moi qui m'y prends très mal, donc tout conseil est le bienvenu
Concernant le commentaire, j'admets que je fais partie de ceux qui ne sont jamais vraiment passés par une étude linéaire exhaustive pour faire mes commentaires... Les plans me viennent en général très vite parce que j'ai un esprit de synthèse.
Concernant le commentaire, j'admets que je fais partie de ceux qui ne sont jamais vraiment passés par une étude linéaire exhaustive pour faire mes commentaires... Les plans me viennent en général très vite parce que j'ai un esprit de synthèse.
- sinanNiveau 9
En fait, moi ce que je n'ai jamais réussi à mener pédagogiquement, c'est un commentaire directement composé.
Je lis le texte. Je lève la tête : les élèves qui m'ont vraiment écoutée me regardent l'air perdu. Qu'avez-vous compris ? Silence. Et quand l'un ose une interprétation, généralement c'est très pauvre/ partiel/ voire inexact.
Donc cela me semble naturel de commencer par relire la première phrase, et de leur demander : que veut dire cette phrase ? De quoi est-elle composée ? Quel lexique ? Quel temps ? Etc.
Évidemment je parle ici de textes denses.
Je pense que beaucoup ont une certaine compréhension du texte, mais celle-ci reste dans les limbes de l'indicible. Et ils sont quand même souvent dans le contre-sens.
Comment, dans ce cas, construire directement un plan de commentaire composé avec les élèves ?
Je répète que je ne parle que de mes élèves, public en difficulté avec l'écrit. Je pense que les choses seraient différentes avec des élèves scolaires, de milieux instruits, à l'aise avec l'écrit.
Je lis le texte. Je lève la tête : les élèves qui m'ont vraiment écoutée me regardent l'air perdu. Qu'avez-vous compris ? Silence. Et quand l'un ose une interprétation, généralement c'est très pauvre/ partiel/ voire inexact.
Donc cela me semble naturel de commencer par relire la première phrase, et de leur demander : que veut dire cette phrase ? De quoi est-elle composée ? Quel lexique ? Quel temps ? Etc.
Évidemment je parle ici de textes denses.
Je pense que beaucoup ont une certaine compréhension du texte, mais celle-ci reste dans les limbes de l'indicible. Et ils sont quand même souvent dans le contre-sens.
Comment, dans ce cas, construire directement un plan de commentaire composé avec les élèves ?
Je répète que je ne parle que de mes élèves, public en difficulté avec l'écrit. Je pense que les choses seraient différentes avec des élèves scolaires, de milieux instruits, à l'aise avec l'écrit.
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