- NitnelavNiveau 4
C'est un postulat. Il reste à démontrer quel mécanisme permet, avec de l'argent, d'apaiser un enseignant qui travaille dans des conditions exécrables.une augmentation digne de ce nom aiderait quand même pas mal à supporter certaines journées bien pourries.
D'accord pour un rééquilibrage entre les différentes fonctions publiques et surtout entre les personnels (mais ça je le disais déjà dans mon post). L'argument du privé, je le laisse de côté, parce que je n'ai pas envie de penser la fonction publique relativement au fonctionnement du secteur privé (c'est une logique qui conduit toujours à nier la spécificité de notre travail). Ici, c'est une question de philosophie qui est en jeu ("qu'est-ce qu'un agent du service public?) : et j'ai le sentiment, en lisant ce que tu écris sur le salaire de la personne qui nettoie les merdes de tes élèves, que certaines inégalités te semblent légitimes. C'est justement sur la base de ces raisonnements faux que les salariés du privés jugent que nous sommes trop bien lotis.L'intérêt d'une revalorisation générale est de réduire les inégalités criantes entre nous et le reste de la fonction publique, a fortiori entre nous et le niveau de qualification équivalent dans le privé.
Tu fais semblant de ne pas comprendre qu'il s'agit du rapport entre le salaire moyen d'un enseignant et le salaire moyen des français.Bon ben alors on va payer un max les collègues qui travaillent à LLG et diviser par deux le salaire des collègues en REP, histoire de ne pas avoir une distance sociale trop grande.
Il y a 40 millions de logements viables en France, 58% de propriétaires occupants. Cela signifie qu'une partie du parc immobilier est confisqué, et par des investisseurs très riches (eux on les laisse de côté), et par des CSP+, qui sans le savoir créent artificiellement une pénurie. Qu'on garde pour soi ou sa famille une petite propriété héritée, cela est normal, qu'on achète un petit studio pour le louer à un travailleur pauvre ou à un étudiant (ou à la personne, elle encore, qui nettoie les merdes de tes élèves) pour pouvoir se faire un complément de salaire ou de retraite, ça me semble être une belle saloperie.Quant au fait que certains collègues "surfent sur la mode de l'investissement locatif" (pas fous, les collègues, c'est bien le seul investissement rentable en ce moment), tu ne t'es pas dit qu'ils avaient peut-être un conjoint qui gagnait bien sa vie, un héritage, ou tout simplement qu'ils avaient fait un emprunt qu'ils remboursaient avec les loyers perçus ?
Problème philosophique encore une fois. Nous ne partageons pas les mêmes valeurs. Mon salaire me permet de vivre, modestement. Tu as raison pour dire qu'il faut que les études pour devenir professeur puissent payer : mais pour moi cette récompense ne se mesure pas en euros : là où il faut aider l'enseignant, c'est en créant les conditions qui lui permettent de mesurer son utilité dans la société (en voyant ses élèves progresser, en sentant qu'il participe à une oeuvre collective). Pour ce qui est du salaire, je le détache pour ma part de la question du mérite (il me sert à vivre, point). Je ne mérite pas telle somme, par contre je mérite que mon administration fasse en sorte que je puisse rentrer chez moi à la fin d'une journée en me disant : j'ai été utile à quelque chose.évidemment, il faut que les études soient rentables, sinon ça n'a aucun intérêt d'en entreprendre. Mais le principe de base est simple : une qualification particulière devrait entraîner une rémunération en conséquence. On veut des enseignants à bac + 5 ? Eh bien on les paye à leur juste valeur !
Je résume donc, puisqu'il le faut : je n'ai pas fait ces études pour gagner de l'argent. Je trouve que c'est un honneur d'embrasser justement cette profession où la compétence ne se mesure pas en euros gagnés sur son compte, mais dans la réussite de ceux à qui on enseigne. Le seul scandale à mon avis, c'est que les conditions de cet exercice soient mauvaises. Le premier combat ne devrait donc pas être celui des salaires (qui sont plutôt bons, comparés à la moyenne et à la médiane française), mais celui des conditions de réussite de la mission qu'on exerce.
J'aurais également aimé aborder la question de l'écologie et de la simplicité volontaire : je ne vois pas comment on peut régler les problèmes liés à notre mode de vie si peu respectueux de l'environnement en donnant toujours plus de possibilité d'acheter des merdes dans les magasins, de prendre l'avion pour partir loin, d'acheter des smartphones...
Ces revendications salariales, qui ont l'apparence d'un combat syndical classique, sont en fait l'expression d'un corps enseignant gentrifié, qui se droitise, qui a accepté tous les postulats de la société libérale (inégalité des salaires, croissance indéfinie, droit au loisir maximum etc.).
- pseudo-intelloSage
Nitnelav a écrit:Pour ma part, je ne suis pas en faveur de l'augmentation de nos salaires. Voici pourquoi :
1. C'est une revendication que nous avons souvent lorsque nous constatons que notre métier est difficile : je ne crois pas que l'augmentation du salaire apaise le quotidien d'un enseignant, lorsqu'il a des classes difficiles ou qu'il se sent délaissé par sa hiérarchie.
Ben si. S'il a du pognon, quand il rentre chez lui après une journée difficile, et pas envie de se mettre à cuisiner, il peut sortir dîner au restaurant plus souvent (et ça fait tourner l'économie locale, merveilleux). S'offrir un petit soin le week-end, ou quoi que ce soit de relaxant, ne pas se priver de vacances comme je l'ai souvent fait (ça ressource, les vacances !), etc.
Tu noteras que cette différence de niveau de vie d'une région à l'autre sert de rééquilibrage aux desiderata des profs. La Bretagne et la haute-savoir, c'est très attrayant, mais si je sais qu'avec le même budget je suis bien plus à l’aise en restant là où j'ai été envoyée, j'y reste volontiers (ne t'inquiète pas, les endroits les plus chers restent très demandés). Si on avait le même niveau de vie partout, les mutations seraient encore plus déséquilibrées et sources de frustration qu'elles ne le sont.Nitnelav a écrit:
2. En fonction de l'endroit où on enseigne, le pouvoir d'achat varie considérablement : avec 2000 euros nets dans l'Aveyron, on vit bien, à Paris on tire la langue. Il faut donc plutôt développer des mécanismes de compensation en fonction des lieux de résidence plutôt qu'une augmentation généralisée (qui ne changerait rien aux inégalités).
Et puis bon courage pour établir la cartographie précise du coût de la vie en France... beau sujet de discorde et de frustrations en perspective.
Nitnelav a écrit:3. Personnellement (ce n'est pas un argument ici, mais l'expression d'un idéal), je pense que l'enseignant ne doit pas se tenir socialement à une distance trop grande de la majorité des élèves à qui il enseigne.
Chic chic chic, on va jouer !
Alors moi, je trouve :
- que mon médecin doit arrêter de gagner le triple ou le quadruple de mon salaire parce que bon, quand même, trop de distance sociale entre patients et soignants, c'est néfaste.
- que mon plombier doit arrêter de si bien gagner sa vie, aprce que la différence de revenu entre artisan et client, c'est malsain. Et puis l'argent, de toutes manières, ça n'arrange pas le problème des journées à rallonge.
- mon président de la république doit être au Smic, pour savoir ce que ça fait. Et s'il a trop de biens préalablement à son entrée en fonction, on le spolie.
- les traitements des finances publiques doivent être baissés, car cons fonctionnaires sont ien trop riches par rapport à la famille lambda.
Les bahuts du centre ville sont déjà sensiblement plus demandés que les REP+, alors ajoutons encore une jolie différence de salaire en payant mal les enseignants des pauvres et bien les enseignants es riches, histoire de bien pourrir encore plus la situation.
Nitnelav a écrit:Ce désir d'égalité me fait me dire que de trop grands écarts de salaire existent au sein même de notre profession : du simple au tripe ou au quadruple. On voit des enseignants qui peinent à payer leur loyer, et d'autres qui surfent sur la mode de l'investissement locatif (en faisant payer son prêt à un pauvre qui ne peut pas accéder à la propriété).
Ça, c'est encore un coup de nos nantis collègues aveyronnais. Toujours les mêmes ces embourgeoisés.
Et si ces collègues avaient un conjoint qui aurait des revenue plus importants ?
Ou si, tout simplement, le collègue qui peut investir se saigne aux quatre veines pour réaliser cet investissement, trop conscient de le voir devenir nécessaire, au fil des gels de salaires et des réformes des retraites .
Oui, et puis 100 balles et un mars, aussi, tant qu'à faire.Nitnelav a écrit:4. On dit que cette demande d'augmentation est légitimée par l'entrée tardive dans le métier (masterisation, études longues etc.). Ici, c'est encore en terme de compensation qu'on pense, sans cibler le réel problème qui est celui du coût des études. On doit faciliter un accès gratuit à l'Université, au logement étudiant également (et évidemment, sans laisser de côté les enfants de la classe moyenne).
Même si j'étais d'accord avec toi, en attendant qu'on construise assez de logement pour tous les étudiants et qu'on rende les universités gratuites, je veux bien une augmentation. Oh, promis, le jour où les études sont gratuites et où tous les étudiants disposent d'un logement universitaire, on pourra me rétablir mon traitement au niveau initial. Chiche.
Quand j'ai commencé, je n'avais pas de gosses, donc maison lus petite, etc, personne d'autre que moi à nourrir, une seule place à payer au ciné ou dans n'importe quelle sortie, petit bagnole donc consommation moindre.. .maintenant, on est 5, et allocs ou pas, c'est pas pareil.Nitnelav a écrit:5. Je suis plutôt pour ma part favorable à un rééquilibrage de nos salaires sur l'ensemble de notre carrière. Commencer un peu moins bas, et finir un peu moins haut. Cela permettrait d'accéder plus rapidement à la propriété (pour son propre logement il s'entend), avec des prêts immobiliers moins longs à rembourser (et donc moins chers).
Ça s'appelle la qualification.Nitnelav a écrit: Ce rééquilibrage, je le souhaiterais également pour l'ensemble des personnels : je trouve insupportable que la personne qui nettoie ma salle soit moins payée que moi ; je trouve assez anormal également que nos chefs aient des salaires si élevés.
Quand j'étais étudiante, j'étais caissière payée au Smic, et juste qu Smic, parce que si je voulais pas de la place, presque n'importe qui pouvait la prendre. AU bout de ma première heure de travail, on m'a sommée d'aller plus vite, parce que voilà, l'apprentissage était fini, moins d'une heure ça suffisait pur apprendre le métier et l'exercer normalement (trouvait le manager).
En revanche, si tu prends le péquin lambda et que tu le colles 18h/semaine devant 25 (je suis gentille) élèves de 4e, avec cours et copies et le reste, je pense que que ça va pas le faire.
Les concours sont déjà assez désertés comme ça, l’État est de plus en plus souvent obligé de prendre des personnels insuffisamment qualifiés (profs qui font des tas de fautes d'orthographe, profs de français qui n'aiment pas lire et méconnaissent les fonctions grammaticales basiques, pour parler des matières que je connais).
Pourquoi ? Les profs d'il y a 50 ou 60 ans faisaient partie de la population aisée (aisée, pas richissime), et l'Education Nationale / Instruction publique ne s'en portait pas plus mal.Nitnelav a écrit: Pour résumer, je crois qu'il y a deux écueils à éviter avec nos rémunérations : d'une part, on ne peut pas imaginer que certains personnels de l'éducation nationale soient en difficulté pour vivre, d'autre part on ne doit pas espérer que notre profession s'embourgeoise.
Outre que le principe et bien vague, on n'en prend clairement pas le chemin (et même si on le prenait, ça pendrait du temps).Nitnelav a écrit: une politique qui rende l'entrée dans la carrière plus facile et qui facilite nos conditions de travail.
Et le temps que tous tes "si" se réalisent, tes petits-enfants qui sans doute n’existent pas encore seront à la retraite.Nitnelav a écrit: Si, ces rééquilibrages ayant été effectués, on constate que le niveau de vie général et moyen de l'enseignant reste trop bas, alors à ce moment-là je veux bien réfléchir à une augmentation de la masse salariale. Mais pas avant
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- RwanNiveau 6
J'interviens juste sur deux points:
Lien salaire / pénibilité J'ai vu pas mal de collègue en reconversion venir de métier où ils gagnaient vraiment vraiment beaucoup plus. Pourtant ils ont fuis leur travail. (pour tomber dans l'EN, certes...)
Personne ne crache sur une augmentation, mais pour moi cela compense difficilement un travail pénible.
Lien salaire / pénibilité J'ai vu pas mal de collègue en reconversion venir de métier où ils gagnaient vraiment vraiment beaucoup plus. Pourtant ils ont fuis leur travail. (pour tomber dans l'EN, certes...)
Personne ne crache sur une augmentation, mais pour moi cela compense difficilement un travail pénible.
Je vais faire mon matheux relou, mais cela n'a strictement aucun sens. Le salaire moyen ne donne aucune indication sur le milieu social. Alors comparer deux moyennes de salaires... Non, cela ne veut juste rien dire.Tu fais semblant de ne pas comprendre qu'il s'agit du rapport entre le salaire moyen d'un enseignant et le salaire moyen des français.
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Q est dénombrable, et dense dans R
Pourtant R est n'est pas dénombrable.
C'est beau.
- DanskaProphète
Je dois être une matheuse reloue aussi, parce que je confirme que ça ne veut rien dire.
Quant au reste du pavé, pas le temps ni le courage de m'y attaquer ; pourtant il y aurait de quoi faire. Dommage, parce que sur le principe je suis extrêmement favorable à l'idée qu'on a tous intérêt à consommer beaucoup moins si on veut garder une planète vivable. Mais le rapport avec les enseignants qui devraient être les seuls à voir leur pouvoir d'achat s'effondrer sans rien dire m'échappe.
Quant au reste du pavé, pas le temps ni le courage de m'y attaquer ; pourtant il y aurait de quoi faire. Dommage, parce que sur le principe je suis extrêmement favorable à l'idée qu'on a tous intérêt à consommer beaucoup moins si on veut garder une planète vivable. Mais le rapport avec les enseignants qui devraient être les seuls à voir leur pouvoir d'achat s'effondrer sans rien dire m'échappe.
- pseudo-intelloSage
Idem : pas de smartphone, pas d'achats de gadgets débiles made in Asie qui durera ce que durent les roses, le moins de shopping possible, investissement pour chauffage vert, etc.
Mais diantre-roggggntidjjjj, à la faim, pourquoi se laisser paupériser et être toujours les dindons de la farce ?
Ou alors, fallait le dire avant que je me lance dans les études, et j'aurais fait autre chose.
En plus, le calcul est assez pourri, aprce que la profession comptant nombre de bobos jaime-le-bio, jaime-le-local et amazon-et-airbnb-cest-caca, autant nous filer le pognon à nous qu'à d'autres on en fera meilleur usage.
Mais diantre-roggggntidjjjj, à la faim, pourquoi se laisser paupériser et être toujours les dindons de la farce ?
Ou alors, fallait le dire avant que je me lance dans les études, et j'aurais fait autre chose.
En plus, le calcul est assez pourri, aprce que la profession comptant nombre de bobos jaime-le-bio, jaime-le-local et amazon-et-airbnb-cest-caca, autant nous filer le pognon à nous qu'à d'autres on en fera meilleur usage.
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- NitnelavNiveau 4
Mais diantre-roggggntidjjjj, à la faim, pourquoi se laisser paupériser et être toujours les dindons de la farce ?
La dernière remarque sur le bio est drôle
Je trouve cependant qu'il y a une forme d'indécence à parler de paupérisation pour parler des enseignants, une profession où, quand on est titulaire, on a son salaire garanti, accès à l'emprunt plutôt facilement, des revenus supérieurs à la moyenne française, dans un des pays les plus riches du monde... Personnellement, je préfère me battre pour une plus grande égalité salariale entre les personnels, et je n'aurais rien contre le fait de prendre un peu aux uns pour donner aux autres. Pour le reste, je veux me battre sur la question des conditions de travail, essentielle à mon sens.
- pseudo-intelloSage
Pouvoir d’achat en baisse de 14% = paupérisation.
Mon traitement est inférieur au salaire moyen français, et infiniment inférieur au salaire des considérés comme cadre.
Mon traitement me laisse être dépassée par certaines catégories B d'autres ministères.
Je ne vois pas ce qu'il te faut de plus.
Et je ne te parle pas des collègues qui doivent participer à financer d'Ephad de mémé.
Si tu exerces depuis moins de 6 - 7 ans, si tu n'a spas d'enfants, tu peux sans doute te trouve à l'aise.
Moi aussi, il y a 10 ans, j'étais à l'aise (en sachant que ne pas encore avoir d'enfants était une des raisons pour lesquelles j'étais à l'aise).
Mon traitement est inférieur au salaire moyen français, et infiniment inférieur au salaire des considérés comme cadre.
Mon traitement me laisse être dépassée par certaines catégories B d'autres ministères.
Je ne vois pas ce qu'il te faut de plus.
Et je ne te parle pas des collègues qui doivent participer à financer d'Ephad de mémé.
Si tu exerces depuis moins de 6 - 7 ans, si tu n'a spas d'enfants, tu peux sans doute te trouve à l'aise.
Moi aussi, il y a 10 ans, j'étais à l'aise (en sachant que ne pas encore avoir d'enfants était une des raisons pour lesquelles j'étais à l'aise).
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- dansesNiveau 9
@Nitnelav : Une forme d’indécence dis-tu ?
J’en parle demain à deux de mes collègues (au moins !) qui assument seuls leurs familles, qui peinent à boucler leurs fins de mois, malgré un Master et des états de service plus qu’impeccables.
C’est exactement grâce à ce type de discours (je synthétise : « l’argent, c’est sale et mal d’en parler et d’en demander, parce qu’on en a quand même plus que d’autres ! »), que nous nous paupérisons. On ne se paie pas de vocation (quoi qu’en disent d’anciennes ministres à la télévision), et (j’ai vérifié) aucune mention de chasteté ni de pauvreté ne figure sur ma fiche de paie. Mon emploi n’est pas un sacerdoce (le rêve et le comble de nos gouvernements libéraux, prôner la laïcité sur tous les fronts, et payer les profs au tarif sacerdotal...). Par ailleurs, redistribuer à moins riche que moi, il me semble déjà le faire en payant mes impôts.
J’en parle demain à deux de mes collègues (au moins !) qui assument seuls leurs familles, qui peinent à boucler leurs fins de mois, malgré un Master et des états de service plus qu’impeccables.
C’est exactement grâce à ce type de discours (je synthétise : « l’argent, c’est sale et mal d’en parler et d’en demander, parce qu’on en a quand même plus que d’autres ! »), que nous nous paupérisons. On ne se paie pas de vocation (quoi qu’en disent d’anciennes ministres à la télévision), et (j’ai vérifié) aucune mention de chasteté ni de pauvreté ne figure sur ma fiche de paie. Mon emploi n’est pas un sacerdoce (le rêve et le comble de nos gouvernements libéraux, prôner la laïcité sur tous les fronts, et payer les profs au tarif sacerdotal...). Par ailleurs, redistribuer à moins riche que moi, il me semble déjà le faire en payant mes impôts.
- henrietteMédiateur
Cette demande est à effet immédiat : merci de te présenter avant de continuer à participer au forum.henriette a écrit:@Nitnelav : Merci de te présenter dans la section ad hoc du forum https://www.neoprofs.org/f26-votre-presentation
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- NitnelavNiveau 4
Pouvoir d’achat en baisse de 14% = paupérisation.
Mon traitement est inférieur au salaire moyen français, et infiniment inférieur au salaire des considérés comme cadre.
Mon traitement me laisse être dépassée par certaines catégories B d'autres ministères.
Je ne vois pas ce qu'il te faut de plus.
J'ai parlé à tort du salaire moyen (faussé évidemment, puisqu'il y a de très hauts revenus). Parlons du salaire médian (aux alentours de 1800 euros nets mensuels). On l'atteint après 2-3 ans de service. C'est à dire qu'en début de carrière, on a un salaire plus élevé que 50% des français.
Quand on gagne plus de 2000 euros nets par mois, on fait partie des 30% les plus riches ; plus de 2400 euros nets, des 20% les plus riches.
Pour ce qui est du salaire des cadres, effectivement on gagne moins que le community manager [modéré] de Danone (et c'est très bien comme ça à mon avis).
Des gens de la catégorie B te dépassent? Ma soeur aussi, elle est éducatrice à la Protection judiciaire de la jeunesse depuis 20 ans (dans 2 ou 3 ans je gagnerai plus qu'elle ; j'aurai sûrement un peu honte d'ailleurs : elle essaye d'éviter la prison à des gamins, moi je leur apprend la première déclinaison).
Pour ce qui est de la perte de pouvoir d'achat quand on a des enfants, tu as raison c'est un problème, qu'il faut sûrement traiter par la revalorisation des allocations familiales et des parts d'impôts (c'est-à-dire en perfectionnant des mécanismes qui existent déjà). Si on revalorise de façon générale, là où toi tu vas juste t'en sortir un peu mieux, moi je vais carrément rouler sur l'or (ce qui ne serait pas très juste).
- henrietteMédiateur
Ceci est logiquement corrélé au niveau d'études : en 2017, 18% de la population avait un diplôme Bac+2 ou plus. Les enseignants font partie des 18% les plus diplômés. Il est normal de ce fait qu'ils soient au-dessus du salaire médian.Nitnelav a écrit:
Quand on gagne plus de 2000 euros nets par mois, on fait partie des 30% les plus riches ; plus de 2400 euros nets, des 20% les plus riches.
https://www.inegalites.fr/niveau-de-diplome-de-la-population
18 % de la population dispose d’un niveau de diplôme supérieur à bac + 2 et 54 % détient au maximum le brevet d’enseignement professionnel (BEP), selon les données de l’enquête emploi 2017 de l’Insee (population de 25 ans et plus).
Maintenant si tu t'estimes trop payé, les associations caritatives seront heureuses de recevoir la partie de ton salaire que tu juges imméritée.
Ah, et une dernière chose à ne pas oublier : if you pay peanuts, you get monkeys. Cet adage malheureusement se vérifie pour le recrutement dans l'EN de façon assez dramatique - sauf qu'on en arrive à un point dans certaines matières où il y a tellement peu de cacahuètes qu'on n'arrive même plus à trouver assez de singes...
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- NitnelavNiveau 4
Une situation regrettable, mais particulière. Deux enseignant.e.s qui assument seul.e.s une famille. On appelle cela "parent isolé", et cela n'a pas vocation à être traité par une revalorisation salariale généralisée (qui méconnaît les situations individuelles), mais par des dispositifs individualisés (notamment les allocations familiales). Comme je le disais à "pseudo-intello", il faut donc renforcer des mécanismes qui existent déjà, car en augmentant le salaire de façon générale pour traiter des situations particulières, tu crées de nouvelles inégalités.J’en parle demain à deux de mes collègues (au moins !) qui assument seuls leurs familles, qui peinent à boucler leurs fins de mois, malgré un Master et des états de service plus qu’impeccables.
On méconnait souvent les dispositifs d'aide auxquels nous avons droit (c'est un autre problème, lié à la question de la publicité du droit auprès des agents et des citoyens en général). On peut par exemple, pour amortir des investissements liés à notre profession, faire passer comme frais professionnels une partie de nos dépenses fixes (achat d'ordinateur, de bureau, une partie de l'électricité qu'on dépense quand on chauffe et éclaire une pièce pour travailler, achat de livres, sorties culturelles liées à notre veille pédagogique...).
La chasteté ou la simplicité volontaire ne sont effectivement pas des prescriptions sur nos fiches de paye. Je le disais plus haut, c'est une question de valeur. Je suis d'accord cependant pour dire qu'un professeur ne doit pas être dans le besoin.
- NitnelavNiveau 4
Oui, mais cette corrélation pose un problème considérable : c'est qu'on sait également qu'on accède d'autant plus facilement aux études qu'on vient soit même d'un milieu favorisé. C'est donc admettre qu'on mérite de gagner plus en fonction d'un niveau d'études expliqué bien souvent par des causalités qui dépassent notre volonté personnelle et nos efforts. Moi aussi il m'arrive de croire que j'en ai bavé pour arriver où je suis, et puis les statistiques me rattrapent, et je vois bien que les déterminismes ont fait leur ouvrage. Les enfants des très riches eux aussi pensent mériter leur salaire.Ceci est logiquement corrélé au niveau d'études : en 2017, 18% de la population avait un diplôme Bac+2 ou plus. Les enseignants font partie des 18% les plus diplômés. Il est normal de ce fait qu'ils soient au-dessus du salaire médian.
Evidemment, il existe des exceptions : ces enfants résilients, enfants de pauvres, qui ont échappé aux lois de la réussite et de l'échec, et se sont sortis de leur milieu. Mais comme on ne fait pas un argument avec les exceptions...
- Hugo78Niveau 10
Nitnelav a écrit:Une situation regrettable, mais particulière. Deux enseignant.e.s qui assument seul.e.s une famille. On appelle cela "parent isolé", et cela n'a pas vocation à être traité par une revalorisation salariale généralisée (qui méconnaît les situations individuelles), mais par des dispositifs individualisés (notamment les allocations familiales). Comme je le disais à "pseudo-intello", il faut donc renforcer des mécanismes qui existent déjà, car en augmentant le salaire de façon générale pour traiter des situations particulières, tu crées de nouvelles inégalités.J’en parle demain à deux de mes collègues (au moins !) qui assument seuls leurs familles, qui peinent à boucler leurs fins de mois, malgré un Master et des états de service plus qu’impeccables.
On méconnait souvent les dispositifs d'aide auxquels nous avons droit (c'est un autre problème, lié à la question de la publicité du droit auprès des agents et des citoyens en général). On peut par exemple, pour amortir des investissements liés à notre profession, faire passer comme frais professionnels une partie de nos dépenses fixes (achat d'ordinateur, de bureau, une partie de l'électricité qu'on dépense quand on chauffe et éclaire une pièce pour travailler, achat de livres, sorties culturelles liées à notre veille pédagogique...).
La chasteté ou la simplicité volontaire ne sont effectivement pas des prescriptions sur nos fiches de paye. Je le disais plus haut, c'est une question de valeur. Je suis d'accord cependant pour dire qu'un professeur ne doit pas être dans le besoin.
Cela n'a rien à voir, mais est-ce possible d'arrêter de mettre de l'écriture inclusive partout ? C'est dommage, on s'arrête de lire alors que le contenu est sans doute intéressant... Moi, personnellement, ça m'insupporte ! Merci !
- henrietteMédiateur
Parce qu'il y a du déterminisme social, ta solution c'est de moins payer les diplômés en géneral, et les profs en particulier ? Sérieusement ?
En fait, le pire dans l'histoire, c'est qu'il est évident que tu n'es même pas un troll. Mais fanchement, j'arrête là, c'est vraiment ridicule.
En fait, le pire dans l'histoire, c'est qu'il est évident que tu n'es même pas un troll. Mais fanchement, j'arrête là, c'est vraiment ridicule.
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- Roro34Niveau 6
Surtout quand on prend un document datant de 2007 alors qu'on connaît bien le mal qu'a pu faire le gel du point d'indice et l'inflation galopante depuis...
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2021-2022 : Poste fixe - Stabilisation REP+
2020-2021 : TZR Néotit (T1) - AFA Temps plein REP+
2019-2020 : Stagiaire temps plein
2019 : Obtention du CAPES Externe
2016-2019 : Contractuel
2015-2016 : M2 MEEF Histoire-Géographie
- NitnelavNiveau 4
Cela n'a rien à voir, mais est-ce possible d'arrêter de mettre de l'écriture inclusive partout ? C'est dommage, on s'arrête de lire alors que le contenu est sans doute intéressant... Moi, personnellement, ça m'insupporte ! Merci !
Non, désolé
- Hugo78Niveau 10
Nitnelav a écrit:Cela n'a rien à voir, mais est-ce possible d'arrêter de mettre de l'écriture inclusive partout ? C'est dommage, on s'arrête de lire alors que le contenu est sans doute intéressant... Moi, personnellement, ça m'insupporte ! Merci !
Non, désolé
Un prof de lettres qui massacre la langue française, no comment !
Sinon, je suis d'accord avec Henriette, tu racontes n'importe quoi, mais ce n'est pas grave ! Cela doit aller de pair avec ma précédente remarque...
- dansesNiveau 9
@Nitnelav : Comme tu le dis très justement, on ne fait pas des arguments avec une exception. Tu débutes, et t’apercevras vite de ce que tes propos tiennent de l’exceptionnel à l’heure actuelle dans l’EN.
@Henriette : idem, mais en revanche je croyais à un bon gros trollage de prof bashing, très en vogue en ce moment !
@Henriette : idem, mais en revanche je croyais à un bon gros trollage de prof bashing, très en vogue en ce moment !
- amethysteDoyen
Pour reprendre certains points :
- Heureusement que certains investissent dans l'immobilier locatif, j'ai été bien contente de trouver un studio à louer pour mon fils. J'aurais dû acheter sinon ?
- Comme un certain nombre, non, je ne viens pas d'un milieu bourgeois, je suis la plus diplômée de la famille. C'était une fierté pour mes parents, mais ça a aussi été des sacrifices. Ils ont trouvé normal que je gagne plus qu'eux comparativement, c'était quand même le but de me payer 5 ans d'études.
- Je ne demande pas à vivre d'allocations, je demande à vivre, moi et ma famille, de mon salaire. Je pense ne pas être la seule dans ce cas. Enfin, pour avoir découvert les joies de la CAF et du CROUS, remplir la paperasse tous les ans m'exaspère au plus haut point, si je pouvais m'en dispenser, je le ferais avec joie.
- Heureusement que certains investissent dans l'immobilier locatif, j'ai été bien contente de trouver un studio à louer pour mon fils. J'aurais dû acheter sinon ?
- Comme un certain nombre, non, je ne viens pas d'un milieu bourgeois, je suis la plus diplômée de la famille. C'était une fierté pour mes parents, mais ça a aussi été des sacrifices. Ils ont trouvé normal que je gagne plus qu'eux comparativement, c'était quand même le but de me payer 5 ans d'études.
- Je ne demande pas à vivre d'allocations, je demande à vivre, moi et ma famille, de mon salaire. Je pense ne pas être la seule dans ce cas. Enfin, pour avoir découvert les joies de la CAF et du CROUS, remplir la paperasse tous les ans m'exaspère au plus haut point, si je pouvais m'en dispenser, je le ferais avec joie.
- Ramanujan974Érudit
Je sens que Nitnelav va bientôt nous quitter, c'est dommage, ça égayait mon début de soirée du dimanche, alors que la nuit est tombée et que le froid arrive.
Je retiendrai ceci, ma préférée :
Je retiendrai ceci, ma préférée :
Nitnelav a écrit:Je trouve que c'est un honneur d'embrasser justement cette profession où la compétence ne se mesure pas en euros gagnés sur son compte, mais dans la réussite de ceux à qui on enseigne.
- VicomteDeValmontGrand sage
- NitnelavNiveau 4
On résume : l'écriture inclusive, ça n'appartient pas à la question que nous traitions. Hugo, ouvre un autre sujet sur ce thème si tu le souhaites.
Les statistiques utilisées : celles de 2007 (si on prend celles de 2017, je suis allé voir, on passe dans le décile inférieur à partir de 2030 euros. Ce qui signifie donc qu'au delà de 2000 euros nets on fait partie des 40% les plus riches, au lieu des 30% en 2007). Le graphique ne prend pas en compte le patrimoine, mais simplement le salaire. Il est donc vrai, certains ont raison de le souligner, que la statistique évolue. Elle confirme cependant que les enseignants sont 'relativement' plus aisés que les autres.
Oui Henriette, le déterminisme social doit nous interroger sur la question des "inégalités" qui apparaissent comme naturelles et liées aux efforts et compétences de chacun, de celles qui sont créées par le simple fait que notre société se structure d'une manière ou d'une autre. Il se trouve que c'est justement cette question qui présida à la création de l'institution scolaire.
Ta remarque sur le fait que je ne sois pas un troll (mais que j'aurais pu en être un) est inquiétante, elle laisse supposer que dès lors qu'on souhaite, point par point, construire un argumentaire, ou évaluer la pertinence d'un autre, on aurait une mauvaise intention. C'est jeter le discrédit sur l'art du débat argumenté.
Je trouve assez inquiétant aussi ces réponses chargées de "c'est n'importe quoi" ou encore "je n'ai pas le courage d'y répondre".
Où sont les arguments?
Les statistiques utilisées : celles de 2007 (si on prend celles de 2017, je suis allé voir, on passe dans le décile inférieur à partir de 2030 euros. Ce qui signifie donc qu'au delà de 2000 euros nets on fait partie des 40% les plus riches, au lieu des 30% en 2007). Le graphique ne prend pas en compte le patrimoine, mais simplement le salaire. Il est donc vrai, certains ont raison de le souligner, que la statistique évolue. Elle confirme cependant que les enseignants sont 'relativement' plus aisés que les autres.
Oui Henriette, le déterminisme social doit nous interroger sur la question des "inégalités" qui apparaissent comme naturelles et liées aux efforts et compétences de chacun, de celles qui sont créées par le simple fait que notre société se structure d'une manière ou d'une autre. Il se trouve que c'est justement cette question qui présida à la création de l'institution scolaire.
Ta remarque sur le fait que je ne sois pas un troll (mais que j'aurais pu en être un) est inquiétante, elle laisse supposer que dès lors qu'on souhaite, point par point, construire un argumentaire, ou évaluer la pertinence d'un autre, on aurait une mauvaise intention. C'est jeter le discrédit sur l'art du débat argumenté.
Je trouve assez inquiétant aussi ces réponses chargées de "c'est n'importe quoi" ou encore "je n'ai pas le courage d'y répondre".
Où sont les arguments?
- InvitéInvité
La modération considère qu'il y a acte de trollage seulement lorsqu'elle a acquis la conviction que les provocations étaient volontaires. Cela nécessite donc une certaine prudence pour ne pas opérer une catégorisation trop rapide.
- NitnelavNiveau 4
Merci pour ces statistiques : elles confirment justement ce que je disais sur l'entrée de carrière, qui doit être rééquilibrée. On gagne sûrement trop peu au début (où l'on doit se loger, acheter une voiture etc.) et peut-être trop à la fin (avec cette réserve que les difficultés liées à la famille ne devraient pas être couvertes uniquement par le salaire, mais également par des dispositifs d'aide).
Je trouve intéressant ce qui a été dit justement sur ces aides :
Par ailleurs, il est vrai que les démarches administratives sont horriblement lourdes. Mais ça, c'est encore une fois, une chose qu'il est possible de régler.
Je trouve intéressant ce qui a été dit justement sur ces aides :
Les enseignants et enfants d'enseignants (j'en faisais partie) n'utilisent pas assez ces leviers.- Je ne demande pas à vivre d'allocations, je demande à vivre, moi et ma famille, de mon salaire. Je pense ne pas être la seule dans ce cas. Enfin, pour avoir découvert les joies de la CAF et du CROUS, remplir la paperasse tous les ans m'exaspère au plus haut point, si je pouvais m'en dispenser, je le ferais avec joie.
Par ailleurs, il est vrai que les démarches administratives sont horriblement lourdes. Mais ça, c'est encore une fois, une chose qu'il est possible de régler.
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