- NLM76Grand Maître
Certes. L'intention d'Apollinaire, en particulier avec la suppression de la ponctuation, est de brouiller les pistes, et de faire en sorte qu'on puisse avoir différents niveaux de lecture. Maintenant, relisez l'affaire ("Vendémiaire" et "Zone"). Le sens dominant est bien celui que j'ai indiqué ci-dessus.
Remarquez en particulier que l'article défini dans "les ivres oiseaux" indique assez fortement qu'il faut entendre "de ma gloire" comme un complément déterminatif du nom "oiseaux". Bon, après, il faut sans doute aussi penser à "Brise Marine" de Mallarmé. ("J'ai vu que des oiseaux sont ivres").
Remarquez en particulier que l'article défini dans "les ivres oiseaux" indique assez fortement qu'il faut entendre "de ma gloire" comme un complément déterminatif du nom "oiseaux". Bon, après, il faut sans doute aussi penser à "Brise Marine" de Mallarmé. ("J'ai vu que des oiseaux sont ivres").
- tannatHabitué du forum
Mais pourquoi vouloir trancher ? (->vraie question)
Quand Apollinaire publie ce poème dans Les Soirées de Paris en 1912 (n°10 ), il opte déjà pour l'absence de ponctuation ; il me semble qu'il opte donc pour l'ouverture, pour la pluralité des lectures, pour l'ivresse du verbe, pour le trouble du vin... (je m'emballe, pardon)
L’absence de ponctuation peut faire hésiter sur le découpage syntaxique, soit. Et ?
Si les pampres => les astres mûres => les lumières des réverbères ; alors pourquoi ne pas comprendre aussi : à l'aube, ces lumières seront vendangées par ma gloire, par exemple, non ?
Quand Apollinaire publie ce poème dans Les Soirées de Paris en 1912 (n°10 ), il opte déjà pour l'absence de ponctuation ; il me semble qu'il opte donc pour l'ouverture, pour la pluralité des lectures, pour l'ivresse du verbe, pour le trouble du vin... (je m'emballe, pardon)
L’absence de ponctuation peut faire hésiter sur le découpage syntaxique, soit. Et ?
Si les pampres => les astres mûres => les lumières des réverbères ; alors pourquoi ne pas comprendre aussi : à l'aube, ces lumières seront vendangées par ma gloire, par exemple, non ?
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- NLM76Grand Maître
Je suis bien d'accord pour ne pas "trancher". Les significations sont multiples certes. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de notes dominantes et des harmoniques, qui n'ont pas le même statut.
Maintenant, je voudrais bien savoir ce que peut vouloir dire "ces lumières seront vendangées par ma gloire". De quelle sienne gloire veut-il parler ? Je ne vois pas. Expliquez-moi ce que vous comprenez là.
Parce que chez Apollinaire, je n'ai jamais vu que l'ivresse fût insignifiante. Divagante et extrêmement complexe, multidivergente, perturbante, bizarre, renversante, bien sûr; mais je n'ai jamais vu chez Apollinaire quelque chose qui relevât du n'importe quoi ou de l'insignifiant. Fais-je erreur ?
Bon, je dois reconnaître que je n'ai pas lu les écrits pornographiques d'Apollinaire... et que je n'en ressens guère l'envie !
Maintenant, je voudrais bien savoir ce que peut vouloir dire "ces lumières seront vendangées par ma gloire". De quelle sienne gloire veut-il parler ? Je ne vois pas. Expliquez-moi ce que vous comprenez là.
Parce que chez Apollinaire, je n'ai jamais vu que l'ivresse fût insignifiante. Divagante et extrêmement complexe, multidivergente, perturbante, bizarre, renversante, bien sûr; mais je n'ai jamais vu chez Apollinaire quelque chose qui relevât du n'importe quoi ou de l'insignifiant. Fais-je erreur ?
Bon, je dois reconnaître que je n'ai pas lu les écrits pornographiques d'Apollinaire... et que je n'en ressens guère l'envie !
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- tannatHabitué du forum
Je lis l'orgueil et la fierté dans ce "de ma gloire" qui ouvre le vers et dont il s'enivre peut-être...
Je lis plein de choses, et j'essaie d'éviter de considérer que les autres racontent n'importe quoi lorsque leur lecture ne correspond pas à la mienne.
"Vendémiaire" a été ébauché en 1909, et la lecture que Michel Décaudin fait d'Alcools (et d'Apollinaire en général) me semble bien plus intelligente que la mienne. Je ne prétends donc rien ; je n'impose rien ; je pose éventuellement (et humblement) des questions et propose (de même) une interprétation, dont je ne prétends ni qu'elle est la seule possible ou même la plus probable ni même qu'elle est intelligente ou juste. J'ouvre la porte et je ne la ferme pas si le sens me semble pouvoir s'y prêter. Cependant cette proposition est faite sans conviction aucune tant il me semble difficile de prétendre comprendre et être certaine de quoi que ce soit en poésie apollinienne.
Bref, bonne journée.
Je lis plein de choses, et j'essaie d'éviter de considérer que les autres racontent n'importe quoi lorsque leur lecture ne correspond pas à la mienne.
"Vendémiaire" a été ébauché en 1909, et la lecture que Michel Décaudin fait d'Alcools (et d'Apollinaire en général) me semble bien plus intelligente que la mienne. Je ne prétends donc rien ; je n'impose rien ; je pose éventuellement (et humblement) des questions et propose (de même) une interprétation, dont je ne prétends ni qu'elle est la seule possible ou même la plus probable ni même qu'elle est intelligente ou juste. J'ouvre la porte et je ne la ferme pas si le sens me semble pouvoir s'y prêter. Cependant cette proposition est faite sans conviction aucune tant il me semble difficile de prétendre comprendre et être certaine de quoi que ce soit en poésie apollinienne.
Décaudin in Michel Décaudin commente Alcools de Guillaume Apollinaire, Folio, Foliothèque a écrit:Contrairement à un Mallarmé ou un Valéry, Apollinaire n'a pas de théorie du langage. Le langage est pour lui un inépuisable réservoir aux innombrables découvertes, toutes également valables. Le secret de l'alchimie du verbe apollinarienne est dans cette infinie disponibilité au mot, à la fois dans l'éventail largement ouvert du vocabulaire et dans ses vertus sonores.
ou encore ici
(..)d'une ébauche de "Vendémiaire" ; on lit en effet dans un brouillon de ce poème (les mots rayés sont entre crochets) :
Hommes de l'avenir souvenez-vous de moi
Je vivais à l'époque où finissaient les rois
Ils [tombaient] mourraient (sic) chaque jour [tour à tour]
[sous les coups d'anarchistes] silencieux et tristes
[Qui] Et trois fois courageux devenaient trismégistes
Puis vient un passage entièrement biffé :
II naissait chaque jour quelques êtres nouveaux
Le fer était leur sang, la flamme leur cerveau
Et parmi tout le peuple habile des machines
La poésie errait, plaintive et si divine !
Je la pris dans mes bras, moi poète inconnu
Et le seul de mon temps qui m'en sois souvenu.
Ainsi le premier jet de "Vendémiaire" partait sur un cri d'orgueil du poète, fier d'avoir reconnu dans ce monde nouveau en création, d'où disparaissaient les rois, symboles du passé (on aura remarqué au passage que c'étaient les anarchistes, et non les rois comme dans la version définitive, qui primitivement « devenaient trismégistes »). Puis cette direction a été abandonnée pour une autre (le chœur des villes s'adressant
à Paris et l'« universelle ivrognerie »).
Et plus loin
Si le thème de la poésie sauvée par un poète inconnu donné par le brouillon de "Vendémiaire" a disparu dans « 1909 », ne peut-on se demander s'il a été totalement effacé de la pensée d'Apollinaire, s'il ne reste pas, comme en filigrane, dans cette nouvelle version ?
Bref, bonne journée.
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- IphigénieProphète
Je crois qu’il est vain de vouloir trancher sur un seul sens: si tel était le cas Apollinaire l’eût écrit clairement: il y a forcément des images qui se superposent , c’est le principe même, et à une « gloire mystique façon douanier Rousseau » où comme dans la chanson du mal aimé les fils électrique( ivres du gin de l’électricité) des tramway des transforment en supports de vignes entourées d’oiseaux, s’ajoute manifestement une réflexion sur la création poétique et le pouvoir d’immortalité de la poésie...
On peut comprendre ( aussi)
De ma gloire attendent la vendange de l’aube: la vendange de l’aube où la vision toute d’ivresse nocturne devient enfin et in fine, bue par Apollinaire, gosier de Paris, poésie- et projette le poète dans une gloire mystique: il est celui qui tutoie les étoiles en somme
On peut comprendre ( aussi)
De ma gloire attendent la vendange de l’aube: la vendange de l’aube où la vision toute d’ivresse nocturne devient enfin et in fine, bue par Apollinaire, gosier de Paris, poésie- et projette le poète dans une gloire mystique: il est celui qui tutoie les étoiles en somme
- tannatHabitué du forum
Et je n'ai pas cherché à dire autre chose que cela, Iphigénie ; sans doute, me suis-je mal exprimée, sans doute n'ai-je pas été suffisamment limpide si vous avez compris autre chose...Iphigénie a écrit:Je crois qu’il est vain de vouloir trancher sur un seul sens: si tel était le cas Apollinaire l’eût écrit clairement: il y a forcément des images qui se superposent , c’est le principe même, et à une « gloire mystique façon douanier Rousseau » où comme dans la chanson du mal aimé les fils électrique( ivres du gin de l’électricité) des tramway des transforment en supports de vignes entourées d’oiseaux, s’ajoute manifestement une réflexion sur la création poétique et le pouvoir d’immortalité de la poésie...
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- IphigénieProphète
Non j’ai bien compris que vous disiez justement cela: je renchérissais!
- tannatHabitué du forum
J'adore celle-ci !Iphigénie a écrit:On peut comprendre ( aussi)
De ma gloire attendent la vendange de l’aube: la vendange de l’aube où la vision toute d’ivresse nocturne devient enfin et in fine, bue par Apollinaire, gosier de Paris, poésie- et projette le poète dans une gloire mystique: il est celui qui tutoie les étoiles en somme
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- tannatHabitué du forum
Je suis une grande fan...
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- NLM76Grand Maître
Je continue à lire "Vendémiaire". Que pensez-vous de la "double raison" , souple raison, qui est au delà de la beauté dans la sixième strophe-paragraphe ?
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- e-WandererGrand sage
Je lirais volontiers "souple" en relation avec son étymologie de "supplex", ce qui reprendrait le motif des mains jointes dans la prière ("nos mains rapprochées
Aux doigts allongés nos mains les clochers"), et en même temps l'adjectif peut renvoyer à une qualité spéciale de l'imagination bretonne, plus vive, plus ductile, davantage portée au mystère et à la poésie que dans d'autres contrées : c'est cette qualité spéciale que célébrait déjà Renan, avec force clichés, dans "La poésie des races celtiques" (un joli texte paru dans la Revue des deux mondes en 1854 et qu'on trouve facilement sur internet), au croisement des mystères de la légende Arthurienne (forêt de Brocéliande etc.) et des mystères de cette vieille terre chrétienne. En somme, deux "raisons" (ratio = à la fois faculté de juger individuelle et principe global de lecture ou d'interprétation du monde) qui visent une forme de transcendance spirituelle et se situent au-delà de la quête esthétique de la beauté, et qui relèvent d'un autre ordre d'antiquité que celle de la Grèce ou de l'Orient. Voir déjà peut-être dans Zone : "Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme" (mais je ne suis pas bien certain que ce rapprochement soit juste, je le signale pour amorcer la discussion).
De toute façon, il y a énormément de clichés dans les différentes strophes consacrées aux régions de France qui envoient leur tribut humain à Paris (sorte de dieu Baal ou de Moloch dévorant les enfants de France – image classique de la grande ville qu'on retrouve beaucoup dans la poésie de l'époque, de Verhaeren à Georg Heym).
Aux doigts allongés nos mains les clochers"), et en même temps l'adjectif peut renvoyer à une qualité spéciale de l'imagination bretonne, plus vive, plus ductile, davantage portée au mystère et à la poésie que dans d'autres contrées : c'est cette qualité spéciale que célébrait déjà Renan, avec force clichés, dans "La poésie des races celtiques" (un joli texte paru dans la Revue des deux mondes en 1854 et qu'on trouve facilement sur internet), au croisement des mystères de la légende Arthurienne (forêt de Brocéliande etc.) et des mystères de cette vieille terre chrétienne. En somme, deux "raisons" (ratio = à la fois faculté de juger individuelle et principe global de lecture ou d'interprétation du monde) qui visent une forme de transcendance spirituelle et se situent au-delà de la quête esthétique de la beauté, et qui relèvent d'un autre ordre d'antiquité que celle de la Grèce ou de l'Orient. Voir déjà peut-être dans Zone : "Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme" (mais je ne suis pas bien certain que ce rapprochement soit juste, je le signale pour amorcer la discussion).
De toute façon, il y a énormément de clichés dans les différentes strophes consacrées aux régions de France qui envoient leur tribut humain à Paris (sorte de dieu Baal ou de Moloch dévorant les enfants de France – image classique de la grande ville qu'on retrouve beaucoup dans la poésie de l'époque, de Verhaeren à Georg Heym).
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- TangledingGrand Maître
Un peu en marge des derniers échanges, je signale le tout récent et très plaisant "Ma vie avec Apollinaire" par François Sureau. Ça peut constituer un prolongement contemporain de bon goût (même si je goûte peu en général ces collections commerciales).
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- NLM76Grand Maître
Intéressant, @e-Wanderer. Je ne connaissais pas l'étymologie de "souple"... En regardant le dictionnaire, je me dis aussi que l'idée de docilité est sans doute ici très forte.
Reste à rapprocher cette raison-là de "Noble Paris seule raison qui vis encore", un peu plus loin.
Chère @tannat, j'ai du mal à voir où tu as pu lire le mépris des autres lectures que "la mienne" dans mes propos; en tout cas ce n'était pas mon intention.
@Iphigénie : c'est cela que j'ai du mal à percevoir ici : "une réflexion sur le pouvoir d'immortalité de la poésie". C'est cela que je trouve tiré par les cheveux. [Mais j'ai sans doute tort ! La "réflexion" sur le pouvoir transcendantal de la poésie est à mon sens aussi essentielle dans Alcools ]
Reste à rapprocher cette raison-là de "Noble Paris seule raison qui vis encore", un peu plus loin.
Chère @tannat, j'ai du mal à voir où tu as pu lire le mépris des autres lectures que "la mienne" dans mes propos; en tout cas ce n'était pas mon intention.
@Iphigénie : c'est cela que j'ai du mal à percevoir ici : "une réflexion sur le pouvoir d'immortalité de la poésie". C'est cela que je trouve tiré par les cheveux. [Mais j'ai sans doute tort ! La "réflexion" sur le pouvoir transcendantal de la poésie est à mon sens aussi essentielle dans Alcools ]
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- IphigénieProphète
à vrai dire je ne suis pas sûre de distinguer entre les deux: j'ai l'impression qu'Apollinaire se situe un peu dans la tradition des Phares de Baudelaire en fait, un poète qui est la bouche qui exprime l'aspiration des hommes vers cette transcendance, un médiateur en somme, et un explorateur aventuriers des nouveaux territoires, si on en croit La Jolie Rousse. Mais après tout Vendémiaire commence par "Hommes de l'Avenir, souvenez vous de moi" même si on peut donner de multiples sens à cet appel, je ne pense pas que l'idée d'une permanence de la poésie soit exclue.c'est cela que j'ai du mal à percevoir ici : "une réflexion sur le pouvoir d'immortalité de la poésie". C'est cela que je trouve tiré par les cheveux. [Mais j'ai sans doute tort ! La "réflexion" sur le pouvoir transcendantal de la poésie est à mon sens aussi essentielle dans Alcools ]
- NLM76Grand Maître
Je lis maintenant "Palais"... Beaucoup d'obscurités. Envie de dire que l'ami Guillaume se fiche un peu du monde...
Que pensez-vous de la troisième strophe
Le stigmate sanglant des mains contre les vitres
Quel archer mal blessé du couchant le trouva
La résine qui rend amer le vin de Chypre
Ma bouche aux agapes d'agneau blanc l'éprouva
C'est quoi cet archer mal blessé ? Qu'est-ce qu'il troua ?
Que pensez-vous de la troisième strophe
Le stigmate sanglant des mains contre les vitres
Quel archer mal blessé du couchant le trouva
La résine qui rend amer le vin de Chypre
Ma bouche aux agapes d'agneau blanc l'éprouva
C'est quoi cet archer mal blessé ? Qu'est-ce qu'il troua ?
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- HannibalHabitué du forum
Il joue avec l'histoire d'Eros et Psyché a priori.
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"Quand la pierre tombe sur l'oeuf, malheur à l'oeuf.
Quand l'oeuf tombe sur la pierre, malheur à l'oeuf." (proverbe)
- e-WandererGrand sage
Je verrais plutôt une allusion à Apollon, blessé par Cupidon dans les Métamorphoses d'Ovide (épisode de Daphné : I, v. 468-567), et lui-même archer. Pour mémoire, Apollon se moque de l'arc de Cupidon, et celui-ci décoche à Apollon une flèche qui le rend amoureux, et à Daphné une autre qui la rend hostile à l'amour d'Apollon.
Apollon étant assimilé au soleil (et possiblement les rayons du soleil à des flèches), on comprend alors le jeu de transparence de la main contre la vitre au soleil couchant, et le motif christique de la main trouée et des stigmates (la figure du Christ est déjà présente au début du poème avec le motif de la flagellation, puis sans doute avec l'agneau blanc).
Bon, c'est malin, ça me donne envie de boire un petit verre de vin blanc résiné bien frais…
Apollon étant assimilé au soleil (et possiblement les rayons du soleil à des flèches), on comprend alors le jeu de transparence de la main contre la vitre au soleil couchant, et le motif christique de la main trouée et des stigmates (la figure du Christ est déjà présente au début du poème avec le motif de la flagellation, puis sans doute avec l'agneau blanc).
Bon, c'est malin, ça me donne envie de boire un petit verre de vin blanc résiné bien frais…
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- SeiGrand Maître
Bonjour,
Quel ouvrage me conseilleriez-vous pour approfondir ma lecture d'Apollinaire ?
Je note d'ores et déjà la référence donnée par Tannat, le commentaire de Michel Décaudin.
J'ai du mal à bâtir mon cours... Je pense que c'est parce qu'au fond, je ne rencontre pas bien ce poète.
Quel ouvrage me conseilleriez-vous pour approfondir ma lecture d'Apollinaire ?
Je note d'ores et déjà la référence donnée par Tannat, le commentaire de Michel Décaudin.
J'ai du mal à bâtir mon cours... Je pense que c'est parce qu'au fond, je ne rencontre pas bien ce poète.
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"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
- SeiGrand Maître
Personne pour me conseiller...?
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"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
- gregforeverGrand sage
J'avoue que, prise par le temps, je ne vais pas faire de vraies lectures sur oeuvre de ce type, je me contenterai des 2 NRP, de l'école des lettres sur l"oeuvre des 4 ellipses balises profil et parcours de l'oeuvre dékà en ma possession ainsi que du folio Michel Décaudin commente Alcools. De toute manière aucun de mes 72 premières n'envisage de prendre la poésie pour le bac (et ils seraient bien malheureux de "tomber" dessus en dissertation.
- NLM76Grand Maître
J'ai mis mon explication de "La Blanche neige" en ligne. Les critiques sont évidemment bienvenues... l'utilité pédagogique de l'affaire est très incertaine, surtout en ces temps de confinement.
- http://www.lettresclassiques.fr/2021/04/05/la-blanche-neige/
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- SeiGrand Maître
Gregforever, merci ! Ce serait aussi pour l'année prochaine...
Le Décaudin n'est plus publié, apparemment, je l'ai trouvé à 14 euros ! C'est "normal" (après tout, il existe des livres critiques aux alentours de cette somme) ou hors de prix ?
Nlm, merci pour le partage. J'irai voir plus précisément, mais d'ors et déjà, je peux dire que la plume donne du charme à l'analyse !
Le Décaudin n'est plus publié, apparemment, je l'ai trouvé à 14 euros ! C'est "normal" (après tout, il existe des livres critiques aux alentours de cette somme) ou hors de prix ?
Nlm, merci pour le partage. J'irai voir plus précisément, mais d'ors et déjà, je peux dire que la plume donne du charme à l'analyse !
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"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
- SeiGrand Maître
Merci, Gregforever ! C'est bien ce qu'il me semblait...
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- sifiÉrudit
Est-ce que l'un d'entre vous pourrait me conseiller une biographie sympa d'Apollinaire ? Je viens de livre le livre de François Sureau Ma vie avec Apollinaire , que j'ai trouvé très beau, mais j'aurais bien aimé approfondir encore un peu mes connaissances sur ce poète que j'aime depuis très longtemps sans avoir pris le temps d'aller chercher plus loin...
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