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- henrietteMédiateur
Quelle tristesse.
J'ai croisé il y a un an ou deux un jeune homme qui venait de renoncer aux études de lettres classiques et bifurquait vers l'histoire : il allait se retrouver seul étudiant de sa fac (en Lorraine il me semble) en licence, ses trois autres condisciples ayant laissé tomber, et a préféré changer de voie.
J'ai croisé il y a un an ou deux un jeune homme qui venait de renoncer aux études de lettres classiques et bifurquait vers l'histoire : il allait se retrouver seul étudiant de sa fac (en Lorraine il me semble) en licence, ses trois autres condisciples ayant laissé tomber, et a préféré changer de voie.
- NicétasNiveau 9
Ce que dit Lefteris me semble juste, pour le secondaire public, c'est mort.
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« Quand un discours naturel peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, laquelle on ne savait pas qu'elle y fût, en sorte qu'on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir ; car il ne nous a pas fait montre de son bien, mais du nôtre ; et ainsi ce bienfait nous le rend aimable, outre que cette communauté d'intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le cœur à l'aimer. »
Pascal, Pensées
- AscagneGrand sage
Moi-même, je culpabilise, et doublement : d'une part, je fais ma thèse avant tout dans la section 9, en langue et littérature médiévales (en y incluant le latin médiéval, bien entendu) ; d'autre part, ma mauvaise expérience du secondaire jusqu'à présent ne me pousse pas à penser à y effectuer toute ma vie professionnelle...
Bien entendu ! Cependant, je ne parviens pas à me contenter de cela, à la fois pour le latin et le grec ancien, et pour ce qu'ils représentent au-delà d'eux-mêmes : certains idéaux humanistes, qui étaient plus facilement actualisables dans ces matières que dans les autres. Sur le plan linguistique, je ne vais pas critiquer mes professeurs d'anglais et d'espagnol de jadis (que j'admire), mais c'est vraiment dans les cours de langues anciennes, en raison de leur spécificité (et aussi des petits effectifs, qui ne sont pas toujours un problème), que j'ai construit ma sensibilité linguistique.Ha@_x a écrit:On se console comme on peut. Je ne suis pas prof de LC, mais je me dit toujours que quelques heures de latin dans leur scolarité, ça ne peut pas leur faire de mal...
D'un côté, les textes officiels et les propos ne sont pas complètement décourageants, mais de l'autre, sur le terrain, la logique comptable ne veut pas de situations non viables (comme les huit latinistes dans mon établissement polyvalent de 1200 élèves). Il y a aussi, comme indiqué plus haut, la situation universitaire : c'est un cercle vicieux qui va se rétrécissant d'année en année.Nicétas a écrit:Ce que dit Lefteris me semble juste, pour le secondaire public, c'est mort.
- gauvain31Empereur
Mathador a écrit:D'un autre côté il me semble qu'un certain nombre de grandes multinationales s'intéressent nettement plus aux géosciences qu'aux lettres classiques. Même si parmi ce que les dinosaures nous ont laissé les fossiles ne sont pas ce qu'elles cherchent le plus .gauvain31 a écrit:Cela me fait penser beaucoup à la paléontologie en Géosciences, mais en moins dramatique que les Lettres Classiques
Un collègue à moi travaille à la fac sur la période du Précambrien. Le nombre de publication sur cette période très ancienne a augmenté incroyablement ; il m'a révélé que les travaux était financés (par ces multinationales ) car il y a de nombreux gisements de minerais précieux datant de cette période.
On n'en connaît d'autant plus sur certains domaines des Géosciences qu'ils apportent des informations sur la formation de certains gisement.( pense aux fumeurs noirs par exemples et la formation des nodules polymétalliques qui seront très convoités dans les prochaines années)
Les connaissances en Géosciences deviennent exponentielles non pas par amour de la Science, mais par amour de l'argent. L'étude d'une civilisation ancienne ou l'histoire de la structuration de la langue ne donne aucun bien matériel pour un pays: le latin et le grec doivent donc pour ces "élites" financières disparaître : on investit que sur ce qui rapporte. Ces élites n'ont rien d'élite : les décisions politiques en terme d'éducation montrent un naufrage intellectuel extrêmement préoccupant pour nos démocraties
- AiônNiveau 8
Nicétas a écrit:Ce que dit Lefteris me semble juste, pour le secondaire public, c'est mort.
gauvain31 a écrit:les décisions politiques en terme d'éducation montrent un naufrage intellectuel extrêmement préoccupant pour nos démocraties
Il faudra alors tenir partout où c'est possible. Dans le privé. Dans des associations. Contre la réalité si c'est nécessaire. Je connais des domaines d'étude où ça va plus mal. J'ai un maître qui enseigne l'araméen pas payé. Sa salle de classe c'est une cave, ou un camion. Il travaille dans le bâtiment pour vivre. Il affirme que ça va, ça n'est pas interdit.
- Ramanujan974Érudit
Est-il utopiste d'espérer à une résurgence des profils : Maths Expertes - Allemand - Latin/Grec ?
- ZagaraGuide spirituel
Ou alors il faut parvenir à transformer le latin et le grec en produits de luxe rentables. Et là vous aurez des financements de postes.
- Lord StevenExpert
Nous avons chez nous 5 postes de lettres classiques, avec traditionnellement beaucoup d'élèves suivant l'enseignement du latin et du grec. Cette idiote réforme du bac à entraîné un nouveau phénomène : 2/3 des elles de secondes abandonnent les langues anciennes... en même temps, quand on entend un CDE lors d'un conseil, à propos d'une élève qui a choisi latin au CNED en spécialité, dire d'un air vaguement méprisant: "se rend elle compte que dans quelques années cela ne lui servira pas à grand chose?" - mais nous sommes dans un lycée soi disant à coloration scientifique, aucun salut hors des mathématiques, 99% des élèves doivent prendre maths, le 1% restant étant pour les statistiques, mais bien sûr que nos élèves choisissent ce qui leur plaisent, voyez nous n'avons pas 100% de matheux. Bref je suis consterné que dès le secondaire on assassine de la sorte les langues anciennes, pas étonnant qu'on arrive à cette triste situation à Limoges.
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If you play with a cat, you should mind his scratch
- AscagneGrand sage
Mercredi, je n'avais que trois élèves sur trente-quatre en seconde, donc je leur ai fait de la culture générale (histoire des différentes langues européennes, lecture d'un peu de grec, de latin). Ils ont été assez estomaqués en voyant la vidéo du discours du valedictorian de telle promotion de Harvard, où il fait de mémoire un discours en latin sur Star Wars ; ils ne pensaient pas que "ça pouvait exister".
@Lord Steven : Ce proviseur mériterait de devoir recopier intégralement tel essai de Battista Guarino ou d'un autre humaniste sur l'intérêt de l'éducation par le latin.
@Lord Steven : Ce proviseur mériterait de devoir recopier intégralement tel essai de Battista Guarino ou d'un autre humaniste sur l'intérêt de l'éducation par le latin.
- RogerMartinBon génie
Grâce à la présence de la spé LCA, qu'il ne souhaite pas prendre car il se destine à une carrière de scientifique () mon fils va être obligé, en fin de 2de, de choisir entre grec et latin l'an prochain, à cause de soucis d'EDT. Il enrage et moi aussi. Il va garder le grec.
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- gauvain31Empereur
Ramanujan974 a écrit:Est-il utopiste d'espérer à une résurgence des profils : Maths Expertes - Allemand - Latin/Grec ?
Disons qu'il ne viendrait plus à l'idée des parents CSP+++ en 2019 de recréer une telle filière d'élite. Mais je parle peut-être un peu trop vite. On aura la réponse dans quelques années
- HypermnestreÉrudit
La spé va tuer l'option… Collègues LCA, ne tombez pas dans le piège...RogerMartin a écrit:Grâce à la présence de la spé LCA, qu'il ne souhaite pas prendre car il se destine à une carrière de scientifique () mon fils va être obligé, en fin de 2de, de choisir entre grec et latin l'an prochain, à cause de soucis d'EDT. Il enrage et moi aussi. Il va garder le grec.
- CasparProphète
C'est la solution qui a été adoptée chez nous: pas de spé pour préserver l'option. Quant à moi j'ai toujours été plus attiré par les langues vivantes mais cette situation me désole tellement que j'ai presque envie de me remettre au latin et de me mettre au grec.
- RogerMartinBon génie
De toute façon, même sans spé cette histoire de choix se profilait, à cause des soucis d'EDT. Mais là, il y a l'argument en or. Grrr.
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- CasparProphète
J'ai l'impression que le problème de la confection des edt n'a effleuré personne au ministère de toute façon.
- RogerMartinBon génie
C'est peut-être le seul espoir qui reste : que ces EDT soient impossibles à fabriquer. Je ne suis pas loin de le penser.
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- Theriakos96Habitué du forum
Mala tempora currunt ! Je ne comprends pas pourquoi cette haine envers ce temple de culture que sont les langues anciennes. Pourquoi souffrent-elles tant? Pourquoi d'autres matières "inutiles" ne subissent-elles pas le même sort omineux? L'agrégation (et même le CAPES !!!!!) de philosophie sont encore attirants pour nombre de candidats, ce qui signifie que la discipline vit encore. Les philosophes jouissent encore d'une certaine visibilité (hélas, pour certains) dans les médias. De même (peut-être en moindre mesure?) pour l'histoire..Pourquoi donc les lettres classiques doivent-elles souffrir cette peine?
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Dicebat Bernardus Carnotensis nos esse quasi nanos, gigantium humeris insidentes, ut possimus plura eis et remotiora videre, non utique proprii visus acumine, aut eminentia corporis, sed quia in altum subvenimur et extollimur magnitudine gigantea.
– Jean de Salisbury, Metalogicon, III, 4
- RogerMartinBon génie
Parce que les journalistes, dans leur immense majorité, ne les ont jamais étudiées.
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- Theriakos96Habitué du forum
Oui, enfin ils n'ont pas étudié davantage l'histoire et la philosophie...quand je dis dans mon entourage que je suis philologue, il arrive qu'on me corrige : " tu es étranger, cela se voit: en français on dit philosophe". À ce moment là, j'arrête de parler et l'envie de "me lever de la vie comme un convive rassasié" me prend.
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– Jean de Salisbury, Metalogicon, III, 4
- AscagneGrand sage
Ou alors n'ont pas trop aimé de les étudier. J'ai en mémoire un camarade de khâgne qui faisait de la rébellion passive en latin, et qui s'honorait de ses résultats quasi négatifs dans le cours de latin obligatoire... et qui est devenu journaliste.RogerMartin a écrit:Parce que les journalistes, dans leur immense majorité, ne les ont jamais étudiées.
Cependant, il y a tout de même quelques livres sur le latin et le grec qui rencontrent un certain succès en librairie et dont les journalistes font de bonnes recensions.
Quant aux EdT... Quel casse-tête. Je plains vraiment celles et ceux qui vont devoir préparer cela : c'est déjà difficile en temps normal, mais avec cette réforme, ce sera pire.
- e-WandererGrand sage
Une petite touche d'optimiste dans cet océan de morosité : chez nous l'an prochain, les effectifs d'étudiants en LC seront en augmentation l'an prochain en L1.
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« Profitons du temps qui nous reste avant la définitive invasion de la grande muflerie du Nouveau Monde » (Huysmans)
- AiônNiveau 8
Ascagne a écrit: J'ai en mémoire un camarade de khâgne qui faisait de la rébellion passive en latin, et qui s'honorait de ses résultats quasi négatifs dans le cours de latin obligatoire...
Ça a été mon cas. J'étais jeune. Mais j'aimais trop la civi pour partir. C'était méga-chaud l'option latin en terminale...
e-Wandere a écrit:Chez nous l'an prochain, les effectifs d'étudiants en LC seront en augmentation l'an prochain en L1
Le cru 2018 de terminales littéraires me donne de grands espoirs pour la suite. Mais je ne goûte qu'un échantillon limité.
- JennyMédiateur
Aiôn a écrit:Ascagne a écrit: J'ai en mémoire un camarade de khâgne qui faisait de la rébellion passive en latin, et qui s'honorait de ses résultats quasi négatifs dans le cours de latin obligatoire...
Ça a été mon cas. J'étais jeune. Mais j'aimais trop la civi pour partir. C'était méga-chaud l'option latin en terminale...
Je pense que ça n'a rien de comparable en terme de niveau.
Tu n'es pas passé sur des textes vus au cours de l'année ? Ca ne me semblait pas insurmontable quand même, en Terminale.
- OudemiaBon génie
Il a raison, c'est ce qui s'oublie le plus vite alors qu'on peut plus facilement, je trouve, entretenir son niveau en latin.RogerMartin a écrit:Grâce à la présence de la spé LCA, qu'il ne souhaite pas prendre car il se destine à une carrière de scientifique () mon fils va être obligé, en fin de 2de, de choisir entre grec et latin l'an prochain, à cause de soucis d'EDT. Il enrage et moi aussi. Il va garder le grec.
Mais quelle tristesse d'en arriver là...
- JennyMédiateur
Caspar a écrit:C'est la solution qui a été adoptée chez nous: pas de spé pour préserver l'option. Quant à moi j'ai toujours été plus attiré par les langues vivantes mais cette situation me désole tellement que j'ai presque envie de me remettre au latin et de me mettre au grec.
Moi aussi.
Pas de grec proposé dans ma ville quand j'étais collégienne et lycéenne, cela reste un grand regret.
Je me dis que si j'obtiens l'agreg, je me lancerais bien dans une licence de lettres classiques. Ca doit bien être faisable par correspondance, non ?
Ce genre d'article me rend triste, quel gâchis...
- RogerMartinBon génie
Chez nous aussi on a une hausse des candidatures LC sur Parcoursupe-Wanderer a écrit:Une petite touche d'optimiste dans cet océan de morosité : chez nous l'an prochain, les effectifs d'étudiants en LC seront en augmentation l'an prochain en L1.
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- Deux filières (allemand et lettres classiques) ont disparu de l'offre universitaire à Limoges
- Article du SNALC : "Professeurs de lettres classiques : vers une assignation à résidence ?"
- [Réforme du collège] Maîtrise du Socle et Lettres classiques : de l'article D. 332-2 du code de l'éducation
- [Lettres et Lettres classiques] Le rapport 2018 du jury du CAPES Lettres modernes est publié
- certifiée lettres classiques souhaiterait tenter l'agreg interne lettres modernes...possible?
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