- MarillionEsprit éclairé
A la faculté des lettres de Limoges, moins d'étudiants et moins de filières
Faute de candidats suffisants en première année, deux filières (allemand et lettres classiques) ont disparu de l'offre universitaire à Limoges. L'une est en sursis ; la seconde refondue.
Sur les bancs de la faculté des lettres et sciences humaines de Limoges, les germanistes, latinistes et hellénistes pur jus ont disparu... ou presque. Un étudiant inscrit en première année de licence LLCE allemand (langues, littérature et civilisation étrangères), deux en lettres classiques : à la rentrée, les filières n'ont finalement pas ouvert. Elles souffraient depuis longtemps d'une baisse constante d'effectifs.
Cette désaffection dans des disciplines à la réputation d'excellence est un phénomène national mais est arrivée à un tel point que l'équipe du doyen Philippe Allée a dû prendre des décisions à Limoges. « On a conseillé à l'étudiante qui choisissait l'allemand de rejoindre la filière LEA (langues étrangères appliquées) anglais-allemand. Ce qui correspondait mieux à son projet professionnel dans l'interprétariat ». Impossible d'envisager trois ans de cours particuliers pour une seule personne. La filière LLCE allemand est donc mise entre parenthèses pour l'année 2011-2012. Et l'an prochain ? « On ne l'ouvrira qu'à partir d'un certain seuil : cinq inscrits par exemple, précise Philippe Allée, en indiquant bien aux postulants qu'il leur faut un plan B au cas où ». Le sursis pourrait se transformer en suppression ferme.
Perte de vitesse au lycée
Pour les candidats en lettres classiques, qui étudient le latin et le grec ancien, la faculté a choisi d'anticiper une orientation qu'elle souhaitait mettre en place en septembre 2012. Les parcours lettres classiques et lettres modernes sont associés sous la dénomination lettres avec une mise en commun des cours.
L'origine du problème à l'université est indissociable de la perte de vitesse de ces matières dans l'enseignement secondaire. « Les lycéens sont souvent confrontés à une absence d'enseignement du latin et surtout du grec dans leur établissement, ou à des horaires compliqués qui les rebutent », explique Yves Liébert, professeur de langue et littérature latines à la faculté.
Autre explication : le rejet du métier d'enseignant, principal débouché pour ces filières, lié à une réforme très contestée de la formation. « Pourtant, l'insertion professionnelle est assurée, affirme Gérard Grelle, maître de conférences en civilisation germanique. Il manque beaucoup d'enseignants d'allemand et le nombre de places au concours a considérablement augmenté ». L'argument suffira-t-il à sauver la filière ? Réponse en septembre prochain.
A savoir : Il y a dix ans, la faculté de lettres attirait 3.000 étudiants. Ils sont environ 2.000 aujourd'hui. Le doyen Philippe Allée espère une inversion de tendance, notamment en encourageant les étudiants à réfléchir à leur projet professionnel dès la première année. Et aussi en proposant des formations innovantes.
Source : Le Populaire (http://www.lepopulaire.fr/editions_locales/limoges/a_la_faculte_des_lettres_de_limoges_moins_d_etudiants_et_moins_de_filieres@CARGNjFdJSsAFB8FBB0-.html)
C'est vraiment triste de lire ça.
A l'époque où j'y ai fait mes études, nous étions une quinzaine de LC et avions reçu une excellente formation (nous étions premières au Capes).
- IphigénieProphète
Il ne peut plus y avoir de LC en fac puisqu'il n'y en a plus en lycée: les élèves ne sont pas dupes de leur niveau réel dans ces disciplines.
Merci aux prix dits Jacqueline de Romilly et aux "sauveurs" innovants des LA.
Merci aux prix dits Jacqueline de Romilly et aux "sauveurs" innovants des LA.
- Thalia de GMédiateur
Quelle est la prochaine université qui va voir disparaître ces formations ?
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- SteredDoyen
Bof, de toute façon, les LC et l'allemand, ça ne sert à rien, non ? Comme la culture après tout...
*va se pendre...* :colere:
*va se pendre...* :colere:
- IphigénieProphète
ouè:
"the time is bad" comme dirait Sarko (qui pense que l'anglais ça, au moins, c'est utile,cqfd)
"the time is bad" comme dirait Sarko (qui pense que l'anglais ça, au moins, c'est utile,cqfd)
- RuthvenGuide spirituel
Gérard Grelle, maître de conférences en civilisation germanique : "Il manque beaucoup d'enseignants d'allemand."
Je comprends qu'il défende son bout de gras à l'université*, mais il ira expliquer cela aux néotitulaires d'allemand condamnés au tézédariat presque à vie faute de postes fixes.
* Cela me fait toujours rire quand les universitaires parlent du travail ; en philo., combien de fois ai-je entendu qu'une formation de qualité en philo pouvait être valorisée dans les entreprises (alors même qu'il y avait en face des étudiants qui expliquaient qu'ils avaient dû faire disparaître la mention philo de leur CV, la dissimuler sous un sciences humaines générique, pour trouver de petits jobs).
Je comprends qu'il défende son bout de gras à l'université*, mais il ira expliquer cela aux néotitulaires d'allemand condamnés au tézédariat presque à vie faute de postes fixes.
* Cela me fait toujours rire quand les universitaires parlent du travail ; en philo., combien de fois ai-je entendu qu'une formation de qualité en philo pouvait être valorisée dans les entreprises (alors même qu'il y avait en face des étudiants qui expliquaient qu'ils avaient dû faire disparaître la mention philo de leur CV, la dissimuler sous un sciences humaines générique, pour trouver de petits jobs).
- RuthvenGuide spirituel
Marillion a écrit:
Source : Le Populaire (http://www.lepopulaire.fr/editions_locales/limoges/a_la_faculte_des_lettres_de_limoges_moins_d_etudiants_et_moins_de_filieres@CARGNjFdJSsAFB8FBB0-.html)
C'est vraiment triste de lire ça.
A l'époque où j'y ai fait mes études, nous étions une quinzaine de LC et avions reçu une excellente formation (nous étions premières au Capes).
Pour ces disciplines, le maillage académique est fini, il va nécessairement y avoir une concentration en deux ou trois pôles nationaux (Paris, Lyon et ...). Dans nombre d' universités, les LC survivent parce qu'elles proposent des options pour les autres cursus (LM, histoire, philo).
- LédisséEsprit sacré
Stered a écrit:Bof, de toute façon, les LC et l'allemand, ça ne sert à rien, non ? Comme la culture après tout...
*va se pendre...* :colere:
Ben non, ça sert à rien... J'ai eu des élèves grec débutant l'an dernier qui m'ont demandé "mais madame, pourquoi on apprend le grec puisque c'est une langue morte ?" Moi : "
@ Thalia de G. : je ne suis pas sûre qu'ils "ne soient pas dupes" de leur niveau : j'ai une amie ATER dans une université de Lozère (OK, pas le même type d'endroit, mais bon) qui a des perles assez gratinées (et elle ne m'a parlé que du volet "civilisation")...
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Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- PryneiaNiveau 9
C'est dramatique...
A quoi servent le latin et le grec ancien ? A mieux comprendre et maîtriser sa propre langue, le français...
A quoi sert l'allemand ? A mieux comprendre son voisin, son partenaire économique, sa culture, à s'ouvrir à autrui, à construire l'Europe...
Manifestement, il y a désormais d'autres priorités !
A quoi servent le latin et le grec ancien ? A mieux comprendre et maîtriser sa propre langue, le français...
A quoi sert l'allemand ? A mieux comprendre son voisin, son partenaire économique, sa culture, à s'ouvrir à autrui, à construire l'Europe...
Manifestement, il y a désormais d'autres priorités !
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"Leave me alone and let me go to hell by my own route." Calamity Jane
« Nicht ein Wolf ist der Mensch dem Menschen. Er ist ihm Produkt, die totale Ware ist er ihm. » E. Palmetshofer
(« L’homme n’est pas un loup pour l’homme. Il est un produit pour lui, une marchandise, rien de plus. »)
- Presse-puréeGrand sage
Plus de formation LC à la fac d'Amiens.
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"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
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"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
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- Palombella RossaNeoprof expérimenté
Thalia de G a écrit:Quelle est la prochaine université qui va voir disparaître ces formations ?
Vu l'accueil qu'on y réserve à nos khubes, à qui l'on fait si peu de facilités qu'ils s'inscrivent tous à Lyon ou en Sorbonne, je suppose que la fac d'Aix est sur les rangs... Comme s'ils pouvaient se payer le luxe d'escamper des étudiants !!!
- barègesÉrudit
C'est une question d'équivalences problématiques ?
Je vois de mon côté des cursus de lettres modernes où on peut à peu près totalement "échapper" au latin "langue". C'est dommage aussi (je devrais dire "dramatique" ; mais c'est parce que je suis une méchante réac').
De mon vieux temps, le latin faisait partie intégrante du cursus.
Il y a aussi de moins en moins d'étudiants en lettres qui ont fait du latin de manière suivie au collège/lycée.
Je vois de mon côté des cursus de lettres modernes où on peut à peu près totalement "échapper" au latin "langue". C'est dommage aussi (je devrais dire "dramatique" ; mais c'est parce que je suis une méchante réac').
De mon vieux temps, le latin faisait partie intégrante du cursus.
Il y a aussi de moins en moins d'étudiants en lettres qui ont fait du latin de manière suivie au collège/lycée.
- Palombella RossaNeoprof expérimenté
barèges a écrit:C'est une question d'équivalences problématiques ?
Je vois de mon côté des cursus de lettres modernes où on peut à peu près totalement "échapper" au latin "langue". C'est dommage aussi (je devrais dire "dramatique" ; mais c'est parce que je suis une méchante réac').
De mon vieux temps, le latin faisait partie intégrante du cursus.
Il y a aussi de moins en moins d'étudiants en lettres qui ont fait du latin de manière suivie au collège/lycée.
Avec la faculté des lettres d'Aix, c'est plus que problématique côté équivalences, ou plutôt côté dispenses, puisque c'est ainsi qu'il faut dire à présent : c'est NIET.
Nos Khûbes sont, de facto, interdits de fac à Aix, puisqu'ils doivent passer une partie de la L3 l'année du concours (il n'y a plus de session de septembre), ce qui signifie, on l'imagine, sacrifier une des deux préparations : on ne peut pas mener de front l'ENS et la L3, même en étant un bon étudiant.
Résultats, ils s'inscrivent à Lyon II ou en Sorbonne, qui leur donne sans pb l'équivalence de L3. Les Marseillais font évidemment de même... c'est normal.
Si certains départements d'Aix en viennent à fermer faute d'étudiants, ils ne pourront s'en prendre qu'à eux-mêmes, et ce n'est pas moi qui pleurerai.
- barègesÉrudit
Comme ça s'est durci... On nous donnait l'équivalence du DEUG pratiquement sans rien nous demander après la khâgne. Ce n'était pas à Aix et ça date de quinze ans, mais bon...
Le problème vient aussi de la fin des sessions de septembre, et ça, c'est national !
Le problème vient aussi de la fin des sessions de septembre, et ça, c'est national !
- LédisséEsprit sacré
barèges a écrit:
Je vois de mon côté des cursus de lettres modernes où on peut à peu près totalement "échapper" au latin "langue".
M'étonne pas... :colere:
Pour l'instant ils sont obligés d'en faire pour passer le concours d'enseignement - enfin, à ma connaissance ça n'a pas encore été supprimé, mais j'ose à peine me renseigner... mais si ce n'est déjà fait, dans quelques années, ILS ouvriront de grands yeux en disant "nous constatons à notre grand dam [mais bien sûr...] que ça ne sert à rien de leur en faire faire puisqu'ils débarquent et n'en font que l'année du concours... conclusion :
Je ne sais pas ce qui me chagrine le plus : de penser que la langue française va être de plus en plus mal comprise par ceux qui l'enseignent, ou que des textes qui me font monter les larmes aux yeux (ah, Homère, Virgile... je sais, je ne suis pas très originale, alors ajoutons la délicate Sappho qui a bercé mon master), la "jeune génération" y sera obtuse...
PS remonte-moral : Mes petits collégiens, eux, sont sidérés que j'en vienne si souvent, pour leur expliquer quelque chose (une étymologie, orthographe...), à leur dire "ça vient du latin... (+ explication)" ; et eux, au bout de quelques semaines de cours : "mais en fait madame, tout vient du latin en français !" moi " ben oui, vous avez tout compris... ('pas pour rien que je vous serine "faire du latin, c'est bien")" (et quand ce n'est pas le latin, c'est le grec )
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Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- AudreyOracle
Super... comme s'il y avait besoin de nous démoraliser encore plus...
Où va-t-on finir?
Où va-t-on finir?
- LisaZenideExpert spécialisé
Pour Aix, je ne peux malheureusement que confirmer les dires de Palombella... avec une moyenne de 10-15 étudiants par année... ça limite assez rapidement... et le pire ? Je crois que je suis au dessus de la vérité niveau chiffres...
Après, les profs se battent, donc il y a peut-être un espoir que ça perdure... mais à terme, il faudra se poser réellement la question... Malheureusement...
Après, l'attitude de la fac explique aussi en partie les fuites, et je devrais faire mon master aujourd'hui, je ne le ferai pas à Aix... C'est une évidence...
Après, les profs se battent, donc il y a peut-être un espoir que ça perdure... mais à terme, il faudra se poser réellement la question... Malheureusement...
Après, l'attitude de la fac explique aussi en partie les fuites, et je devrais faire mon master aujourd'hui, je ne le ferai pas à Aix... C'est une évidence...
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