- FiatLuxFidèle du forum
Face à l'optimisme de Pangloss, Candide enchaîne systématiquement les situations désastreuses, c'est en cela qu'on peut parler d'un pessimisme radical.
Je ne pense pas qu'il faille poser cette question, pour Martin. Celui-ci ne se pose pas tant de questions métaphysiques, il adopte une vision désabusée de la vie.
Nous avons clairement étudié Martin comme personnage opposé à Pangloss dans nos cours.
Je ne pense pas qu'il faille poser cette question, pour Martin. Celui-ci ne se pose pas tant de questions métaphysiques, il adopte une vision désabusée de la vie.
Nous avons clairement étudié Martin comme personnage opposé à Pangloss dans nos cours.
- SaloumHabitué du forum
Merci FiatLux, si je te suis bien, Martin ne serait donc pas pessimiste, juste désabusé ? C'est vrai que le terme de "pessimisme" n'apparaît pas. Mais son manichéisme est plutôt sombre, on est loin de l'équilibre entre l'ombre et la lumière !
- FiatLuxFidèle du forum
Martin est pessimiste mais le mot n'apparaît pas car il n'existe pas encore. Le mot fait son apparition fin XVIIIème, il faut donc faire attention. Il vaut mieux aussi ne pas parler de "pessimisme" sans prendre des gants car le mot "optimisme" est à comprendre en tant que philosophie de vie et non avec le sens qu'on peut lui donner aujourd'hui.
- isocèleNiveau 7
Bonjour les vaillant(e)s
Auriez-vous une liste de sujets de leçon ? (sauf Bourgogne)
Le cas échéant : merci d'avance !
Auriez-vous une liste de sujets de leçon ? (sauf Bourgogne)
Le cas échéant : merci d'avance !
- l'amoureuseNiveau 4
Bonsoir,
Une question concernant Zadig: est-ce que le personnage d'Orcan qui apparaît dès le premier chapitre en voulant enlever Sémire est le même que celui qui vole la femme du pêcheur???
Merci pour vos réponses et BONNES VACANCES !!!!!
Une question concernant Zadig: est-ce que le personnage d'Orcan qui apparaît dès le premier chapitre en voulant enlever Sémire est le même que celui qui vole la femme du pêcheur???
Merci pour vos réponses et BONNES VACANCES !!!!!
- l'amoureuseNiveau 4
D'accord, donc il cumule les femmes....parce que rien ne nous dit qu'il n'est plus avec Sémire!
- ernyaFidèle du forum
Bonjour à tous,
Je relis l'article sur Voltaire écrit par Barthes ("le dernier des écrivains heureux"). Que veut dire Barthes quand il dit que Voltaire oppose toujours intelligence et intellectualité ?
Je relis l'article sur Voltaire écrit par Barthes ("le dernier des écrivains heureux"). Que veut dire Barthes quand il dit que Voltaire oppose toujours intelligence et intellectualité ?
- SaloumHabitué du forum
Je ne suis pas sûre (je n'ai pas lu l'article), mais peut-être parce que l'intelligence est une qualité naturelle d'un individu (comme l'Ingénu) alors que l'intellectualité est une intelligence construite par l'éducation et la culture et qui peut donc être erronée, influencée par des systèmes de pensée "hors sol" (c'est le cas de Candide) ?
- BlackMailExpert
Je relis L'Ingénu en ce moment afin de préparer l'agrégation 2021 et j'ai une petite question, si quelqu'un veut bien m'éclaircir .
A la page 52, l'abbé "remarqua que l'Ingénu avait un peu de barbe ; il savait très bien que les Hurons n'en avaient point."
S'agit-il d'une véritable croyance du XVIIIe que le narrateur voltairien partage, ou se moque-t-il ici de l'abbé et de ses préjugés ?
La suite du passage semble pencher plutôt pour la deuxième hypothèse, mais je préfère demander au cas où.
A la page 52, l'abbé "remarqua que l'Ingénu avait un peu de barbe ; il savait très bien que les Hurons n'en avaient point."
S'agit-il d'une véritable croyance du XVIIIe que le narrateur voltairien partage, ou se moque-t-il ici de l'abbé et de ses préjugés ?
La suite du passage semble pencher plutôt pour la deuxième hypothèse, mais je préfère demander au cas où.
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- Spoiler:
I'm watching you.
- SaloumHabitué du forum
BlackMail, je ne crois pas qu'il s'agisse d'une croyance ici. Les Indiens sont imberbes, l'Ingénu a de la barbe, ce qui témoigne de son métissage. En revanche, une croyance répandue au XVIIIè voulait que les peuples barbus soient supérieurs du point de vue de la civilisation aux peuples imberbes. Voltaire récuse cette idée (au moment de l'emprisonnement du Huron) en donnant l'exemple de la Chine.
Bon courage !
Bon courage !
- BlackMailExpert
Je ne savais pas, merci beaucoup Saloum, c'est très intéressant. Bon courage à toi, force et courage !
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- Spoiler:
I'm watching you.
- SisypheHabitué du forum
Bonsoir,
Je travaille sur le chapitre 9 de l'Ingénu. L'Ingénu arrive à la cour de Versailles et se fait balader de personnes en personnes pour essayer de voir le roi. Il me semble qu'il y a là un intertexte topique du provincial qui arrive à la cour. Mais où trouve-t-on ce type de scène avant Voltaire ? Avez-vous une idée ? J'ai passé une partie de la journée à lire Cleveland (c'est top d'ailleurs) mais je viens d'achever les 348 pages du premier tome avant de m'apercevoir qu'il y a 7 tomes ! Je vais chercher chez Montaigne mais je fais aussi appel à vous !
Bonne soirée,
Je travaille sur le chapitre 9 de l'Ingénu. L'Ingénu arrive à la cour de Versailles et se fait balader de personnes en personnes pour essayer de voir le roi. Il me semble qu'il y a là un intertexte topique du provincial qui arrive à la cour. Mais où trouve-t-on ce type de scène avant Voltaire ? Avez-vous une idée ? J'ai passé une partie de la journée à lire Cleveland (c'est top d'ailleurs) mais je viens d'achever les 348 pages du premier tome avant de m'apercevoir qu'il y a 7 tomes ! Je vais chercher chez Montaigne mais je fais aussi appel à vous !
Bonne soirée,
- Euterpe03Niveau 5
Bonjour
L’an passé, nous avions travaillé sur le sujet de dissertation n°4 proposé en page 2 de ce fil. Certains seraient-ils partants pour échanger sur des plans et des idées sur un des trois autres sujets ?
Je remets les propositions ici :
proposition 1 :
René Pommeau (préface à Romans et contes) : "Il [Voltaire] ne juxtapose pas l'image à l'idée, dans une mise en oeuvre pédagogique. Son inspiration militante est inhérente au récit, non surajoutée. Sa philosophie se fait homme dans le héros du conte, lequel se confond avec lui-même. Dès lors les images où sa pensée prend corps ressemblent moins aux classiques allégories qu'aux symboles quelque peu énigmatiques d'un art plus moderne. En leur centre ces clairs récits recèlent quelque chose qui résiste à l'élucidation."
proposition 2 :
Starobinski ("Le fusil à deux coups", in Le Remède dans le mal) : "La pensée de Voltaire doit sa mobilité à la force répulsive et propulsive de l'adversatif mais..."
proposition 3 :
Starobinski ("Le fusil à deux coups", in Le Remède dans le mal) : "Ce battement, plus généralement, nous fait osciller entre notre intérêt pour les mésaventures du héros et notre attention pour les tours de l'écrivain. Le narrateur ne se fait jamais oublier au profit de son personnage. Voltaire impose partout sa présence ; nous sommes en sa compagnie bien plus qu'avec le Huron."
proposition 4 :
Barthes (préface à Romans et contes) : "Car tel est le paradoxe du voyage voltairien :manifester une immobilité. Il y a certes d'autres moeurs, d'autres lois, d'autres morales que les nôtres, et c'est ce que le voyage enseigne ; mais cette diversité fait partie de l'essence humaine et trouve par conséquent très vite son point d'équilibre ; il suffit donc de la reconnaître pour en être quitte avec elle : que l'homme (c'est-à-dire l'homme occidental) se multiplie un peu, que le philosophe européen se dédouble en sage chinois, en Huron ingénu, et l'homme universel sera créé. S'agrandir pour se confirmer, non pour se transformer, tel est le sens du voyage voltairien."
L’an passé, nous avions travaillé sur le sujet de dissertation n°4 proposé en page 2 de ce fil. Certains seraient-ils partants pour échanger sur des plans et des idées sur un des trois autres sujets ?
Je remets les propositions ici :
proposition 1 :
René Pommeau (préface à Romans et contes) : "Il [Voltaire] ne juxtapose pas l'image à l'idée, dans une mise en oeuvre pédagogique. Son inspiration militante est inhérente au récit, non surajoutée. Sa philosophie se fait homme dans le héros du conte, lequel se confond avec lui-même. Dès lors les images où sa pensée prend corps ressemblent moins aux classiques allégories qu'aux symboles quelque peu énigmatiques d'un art plus moderne. En leur centre ces clairs récits recèlent quelque chose qui résiste à l'élucidation."
proposition 2 :
Starobinski ("Le fusil à deux coups", in Le Remède dans le mal) : "La pensée de Voltaire doit sa mobilité à la force répulsive et propulsive de l'adversatif mais..."
proposition 3 :
Starobinski ("Le fusil à deux coups", in Le Remède dans le mal) : "Ce battement, plus généralement, nous fait osciller entre notre intérêt pour les mésaventures du héros et notre attention pour les tours de l'écrivain. Le narrateur ne se fait jamais oublier au profit de son personnage. Voltaire impose partout sa présence ; nous sommes en sa compagnie bien plus qu'avec le Huron."
proposition 4 :
Barthes (préface à Romans et contes) : "Car tel est le paradoxe du voyage voltairien :manifester une immobilité. Il y a certes d'autres moeurs, d'autres lois, d'autres morales que les nôtres, et c'est ce que le voyage enseigne ; mais cette diversité fait partie de l'essence humaine et trouve par conséquent très vite son point d'équilibre ; il suffit donc de la reconnaître pour en être quitte avec elle : que l'homme (c'est-à-dire l'homme occidental) se multiplie un peu, que le philosophe européen se dédouble en sage chinois, en Huron ingénu, et l'homme universel sera créé. S'agrandir pour se confirmer, non pour se transformer, tel est le sens du voyage voltairien."
- rkrierNiveau 1
Je suis partante! (et j'aime assez la 3ème proposition)
- Euterpe03Niveau 5
Eh bien allons-y ! On se donne dix ou quinze jours ?
- Euterpe03Niveau 5
Bonjour. On pourrait ensuite traiter le sujet donné à l'externe cette année. Non ?
- rkrierNiveau 1
Oui, je voulais justement me pencher dessus, ce sera l'occasion (et c'est plus motivant de pouvoir échanger ensuite).
Je suis en train de finir le premier sujet, je pense l'envoyer demain...
Je suis en train de finir le premier sujet, je pense l'envoyer demain...
- rkrierNiveau 1
Voici ma proposition de plan (très imparfait). Je ne suis pas satisfaite car j'ai l'impression de ne pas aller assez loin. Je suis donc preneuse de toutes vos remarques!
- Spoiler:
- Pour Starobinski, Voltaire est omniprésent dans ses contes, à travers des « tours » qui attirent l'attention du lecteur au risque de le détourner du héros.
Cette présence nuit-elle réellement au récit et à ses personnages ? Brouille-t-elle la compréhension et l'intérêt du lecteur ?
I – Une présence de Voltaire qui détourne le lecteur des personnages et des enjeux du récit, voire qui les écrase
A/ Les « tours » de Voltaire moquent et ridiculisent les personnages et les situations. Un auteur – narrateur qui malmène ses personnages jusqu'à l'invraisemblance
cf ironie, interventions, point de vue de Voltaire à travers ses personnages, humour, théâtralité
(exemples : notion de Destinée ridiculisée par l'accumulation des abominations ; personnages d'une naïveté sans bornes)
B/ Détachement favorisé car l'écrivain apparaît plus lucide et crédible que les personnages sur lesquels il prend le pas.
C/ Une oscillation entre pathétique et ironie qui pousse à la confusion et ne permet pas de s'attacher aux personnages
→ Impression d'un Dieu qui joue avec ses marionnettes (cf métaphore de l'Horloger qui joue avec mécanismes, Starobinski)
II – Une présence qui favorise l'attachement aux personnages et sert le propos du récit
A/ Des personnages rendus attachants par la présence même de l'auteur
→ Personnages malmenés qui peuvent susciter la pitié du lecteur ; personnages rendus centraux par les choix de l'auteur (cf onomastique, existence narrative des seuls héros, ce qui les met en valeur)
B/ Des personnages valorisés par cette présence : l'écrivain comme trait d'union entre le lecteur et les personnages
→ cf emploi 1ère personne du pluriel (« notre infortuné ») qui implique lecteur et auteur
C/ Des personnages qui sont les doubles de l'auteur ?
→ Point de vue voltairien perceptible à travers certains personnages et événements
→ Implication qui sert le propos et la réflexion philosophique
III – Une confusion potentielle et une absence de prise en charge du lecteur qui le pousse à réfléchir et décider par lui-même
→ Que la présence de Voltaire serve ou desserve le récit, la raison de son omniprésence ne réside-t-elle pas ailleurs ?
A/ La question de l'instance narrative : narrateur pas toujours auteur ; auteur forcément présent derrière ses personnages (plus ou moins visible)
B/ La question du genre : la potentielle gêne occasionnée par l'omniprésence de Voltaire dépend des attentes du lecteur et des objectifs de l'écrivain (attentes différentes face à une « histoire », un conte philosophique, une satire). → Une présence qui sert la satire
C/ Importance chez Voltaire de la place laissée au lecteur : volonté délibérée de créer confusion par sa présence et ses interventions pour pousser le lecteur à réfléchir et à décider par lui-même
- Euterpe03Niveau 5
Bonjour,
Désolée du retard. Voici ma proposition que j’ai rédigée de manière très hétérogène et sur la tablette. J’espère que c’est clair et que je n’ai pas laissé trop de coquilles. J'attends vos remarques. J'ai eu du mal à dialectiser, comme à chaque fois de toute façon.
@rkier : je fais un commentaire de ton travail ce soir.
Désolée du retard. Voici ma proposition que j’ai rédigée de manière très hétérogène et sur la tablette. J’espère que c’est clair et que je n’ai pas laissé trop de coquilles. J'attends vos remarques. J'ai eu du mal à dialectiser, comme à chaque fois de toute façon.
@rkier : je fais un commentaire de ton travail ce soir.
- Spoiler:
Le sultan Chahriar, dans Les mille et une nuits, ne cesse de vouloir la suite des aventures merveilleuses que Shéhérazade lui raconte chaque nuit. Elles l’intéressent, le transportent et le séduisent si bien que le récit fictif semble être plus important que la vie réelle, comme si le fil des aventures des personnages ne pouvait être rompu que par le sommeil. Le conte acquiert de l’importance par ce qu’il met en scène.
Or, Jean Starobinski constate qu’il n’en est pas de même avec les contes philosophiques de Voltaire (contes écrits après la mode orientale suite à la traduction des Mille et Une nuits pas Antoine Galland) puisque le lecteur, pris entre pathétique et plaisanteries est plus attentif au style qu’au récit : « Ce battement, plus généralement, nous fait osciller entre notre intérêt pour les mésaventures du héros et notre attention pour les tours de l’écrivain. Le narrateur ne se fait jamais oublier au profit de son personnage. Voltaire impose partout sa présence ; nous sommes en sa compagnie bien plus qu’avec le Huron ». Analysant l’impact du conte sur le lecteur, Starobinski affirme que ce dernier aime suivre les situations difficiles dans lesquelles le héros évolue, les « mésaventures », mais qu’il est surtout attentif aux « tours » c’est-à-dire au style du narrateur. Ainsi, le critique affirme que, plus que l’histoire, l’ironie, les jeux de mots et la langue de Voltaire priment pour faire ressortir la figure de l’auteur-narrateur et réduire l’importance du personnage. Il suggère aussi que le lecteur alterne entre le fond, l’histoire, et la forme, le style ; et qu’il alterne aussi entre un auteur omniprésent et proche et des personnages marionnettes mis au deuxième plan par une certaine distanciation. L’analyse de Starobinski affirme donc que les contes philosophiques sont structurés selon un principe d’alternance entre ironie et mésaventures qui fait ressortir le style typiquement voltairien aux dépens de l’attachement au personnage. Le conte voltairien se résume-t-il à une tension entre ironie omniprésente du narrateur et récit d’événements funestes instaurant une distance vis à vis des personnages et du conte lui-même ?
Certes l’ironie voltairienne est un principe omniprésent et structurant du conte philosophique, mais c’est limiter la plume voltairienne et réduire les trois contes au programme à un schéma identique. Il semblerait alors que ce qui caractérise les œuvres au programme soit, plus généralement que l’ironie, le détachement et la distance, condition et dépassement du rire.
I - L’ironie structurante du conte philosophique.
Voltaire est un « grand horloger » qui programme.
1) Une succession de malheurs minée par le rire
Analyse des « mésaventures » et des « tours de l’écrivain »
Un panel de tous les malheurs possibles (mal physique, mal moral, mal naturel)
Le principe d’accumulation et d’exagération pour décrédibiliser les malheurs, pour annuler leur pathétique par leur succession ininterrompue
Le principe d’invraisemblances (les morts qui ressuscitent sans cesse dans Candide)
2) Des personnages marionnettes auxquels on a du mal à s’identifier
Certains personnages sont les caricatures d’un système de pensée (Candide, Pangloss, Zadig, le rond, les bretons, etc.) ils manquent d’autonomie, ils subissent les événements.
Les personnages sont victimes d’un narrateur cruel : ils sont mutilés (c), ils sont des jouets subissant des mésaventures (Z), ils sont la proie de la cour (H)
3) L’absence d’évolution du personnage ou le voyage immobile
Les aventures sont un retour au point de départ il n’y a pas de parcours qui fait avancer.
Les dialogues n’aboutissent jamais sur des décisions ou des changements de pensée.
l’accumulation et l’entassement des aventures crée un effet de répétition d’autant plus que les commentaires des personnages sur eux-mêmes forment une sorte de litanie répétitive.
Les références culturelles et littéraires sont celles de Voltaire sur les goûts de son temps
Transition : réception du roman au 18e notamment avec Madame de Staël qui parle de « gaieté infernale »
II - Les contes au programme ne peuvent se résumer à un seul schéma, celui d’une ironie surplombante.
1) Les différences narratives et réflexives
Zadig, à la fin, récompense les vertueux et punit les vicieux. Le narrateur Voltaire a une certaine foi dans la providence.
Candide : il y a un changement de vision et un recentrement sur soi de la part du personnage principal. Le mal est omniprésent que l’on soit vicieux ou vertueux. Le narrateur ne fait qu’à tester la présence du mal.
L’ingénu : la fin a un aspect pathétique et atteste de la cruauté du monde ici-bas
Il y a donc, en vingt ans, une évolution des pensées du narrateur et une évolution du narrateur dans les rapports à son personnage puisque Mademoiselle de Saint Yves devient presque un personnage romantique en tout cas un personnage digne de pathétique et de sensibilité.
2) L’intérêt des récits enchâssés et la force de certains personnages.
Certains passages sont le récit des personnages de leurs propres malheurs passés. Il y en a beaucoup dans Candide. Ces récits sont le signe d’une acceptation des ses malheurs et de la supériorité du personnage sur le mal
Le cas de la vieille dans Candide qui fait le récit de sa vie : c’est un personnage qui conseille et qui aide, sincérité et franc parler, pragmatisme.
Le Huron, qui a perdu sa femme Abacaba, qui est orphelin, déraciné, a néanmoins une sagesse naturelle qui le fait aller de l’avant.
Contre ex : Zadig qui se lamente tout comme le vendeur de fromages.
Certains personnages sont donc en rupture avec l’esthétique du pire et l’ironie grinçante.
3) Le mal sans le rire : vers la révolte ?
Omniprésence de la guerre, des rapports violents, des viols pour les femmes où certaines phrases sont de simples constats, avec une simple évocation factuelle des
traditions et des coutumes barbares pas nuancée par l’ironie ou la démesure.
C’est un exposé terrifiant et cru des maux qui n’est pas toujours nuancé par le rire et qui horrifie, sidère et consterne en faisant référence à des événements contemporains du lecteur du 18e.
Transition : pas de simples « contes à dormir debout » mais fond sur des sujets graves qui ne sont pas forcément nuancés ou contrebalancés par le rire. Que ce soit par rire, par acceptation ou par constat neutre, il semble que ce qui prime est une mise à distance et un rapport à l’expérience.
III- Le détachement : source de l’oscillation entre rire et pathétique pour une acceptation du mal sur terre qui suscite la réflexion. Principe unificateur des contes ?
1) Le conte permet de se délester des préjugés.
Les voyages des personnages ne sont pas forcément des romans d’apprentissage (comme nous avons pu le voir dans la première partie) mais ils ont une vertu : c’est d’opérer un détour sur soi, de permettre d’élaborer un rapport différent au monde qui fait sortir de soi qui fait prendre conscience des préjugés ou des systèmes de pensée desquels il faut se détacher. Exemple de nos trois héros principaux.
2) Les points de vue distanciés qui permettent une critique vis à vis de la situation.
Distance des personnages par rapport à leurs voyages ou à leurs rencontres. Ils n’adhèrent pas au nouveau milieu (ex Candide utopie)
Distance du narrateur par rapport à des systèmes de pensée (Pococurante, Pangloss, Contre le fatalisme de Martin, la Providence de Jesrad, la religion des bas-bretons)
Pour favoriser la distance du lecteur par rapport à ce qu’il lit pour que cela lui soit « utile ».
3) Une philosophie de l’expérience.
Pas de leçon du conte ou du rire. Somme de rencontres, d’expériences. Pas de morale pratique universelle mais chaque personnage trouve sa loi, ce qui le rend moins malheureux. Invitation au lecteur pour qu’il fasse de même.
- Euterpe03Niveau 5
@ rkier : Les enfants faisant une grosse sieste, j’ai eu le temps de faire mes remarques sur ton travail. J’ai beaucoup travaillé avec une collègue-candidate pour les oraux annulés entre mars et mai, alternant entre position de candidat et de correcteur donc je me pose toujours beaucoup de questions sur un travail, mais c’est, je pense, ce qui peut nous faire progresser. Ne vois pas de critique malveillante ou d’attaques.
J’espère que notre échange sera fructueux.
Voici mes remarques, j’attends les tiennes. A bientôt. D’autres se joignent-ils à nous ?
J’espère que notre échange sera fructueux.
Voici mes remarques, j’attends les tiennes. A bientôt. D’autres se joignent-ils à nous ?
- Spoiler:
Personnellement, je ne pense pas qu’il y ait de brouillage/confusion mais que Starobinski insiste davantage sur la supériorité du style et de la présence voltairienne que sur l’attrait pour les personnages. Il y a « battement », oscillation, alternance entre les deux, pas de mélange. Mais je peux me tromper.
Pour la première partie, je trouve cela bien construit car tu dis que Voltaire est présent par le style, par ses pensées, par le rire et les affects.
Pour la deuxième partie, je trouve qu’elle est trop l’opposée de la première et que cela peut nous être reproché. Cela vient certainement du fait que les exemples ne sont pas là pour illustrer le propos.
Je ne suis pas d’accord avec le b) pour moi le « notre » est ironique et non pathétique: il implique le lecteur dans une vision ironique ; et pour le c) je pense qu’il faut d’avantage expliquer quel est le propos/l’enjeu des contes (tu en parles dans les titres mais c’est tout).
J’aime beaucoup la formulation de la question inaugurant ton III.
Peux-tu m’expliquer la différence entre IIIA et IIc ?
Pour le IIIb, je le lierai à la préface de Zadig sur les deux types de contes différents.
Pour le IIIc, ne peut-on pas aller jusqu’à dire que Voltaire nous accompagne pour que l’on se forge son propre détachement réflexif et ses propres émotions ?
- cocogaut35Niveau 1
Bonjour,
Je suis intéressée par un travail en commun, sur Voltaire notamment (je prépare l'agrégation interne de LM pour le 1ère fois). Cependant, je ne suis pas encore prête pour pouvoir traiter un sujet de dissertation. Je n'ai donc pas regardé vos propositions d'analyses et de plans, afin de pouvoir m'entraîner sur le sujet de l'an dernier. Si je parviens à le traiter bientôt, je reviendrai sûrement vers vous.
Travailler sur les autres auteurs m'intéressera aussi; je ne sais pas s'il existe un fil de discussion dédié à chacun.
Merci pour ces échanges!
Je suis intéressée par un travail en commun, sur Voltaire notamment (je prépare l'agrégation interne de LM pour le 1ère fois). Cependant, je ne suis pas encore prête pour pouvoir traiter un sujet de dissertation. Je n'ai donc pas regardé vos propositions d'analyses et de plans, afin de pouvoir m'entraîner sur le sujet de l'an dernier. Si je parviens à le traiter bientôt, je reviendrai sûrement vers vous.
Travailler sur les autres auteurs m'intéressera aussi; je ne sais pas s'il existe un fil de discussion dédié à chacun.
Merci pour ces échanges!
- Euterpe03Niveau 5
Bonjour,
Je ne crois pas qu’il y ait de sujet sur les auteurs 2021. Créons-les ! On pourrait travailler sur des sujets qu’on trouve (il y en a un sur Genet de l’ens Ici : http://www.ens-lyon.fr/sites/default/files/ksup/comp_francaiseexpl_txt_lit_imp__1159866482816.pdf). Je me charge de Genet.
A bientôt
Je ne crois pas qu’il y ait de sujet sur les auteurs 2021. Créons-les ! On pourrait travailler sur des sujets qu’on trouve (il y en a un sur Genet de l’ens Ici : http://www.ens-lyon.fr/sites/default/files/ksup/comp_francaiseexpl_txt_lit_imp__1159866482816.pdf). Je me charge de Genet.
A bientôt
- rkrierNiveau 1
@Euterpe 03
Merci beaucoup pour tes retours, c'est vraiment intéressant d'avoir un point de vue extérieur et tes remarques sont très constructives (je veillerai désormais à mettre les exemples, même dans un plan détaillé, ça m'aidera à y voir plus clair).
Je suis d'accord avec tes remarques, on est davantage sur un « battement » que sur un mélange (même si je trouve que ce battement provoque parfois une confusion, mais ce n'est que mon ressenti de lectrice). Par ailleurs, je trouve que tu as raison pour le grand II, il faudrait le nuancer.
Pour la différence entre le IIC et le IIIA, c'est peut-être un peu bancal, mais l'idée, c'était que :
IIC : C'est le point de vue de Voltaire qui transparaît à travers certains personnages et épisodes (voire peut-être des événements de sa vie : cf personnage d'Orcan dans Zadig, qui pourrait faire penser au chevalier de Rohan selon Goldzink). Les personnages se font le relais de sa pensée (sur la religion, le théâtre dans L'Ingénu par exemple) et peuvent donc être considérés comme des doubles de l'auteur.
IIIA : Il me semble qu'on peut voir dans la citation une confusion entre « l'écrivain » et « le narrateur » (mais je me trompe peut-être). Or, dans les 3 contes, le narrateur n'est pas nécessairement l'auteur et ne reflète pas toujours son point de vue (par exemple pronom « on » dans Zadig qui renvoie parfois au peuple oriental).
Sur l'autre point, je voulais dire que par définition, l'auteur est toujours derrière ses personnages puisque c'est lui qui les crée. Or, il semblerait que Voltaire n'ait accordé que peu d'importance à ces « histoires » (comme il les qualifiait lui-même) qu'il a écrit rapidement et auxquelles il préférait manifestement son œuvre dramaturgique. Cela peut expliquer le détachement qu'il affiche pour ses personnages et le peu de profondeur psychologique qu'il leur accorde (un peu moins vrai pour l'Ingénu que pour Zadig et Candide a priori).
Je vais me pencher rapidement sur ton plan pour te faire un retour dès que possible.
Merci beaucoup pour tes retours, c'est vraiment intéressant d'avoir un point de vue extérieur et tes remarques sont très constructives (je veillerai désormais à mettre les exemples, même dans un plan détaillé, ça m'aidera à y voir plus clair).
Je suis d'accord avec tes remarques, on est davantage sur un « battement » que sur un mélange (même si je trouve que ce battement provoque parfois une confusion, mais ce n'est que mon ressenti de lectrice). Par ailleurs, je trouve que tu as raison pour le grand II, il faudrait le nuancer.
Pour la différence entre le IIC et le IIIA, c'est peut-être un peu bancal, mais l'idée, c'était que :
IIC : C'est le point de vue de Voltaire qui transparaît à travers certains personnages et épisodes (voire peut-être des événements de sa vie : cf personnage d'Orcan dans Zadig, qui pourrait faire penser au chevalier de Rohan selon Goldzink). Les personnages se font le relais de sa pensée (sur la religion, le théâtre dans L'Ingénu par exemple) et peuvent donc être considérés comme des doubles de l'auteur.
IIIA : Il me semble qu'on peut voir dans la citation une confusion entre « l'écrivain » et « le narrateur » (mais je me trompe peut-être). Or, dans les 3 contes, le narrateur n'est pas nécessairement l'auteur et ne reflète pas toujours son point de vue (par exemple pronom « on » dans Zadig qui renvoie parfois au peuple oriental).
Sur l'autre point, je voulais dire que par définition, l'auteur est toujours derrière ses personnages puisque c'est lui qui les crée. Or, il semblerait que Voltaire n'ait accordé que peu d'importance à ces « histoires » (comme il les qualifiait lui-même) qu'il a écrit rapidement et auxquelles il préférait manifestement son œuvre dramaturgique. Cela peut expliquer le détachement qu'il affiche pour ses personnages et le peu de profondeur psychologique qu'il leur accorde (un peu moins vrai pour l'Ingénu que pour Zadig et Candide a priori).
Je vais me pencher rapidement sur ton plan pour te faire un retour dès que possible.
- rkrierNiveau 1
@euterpe
Voici mes retours, peut-être parfois limités, voire un peu naïfs (je ne me sens pas assez calée sur Voltaire ni sur la méthodo de la composition pour être très constructive mais c'est tout l'intérêt de pouvoir confronter nos travaux). J'espère ne pas être trop à côté de la plaque.
Voici mes retours, peut-être parfois limités, voire un peu naïfs (je ne me sens pas assez calée sur Voltaire ni sur la méthodo de la composition pour être très constructive mais c'est tout l'intérêt de pouvoir confronter nos travaux). J'espère ne pas être trop à côté de la plaque.
- Spoiler:
- De manière générale, je trouve que tes exemples sont bien choisis et très clairs, et que tes titres sont explicites (il y a juste le IA que je n'ai pas bien compris).
Je me pose une question : tu as axé ton plan sur l'ironie, mais cela n'exclue-t-il pas d'autres aspects de la présence voltairienne (comme la plaisanterie que tu évoques dans ton intro par exemple) ?
Dans le I, je n'arrive pas toujours à faire le lien avec l'ironie (mais c'est peut-être juste lié au fait qu'avec le plan détaillé, on n'a pas le fil de la pensée)
Dans le I1) « Les personnages sont victimes d’un narrateur cruel » : ne s'agit-il pas plutôt de l'auteur ?
J'ai l'impression que le II s'éloigne du sujet ou le généralise trop. Je ne trouve plus le lien avec « l'oscillation » dont il est question dans la citation mais j'ai peut-être raté quelque chose. Peux-tu m'expliquer comment tu le relies au sujet ?
J'aime beaucoup ton III, c'est clair et bien construit.
A bientôt, et au plaisir d'échanger à nouveau, c'est vraiment instructif pour moi !
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