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- AjupouetFidèle du forum
egomet a écrit:
Merci.
Ca rejoint ce que je me dis depuis longtemps. En acceptant le poste de conseiller pédagogique et maintenant la tâche de rédiger le programme, ma plus grande peur est de refaire les erreurs des IUFM. Je crains aussi que les structures administratives des instituts de formation ne créent spontanément ces erreurs. Le dogmatisme apparent peut également être la conséquence des positions de pouvoir et des procédures de contrôle.
Ce qui m'inquiète le plus, c'est qu'on va devoir recruter d'autres formateurs, qui manqueront peut-être de la souplesse d'esprit nécessaire. Il faut dire qu'on essaie de passer d'un système très hiérarchisé et autoritaire à quelque chose de plus ouvert, où l'autonomie des établissements et les choix des professeurs sont valorisés. Mais il s'agit d'un sacré renversement de perspective, surtout dans une culture qui n'a jamais vraiment valorisé l'esprit critique. Je suis effaré par la capacité des jeunes professeurs cambodgiens à réciter par cœur leur leçon sur le constructivisme ou l'esprit critique, preuve qu'ils n'ont rien compris.
Je vous mets un document que j'ai pondu pour les autres formateurs et moi-même, une sorte de pense-bête ou de garde-fou.
Je ne sais pas si ce sera vraiment utile. Dites-moi ce que vous en pensez, tant sur le fond que sur la forme.
Pour ma part, je pense qu'il faut surtout réfléchir ses formations pour qu'elles soient utiles aux enseignants.
Déjà qu'ils ne perdent pas leur temps, ça me semble être la base.
Pour qu'ils ne perdent pas leur temps, il faut leur donner des connaissances théoriques pour comprendre pourquoi on propose de faire comme ci plutôt que comme ça. Mais il faut aussi leur donner des outils qui seront utilisables en pratique.
Il faut utiliser des vidéos, pour montrer ce qui se passe en vrai, car il y a toujours un écart entre réalité et théorie.
Il faut enfin que les enseignants se sentent libres d'utiliser ce qu'ils veulent dans ce que vous avez proposé, sans être obligé de changer de A à Z leurs pratiques.
Voilà ce qui me vient à l'esprit en premier lieu.
- MelanieSLBDoyen
Egomet, ce que tu as écrit me paraît très bien (en dehors des quelques erreurs d'anglais - advice par exemple est indénombrable).
_________________
La réforme du collège en clair : www.reformeducollege.fr .
Et pour ceux qui voudraient en comprendre quelques fondements idéologiques:
De l’école, Jean-Claude Milner, visionnaire en 1984 (ça ne s'invente pas!) de ce qui nous arrive: "On ne dira pas que les enseignants sont l'appendice inutile d'une institution dangereuse et presque criminelle; on dira seulement qu'ils doivent devenir Autres: animateurs, éducateurs, grands frères, nourrices, etc. La liste est variable. Que, par là, les enseignants cessent d’être ce qu'ils doivent être, c'est encore une fois sortir de la question. On ne dira pas que les enseignants n'ont pas à exister, mais qu'ils ont à exister Autrement. Que cette Autre existence consiste à renoncer à soi-même pour disparaître dans la nuit éducative et s'y frotter, tous corps et tous esprits confondus, avec les partenaires de l'acte éducatif - manutentionnaires, parents, élèves, etc. -, seul un méchant pourrait en prendre ombrage." (page 24)
- Monsieur_TeslaNiveau 10
mistinguette a écrit:Pour répondre, je dirais
- toute les formations disciplinaires sur les éléments difficiles du programme ( point de blocage, manip....)
- en spc comment gérer un labo et les réparations diverses
- module corps et voix (poser sa voix langage corporel psychologie du groupe territoire)
- une ouverture sur la mémoire les méthodes d apprentissages les neurosciences. ....
Idem, je rajoute : gérer une classe de trente élèves au laboratoire, pourtant j'enseigne depuis 25 ans ... j'avais parfois des demi classes avant NVB ... c'est fini.
Manipulation au laboratoire avec 30 élèves je continue, mais je suis épuisé après. Les inspecteurs disent que cela ne pose pas de problème ... j'attends une formation.
_________________
Ce que j'entends je l'oublie.
Ce que le lis je le retiens.
Ce que je fais, je le comprends !
Tchuang Tseu
- BabaretteDoyen
Pour répondre quelque chose qui, il me semble, n'a pas été dit: une formation sur les droits et devoirs des fonctionnaires, des éléments juridiques, une sensibilisation au code de la fonction publique et au code de l'éducation. Ce que j'ai eu en préparant les concours de bibliothécaire. Parce que c'est bien joli de demander d'agir en fonctionnaire de manière éthique et responsable, mais la réalité de ce qu'était la fonction publique, je l'ai apprise en formation aux concours. Par exemple, je ne savais pas qu'il y avait trois fonctions publiques. Je n'avais jamais entendu parler de la charte Marianne.
Avec cela, une formation pour déchiffrer un bulletin de paie ne serait pas de trop.
Avec cela, une formation pour déchiffrer un bulletin de paie ne serait pas de trop.
_________________
“Google peut vous donner 100 000 réponses, un bibliothécaire vous donne la bonne.” Neil Gaiman.
:lecteur:
- egometDoyen
Babarette a écrit:Pour répondre quelque chose qui, il me semble, n'a pas été dit: une formation sur les droits et devoirs des fonctionnaires, des éléments juridiques, une sensibilisation au code de la fonction publique et au code de l'éducation. Ce que j'ai eu en préparant les concours de bibliothécaire. Parce que c'est bien joli de demander d'agir en fonctionnaire de manière éthique et responsable, mais la réalité de ce qu'était la fonction publique, je l'ai apprise en formation aux concours. Par exemple, je ne savais pas qu'il y avait trois fonctions publiques. Je n'avais jamais entendu parler de la charte Marianne.
Avec cela, une formation pour déchiffrer un bulletin de paie ne serait pas de trop.
C'est très français tout ça. Non pas que ce soit idiot, je crois vraiment qu'il faut être juridiquement dans les clous, mais on va devoir adapter un petit peu.
D'ailleurs, je ne suis pas sûr que s'en tenir aux standards officiels ou aux pratiques ordinaires du Cambodge soit totalement satisfaisant. C'est à dire qu'ici agir en fonctionnaire éthique et responsable, ça commence par venir travailler tous les jours, respecter les horaires et ne pas se faire d'extras sur le dos des familles en vendant les photocopies ou carrément les notes.
Vos avis m'intéressent quand même, puisque je suis là pour apporter des idées qu'ils n'ont pas sur place. Et je m'en voudrais d'importer nos bêtises.
Dans le rapport à la loi, je crois qu'il y a un équilibre à trouver entre le flou artistique des pays pauvres et la rigidité technocratique des pays développés.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- egometDoyen
MelanieSLB a écrit:Egomet, ce que tu as écrit me paraît très bien (en dehors des quelques erreurs d'anglais - advice par exemple est indénombrable).
Merci, je prends aussi les conseils sur la langue anglaise. En effet, j'aurais dû faire attention à ce mot. J'ai écrit trop vite.
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- egometDoyen
Monsieur_Tesla a écrit:mistinguette a écrit:Pour répondre, je dirais
- toute les formations disciplinaires sur les éléments difficiles du programme ( point de blocage, manip....)
- en spc comment gérer un labo et les réparations diverses
- module corps et voix (poser sa voix langage corporel psychologie du groupe territoire)
- une ouverture sur la mémoire les méthodes d apprentissages les neurosciences. ....
Idem, je rajoute : gérer une classe de trente élèves au laboratoire, pourtant j'enseigne depuis 25 ans ... j'avais parfois des demi classes avant NVB ... c'est fini.
Manipulation au laboratoire avec 30 élèves je continue, mais je suis épuisé après. Les inspecteurs disent que cela ne pose pas de problème ... j'attends une formation.
C'est vrai que la gestion d'un groupe important est un souci. Je ne pense pas que ça justifie en soi un module de formation, mais c'est effectivement une difficulté à prendre en compte quand on évoque telle ou telle méthode.
Dans le programme pour lequel je travaille, on devrait arriver à se maintenir autour de 35 élèves par classe, si les directeurs résistent à la tentation de prendre tous les candidats. Sinon, ça va piquer.
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- PointàlaligneExpert
Comme Barbarette , + une formation de psychologie : comment gérer les personnalités difficiles ; comment reconnaître et désamorcer les prémisses de la violence ; comment intervenir en situation de harcèlement.
- egometDoyen
Pat B a écrit:egomet a écrit:danses a écrit:Une formation juridique de base (droits et obligations des uns et des autres, textes importants...). Ayant épousé un juriste, je mesure chaque jour l'indigence de mes connaissances en la matière. Mais j'imagine que cela n'intéresse personne à l'EN que les collègues soient formés/informés à ce propos (les syndicats sont là pour ça, dixit un ancien chef !). On fait donc comme on peut, sur le tas.
Ceci dit, l'autonome de solidarité propose régulièrement des visios en ce sens... Jamais eu le temps encore d'en voir une, mais cela existe.
Je vais encourager tout mon petit monde à s'appuyer sur la loi. Je pense comme toi que c'est important. Mais ici, comment dire, c'est un concept beaucoup plus souple qu'en France.
L'avantage, si je puis dire, c'est qu'il y a moins de textes à prendre en compte.
Ton message me fait songer à un "détail" : nos besoins et manques ne sont pas forcément transposables à un autre pays. Quels élèves ces enseignants auront-ils en face d'eux ? Locaux ou français expatriés ? Comment fonctionne la société, comment est la relation à l'autorité, entre adulte et enfant, entre prof et élèves ? Selon les réponses à ces questions, les besoins en gestion de classe ne seront pas les mêmes.
En revanche, les besoins didactiques (quoi enseigner, comment, construire une progression, repérer les points de blocage et aider les élèves à les dépasser...) sont les mêmes. Et travailler sur sa voix, son corps, est nécessaire aussi.
Elèves locaux. Ils s'agit d'écoles publiques disposant de plus d'autonomie que la moyenne.
La relation à l'autorité est excellente et je m'en voudrais de casser ça. Il y a encore trop de châtiments corporels à l'école, ce qui fait que certains professeurs peuvent se sentir démunis quand on leur dit d'arrêter. Cela dit, d'après l'expérience que j'ai eue l'année dernière, un professeur qui sait ce qu'il veut obtient facilement du travail et du respect. J'ai même été surpris de la facilité avec laquelle j'ai pu rétablir l'ordre dans certaines classes. A priori, pas besoin de sortir l'artillerie lourde. On travaille en confiance. Les élèves peuvent rester seuls dans les salles sans que l'on soit morts d'inquiétude.
Mais bon, les adolescents sont quand même des adolescents. Ils aiment s'amuser et bavarder.
Outre l'éducation bouddhiste, je pense aussi que les incitations sont bonnes. Réussir à l'école signifie quelque chose. Passer les examens n'est pas encore une évidence et la perspective d'une meilleure vie n'est pas du bluff. Les efforts peuvent payer, du moins pour l'instant. Je ne suis pas sûr que ça résistera à la massification.
A la limite, le problème que pose leur rapport à l'autorité, c'est l'absence d'esprit critique. On prend facilement ce que dit le chef pour argent comptant.
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- MathadorEmpereur
scot69 a écrit:J'irais même plus loin, ça devrait être interdit de devenir prof sans avoir suivi cette formation. (avec des recyclages réguliers)
C'est un pré-requis pour passer le CRPE.
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- scot69Modérateur
oui, et ils ont entièrement raison
ça devrait l'être pour nous aussi
ça devrait l'être pour nous aussi
- auléricNeoprof expérimenté
mais aucun recyclage n'est prévu (j'ai passé le crpe il y a 7 ans la PLS a déjà évolué 2 fois par exemple) et aucune formation n'est prévu non plus pour ceux qui ont passé le concours avant que PSC1 ne soit prérequis non plus. Je trouve çà très dommage.
- maikreeeesseGrand sage
Cela doit dépendre des académies, j'en suis à mon quatrième recyclage en 20 ans. C'est nécessaire.
- auléricNeoprof expérimenté
indispensable même ! je me sens totalement pas prête à utiliser mes vagues souvenirs ! (en 7 ans on perd vraiment beaucoup! )
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
La conversation sur le décès d’une élève lors d’un échange me fait penser que moi, j’aimerais une « formation » sur la gestion du deuil.
En 11 ans d’enseignement, j’ai perdu 2 élèves (maladie et suicidée) et 2 autres ont été grièvement blessés dans un accident de la route où ils ont perdu leur maman.
J’ai eu beaucoup de mal à encaisser leurs morts. Un prof ne devrait pas voir mourrir un élève! Et si je n’avais pas eu mon psy perso, j’aurais pu me traîner ce boulet de chagrin très longtemps.
On devrait proposer une aide, une formation, quelque chose pour gérer ça....
En 11 ans d’enseignement, j’ai perdu 2 élèves (maladie et suicidée) et 2 autres ont été grièvement blessés dans un accident de la route où ils ont perdu leur maman.
J’ai eu beaucoup de mal à encaisser leurs morts. Un prof ne devrait pas voir mourrir un élève! Et si je n’avais pas eu mon psy perso, j’aurais pu me traîner ce boulet de chagrin très longtemps.
On devrait proposer une aide, une formation, quelque chose pour gérer ça....
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Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
- BabaretteDoyen
Gestion du deuil et comment en parler aux élèves. Comment aussi parler des événements comme les attentats ou les catastrophes naturelles, car c'est bien beau de demander une minute de silence, mais il faut aussi pouvoir discuter du sujet. Oui, ça manque terriblement.
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“Google peut vous donner 100 000 réponses, un bibliothécaire vous donne la bonne.” Neil Gaiman.
:lecteur:
- ElaïnaDevin
Babarette a écrit:Gestion du deuil et comment en parler aux élèves. Comment aussi parler des événements comme les attentats ou les catastrophes naturelles, car c'est bien beau de demander une minute de silence, mais il faut aussi pouvoir discuter du sujet. Oui, ça manque terriblement.
Personnellement je déteste devoir "parler de l'événement" avec les élèves. En janvier et novembre 2015, je ne voyais pas du tout quelle réflexion vraiment intelligente je pouvais apporter aux élèves. Je me rappelle de mes profs le 12 septembre 2001 : "plus rien ne sera comme avant", nous répétait-on en boucle. Certes, et donc ? Mais en même temps, que dire, à chaud, comme ça ?
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- egometDoyen
Elaïna a écrit:Babarette a écrit:Gestion du deuil et comment en parler aux élèves. Comment aussi parler des événements comme les attentats ou les catastrophes naturelles, car c'est bien beau de demander une minute de silence, mais il faut aussi pouvoir discuter du sujet. Oui, ça manque terriblement.
Personnellement je déteste devoir "parler de l'événement" avec les élèves. En janvier et novembre 2015, je ne voyais pas du tout quelle réflexion vraiment intelligente je pouvais apporter aux élèves. Je me rappelle de mes profs le 12 septembre 2001 : "plus rien ne sera comme avant", nous répétait-on en boucle. Certes, et donc ? Mais en même temps, que dire, à chaud, comme ça ?
Face au deuil, malheureusement, il n'y a pas grand-chose à dire. Souvent la meilleure réplique, c'est "je suis là". Quand je perds un être cher, la dernière chose dont j'aie envie, c'est d'entendre quelqu'un d'extérieur rationnaliser à tout-va.
Et c'est pour ça que les rites sont si importants autour de la mort, parce qu'il permettent d'exprimer sa compassion, sans avoir à chercher des mots qui pourraient être déplacés.
"Allons manger des crêpes, c'est une coutume qui a son bon côté."
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- BabaretteDoyen
Elaïna a écrit:Babarette a écrit:Gestion du deuil et comment en parler aux élèves. Comment aussi parler des événements comme les attentats ou les catastrophes naturelles, car c'est bien beau de demander une minute de silence, mais il faut aussi pouvoir discuter du sujet. Oui, ça manque terriblement.
Personnellement je déteste devoir "parler de l'événement" avec les élèves. En janvier et novembre 2015, je ne voyais pas du tout quelle réflexion vraiment intelligente je pouvais apporter aux élèves. Je me rappelle de mes profs le 12 septembre 2001 : "plus rien ne sera comme avant", nous répétait-on en boucle. Certes, et donc ? Mais en même temps, que dire, à chaud, comme ça ?
Ben justement, "que dire", j'aurais aimé le savoir, vraiment, parce que les élèves, eux, ont été demandeurs.
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:lecteur:
- AsarteLilithBon génie
Pareil pour moi. Pas facile de le faire.
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Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
- egometDoyen
Je relance ce sujet pour vous remercier et vous tenir un peu au courant de l'évolution de mon projet.
Vos contributions sur ce fil et sur le forum en général m'ont aidé à y voir plus clair. Je crois qu'il fallait le dire.
Le projet de centre de formation a beaucoup changé depuis novembre, dans le sens de l'ambition, et par conséquent des responsabilités. Il ne s'agit plus seulement de former des professeurs mais des mentors, et de monter tout le système qui va avec. On est parti du constat que les formations initiales et les ateliers ponctuels étaient largement inefficaces. Nous en sommes donc à travailler non pas avec des professeurs débutants mais avec des professeurs expérimentés, qui vont approfondir leur formation pendant un an et pourront assurer le suivi des autres professeurs sur le terrain.
Les mentors seront affectés principalement dans des lycées, où ils enseigneront pour un tiers de leur temps et aideront leurs collègues pour le reste. Ils seront entraînés à mener des observations de classe pour apporter du feedback aux professeurs et assurer d'autres formes de soutien.
Il a bien été précisé qu'ils ne doivent en aucun cas devenir des inspecteurs, et ce afin de maintenir une relation de confiance avec leurs protégés.
Nous avons aussi contextualisé un logiciel qui permettra de faire des revues de cours par vidéo, à distance. Nos mentors seront entraînés à s'en servir afin de s'assurer qu'il soit vraiment utilisable par les professeurs.
La rédaction du programme a été un travail de longue haleine, très fastidieux. Le projet a nécessité des négociations complexes avec le ministère de l'éducation. Même si le ministre en est à l'origine, il n'a pas toujours été facile de le faire passer auprès du reste de l'administration. Mais on en arrive au bout. Nous avons sélectionné le personnel et les étudiants. Je crois qu'on tient là une bonne équipe. Le nouveau bâtiment ne sera pas tout à fait fini pour la rentrée, mais on va pouvoir commencer dans des locaux temporaires.
Le programme est constitué de 4 volets: éthique professionnelle et mentorat, recherche pédagogique en anglais, TICE, et méthodes d'enseignement.
Il y a beaucoup de choses, dont certaines pour répondre à des problèmes propres au pays. Tout ce qui concerne l'éthique notamment. J'ai pu placer tout un gros module sur la gestion de classe (une vingtaine d'heures) et un module plus court sur la mémoire. Nous allons aussi faire un gros travail sur l'esprit critique, notamment le repérage des sophismes et des biais cognitifs, un petit soupçon de dialectique etc.
Pour les méthodes pédagogiques, j'ai fait admettre sans difficulté que toute méthode doit être enseignée avec ses avantages et ses inconvénients, afin de permettre des choix pertinents de la part des enseignants. D'ailleurs, le principe de subsidiarité fait aussi partie des sujets traités. Et ce n'est pas vraiment une idée asiatique!
Nous aurons également deux mois de stages pratiques, durant lesquels les futurs mentors conduiront des observations de classe sous la houlette d'un instructeur.
Voilà, voilà. J'espère que tout va bien se passer, et qu'on ne fera pas trop d'erreurs. Il y a pas mal de gens importants qui nous observent. Il ne s'agit pas de faire n'importe quoi.
Vos contributions sur ce fil et sur le forum en général m'ont aidé à y voir plus clair. Je crois qu'il fallait le dire.
Le projet de centre de formation a beaucoup changé depuis novembre, dans le sens de l'ambition, et par conséquent des responsabilités. Il ne s'agit plus seulement de former des professeurs mais des mentors, et de monter tout le système qui va avec. On est parti du constat que les formations initiales et les ateliers ponctuels étaient largement inefficaces. Nous en sommes donc à travailler non pas avec des professeurs débutants mais avec des professeurs expérimentés, qui vont approfondir leur formation pendant un an et pourront assurer le suivi des autres professeurs sur le terrain.
Les mentors seront affectés principalement dans des lycées, où ils enseigneront pour un tiers de leur temps et aideront leurs collègues pour le reste. Ils seront entraînés à mener des observations de classe pour apporter du feedback aux professeurs et assurer d'autres formes de soutien.
Il a bien été précisé qu'ils ne doivent en aucun cas devenir des inspecteurs, et ce afin de maintenir une relation de confiance avec leurs protégés.
Nous avons aussi contextualisé un logiciel qui permettra de faire des revues de cours par vidéo, à distance. Nos mentors seront entraînés à s'en servir afin de s'assurer qu'il soit vraiment utilisable par les professeurs.
La rédaction du programme a été un travail de longue haleine, très fastidieux. Le projet a nécessité des négociations complexes avec le ministère de l'éducation. Même si le ministre en est à l'origine, il n'a pas toujours été facile de le faire passer auprès du reste de l'administration. Mais on en arrive au bout. Nous avons sélectionné le personnel et les étudiants. Je crois qu'on tient là une bonne équipe. Le nouveau bâtiment ne sera pas tout à fait fini pour la rentrée, mais on va pouvoir commencer dans des locaux temporaires.
Le programme est constitué de 4 volets: éthique professionnelle et mentorat, recherche pédagogique en anglais, TICE, et méthodes d'enseignement.
Il y a beaucoup de choses, dont certaines pour répondre à des problèmes propres au pays. Tout ce qui concerne l'éthique notamment. J'ai pu placer tout un gros module sur la gestion de classe (une vingtaine d'heures) et un module plus court sur la mémoire. Nous allons aussi faire un gros travail sur l'esprit critique, notamment le repérage des sophismes et des biais cognitifs, un petit soupçon de dialectique etc.
Pour les méthodes pédagogiques, j'ai fait admettre sans difficulté que toute méthode doit être enseignée avec ses avantages et ses inconvénients, afin de permettre des choix pertinents de la part des enseignants. D'ailleurs, le principe de subsidiarité fait aussi partie des sujets traités. Et ce n'est pas vraiment une idée asiatique!
Nous aurons également deux mois de stages pratiques, durant lesquels les futurs mentors conduiront des observations de classe sous la houlette d'un instructeur.
Voilà, voilà. J'espère que tout va bien se passer, et qu'on ne fera pas trop d'erreurs. Il y a pas mal de gens importants qui nous observent. Il ne s'agit pas de faire n'importe quoi.
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- KimberliteExpert
Bravo!
Est-ce que des outils d'évaluation de l'efficacité de ce qui sera mené ont été prévus?
C'est important de se poser la question en amont, pour éviter des biais dans les bilans qui seront fait d'années en années. C'est aussi intéressant car ça peut permettre de communiquer à l'extérieur, et aussi de démontrer ce qui marche vraiment (et, éventuellement, ça peut permettre d'intéressantes comparaisons, voire des argumentation sur la façon dont fonctionne, ou plutôt dysfonctionne, le système français).
K.
Est-ce que des outils d'évaluation de l'efficacité de ce qui sera mené ont été prévus?
C'est important de se poser la question en amont, pour éviter des biais dans les bilans qui seront fait d'années en années. C'est aussi intéressant car ça peut permettre de communiquer à l'extérieur, et aussi de démontrer ce qui marche vraiment (et, éventuellement, ça peut permettre d'intéressantes comparaisons, voire des argumentation sur la façon dont fonctionne, ou plutôt dysfonctionne, le système français).
K.
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- Spoiler:
- egometDoyen
Kimberlite a écrit:Bravo!
Est-ce que des outils d'évaluation de l'efficacité de ce qui sera mené ont été prévus?
C'est important de se poser la question en amont, pour éviter des biais dans les bilans qui seront fait d'années en années. C'est aussi intéressant car ça peut permettre de communiquer à l'extérieur, et aussi de démontrer ce qui marche vraiment (et, éventuellement, ça peut permettre d'intéressantes comparaisons, voire des argumentation sur la façon dont fonctionne, ou plutôt dysfonctionne, le système français).
K.
Très bonne remarque. Le plus difficile dans l'affaire, c'est de calmer les politiciens et les hauts fonctionnaires qui veulent soit nous mettre des bâtons dans les roues, soit aller trop vite, sans nous laisser le temps de faire les ajustements.
La principale évaluation se fera un an après la première promotion. La plupart de nos mentors seront placés dans un réseau d'écoles de nouvelle génération que l'ONG à laquelle j'appartient organise pour le compte du ministère. Nous aurons donc une bonne position pour faire une enquête complète sur le terrain. Je suis déjà en train de rédiger des questionnaires pour toutes les parties prenantes: directeur, professeurs, mentors, élèves, parents, etc. Dans ces écoles, on devrait pouvoir interroger tout le monde, sans être obligés de faire un échantillonage douteux.
En revanche, je reste dans le doute face aux demande d'autres institutions. On n'a pas encore commencé, mais le National Institute of Education a déjà demandé des mentors. Mais je ne suis pas sûr qu'ils aient bien compris le concept. Ca promet de belles négociations. Ce volet-là risque d'être beaucoup plus difficile à évaluer.
Je prévois d'anonymiser les réponses, pour plus de sincérité en précisant que le poste des mentors n'est pas en jeu et que l'objectif est d'améliorer le programme.
Je prévois aussi une évaluation annuelle des instructeurs et du programme par un questionnaire auprès des étudiants. Avec les mêmes principes sur le feedback et l'anonymat. Je ne pense pas qu'un bon professeur doive s'inquiéter du feedback des étudiants. Il ne s'agit pas d'une façon de prendre des décisions sur les carrières.
Quant aux dysfonctionnements du système français... disons que c'est une des raisons pour lesquelles je suis au Cambodge. Pour être honnête, la situation du Cambodge est bien pire, mais il y a de l'avenir. Nous avons des opportunités de faire avancer les choses.
Le problème de la France, c'est que tout est bloqué et que toutes les tentatives de changer les choses se font de façon bureaucratique et autoritaire, créant plus de problèmes que de solution. Le système tue l'initiative.
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- User5455Niveau 5
En ce qui me concerne, je regrette que ma formation ait uniquement pris en compte ce qui se passe dans une classe. Or, le métier d'enseignant - et notamment à l'EN - ne se limite pas aux heures de cours. Par exemple, j'aurais aimé que l'on me parle un peu des différentes personnes qui travaillent dans une école, de leur rôle, et de la façon dont je peux ou suis censé travailler avec elles. Cela m'aurait peut-être évité quelques déconvenues avec des chefs d'établissement ou certains CPE en raison d'un mauvais positionnement de ma part. En outre, j'aurais bien aimé une formation sur la façon de gérer sa carrière, que ce soit d'un point de vue professionnel (quelles sont les opportunités qui pourraient être intéressantes ? comment enrichir son parcours et le valoriser ?...), mais aussi d'un point de vue plus personnel (comment ne pas se laisser bouffer par son métier ? comment envisager le métier dans la durée ?) Bien entendu, la pratique et la rencontre d'autres enseignants m'ont apporté des éléments de réponse au fil des ans. Je regrette quand même que ma formation initiale n'ait pas du tout abordé ce genre de questions. (PS : J'ai bien conscience que certains de ces points n'intéresseront pas ceux qui ne travaillent pas pour l'EN).
- Pourquoi 3,14159Expert
Comment réussir sa reconversion !
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"Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité. " (Albert Einstein).
- CarabasVénérable
Apprendre à faire un cours, sur le papier et "en vrai". Apprendre à faire une séquence. Et si, franchement, je trouve indispensable de passer par du "clé e main". Je fonctionnement bêtement par imitation. J'ai appris à faire des dissert et des commentaires en lisant des bons corrigés et de bonnes copies de commentaires et de dissert.
Des cours sur la gestion de classe, de l'espace, etc.
Le module "corps et voix" que j'ai eu était assez nul.
Des cours sur la gestion de classe, de l'espace, etc.
Le module "corps et voix" que j'ai eu était assez nul.
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Les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.
Terry Pratchett
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