- JulieLHNiveau 8
Merci mais argh quand je lis ça, cela me rappelle que je n'ai pas bossé la grammaire pendant l'été... sniftannat a écrit: peut-être une relative de liaison ou enchâssée (?) qui si on reconstruit dans un style plus simple donnerait une relative périphrastique "ce à quoi son esprit de singe était fort propre".
- ernyaFidèle du forum
Coucou les agrégatifs !
Je suis en plein réflexion sur une dissertation sur Scarron. Je galère à formuler ma 3e partie. Pouvez-vous m'aider ?
Voici la citation-sujet :" De ce découpage entre narration directe (récit englobant) et narration indirecte (récits englobés) se dégage une première remarque. Un principe d’alternance se met en place, qui suppose une dissolution du discours romanesque en multiples séquences avortées puis reprises, séquences enroulées dans une spirale sans cesse court-circuitée par des interférences intertextuelles et métatextuelles. Dans cette mesure, Le Roman comique relève autant d’une technique du disparate que d’une puissante polyphonie. C’est bien sur cette ligne de bascule et d’équilibre qu’opère l’esthétique scarronienne, soumise à l’envahissement de plusieurs discours, voix et points de vue."
Ma première partie revient sur les critiques faites sur l'aspect décousu et disparate du roman. Ma 2e partie montre les coutures créées par Scarron entre le récit principal et les histoires secondaires et le rôle de ces histoires secondaires. Mais je n'arrive pas à faire ma 3e partie. Je partirais bien sur l'idée d'une poétique de la polyphonie, mais je ne vois pas trop comment l'articuler au reste ni comment la développer.
Auriez-vous des lumières à m'apporter ?
Je suis en plein réflexion sur une dissertation sur Scarron. Je galère à formuler ma 3e partie. Pouvez-vous m'aider ?
Voici la citation-sujet :" De ce découpage entre narration directe (récit englobant) et narration indirecte (récits englobés) se dégage une première remarque. Un principe d’alternance se met en place, qui suppose une dissolution du discours romanesque en multiples séquences avortées puis reprises, séquences enroulées dans une spirale sans cesse court-circuitée par des interférences intertextuelles et métatextuelles. Dans cette mesure, Le Roman comique relève autant d’une technique du disparate que d’une puissante polyphonie. C’est bien sur cette ligne de bascule et d’équilibre qu’opère l’esthétique scarronienne, soumise à l’envahissement de plusieurs discours, voix et points de vue."
Ma première partie revient sur les critiques faites sur l'aspect décousu et disparate du roman. Ma 2e partie montre les coutures créées par Scarron entre le récit principal et les histoires secondaires et le rôle de ces histoires secondaires. Mais je n'arrive pas à faire ma 3e partie. Je partirais bien sur l'idée d'une poétique de la polyphonie, mais je ne vois pas trop comment l'articuler au reste ni comment la développer.
Auriez-vous des lumières à m'apporter ?
- SeiGrand Maître
Salut ernya,
Qui est l'auteur de la citation ? Que désignent les récits "englobants" ou englobés", exactement ?
Ne crois-tu pas qu'il faudrait au contraire développer l'idée de polyphonie dans une première partie pour la contredire dans la deuxième ? C'est une idée phare de la citation.
Qui est l'auteur de la citation ? Que désignent les récits "englobants" ou englobés", exactement ?
Ne crois-tu pas qu'il faudrait au contraire développer l'idée de polyphonie dans une première partie pour la contredire dans la deuxième ? C'est une idée phare de la citation.
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"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
- ernyaFidèle du forum
Je sais pas pour l'auteur, le prof ne nous l'a pas donné.
Oui, cette histoire de polyphonie me dérange. Moi, je voyais une sorte d'opposition entre l'idée de disparate (discordant) et l'idée de polyphonie (combinaison donc structure voulue) d'où mon idée de faire une première partie sur les raisons qui font qu'une partie de la critique dise que le roman de Scarron est mal construit avant de montrer dans une deuxième partie en quoi il y a bien une organisation.
Pour la différence entre récit englobant et récits englobés, c'est la différence entre l'histoire principale (celle de la troupe de comédiens) et les histoires enchâssées (histoires espagnoles et récits analeptiques de certains personnages comme le Destin, La Caverne, etc).
Oui, cette histoire de polyphonie me dérange. Moi, je voyais une sorte d'opposition entre l'idée de disparate (discordant) et l'idée de polyphonie (combinaison donc structure voulue) d'où mon idée de faire une première partie sur les raisons qui font qu'une partie de la critique dise que le roman de Scarron est mal construit avant de montrer dans une deuxième partie en quoi il y a bien une organisation.
Pour la différence entre récit englobant et récits englobés, c'est la différence entre l'histoire principale (celle de la troupe de comédiens) et les histoires enchâssées (histoires espagnoles et récits analeptiques de certains personnages comme le Destin, La Caverne, etc).
- SeiGrand Maître
D'accord, je me demandais justement à quelle catégorie appartenaient les récits analeptiques.
Je pense qu'on ne peut pas attendre la 3e partie pour s'emparer de l'idée de polyphonie car c'est ce qui fait la singularité du sujet. A mon sens, revenir à une dichotomie entre "récit déconstruit/construit" l'aplatit et risque de te faire passer à côté des enjeux qu'il soulève. L'auteur de la citation ne défend pas la thèse d'un roman purement disparate. Mais peut-être que je me trompe complètement.
Je pense qu'on ne peut pas attendre la 3e partie pour s'emparer de l'idée de polyphonie car c'est ce qui fait la singularité du sujet. A mon sens, revenir à une dichotomie entre "récit déconstruit/construit" l'aplatit et risque de te faire passer à côté des enjeux qu'il soulève. L'auteur de la citation ne défend pas la thèse d'un roman purement disparate. Mais peut-être que je me trompe complètement.
- ernyaFidèle du forum
Oui, je suis d'accord avec toi. Mais il me semble plus facile de commencer par montrer le purement disparate (parce que c'est le plus évident à la première lecture du roman de Scarron) pour le critiquer ensuite plutôt que l'inverse.Sei a écrit: L'auteur de la citation ne défend pas la thèse d'un roman purement disparate.
- SeiGrand Maître
Tu peux montrer, dans une deuxième partie, comment le roman est en fait bien plus univoque qu'il n'en a l'air, et que toutes les voix décrites dans ta première partie pourraient bien n'en faire qu'une (ce qui t'évite de réduire le propos à la déconstruction supposée du roman).
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"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
- SeiGrand Maître
Ah oui, c'est le plus difficile, comme d'habitude, et, en plus, il est trop tard pour que je réfléchisse efficacement.
- SeiGrand Maître
J'ai repensé à ton sujet, ernya. As-tu trouvé une 3e partie qui te convient ? Si tu veux que nous en discutions, ce serait avec plaisir.
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"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
- ernyaFidèle du forum
J'ai rendu ma dissertation vendredi. J'ai fait une troisième partie où j'expliquais que le terme de polyphonie correspondait bien à l'oeuvre scaronnienne car ce terme sous-entend à la fois la multiplicité et la combinaison.
Je vous en dirai plus quand le prof aura lu mon travail ^^
Je vous en dirai plus quand le prof aura lu mon travail ^^
- SeiGrand Maître
D'accord, ernya, merci !
Merci pour le partage du sujet qui m'a permis de m'entraîner un peu.
J'avais finalement envisagé une 3e partie qui discutait le "principe d'alternance" pour proposer une lecture d'une narration en tiroirs.
Ca donne un plan type (je le rédige un peu vite) :
Merci pour le partage du sujet qui m'a permis de m'entraîner un peu.
J'avais finalement envisagé une 3e partie qui discutait le "principe d'alternance" pour proposer une lecture d'une narration en tiroirs.
Ca donne un plan type (je le rédige un peu vite) :
- Spoiler:
- Certes, la technique du disparate à l'œuvre dans le RC, les ruptures de ton incessantes, les interventions du narrateur-auteur et les changements de narrateurs permettent de lire le roman comme une œuvre polyphonique. Néanmoins, il apparaît que ces multiples voix se confondent : on trouve du comique dans les séquences romanesques, du romanesque dans les séquences comiques, et l'étude des relais énonciatifs permet de s'apercevoir que les locuteurs se suppléent souvent, usant des mêmes techniques, et se faisant les doubles les uns des autres. Il reste que cette lecture horizontale du RC ne permet pas d'appréhender la structure en tiroirs de l'œuvre, où le relai des voix permet à chaque fois d'accéder à un niveau de narration supérieur.
- AllianceNiveau 9
Je relance le sujet Scarron reconduit pour l'agrégation prochaine.
J'ai une question qui me taraude : On sait que Destin et L’Étoile sont amants (révélation p. 151) mais quand Angélique est enlevée et que La Caverne raconte son histoire, L’Étoile parle du Destin comme étant son frère (p. 190). J'ai donc un petit souci de chronologie : le récit du Destin n'est-il pas antérieur à l'enlèvement d'Angélique ? Comment dès lors comprendre qu'elle parle de destin comme étant son frère... ? Je dois faire une confusion quelque part...
Merci beaucoup si vous pouvez éclairer ma lanterne !
Bonne journée,
J'ai une question qui me taraude : On sait que Destin et L’Étoile sont amants (révélation p. 151) mais quand Angélique est enlevée et que La Caverne raconte son histoire, L’Étoile parle du Destin comme étant son frère (p. 190). J'ai donc un petit souci de chronologie : le récit du Destin n'est-il pas antérieur à l'enlèvement d'Angélique ? Comment dès lors comprendre qu'elle parle de destin comme étant son frère... ? Je dois faire une confusion quelque part...
Merci beaucoup si vous pouvez éclairer ma lanterne !
Bonne journée,
- naujeNiveau 9
La réponse se trouve dans le récit de Destin chapitre 18.
Il explique que : quand ils rencontrent La Rancune avec Melle de L'étoile et sa mère à Orléans, p.155 ils font croire qu'ils sont frère et sœur à La Rancune qui les introduira ensuite dans la troupe de théâtre après la mort de la mère de L'étoile. Ils gardent cette identité au sein de la troupe.
Je suis tombée sur ce récit en Etude littéraire j'ai bien les détails en tête ..pas facile !
Il explique que : quand ils rencontrent La Rancune avec Melle de L'étoile et sa mère à Orléans, p.155 ils font croire qu'ils sont frère et sœur à La Rancune qui les introduira ensuite dans la troupe de théâtre après la mort de la mère de L'étoile. Ils gardent cette identité au sein de la troupe.
Je suis tombée sur ce récit en Etude littéraire j'ai bien les détails en tête ..pas facile !
- AllianceNiveau 9
nauje a écrit:La réponse se trouve dans le récit de Destin chapitre 18.
Il explique que : quand ils rencontrent La Rancune avec Melle de L'étoile et sa mère à Orléans, p.155 ils font croire qu'ils sont frère et sœur à La Rancune qui les introduira ensuite dans la troupe de théâtre après la mort de la mère de L'étoile. Ils gardent cette identité au sein de la troupe.
Je suis tombée sur ce récit en Etude littéraire j'ai bien les détails en tête ..pas facile !
Ah merci beaucoup ! J'avais raté ce "détail". Et je viens de retrouver une autre référence p. 91 "lui apprendre ses aventures et celles de sa sœur". Mais alors, tu pourras peut-être me dire si Léonore conserve cette manière de la désigner alors même que la reconnaissance des amants a eu lieu. Quand Destin fait son récit, la Caverne et sa fille sont présentes dans la chambre. Est-ce simplement une habitude qu'ils conservent ? C'est ce que tu veux dire quand tu précises qu'ils "gardent cette identité dans la troupe"?
Merci encore de cet éclairage !
- SanNiveau 3
Bonsoir. Je suis dans la relecture de Scarron, et j'aurais besoin de vos lumières : à la p. 83, lorsque la Rancune flatte outrageusement Ragotin sur la qualité de ses vers, il est écrit : "il était plutôt animal envieux qu'animal risible". A qui fait référence ce "IL" ? Ragotin ou la Rancune ?
Je pencherai davantage pour Ragotin, ça me paraît plus correct grammaticalement, mais le sens pourrait convenir à la Rancune, puisqu'il ne rit jamais.
Qu'en pensez-vous ?
Je pencherai davantage pour Ragotin, ça me paraît plus correct grammaticalement, mais le sens pourrait convenir à la Rancune, puisqu'il ne rit jamais.
Qu'en pensez-vous ?
- tannatHabitué du forum
Tu as raison la phrase me semble aussi relativement ambiguë. Pourtant, je la lis plutôt comme une énième description de la Rancune car la phrase complète est : "Il fut un peu attristé de ce que la Rancune n'en rit point ; mais, comme je vous ai déjà dit , il était plutôt animal envieux qu'animal risible." La reprise de l'idée de rire (sorte de polyptote : rit/risible) fait le lien et la phrase qui suit vient expliquer pourquoi la Rancune n'en a pas ri... mais je ne suis jamais certaine de rien.San a écrit:Bonsoir. Je suis dans la relecture de Scarron, et j'aurais besoin de vos lumières : à la p. 83, lorsque la Rancune flatte outrageusement Ragotin sur la qualité de ses vers, il est écrit : "il était plutôt animal envieux qu'animal risible". A qui fait référence ce "IL" ? Ragotin ou la Rancune ?
Je pencherai davantage pour Ragotin, ça me paraît plus correct grammaticalement, mais le sens pourrait convenir à la Rancune, puisqu'il ne rit jamais.
Qu'en pensez-vous ?
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- SanNiveau 3
Ton explication est effectivement plus pertinente ... merci !!
- tannatHabitué du forum
Bah de rien j'espère que d'autres te répondront...San a écrit:Ton explication est effectivement plus pertinente ... merci !!
Moi je bataille un peu sur la structure et les liens avec les auteurs du siècle. Par exemple, je me demande s'il n'y a pas un lien entre le RC et ce que dit Descartes dans Le Discours de la méthode (1637) : "Outre que les fables font imaginer plusieurs événements comme possibles qui ne le sont pas ; et que même les histoires les plus fidèles, si elles ne changent ni n'augmentent la valeur des choses, pour les rendre plus dignes d'être lues, au moins en omettent-elles toujours les plus basses et les moins illustres circonstances : d'où vient que le reste ne paraît pas tel qu'il est, et que ceux qui règlent leurs mœurs par les exemples qu'ils en tirent, sont sujets à tomber dans les extravagances des paladins de nos romans, et à concevoir des desseins qui passent leurs forces."
Scarron lecteur de Descartes ?
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- isocèleNiveau 7
D'accord avec tannat : p. 47 : "et j'ai su de beaucoup de personnes qu'on ne l'avait jamais vu rire (...) malicieux comme un vieil singe, et envieux comme un chien."
- tannatHabitué du forum
tannat a écrit:Tu as raison la phrase me semble aussi relativement ambiguë. Pourtant, je la lis plutôt comme une énième description de la Rancune car la phrase complète est : "Il fut un peu attristé de ce que la Rancune n'en rit point ; mais, comme je vous ai déjà dit , il était plutôt animal envieux qu'animal risible." La reprise de l'idée de rire (sorte de polyptote : rit/risible) fait le lien et la phrase qui suit vient expliquer pourquoi la Rancune n'en a pas ri... mais je ne suis jamais certaine de rien.San a écrit:Bonsoir. Je suis dans la relecture de Scarron, et j'aurais besoin de vos lumières : à la p. 83, lorsque la Rancune flatte outrageusement Ragotin sur la qualité de ses vers, il est écrit : "il était plutôt animal envieux qu'animal risible". A qui fait référence ce "IL" ? Ragotin ou la Rancune ?
Je pencherai davantage pour Ragotin, ça me paraît plus correct grammaticalement, mais le sens pourrait convenir à la Rancune, puisqu'il ne rit jamais.
Qu'en pensez-vous ?
isocèle a écrit:D'accord avec tannat : p. 47 : "et j'ai su de beaucoup de personnes qu'on ne l'avait jamais vu rire (...) malicieux comme un vieil singe, et envieux comme un chien."
Et cela reprend donc l'idée de l'animal qu'est la Rancune... C'est drôle parce que pour moi c'était plutôt Ragotin qui était souvent animalisé, mais il n'est donc pas le seul...
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- tannatHabitué du forum
Et trouvez-vous le lien avec Descartes pertinent ou totalement hors de propos ?
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- SaloumHabitué du forum
Je suis dans Scarron aussi et d'accord avec Tannat au sujet de La Rancune "animal envieux" plutôt que "risible".
Alliance, je pense que Destin et l'Etoile gardent cette appellation par habitude, peut-être par sécurité ?
Tannat, je ne saisis pas bien ce que dit cette citation de Descartes : est-ce une critique de l'invraisemblance romanesque ? Un roman est forcément irréaliste, même lorsqu'il tente de reproduire fidèlement le réel ?
Alliance, je pense que Destin et l'Etoile gardent cette appellation par habitude, peut-être par sécurité ?
Tannat, je ne saisis pas bien ce que dit cette citation de Descartes : est-ce une critique de l'invraisemblance romanesque ? Un roman est forcément irréaliste, même lorsqu'il tente de reproduire fidèlement le réel ?
- tannatHabitué du forum
C'est, je crois, à la fois une mise en garde et une critique ; il s'agit de prévenir le lecteur que dans les fables, comme dans les romans :Saloum a écrit:Je suis dans Scarron aussi et d'accord avec Tannat au sujet de La Rancune "animal envieux" plutôt que "risible".
Alliance, je pense que Destin et l'Etoile gardent cette appellation par habitude, peut-être par sécurité ?
Tannat, je ne saisis pas bien ce que dit cette citation de Descartes : est-ce une critique de l'invraisemblance romanesque ? Un roman est forcément irréaliste, même lorsqu'il tente de reproduire fidèlement le réel ?
1) certaines choses semblent possibles alors que ça ne l'est pas ("font imaginer plusieurs événements comme possibles qui ne le sont pas") -> il existerait dans les fables une forme d'illusion qui vise aussi à instruire mais qu'il convient de ne pas prendre pour vraie / prévenir contre les illusions ?
2) que même lorsque l'histoire semble vraie (ou peut être tenue pour vraie), pour la rendre plus attractive/agréable l'auteur tait ce qui pourrait nuire " les plus basses et les moins illustres circonstances" -> les choses (= actions, états ?) basses, les choses (actions ?) les moins nobles -> comme dans son discours ? ou prévenir les lecteurs contre les mensonges par omissions ?
3) enfin appeler les lecteurs à éviter de prendre les héros des romans (héroïco-pastoraux ?) pour des modèles et à vouloir les imiter...
Il me semble que l'on retrouve un peu de tout ça dans le RC mais je peine à le formuler et surtout je ne suis pas certaine que ce soit pertinent.
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- SaloumHabitué du forum
D'accord. Merci pour l'analyse. On trouve effectivement des points communs dans le RC (mais pour moi, ce serait plutôt une forme de doctrine partagée par les auteurs de l'époque plus qu'une réaction de Scarron à la lecture de Descartes), notamment, en relation avec tes trois points :
1) L'idée, comme la fable, d'instruire et plaire par son roman. Après, je ne suis pas sûre de comprendre de quoi veut nous instruire le RC. J'ai l'impression que Scarron part du principe que ses lecteurs ne sont pas dupes des illusions romanesques, au contraire, ils en maîtrisent les codes et sont de connivence avec le narrateur.
2) Scarron (par réaction ? malice, provocation ? souci de réalisme ?) n'omet pas les "basses circonstances", au contraire. Il évoque les mœurs provinciales, la vie quotidienne aussi bien que la farce la plus triviale dans les épisodes comiques. Il les omet, par contre dans les récits héroïques enchâssés.
3) Voir le point n°1. Je n'ai pas l'impression que Scarron mette en garde le lecteur. Ou alors en déconstruisant les codes, en montrant les ficelles des récits héroïques ? Je ne saurais pas l'expliquer, mais à chaque récit héroïque enchâssé, je sens le regard distancié, ironique, du narrateur Scarron sur le récit. Sûrement à cause du contraste avec les épisodes burlesques.
Je ne sais pas si je je t'apporte grand chose : je n'en suis qu'à ma première lecture.
1) L'idée, comme la fable, d'instruire et plaire par son roman. Après, je ne suis pas sûre de comprendre de quoi veut nous instruire le RC. J'ai l'impression que Scarron part du principe que ses lecteurs ne sont pas dupes des illusions romanesques, au contraire, ils en maîtrisent les codes et sont de connivence avec le narrateur.
2) Scarron (par réaction ? malice, provocation ? souci de réalisme ?) n'omet pas les "basses circonstances", au contraire. Il évoque les mœurs provinciales, la vie quotidienne aussi bien que la farce la plus triviale dans les épisodes comiques. Il les omet, par contre dans les récits héroïques enchâssés.
3) Voir le point n°1. Je n'ai pas l'impression que Scarron mette en garde le lecteur. Ou alors en déconstruisant les codes, en montrant les ficelles des récits héroïques ? Je ne saurais pas l'expliquer, mais à chaque récit héroïque enchâssé, je sens le regard distancié, ironique, du narrateur Scarron sur le récit. Sûrement à cause du contraste avec les épisodes burlesques.
Je ne sais pas si je je t'apporte grand chose : je n'en suis qu'à ma première lecture.
- tannatHabitué du forum
Attention je ne suis pas certaine de mon analyse... Et elle n'est pas partagée par tous les auteurs de l'époque ; je ne suis pas certaine que La Calprenède, Gomberville, Urfé ou Scudéry partagent cette doctrine... Volonté de leur part d'écrire des récits (romans) à valeur d'exemples à suivre, il me semble mais je n'en suis pas certaine...Saloum a écrit:D'accord. Merci pour l'analyse. On trouve effectivement des points communs dans le RC (mais pour moi, ce serait plutôt une forme de doctrine partagée par les auteurs de l'époque plus qu'une réaction de Scarron à la lecture de Descartes), notamment, en relation avec tes trois points :
Docere, movere oui et Scarron fait tout pour rompre l'illusion romanesque il me semble I, 1 fin du chapitre "l'auteur se reposa", I,2 "et moi-même qui vous parle" ou bien encore I, 8 "Ce n'est donc pas Ragotin qui parle, c'est moi."Saloum a écrit:1) L'idée, comme la fable, d'instruire et plaire par son roman. Après, je ne suis pas sûre de comprendre de quoi veut nous instruire le RC. J'ai l'impression que Scarron part du principe que ses lecteurs ne sont pas dupes des illusions romanesques, au contraire, ils en maîtrisent les codes et sont de connivence avec le narrateur.
Oui, cherchant donc à éviter le travers que Descartes semble reprocher aux romans, non ?Saloum a écrit:2) Scarron (par réaction ? malice, provocation ? souci de réalisme ?) n'omet pas les "basses circonstances", au contraire. Il évoque les mœurs provinciales, la vie quotidienne aussi bien que la farce la plus triviale dans les épisodes comiques. Il les omet, par contre dans les récits héroïques enchâssés.
Oui et non : p.86 (I, 12) "Peut-être aussi que j'ai un dessein arrêté et que, sans emplir mon livre d'exemples à imiter, par des peintures d'actions et de choses tantôt ridicules, tantôt blâmables, j'instruirai en divertissant de la même façon qu'un ivrogne donne de l'aversion pour son vice et peut quelquefois donner du plaisir par les impertinences que lui fait faire son ivrognerie."Saloum a écrit:3) Voir le point n°1. Je n'ai pas l'impression que Scarron mette en garde le lecteur. Ou alors en déconstruisant les codes, en montrant les ficelles des récits héroïques ? Je ne saurais pas l'expliquer, mais à chaque récit héroïque enchâssé, je sens le regard distancié, ironique, du narrateur Scarron sur le récit. Sûrement à cause du contraste avec les épisodes burlesques.
Tu réponds et pour moi ça n'a pas de prix... MERCI.Saloum a écrit:Je ne sais pas si je je t'apporte grand chose : je n'en suis qu'à ma première lecture.
_________________
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« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
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