- JacqGuide spirituel
LaMaisonQuiRendFou a écrit:titus06 a écrit:J'ai aussi du mal à comprendre qu'un élève titulaire d'un bac pro puisse une seule seconde envisager d'aller à la fac...
Un élève de bac pro (sauf exception rarissime) ne peut pas réussir dans une licence générale à l'université. Dans une des licences de mon UFR, les bacs pros sont majoritaires depuis plusieurs années en L1 (en début d'année...). C'est une hécatombe.
Certains collègues refusent la sélection par principe, d'autres sont plus pragmatiques et mettent en avant l'usine à gaz de la réforme (obligation de classer l'ensemble des dossiers) et son inutilité (vu les capacités d'accueil dans la plupart des licences, tout le monde sera pris), d'où leur opposition. Je pense que l'on aurait pu faire une réforme plus simple : sélectionner en fonction de la filière de bac (exemple fac de droit)
1 - Un bachelier de telle filière aurait de droit sa place (bacheliers généraux)
2 - Les bacheliers d'autres filières jugées moins adaptées seraient sélectionnés sur dossier avec éventuellement la possibilité de faire la L1 en deux ans, ce qui existe déjà dans certains établissements (typiquement des STMG).
3 -Enfin certaines filières seraient exclues d'office (toutes les autres filières technos et pros).
Nous faisons du traitement social du chômage voilà tout. Même mes collègues les plus portés sur le social avaient exclu dès le départ toute idée d'année 0 pour les bacs pros, afin de se concentrer sur certains bacs technos ayant les bases pour s'accrocher en L1 (et finalement on s'en doutait, il n'y a pas d'argent pour mettre une année 0 en place).
Il existe déjà des tas de dispositifs pour accompagner les étudiants faibles en L1 : rien ne marche. Tout est abandonné au fur et à mesure (et ce n'est pas une injonction de l'administration pour faire des économies, les collègues lassés par le manque de résultat laissent tomber d'eux-mêmes).
Cette politique a un coût avec la multiplication des heures de cours en L1 (réalisées par une armée de chargés de TD) pour au final... Presque rien vu le taux d'échec ! Je passe sur les problèmes de locaux.
C'est cela la véritable sélection. Cela je suis totalement contre.Je n'aurais (bac techno pour moi) alors jamais fait de fac d'histoire et mon meilleur ami ne serait actuellement pas docteur en histoire ! Donc non !
Par contre ne pas accepter d'office les candidats de ces filières, oui. Regarder le dossier, avoir un entretien...; oui.
Je vous résume le cas de "mon" Angélique l'année dernière : pas la moyenne en histoire en LP (redoublante), prise en fac d'histoire. Je lui demande :"que veux tu faire en fac d'histoire ?". "J'aime bien vos cours !" (ouais, 9 de moyenne, elle aime vachement). Je lui demande : "tu as lu des livres en histoire, regardé des documentaires ? Cela t'intéresse réellement ". "C'est quoi un documentaire". Affligé : "Ben un truc qui passe à la télé et qui "parle" d'histoire !". Réponse contente : "Oui, comme 50 mn Inside !" Tout le reste de la classe a rigolé !
Par contre ma Valentine, qui n'a peut être pas tout à fait le niveau, mais peut-être, comment la recruter en fac ? Comment ne pas lui interdire d'entrer en fac (ce qui est proposé plus haut) tout en expliquant clairement à mon Angélique que non, elle n'a aucune chance, aucune (sauf cette année où ils vont mettre 12 à tout le monde) ?
Pourquoi chez toi une majorité de L1 issu de LP ? Quelle filière (tu peux répondre par MP si tu préfères) ?
- celitianSage
LaMaisonQuiRendFou a écrit:titus06 a écrit:J'ai aussi du mal à comprendre qu'un élève titulaire d'un bac pro puisse une seule seconde envisager d'aller à la fac...
Un élève de bac pro (sauf exception rarissime) ne peut pas réussir dans une licence générale à l'université. Dans une des licences de mon UFR, les bacs pros sont majoritaires depuis plusieurs années en L1 (en début d'année...). C'est une hécatombe.
Un bac pro actuel en 3 ans, ceux qui n'ont jamais enseigné en LP ne peuvent pas se rendre compte de l'impact négatif de la perte d'un an de cours et de toutes les réformes subies en LP.
Lorsque j'ai commencé, j'avais les élèves dans des matières technologiques au moins 10 heures, je ne me souviens plus précisément, et le niveau était très bon pour les meilleurs.
Un peu comme les bac G dont tout le monde se moquait et qui réussissaient dans des filières comme AES.
Naturellement je ne parle pas des élèves qui ne fichent rien, mais ça c'est valable pour tous les bacs, en BTS j'ai des bac S avec des dossiers tout à fait corrects mais qui se plantent car ils ne font rien.
- LaMaisonQuiRendFouFidèle du forum
Jacq a écrit:Pourquoi chez toi une majorité de L1 issu de LP ? Quelle filière (tu peux répondre par MP si tu préfères) ?
C'est aujourd'hui le cas dans de nombreuses filières universitaires générales.
Je comprends tes états d'âmes sur le fait qu'untel ou untel pourrait réussir même en venant de techno ou de pro, mais je pense que cette vision généreuse fait beaucoup de mal à l'université actuellement. Pour un succès, combien y a-t-il d'échecs ? Ce sont des exceptions. Tu dois prendre conscience de la baisse terrible du niveau, car inévitablement l'enseignant s'adapte à ses étudiants (y compris en CM même si cela se fait à plus long terme). De plus, cela entraîne un cercle vicieux car les meilleurs se détournent peu à peu de ces filières qui ont la réputation d'accueillir des étudiants de bas niveau.
Enfin, je pense que les technos de ton époque ne sont plus les mêmes aujourd'hui. Et vous deviez être moins nombreux à atterir à l'université (en proportion).
- celitianSage
Tu ne prends pas le problème dans le bon sens, il ne faut pas interdire la fac à certains bacs mais donner une vraie formation à tous en arrêtant de faire des réformes qui diminuent systématiquement l'importance du disciplinaire et des exigences.
Ce qui me fait "rire" c'est qu'avec la réforme du bac qui s'annonce, le niveau de tous les bacs risque de chuter notamment en maths, et que là, certains vont comprendre que ce n'est pas la sélection post bac qu'il faut combattre mais tout le reste.
Ce qui me fait "rire" c'est qu'avec la réforme du bac qui s'annonce, le niveau de tous les bacs risque de chuter notamment en maths, et que là, certains vont comprendre que ce n'est pas la sélection post bac qu'il faut combattre mais tout le reste.
- LaMaisonQuiRendFouFidèle du forum
celitian a écrit:Tu ne prends pas le problème dans le bon sens, il ne faut pas interdire la fac à certains bacs mais donner une vraie formation à tous en arrêtant de faire des réformes qui diminuent systématiquement l'importance du disciplinaire et des exigences.
Ce qui me fait "rire" c'est qu'avec la réforme du bac qui s'annonce, le niveau de tous les bacs risque de chuter notamment en maths, et que là, certains vont comprendre que ce n'est pas la sélection post bac qu'il faut combattre mais tout le reste.
Oui une "vraie formation" car tout le monde est capable et à la volonté de faire des dissertations en trois parties... Il ne s'agit pas d'interdire la fac mais de s'assurer du niveau des entrants, ce qui se fait à peu près partout dans le monde, y compris dans des pays où le système d'enseignement supérieur est public. De plus, ce n'est pas qu'une question d'exigence disciplinaire : un étudiant de L1 doit être autonome, il doit savoir prendre des notes, etc. Il doit aussi avoir une attitude correcte !
De toute façon je pense que ce système ouvert au tout-venant ne changera pas fondamentalement puisqu'il permet d'acheter une certaine paix sociale. Il reste heureusement les prépas et les grandes écoles.
Mais sinon je suis en partie d'accord avec vous concernant les réformes dans le secondaire.
- celitianSage
Mais je ne dis pas que tout le monde veut aller à la fac, je dis juste qu'avant de vouloir sélectionner par le bac, il faudrait permettre à plus d'élèves d'acquérir de véritables connaissances et compétences leur permettant de réellement choisir et non pas de subir.
Tu es certainement trop jeune professeur pour avoir connu les G mais dans ta matière, il faut savoir qu'il y a beaucoup d'anciens G donc ils étaient capables de suivre des études parfois longues et de réussir les concours. Actuellement l'EN a tellement régressé que je vois peu de STMG capables de réussir.
Tu es certainement trop jeune professeur pour avoir connu les G mais dans ta matière, il faut savoir qu'il y a beaucoup d'anciens G donc ils étaient capables de suivre des études parfois longues et de réussir les concours. Actuellement l'EN a tellement régressé que je vois peu de STMG capables de réussir.
- LaMaisonQuiRendFouFidèle du forum
celitian a écrit:Tu es certainement trop jeune professeur pour avoir connu les G mais dans ta matière, il faut savoir qu'il y a beaucoup d'anciens G donc ils étaient capables de suivre des études parfois longues et de réussir les concours. Actuellement l'EN a tellement régressé que je vois peu de STMG capables de réussir.
Alors là je suis tout à fait d'accord.
- CathEnchanteur
LaMaisonQuiRendFou, je veux vraiment bien savoir dans quelle section de L1 les Bac Pro sont majoritaires, en message privé si tu préfères.
Jacques ton bac techno d'il y a je ne sais combien de temps ne ressemble en rien au bac techno d'aujourd'hui, tu t'en doutes bien, il suffit de comparer le bac pro d'aujourd'hui et celui d'il y a 20 ans ou même 10 ans
Et j'ajoute pour faire cesser l'opposition entre manuel /intellectuel, que mes collègues d'enseignement professionnel sont dépités de constater que leurs élèves actuels ne sont pas intellectuels et ne sont pas du tout manuels non plus... Ils s'étonnent de constater qu'un élève de seconde qui arrive en section industrielle n'a jamais eu par exemple la curiosité de démonter son vélo ou même simplement de changer une roue, et n'ont jamais jamais de toute leur enfance ni adolescence témoigné la moindre appétence pour quoi que ce soit de manuel...
Ils sont sûrement digital native dirait Michel Serres, mais pour les études, quelles soient professionnelles ou générales, visiblement ça ne suffit pas.
Jacques ton bac techno d'il y a je ne sais combien de temps ne ressemble en rien au bac techno d'aujourd'hui, tu t'en doutes bien, il suffit de comparer le bac pro d'aujourd'hui et celui d'il y a 20 ans ou même 10 ans
Et j'ajoute pour faire cesser l'opposition entre manuel /intellectuel, que mes collègues d'enseignement professionnel sont dépités de constater que leurs élèves actuels ne sont pas intellectuels et ne sont pas du tout manuels non plus... Ils s'étonnent de constater qu'un élève de seconde qui arrive en section industrielle n'a jamais eu par exemple la curiosité de démonter son vélo ou même simplement de changer une roue, et n'ont jamais jamais de toute leur enfance ni adolescence témoigné la moindre appétence pour quoi que ce soit de manuel...
Ils sont sûrement digital native dirait Michel Serres, mais pour les études, quelles soient professionnelles ou générales, visiblement ça ne suffit pas.
- ZagaraGuide spirituel
Ce type de message totalisant est tout bonne faux. On a tous connus des "mauvais bac" qui réussissait des études supérieures et quand on enseigne dans le supérieur on en voit passer régulièrement.LaMaisonQuiRendFou a écrit:
Un élève de bac pro (sauf exception rarissime) ne peut pas réussir dans une licence générale à l'université.
Un préjugé qui ferme les portes à tous a priori plutôt que de leur laisser leur chance. Pourtant l'égalité des chances est un concept libéral et non de gauche. Les gens ne demandent même plus l'égalité, seulement la possibilité d'avoir une chance. Et même ça on leur refuse, au nom de déterminismes faux du type "ton profil fait que tu n'as aucune chance".
Sinon plusieurs messages nagent dans le préjugé très français (et très réac) "ce sont des manuels, les manuels ne sont pas des intellectuels, alors ils ne doivent pas entrer à la fac hein, lieu des intellos". Pensée fossile.
- RendashBon génie
Cath a écrit:LaMaisonQuiRendFou, je veux vraiment bien savoir dans quelle section de L1 les Bac Pro sont majoritaires, en message privé si tu préfères.
Jacques ton bac techno d'il y a je ne sais combien de temps ne ressemble en rien au bac techno d'aujourd'hui, tu t'en doutes bien, il suffit de comparer le bac pro d'aujourd'hui et celui d'il y a 20 ans ou même 10 ans
Et j'ajoute pour faire cesser l'opposition entre manuel /intellectuel, que mes collègues d'enseignement professionnel sont dépités de constater que leurs élèves actuels ne sont pas intellectuels et ne sont pas du tout manuels non plus... Ils s'étonnent de constater qu'un élève de seconde qui arrive en section industrielle n'a jamais eu par exemple la curiosité de démonter son vélo ou même simplement de changer une roue, et n'ont jamais jamais de toute leur enfance ni adolescence témoigné la moindre appétence pour quoi que ce soit de manuel...
Ils sont sûrement digital native dirait Michel Serres, mais pour les études, quelles soient professionnelles ou générales, visiblement ça ne suffit pas.
Et encore : digital native est sans doute à prendre dans le sens "ne se sont jamais sorti les doigts du lulu", parce que pour ce qui est de se servir d'un ordinateur ...
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- ZagaraGuide spirituel
L'opposition manuel/intellectuel n'existe pas. Il faut un cerveau pour avoir la curiosité de et savoir comment manipuler et créer des objets. Il faut des mains pour développer sa pensée. La main et le cerveau sont deux outils complémentaires quel que soit le travail effectué.
Mais on dérive encore du vrai sujet : les conflits étudiants. Saviez-vous que chaque jour des partiels sont annulés, un peu partout, du fait de votes de promos entières ? Impossible de crier à la minorité agissante, toute la promo vote l'annulation rassemblée dans la salle du partiel. Le cas à Paris 1 pour un grand nombre d'épreuves ces derniers jours.
Mais on dérive encore du vrai sujet : les conflits étudiants. Saviez-vous que chaque jour des partiels sont annulés, un peu partout, du fait de votes de promos entières ? Impossible de crier à la minorité agissante, toute la promo vote l'annulation rassemblée dans la salle du partiel. Le cas à Paris 1 pour un grand nombre d'épreuves ces derniers jours.
- CathEnchanteur
Alors ça oui, je confirme... Il y a quelques semaines, j'ai montré un étudiant de BTS qu'un mail pouvait être considéré comme non lu afin de ne pas le perdre de vue quand on l'a déjà ouvert...
- RendashBon génie
Zagara a écrit:L'opposition manuel/intellectuel n'existe pas.
Disons qu'elle n'est pas pertinente a priori. Mais elle existe, hein : il te suffit de me regarder bricoler pour t'en convaincre :lol:
Zagara a écrit:Mais on dérive encore du vrai sujet : les conflits étudiants. Saviez-vous que chaque jour des partiels sont annulés, un peu partout, du fait de votes de promos entières ? Impossible de crier à la minorité agissante, toute la promo vote l'annulation rassemblée dans la salle du partiel. Le cas à Paris 1 pour un grand nombre d'épreuves ces derniers jours
Pas à Lyon II, en tout cas. Très loin de là.
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- CathEnchanteur
Oui Zagara, je confirme... À Tolbiac, certains partiels, délocalisés à Rungis, n'ont pas pu se tenir car les étudiants présents ont refusé de les faire.
- LaMaisonQuiRendFouFidèle du forum
Cath a écrit:LaMaisonQuiRendFou, je veux vraiment bien savoir dans quelle section de L1 les Bac Pro sont majoritaires, en message privé si tu préfères.
C'est le cas dans de nombreuses licences générales universitaires, en particulier dans des régions où ces bacheliers pros n'ont pas de place en BTS car celles-ci sont chères...
Zagara a écrit:Ce type de message totalisant est tout bonne faux. On a tous connus des "mauvais bac" qui réussissait des études supérieures et quand on enseigne dans le supérieur on en voit passer régulièrement.LaMaisonQuiRendFou a écrit:
Un élève de bac pro (sauf exception rarissime) ne peut pas réussir dans une licence générale à l'université.
Un préjugé qui ferme les portes à tous a priori plutôt que de leur laisser leur chance. Pourtant l'égalité des chances est un concept libéral et non de gauche. Les gens ne demandent même plus l'égalité, seulement la possibilité d'avoir une chance. Et même ça on leur refuse, au nom de déterminismes faux du type "ton profil fait que tu n'as aucune chance".
Sinon plusieurs messages nagent dans le préjugé très français (et très réac) "ce sont des manuels, les manuels ne sont pas des intellectuels, alors ils ne doivent pas entrer à la fac hein, lieu des intellos". Pensée fossile.
C'est une position généreuse mais sans aucun rapport avec la réalité. Il faut se baser sur les chiffres. C'est justement parce que nous faisions le bilan avec des collègues il y a quelques jours que j'ai abordé ce sujet. Dans les deux principales licences de mon UFR (dont une où le niveau est faible), le taux de réussite en 2016 et en 2017 est de... 0% pour les bacheliers pros.
Je n'ai pas tout compris à la politique de redoublement de mon université mais a priori les étudiants peuvent maintenant se réinscrire indéfiniment, un collègue me disait qu'il avait un étudiant dans la même L1 pour la 4e année consécutive...
Et encore une fois, l'arrivée massive de bacheliers n'ayant pas le niveau dans un groupe de TD n'est pas sans conséquences sur le contenu des enseignements.
D'ailleurs au milieu du mois de novembre l'écrémage est déjà bien avancé.
- ZagaraGuide spirituel
Et bien ce n'est pas le cas dans toutes les filières. Pourquoi généralises-tu ton expérience à l'ensemble de l'université ?
Tu pars des chiffres de ta branche et tu arrives à la conclusion "telle catégorie de la population identifiée par son parcours scolaire n'est en général "pas faite" pour l'université" ; c'est un saut audacieux.
Quoi qu'il en soit, même si ça ne sauve qu'1 sur 10 ou 20, c'est un garant de mobilité sociale structurelle nécessaire à l'élaboration d'une société honnête envers ses citoyens. Enfermer les gens dans leur condition sociale a priori me fait plus penser au Moyen Âge (et j'en sais quelque chose) qu'à une société qui se prétend moderne. J'ai l'impression d'entendre "un paysan n'est pas fait pour la cléricature, c'est dans sa nature".
(si au passage on pouvait arrêter d'employer l'opposition rhétorique "pragmatique/utopique" ça contribuerait à l'honnêteté intellectuelle des échanges)
Tu pars des chiffres de ta branche et tu arrives à la conclusion "telle catégorie de la population identifiée par son parcours scolaire n'est en général "pas faite" pour l'université" ; c'est un saut audacieux.
Quoi qu'il en soit, même si ça ne sauve qu'1 sur 10 ou 20, c'est un garant de mobilité sociale structurelle nécessaire à l'élaboration d'une société honnête envers ses citoyens. Enfermer les gens dans leur condition sociale a priori me fait plus penser au Moyen Âge (et j'en sais quelque chose) qu'à une société qui se prétend moderne. J'ai l'impression d'entendre "un paysan n'est pas fait pour la cléricature, c'est dans sa nature".
(si au passage on pouvait arrêter d'employer l'opposition rhétorique "pragmatique/utopique" ça contribuerait à l'honnêteté intellectuelle des échanges)
- Fesseur ProGuide spirituel
Sauf que si tu bricoles comme tu réfléchis...Rendash a écrit:Zagara a écrit:L'opposition manuel/intellectuel n'existe pas.
Disons qu'elle n'est pas pertinente a priori. Mais elle existe, hein : il te suffit de me regarder bricoler pour t'en convaincre :lol:
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Pourvu que ça dure...
- CathEnchanteur
Zagara, un bon, à vrai dire un très bon élève de bac pro, s'il veut avoir une chance de réussir dans l'enseignement supérieur, a tout intérêt à passer par un BTS ou un DUT, et à continuer ensuite soit en licence pro soit en école d'ingénieur. C'est ce que font certains de mes bac pro, pas forcément les meilleurs d'ailleurs, et pourtant, l'offre dans le supérieur est tellement large qu'ils réussissent à intégrer licence pro et école d'ingé alors que parfois on parierait pas un kopeck sur leur tête...Mais vouloir leur faire intégrer une université après le bac est une idée certainement généreuse mais au-delà de leurs capacités pour la plupart d'entre eux. L'enseignement professionnel actuel ne les prépare absolument pas j'insiste vraiment absolument pas à l'autonomie nécessaire pour réussir en L1, quelle que soit cette L1 puisque la maison qui rend fou continue à ne pas vouloir donner d exemples de L1 dans laquelle les Bac Pro sont majoritaires...
- ZagaraGuide spirituel
Personne ne "veut leur faire intégrer l'université", comme si on les poussait à le faire. Tout ce que je défends c'est la possibilité pour chaque individu de choisir sa voie de la manière qu'il l'entend, et évidemment après avoir été correctement informé de ses chances a priori. La réforme ferme des portes assez arbitrairement (de fait le tri initial par algorithme écarte selon la filière de bac, puis les enseignants qui trient sont trop débordés pour faire un travail affiné ; les gros signaux type "bac pro" passent à la poubelle). Je demande simplement que toutes les portes restent ouvertes (comme avant). Ce qui n'empêche pas d'indiquer quel peut être le meilleur chemin théorique à chacun, évidemment. Et j'ajoute qu'il est inacceptable, ou du moins illogique, de s'appuyer sur une supposée incapacité de masse de tel groupe d'individu du fait de leur parcours pour leur interdire un champ des possibles. Ce n'est que rationaliser son choix d'injustice.
- LaMaisonQuiRendFouFidèle du forum
Zagara a écrit:L'opposition manuel/intellectuel n'existe pas. Il faut un cerveau pour avoir la curiosité de et savoir comment manipuler et créer des objets. Il faut des mains pour développer sa pensée. La main et le cerveau sont deux outils complémentaires quel que soit le travail effectué.
Mais on dérive encore du vrai sujet : les conflits étudiants. Saviez-vous que chaque jour des partiels sont annulés, un peu partout, du fait de votes de promos entières ? Impossible de crier à la minorité agissante, toute la promo vote l'annulation rassemblée dans la salle du partiel. Le cas à Paris 1 pour un grand nombre d'épreuves ces derniers jours.
Comment pouvez-vous dire cela ?
Je suis enseignant dans une université sacrément perturbée depuis le début du mouvement. Je me suis déjà exprimé là-dessus sur un autre fil. J'ai été présent depuis le départ, notamment aux AG. Les étudiants mobilisés sont ultra-minoritaires. La plupart n'en ont strictement rien à faire. C'est d'ailleurs bien ça le pire, ils ne se mobilisent pas, ni pour ni contre.
Les seuls cas massifs de refus de passer des partiels ont été une conséquence de la présence policière (et je comprends tout à fait que l'on refuse de passer un examen sous escorte). La plupart des partiels annulés ont été le fait de minorités bloquant les entrées.
Allez sur place voir ce qu'il se passe, allez parler au étudiants.
- ZagaraGuide spirituel
Encore une fois, ton expérience n'éclaire pas l'ensemble du mouvement. Moi aussi j'ai suivi les mouvements de mes étudiants mobilisés depuis 2 mois (au sens large, ils sont un peu tous mes étudiants ). Moi non plus je n'ai donné aucun TD depuis le début du mouvement. Les AG que je vois sont populeuses et les étudiants sont quasiment tous là au moment des votes pour annuler les partiels. Moi aussi je peux parler d'expérience, t'es pas le seul à enseigner à l'université.
- LaMaisonQuiRendFouFidèle du forum
Restons-en là, j'en ai soupé des discours de l'extrême-gauche.
- ZagaraGuide spirituel
Ha apporter une expérience qui contredit la tienne est donc d'extrême-gauche. Ou est-ce demander le respect de l'égalité des chances, concept centriste s'il en est ? Si tout ce qui ne se conforme pas à tes impressions empiriques immédiates relève de l’extrémisme, ça laisse peu d'espace à la modération.
Tu assènes des vérités générales comme "aucun élève de filière pro ne peut réussir" et après tu te dis pragmatique et rationnel. On vient te dire "il existe des réalités un peu plus complexes que ça" et voilà qu'on est extrémiste. Mon champ de pensée est la vérité-modérée-pragmatique-rationnelle et tout ce qui n'y correspond pas est extrémiste : mécanisme classique.
Tu assènes des vérités générales comme "aucun élève de filière pro ne peut réussir" et après tu te dis pragmatique et rationnel. On vient te dire "il existe des réalités un peu plus complexes que ça" et voilà qu'on est extrémiste. Mon champ de pensée est la vérité-modérée-pragmatique-rationnelle et tout ce qui n'y correspond pas est extrémiste : mécanisme classique.
- KimberliteExpert
Mais les prépas n'ont pas du tout le même mode de fonctionnement et peuvent faire craquer d'excellents élèves ou les rebuter (surtout s'ils ont envie d'être un peu autonomes, n'ont pas besoin qu'on les mette sous pression pour bosser efficacement). Rien à voir avec les filières universitaires sélectives et de qualité que l'on trouve à l'étranger. Je n'ai rien contre la prépa, mais il me semble bien regrettable qu'on en arrive à considérer que la fac est foutue et qu'"heureusement il reste la prépa".LaMaisonQuiRendFou a écrit:celitian a écrit:Tu ne prends pas le problème dans le bon sens, il ne faut pas interdire la fac à certains bacs mais donner une vraie formation à tous en arrêtant de faire des réformes qui diminuent systématiquement l'importance du disciplinaire et des exigences.
Ce qui me fait "rire" c'est qu'avec la réforme du bac qui s'annonce, le niveau de tous les bacs risque de chuter notamment en maths, et que là, certains vont comprendre que ce n'est pas la sélection post bac qu'il faut combattre mais tout le reste.
Oui une "vraie formation" car tout le monde est capable et à la volonté de faire des dissertations en trois parties... Il ne s'agit pas d'interdire la fac mais de s'assurer du niveau des entrants, ce qui se fait à peu près partout dans le monde, y compris dans des pays où le système d'enseignement supérieur est public. De plus, ce n'est pas qu'une question d'exigence disciplinaire : un étudiant de L1 doit être autonome, il doit savoir prendre des notes, etc. Il doit aussi avoir une attitude correcte !
De toute façon je pense que ce système ouvert au tout-venant ne changera pas fondamentalement puisqu'il permet d'acheter une certaine paix sociale. Il reste heureusement les prépas et les grandes écoles.
Mais sinon je suis en partie d'accord avec vous concernant les réformes dans le secondaire.
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- Spoiler:
- RendashBon génie
Zagara a écrit:Encore une fois, ton expérience n'éclaire pas l'ensemble du mouvement. Moi aussi j'ai suivi les mouvements de mes étudiants mobilisés depuis 2 mois (au sens large, ils sont un peu tous mes étudiants ). Moi non plus je n'ai donné aucun TD depuis le début du mouvement. Les AG que je vois sont populeuses et les étudiants sont quasiment tous là au moment des votes pour annuler les partiels. Moi aussi je peux parler d'expérience, t'es pas le seul à enseigner à l'université.
Encore une fois, pas partout, pas à Lyon II par exemple. Là, tu opposes une expérience à d'autres expériences, voilà tout.
Soit dit en passant, quand tu te crèves le cul à bosser 25 heures par semaine pour pouvoir croûter et mener tes études, et que tes partiels sont annulés au dernier moment, il me semble légitime que tu puisses mal le vivre.
Je ne suis pas favorable à ParcourSup, qui est une monstrueuse usine à gaz, et surtout parfaitement hypocrite. Le problème n'était pas tellement APB, mais l'inadéquation entre l'offre du supérieur et le nombre de lycéens. Mais il aurait fallu des ronds pour le sup' plutôt que pour les tablettes qui garnissent les placards des collèges.
En revanche, l'égalité des chances, elle se fait surtout avant le supérieur. Lorsque chaque enseignant de France fera comme toi et assurera gratuitement des heures hebdomadaires de soutien et d'accompagnement aux élèves des quartiers défavorisés, comme le font les collègues dans tous les collèges REP +, peut-être qu'on pourra envisager autre chose pour ces élèves. Nous avons beaucoup d'allophones et d'élèves arrivés en France récemment, dans mon secteur, par exemple, tu serais bien utile là-bas : nous ne suffisons pas à la tâche.
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- KimberliteExpert
L'année où j'ai commencé la fac, il y a eu un gros mouvement de grèves... on a perdu un mois de cours. J'ai assisté à une assemblée censée décider à main levée si la grève était reconduite. Une belle mascarade (fallait voir aussi comment le nombre de votants était évalué...). Il ne devait pas y avoir le vingtième des étudiants concernés, la plupart des étudiants n'étaient même pas au courant de cette réunion (j'y étais arrivée par hasard), et on sentait bien une forte pression pour voter "comme les autres".LaMaisonQuiRendFou a écrit:Zagara a écrit:L'opposition manuel/intellectuel n'existe pas. Il faut un cerveau pour avoir la curiosité de et savoir comment manipuler et créer des objets. Il faut des mains pour développer sa pensée. La main et le cerveau sont deux outils complémentaires quel que soit le travail effectué.
Mais on dérive encore du vrai sujet : les conflits étudiants. Saviez-vous que chaque jour des partiels sont annulés, un peu partout, du fait de votes de promos entières ? Impossible de crier à la minorité agissante, toute la promo vote l'annulation rassemblée dans la salle du partiel. Le cas à Paris 1 pour un grand nombre d'épreuves ces derniers jours.
Comment pouvez-vous dire cela ?
Je suis enseignant dans une université sacrément perturbée depuis le début du mouvement. Je me suis déjà exprimé là-dessus sur un autre fil. J'ai été présent depuis le départ, notamment aux AG. Les étudiants mobilisés sont ultra-minoritaires. La plupart n'en ont strictement rien à faire. C'est d'ailleurs bien ça le pire, ils ne se mobilisent pas, ni pour ni contre.
Les seuls cas massifs de refus de passer des partiels ont été une conséquence de la présence policière (et je comprends tout à fait que l'on refuse de passer un examen sous escorte). La plupart des partiels annulés ont été le fait de minorités bloquant les entrées.
Allez sur place voir ce qu'il se passe, allez parler au étudiants.
J'ai vu des étudiants d'autres facs bloquer la mienne, vu un amphi bloqué par de tables...
Ensuite, en enseignant à la fac, j'ai discuté avec des étudiants qui avaient essayé d'empêcher les étudiants d'autres facs de bloquer la leur. Ils étaient nombreux mais ont fini par laisser tomber quand des mecs armés de barres de fer sont arrivés en face. Cette année, il y a eu des dégradations...
Je me souviens que notre association d'étudiants en sciences était considérée comme "fasciste" par les étudiants liés à l'UNEF (ben oui, horreur, on était apolitiques!).
Je ne sais ce qu'il en est du mouvement actuel, mais j'ai des doutes sur les "votes de promos entières" si c'est fait dans les conditions que j'ai observées à mon époque...
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