Réforme du bac : le gouvernement envisage la suppression des séries S, L et ES

OK Alain et les années 30, mais maintenant ?

A l'époque d'Alain, le baccalauréat était réservé à la haute bourgeoisie déjà frottée de culture antique et scientifique, non ? Sur 40 millions de personnes, combien avaient le bac ? Alain pensait-il aux enfants des quartiers prolétaires et des villages paysans ?

Je préfère le Front populaire qui passe l'obligation scolaire en 36 à une année supplémentaire pour les enfants des familles populaires !

Maintenant, on a Oui-Oui.

amalricu a écrit:OK Alain et les années 30, mais maintenant ?

A l'époque d'Alain, le baccalauréat était réservé à la haute bourgeoisie déjà frottée de culture antique et scientifique, non ? Sur 40 millions de personnes, combien avaient le bac ?

Ca c'est vrai, aujourd'hui beaucoup de monde obtient le bac. Bon, il ne sert plus à grand chose, n'a plus de valeur, ne valide plus aucun niveau réel et ne prouve plus aucune qualification mais on ne peut pas tout avoir.

amalricu a écrit:OK Alain et les années 30, mais maintenant ?

A l'époque d'Alain, le baccalauréat était réservé à la haute bourgeoisie déjà frottée de culture antique et scientifique, non ? Sur 40 millions de personnes, combien avaient le bac ? Alain pensait-il aux enfants des quartiers prolétaires et des villages paysans ?

Je préfère le Front populaire qui passe l'obligation scolaire en 36 à une année supplémentaire pour les enfants des familles populaires !

Pas nécessairement, mais ces enfants ne sont pas plus bêtes que d'autres, si ? Lorsqu'ils accédaient à la 6e, eux aussi avaient droit à leur rasade de LC et de géométrie, il ne faut pas croire que les bourgeois dispensaient ces enseignements au biberon, ils étaient bien contents de laisser cela à l'école.
Aujourd'hui, les élèves dont les parents ne sont pas derrière en permanence pour combler les effarements des programmes (y compris en alimentant l'industrie du parascolaire) sont bien abandonnés par l'institution scolaire, et je me désole de voir comment doivent se débattre les collègues qui n'ont pas lâché l'affaire et vont à contre-courant.

amalricu a écrit:OK Alain et les années 30, mais maintenant ?

A l'époque d'Alain, le baccalauréat était réservé à la haute bourgeoisie déjà frottée de culture antique et scientifique, non ? Sur 40 millions de personnes, combien avaient le bac ? Alain pensait-il aux enfants des quartiers prolétaires et des villages paysans ?

Je préfère le Front populaire qui passe l'obligation scolaire en 36 à une année supplémentaire pour les enfants des familles populaires !

Il est évident que les enfants de prolétaires et de paysans étant des débiles, on peut tranquillement abandonner toute ambition. On va quand même pas leur infliger de la culture antique et scientifique, c'est au-dessus de leur condition.

(ouah)

Je ne confonds pas conformité scolaire et intelligence personnelle. Quelquefois, elles vont de pair, mais pas toujours !

La bourgeoisie fournit un socle culturel qui offre à ses enfants les pré-requis nécessaires pour assimiler des connaissances abstraites déversées avec une pédagogie sommaire, le cul posé sur une chaise à gratter des pages de manière calligraphique les péroraisons d'un maître. Les années 30...

D'accord avec ta dernière phrase sur les enfants esseulés et perdus dans la machinerie éducative.

Sinon je suis pour l'instruction pour tous contrairement aux messages ci-dessus qui tirent des conclusions hasardeuses sur le fond de ma pensée. Je me cite :

"Je préfère le Front populaire qui passe l'obligation scolaire en 36 à une année supplémentaire pour les enfants des familles populaires !"

J'ai du mal à voir en quoi les deux sont contradictoires.
Par ailleurs, Alain ne parle pas spécifiquement du bac, mais de l'éducation en général.
Et je ne crois pas que la bourgeoisie, hier comme aujourd'hui, fournisse toujours le socle dont tu parles. J'ai eu des enfants d'ouvriers ou d'immigrés sans emploi qui s'accrochaient et réussissaient, et des enfants de bourgeois infichus d'utiliser correctement une copie double ou de comprendre un vocabulaire pourtant basique. Mais s'il y a une époque où les enfants de bourgeois ont plus de chances d'aller loin dans leurs études que les autres, c'est aujourd'hui, pas 1930 : tu as certainement vu les chiffres sur l'origine sociale des élèves des grandes écoles et leur évolution, par exemple?
Au passage, merci pour la "pédagogie sommaire" et les "péroraisons d'un maître". Je ne crois pas qu'il y ait eu beaucoup plus de pédagogues sommaires et de maîtres pérorants en 1930 qu'aujourd'hui.

Personne ne t'accuse de ne pas être favorable à l'instruction pour tous, DesolationRow pointait seulement le fait que c'est ce à quoi pouvaient mener tes propos.

C'est ce à quoi mènent déjà, dans bien des cas, des propos de ce genre.

amalricu a écrit:Je ne confonds pas conformité scolaire et intelligence personnelle. Quelquefois, elles vont de pair, mais pas toujours !

La bourgeoisie fournit un socle culturel qui offre à ses enfants les pré-requis nécessaires pour assimiler des connaissances abstraites déversées avec une pédagogie sommaire, le cul posé sur une chaise à gratter des pages de manière calligraphique les péroraisons d'un maître. Les années 30...

D'accord avec ta dernière phrase sur les enfants esseulés et perdus dans la machinerie éducative.

Sinon je suis pour l'instruction pour tous contrairement aux messages ci-dessus qui tirent des conclusions hasardeuses sur le fond de ma pensée. Je me cite :

"Je préfère le Front populaire qui passe l'obligation scolaire en 36 à une année supplémentaire pour les enfants des familles populaires !"

Tous les clichés sont là, tous les épouvantails. Anti-intellectualisme primaire, le couplet sur "l'abstraction" comme repoussoir, le bougisme stérile en panacée contre "les culs sur les chaises". Passons.

La bourgeoisie, je m'en branle. Il y a comprendre le monde, savoir, pouvoir, avoir de la finesse et il y a être une victime passive de ce qui se joue...et de ce qui est décidé par d'autres. Il y a un paquet de culs sur des chaises qui ont tout pouvoir et toute puissance. Il y a des culs sur des chaises qui sont plus efficaces que les brebis qui gambadent dans les zones commerciales pour se faire traire.

Anaxagore a écrit:

amalricu a écrit:Je ne confonds pas conformité scolaire et intelligence personnelle. Quelquefois, elles vont de pair, mais pas toujours !

La bourgeoisie fournit un socle culturel qui offre à ses enfants les pré-requis nécessaires pour assimiler des connaissances abstraites déversées avec une pédagogie sommaire, le cul posé sur une chaise à gratter des pages de manière calligraphique les péroraisons d'un maître. Les années 30...

D'accord avec ta dernière phrase sur les enfants esseulés et perdus dans la machinerie éducative.

Sinon je suis pour l'instruction pour tous contrairement aux messages ci-dessus qui tirent des conclusions hasardeuses sur le fond de ma pensée. Je me cite :

"Je préfère le Front populaire qui passe l'obligation scolaire en 36 à une année supplémentaire pour les enfants des familles populaires !"

Tous les clichés sont là, tous les épouvantails. Anti-intellectualisme primaire, le couplet sur "l'abstraction" comme repoussoir, le bougisme stérile en panacée contre "les culs sur les chaises". Passons.

La bourgeoisie, je m'en branle. Il y a comprendre le monde, savoir, pouvoir, avoir de la finesse et il y a être une victime passive de ce qui se joue...et de ce qui est décidé par d'autres. Il y a un paquet de culs sur des chaises qui ont tout pouvoir et toute puissance. Il y a des culs sur des chaises qui sont plus efficaces que les brebis qui gambadent dans les zones commerciales pour se faire traire.

Combien de gamins de 2018 supporteraient les cours d'antan dans la forme (déversoir de l'estrade à la calligraphie du cahier) même en traitant les programmes actuels ?

Le capital social et culturel cela existe pourtant.

C'était de l'entre soi entre personnes du même monde avec quelques petits choses que l'on montait au pinacle pour servir de caution au système méritocratique.

Qui te dit que je cautionne les courses au Nutella ?  

Je me souviens avec délectation d'une émission télévisée-débat, où un professeur du 93 se moquait gentiment de Finkielkraut-demontempsc'étaitmieuxavant (que j'aime bien pourtant) : "je vous imagine aux réunions de parents d'élève..." (sourires entendus du public).

Une impression de décalage. Maintenant, on est dans la masse ou la nasse, c'est selon.

Les "gamins" sont à la hauteur de ce que nous nous donnons la peine de leur donner, depuis leur plus jeune âge. Et s'il leur en faut encore plus, nous devrions le leur donner.

Et par pitié, cesse de brandir des caricatures, elles peinent à cacher le désastre.

ycombe a écrit:

Enaeco a écrit:

ycombe a écrit:Il me semble que dans le projet Mathiot il y a point qui change pas mal de chose par rapport aux pratiques actuelles: les majeures seront choisies par les élèves.

Aujourd'hui, le gamin qui branle rien et qui a 6 de moyennes en math et en physiques, s'il veut passer quand même en S, le conseil de classe lui dit non.

Demain, le gamin qui branle rien et qui a 6 de moyennes en math et en physiques, s'il veut prendre majeures Math/SPC, le conseil de classe ne lui dit rien du tout puisqu'il n'aura rien à dire, ce sera l'élève qui choisira.

Je ne le sens pas, ce projet. Encore un coup à pourrir les classes en y faisant monter des gamins incapables de suivre.

Je pense qu'il y aura une sélection mise en place, ne serait-ce que pour des raisons d'effectifs.
Certaines combinaisons ne seront pas disponibles ou limitées en place.

La rapport trouve normal que le CC de fin de seconde donne un avis. Un avis n'est pas contraignant.

La contrainte ça sera d'aller faire sa Maths/SPC dans le lycée d'à côté.
Je ne sais pas qui fera et sur quels critères seront faites les sélections mais il y aura inévitablement des problèmes d'effectifs.

Pour exemple aujourd'hui, les enseignements d'exploration sont ouverts à tous, mais le couple d'enseignements d'exploration n'est pas respecté pour tout le monde. Mon lycée s'engage à respecter le premier voeu. Le deuxième voeu, c'est si possible, si c'est pas possible, le gamin fera "littérature & société" à la place de "sciences & laboratoire".

J'aimerais bien savoir si le gamin qui veut faire médecine va choisir PC/SVT ou Maths/PC.

C'est exactement le choix d'il y a 30 ans entre entre C et D.

J'ai ma petite idée là-dessus...

Notre cde aurait dit qu'un lycée comme le mien n'avait "pas d'avenir" (trop grand, trop d'élèves, trop compliqué d'organiser des emplois du temps semestriels).

Ramanujan974 a écrit:J'aimerais bien savoir si le gamin qui veut faire médecine va choisir PC/SVT ou Maths/PC.

C'est exactement le choix d'il y a 30 ans entre entre C et D.

J'ai ma petite idée là-dessus...

Je sens là un peu de mauvais esprit    mais on est 2 à avoir le même alors...

Caspar a écrit:Notre cde aurait dit qu'un lycée comme le mien n'avait "pas d'avenir" (trop grand, trop d'élèves, trop compliqué d'organiser des emplois du temps semestriels).

Je pense plutôt que c'est ton CdE qui n'a pas d'avenir dans un Lycée comme le tien.
Quand on sait comment ces grands lycées s'arrachent, dans lesquels la "prime" des CdE est liée au nombre d'élèves, nul doute qu'il s'en trouvera un(e) qui saura faire.
Une règle de certaines instances de l'EN, c'est que tout est possible (comprenez faisable).
Ensuite ces mêmes instances se déchargeront sur les établissements, sous couvert d'autonomie, pour leur dire "faites au mieux" (il est ainsi déjà prévu de pouvoir faire des paires de matières pour les majeures même si non envisagées dans les propositions du rapport Mathiot...) et ainsi tout cela passera, dans les petits Lycées comme dans les grands...

Des cde ont-ils formulé des avis sur cette réforme du lycée en particulier sa faisabilité technique ?

Parce que franchement j'ai l'impression qu'un mur se rapproche et je ne parle pas seulement des emplois du temps des professeurs.

Il faudra articuler désormais des multitudes de choix au gré des salles et du personnel disponibles...

Ramanujan974 a écrit:J'aimerais bien savoir si le gamin qui veut faire médecine va choisir PC/SVT ou Maths/PC.

C'est exactement le choix d'il y a 30 ans entre entre C et D.

J'ai ma petite idée là-dessus...

Beaucoup d'élèves, n'ayant aucune idée d'orientation après le bac, choisirons le couplage qui permettra d'avoir le plus large choix possible après le lycée.

amalricu a écrit:Des cde ont-ils formulé des avis sur cette réforme du lycée en particulier sa faisabilité technique ?

Parce que franchement j'ai l'impression qu'un mur se rapproche  et je ne parle pas seulement des emplois du temps des professeurs.

Il faudra articuler désormais des multitudes de choix au gré des salles et du personnel disponibles...

Oui, aucune faisabilité technique.

Les bons prendront mathématiques, physique et nous serons très surpris.

Le ministère ne va-t-il pas, finalement, accoucher seulement d'une toute petite souris ?

Hé hé hé (rire jaune à la lecture de la réponse de Kilmeny ). Ben oui, pourquoi réfléchir à l'aspect pratique d'une réforme,  hein? Faudrait être vraiment trop terre à terre, hein ? Bref......

amalricu a écrit:Combien de gamins de 2018 supporteraient les cours d'antan dans la forme (déversoir de l'estrade à la calligraphie du cahier) même en traitant les programmes actuels ?

Le capital social et culturel cela existe pourtant.

C'était de l'entre soi entre personnes du même monde avec quelques petits choses que l'on montait au pinacle pour servir de caution au système méritocratique.

Il se trouve que le système actuel n'a plus rien à "mettre au pinacle". Aujourd'hui, un enfant d'ouvrier n'a quasiment aucune chance de s'extraire de sa classe sociale grâce à l'Ecole.

slylan a écrit:

amalricu a écrit:Combien de gamins de 2018 supporteraient les cours d'antan dans la forme (déversoir de l'estrade à la calligraphie du cahier) même en traitant les programmes actuels ?

Le capital social et culturel cela existe pourtant.

C'était de l'entre soi entre personnes du même monde avec quelques petits choses que l'on montait au pinacle pour servir de caution au système méritocratique.

Il se trouve que le système actuel n'a plus rien à "mettre au pinacle". Aujourd'hui, un enfant d'ouvrier n'a quasiment aucune chance de s'extraire de sa classe sociale grâce à l'Ecole.

Et un gamin de classe moyenne, s'il a le moindre souci et des parents qui n'en prennent pas la mesure au plus tôt, sera bien vite déclassé. Quelle réussite, vraiment...

Il fallait bien être à Sciences Po' pour sortir un truc pareil. Au minimum.

Anax