- DesolationRowEmpereur
Comme quoi on peut être lauréate au CAPES et écrire des âneries.
- RendashBon génie
DesolationRow a écrit:Comme quoi on peut être lauréate au CAPES et écrire des âneries.
Y'en a même qui votent des âneries
_________________
"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- ParménideNeoprof expérimenté
Rendash a écrit:Parménide a écrit:, des *** qui ne t'écoutent même pas et qui comprennent tout l'inverse de ce que tu soutiens,
Oui, enfin, ça, ça n'est pas forcément toujours exclusivement la faute de l'auditoire, hein. Et pour un professeur ou un futur professeur, c'est embêtant de ne pas réussir à se faire comprendre, même si c'est notre pain quotidien. Le fait est que le boulot du candidat, c'est de limiter au maximum l'emprise des facteurs extérieurs sur le résultat final ; et, très étrangement, les mieux préparés sont aussi ceux qui y parviennent le mieux.
On est en grande partie responsable de ce qu'on perçoit de nous, mais ce n'est pas ce qui m'a le plus inquiété (et désolé) dans le commentaire de cette fille. ça a été bien plutôt la fermeture d'esprit : Heidegger doit être exclu de la philosophie à cause de son engagement...
Du coup certains jury de lettres doivent je suppose bannir Céline, Drieu La Rochelle et bien d'autres
_________________
"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
-----------
https://www.babelio.com/monprofil.php
- RendashBon génie
Parménide a écrit:Rendash a écrit:Parménide a écrit:, des *** qui ne t'écoutent même pas et qui comprennent tout l'inverse de ce que tu soutiens,
Oui, enfin, ça, ça n'est pas forcément toujours exclusivement la faute de l'auditoire, hein. Et pour un professeur ou un futur professeur, c'est embêtant de ne pas réussir à se faire comprendre, même si c'est notre pain quotidien. Le fait est que le boulot du candidat, c'est de limiter au maximum l'emprise des facteurs extérieurs sur le résultat final ; et, très étrangement, les mieux préparés sont aussi ceux qui y parviennent le mieux.
On est en grande partie responsable de ce qu'on perçoit de nous, mais ce n'est pas ce qui m'a le plus inquiété (et désolé) dans le commentaire de cette fille. ça a été bien plutôt la fermeture d'esprit : Heidegger doit être exclu de la philosophie à cause de son engagement...
Du coup certains jury de lettres doivent je suppose bannir Céline, Drieu La Rochelle et bien d'autres
Oui, enfin, c'est sauter bien vite à une conclusion bien définitif à partir d'une vague impression d'une vague candidate.
_________________
"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- LevincentNiveau 9
Parménide a écrit: Je ne sais pas s'il y a beaucoup de points communs entre les critères des jurys et ceux des recruteurs en entreprises mais j'ai des amis qui m'ont certifié que des patrons recalent des postulants parce que mal habillés, mal coiffés, trop maigres, etc... (sans parler de la discrimination fondée sur les origines ethniques, bien évidemment...) Et ce, même pour travailler simplement au Macdo...
La différence entre un jury et un employeur, c'est que l'employeur est directement intéressé par la personne qu'il va embaucher. Il veut être sûr qu'en te prenant, il ne fait pas un choix qui risque de pénaliser sa boîte. Peut-être même qu'il va passer ses journées à travailler avec toi, et dans ce cas il évitera de prendre quelqu'un dont la tête ne lui revient pas. Le jury n'a pas à se poser ces questions. Le jury se demande si dans l'absolu tu feras un professeur valable. Il n'a rien à perdre ni à gagner, mis à part la bonne conscience d'avoir fait un diagnostic adapté aux exigences de l'Education Nationale. Cette médiation permet quand même de laisser le subjectif de côté, alors qu'il joue à plein dans un entretien d'embauche (même si c'est injuste, mais c'est la vie).
_________________
« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- DesolationRowEmpereur
Rendash a écrit:DesolationRow a écrit:Comme quoi on peut être lauréate au CAPES et écrire des âneries.
Y'en a même qui votent des âneries
Dis donc, toi, tu crois que je ne vois pas ce que tu fais là ?
- DesolationRowEmpereur
Parménide a écrit:Rendash a écrit:Parménide a écrit:, des *** qui ne t'écoutent même pas et qui comprennent tout l'inverse de ce que tu soutiens,
Oui, enfin, ça, ça n'est pas forcément toujours exclusivement la faute de l'auditoire, hein. Et pour un professeur ou un futur professeur, c'est embêtant de ne pas réussir à se faire comprendre, même si c'est notre pain quotidien. Le fait est que le boulot du candidat, c'est de limiter au maximum l'emprise des facteurs extérieurs sur le résultat final ; et, très étrangement, les mieux préparés sont aussi ceux qui y parviennent le mieux.
On est en grande partie responsable de ce qu'on perçoit de nous, mais ce n'est pas ce qui m'a le plus inquiété (et désolé) dans le commentaire de cette fille. ça a été bien plutôt la fermeture d'esprit : Heidegger doit être exclu de la philosophie à cause de son engagement...
Du coup certains jury de lettres doivent je suppose bannir Céline, Drieu La Rochelle et bien d'autres
J'aimerais assez savoir ce qui rend cette candidate capable de sonder les reins et les coeurs du jury ?
En fait, elle ne sait rien du tout de la manière dont le jury choisit ses sujets et délibère. Le mieux que tu peux faire est de ne pas tenir compte de ces conseils.
- LevincentNiveau 9
Parménide a écrit:
[i] (d'ailleurs un juré a reproché à un des candidats cette année d'utiliser Heidegger sous prétexte qu'il était nazi .... c'est désolant)
Il me semble que ce sujet avait déjà été évoqué sur un autre fil. Ca m'étonnerait beaucoup que ça ce soit passé comme ça. Il me semble plus probable que le jury ait posé une question sur l'engagement de Heidegger afin de tester la réponse du candidat. Le but n'était probablement pas d'enfoncer le candidat, mais de voir s'il était capable de répondre à une question déstabilisante. Car je pense que le jury aurait très bien pris une réponse du genre : "J'ai bien conscience qu'on peut reprocher à Heidegger certaines de ses proximités politiques. Ce reproche est d'ailleurs justifié. Cependant, si j'ai mobilisé Heidegger dans cette leçon, c'est parce que les concepts qu'il a développés étaient pertinents pour répondre au problème dont je m'occupais. Cet emploi de la philosophie de Heidegger ne signifie nullement de ma part une volonté de réhabilitation de l'homme et de son engagement. Je considère que l'homme et ses turpitudes doivent être distingués, dans un travail philosophique, du penseur qui produit des concepts".
J'avais eu une question un peu provocante à ma grande leçon d'agreg l'année dernière. Le sujet était "la terreur". Dans une première partie, je parlais du rapport entre la terreur et le sentiment du sublime. Plus loin, je parlais de la terreur comme d'un instrument politique, particulièrement pour les régimes totalitaires.
Question : "Vous trouvez ça sublime, le totalitarisme ?".
Il y avait une mauvaise foi évidente dans la question, mais je ne l'ai pas pris comme une attaque, pour moi c'était une espèce de jeu.
Je réponds : "Il est évident que les totalitarismes font un usage particulier de la représentation et du spectaculaire. On le voit par exemple dans les parades militaires...
-Vous trouvez ça sublime les parades militaires ?"
Là j'ai été vraiment déstabilisé. Autant je croyais avoir trouvé une bonne parade (pas militaire) à la question, autant celle-ci, je ne m'y attendais pas. J'ai donc un peu bafouillé qu'il y avait un côté très impressionnant dans les parades, mais qu'on avait du mal à trouver ça sublime en raison de notre désapprobation morale. Bien après la leçon, esprit d'escalier oblige, je me suis dit que j'aurais dû rétorquer que les parades militaires sont grandiloquentes plutôt que de sublimes.
_________________
« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- ParménideNeoprof expérimenté
Pervers comme question... Surtout si on l'anticipe pas du tout.Levincent a écrit:
Question : "Vous trouvez ça sublime, le totalitarisme ?".
_________________
"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
-----------
https://www.babelio.com/monprofil.php
- Tallulah23Niveau 7
Parménide: sauf que c'est typiquement le genre de question que la moitié d'une classe poserait au professeur, et la dite moitié n'aurait pas attendu la fin de la prestation du professeur pour l'interrompre. Dans ce cas, le professeur a intérêt à bien remettre tout à plat et expliquer quel sens il donne aux mots. Sinon, je t'assure que les élèves ne le lâcheront pas, jusqu'à la sonnerie. Et s'il n'a pas réussi à bien s'expliquer avant la sonnerie, il ne faudra pas moins de quelques heures pour que tout le lycée pense que Monsieur X ou Madame Y dit que le totalitarisme c'est sublime. Il est donc normal que le jury cherche à tester la résistance du candidat, afin de voir s'il serait capable de répondre calmement et clairement à la question.
- User17706Bon génie
C'est une façon pour le jury, vraisemblablement, de remettre en cause l'idée d'invoquer une catégorie telle que le sublime pour parler de la terreur, ou alors (éventuellement à la faveur d'un glissement, mais dont par hypothèse le candidat est responsable) de remettre en cause l'unité du traitement : la terreur tantôt sublime, tantôt instrument politique, quel rapport ?Levincent a écrit:Le sujet était "la terreur". Dans une première partie, je parlais du rapport entre la terreur et le sentiment du sublime. Plus loin, je parlais de la terreur comme d'un instrument politique, particulièrement pour les régimes totalitaires.
Question : "Vous trouvez ça sublime, le totalitarisme ?".
Il y avait une mauvaise foi évidente dans la question, mais je ne l'ai pas pris comme une attaque, pour moi c'était une espèce de jeu.
Je réponds : "Il est évident que les totalitarismes font un usage particulier de la représentation et du spectaculaire. On le voit par exemple dans les parades militaires...
-Vous trouvez ça sublime les parades militaires ?"
Là j'ai été vraiment déstabilisé. Autant je croyais avoir trouvé une bonne parade (pas militaire) à la question, autant celle-ci, je ne m'y attendais pas. J'ai donc un peu bafouillé qu'il y avait un côté très impressionnant dans les parades, mais qu'on avait du mal à trouver ça sublime en raison de notre désapprobation morale. Bien après la leçon, esprit d'escalier oblige, je me suis dit que j'aurais dû rétorquer que les parades militaires sont grandiloquentes plutôt que de sublimes.
Donc, répondre que les parades militaires sont grandiloquentes plutôt que sublimes, du point de vue du tac au tac ça marche peut-être mieux, mais ça ne répond pas exactement à ce qui, je suppose, motive la question, qui reviendrait peu ou prou, en traduction brutale, à : « qu'est-ce que le sublime vient faire dans cette galère ? »
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Franchement j'espère que Levincent ne me tiendra pas rigueur de cette intervention sinon je m'en excuse par avance et m'engage à effacer ceci mais j'ai assisté à la leçon avec son accord et la manière dont il exprimait les choses appelait ce type de questions : "des personnes contentes de vivre sous la terreur parce qu'elles ont besoin d'un dirigeant. La vraie terreur serait alors de vivre sans maître." : l'idée de la troisième partie exprimée avec Joseph de Maistre.
Corrige-moi si j'ai mal compris, Levincent.
Je ne doute pas que ta pensée etait infiniment plus subtile que cela mais ce qui est certain c'est que tu étais sur pente glissante avec ta troisième partie et la formule aura choqué tant le jury que le spectateur (sur le moment, dans le cadre de l'exercice et sans prêter d' intention idéologique à Levincent bien sûr. Ce qui serait stupide et hors de propos).
En tant que candidat parfois on ne se rend pas compte de ce que l'on peut dire sous pression. L'ideal dans la préparation, c'est de garder 30 minutes pour anticiper les questions, qui découlent majoritairement de la prestation afin de ne pas être pris de court et rassembler quelques idées structurantes qu'on garde sous le coude.
J'ai aussi le sentiment qu'on teste notre résistance mais cela va de pair avec une capacité à réfléchir en situation.
J'insiste beaucoup sur le in situ ici et là mais pour le coup j'ai l'impression que ceux qui aiment bien penser en situation sont avantagés. Je suis encore loin d'y arriver mais en tout cas je trouve l'exercice plus que stimulant.
Corrige-moi si j'ai mal compris, Levincent.
Je ne doute pas que ta pensée etait infiniment plus subtile que cela mais ce qui est certain c'est que tu étais sur pente glissante avec ta troisième partie et la formule aura choqué tant le jury que le spectateur (sur le moment, dans le cadre de l'exercice et sans prêter d' intention idéologique à Levincent bien sûr. Ce qui serait stupide et hors de propos).
En tant que candidat parfois on ne se rend pas compte de ce que l'on peut dire sous pression. L'ideal dans la préparation, c'est de garder 30 minutes pour anticiper les questions, qui découlent majoritairement de la prestation afin de ne pas être pris de court et rassembler quelques idées structurantes qu'on garde sous le coude.
J'ai aussi le sentiment qu'on teste notre résistance mais cela va de pair avec une capacité à réfléchir en situation.
J'insiste beaucoup sur le in situ ici et là mais pour le coup j'ai l'impression que ceux qui aiment bien penser en situation sont avantagés. Je suis encore loin d'y arriver mais en tout cas je trouve l'exercice plus que stimulant.
_________________
«Primus ego in patriam mecum, modo uita supersit. »
Virgile Georgiques.
« Ma science ne peut être qu’une science de pointillés. Je n’ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
Marcel Jousse
- LevincentNiveau 9
PauvreYorick a écrit:C'est une façon pour le jury, vraisemblablement, de remettre en cause l'idée d'invoquer une catégorie telle que le sublime pour parler de la terreur, ou alors (éventuellement à la faveur d'un glissement, mais dont par hypothèse le candidat est responsable) de remettre en cause l'unité du traitement : la terreur tantôt sublime, tantôt instrument politique, quel rapport ?Levincent a écrit:Le sujet était "la terreur". Dans une première partie, je parlais du rapport entre la terreur et le sentiment du sublime. Plus loin, je parlais de la terreur comme d'un instrument politique, particulièrement pour les régimes totalitaires.
Question : "Vous trouvez ça sublime, le totalitarisme ?".
Il y avait une mauvaise foi évidente dans la question, mais je ne l'ai pas pris comme une attaque, pour moi c'était une espèce de jeu.
Je réponds : "Il est évident que les totalitarismes font un usage particulier de la représentation et du spectaculaire. On le voit par exemple dans les parades militaires...
-Vous trouvez ça sublime les parades militaires ?"
Là j'ai été vraiment déstabilisé. Autant je croyais avoir trouvé une bonne parade (pas militaire) à la question, autant celle-ci, je ne m'y attendais pas. J'ai donc un peu bafouillé qu'il y avait un côté très impressionnant dans les parades, mais qu'on avait du mal à trouver ça sublime en raison de notre désapprobation morale. Bien après la leçon, esprit d'escalier oblige, je me suis dit que j'aurais dû rétorquer que les parades militaires sont grandiloquentes plutôt que de sublimes.
Donc, répondre que les parades militaires sont grandiloquentes plutôt que sublimes, du point de vue du tac au tac ça marche peut-être mieux, mais ça ne répond pas exactement à ce qui, je suppose, motive la question, qui reviendrait peu ou prou, en traduction brutale, à : « qu'est-ce que le sublime vient faire dans cette galère ? »
Justement, je pense qu'établir la distinction entre sublime et grandiloquent permettait de répondre à cette attente. Car si la terreur est liée au sublime, alors c'est vrai qu'il faut expliquer où se trouve le sublime dans la terreur totalitaire. En disant qu'il s'agit là plutôt du grandiloquent, on parvient à expliquer la terreur par le côté impressionnant, sensationnel, écrasant, spectaculaire qu'il y a dans les mises en scène des états totalitaires, mais sans y reconnaître une qualité esthétique qui serait le propre du sublime. Ainsi j'aurais pu me prévaloir d'avoir voulu exprimer une quelconque complaisance envers le totalitarisme, car il n'y a rien d'a priori positif dans le grandiloquent (au contraire, c'est plutôt dépréciatif), alors que dans le sublime on peut raisonnablement penser que si. Mais comme je l'ai dit, c'est l'esprit d'escalier qui parle.
_________________
« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- User17706Bon génie
D'une façon ou d'une autre le jury a compris que c'était là ton affirmation et sa question était une façon de la remettre en cause.Levincent a écrit: Car si la terreur est liée au sublime, alors c'est vrai qu'il faut expliquer où se trouve le sublime dans la terreur totalitaire.
- LevincentNiveau 9
Paul Dedalus a écrit:Franchement j'espère que Levincent ne me tiendra pas rigueur de cette intervention sinon je m'en excuse par avance et m'engage à effacer ceci mais j'ai assisté à la leçon avec son accord et la manière dont il exprimait les choses appelait ce type de questions : "des personnes contentes de vivre sous la terreur parce qu'elles ont besoin d'un dirigeant. La vraie terreur serait alors de vivre sans maître." : l'idée de la troisième partie exprimée avec Joseph de Maistre.
Corrige-moi si j'ai mal compris, Levincent.
Je ne doute pas que ta pensée etait infiniment plus subtile que cela mais ce qui est certain c'est que tu étais sur pente glissante avec ta troisième partie et la formule aura choqué tant le jury que le spectateur (sur le moment, dans le cadre de l'exercice et sans prêter d' intention idéologique à Levincent bien sûr. Ce qui serait stupide et hors de propos).
Il y avait un peu de ça. L'idée de servitude volontaire, en quelque sorte, qui ferait aimé aux terrorisés la terreur qui les empêche de s'assumer en tant qu'êtres libres (ce qui les arrange, au fond). Avec le recul, je pense encore que c'est quelque chose qu'on peut tout à fait soutenir, mais par contre je n'ai aucun souvenir de la façon dont je l'ai amené. Il est évident que c'est le genre de thèse à présenter avec précaution, peut-être en avais-je manqué ce jour-là.
_________________
« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- EuthyphronNiveau 6
Je crois aussi qu'il faut toujours se rappeler qu'un jury n'intervient pas pour lancer une discussion, mais pour demander des précisions.
Dans l'exemple dont on parle, je peux bien sûr me tromper mais je ne crois pas qu'on ait voulu t'accuser de complaisance avec le totalitarisme, mais plutôt qu'on ait voulu que tu conceptualises davantage la notion de sublime dont en plus on ne peut ignorer le poids immense qu'elle a dans la philosophie kantienne, sachant que Kant n'aurait pas accepté qu'on identifie la terreur éprouvée face à un défilé fasciste avec l'effroi ressenti devant les chutes du Niagara par exemple.
Dans l'exemple dont on parle, je peux bien sûr me tromper mais je ne crois pas qu'on ait voulu t'accuser de complaisance avec le totalitarisme, mais plutôt qu'on ait voulu que tu conceptualises davantage la notion de sublime dont en plus on ne peut ignorer le poids immense qu'elle a dans la philosophie kantienne, sachant que Kant n'aurait pas accepté qu'on identifie la terreur éprouvée face à un défilé fasciste avec l'effroi ressenti devant les chutes du Niagara par exemple.
- LevincentNiveau 9
J'ai bien compris que le but du jury n'est pas d'exercer un jugement moral sur ce qu'on peut dire, mais il n'en reste pas moins qu'un soupçon de complaisance pour le totalitarisme, ça fait tache. Et ce non pas pour des questions relatives au concours en lui-même, mais d'intégrité personnelle. Il ne faut pas envisager l'épreuve comme un pur exercice scolaire, le candidat s'engage aussi dans ce qu'il dit.
_________________
« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Levincent a écrit:Paul Dedalus a écrit:Franchement j'espère que Levincent ne me tiendra pas rigueur de cette intervention sinon je m'en excuse par avance et m'engage à effacer ceci mais j'ai assisté à la leçon avec son accord et la manière dont il exprimait les choses appelait ce type de questions : "des personnes contentes de vivre sous la terreur (ou qui s'en accomodent) parce qu'elles ont besoin d'un dirigeant. La vraie terreur serait alors de vivre sans maître." : l'idée de la troisième partie exprimée avec Joseph de Maistre.
Corrige-moi si j'ai mal compris, Levincent.
Je ne doute pas que ta pensée etait infiniment plus subtile que cela mais ce qui est certain c'est que tu étais sur pente glissante avec ta troisième partie et la formule aura choqué tant le jury que le spectateur (sur le moment, dans le cadre de l'exercice et sans prêter d' intention idéologique à Levincent bien sûr. Ce qui serait stupide et hors de propos).
Il y avait un peu de ça. L'idée de servitude volontaire, en quelque sorte, qui ferait aimé aux terrorisés la terreur qui les empêche de s'assumer en tant qu'êtres libres (ce qui les arrange, au fond). Avec le recul, je pense encore que c'est quelque chose qu'on peut tout à fait soutenir, mais par contre je n'ai aucun souvenir de la façon dont je l'ai amené. Il est évident que c'est le genre de thèse à présenter avec précaution, peut-être en avais-je manqué ce jour-là.
Non. On ne peut en aucun cas soutenir de but en blanc qu'il y ait des personnes "contentes" de vivre sous la terreur. C'est la formule qui est scandaleuse et ne passe pas. D'ailleurs dans la terreur comme affect il y a l'idée de quelque chose qui nous tombe dessus et nous petrifie sur place. Ce n'est pas quelque chose que l'on choisit mais quelque chose qu'on subit passivement comme "être terrorisé" et par là dépossédé de notre pouvoir de décision et d'action. Dire qu'elles sont "contentes" de leur situation est un déni de ce qu'elles subissent. Il manque un maillon à la chaîne dans ce raisonnement et ce maillon c'est tout simplement la dimension affective et sensible de l'humanité.
- ParménideNeoprof expérimenté
Cette confrontation sublime / terreur me fait songer à ce qui m'est arrivé lors d'un oral de M2, dans le cadre de la préparation que j'avais à la fac. Je tombe sur "la violence" . A un moment je développe l'idée d'un sublime de la violence, notamment dans l'art, via l’exemple des massacres de Chios de Delacroix (moins convenu que Guernica quand-même...)
Lors de la reprise le prof me fait remarquer qu'il faut être extrêmement précis lorsqu'on aborde des problématiques de ce type car les malentendus et sous-entendus sont vite arrivés. "Même si , a-t-il dit, le jury se doute bien que vous n’êtes pas une seconde complaisant envers les massacres et les génocides..."
Lors de la reprise le prof me fait remarquer qu'il faut être extrêmement précis lorsqu'on aborde des problématiques de ce type car les malentendus et sous-entendus sont vite arrivés. "Même si , a-t-il dit, le jury se doute bien que vous n’êtes pas une seconde complaisant envers les massacres et les génocides..."
_________________
"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
-----------
https://www.babelio.com/monprofil.php
- lene75Prophète
J'arrive après la bataille, mais je ne regrette pas d'être venue : un candidat à l'oral qui prétend que la philosophie n'a aucun intérêt (pardon, aucune "utilité"), que de toute manière les élèves s'en tamponnent, et qui ne comprend pas pourquoi il est recalé à un concours de recrutement de professeurs de philosophie, ça vaut le détour !
_________________
Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum