- ben2510Expert spécialisé
alanne a écrit:Le fait que les stagiaires sont moins malléables provient également qu'actuellement il y a deux tranches de stagiaires : ceux qui passent leurs concours à l'issus de leurs cursus et ceux qui sont VRAIMENT de plus en plus nombreux qui se reconvertissent. Et eux savent pointer les mauvaises et bonnes choses dans le système.
Je ne pense pas que le fait d'être plus ou moins vieux, avec plus ou moins d'expériences autres que l'éducation nationale, influe sur l'attitude critique face aux ESPE.
En tout cas dans mes souvenirs de l'IUFM des années 90.
- ben2510Expert spécialisé
Zagara a écrit:La couille c'est qu'avec le nouveau capes on peut obtenir des points sur un mélange de connaissance des programmes, du socle et de baratin pédago (surtout dans les épreuves orales). Ce qui permet d'obtenir le capes tout en étant relativement fragile dans sa discipline. Puis, une fois à l'espe, la maîtrise de sa discipline n'est plus jamais évaluée.
Heureusement, au vu du discours que tiennent certains sur les connaissances disciplinaires ("vous en savez trop pour être un bon prof", par exemple, dixit un IPR).
Ils seraient capables de licencier des jeunes collègues pour "abus de connaissances".
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On fait la science avec des faits, comme on fait une maison avec des pierres : mais une accumulation de faits n'est pas plus une science qu'un tas de pierres n'est une maison. Henri Poincaré La notion d'équation différentielle est le pivot de la conception scientifique du monde. Vladimir Arnold
- VatrouchkaNiveau 9
Zagara a écrit:C'est possible de trouver des agrégés stagiaires à 10h car certains CDE essayent de forcer l'heure sup (illégalement) et vont profiter de l'inertie du stagiaire. Au début de mon stage on voulait me coller une 10eme heure ; j'ai dit au CDE que l'inspection avait dit que c'était illégal, il me l'a retirée en maugréant. Il aurait suffit que je la ferme pour me retrouver à 10h.
Je suis agrégée, j'ai 10h et quand j'ai demandé à l'inspecteur le jour de la rentrée ESPE, il m'a dit que c'était rare mais légal. La crédulité de la débutante.
- LefterisEsprit sacré
celitian a écrit:
Pour les non titularisés, il faudrait connaitre la répartition selon les motifs invoqués pour cette non titularisation. Nous avons eu 2 cas dans mon établissement en 10 ans, une, très compétente au niveau disciplinaire mais qui n'a jamais réussi à arriver à l'heure en cours (elle venait du privé, et avait choisi l'enseignement pour avoir beaucoup de temps libre), et un autre qui ne préparait rien et ne maitrisait pas sa discipline.
Ce qui est clair c'est que les jeunes sont moins malléables et moins dociles que nous pouvions l'être, ce qui peut aussi entrainer plus de conflits et des risques de représailles.
Il y a peut-être quelques cas lourds, je le conçois (nous avions un stagiaire MEEF qui ne venait que quand il avait envie, et surtout ne prévenait pas, même son tuteur), mais dans l'ensemble, on les terrorise, s'ils osent contredire quoi que ce soit la titularisation est compromise, tout est archi procédurier (les documents à remettre, leds écrits divers et variés) et on les attend au virage. L'esprit managérial s'implante de plus en plus, avec son corollaire, l'appui inconditionnel de tout ce qui est perçu comme maillon hiérarchique, à commencer par le tuteur, même 'il n'est pas à proprement parler un chef. Quand ça se passe mal avec ce dernier, les mauvais avis tombent en cascade, par principe, pour ne pas le désavouer.
J'ai observé les prémices de cela à l'IUFM, il n'y a pas si longtemps que ça, et à mon avis ça s'aggrave.
Voilà , tout empire, et je crois que les stagiaires servent de cobaye aux nouvelles lubies managériales. Pour les connaissances disciplinaires, on est dans la logique de nivellement par le bas. Bac au rabais, licence poussive, et plus rien après la licence si l'on fait le MEEF. L'aspect disciplinaire est même assez méprisé dans les concours,Marie-Henriette a écrit:Je reconnais dans les récits des stagiaires actuels ce que j'ai connu à l' IUFM il y a quinze ans, mais les choses m'ont l'air de s'être encore aggravées.
À côté de ça, des étudiants arrivent à traverser toutes leurs études et à obtenir un CAPES sans maîtriser les fondamentaux de la matière qu'ils sont censés enseigner. Je connais un cas comme ça cette année, ça me laisse perplexe. Il y a quand même une couille quelque part.
Voilà, ce que tu nommes poétiquement d'un nom que je rougirais d'écrire est ce qu'on appelle le "professionnalisme", qui passe largement au-dessus des disciplines. Le total des coefficients de jacasserie pédagogol atteint le double des épreuves disciplinaires, en lettres en tout cas. Et après, terminé. De plus, les futurs enseignants ne pourront jamais se remettre à niveau tant ils auront la tête dans le guidon avec les injonctions et sollicitations diverses extra-pro . Je vois déjà, pendant les semaines chargées,comme on a du mal à ouvrir un livre , comme on est claqué. Là ça sera permanent, il faudra s'agiter, se réunir, projeter, faire de la présence.Zagara a écrit:La couille c'est qu'avec le nouveau capes on peut obtenir des points sur un mélange de connaissance des programmes, du socle et de baratin pédago (surtout dans les épreuves orales). Ce qui permet d'obtenir le capes tout en étant relativement fragile dans sa discipline. Puis, une fois à l'espe, la maîtrise de sa discipline n'est plus jamais évaluée.
J'ai passé et obtenu le capes deux fois, et déjà il y avait une très grotesque épreuve sur dossier, qui aurait pu être organisée par la française des jeux. A chaque fois, j'ai limité les dégâts sans rien avoir préparé avec 6 ou 7 /20 (j'étais candidat libre, en me reconvertissant) alors que certains prenaient des 1/20 après avoir suivi les cours IUFM . Mais au moins, le reste des épreuves était disciplinaire, version dans chaque langue, dissertation, explication de textes anciens hors-programme. Il y avait déjà une forte marche avec l'agrégation, mais maintenant, c'est devenu un fossé abyssal. D'où la haine contre le dernier concours disciplinaire, qu'il faut dénigrer et anéantir.
On remarquera aussi que dans les compétences du PPCR pour évoluer dans la carrière, la bi-admissibilité (prise en compte pour la HC des certifiés disparaît) disparaît, ainsi que plus généralement toute référence précise aux savoirs disciplinaires. C'est très révélateur de ce qu'on attend de l'école.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- User17706Bon génie
L'illégalité de la chose est à vérifier. J'ai un doute. Ce n'est pas parce que l'inspecteur de Zagara l'a dit que c'est vrai.Vatrouchka a écrit:Je suis agrégée, j'ai 10h et quand j'ai demandé à l'inspecteur le jour de la rentrée ESPE, il m'a dit que c'était rare mais légal. La crédulité de la débutante.Zagara a écrit:C'est possible de trouver des agrégés stagiaires à 10h car certains CDE essayent de forcer l'heure sup (illégalement) et vont profiter de l'inertie du stagiaire. Au début de mon stage on voulait me coller une 10eme heure ; j'ai dit au CDE que l'inspection avait dit que c'était illégal, il me l'a retirée en maugréant. Il aurait suffit que je la ferme pour me retrouver à 10h.
- ZagaraGuide spirituel
Le refus se fondait sur la circulaire n°2014-080 (http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=80401)
Tout ceci est au final plus empirique que juridiquement carré ; la faute au texte qui n'interdit pas formellement mais laisse entendre l'interdiction. En tout cas c'est une base assez solide pour se battre. Surtout que "n'a pas vocation à" n'a pas 36 sens en Français.
Le texte est relativement flou, mais avec l'appui de l'interprétation de mon inspecteur, à l'avantage des stagiaires, qui considérait que "n'a pas vocation à" = "ne doit pas en faire", le CDE a reculé (plus précisément, il a contacté l'inspecteur dont je lui ai parlé, qui a maintenu sa position, ce qui m'a permis de me faire retirer la 10eme heure).2014-080 a écrit:VII-3-c Heures supplémentaires
L'objectif de l'année de stage étant de permettre aux stagiaires de se former, ils n'ont pas vocation à se voir confier des heures supplémentaires.
Tout ceci est au final plus empirique que juridiquement carré ; la faute au texte qui n'interdit pas formellement mais laisse entendre l'interdiction. En tout cas c'est une base assez solide pour se battre. Surtout que "n'a pas vocation à" n'a pas 36 sens en Français.
- MoonchildSage
Le pire c'est que cette formatrice n'a pas complètement tort car dans un système qui a privé les enseignants de toute autorité institutionnelle (le soutien de la hiérarchie étant devenue une expérience aléatoire), il ne leur reste que leur autorité personnelle face à des élèves qui trop souvent n'ont pas acquis les bases minimales d'une attitude scolaire et s'inscrivent de plus en plus dans un rapport de force primaire. En gros, il faut être un animal dominant pour arriver à se faire respecter par la meute et, là, c'est en grande partie une question de personnalité que même une longue pratique et beaucoup d'expérience ne pourront pas radicalement changer (on peut s'améliorer, mais on ne se refait pas).Tallulah23 a écrit:Madame Mado a écrit:
Demande-leur de te montrer comment on tient une classe.
Easy selon eux, il suffit de faire des cours intéressants, et/ou d'avoir de l'autorité naturelle. Je suis restée bouche bée lorsqu'une formatrice a dit "malheureusement, il n'y a pas de recette, l'autorité ça ne s'apprend pas, soit on l'a naturellement et les élèves sont silencieux soit on l'a pas et on n'arrive pas à gérer sa classe". Sympa de dire ça à des stagiaires au mois de septembre, qui sont en plein dans la période "test" avec leurs classes.
Le plus étonnant dans la déclaration de cette formatrice, c'est qu'elle constitue un flagrant démenti à tous les discours habituels de ses collègues selon qui ce sont les "mauvaises" méthodes pédagogiques de l'enseignant qui seraient la cause de l'agitation des élèves. Et comme le soulignait VinZT, la réponse de cette formatrice est en réalité un aveu de sa propre inutilité ainsi que de celle de toute formation au métier d'enseignant car à quoi bon faire des cours bien construits et "intéressants" si on n'a malheureusement pas la chance d'avoir une "autorité naturelle". En la suivant dans cette logique, il faudrait simplement modifier les concours pour évaluer avant tout le profil comportemental des candidats et s'assurer de recruter des individus ayant une personnalité de dominant.
- SchéhérazadeNiveau 10
Moonchild a écrit:Le pire c'est que cette formatrice n'a pas complètement tort car dans un système qui a privé les enseignants de toute autorité institutionnelle (le soutien de la hiérarchie étant devenue une expérience aléatoire), il ne leur reste que leur autorité personnelle face à des élèves qui trop souvent n'ont pas acquis les bases minimales d'une attitude scolaire et s'inscrivent de plus en plus dans un rapport de force primaire. En gros, il faut être un animal dominant pour arriver à se faire respecter par la meute et, là, c'est en grande partie une question de personnalité que même une longue pratique et beaucoup d'expérience ne pourront pas radicalement changer (on peut s'améliorer, mais on ne se refait pas).Tallulah23 a écrit:Madame Mado a écrit:
Demande-leur de te montrer comment on tient une classe.
Easy selon eux, il suffit de faire des cours intéressants, et/ou d'avoir de l'autorité naturelle. Je suis restée bouche bée lorsqu'une formatrice a dit "malheureusement, il n'y a pas de recette, l'autorité ça ne s'apprend pas, soit on l'a naturellement et les élèves sont silencieux soit on l'a pas et on n'arrive pas à gérer sa classe". Sympa de dire ça à des stagiaires au mois de septembre, qui sont en plein dans la période "test" avec leurs classes.
Le plus étonnant dans la déclaration de cette formatrice, c'est qu'elle constitue un flagrant démenti à tous les discours habituels de ses collègues selon qui ce sont les "mauvaises" méthodes pédagogiques de l'enseignant qui seraient la cause de l'agitation des élèves. Et comme le soulignait VinZT, la réponse de cette formatrice est en réalité un aveu de sa propre inutilité ainsi que de celle de toute formation au métier d'enseignant car à quoi bon faire des cours bien construits et "intéressants" si on n'a malheureusement pas la chance d'avoir une "autorité naturelle". En la suivant dans cette logique, il faudrait simplement modifier les concours pour évaluer avant tout le profil comportemental des candidats et s'assurer de recruter des individus ayant une personnalité de dominant.
Ton analyse me semble très juste. Imagine maintenant que l'EN recrute des "dominants". Déjà, je me demande quelle épreuve permettra d'évaluer le "profil comportemental" que tu décris. La lecture des rapports de jury serait divertissante. Mais admettons qu'une armada de psychologues parvienne à les recruter, mettons, à partir de tests psychologiques, de mises en situation à peu près fiables.
Imagine ces dominants à l'ESPE, imagine un de ces dominants face à un chef d'établissement qui lui explique, par exemple, que si un élève l'a insulté, c'est parce qu'il n'a pas su établir le dialogue avec lui. Quelle sera la réponse du dominant? Un coup de poing assorti de la réponse "ah vous non plus vous ne savez pas établir le dialogue avec moi, la preuve, je viens de vous en coller une", par exemple. Une masse de professeurs ayant une personnalité de dominant serait ingérable pour l'EN, et elle le sait. Elle a besoin de bons névrosés gentillets, sans trop de confiance en eux et en leurs propres perceptions, condition indispensable pour leur faire gober ses fadaises sur l'éducabilité de tous et sur la bienveillance, et très faciles à culpabiliser. Bon évidemment, ces gentils névrosés sont malheureux, craquent, se barrent, ou se font dévorer tout vifs par l'institution. Quand on peut, on les remplace par d'autres.
- RikkiMonarque
Je pense que les "gentils névrosés" ne sont pas la majorité dans les démissionnaires. On les retrouvera plutôt dans ceux qui ont pris des dispos, sont en congé longue maladie, en temps partiel, en détachement...
Pour l'avoir fait, je peux te promettre que démissionner de l'EN, ça n'est pas du tout cuit, on doit surmonter de très nombreux obstacles, tout est fait pour te décourager et tu as intérêt à avoir une sacré confiance en toi et un projet en béton pour aller jusqu'au bout.
Par ailleurs, tu peux avoir une personnalité forte et assez "dominante" et te retrouver en "gentil névrosé" après quelques années de novlang et de délire pédago...
Pour l'avoir fait, je peux te promettre que démissionner de l'EN, ça n'est pas du tout cuit, on doit surmonter de très nombreux obstacles, tout est fait pour te décourager et tu as intérêt à avoir une sacré confiance en toi et un projet en béton pour aller jusqu'au bout.
Par ailleurs, tu peux avoir une personnalité forte et assez "dominante" et te retrouver en "gentil névrosé" après quelques années de novlang et de délire pédago...
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mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- XIIINeoprof expérimenté
Quels obstacles? Tu envoies ton papier de démission et tu ne viens plus, point barre!
- YazilikayaNeoprof expérimenté
XIII a écrit:Quels obstacles? Tu envoies ton papier de démission et tu ne viens plus, point barre!
Je pense que Rikki parle de l'IDV par exemple.
- ZagaraGuide spirituel
Qu'est-ce que l'IDV ?
- RikkiMonarque
Non, pas seulement de l'IDV. Il ne suffit pas du tout d'envoyer un papier. Il faut que ta démission soit acceptée et que tu reçoives un arrêté de radiation des cadres. Ce n'est pas simple du tout.
Quand on est dans la fonction publique, on ne démissionne pas comme ça.
Quand on est dans la fonction publique, on ne démissionne pas comme ça.
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mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- YazilikayaNeoprof expérimenté
Indemnité de départ volontaire.
http://snalc.org/snalc2015/spip.php?article85
http://snalc.org/snalc2015/spip.php?article85
- RikkiMonarque
C'est très naïf de croire qu'on peut partir comme ça. Dans la fonction publique, tu ne fais rien, même pas claquer la porte, sans accord de ta hiérarchie.
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mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- ZagaraGuide spirituel
Oui enfin si tu ne te présentes plus, ils auront beau "refuser" la démission, je vois mal ce qu'ils pourraient faire pour faire revenir l'agent. Envoyer la BAC chez lui et le traîner de force sur le lieu de travail ? :lol: Au pire ça fait une commission fantoche pour virer l'agent, à laquelle il n'ira pas puisqu'il veut partir et ne veut donc pas se défendre, et puis voilà.
- YazilikayaNeoprof expérimenté
Le seul problème, c'est que ce sera considéré comme abandon de poste ce qui rend difficile une éventuelle reconversion dans la fonction publique.
- LeclochardEmpereur
Yazilikaya a écrit:Le seul problème, c'est que ce sera considéré comme abandon de poste ce qui rend difficile une éventuelle reconversion dans la fonction publique.
Et on menace les gens qui ne respectent pas la procédure de les faire basculer dans le régime général de retraite.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- LeclochardEmpereur
Zagara a écrit:Oui enfin si tu ne te présentes plus, ils auront beau "refuser" la démission, je vois mal ce qu'ils pourraient faire pour faire revenir l'agent. Envoyer la BAC chez lui et le traîner de force sur le lieu de travail ? :lol: Au pire ça fait une commission fantoche pour virer l'agent, à laquelle il n'ira pas puisqu'il veut partir et ne veut donc pas se défendre, et puis voilà.
Ce n'est pas difficile de démissionner à la condition de respecter la procédure et les délais (comme dans le privé, au passage). Le souci, c'est qu'en général, on veut l'indemnité de départ.
Le véritable obstacle est ailleurs: l'entourage qui s'interroge, qui fait douter. Il faut avoir beaucoup de confiance en soi pour ne pas renoncer. La facilité, c'est de continuer, malgré les conditions de travail qui se dégradent, malgré la souffrance, en se disant que ça ira mieux demain, qu'on a un loyer à payer etc.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- User26836Niveau 9
En ce qui concerne cette année de stage en réponse à un membre qui nous traitait en gros de fainénants geignards, je pense quand même qu'il est important d'expliquer 2-3 choses. J'ai fait il y a plusieurs années mon PGCE (le diplôme de professorat anglais) dont la formation ESPE me semble fortement inspirée.
En Angleterre dans mon université / école (qui est l'établissement-phare du Royaume-Uni pour la formation des profs, reconnu comme un des leaders mondiaux dans ce secteur, etc.), mon année de PGCE était constituée comme suit:
- 20 h (!!) de cours par semaine en établissement. On travaille dans deux voire trois collèges/lycées au cours de l'année, ce qui est plutôt une bonne chose pour le coup, que les choses se passent merveilleusement bien ou très mal dans l'un d'entre eux car ça permet de relativiser. On a des cours en fac à plein temps pendant une partie des vacances scolaires, tout le mois de septembre et de mi-mai à fin juin.
En France on est à 9h (10 en ce qui me concerne) plus des cours à l'ESPE deux jours par semaine.
- On est à la fois des "student teachers" ou "trainees" et des étudiants, payés par le gouvernement pour apprendre à enseigner. On donc a le double statut. En France on est fonctionnaire stagiaire donc payé ET étudiant; c'est cool on peut bénéficier des réductions au cinéma (j'ai pas le temps, dommage...), donc quasi-pareil aussi.
- On a un tuteur en établissement et un ou plusieurs tuteurs/formateurs à l'université dans laquelle on fait notre PGCE. Le tuteur d'établissement vient régulièrement voir nos leçons, le tuteur de la formation vient nous voir une ou deux fois pendant l'année. Idem en France.
- On doit faire pour CHAQUE leçon des plans ultra-précis et détaillés, long comme le bras et qui mettent bien une heure à taper, evc les compétences, les objectifs, les après, le regard réflexif, etc. Presque pareil en France.
- On a 3 écrits réflexifs (pour ma part au total presque 17000 mots) plus des "micro-devoirs", des micro-tâches à rendre pendant les périodes à l'université, auxquels s'ajoutent des notes de lectures et autres travaux usants. Ici, même pour ceux qui ont déjà un M2, il y a plein de devoirs à rendre, alors pour les pauvres M2, je n'imagine même pas ce que c'est.
- On a une montagne de paperasse à rendre durant l'année: papier de pré-réunion / post réunion (avec le tuteur, avec le formateur). On doit tout documenter: nos progressions, nos interventions, les rencontres parents-professeurs, nos évaluations et bulletins et écrit réflexif, les potentiels cours / formations / sessions exceptionnelles avec justificatiion à la clé de la raison de cette session extra-ordinaire/intervention/cours/rencontre avec les parents, et ecrit réflexif en outre. A peu de choses près cela devient la même chose ici.
Vous le voyez le rapprochement avec la formation des profs stagiaires version ESPE 2015-16?
Si l'infantilisation de la part de l'ESPE que je subis est difficile à avaler, c'est peut-être parce que je me sens suffisamment adulte et responsable étant donné mon grand âge . J'accepte très bien les critiques et les conseils, puisque je suis là pour apprendre, et je fais tout ce que me demande l'ESPE docilement: je rends tous mes devoirs à temps, devoirs sur lesquels j'ai vraiment travaillé, je vais à tous les cours sans (trop) broncher. Je remplis également tous mes devoirs de profs je pense: j'assure mes cours que je crée de bout en bout, je fais mes évaluations, je les corrige dans des délais raisonnables, j'essaie de gérer les classes perturbatrices (j'en ai trois au total et les cours vont de difficiles à cauchemardesques), je fais le boulot administratif requis en temps et en heure (rapports, bulletins, cahier de texte), j'assiste aux réunions, je communique régulièrement avec mes collègues, et avec les parents d'élèves quand c'est nécessaire, j'ai de bons rapports avec l'équipe de direction, les surveillants, les CPE, le documentaliste, et même le personnel de la cantine, je me rends aux soirées organisées par les collègues et l'amicale de mon lycée quand je le peux car c'est assez important aussi pour le côté intégration. Bref sans être un stagiaire exemplaire, je pense faire ce qui m'est demandé, je ne sais pas si cela va suffire, mais je l'espère bien. Alors pourquoi est-ce que je me plains me demanderez-vous? Parce que je le répète, je supporte mal l'infantilisation que l'on subit dans certaines ESPE, mais surtout je tolère de plus en plus mal le travail inutile qui nous est demandé par celui-ci. Les écrits réflexifs sur le comment du pourquoi de chaque chose que l'on fait en cours ou non sont usants, et encore plus sur des matières que l'on n'enseigne pas (je n'enseigne pas les lettres: ok, ce n'est pas la faute de l'EPSE si dans mon académie les profs d'anglais-lettres ne font qu'anglais, mais me demander d'écrire un devoir réflexif sur des séances en français que je ne fais pas, me semble aberrant). Ce qui me tue c'est que tout ce travail inutile est chronophage, usant, met à mal mon moral mais surtout ma santé! Lors de mon année de PGCE j'ai terminé l'année en très mauvais état de santé et j'avais 6 ans de moins. Là j'approche de la 40aine et le manque de sommeil et de repos, le stress commencent vraiment à avoir des effets négatifs sur mon état de santé général. Et autant quand il s'agit de travail concernant mon métier, cela ne me dérange pas outre mesure (oui je suis une jeune prof qui aime construire ses séquences, qui aime moins écrire les rapports et les bulletins et corriger les copies, mais qui le fait de bonne grâce), en revanche le travail demandé par l'ESPE me semble au mieux dérisoire, au pire complètement idiot parfois et très souvent contre-productif!! Et je ne vois pas en quoi faire comprendre aux stagiaires que faire passer sa santé et sa vie personnelle APRES l'ESPE et le travail de prof est normal durant l'année de stage! Parce que c'est aussi ce que l'on attend des profs: le travail comme sacerdoce?? Ben alors dans ce cas-là, vu que cette vision du métier d'enseignant en France s'inspire de plus en plus de la vision du métier britannique, il faut peut-être préciser que l'éducation en Angleterre traverse une énorme crise de recrutement et de démission: les profs sont écrasés par le côté administratif et n'en peuvent plus, les rémunérations un peu plus élevées n'y changent rien; les stagiaires qui craquent sont aussi légion: beaucoup arrivent dans cette profession histoire de souffler, d'avoir plus de temps pour leur famille et eux-mêmes, et se retrouvent à travailler comme des ânes, aussi mal considérés par leur direction que par leurs èleves, les parents et le public en général, et finissent donc par jeter l'éponge!! Donc en conclusion: un prof stagiaire qui se plaint n'est pas seulement une mauviette geignarde et fainéante... (je dis ça en rapport avec un commentaire posté plus haut sur ce fil).
En Angleterre dans mon université / école (qui est l'établissement-phare du Royaume-Uni pour la formation des profs, reconnu comme un des leaders mondiaux dans ce secteur, etc.), mon année de PGCE était constituée comme suit:
- 20 h (!!) de cours par semaine en établissement. On travaille dans deux voire trois collèges/lycées au cours de l'année, ce qui est plutôt une bonne chose pour le coup, que les choses se passent merveilleusement bien ou très mal dans l'un d'entre eux car ça permet de relativiser. On a des cours en fac à plein temps pendant une partie des vacances scolaires, tout le mois de septembre et de mi-mai à fin juin.
En France on est à 9h (10 en ce qui me concerne) plus des cours à l'ESPE deux jours par semaine.
- On est à la fois des "student teachers" ou "trainees" et des étudiants, payés par le gouvernement pour apprendre à enseigner. On donc a le double statut. En France on est fonctionnaire stagiaire donc payé ET étudiant; c'est cool on peut bénéficier des réductions au cinéma (j'ai pas le temps, dommage...), donc quasi-pareil aussi.
- On a un tuteur en établissement et un ou plusieurs tuteurs/formateurs à l'université dans laquelle on fait notre PGCE. Le tuteur d'établissement vient régulièrement voir nos leçons, le tuteur de la formation vient nous voir une ou deux fois pendant l'année. Idem en France.
- On doit faire pour CHAQUE leçon des plans ultra-précis et détaillés, long comme le bras et qui mettent bien une heure à taper, evc les compétences, les objectifs, les après, le regard réflexif, etc. Presque pareil en France.
- On a 3 écrits réflexifs (pour ma part au total presque 17000 mots) plus des "micro-devoirs", des micro-tâches à rendre pendant les périodes à l'université, auxquels s'ajoutent des notes de lectures et autres travaux usants. Ici, même pour ceux qui ont déjà un M2, il y a plein de devoirs à rendre, alors pour les pauvres M2, je n'imagine même pas ce que c'est.
- On a une montagne de paperasse à rendre durant l'année: papier de pré-réunion / post réunion (avec le tuteur, avec le formateur). On doit tout documenter: nos progressions, nos interventions, les rencontres parents-professeurs, nos évaluations et bulletins et écrit réflexif, les potentiels cours / formations / sessions exceptionnelles avec justificatiion à la clé de la raison de cette session extra-ordinaire/intervention/cours/rencontre avec les parents, et ecrit réflexif en outre. A peu de choses près cela devient la même chose ici.
Vous le voyez le rapprochement avec la formation des profs stagiaires version ESPE 2015-16?
Si l'infantilisation de la part de l'ESPE que je subis est difficile à avaler, c'est peut-être parce que je me sens suffisamment adulte et responsable étant donné mon grand âge . J'accepte très bien les critiques et les conseils, puisque je suis là pour apprendre, et je fais tout ce que me demande l'ESPE docilement: je rends tous mes devoirs à temps, devoirs sur lesquels j'ai vraiment travaillé, je vais à tous les cours sans (trop) broncher. Je remplis également tous mes devoirs de profs je pense: j'assure mes cours que je crée de bout en bout, je fais mes évaluations, je les corrige dans des délais raisonnables, j'essaie de gérer les classes perturbatrices (j'en ai trois au total et les cours vont de difficiles à cauchemardesques), je fais le boulot administratif requis en temps et en heure (rapports, bulletins, cahier de texte), j'assiste aux réunions, je communique régulièrement avec mes collègues, et avec les parents d'élèves quand c'est nécessaire, j'ai de bons rapports avec l'équipe de direction, les surveillants, les CPE, le documentaliste, et même le personnel de la cantine, je me rends aux soirées organisées par les collègues et l'amicale de mon lycée quand je le peux car c'est assez important aussi pour le côté intégration. Bref sans être un stagiaire exemplaire, je pense faire ce qui m'est demandé, je ne sais pas si cela va suffire, mais je l'espère bien. Alors pourquoi est-ce que je me plains me demanderez-vous? Parce que je le répète, je supporte mal l'infantilisation que l'on subit dans certaines ESPE, mais surtout je tolère de plus en plus mal le travail inutile qui nous est demandé par celui-ci. Les écrits réflexifs sur le comment du pourquoi de chaque chose que l'on fait en cours ou non sont usants, et encore plus sur des matières que l'on n'enseigne pas (je n'enseigne pas les lettres: ok, ce n'est pas la faute de l'EPSE si dans mon académie les profs d'anglais-lettres ne font qu'anglais, mais me demander d'écrire un devoir réflexif sur des séances en français que je ne fais pas, me semble aberrant). Ce qui me tue c'est que tout ce travail inutile est chronophage, usant, met à mal mon moral mais surtout ma santé! Lors de mon année de PGCE j'ai terminé l'année en très mauvais état de santé et j'avais 6 ans de moins. Là j'approche de la 40aine et le manque de sommeil et de repos, le stress commencent vraiment à avoir des effets négatifs sur mon état de santé général. Et autant quand il s'agit de travail concernant mon métier, cela ne me dérange pas outre mesure (oui je suis une jeune prof qui aime construire ses séquences, qui aime moins écrire les rapports et les bulletins et corriger les copies, mais qui le fait de bonne grâce), en revanche le travail demandé par l'ESPE me semble au mieux dérisoire, au pire complètement idiot parfois et très souvent contre-productif!! Et je ne vois pas en quoi faire comprendre aux stagiaires que faire passer sa santé et sa vie personnelle APRES l'ESPE et le travail de prof est normal durant l'année de stage! Parce que c'est aussi ce que l'on attend des profs: le travail comme sacerdoce?? Ben alors dans ce cas-là, vu que cette vision du métier d'enseignant en France s'inspire de plus en plus de la vision du métier britannique, il faut peut-être préciser que l'éducation en Angleterre traverse une énorme crise de recrutement et de démission: les profs sont écrasés par le côté administratif et n'en peuvent plus, les rémunérations un peu plus élevées n'y changent rien; les stagiaires qui craquent sont aussi légion: beaucoup arrivent dans cette profession histoire de souffler, d'avoir plus de temps pour leur famille et eux-mêmes, et se retrouvent à travailler comme des ânes, aussi mal considérés par leur direction que par leurs èleves, les parents et le public en général, et finissent donc par jeter l'éponge!! Donc en conclusion: un prof stagiaire qui se plaint n'est pas seulement une mauviette geignarde et fainéante... (je dis ça en rapport avec un commentaire posté plus haut sur ce fil).
- adaguifaNiveau 2
+1000
- LefterisEsprit sacré
C'est bien d'apporter cette précision. Tu as tout a fait cerné l'esprit de l'ESPE : c'est une mise au pas, et le message qu'on doit travailler pour travailler, ne faire que ça , et se soumettre en permanence à toutes les injonctions, docilement (Voir plus haut ce que je dis sur cette injonction- menace voilée "passer du temps à...", déjà présente en IUFM ).Tous ces écrits réflexifs ne dervent à rien : quand je me pose des questions, je n'ai pas besoin d'en faire un rapport. Quand je prépare un cours, pas besoin de remplir des cases, il suffit de savoir où je vais, et la meilleure préparation est et demeure la connaissance disciplinaire et la maîtrise de son sujet. Pas le tableau "compétences" "activités" et tout le blabla à la mode qui transforme le professeur en scribouillard administratif et bloqué par la procédure au lieu d'en faire un spécialiste à l'aise qui tente de faire passer avec souplesse un savoir. J'avais un inspecteur, ancienne version, depuis assez peu en retraite qui disait, au sujet de ce formalisme : "Vous n'êtes pas des professeurs de séquence, vous êtes des passeurs de votre matière".Lisak35 a écrit:En ce qui concerne cette année de stage en réponse à un membre qui nous traitait en gros de fénénants geignards, je pense quand même qu'il est important d'expliquer 2-3 choses. J'ai fait il y a plusieurs années mon PGCE (le diplôme de professorat anglais) dont la formation ESPE me semble fortement inspirée.
En angleterre dans mon université / école (qui est l'établissement-phare du RU pourla formation des profs, reconnu comme leader mondial, etc.), mon année de PGCE était constituée comme suit:
- 20 h (!!) de cours par semaine en établissement. On travaille dans deux voire trois collèges/lycées au cours de l'année, ce qui est plutôt une bonne chose pour le coup, que les choses se passent merveilleusement bien ou très mal dans l'un d'entre eux car ça permet de relativiser. On a des cours en fac à plein temps pendant une partie des vacances scolaires, tout le mois de septembre et de mi-mai à fin juin.
En France on est à 9h (10 en ce qui me concerne) plus des cours à l'ESPE deux jours par semaine.
- On est à la fois des "student teachers" ou "trainees" et des étudiants, payés par le gouvernement pour apprendre à enseigner. On donc a le double statut. En france on est fonctionnaire stagiaire donc payé ET étudiant! C'est cool on peut bénéficier des réductions au cinéma (j'ai pas le temps, dommage...).
- On a un tuteur en établissement et un ou plusieurs tuteurs/formateurs à l'université dans laquelle on fait notre PGCE. Le tuteur d'établissement vient régulièrement voir nos leçons, le tuteur de la formation vient nous voir une ou deux fois pendant l'année. Idem en France.
- On doit faire pour CHAQUE leçon des plans ultra-précis et détaillés, long comme le bras et qui mettent bien une heure à taper, evc les compétences, les objectifs, les après, le regard réflexif, etc. Presque pareil en France.
- On a 3 écrits réflexifs (pour ma part au total presque 17000 mots) plus des "micro-devoirs" micro-tâches à rendre pendant les périodes à l'université, auxquels s'ajoutent des notes de lectures et autres. Ici, même pour ceux qui ont déjà un M2, il y a plein de devoirs à rendre, alors pour les pauvres M2, je n'imagine même pas ce que c'est.
- On a une montagne de paperasse à rendre durant l'année: papier de pré-réunion / post réunion (avec le tuteur, avec le formateur). On doit tout documenter: nos progressions, nos interventions, les rencontres parents-professeurs, nos évaluations et bulletins et écrit réflexif, les potentiels cours / formations / sessions exceptionnelles avec justificatiion à la clé de la raison de cette session extra-ordinaire/intervention/cours/rencontre avec les parents, et ecrit réflexif en outre. A peu de choses près cela devient la même chose ici.
Vous le voyez le rapprochement avec la formation des profs stagiaires version ESPE 2015-16? L'infantilisation de la part de l'ESPE que je subis est difficile à avaler, peut-être parce que je me sens suffisamment adulte et responsable étant donné mon grand âge . J'accepte très bien les critiques et les conseils, puisque je suis là pour apprendre, et je fais tout ce que me demande l'ESPE docilement: je rends tous mes devoirs à temps, devoirs sur lesquels j'ai vraiment travaillé, je vais à tous les cours sans (trop) broncher. Je remplis également tous mes devoirs de profs je pense: j'assure mes cours que je crée de bout en bout, je fais mes évaluations, je les corrige dans des délais raisonnables, j'essaie de gérer les classes perturbatrices (j'en ai trois au total et les cours vont de difficiles à cauchemardesques), je fais le boulot administratif requis en temps et en heure (rapports, bulletins, cahier de texte), j'assiste aux réunions, je communique avec mes collègues et les parents d'élèves quand c'est nécessaire, j'ai de bons rapports avec l'équipe de direction, les surveillants, les CPE, le documentaliste, et même le personnel de la cantine, je me rends aux soirées organisées par mon lycée quand je le peux car c'est assez important aussi pourle côté intégration. Bref sans être un stagiaire exemplaire, je pense faire ce qui m'est demandé, je ne sais pas si cela va suffire, mais je l'espère bien. Alors pourquoi est-ce que je me plains me demanderez-vous? Parce que je le répète, je supporte mal l'infantilisation que l'on subit dans certaines ESPE, mais surtout je tolère de plus en plus mal le travail inutile qui nous est demandé par celui-ci. Les écrits réflexifs sur le comment du pourquoi de chaque chose que l'on fait en cours ou non, et encore moins sur des matières que l'on n'enseigne pas (je n'enseigne pas les lettres: ok, ce n'est pas la faute de l'EPSE si dans mon académie les profs d'anglais-lettres ne font qu'anglais, mais me demander d'écrire un devoir réflexif sur des séances inexsitantes me semble aberrant). Ce qui me tue c'est que tout ce travail inutile est chronophage, usant, met à mal mon moral mais surtout ma santé! Lors de mon année de PGCE j'ai terminé l'année en très mauvais état de santé et j'avais 6 ans de moins. Là j'approche de la 40aine et le manque de sommeil et de repos, le stress commencent vraiment à avoir des effets négatifs sur mon état de santé général. Et autant quand il s'agit de travail concernant mon métier, cela ne me dérange pas outre mesure (oui je suis une jeune prof qui aime construire ses séquences, qui aime moins écrire les rapports et les bulletins et corriger les copies, mais qui le fait de bonne grâce), en revanche le travail demandé par l'ESPE me semble au mieux dérisoire, au pire complètement idiot parfois et très souvent contre-productif!! Et je ne vois pas en quoi faire comprendre aux stagiaires que faire passer sa santé et sa vie personnelle est normal l'année de stage! Parce que c'est aussi ce que l'on attend des profs: le travail comme sacerdoce?? Ben alors dans ce cas-là, vu que cette vision du métier d'enseignant en France s'inspire de plus en plus de la vision du métier britannique, il faut peut-être préciser que l'éducation en Angleterre traverse une énorme crise de recrutement et de démission: les profs sont écrasés par le côté administratif et n'en peuvent plus, les rémunérations un peu plus élevées n'y changent rien; les stagiaires qui craquent sont aussi légion: beaucoup arrivent dans cette profession histoire de souffler, d'avoir plus de temps pour leur famille et eux-mêmes et se retrouvent à travailler comme des ânes et finissent par jeter l'éponge!! ,Donc en conclusion: un prof stagiaire qui se plaint n'est pas seulement une mauviette geignarde et fénéante... (je dis ça en rapport avec un commentaire posté plus haut sur ce fil).
Non, je ne fais pas partie de ceux qui tirent sur les stagiaires, au contraire , je les plains, et je ne me servirais pas des exceptions (il peut y avoir des cas, comme partout) pour les démolir collectivement et botter en touche leur récriminations. Et surtout, surtout j'enjoins mes collègues de bien regarder ce qui leur arrive, car c'est le laboratoire de ce qui se prépare pour tout le monde.
Quand je suis allé à l'ESPE, pour des stages, pour mes propres stagiaires, ça me donnait des envies de :censure: . Alors ceux qui y sont immergés...
_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- YazilikayaNeoprof expérimenté
Lisak35 a écrit:En ce qui concerne cette année de stage en réponse à un membre qui nous traitait en gros de fénénants geignards, je pense quand même qu'il est important d'expliquer 2-3 choses. J'ai fait il y a plusieurs années mon PGCE (le diplôme de professorat anglais) dont la formation ESPE me semble fortement inspirée.
En Angleterre dans mon université / école (qui est l'établissement-phare du Royaume-Uni pour la formation des profs, reconnu comme un des leaders mondiaux dans ce secteur, etc.), mon année de PGCE était constituée comme suit:
- 20 h (!!) de cours par semaine en établissement. On travaille dans deux voire trois collèges/lycées au cours de l'année, ce qui est plutôt une bonne chose pour le coup, que les choses se passent merveilleusement bien ou très mal dans l'un d'entre eux car ça permet de relativiser. On a des cours en fac à plein temps pendant une partie des vacances scolaires, tout le mois de septembre et de mi-mai à fin juin.
En France on est à 9h (10 en ce qui me concerne) plus des cours à l'ESPE deux jours par semaine.
- On est à la fois des "student teachers" ou "trainees" et des étudiants, payés par le gouvernement pour apprendre à enseigner. On donc a le double statut. En France on est fonctionnaire stagiaire donc payé ET étudiant; c'est cool on peut bénéficier des réductions au cinéma (j'ai pas le temps, dommage...), donc quasi-pareil aussi.
- On a un tuteur en établissement et un ou plusieurs tuteurs/formateurs à l'université dans laquelle on fait notre PGCE. Le tuteur d'établissement vient régulièrement voir nos leçons, le tuteur de la formation vient nous voir une ou deux fois pendant l'année. Idem en France.
- On doit faire pour CHAQUE leçon des plans ultra-précis et détaillés, long comme le bras et qui mettent bien une heure à taper, evc les compétences, les objectifs, les après, le regard réflexif, etc. Presque pareil en France.
- On a 3 écrits réflexifs (pour ma part au total presque 17000 mots) plus des "micro-devoirs", des micro-tâches à rendre pendant les périodes à l'université, auxquels s'ajoutent des notes de lectures et autres travaux usants. Ici, même pour ceux qui ont déjà un M2, il y a plein de devoirs à rendre, alors pour les pauvres M2, je n'imagine même pas ce que c'est.
- On a une montagne de paperasse à rendre durant l'année: papier de pré-réunion / post réunion (avec le tuteur, avec le formateur). On doit tout documenter: nos progressions, nos interventions, les rencontres parents-professeurs, nos évaluations et bulletins et écrit réflexif, les potentiels cours / formations / sessions exceptionnelles avec justificatiion à la clé de la raison de cette session extra-ordinaire/intervention/cours/rencontre avec les parents, et ecrit réflexif en outre. A peu de choses près cela devient la même chose ici.
Vous le voyez le rapprochement avec la formation des profs stagiaires version ESPE 2015-16?
Si l'infantilisation de la part de l'ESPE que je subis est difficile à avaler, c'est peut-être parce que je me sens suffisamment adulte et responsable étant donné mon grand âge . J'accepte très bien les critiques et les conseils, puisque je suis là pour apprendre, et je fais tout ce que me demande l'ESPE docilement: je rends tous mes devoirs à temps, devoirs sur lesquels j'ai vraiment travaillé, je vais à tous les cours sans (trop) broncher. Je remplis également tous mes devoirs de profs je pense: j'assure mes cours que je crée de bout en bout, je fais mes évaluations, je les corrige dans des délais raisonnables, j'essaie de gérer les classes perturbatrices (j'en ai trois au total et les cours vont de difficiles à cauchemardesques), je fais le boulot administratif requis en temps et en heure (rapports, bulletins, cahier de texte), j'assiste aux réunions, je communique régulièrement avec mes collègues, et avec les parents d'élèves quand c'est nécessaire, j'ai de bons rapports avec l'équipe de direction, les surveillants, les CPE, le documentaliste, et même le personnel de la cantine, je me rends aux soirées organisées par les collègues et l'amicale de mon lycée quand je le peux car c'est assez important aussi pour le côté intégration. Bref sans être un stagiaire exemplaire, je pense faire ce qui m'est demandé, je ne sais pas si cela va suffire, mais je l'espère bien. Alors pourquoi est-ce que je me plains me demanderez-vous? Parce que je le répète, je supporte mal l'infantilisation que l'on subit dans certaines ESPE, mais surtout je tolère de plus en plus mal le travail inutile qui nous est demandé par celui-ci. Les écrits réflexifs sur le comment du pourquoi de chaque chose que l'on fait en cours ou non sont usants, et encore plus sur des matières que l'on n'enseigne pas (je n'enseigne pas les lettres: ok, ce n'est pas la faute de l'EPSE si dans mon académie les profs d'anglais-lettres ne font qu'anglais, mais me demander d'écrire un devoir réflexif sur des séances en français que je ne fais pas, me semble aberrant). Ce qui me tue c'est que tout ce travail inutile est chronophage, usant, met à mal mon moral mais surtout ma santé! Lors de mon année de PGCE j'ai terminé l'année en très mauvais état de santé et j'avais 6 ans de moins. Là j'approche de la 40aine et le manque de sommeil et de repos, le stress commencent vraiment à avoir des effets négatifs sur mon état de santé général. Et autant quand il s'agit de travail concernant mon métier, cela ne me dérange pas outre mesure (oui je suis une jeune prof qui aime construire ses séquences, qui aime moins écrire les rapports et les bulletins et corriger les copies, mais qui le fait de bonne grâce), en revanche le travail demandé par l'ESPE me semble au mieux dérisoire, au pire complètement idiot parfois et très souvent contre-productif!! Et je ne vois pas en quoi faire comprendre aux stagiaires que faire passer sa santé et sa vie personnelle APRES l'ESPE et le travail de prof est normal durant l'année de stage! Parce que c'est aussi ce que l'on attend des profs: le travail comme sacerdoce?? Ben alors dans ce cas-là, vu que cette vision du métier d'enseignant en France s'inspire de plus en plus de la vision du métier britannique, il faut peut-être préciser que l'éducation en Angleterre traverse une énorme crise de recrutement et de démission: les profs sont écrasés par le côté administratif et n'en peuvent plus, les rémunérations un peu plus élevées n'y changent rien; les stagiaires qui craquent sont aussi légion: beaucoup arrivent dans cette profession histoire de souffler, d'avoir plus de temps pour leur famille et eux-mêmes, et se retrouvent à travailler comme des ânes, aussi mal considérés par leur direction que par leurs èleves, les parents et le public en général, et finissent donc par jeter l'éponge!! Donc en conclusion: un prof stagiaire qui se plaint n'est pas seulement une mauviette geignarde et fénéante... (je dis ça en rapport avec un commentaire posté plus haut sur ce fil).
Eh ben, moi qui était persuadée que la bureaucratie était une spécificité bien française, j'apprends des choses.
- User26836Niveau 9
@Lefteris: oui, je pense avoir cerné un peu l'esprit de la formation des profs version EPSPE 2015-16 comme dit dans mon précédent post. Ce qui me fait peur c'est vraiment de voir que l'EN semble vraiment vouloir transformer la profession en prenant pour modèle l'exemple britannique. OR on sait que ce modèle est en fin de vie! Ce n'est pas que leurs profs ou leur système éducatif soient complétement nuls (encore que... ), enfin plus que le nôtre, mais ce qui est sûr c'est la profession là bas est dans son grand ensemble en train de c(r)ouler sous les injonctions politico-pédagogico-didactico-psychologico sociologique, que les profs n'en peuvent plus et démissionnent à tour de bras. Du coup, ceux qui en pâtissent le plus, ben ce sont les élèves qui voient défiler un nombre impressionnant de profs jetables, corvéables à merci, interchangeables et donc considérés comme tels par tout le monde: supérieurs, parents, politiciens, et donc aussi par les élèves (vive le cercle vicieux). Mais bon j'ai parfois l'impression qu'en vrai, les élèves, l'éducation c'est pas forcément la priorité de tout ce petit monde de l'EN...
- User17706Bon génie
Par contre on écrit bien « fainéant ». Mais cela n'ôte rien au fait que nous sommes bien d'accord sur le diagnostic.
- User26836Niveau 9
@Yazilikaya: non le côté bureaucrate est très développé en Angleterre, là bas tout est question de procédures, de papiers à remplir, de cases à cocher, de réglementations. Mon boulot de prof en Angleterre c'était à peu près 20h de cours par semaine, 20h de préparation et au moins 20h de travail administratif: on est submergés par les grilles, rapports et papiers en tous genres à remplir constamment!
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