- DesolationRowEmpereur
Je suis curieux : parmi ceux qui continuent à dire que la littérature et le chant sont deux domaines hermétiques, combien ont pris le temps, depuis jeudi, d'aller lire les textes qui ont été cités dans ce fil ? Par ailleurs, combien oseraient prétendre qu'Homère ou Sapho, ce n'est pas de la littérature ?
Et le théâtre, qui est fait pour être prononcé et joué, ce n'est pas de la littérature ? Et quand certaines parties d'une pièce sont chantées ou dansées, le texte cesse d'être de la littérature ?
C'est marrant quand même. Depuis jeudi, je n'ai pas rencontré un spécialiste de littérature et de langue anglaise qui ne se réjouisse de l'attribution du prix à un pareil artiste de sa langue.
Et le théâtre, qui est fait pour être prononcé et joué, ce n'est pas de la littérature ? Et quand certaines parties d'une pièce sont chantées ou dansées, le texte cesse d'être de la littérature ?
C'est marrant quand même. Depuis jeudi, je n'ai pas rencontré un spécialiste de littérature et de langue anglaise qui ne se réjouisse de l'attribution du prix à un pareil artiste de sa langue.
- Marc S.Niveau 4
VinZT a écrit:Quelques reflexions en vrac, qui n'engagent que moi :
- le jurés du Nobel font bien ce qu'ils veulent et n'ont de compte à rendre à personne, et surtout pas au péquin moyen (comme moi) qui réagit sur le web
- entre un auteur de textes chantés et un romancier confidentiel et chiant pourquoi devrait-on toujours privilégier le deuxième ?
- les gardiens du temple et les colleurs d'étiquette m'ont toujours un peu gonflé, surtout quand ce n'est pas leur temple à eux
- en même temps, je suis un des premiers à gueuler quand, par exemple, dans un festival de jazz, les jazzmen sont minoritaires à l'avantage d'artistes plus populaires
- pas simple tout ça, hein ?
- oui, les jurés Nobel font bien ce qu'ils veulent, comme Poutine fait bien ce qu'il veut de son aviation; ça n'empêche pas le péquin moyen de réagir sur le web, sans prétendre dresser un tribunal populaire.
- le truc, c'est que le deuxième n'est, précisément, pratiquement jamais privilégié. C'est bien le premier qu'on voit/entend partout.
D'accord sur les deux derniers points.
- Marc S.Niveau 4
DesolationRow a écrit:Je suis curieux : parmi ceux qui continuent à dire que la littérature et le chant sont deux domaines hermétiques, combien ont pris le temps, depuis jeudi, d'aller lire les textes qui ont été cités dans ce fil ? Par ailleurs, combien oseraient prétendre qu'Homère ou Sapho, ce n'est pas de la littérature ?
Et le théâtre, qui est fait pour être prononcé et joué, ce n'est pas de la littérature ? Et quand certaines parties d'une pièce sont chantées ou dansées, le texte cesse d'être de la littérature ?
C'est marrant quand même. Depuis jeudi, je n'ai pas rencontré un spécialiste de littérature et de langue anglaise qui ne se réjouisse de l'attribution du prix à un pareil artiste de sa langue.
Bah oui, j'ai pris le temps de lire des textes de Dylan sur ce fil et j'en lirai d'autres, ça m'intéresse. En revanche, toi, tu n'as pas trop lu les coms qui n'allaient pas dans le sens "Un Nobel pour Dydy", sinon tu aurais vu que les arguments tarte à la crème Sapho, Homère et texte théâtral ont été clairement débattus. Ce qui est amusant, c'est que les défenseurs du Nobel pour Bob présentent les gens réticents comme des prêtres fanatiques d'une idée poussiéreuse de la littérature, alors que je constate, moi, au moins sur ce fil, beaucoup plus de nuances et de bonne volonté dans ce "camp" là où un enthousiaste comme toi va se contenter de sarcasmes sans chercher à comprendre en quoi il pourrait y avoir, au minimum, débat. Que tu aies rencontré des spécialistes de littérature et de langue anglaise réjouis me réjouit également. Mais ça fait combien de "spécialistes" depuis jeudi, au fait?
- HocamSage
En même temps, entre traduire Keats et traduire Dylan, il y a un fossé. Le même qu'entre Saint-John Perse et Police :study:Rendash a écrit:
Et celui qui a traduit saint Keats est novice
- DesolationRowEmpereur
Je suis très sincèrement ébahi par ce que je lis ici. Je suis soulagé que ce ne soit pas représentatif de ce que j'entends par ailleurs.
- InvitéSnNiveau 6
DesolationRow a écrit:Je suis très sincèrement ébahi par ce que je lis ici. Je suis soulagé que ce ne soit pas représentatif de ce que j'entends par ailleurs.
Comme quoi ? Un exemple ? Ou est-ce tout le fil qui y passe ?
- IphigénieProphète
Bon allez, tout cela n'est pas grave: Philippe Roth est partant pour les Grammy award (c'est, sûr, Cohn-Bendit qui va encore lancer l'idée) . Faut secouer les cocotiers comme dirait Cristina Cordula (ne cherchez pas, c'est évidemment la célèbre académicienne).
:journal:
:journal:
- DesolationRowEmpereur
Par l'idée qu'un texte écrit pour être chanté en est moins un texte littéraire. Quand je dis ébahi, ce n'est pas un effet de style : je verrais très bien comment soutenir qu'un texte qui n'est pas fait pour être prononcé et chanté n'est pas de la littérature, mais je ne m'attendais pas à lire l'inverse.
- InvitéSnNiveau 6
là tu caricatures... bon en même temps, tu as choisi comme pseudo un nom qui laisse comprendre pourquoi toute réserve sur ce Prix te semble blessante et/ou grossière... mais t'inquiète, ceux qui n'ont pas reçu la lumière et trouvent à redire sont aujourd'hui appelés à sombrer dans l'abîme de l'oubli, l'Académie suédoise ne changera pas son choix
- DesolationRowEmpereur
Je ne vois pas en quoi je caricature. J'ai même l'impression de résumer l'argument majeur des détracteurs du prix ?!
- ErgoDevin
Les anglicistes n'y connaissent rien en littérature, c'est bien connu.DesolationRow a écrit:
C'est marrant quand même. Depuis jeudi, je n'ai pas rencontré un spécialiste de littérature et de langue anglaise qui ne se réjouisse de l'attribution du prix à un pareil artiste de sa langue.
- Spoiler:
- Bon, ok, je retourne :aad:
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"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- InvitéSnNiveau 6
Détracteurs... Argument majeur... Non, non, il n'y a ici que quelques personnes qui s'interrogent sur la pertinence de l'attribution.
- DesolationRowEmpereur
Mais sur quelle base ? Que des textes sont des chansons, ou des ballades ? Ou que leur valeur littéraire est insuffisante ?
- MrBrightsideEmpereur
Ascagne a écrit:
Bob Dylan est très connu, populaire, et fortuné. D'une certaine façon, je pense qu'on peut comprendre que les amateurs de grands auteurs (au niveau mondial) soient un peu interloqués ou déçus de voir qu'on valorise son oeuvre, au regard du fossé qui peut exister par rapport à d'autres nobélisables (quelqu'un évoquait Adonis plus haut, je crois) dont l'oeuvre mériterait d'être plus connue et aurait davantage bénéficié d'un coup de pouce.
il ne me semble pas que le Nobel ait pour but d'attirer l'attention sur un auteur inconnu... Difficile de dire que Beckett ou Morrison étaient des écrivains obscurs lorsqu'ils ont été nobellisés.
- AscagneGrand sage
Ce n'est pas vraiment à cela que je veux faire allusion. Celadon, je crois, évoquait Adonis plus haut, qui est un poète fort connu, évidemment. Je comprends que tout cela puisse désarçonner un peu, et je pense que cette impression peut exister même du côté de personnes qui tiennent en haute estime Bob Dylan, et aiment par ailleurs de grands poètes. Ensuite, on ne peut pas nier d'un revers de main qu'il existe des différences entre un Bob Dylan dont les ventes de disques dépassent 50 millions d'exemplaires, et le cadre de publication et de diffusion même des grands poètes contemporains... C'est quelque chose qui peut entrer dans le sentiment de certains.
- RyuzakiNiveau 9
Rendash a écrit:Je complète mon propos, snitch, puisqu'à relecture je ne me trouve pas très clair : traduire les textes de Bob Dylan permet de les comprendre, soit. Mais ça ne permet pas de les apprécier en tant qu'oeuvre littéraire de premier plan. Il ne suffit pas lire et de comprendre un texte pour en saisir la richesse : c'est bien là ce qui fait le sel de la littérature, non ?
Comprendre un texte n'est pas suffisant pour l'apprécier, mais ça me semble néanmoins être une condition nécessaire. J'aurais beaucoup de mal à apprécier la beauté littéraire d'un texte en japonais ou en russe s'il ne s'agit pour moi que d'une succession de phonèmes dépourvue de sens.
- RendashBon génie
Marc S. a écrit: Que tu aies rencontré des spécialistes de littérature et de langue anglaise réjouis me réjouit également. Mais ça fait combien de "spécialistes" depuis jeudi, au fait?
Ben, au moins quatre, en fait
Ryuzaki a écrit:Rendash a écrit:Je complète mon propos, snitch, puisqu'à relecture je ne me trouve pas très clair : traduire les textes de Bob Dylan permet de les comprendre, soit. Mais ça ne permet pas de les apprécier en tant qu'oeuvre littéraire de premier plan. Il ne suffit pas lire et de comprendre un texte pour en saisir la richesse : c'est bien là ce qui fait le sel de la littérature, non ?
Comprendre un texte n'est pas suffisant pour l'apprécier, mais ça me semble néanmoins être une condition nécessaire. J'aurais beaucoup de mal à apprécier la beauté littéraire d'un texte en japonais ou en russe s'il ne s'agit pour moi que d'une succession de phonèmes dépourvue de sens.
Certes : c'est bien ce que je dis. On peut le comprendre, mais pas l'apprécier pleinement, et certainement pas juger de sa qualité littéraire (ou de l'absence d'icelle). Et comme c'est de ça qu'il est question ici, les gens qui dénient aux textes de Dylan la qualité littéraire suffisante pour mériter ce Nobel jugent évidemment en toute connaissance de cause, et peuvent donc se passer de traductions approximatives.
Ho wait... ?
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- IphigénieProphète
C'est peut être à cause de ce problème de traduction que le Nobel est allé plus souvent à des romanciers que des poètes ?
Sinon personne n'a pensé au prix Nobel-bis de Hugues Auffray ?
Sinon personne n'a pensé au prix Nobel-bis de Hugues Auffray ?
- MrBrightsideEmpereur
Iphigénie a écrit:C'est peut être à cause de ce problème de traduction que le Nobel est allé plus souvent à des romanciers que des poètes ?
Sinon personne n'a pensé au prix Nobel-bis de Hugues Auffray ?
Justement, Hugues Auffray a traduit (ou plutôt adapté) pas mal de chansons traditionnelles Américaines Stewball, Santy Anno...
- User1542Niveau 10
Léonard Cohen vient de clore le débat :
«À mes yeux, c’est comme si l’on avait remis la médaille de la plus haute montagne au mont Everest»
«À mes yeux, c’est comme si l’on avait remis la médaille de la plus haute montagne au mont Everest»
- CeladonDemi-dieu
Ils auraient pu remettre un prix conjoint à Dylan et Cohen, franchement.
- DesolationRowEmpereur
On va encore dire, sans doute à raison, que je suis tout sauf objectif , mais selon moi Dylan c'est encore un cran au-dessus de Cohen, que j'aime beaucoup.
- InvitéInvité
DesolationRow a écrit:On va encore dire, sans doute à raison, que je suis tout sauf objectif , mais selon moi Dylan c'est encore un cran au-dessus de Cohen, que j'aime beaucoup.
Ah c'est sûr, sinon tu te serais appelé ThePartisan
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