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- thrasybuleDevin
Je m'adresse avant tout aux professeurs de lettres ou d'art. Pensez-vous qu'une oeuvre, au moment où son auteur décide de l'exposer dans l'espace public, peut être soumise aux jugements qu'on peut faire à son endroit ou croyez-vous que l'effort remarquable d'avoir mené à bien une entreprise artistique doit imposer le respect et imposer silence. Pensez-vous que la passion critique de sa réception, non exempte d'outrance ( je pense à l'époque des Cahiers du Cinéma et de la subjectivité assumée ) est à bannir? Qu'il faut tout attiedir dans une bienveillance qui n'est qu'indifference, plus bas degré de la liberté ?
- 288Niveau 10
C'est une question très actuelle. Aujourd'hui, bien souvent, un jugement négatif est assimilé à un affect déguisé - de la jalousie, de la frustration - ou une incompréhension alors que le jugement positif, même non étayé, sera systématiquement vu comme "constructif" ou exprimant bienveillance et humanité. Pourquoi ? Je n'en sais rien, peut-être qu'à une époque où tout est supposé être possible et accessible, la vexation est devenue insupportable. "Si vous n'aimez pas mon œuvre, c'est qu'au fond, vous êtes jaloux."
- thrasybuleDevin
Oui du psychologisme bien-pensant niveau magazines de salle d'attente.
- AudreyOracle
288 a écrit:C'est une question très actuelle. Aujourd'hui, bien souvent, un jugement négatif est assimilé à un affect déguisé - de la jalousie, de la frustration - ou une incompréhension alors que le jugement positif, même non étayé, sera systématiquement vu comme "constructif" ou exprimant bienveillance et humanité. Pourquoi ? Je n'en sais rien, peut-être qu'à une époque où tout est supposé être possible et accessible, la vexation est devenue insupportable. "Si vous n'aimez pas mon œuvre, c'est qu'au fond, vous êtes jaloux."
+1
- RabelaisVénérable
Vaste question.
Petite réponse:
Pour moi, l'effort d'avoir mené à bien une création artistique n'est pas gage de qualité et l'exposer au public , c'est s'exposer aussi au jugement de ses pairs.
L'effort est louable et respectable, il faut en convenir , mais en matière de littérature ( les autres Arts me semblent soumis à d'autres lois, là, l'innovation, la volonté de choquer ou de déplaire semble plutôt positive et de toutes les façons, je ne me hasarderais pas à juger en la matiere ), en matière de littérature, donc, le seul fait d'écrire et de publier, à notre époque, ne mérite pas de fait le respect, ni le silence recueilli .
Les dés sont pipés depuis longtemps, on peut publier des livres de piètre qualité,sans cœur, sans corps, sans syntaxe.
C'est pourquoi il faut assumer la critique, l'autoriser, la libérer, même si elle aussi, devant de grandes ou de petites œuvres , peut être de piètre qualité, sans cœur et sans corps.
Petite réponse:
Pour moi, l'effort d'avoir mené à bien une création artistique n'est pas gage de qualité et l'exposer au public , c'est s'exposer aussi au jugement de ses pairs.
L'effort est louable et respectable, il faut en convenir , mais en matière de littérature ( les autres Arts me semblent soumis à d'autres lois, là, l'innovation, la volonté de choquer ou de déplaire semble plutôt positive et de toutes les façons, je ne me hasarderais pas à juger en la matiere ), en matière de littérature, donc, le seul fait d'écrire et de publier, à notre époque, ne mérite pas de fait le respect, ni le silence recueilli .
Les dés sont pipés depuis longtemps, on peut publier des livres de piètre qualité,sans cœur, sans corps, sans syntaxe.
C'est pourquoi il faut assumer la critique, l'autoriser, la libérer, même si elle aussi, devant de grandes ou de petites œuvres , peut être de piètre qualité, sans cœur et sans corps.
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Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est c., on est c.
- thrasybuleDevin
J'ai toujours en tête la phrase de Baudelaire " pour être juste., c'est-à-dire pour avoir sa raison d'être, la critique doit être partiale, passionnée, politique". Autant d'injonctions peu compatibles avec la tiédasserie sans âme qui anime notre époque.
- lisette83Érudit
Et d'ailleurs que peut-on qualifier d'"oeuvre" ? Pour moi le terme sous-entend une certaine qualité.
- thrasybuleDevin
Exact,la constitution d'un univers qui tient par la puissance de son écriture.
- RabelaisVénérable
+10lisette83 a écrit:Et d'ailleurs que peut-on qualifier d'"oeuvre" ? Pour moi le terme sous-entend une certaine qualité.
Tout à fait, je ne savais quel terme employer sans être redondante, d'où cet emploi du mot " oeuvre" qui effectivement pour moi aussi tend à signifier " qualité".
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Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est c., on est c.
- InvitéInvité
thrasybule a écrit: Pensez-vous que la passion critique de sa réception, non exempte d'outrance ( je pense à l'époque des Cahiers du Cinéma et de la subjectivité assumée ) est à bannir? Qu'il faut tout attiedir dans une bienveillance qui n'est qu'indifference, plus bas degré de la liberté ?
Je trouve ta question rhétorique! Tu as l'air d'avoir la réponse... Selon moi, rien ne doit imposer le silence, et, oui, on peut, et surtout on doit (à l'heure où n'importe qui écrit et se fait publier) juger de la qualité littéraire d'une œuvre! Cela me rappelle une phrase de Deleuze (dans le formidable abécédaire) qui déclare (en substance...): "tout le monde a une mère morte dans d'atroces souffrances; est-ce que cela suffit pour autant à faire un écrivain?"
- thrasybuleDevin
Bien sûr qu'elle est rhétorique, tout le monde aura compris mon positionnement. Concernant Deleuze, je pense à ce qu'il dit au sujet de Sarraute, en disant que sa petite histoire personnelle ( que nombre de prétendus écrivains pensent être le matériau ultime de leur "création") n'a aucune importance, que ce qu'elle veut c'est " faire tourner le langage sur lui-même"
- InvitéInvité
thrasybule a écrit:Bien sûr qu'elle est rhétorique, tout le monde aura compris mon positionnement. Concernant Deleuze, je pense à ce qu'il dit au sujet de Sarraute, en disant que sa petite histoire personnelle ( que nombre de prétendus écrivains pensent être le matériau ultime de leur "création") n'a aucune importance, que ce qu'elle veut c'est " faire tourner le langage sur lui-même"
Alors j'imagine que tu te doutes également du positionnement de chacun ici!
- RendashBon génie
maldoror1 a écrit:thrasybule a écrit:Bien sûr qu'elle est rhétorique, tout le monde aura compris mon positionnement. Concernant Deleuze, je pense à ce qu'il dit au sujet de Sarraute, en disant que sa petite histoire personnelle ( que nombre de prétendus écrivains pensent être le matériau ultime de leur "création") n'a aucune importance, que ce qu'elle veut c'est " faire tourner le langage sur lui-même"
Alors j'imagine que tu te doutes également du positionnement de chacun ici!
Il n'est pas franchement évident, au vu de certaines réactions à certains jugements sur certaine œuvre
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- InvitéInvité
thrasybule a écrit:Justement non
.
Pardon en ce cas, je pensais qu'il n'y avait pas de doute.
- aliseNiveau 2
288 a écrit:C'est une question très actuelle. Aujourd'hui, bien souvent, un jugement négatif est assimilé à un affect déguisé - de la jalousie, de la frustration - ou une incompréhension alors que le jugement positif, même non étayé, sera systématiquement vu comme "constructif" ou exprimant bienveillance et humanité. Pourquoi ? Je n'en sais rien, peut-être qu'à une époque où tout est supposé être possible et accessible, la vexation est devenue insupportable. "Si vous n'aimez pas mon œuvre, c'est qu'au fond, vous êtes jaloux."
La susceptibilité de certains "plumitifs" ne date pourtant pas d'hier... Molière la moquait déjà dans Le Misanthrope (cf. le sonnet d'Oronte).
- zeprofGrand sage
je suis assez d'accord avec ce qui s'est dit au dessus tout en pensant qu'il y a bien des éléments qui font juger une oeuvre de qualité (ou pas ! )
si elle émeut, interpelle, renvoie à certaines pensées ou idées...
après on peut au moins débattre de la qualité de rédaction, de la syntaxe, de la ponctuation... pour juger de sa qualité... néanmoins il me semble qu'il entre une grande part de subjectif... et d'affect...
si elle émeut, interpelle, renvoie à certaines pensées ou idées...
après on peut au moins débattre de la qualité de rédaction, de la syntaxe, de la ponctuation... pour juger de sa qualité... néanmoins il me semble qu'il entre une grande part de subjectif... et d'affect...
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"La peur est le chemin vers le côté obscur: la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance."
- thrasybuleDevin
Ce est pas une question de syntaxe et de ponctuation, sinon n'importe quel suiveur pourrait faire oeuvre mais d'expression d'une voix personnelle, exprimée en-dehors des modes et réinventant à chaque fois la langue comme si elle était nouvelle. Je dirais même que c'est contre la langue, tout contre, que l'ecrivain se bat.
- zeprofGrand sage
ben si j'en réfère à certaines discussions récentes, beaucoup pointent la qualité de la syntaxe ou de la ponctuation pour juger une oeuvre...
Pour ma part, il me semble qu'il s'agit d'un ensemble : le tout fait alchimie, ou ne le fait pas...
après de là, à l'expliquer...
Pour ma part, il me semble qu'il s'agit d'un ensemble : le tout fait alchimie, ou ne le fait pas...
après de là, à l'expliquer...
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"La peur est le chemin vers le côté obscur: la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance."
- thrasybuleDevin
Non la critique tente d'expliquer, de déplier au sens etymologique, pas d.evaluer la qualite de la ponctuatiom don't on se fiche allegrement
- AudreyOracle
zeprof a écrit:ben si j'en réfère à certaines discussions récentes, beaucoup pointent la qualité de la syntaxe ou de la ponctuation pour juger une oeuvre...
Pour ma part, il me semble qu'il s'agit d'un ensemble : le tout fait alchimie, ou ne le fait pas...
après de là, à l'expliquer...
Disons que quand il n'y a "rien à manger", on en vient à juger le minimum, c'est-à-dire la correction de la langue...Si le souffle, si la personnalité sont là, si l'écriture est dense, a une existence, on peut même laisser passer des maladresses ou incorrections.
- zeprofGrand sage
bon Thrasybule mon avis ne t'intéresse pas, ou en tout cas, tu as déjà ton idée, il ne me semble donc pas judicieux de poursuivre...
audrey j'essaiyais de différencier les deux... je ne suis peut-être pas claire ? il me semble qu'une oeuvre émeut dans son ensemble... et provoque une alchimie (ou pas)
ensuite si on veut vraiment juger de sa "qualité' on peut s'arrêter à des critères plus "objectifs" comme la syntaxe ou la ponctuation... mais comme tu le dis justement, on ne s'y arrête que si le reste est creux sinon, on peut laisser passer certaines incorrections si la densité du sujet et du texte est là, par ailleurs...
audrey j'essaiyais de différencier les deux... je ne suis peut-être pas claire ? il me semble qu'une oeuvre émeut dans son ensemble... et provoque une alchimie (ou pas)
ensuite si on veut vraiment juger de sa "qualité' on peut s'arrêter à des critères plus "objectifs" comme la syntaxe ou la ponctuation... mais comme tu le dis justement, on ne s'y arrête que si le reste est creux sinon, on peut laisser passer certaines incorrections si la densité du sujet et du texte est là, par ailleurs...
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- thrasybuleDevin
Je t'ai répondu zeprof, mais il est manifeste que tu n'as pas compris .Tant pis.
- 288Niveau 10
thrasybule a écrit:Ce est pas une question de syntaxe et de ponctuation, sinon n'importe quel suiveur pourrait faire oeuvre mais d'expression d'une voix personnelle, exprimée en-dehors des modes et réinventant à chaque fois la langue comme si elle était nouvelle. Je dirais même que c'est contre la langue, tout contre, que l'ecrivain se bat.
Vous expliquerez et discuterez ce propos, en vous appuyant sur des exemples précis
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