- RendashBon génie
Rosanette a écrit:Ventre-Saint-Gris a écrit:
Finalement, j'ai fait une trouvaille paradoxale : j'aime beaucoup plus l'école républicaine que nombre de ces militants de la scolarisation dans le public. Et c'est précisément parce que je sais ce que je dois moi-même à cette école et que je suis mortifié par le spectacle de sa déliquescence, que je veux à tout prix préserver mes propres enfants.
Trouvaille qui n'en est pas franchement une, et qui n'est pas franchement honnête, mettre vos enfants dans le privé ne contribuera certainement pas à restaurer l'école publique.
Mais ce n'est pas à nous de restaurer une école publique qui est chaque jour un peu plus démolie par des ministres et des décideurs dogmatiques, incompétents et carriéristes. On lutte à notre échelle, dans notre travail, mais certainement pas dans notre vie. On lui laisse déjà bien assez, à notre travail, je trouve.
- Reine MargotDemi-dieu
Mais je crois qu'on vise la mauvaise cible, là: nous constatons tous la déliquescence de l'école publique, et on voudrait en faire porter la responsabilité aux parents. En quoi le fait de mettre ses enfants dans le public (et qu'ils soient sûrement harcelés, brutalisés parce que bons élèves) va-t-il améliorer l'école publique?
C'est contre le système qu'il faut se battre, pas contre ceux qui bossent au quotidien dans des bahuts difficiles et font du mieux qu'ils peuvent pour colmater les brèches.
On a l'impression qu'on donne en exemple l'orchestre du Titanic, en villipendant ceux qui ont pris des canots, au lieu de combattre l'iceberg.
C'est contre le système qu'il faut se battre, pas contre ceux qui bossent au quotidien dans des bahuts difficiles et font du mieux qu'ils peuvent pour colmater les brèches.
On a l'impression qu'on donne en exemple l'orchestre du Titanic, en villipendant ceux qui ont pris des canots, au lieu de combattre l'iceberg.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- roxanneOracle
Ne soyons pas non plus dans la caricature, c'est loin d'être le cas de toutes les écoles publiques (heureusement) et à cet égard, toutes les écoles privées ne sont pas non plus des havres de paix...Reine Margot a écrit:Mais je crois qu'on vise la mauvaise cible, là: nous constatons tous la déliquescence de l'école publique, et on voudrait en faire porter la responsabilité aux parents. En quoi le fait de mettre ses enfants dans le public (et qu'ils soient sûrement harcelés, brutalisés parce que bons élèves) va-t-il améliorer l'école publique?
C'est contre le système qu'il faut se battre, pas contre ceux qui bossent au quotidien dans des bahuts difficiles et font du mieux qu'ils peuvent pour colmater les brèches.
On a l'impression qu'on donne en exemple l'orchestre du Titanic, en villipendant ceux qui ont pris des canots, au lieu de combattre l'iceberg.
- Reine MargotDemi-dieu
Oui, certes, il ne faut pas généraliser, c'est certain.
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La famille Bélier
- RosanetteEsprit éclairé
Reine Margot a écrit:Mais je crois qu'on vise la mauvaise cible, là: nous constatons tous la déliquescence de l'école publique, et on voudrait en faire porter la responsabilité aux parents. En quoi le fait de mettre ses enfants dans le public (et qu'ils soient sûrement harcelés, brutalisés parce que bons élèves) va-t-il améliorer l'école publique?
!
Sérieusement, je veux bien discuter, mais le raccourci : public = bons élèves punching ball, il est insupportable, mais vraiment.
Renforcer l'entre-soi du privé, bien sûr que ça nuit au public, à vrai dire ça nuit à la société dans son ensemble et aux représentations du monde que les élèves de l'un et l'autre secteur auront d'eux-mêmes, des autres.
Le privé Sainte-Marie des Roubignolles, c'est pour les petits cathos, ça a été fait pour ça. Vous grugez, très bien, vous assumez, très bien, mais ça reste de la gruge quand vous redevenez bouffeur de curé au dîner.
- RendashBon génie
Rosanette a écrit:
Renforcer l'entre-soi du privé, bien sûr que ça nuit au public, à vrai dire ça nuit à la société dans son ensemble et aux représentations du monde que les élèves de l'un et l'autre secteur auront d'eux-mêmes, des autres.
Le privé Sainte-Marie des Roubignolles, c'est pour les petits cathos, ça a été fait pour ça. Vous grugez, très bien, vous assumez, très bien, mais ça reste de la gruge quand vous redevenez bouffeur de curé au dîner.
Tu sais, Rosanette, je suis d'accord avec toi sur ces points. Pour autant, ça ne change rien à mes positions. Etrange, non?
- MoonchildSage
... ou quand la République se transforme en religion.Rosanette a écrit:Moonchild a écrit:
Je suis tout-à-fait d'accord, mais j'ai un peu l'impression que certains de nos collègues se sentent obligés de se lancer dans une sorte de guerre sainte contre le privé.
Une guerre républicaine, plutôt.
J'ai passé ma jeunesse dans une région où le public et le privé cohabitaient en créant à l'époque une forme d'émulation vers le haut et j'ai fait ma scolarité entière dans des établissements publics dont le niveau était au moins égal à ceux du privé voisin ; et mes parents tiraient une certaine fierté à conjuguer leurs valeurs laïques avec une décision parfaitement rationnelle. Mais ça, c'était avant.Rosanette a écrit:Et les propos sur "la meute de hyène" rejoignent ce que je dis plus haut, pourtant des collègues peuvent témoigner de situations de classe qui ne sont pas conflictuelles, malgré des problématiques lourdes dans les effectifs de REP (c'est sûr que dans le privé on est plus tranquille de ce point de vue).
Mais bon, quand on veut on trouve toujours des bonnes raisons pour coller ses enfants dans le privé, toujours.
J'ai actuellement une classe de terminale S dans laquelle presque la moitié des élèves a un niveau en maths catastrophique (tout en étant au mieux à peine moyen dans les autres disciplines) et passe son temps à s'amuser, créant - pourtant sans agressivité - une ambiance qui n'est pas du tout propice au travail et dans laquelle les élèves sérieux ont pour la majorité lentement lâché prise en cours d'année. Si on en arrive là en terminale S, c'est que le problème remonte jusqu'à la classe de seconde et se répand dans toutes les filières.
Je n'envisage pas du tout de mettre mes enfants dans le privé pour la bonne et simple raison que je n'envisage pas d'avoir d'enfants, mais fort de mon expérience de professeur, je ne conseillerais à aucun de mes amis de mettre leur progéniture dans mon établissement, car même s'il y a parfois quelques classes correctes, le risque de "mise en jachère" intellectuelle est bien trop élevé.
Mais je suppose que, comme dans un autre fil portant sur un autre sujet, tu n'accorderas aucune valeur à ce témoignage individuel et que tu lui préféreras les belles leçons de morale, toujours.
Finalement, grâce à Rosanette, on a enfin trouvé la bonne méthode pour restaurer l'école publique : il suffit d'augmenter le taux de fécondité des profs (quitte à fixer un seuil minimal de 3 enfants par conjoint enseignant, soit 6 enfants pour un couple de professeurs) et de les obliger ensuite à scolariser l'intégralité de leur progéniture dans le public dans la REP la plus proche.Rendash a écrit:Rosanette a écrit:Ventre-Saint-Gris a écrit:
Finalement, j'ai fait une trouvaille paradoxale : j'aime beaucoup plus l'école républicaine que nombre de ces militants de la scolarisation dans le public. Et c'est précisément parce que je sais ce que je dois moi-même à cette école et que je suis mortifié par le spectacle de sa déliquescence, que je veux à tout prix préserver mes propres enfants.
Trouvaille qui n'en est pas franchement une, et qui n'est pas franchement honnête, mettre vos enfants dans le privé ne contribuera certainement pas à restaurer l'école publique.
Mais ce n'est pas à nous de restaurer une école publique qui est chaque jour un peu plus démolie par des ministres et des décideurs dogmatiques, incompétents et carriéristes. On lutte à notre échelle, dans notre travail, mais certainement pas dans notre vie. On lui laisse déjà bien assez, à notre travail, je trouve.
- Reine MargotDemi-dieu
Rosanette a écrit:Reine Margot a écrit:Mais je crois qu'on vise la mauvaise cible, là: nous constatons tous la déliquescence de l'école publique, et on voudrait en faire porter la responsabilité aux parents. En quoi le fait de mettre ses enfants dans le public (et qu'ils soient sûrement harcelés, brutalisés parce que bons élèves) va-t-il améliorer l'école publique?
!
Sérieusement, je veux bien discuter, mais le raccourci : public = bons élèves punching ball, il est insupportable, mais vraiment.
Renforcer l'entre-soi du privé, bien sûr que ça nuit au public, à vrai dire ça nuit à la société dans son ensemble et aux représentations du monde que les élèves de l'un et l'autre secteur auront d'eux-mêmes, des autres.
Le privé Sainte-Marie des Roubignolles, c'est pour les petits cathos, ça a été fait pour ça. Vous grugez, très bien, vous assumez, très bien, mais ça reste de la gruge quand vous redevenez bouffeur de curé au dîner.
Comme dit plus haut il existe des établissements publics d'excellence (j'y ai fait ma prépa), mais autant il ne faut pas généraliser autant j'ai personnellement connu le harcèlement du bon élève dans le public et j'entends quantité de parents qui se sont tournés vers le privé parce que leur enfant était harcelé dans le public. Donc oui ça existe et il ne servirait à rien de le nier. Et quand ça arrive à son enfant, on fait quoi? On le laisse se faire démolir la figure à chaque récré? Si le dialogue avec les enseignants et l'administration ne donne rien?
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La famille Bélier
- roxanneOracle
Ceci dit, on peut aussi "gruger" en faisant en sorte d'aller dans la bonne école publique. Je vais être honnête, l'école publique primaire ne m'enchante pas tellement alors qu'à égale distance, il y a une petite école publique donc, avec une bonne réputation (ancienne école Freinet), j'ai vu pas mal de mes collègues du lycée ou du collège à la sortie alors que ce n'est pas forcément là qu'ils habitent. On verra bien, mais elle me tente assez.
- Ventre-Saint-GrisNiveau 10
Rosanette a écrit:Ventre-Saint-Gris a écrit:
Finalement, j'ai fait une trouvaille paradoxale : j'aime beaucoup plus l'école républicaine que nombre de ces militants de la scolarisation dans le public. Et c'est précisément parce que je sais ce que je dois moi-même à cette école et que je suis mortifié par le spectacle de sa déliquescence, que je veux à tout prix préserver mes propres enfants.
Trouvaille qui n'en est pas franchement une, et qui n'est pas franchement honnête, mettre vos enfants dans le privé ne contribuera certainement pas à restaurer l'école publique.
Et oui, on parle bien d'individualisme.
Eh bien, réponds-moi donc avec l'honnêteté intellectuelle que tu prônes, en t'attardant sur l'essentiel de mon message plutôt qu'en extirpant une citation anecdotique. N'est-il pas vrai que les enseignants qui scolarisent leurs enfants dans le public ne le font que parce qu'il sont persuadés que cela ne nuira pas à leurs enfants ? As-tu déjà entendu des enseignants dire qu'ils étaient désolés de devoir sacrifier leurs gosses, mais que leurs convictions ne leur permettaient pas de faire autrement ?
- AlbiusNiveau 10
egomet a écrit:
La concurrence avec le privé n'existe pas vraiment pour l'instant. Le privé sous contrat a perdu presque toute sa liberté d'action. Le seul avantage, c'est que les élèves y sont choisis, mais curieusement pas les professeurs!
Pour y travailler, je te confirme que tu parles d'or, au moins pour le premier constat. Nous sommes un très gros établissement -primaire, collège, lycée et BTS-. Malgré ce qu'on pourrait imaginer de notre "force de frappe", et malgré la résistance de certains d'entre nous, si nous avons pu sauvegarder partiellement les LA et l'allemand -sans doute en partie avec des heures OGEC-, nous n'avons pas coupé aux EPI qui, même un peu accommodés, vont mettre le bazar dans les emplois du temps. Et bon an mal an nous suivrons les programmes -enfin, certains d'entre nous; il y quelques vieux irrécupérables en fin de carrière, comme moi, qui ne pourront ni ne voudront -parce qu'il est certain que le privé sous-contrat est particulièrement dans le collimateur du MEN -voir un autre fil-.
Quant au choix des professeurs, le chef d'établissement a tout de même un pouvoir décisionnel certain.
Cela étant, en ce moment, on ne peut faire les difficiles. Pour ce métier merveilleux que le monde entier nous envie -surtout dans le confort bourgeois de nos écoles, bien sûr :lol: -, nous n'avons à ce jour ... aucun candidat pour occuper les six postes de lettres vacants à la rentrée 2016 ! :gratte:
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La littérature, comme toute forme d'art, est l'aveu que la vie ne suffit pas. F. Pessoa
- OlympiasProphète
Sauf que le mien ne peut pas aller dans n'importe quelle filière, que c'est très compliqué. S'il y a un lycée pro public qui convient, je l'y mets. On en a vu un. Mais j'ai visité un lycée pro privé sous contrat où ils ont l'habitude des ados avec divers types de difficultés.Rosanette a écrit:Oui Rendash, je suis toute ouïe sur les inquiétudes que des profs peuvent avoir en tant que parents, maintenant je vois aussi que les enfants de profs dans des bahuts pourris s'en sortent très bien, outre le fait qu'ils peuvent être LE rayon de soleil de certains profs, argument qui n'a pas forcément à être pris en compte.
Le chacun pour soi a des limites, on lutte aussi contre l'état de l'école en ne se ruant pas dans le privé. Sans le vouloir, vous ôtez aux profs du public la capacité à offrir de la qualité en dépit de directives souvent folles, alors que vous-mêmes êtes profs dans le public, et vous aussi pour la plupart vous voulez offrir des cours de qualité. C'est de la schizophrénie, vous avez beau l'assumer, dire gaiement que vous le referiez sans hésiter, ça reste de la schizophrénie.
Dire ensuite que pour rien au monde vous n'enseigneriez dans le privé est tout aussi curieux. A lire c'est pourtant des conditions de travail idéales qui s'offrent à vous (je ne parle pas des chances d'être détaché, juste de la démarche pour aller dans le privé).
Olympias, la question du handicap revient souvent dans ce débat, elle est autrement plus délicate que le simple discours sur la dégradation de l'école. Tout dépend de quoi on parle, je connais des enfants handicapés auxquels le privé a fait plus de mal qu'un bon public (à Paris, je précise).
- RosanetteEsprit éclairé
Ventre-Saint-Gris a écrit:Rosanette a écrit:Ventre-Saint-Gris a écrit:
Finalement, j'ai fait une trouvaille paradoxale : j'aime beaucoup plus l'école républicaine que nombre de ces militants de la scolarisation dans le public. Et c'est précisément parce que je sais ce que je dois moi-même à cette école et que je suis mortifié par le spectacle de sa déliquescence, que je veux à tout prix préserver mes propres enfants.
Trouvaille qui n'en est pas franchement une, et qui n'est pas franchement honnête, mettre vos enfants dans le privé ne contribuera certainement pas à restaurer l'école publique.
Et oui, on parle bien d'individualisme.
Eh bien, réponds-moi donc avec l'honnêteté intellectuelle que tu prônes, en t'attardant sur l'essentiel de mon message plutôt qu'en extirpant une citation anecdotique. N'est-il pas vrai que les enseignants qui scolarisent leurs enfants dans le public ne le font que parce qu'il sont persuadés que cela ne nuira pas à leurs enfants ? As-tu déjà entendu des enseignants dire qu'ils étaient désolés de devoir sacrifier leurs gosses, mais que leurs convictions ne leur permettaient pas de faire autrement ?
Je comprends même pas la question, ce n'est pas moi qui ai mis la question du sacrifice sur la table, je suis de ceux qui soulignent effectivement qu'un gosse de prof ça s'en sort en toutes circonstances, et quand je dis "ça s'en sort", je ne veux pas dire obtenir un bac de justesse, évidemment.
Que des populations moins au fait du système, moins armées parce qu'ayant fait moins d'études avalent le discours du privé, je le conçois, mais côté prof on est dans la pure flippe. Alors oui, la flippe ça se comprend quand on a des enfants, mais inutile d'enrober ça sous une ligne "l'école privée qui sélectionne et qui fait payer en plus est plus républicaine que le public".
- atriumNeoprof expérimenté
On peut aussi être prof, avoir été élève dans des endroits difficiles, être conscient que la réussite ou l'échec se jouent parfois à peu de chose (une rencontre par exemple), se dire que finalement on a eu beaucoup de chance de s'en sortir dans un système qui, à l'époque, ne prenait pas encore l'eau de toute part, se demander si, dans les conditions actuelles, qui se sont nettement dégradées, on aurait été suffisamment fort pour résister et continuer à apprendre.
Si on est sûr de nous et de nos enfants alors pas de soucis: on peut faire la leçon aux parents (collègues ou pas) qui choisissent le privé, mais est-ce bien raisonnable sachant que nous, nous pourrons aider nos enfants à la maison au moins jusqu'en 3ème?
Si on est sûr de nous et de nos enfants alors pas de soucis: on peut faire la leçon aux parents (collègues ou pas) qui choisissent le privé, mais est-ce bien raisonnable sachant que nous, nous pourrons aider nos enfants à la maison au moins jusqu'en 3ème?
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It's okay to be a responsible member of society if only you know what you're going to be held responsible for.
John Brunner, The Jagged Orbit
- PonocratesExpert spécialisé
Lisez-nous, nous nous tuons à vous expliquer que nous voyons, de nos yeux, des élèves qui malgré nos efforts n'arrivent plus à travailler à cause du système en place dans le public. Que nous voyons des élèves subir différents types de violence, simplement parce qu'ils ne jouent pas aux c* et qu'ils veulent faire leur métier d'élève. Qui peut vouloir cela pour son enfant ? Ce n'est pas de la "flippe", c'est de l'expérience. J'ai enseigné dans des quelques coins tranquilles et dans beaucoup... d'autres. Malgré mes efforts, ma bonne volonté, je sais que je n'ai pas pu transmettre la même chose. Je ne dis pas que je n'ai servi à rien dans un cas ou dans l'autre, mais le compte n'y est pas.Rosanette a écrit:
Que des populations moins au fait du système, moins armées parce qu'ayant fait moins d'études avalent le discours du privé, je le conçois, mais côté prof on est dans la pure flippe. Alors oui, la flippe ça se comprend quand on a des enfants, mais inutile d'enrober ça sous une ligne "l'école privée qui sélectionne et qui fait payer en plus est plus républicaine que le public".
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"If you think education is too expensive, try ignorance ! "
"As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? "
- SchéhérazadeNiveau 10
Rosanette a écrit:
Je comprends même pas la question, ce n'est pas moi qui ai mis la question du sacrifice sur la table, je suis de ceux qui soulignent effectivement qu'un gosse de prof ça s'en sort en toutes circonstances, et quand je dis "ça s'en sort", je ne veux pas dire obtenir un bac de justesse, évidemment.
Que des populations moins au fait du système, moins armées parce qu'ayant fait moins d'études avalent le discours du privé, je le conçois, mais côté prof on est dans la pure flippe. Alors oui, la flippe ça se comprend quand on a des enfants, mais inutile d'enrober ça sous une ligne "l'école privée qui sélectionne et qui fait payer en plus est plus républicaine que le public".
Non, malheureusement, non: être enfant de professeur ne donne pas des forces surhumaines face à certaines situations intolérables qui existent dans certains (je dis certains, pas tous) établissements publics. Un enfant de professeur harcelé souffrira autant qu'un autre enfant. Un enfant de professeur sera freiné dans une classe où il est impossible de travailler, même si ses parents font de leur mieux pour limiter les dégâts. Et il faudrait manquer de bon sens pour reprocher à ses parents de le retirer d'un établissement où il est en danger pour le mettre dans un privé correct (il en est aussi de lamentables) si nécessaire. Pour être claire: il existe également des établissements privés où c'est l'anarchie totale, comme d'excellents établissements publics. Mais on ne peut pas jeter la pierre aux parents, quels qu'ils soient, qui fuient un établissement public parce que les conditions de scolarité y sont alarmantes. Ce n'est pas de la "flippe": c'est le principe de réalité.
- archebocEsprit éclairé
Rosanette a écrit:Que des populations moins au fait du système, moins armées parce qu'ayant fait moins d'études avalent le discours du privé, je le conçois, mais côté prof on est dans la pure flippe. Alors oui, la flippe ça se comprend quand on a des enfants, mais inutile d'enrober ça sous une ligne "l'école privée qui sélectionne et qui fait payer en plus est plus républicaine que le public".
A partir du moment où une institution publique tolère des comportements anti-républicains, comme des comportements racistes à l'égard d'un enseignant, cette institution est clairement moins républicaine que l'institution voisine, même de droit privée, même confessionnelle, si la loi républicaine y est respectée.
Je pense que nous sommes d'accord sur ce point ?
- egometDoyen
Albius a écrit:egomet a écrit:
La concurrence avec le privé n'existe pas vraiment pour l'instant. Le privé sous contrat a perdu presque toute sa liberté d'action. Le seul avantage, c'est que les élèves y sont choisis, mais curieusement pas les professeurs!
Pour y travailler, je te confirme que tu parles d'or, au moins pour le premier constat. Nous sommes un très gros établissement -primaire, collège, lycée et BTS-. Malgré ce qu'on pourrait imaginer de notre "force de frappe", et malgré la résistance de certains d'entre nous, si nous avons pu sauvegarder partiellement les LA et l'allemand -sans doute en partie avec des heures OGEC-, nous n'avons pas coupé aux EPI qui, même un peu accommodés, vont mettre le bazar dans les emplois du temps. Et bon an mal an nous suivrons les programmes -enfin, certains d'entre nous; il y quelques vieux irrécupérables en fin de carrière, comme moi, qui ne pourront ni ne voudront -parce qu'il est certain que le privé sous-contrat est particulièrement dans le collimateur du MEN -voir un autre fil-.
Quant au choix des professeurs, le chef d'établissement a tout de même un pouvoir décisionnel certain.
Cela étant, en ce moment, on ne peut faire les difficiles. Pour ce métier merveilleux que le monde entier nous envie -surtout dans le confort bourgeois de nos écoles, bien sûr :lol: -, nous n'avons à ce jour ... aucun candidat pour occuper les six postes de lettres vacants à la rentrée 2016 ! :gratte:
Le recrutement par concours a quand même considérablement réduit sa marge de manoeuvre. Pas étonnant qu'il ne puisse pas faire la fine bouche. Quant aux remplaçants, ils doivent être sur les listes du rectorat.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- ProvençalLeGauloisExpert
archeboc a écrit:Cette possibilité a été fermée il y a au moins une décennie, non ?mamieprof a écrit:Avec 3 enfants et le concours en poche on débarque à l ESPE même sans diplôme.
Pas du tout. La dispense de diplôme pour les mères et pères de 3 enfants et pour les sportifs de haut niveau existe toujours, et ce, pour presque tous les concours (exceptés ceux comme infirmiers et médecin par exemple).
roxanne a écrit:Ceci dit, on peut aussi "gruger" en faisant en sorte d'aller dans la bonne école publique. Je vais être honnête, l'école publique primaire ne m'enchante pas tellement alors qu'à égale distance, il y a une petite école publique donc, avec une bonne réputation (ancienne école Freinet), j'ai vu pas mal de mes collègues du lycée ou du collège à la sortie alors que ce n'est pas forcément là qu'ils habitent. On verra bien, mais elle me tente assez.
Oui, avant d'inscrire ses enfants dans le privé sous contrat, la plupart des parents qui veulent éviter une école / un collège de secteur pas terrible demandent d'abord une dérogation pour une autre école ou un autre collège du public. Si la dérogation est refusée, là ils envisagent le privé.
- amourExpert
J'ai l'impression que c'est justement ce principe de réalité qui préside non seulement aux choix des parents, mais aussi à nos discussions sur ces sujets, et surtout, à l'impression relative qu'aura un élève une fois que son orientation sera décidée, voire même une fois la carrière entamée. J'ai déjà eu l'occasion d'être jury pour des candidats issus d'établissements privés à la réputation d'excellence, aucun travail n'était vraiment mauvais, quelques uns étaient vraiment excellents, et aussi de candidats d'établissements très mal classés, quelques candidats étaient toujours excellents aussi, mais certains étaient moins que moyens. Tri aux candidats en classe de première? cadre de travail? CSP? Facteur "je sors du lot" pour les candidats issus de mauvais bahuts que j'ai évalués comme excellents? Peut-être un peu de tout ceci jouait-il dans les résultats, cela a toujours existé. Un petit génie s'en sortira partout et aura sans doute une expérience plus riche, selon moi, dans un environnement diversifié, mais les parents, dans leur ensemble, sont surtout satisfaits quand leurs enfants se sentent bien et peuvent avoir la promesse d'une vie jugée au moins aussi agréable que la leur au regard de la situation sociale et économique du pays concerné. Et sur ce point, il me semble que nous autres enseignants sommes limités non seulement par nos parcours, aussi divers soient-ils, mais aussi par notre condition sociale. On le voit sur les fils de reconversions, on le lit sur le fil du niveau de recrutement des enseignants. Nous gargariser d'une ancienne CPGE, d'une agreg ou d'une thèse sans grande publication ne nous donne malheureusement plus ce qu'on appelait fut un temps "le choix de l'école" un ancien slogan du privé, je crois. Et je parle de choix républicain ou de quartier, ou d'établissement proche mais huppé, c'est comme on veut, chacun selon ses principes. Je ne crois pas que ce soit là que l'on assure le meilleur aux enfants parce que le choix aujourd'hui, ce sont les réseaux, et pas seulement ceux que l'on crée à partir de bac+2. Nous avons des livres, de la musique, nous allons parfois au cinéma, nous voyageons, c'est vrai. Mais à mon avis, pas assez et surtout, il y a moins de différences entre un fils d'ouvrier, de cadre, de prof, éduqué dans un lycée public ou privé du même secteur qu'entre un fils de cadre, de dirigeant, élevé dans le lycée de quartier, public ou privé, ou à l'étranger.Schéhérazade a écrit:Rosanette a écrit:
Je comprends même pas la question, ce n'est pas moi qui ai mis la question du sacrifice sur la table, je suis de ceux qui soulignent effectivement qu'un gosse de prof ça s'en sort en toutes circonstances, et quand je dis "ça s'en sort", je ne veux pas dire obtenir un bac de justesse, évidemment.
Que des populations moins au fait du système, moins armées parce qu'ayant fait moins d'études avalent le discours du privé, je le conçois, mais côté prof on est dans la pure flippe. Alors oui, la flippe ça se comprend quand on a des enfants, mais inutile d'enrober ça sous une ligne "l'école privée qui sélectionne et qui fait payer en plus est plus républicaine que le public".
Non, malheureusement, non: être enfant de professeur ne donne pas des forces surhumaines face à certaines situations intolérables qui existent dans certains (je dis certains, pas tous) établissements publics. Un enfant de professeur harcelé souffrira autant qu'un autre enfant. Un enfant de professeur sera freiné dans une classe où il est impossible de travailler, même si ses parents font de leur mieux pour limiter les dégâts. Et il faudrait manquer de bon sens pour reprocher à ses parents de le retirer d'un établissement où il est en danger pour le mettre dans un privé correct (il en est aussi de lamentables) si nécessaire. Pour être claire: il existe également des établissements privés où c'est l'anarchie totale, comme d'excellents établissements publics. Mais on ne peut pas jeter la pierre aux parents, quels qu'ils soient, qui fuient un établissement public parce que les conditions de scolarité y sont alarmantes. Ce n'est pas de la "flippe": c'est le principe de réalité.
- VerduretteModérateur
Mais dès le primaire ce constat est vrai. Ca fait plusieurs années que je le vis. Or je suis dans un établissement pas facile par choix, parce que précisément, j'ai envie d'essayer de changer les choses à mon humble niveau. Ca peut sembler prétentieux, je suis bien consciente que cela ne changera pas la face du monde, mais au moins, sur ce point, j'ai ma conscience pour moi.
En revanche, nos enfants n'ont à payer ni nos choix professionnels, ni les carences de l'Etat.
Il n'est pas question de les mettre sous cloche, de leur éviter toutes les difficultés de la vie, mais de les éloigner de choses qui ne devraient jamais se produire dans une école.
Quant aux choix confessionnels, j'en ai parlé plus haut. Il n'y a pas de pression confessionnelle dans la plupart des écoles privées lambda (je mets donc à part les écoles très pratiquantes, catholiques, musulmanes ou juives, qui sont hors contrat, et les écoles ouvertement très élitistes). En revanche il y a une sensibilisation active aux valeurs morales, et une mise en pratique par des activités caritatives régulières. Je ne vois pas ce que ça peut avoir de répréhensible , qui justifie tant de fiel, et même de haine ...
En revanche, nos enfants n'ont à payer ni nos choix professionnels, ni les carences de l'Etat.
Il n'est pas question de les mettre sous cloche, de leur éviter toutes les difficultés de la vie, mais de les éloigner de choses qui ne devraient jamais se produire dans une école.
Quant aux choix confessionnels, j'en ai parlé plus haut. Il n'y a pas de pression confessionnelle dans la plupart des écoles privées lambda (je mets donc à part les écoles très pratiquantes, catholiques, musulmanes ou juives, qui sont hors contrat, et les écoles ouvertement très élitistes). En revanche il y a une sensibilisation active aux valeurs morales, et une mise en pratique par des activités caritatives régulières. Je ne vois pas ce que ça peut avoir de répréhensible , qui justifie tant de fiel, et même de haine ...
- Ventre-Saint-GrisNiveau 10
Rosanette a écrit:Eh bien, réponds-moi donc avec l'honnêteté intellectuelle que tu prônes, en t'attardant sur l'essentiel de mon message plutôt qu'en extirpant une citation anecdotique. N'est-il pas vrai que les enseignants qui scolarisent leurs enfants dans le public ne le font que parce qu'il sont persuadés que cela ne nuira pas à leurs enfants ? As-tu déjà entendu des enseignants dire qu'ils étaient désolés de devoir sacrifier leurs gosses, mais que leurs convictions ne leur permettaient pas de faire autrement ?
Je comprends même pas la question, ce n'est pas moi qui ai mis la question du sacrifice sur la table, je suis de ceux qui soulignent effectivement qu'un gosse de prof ça s'en sort en toutes circonstances, et quand je dis "ça s'en sort", je ne veux pas dire obtenir un bac de justesse, évidemment.
C'est bien là qu'est le premier hiatus entre ceux qui choisissent une scolarité publique et ceux qui optent pour le privé. Je suis convaincu que les déterminismes socio-culturels ne font pas tout, justement, que ce qui est construit à l'école pèse très lourd aussi dans l'addition. Sans doute le fait que j'aie moi-même bénéficié de l'ascenseur social qu'offrait le système scolaire n'est-il pas étranger à cette conviction.
Donc, avant de faire du choix de l'école un grand sujet de posture morale et républicaine, c'est bien cette question préalable que l'on tranche chacun chez soi. Celles de mes connaissances qui font le choix du public ne sont pas des figures héroïques de justice sociale : elles choisissent d'abord le public parce qu'elles pensent, comme toi, que ce choix ne coûtera rien de fâcheux à leurs gosses. Et parfois aussi parce que c'est un choix qui n'a pas de coût financier. Si elles étaient convaincues, comme je le suis, qu'il y avait meilleur pari à faire pour le bonheur de leurs enfants, je crois bien que l'argument citoyen serait vite oublié (bon, sauf pour mes potes super radins, là, qui trouveront toujours les plus grandes vertus morales aux options les plus économiques).
Pour finir, je vais aussi placer une petite anecdote personnelle : je récupérais de temps en temps mon fils aîné en larmes, dans sa petite école publique de quartier. Il n'avait jamais rien à faire, écrivait comme un porc, et avait des problèmes relationnels. Nous avons tout fait pour rester dans cette école et prolonger notre "rêve du public". Je t'épargne tous les détails du périple, mais quatre ans plus tard, après un passage dans le privé et un saut de classe, il a construit relations amicales épanouissantes, qualités d'écriture et goût de l'école. Et j'attends encore qu'on m'explique pourquoi j'aurais mieux fait de le laisser dépérir là où il était, plutôt que de faire les choix qui me paraissaient lui donner les meilleures chances d'épanouissement.
Cela m'amuserait passablement que certains de mes collègues modernistes déplorent qu'aucun de mes trois gosses ne vienne "ensoleiller" leurs cours : c'est qu'ils piétinent, dans leurs pratiques professionnelles, les principes qui président à l'éducation de mes enfants auxquels j'essaie d'inculquer sens des responsabilités et de l'effort, quand ces collègues, eux, n'exigent plus rien.
- Ventre-Saint-GrisNiveau 10
Verdurette a écrit:Mais dès le primaire ce constat est vrai. Ca fait plusieurs années que je le vis. Or je suis dans un établissement pas facile par choix, parce que précisément, j'ai envie d'essayer de changer les choses à mon humble niveau. Ca peut sembler prétentieux, je suis bien consciente que cela ne changera pas la face du monde, mais au moins, sur ce point, j'ai ma conscience pour moi.
En revanche, nos enfants n'ont à payer ni nos choix professionnels, ni les carences de l'Etat.
Il n'est pas question de les mettre sous cloche, de leur éviter toutes les difficultés de la vie, mais de les éloigner de choses qui ne devraient jamais se produire dans une école.
Certains réagissent vivement parce qu'ils flippent pour leurs propres gosses, et que, on a beau dire, les choix antagonistes sont toujours une remise en cause de ceux que l'on a faits soi-même.Je ne vois pas ce que ça peut avoir de répréhensible , qui justifie tant de fiel, et même de haine ...
- Moses2Niveau 5
"Avant j'avais des principes. Maintenant, j'ai des enfants"...
- OudemiaBon génie
mamieprof a écrit:Avec 3 enfants et le concours en poche on débarque à l ESPE même sans diplôme.
Encore faut-il réussir le concours...
Je connais une mère de famille (nombreuse, la famille) qui a arrêté ses études après deux années de droit, il y a vingt ans, et de bonnes études secondaires : je pense que son niveau dans les matières générales vaut bien celui d'un récent bachelier, même muni d'un master de "médiation culturelle" comme j'en ai vu passer un.
Après, ce sera à elle de le prouver.
- atriumNeoprof expérimenté
Oudemia a écrit:mamieprof a écrit:Avec 3 enfants et le concours en poche on débarque à l ESPE même sans diplôme.
Encore faut-il réussir le concours...
Je connais une mère de famille (nombreuse, la famille) qui a arrêté ses études après deux années de droit, il y a vingt ans, et de bonnes études secondaires : je pense que son niveau dans les matières générales vaut bien celui d'un récent bachelier, même muni d'un master de "médiation culturelle" comme j'en ai vu passer un.
Après, ce sera à elle de le prouver.
J'ai pu m'inscrire au CAPES grâce à mes enfants.
En revanche, ils ne sont pas allés passer les épreuves à ma place...
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