- RosanetteEsprit éclairé
Verdurette a écrit:
Je confesse que ma charité chrétienne n'aurait jamais été jusqu'à coller ma gamine dans un collège pourri où la moitié (et je suis gentille) du temps se serait passé non pas à apprendre, mais à écouter les insultes et les âneries de gamins ingérables qui n'ont rien à y faire z'y va normal y s'en battent les c... de ce qu'on y fait, des profs, des règles etc ...
Pas envie qu'elle serve uniquement à remonter les statistiques de ce genre de bahut.
C'est embêtant qu'à chaque discussion de ce genre, on en revienne à ce genre de représentation du public (assimilé par glissement à un bahut pourri), avec l'idée qu'obligatoirement, en REP, chaque cours serait parasité de moitié par de la gestion de classe. Les stagiaires peuvent galérer, et bien comme il faut, pour autant là encore j'ai du mal à y voir autre chose qu'une remise en cause des collègues.
Il n'est pas question que votre enfant remonte des statistiques, simplement qu'il suive une scolarité normale, en conformité avec son sérieux et son travail.
- LeodaganFidèle du forum
Verdurette a écrit:Je ne pense pas qu'il y ait une très grande différence de compétences entre les profs du public et les profs du privé, en moyenne. il y a des profs excellents, moyens et nuls dans les deux, j'imagine ... Je n'ai pas choisi le privé pour une meilleure qualité supposée de l'enseignement je l'ai choisi pour la "qualité de l'environnement".
Dans sa classe il y a la petite-fille du maire de la ville ... des enfants de familles fortunées, la fille d'une de mes voisines, modeste assistante maternelle, musulmane. Je suis enseignante, de confession catholique, le père de mes filles (nous sommes divorcés) n'est pas enseignant, et il est juif. Histoire de dire que le côté bourge et catho à outrance est caricatural.
La drogue circule partout où il y a de l'argent. Donc dans n'importe quel quartier un peu friqué ...
Au lycée privé, donc, où on ne craint pas d'intervenir même si une transaction s'est faite dans le jardin voisin (c'est du vécu).
et au lycée public où on fermera pudiquement les yeux pour ne pas faire de vagues, selon les ordres du rectorat.
Qui joue le plus les Ponce-Pilate, je vous le demande ?
Je confesse que ma charité chrétienne n'aurait jamais été jusqu'à coller ma gamine dans un collège pourri où la moitié (et je suis gentille) du temps se serait passé non pas à apprendre, mais à écouter les insultes et les âneries de gamins ingérables qui n'ont rien à y faire z'y va normal y s'en battent les c... de ce qu'on y fait, des profs, des règles etc ...
Pas envie qu'elle serve uniquement à remonter les statistiques de ce genre de bahut.
Encore une fois, je ne remets pas mes collègues en cause, d'autant qu'ils en souffrent tout autant, mais bien un système complètement dépassé. Et même un système qui a choisi de renoncer ... car rien les empêche de reconnaitre leurs erreurs et de changer de cap.
Un Mea culpa, mea maxima culpa ... repris en choeur pas les saintes huiles grenelliennes...
Allons, ne rêvons pas...
Ah si, dernière chose : certaines personnes choisissent le privé pour son système de mutation plus souple, pour pouvoir suivre leur mari souvent muté, par exemple, et éviter de ne pouvoir le rejoindre que lorsqu'il a obtenu sa mutation dans une nouvelle viile. Ca peut se comprendre.
C'est avant tout la qualité de l'environnement qui compte, c'est évident.
Les ministres et pédagogues le savent mais… ils n'ont pas le pouvoir, ni le courage, de modifier les élèves: ce serait aller à l'encontre d'une foule de pratiques publiques et privées.
Alors on tente de faire croire que ce sont les "pratiques pédagogiques" et les profs les responsables.
Imaginons une situation: l'enseignement est entièrement libéralisé. L'enseignement public, par l'effet de la concurrence, est très marginalisé en quelques années. Il serait forcé de se remettre à la page pour continuer à exister et une proportion plus importante d'élèves serait préservée de l'ersatz d'enseignement imposé.
Je ne souhaite pas la libéralisation généralisée sans règle, mais j'admets qu'il y a un fort bénéfice à faire jouer la concurrence.
Je suis très peiné pour les profs idéalistes "républicains" (c'est d'eux que je me sens le plus proche), mais leur condamnation du privé et de la libéralisation au motif que cela nuit à un système dont ils sont les premières et éternelles victimes me semble fortement contestable.
- MoonchildSage
En REP, agrégé normalien ou pas, ça ne change pas grand chose quand une proportion non négligeable de la classe se comporte comme une meute de hyènes. Face à certains publics, et en l'absence de soutien de la hiérarchie, l'excellence académique ne sert absolument à rien sans une forme d'autorité au sens presque animal du terme.Rosanette a écrit:Une heure de français en plus, très bien, mais ça ne garantit rien pour le futur de tes enfants si c'est fait par une quiche. Chose intéressante, même les bahuts privés "de qualité" mettent rarement en avant les compétences de leurs enseignants, et pour cause, peu peuvent par exemple se vanter d'avoir dans leurs rangs des agrégés. A côté de ça je connais des normaliens agrégés qui se retrouvent en REP, ils n'y resteront certes pas toute leur carrière, mais ils y sont, au front.
Ce ne sont pas des études statistiques, mais dans mon lycée de banlieue nous avons tout de même régulièrement le retour d'expérience d'anciens bons élèves qui passent par diverses prépas parisiennes : certains s'en sortent finalement, d'autres abandonnent pour aller vers l'université ou vers une prépa de banlieue moins prestigieuse et plus accessible, mais quasiment tous nous rapportent qu'en entrant dans ces prépas parisiennes, ils ne font pas du tout le poids face à leur camarades recrutés localement et que, pour ceux qui surmontent ce handicap initial, il leur faut plusieurs mois de travail acharné pour commencer à se hisser au niveau. Moi, je ne suis pas du tout surpris, pas plus que mes collègues de mathématiques du lycée, car nous savons tous qu'avec nos classes nous ne pouvons traiter le programme de terminale qu'au niveau des pâquerettes.Rosanette a écrit:Moonchild a écrit: mais ils sont tout de même beaucoup moins bien préparés aux études supérieures que ceux qui sont passés par des établissements publics ou privés de type centre-ville CSP+. Au nom de quel principe devrait-on sciemment hypothéquer une partie des chances de ces élèves uniquement pour s'en servir comme levier pédagogique dans des zones sinistrées ?
Ha ? Il y a eu des études sur le sujet ? Reste à savoir ce que vous définissez par "le supérieur", si vous parlez d'écoles hors de prix postbac, nulle doute que les écoles privées font merveille.
Je suis tout-à-fait d'accord, mais j'ai un peu l'impression que certains de nos collègues se sentent obligés de se lancer dans une sorte de guerre sainte contre le privé.Lefteris a écrit:Moonchild a écrit: Il existe des enseignants qui travaillent dans le public et qui ne se sentent pas pour autant obligés de se lancer dans une guerre de tranchées contre le privé ; étonnant, non ?
Les enseignants du privé ne sont pas responsables de quoi que ce soit , ils ont choisi ça souvent pour pour voir enseigner sur deux cycles, choisir leur lieu d'exercice, leur région, que sais-je , mais je n'envie pas leurs conditions de travail en contrepartie, ni leur soumission hiérarchique, qui est plus forte. Il faut regarder les deux plateaux de la balance.
- RendashBon génie
Rosanette a écrit:
Et moi ce qui m'énerve c'est le manque de confiance dans l'école publique : peu font le choix de mettre leurs gamins dans le public pour voir, juste pour voir si les bruits entendus dans la file de la boulangerie sont fondés et si un gosse peut suivre une scolarité normale. La question ne se pose même pas/plus, ce sera le privé parce que c'est mieux ; vous avez le droit de pas vous sentir insulté voire d'abonder dans ce sens, mais pour moi c'est niet.
J'ai confiance dans le principe de l'école publique, je n'ai aucune confiance en nos dirigeants et en ce que ceux qui sont aux manettes souhaitent en faire. Je n'ai pas confiance dans une hiérarchie qui met sous le tapis les éventuels problèmes pour ne pas faire de vagues. Je n'ai aucune confiance dans les salopards qui, devant une affaire d'agression sexuelle ou de racket avec violences, brandissent le dogme de "l'éducabilité des enfants" sans prendre en compte les victimes, ni le fait que parfois, éduquer veut aussi dire sanctionner. Je n'ai aucune confiance en un système où une poignée de prétendus visionnaires progressistes réussit à imposer des façons de procéder à 80% de la profession, et où l'expérience est assimilée à du vieuconnisme, et l'exigence à de l'élitisme réactionnaire.
Note que c'est valable aussi bien dans le public que dans le privé. Mais dans le privé, dans le secteur où je suis, j'ai trouvé un endroit où on peut échapper à une bonne partie des points que j'évoque. Et ça me suffit.
Rosanette a écrit:Il n'est pas question que votre enfant remonte des statistiques, simplement qu'il suive une scolarité normale, en conformité avec son sérieux et son travail.
Et il le fera nettement mieux dans le collège privé de mon secteur, donc.
- RosanetteEsprit éclairé
Ponocrates a écrit:Oh, vous ne me vexez pas, chère collègue, selon vous je suis du côté de l'excellence, j'ai juste une vision un peu plus nuancée que vous de ce qu'est un "bon enseignant". Sinon ce serait bien de lire le reste de mon message, parce que là vous n'y répondez pas du tout - comme par hasard- et cela vous permettrait de comprendre que votre "argument" n'en est pas un.Rosanette a écrit:Ponocrates a écrit:
Elle manquait celle-là, les enseignants moins bons parce que n'ayant pas l'agrég'.
Pardon de vexer, mais à un moment quand on dégaine l'argument "établissement de qualité", j'espère bien qu'on vend aux parents autre chose qu'une vitrine où la drogue circule plus discrètement que dans certains publics.
Les options disciplinaires, c'est charmant, mais si le recrutement derrière ne suit pas (regardez tous ces profs qui n'iraient pour rien au monde), ça reste des vœux pieux, rattrapés ensuite par des cours particuliers et des établissements postbac médiocres.
J'ai lu le reste de votre message, mais pour moi ces critères bien connus du privé ne suffisent pas à en faire des établissements d'excellence sur le plan pédagogique ; or on le vend aussi comme ça.
Par ailleurs des collègues du privé en souffrance, ça existe, les exemples n'ont pas manqué sur le forum.
- RosanetteEsprit éclairé
Moonchild a écrit:
Je suis tout-à-fait d'accord, mais j'ai un peu l'impression que certains de nos collègues se sentent obligés de se lancer dans une sorte de guerre sainte contre le privé.
Une guerre républicaine, plutôt.
Et les propos sur "la meute de hyène" rejoignent ce que je dis plus haut, pourtant des collègues peuvent témoigner de situations de classe qui ne sont pas conflictuelles, malgré des problématiques lourdes dans les effectifs de REP (c'est sûr que dans le privé on est plus tranquille de ce point de vue).
Mais bon, quand on veut on trouve toujours des bonnes raisons pour coller ses enfants dans le privé, toujours.
- PonocratesExpert spécialisé
Vous lisez un peu les posts ? Il ne s'agit pas d'une défiance dans l'école publique en général- plutôt dans le système-, mais dans un certain nombre d'établissements bien précis, un de ceux où l'on est désolé des conditions de vie des quelques bons élèves qui bossent et se comportent correctement, où l'on est à la fois désolé quand ils partent dans le privé et soulagé pour eux, même si ce ne sont pas nos enfants.Rosanette a écrit:
Et moi ce qui m'énerve c'est le manque de confiance dans l'école publique : peu font le choix de mettre leurs gamins dans le public pour voir, juste pour voir si les bruits entendus dans la file de la boulangerie sont fondés et si un gosse peut suivre une scolarité normale
_________________
"If you think education is too expensive, try ignorance ! "
"As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? "
- RendashBon génie
Rosanette a écrit:
Mais bon, quand on veut on trouve toujours des bonnes raisons pour coller ses enfants dans le privé, toujours.
Ne serait-ce que parce qu'il y en a, localement. La différence me semble être que tu es sur une position de principe, là où moi, et d'autres, sont sur une position pragmatique. Evidemment, des pro-privé tiendront aussi des positions de principe ; mais avant même d'avoir des gamins, je sais que les principes, c'est bien joli, mais que les gones passent parfois avant.
- RosanetteEsprit éclairé
Ponocrates a écrit:Vous lisez un peu les posts ? Il ne s'agit pas d'une défiance dans l'école publique en général- plutôt dans le système-, mais dans un certain nombre d'établissements bien précis, un de ceux où l'on est désolé des conditions de vie des quelques bons élèves qui bossent et se comportent correctement, où l'on est à la fois désolé quand ils partent dans le privé et soulagé pour eux, même si ce ne sont pas nos enfants.Rosanette a écrit:
Et moi ce qui m'énerve c'est le manque de confiance dans l'école publique : peu font le choix de mettre leurs gamins dans le public pour voir, juste pour voir si les bruits entendus dans la file de la boulangerie sont fondés et si un gosse peut suivre une scolarité normale
Quelques établissements qui ont vite fait de se trouver une majorité ; c'est quand même dingue tous ces profs entourés par des bahuts poubelles.
- RendashBon génie
Rosanette a écrit: c'est quand même dingue tous ces profs entourés par des bahuts poubelles.
Oui, hein. Dommage que les décideurs préfèrent y voir un problème de pédagogie
- Reine MargotDemi-dieu
Rendash a écrit:Rosanette a écrit: c'est quand même dingue tous ces profs entourés par des bahuts poubelles.
Oui, hein. Dommage que les décideurs préfèrent y voir un problème de pédagogie
"Il n'y a pas de bahut poubelle, il n'y a que de mauvais enseignants", Livre de Najat, II, 13.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- RosanetteEsprit éclairé
Rendash a écrit:Rosanette a écrit:
Mais bon, quand on veut on trouve toujours des bonnes raisons pour coller ses enfants dans le privé, toujours.
Ne serait-ce que parce qu'il y en a, localement. La différence me semble être que tu es sur une position de principe, là où moi, et d'autres, sont sur une position pragmatique. Evidemment, des pro-privé tiendront aussi des positions de principe ; mais avant même d'avoir des gamins, je sais que les principes, c'est bien joli, mais que les gones passent parfois avant.
On en revient à une ancienne discussion, où les pro-privés avancent le principe de réalité et de "ce qu'il y a de mieux pour nos enfants".
Et j'avais répliqué à l'époque que ma position était que coller ses enfants dans le privé en bossant dans le public, les soustraire à notre réalité en leur faisant croire qu'il faut les protéger de quelque chose, ce n'est pas forcément ce qu'il y a de mieux pour eux. Je suis, tu l'auras compris, persuadée du contraire à vrai dire, ce qu'il y a de pratique c'est que ni toi ni moi ne pouvons prouver qu'une position, qu'un choix est le meilleur. Mais je vois toujours une vraie incohérence à mettre ses enfants dans l'enseignement privé en étant prof dans le public.
EDIT Et puis c'est pas si mal, d'avoir des principes.
- Reine MargotDemi-dieu
En fait le problème n'est pas le public, mais bien plus ce qui en a été fait après des décennies de politique éducative calamiteuse. Les profs du public qui mettent leurs enfants dans le privé les mettraient dans le public si celui-ci:
- sanctionnait vraiment les élèves perturbateurs
- apprenait vraiment à lire, écrire et compter au lieu de vaines amusettes faites pour économiser de l'argent et tromper l'opinion
- soutenait vraiment l'autorité de l'enseignant dans sa classe au lieu que le MEN ne cesse de déverser son mépris sur celui-ci.
- sanctionnait vraiment les élèves perturbateurs
- apprenait vraiment à lire, écrire et compter au lieu de vaines amusettes faites pour économiser de l'argent et tromper l'opinion
- soutenait vraiment l'autorité de l'enseignant dans sa classe au lieu que le MEN ne cesse de déverser son mépris sur celui-ci.
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- PonocratesExpert spécialisé
Certes, mais la question n'est pas comment on le vend mais pourquoi on y va. Et je le répète, beaucoup de parents que je connais ont opté pour le privé parce que leur enfant était pris pour cible à l'école. Le privé ne garantit rien, mais, au mieux, opère un tri. Et je suis navrée pour nous tous, collègues du public dans des établissements difficiles, mais entre avoir un professeur excellent dans un établissement à projets, où on lui fait perdre des heures, où l'on perd 10 mn avant de se mettre au travail, où faire des exercices à la maison est un pur concept, apprendre ses leçons une plaisanterie, ou avoir un professeur médiocre, mais qui a les moyens de mettre les élèves au travail parce que les parents et la hiérarchie suivent - et j'ai conscience que ce n'est pas partout le cas dans le privé- la deuxième situation me semble préférable. C'est cela qu'achète la plupart des parents. Un cadre de travail.Rosanette a écrit:[
J'ai lu le reste de votre message, mais pour moi ces critères bien connus du privé ne suffisent pas à en faire des établissements d'excellence sur le plan pédagogique ; or on le vend aussi comme ça.
Par ailleurs des collègues du privé en souffrance, ça existe, les exemples n'ont pas manqué sur le forum.
Et tous ces collègues entourés de bahuts poubelles sont Rosanette, représentatifs de la paupérisation du métier. C'est une boutade, mais elle se vérifie souvent " Avant on avait des principes, maintenant on a des enfants".
Sinon, + l'infini avec Reine Margot
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C'est le livre ? "
- RendashBon génie
Rosanette a écrit:Rendash a écrit:Rosanette a écrit:
Mais bon, quand on veut on trouve toujours des bonnes raisons pour coller ses enfants dans le privé, toujours.
Ne serait-ce que parce qu'il y en a, localement. La différence me semble être que tu es sur une position de principe, là où moi, et d'autres, sont sur une position pragmatique. Evidemment, des pro-privé tiendront aussi des positions de principe ; mais avant même d'avoir des gamins, je sais que les principes, c'est bien joli, mais que les gones passent parfois avant.
On en revient à une ancienne discussion, où les pro-privés avancent le principe de réalité et de "ce qu'il y a de mieux pour nos enfants".
Et j'avais répliqué à l'époque que ma position était que coller ses enfants dans le privé en bossant dans le public, les soustraire à notre réalité en leur faisant croire qu'il faut les protéger de quelque chose, ce n'est pas forcément ce qu'il y a de mieux pour eux. Je suis, tu l'auras compris, persuadée du contraire à vrai dire, ce qu'il y a de pratique c'est que ni toi ni moi ne pouvons prouver qu'une position, qu'un choix est le meilleur. Mais je vois toujours une vraie incohérence à mettre ses enfants dans l'enseignement privé en étant prof dans le public.
Pour être ancien, l'argument n'en est pas moins valable : si on estime que l'établissement privé local est meilleur pour nos enfants, ce n'est pas incohérent de les y mettre. Surtout quand il s'agit réellement de les protéger de quelque chose, comme par exemple d'une bande de petits voyous qui sévissent dans et hors de l'établissement, et rackettent les élèves en toute impunité, et coincent des gamines dans les toilettes de l'établissement. On est loin du "faire croire", là. Et il me semble que permettre à ses mômes d'échapper à ça est objectivement le meilleur choix pour eux, sauf à considérer que c'est l'école de la vie et qu'une gamine qui se fait chopper dans les chiottes a appris quelque chose et s'est endurcie.
C'est la position de principe qui ouvre la porte à une incohérence, plus que la position pragmatique, selon moi. Concrètement, si l'établissement public est un établissement-poubelle, je n'y mets pas mes mômes, point. Si l'établissement privé est de meilleur qualité que les autres, j'y mets mes mômes, autre point.
- roxanneOracle
Sur le fond, je suis tout à fait d'accord avec toi (Rosanette) et je suis très "public" ne serait-ce que par mon éducation (fille, petite -fille et même arrière petite-fille d'instituteurs laïcs ) mais aussi par principe, oui. Maintenant, je n'ai rien contre le privé (mais un privé en partie payé par l'état l'est-il encore?). Mais je suis aussi pragmatique et je ne dirai pas que je ne mangerai jamais de ce pain-là. J'ai vu autour de moi des gens très "public" aussi mettre leurs enfants dans le privé pour, effectivement, de bonnes raisons (établissements plus stricts pour un enfant qui avait besoin de cadre, meilleure adaptabilité pour un enfant avec léger trouble autistique..). Là, le mien n'est qu'en PS, tout va bien. Je suis d'ailleurs un peu étonnée de voir certains de mes collègues mettre leurs enfants dans l'école maternelle privée où ils se retrouvent à 30 par classe, alors que la maternelle de publique de secteur est toute neuve, avec 24 maximum par classe et même une PE supplémentaire qui prend les enfants en petits groupes. Mais je suis qu'au premier stade de la scolarité de mon fils, et peut-être qu'un jour une école privée sera mieux adaptée pour tout un tas de raisons.
- RosanetteEsprit éclairé
Je comprends roxanne, de toute façon n'ayant pas d'enfant on me rétorquera toujours le fameux "attends de voir" mais je trouve ça important d'une part d'avoir des principes, d'autre part de ne pas forcer la peinture du public qui cumulerait les tares et où il serait difficile de mener une excellente scolarité.
C'est faux, ce n'est pas grâce aux ministères successifs, mais c'est faux.
Et que dire de l'aspect confessionnel, gommé et sabré à l'envi par les bahuts privés pour justement devenir une sorte de SAV de l'Educ nat' ? On peut s'en accommoder, mais ça reste problématique. L'école libre n'a pas été conçue pour servir de refuge à des jeunes gens "en manque de cadre".
C'est faux, ce n'est pas grâce aux ministères successifs, mais c'est faux.
Et que dire de l'aspect confessionnel, gommé et sabré à l'envi par les bahuts privés pour justement devenir une sorte de SAV de l'Educ nat' ? On peut s'en accommoder, mais ça reste problématique. L'école libre n'a pas été conçue pour servir de refuge à des jeunes gens "en manque de cadre".
- RendashBon génie
Rosanette a écrit: je trouve ça important d'une part d'avoir des principes, d'autre part de ne pas forcer la peinture du public qui cumulerait les tares et où il serait difficile de mener une excellente scolarité.
C'est faux, ce n'est pas grâce aux ministères successifs, mais c'est faux.
Oui, les principes, c'est cool. Mais parfois ils entrent en contradiction
Et attention, tu ne peux pas dire "c'est faux". Enfin, tu peux, mais tu as tort. Parfois, c'est faux, mais parfois c'est totalement vrai. Généraliser n'a de sens ni d'un côté ni de l'autre, si l'on ne parle pas de positions de principe, ce que ne font pas ceux qui ont des mômes.
Rosanette a écrit: L'école libre n'a pas été conçue pour servir de refuge à des jeunes gens "en manque de cadre".
Mais l'école publique, si. Dommage que l'on nous empêche de plus en plus de leur donner ce cadre.
- RosanetteEsprit éclairé
Et pour ce qui est de la réussite postbac selon qu'on soit issu du privé ou du public, je crois que le mental joue énormément ; les gosses du privé font leur scolarité avec l'idée que le meilleur leur est dû. Mais en prépa littéraire, on trouve beaucoup de poseurs adeptes de l'esbroufe, ce qui peut décourager des profils plus fragiles alors que grosso modo tout le monde est à égalité et que la partie se joue précisément dans le travail abattu en prépa.
Parole d'une ancienne à qui on a dit en prépa "mais t'es intelligente pourtant" quand elle avait dit que ses parents étaient postiers.
Parole d'une ancienne à qui on a dit en prépa "mais t'es intelligente pourtant" quand elle avait dit que ses parents étaient postiers.
- Ventre-Saint-GrisNiveau 10
Il est tout de même bien curieux que de considérer comme une manifestation d'individualisme forcené le fait d'être tout simplement un parent aimant et voulant le meilleur pour ses gosses.Rosanette a écrit:Le chacun pour soi a des limites
Les enseignants qui mettent leurs enfants dans le public ne les sacrifient pas, ne sont pas autant d'Abraham laïcs prêts à offrir leur progéniture chérie sur l'autel de la divine nation. Ils sont seulement persuadés que la faveur socio-culturelle dont jouissent leurs rejetons est la meilleure garantie de leur réussite. Faudrait peut-être arrêter de faire passer pour de l'angélisme républicain ce qui n'en est pas.
Il y a encore peut-être dix ans, j'aurais parfaitement imaginé mettre mes gosses dans le collège REP où j'enseigne. Et oui, j'ai vu passer d'excellents élèves qui sont sortis de chez nous très bien construits sur le plan disciplinaire, et certainement aussi enrichis par l'expérience d'une mixité bien vécue. Mais ça, c'était avant. Avant que mon collège ne soit dirigé par des principaux carriéristes et aveuglés par la merveilleuse modernité pédagogique. A l'époque où je n'étais pas encore devenu un prof marginal en imposant des lectures à mes élèves, en m'acharnant à faire de la grammaire, et en mettant des notes faisant la part belle à l'investissement et aux progrès véritables de mes élèves. A l'époque où je ne consacrais pas autant d'heures en sixième sur le repérage et l'accord du verbe avec son sujet, où les profs-bien-aimés-de-l'administration étaient dans mon bahut des enseignants exigeants, et non des distributeurs automatiques de projets creux et autres activités ludiques qui n'apprennent rien de solide aux gamins.
J'habite un quartier où il y a beaucoup de profs et de gens de CSP plutôt +. Voyant que beaucoup pensaient à scolariser leurs enfants dans le collège privé proche après leur scolarité primaire à l'école publique, une de mes connaissances a mené un combat pour tenter de convaincre de la nécessité de maintenir tous ces élèves dans le public. Beaucoup se sont sentis dupés en apprenant que, elle-même prof de français, faisait travailler ses enfants le soir pour combler leurs lacunes.
Finalement, j'ai fait une trouvaille paradoxale : j'aime beaucoup plus l'école républicaine que nombre de ces militants de la scolarisation dans le public. Et c'est précisément parce que je sais ce que je dois moi-même à cette école et que je suis mortifié par le spectacle de sa déliquescence, que je veux à tout prix préserver mes propres enfants. Alors que si l'on est bien persuadé que c'est le milieu socio-culturel qui fait tout et que des enfants bien nés seront toujours lumineux, on peut bien finalement les offrir à une école qui ne pèse rien et ne nuira pas à ces heureux déterminismes. Cela ne coûte pas grand chose. Et cela permet même de fanfaronner.
- roxanneOracle
Oui. Je pense à des gamins à qui je donnais des cours particuliers et qui étaient élevés par leur grand-mère (orphelins de mère) ancienne instit elle-même. Elle avait fini par les mettre dans le lycée privé où ils ne pouvaient pas sortir comme ils voulaient, où il y avait des heures d'étude obligatoires, surveillées.
- RendashBon génie
Rosanette a écrit:Parole d'une ancienne à qui on a dit en prépa "mais t'es intelligente pourtant" quand elle avait dit que ses parents étaient postiers.
Si je réponds "parole de quelqu'un à qui on a dit "pourtant t'es vraiment très con" quand il a dit que son père était officier sup", ça compte comme un argument?
- roxanneOracle
Rendash a écrit:Rosanette a écrit:Parole d'une ancienne à qui on a dit en prépa "mais t'es intelligente pourtant" quand elle avait dit que ses parents étaient postiers.
Si je réponds "parole de quelqu'un à qui on a dit "pourtant t'es vraiment très con" quand il a dit que son père était officier sup", ça compte comme un argument?
- archebocEsprit éclairé
Cette possibilité a été fermée il y a au moins une décennie, non ?mamieprof a écrit:Avec 3 enfants et le concours en poche on débarque à l ESPE même sans diplôme.
Ahahaha !XIII a écrit:TOUT est savamment calculé! Créer une défaillance du système scolaire public pour créer une défiance des usagers! Et donc permettre le développement des structures privées grassement subventionnées par de l'argent public alors qu'elles sont à 95 % confessionnelles!
Ils ont fait pareil pour la santé, la sécu, les retraites, les transports, l'énergie...
J'imagine très bien la pub de l'énergie confessionnelle : "achetez notre électricité trois fois sainte" - "nous vous devons plus que la lumière" - "électricité un jour, éternité toujours".
Et encore, si les petits bahuts ne peuvent pas jouer avec les classes de niveau, les gros bahuts se le permettent, sans jamais le dire, mais en montant des dispositifs spécifiques à certaines classes qui ne servent pas seulement à concentrer les élèves mais aussi les enseignants moins performants.egomet a écrit:La concurrence avec le privé n'existe pas vraiment pour l'instant. Le privé sous contrat a perdu presque toute sa liberté d'action. Le seul avantage, c'est que les élèves y sont choisis, mais curieusement pas les professeurs!
Dans le public, c’est ouvertement ainsi que fonctionne le système des prépas. C'était ainsi que fonctionnait l'école primaire il y a un siècle.
Rosanette a écrit:Tant mieux si en tant que prof du public vous n'avez aucun scrupule à mettre vos enfants dans le privé ; je respecte davantage les agents qui choisissent d'habiter quelque part en fonction de l'offre scolaire. Si vous ne quittez pas l'EN, pourquoi ne demandez-vous votre détachement dans le privé ?
Rosanette s'est déjà pris un paquet d'objections, mais pas celle-ci : il ne viendrait idée à personne de reprocher à un cheminot d'avoir une voiture, à un ouvrier de chez Coca-cola de boire de la bière, ou à un poissonnier de manger une andouillette. Le fait qu'on attende d'un enseignant qu'il consacre à l'EN non seulement sa vie mais aussi celle de ses enfants montre bien le niveau d'investissement politique qu'on charge sur l'école.
Rosanette a écrit:Le chacun pour soi a des limites, on lutte aussi contre l'état de l'école en ne se ruant pas dans le privé. Sans le vouloir, vous ôtez aux profs du public la capacité à offrir de la qualité en dépit de directives souvent folles, alors que vous-mêmes êtes profs dans le public, et vous aussi pour la plupart vous voulez offrir des cours de qualité.
Là aussi, je souhaite ajouter aux arguments précédemment opposés : en retirant leurs enfants des établissements déclassés, les enseignants font œuvre politique utile. D’une part le succès de leurs enfants est utile au pays tout entier, d’autre part augmenter leur chance de faire polytechnique ou chef de clinique c’est augmenter la mobilité sociale. Parce qu’il faut être sacrément myope pour penser qu’un enseignant et un chef de clinique sont dans la même catégorie sociale.
Rosanette a écrit:Et j'avais répliqué à l'époque que ma position était que coller ses enfants dans le privé en bossant dans le public, les soustraire à notre réalité en leur faisant croire qu'il faut les protéger de quelque chose, ce n'est pas forcément ce qu'il y a de mieux pour eux.
Je l'ai déjà raconté : mon gamin, au bout d'un mois en 6e, m'a dit un soir : "tu sais, papa, aujourd'hui, en classe, il s'est passé quelque chose de vraiment scandaleux". ("vraiment scandaleux" : beaucoup plus scandaleux que les jours précédents). Je pense qu'un mois suffit à n'importe quel gamin normalement constitué pour comprendre certains scandales. On peut utilement le soustraire à cette réalité et lui en fournir une plus stimulante et formatrice.
Rosanette a écrit:EDIT Et puis c'est pas si mal, d'avoir des principes.
Cela dépend lesquels. Et puis sacrifier ses enfants à ses principes, bof bof. Cela fait un peu : "armons nous et allez vous battre".
Par ailleurs, si vos principes sont en contradiction avec ceux de l'école, par exemple : vous pensez qu'un gamin coupable d'insultes racistes envers un enseignants mérite soit une torgnole, soit une expulsion, et l'école ne semble pas partager ce principe : il n'est pas anormal de scolariser votre enfant ailleurs, non ?
Des principes qu’on doit trouver facilement dans les œuvres de Mao.MC a écrit:Au nom de quel principe devrait-on sciemment hypothéquer une partie des chances de ces élèves uniquement pour s'en servir comme levier pédagogique dans des zones sinistrées ?
- RosanetteEsprit éclairé
Ventre-Saint-Gris a écrit:
Finalement, j'ai fait une trouvaille paradoxale : j'aime beaucoup plus l'école républicaine que nombre de ces militants de la scolarisation dans le public. Et c'est précisément parce que je sais ce que je dois moi-même à cette école et que je suis mortifié par le spectacle de sa déliquescence, que je veux à tout prix préserver mes propres enfants.
Trouvaille qui n'en est pas franchement une, et qui n'est pas franchement honnête, mettre vos enfants dans le privé ne contribuera certainement pas à restaurer l'école publique.
Et oui, on parle bien d'individualisme.
- RendashBon génie
Rosanette a écrit:Ventre-Saint-Gris a écrit:
Finalement, j'ai fait une trouvaille paradoxale : j'aime beaucoup plus l'école républicaine que nombre de ces militants de la scolarisation dans le public. Et c'est précisément parce que je sais ce que je dois moi-même à cette école et que je suis mortifié par le spectacle de sa déliquescence, que je veux à tout prix préserver mes propres enfants.
Trouvaille qui n'en est pas franchement une, et qui n'est pas franchement honnête, mettre vos enfants dans le privé ne contribuera certainement pas à restaurer l'école publique.
Mais ce n'est pas à nous de restaurer une école publique qui est chaque jour un peu plus démolie par des ministres et des décideurs dogmatiques, incompétents et carriéristes. On lutte à notre échelle, dans notre travail, mais certainement pas dans notre vie. On lui laisse déjà bien assez, à notre travail, je trouve.
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