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- StromboliNiveau 1
Les classiques, quels classiques ? :colere:
Le problème effectivement n'est pas le choix ou non d'auteurs classiques (il y a suffisamment dans les oeuvres de nos grands noms de quoi faire pendant toute une carrière sans jamais se répéter ni même choisir une oeuvre mineure), mais les "scies" du bac : Dom Juan, Candide, Les Fleurs du Mal (et Dieu sait si j'adore Baudelaire depuis mon adolescence, mais c'est la seule oeuvre de ces trois-là que moi-même je n'ai pas étudiée au lycée en classe de première lorsque j'y étais élève...) voire Phèdre. Non seulement ces oeuvres reviennent systématiquement, mais ce sont également toujours les mêmes extraits (pour Candide : l'incipit, la guerre, l'auto-da-fé, le nègre de Surinam, parfois l'Eldorado et l'explicit), étudiés pour eux-mêmes, sans réelle problématique d'ensemble ou vision de l'oeuvre un tant soit peu renouvelée (ce qui après tout, vu leur richesse, est fort possible), et sans parfois que les élèves aient compris goutte (la vision janséniste dans Phèdre les dépasse un peu par exemple). Le problème est d'autant plus aigu que les examinateurs, connaissant ces oeuvres sur le bout des doigts, n'ont pas (même inconsciemment) les mêmes attentes qu'avec d'autres textes et qu'ils ont (mais dites-moi si je me trompe) tendance à être d'autant plus sévères en interrogeant sur ces textes-là.
A ce propos, j'ai une question : depuis quand a-t-on décidé que Candide était un classique ? Cette oeuvre considérée comme mineure par son auteur qui se prenait pour un tragédien (cf. Le fanatisme ou Mahomet le prophète, qui se trouve aujourd'hui chargé d'une puissance scandaleuse au point que quand un théâtre la met au programme il faut souvent prendre des mesures de sécurité exceptionnelles, alors que la critique de l'optimisme ne dérange plus personne...), qui ne présente la pensée de Voltaire qu'à un moment bien particulier (et pas particulièrement brillant), qui n'est même pas représentative de l'esprit des Lumières (par rapport à Diderot par exemple, d'ailleurs seuls les littéraires continuent de considérer Voltaire comme un philosophe), dont l'humour est approximatif bien souvent et la morale contestable, inconnue pendant longtemps des programmes scolaires (Fontanier cite sans arrêt dans ses Figures du discours La Henriade, dont plus personne n'a lu une ligne aujourd'hui) semble lentement (attention le sujet est tout en haut de la phrase, je m'emporte un peu) s'être infiltrée dans les études littéraires du lycée pour devenir au fil du temps indéboulonnable... Quelqu'un s'est-il amusé à faire l'historique de cette contagion ? Si j'ai 5 minutes et que personne ne me répond, je m'y mettrai moi-même.
Moi aussi, ça m'énerve.
Le problème effectivement n'est pas le choix ou non d'auteurs classiques (il y a suffisamment dans les oeuvres de nos grands noms de quoi faire pendant toute une carrière sans jamais se répéter ni même choisir une oeuvre mineure), mais les "scies" du bac : Dom Juan, Candide, Les Fleurs du Mal (et Dieu sait si j'adore Baudelaire depuis mon adolescence, mais c'est la seule oeuvre de ces trois-là que moi-même je n'ai pas étudiée au lycée en classe de première lorsque j'y étais élève...) voire Phèdre. Non seulement ces oeuvres reviennent systématiquement, mais ce sont également toujours les mêmes extraits (pour Candide : l'incipit, la guerre, l'auto-da-fé, le nègre de Surinam, parfois l'Eldorado et l'explicit), étudiés pour eux-mêmes, sans réelle problématique d'ensemble ou vision de l'oeuvre un tant soit peu renouvelée (ce qui après tout, vu leur richesse, est fort possible), et sans parfois que les élèves aient compris goutte (la vision janséniste dans Phèdre les dépasse un peu par exemple). Le problème est d'autant plus aigu que les examinateurs, connaissant ces oeuvres sur le bout des doigts, n'ont pas (même inconsciemment) les mêmes attentes qu'avec d'autres textes et qu'ils ont (mais dites-moi si je me trompe) tendance à être d'autant plus sévères en interrogeant sur ces textes-là.
A ce propos, j'ai une question : depuis quand a-t-on décidé que Candide était un classique ? Cette oeuvre considérée comme mineure par son auteur qui se prenait pour un tragédien (cf. Le fanatisme ou Mahomet le prophète, qui se trouve aujourd'hui chargé d'une puissance scandaleuse au point que quand un théâtre la met au programme il faut souvent prendre des mesures de sécurité exceptionnelles, alors que la critique de l'optimisme ne dérange plus personne...), qui ne présente la pensée de Voltaire qu'à un moment bien particulier (et pas particulièrement brillant), qui n'est même pas représentative de l'esprit des Lumières (par rapport à Diderot par exemple, d'ailleurs seuls les littéraires continuent de considérer Voltaire comme un philosophe), dont l'humour est approximatif bien souvent et la morale contestable, inconnue pendant longtemps des programmes scolaires (Fontanier cite sans arrêt dans ses Figures du discours La Henriade, dont plus personne n'a lu une ligne aujourd'hui) semble lentement (attention le sujet est tout en haut de la phrase, je m'emporte un peu) s'être infiltrée dans les études littéraires du lycée pour devenir au fil du temps indéboulonnable... Quelqu'un s'est-il amusé à faire l'historique de cette contagion ? Si j'ai 5 minutes et que personne ne me répond, je m'y mettrai moi-même.
Moi aussi, ça m'énerve.
- InvitéInvité
Alors là, Stromboli (j'adore ton pseudo, d'ailleurs), tout à fait, mais tout à fait d'accord ! Je ne changerais pas un mot à ce que tu as dit !!!
- Reine MargotDemi-dieu
Ce que j'appelle les classiques ce sont les oeuvres qui sont à étuidier à 'lécole. Je suis d'accord sur Candide, effectivement on en fait qqes extraits "pour le bac", c'est souvent superficiel, et souvent les élèves ne perçoivent pas toute la portée de ces oeuvres.
Peut-êtren pour Candide, parce que c'est une oeuvre courte et jugée plus "facile". Je me suis souvent posée la question de savoir pourquoi les profs n'étudiaient pas "Mahomet", moi aussi, probablement pour ne pas choquer.
Mais pour moi "Mahomet" serait, en tant qu'oeuvre de Voltaire, à ranger dans les "classiques". On a le choix, il y en a tant!
Peut-êtren pour Candide, parce que c'est une oeuvre courte et jugée plus "facile". Je me suis souvent posée la question de savoir pourquoi les profs n'étudiaient pas "Mahomet", moi aussi, probablement pour ne pas choquer.
Mais pour moi "Mahomet" serait, en tant qu'oeuvre de Voltaire, à ranger dans les "classiques". On a le choix, il y en a tant!
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- InvitéInvité
Peut-êtren pour Candide, parce que c'est une oeuvre courte et jugée plus "facile". Je me suis souvent posée la question de savoir pourquoi les profs n'étudiaient pas "Mahomet", moi aussi, probablement pour ne pas choquer.
La réponse est souvent dans les rayons des libraires:
- Y a-t-il un Profil pour Mahomet?
- Quel conte de Voltaire est mis en avant dans les rayons?
- StromboliNiveau 1
Camille a écrit:Alors là, Stromboli (j'adore ton pseudo, d'ailleurs), tout à fait, mais tout à fait d'accord ! Je ne changerais pas un mot à ce que tu as dit !!!
C'est trop gentil, même si je me doutais bien que tu ne pourrais pas manquer d'abonder dans mon sens au vu de tes propres mouvements d'humeur sur d'autres sujets ("je suis trop dégoûtée" ou un truc comme ça). (Moi aussi, j'aime bien mon pseudo).
Pour en rajouter une couche, ce qui m'étonne, c'est de voir de jeunes collègues reprendre le flambeau des anciens et inscrire Candide eux aussi sur leur descriptif : raison pour laquelle je parle de "contagion".
L'autre élément qui m'exaspère, c'est que paradoxalement les programmes nous donnent plus de liberté depuis qu'aucune oeuvre ne nous est imposée, et que le résultat, si l'on analyse les descriptifs (en tout cas ceux qu'ils m'arrive d'avoir en main), tient à une uniformité d'autant plus absurde qu'elle n'est pas encouragée par l'institution (ni l'inspection régionale ou générale, ni les IO), voire qu'elle se fait contre l'institution (je ne parle pas ici de notre bien-aimé président et de ses critiques sur la Princesse de Clèves).
Heureusement que nous faisons étudier Rhinocéros ou les philosophes des Lumières, espérons au moins que nos élèves retiendront la leçon sur les dangers du conformisme ou la nécessité d'un esprit critique affuté.
Parce que nous, visiblement...
- InvitéInvité
Cela dit, j'ai trouvé Matin brun (que j'étudiais en 3e) en OI argumentation sur une liste de S et j'aurais préféré Candide...
- CarabasVénérable
Dans un sens, je comprends Camille : l'intérêt de la littérature réside dans sa diversité et il est difficile de prôner la diversité culturelle, de lutter contre le conformisme quand soi-même on rabâche les mêmes oeuvres tout au long de sa carrière, mais il y a quand même un patrimoine à connaître, sans quoi une infinité de références nous échappent. Faire sa scolarité sans passer par Candide-Dom Juan-Les Fleurs du Mal me paraît quand même dommage.
- InvitéInvité
Je ne sais si je sors ou non des sentiers battus, mais Bajazet marchait très très bien avec mes 2des et mes 1es. De nombreuses nouvelles de Balzac passent bien (mais je les trouve moins bonnes que celles de Maupassant, du strict point de vue littéraire). Je recommande aussi Enfance, de Tolstoï (vite lu, et plein d'exemples pour les dissert !... les élèves en sont toujours reconnaissants !)
Quant aux oeuvres étrangères (cf. message précédent de Stromboli), je suis surprise qu'on vous les déconseille : je n'ai jamais entendu ce discours chez mes IPR/IG. Mes Shakespeare, mes Brontë, mon Calderon, mon Schiller et mes (extraits) de Pétrarque passaient très bien, sur mes listes de bac, et on ne m'a jamais fait de problème, ni de remarque. Ouf !...
Quant aux oeuvres étrangères (cf. message précédent de Stromboli), je suis surprise qu'on vous les déconseille : je n'ai jamais entendu ce discours chez mes IPR/IG. Mes Shakespeare, mes Brontë, mon Calderon, mon Schiller et mes (extraits) de Pétrarque passaient très bien, sur mes listes de bac, et on ne m'a jamais fait de problème, ni de remarque. Ouf !...
- InvitéInvité
Une année, j'ai fait Le Siège de Numance, de Cervantès. Pas mal. (éd. Acte Sud)
- InvitéInvité
J'ai dû avoir le même IPR que Stromboli car le dernier IPR qui est venu me voir n'aimait pas non plus que l'on fasse étudier des oeuvres étrangères, hélas !
- ysabelDevin
Je fais souvent des oeuvres étrangères en cursive ; j'avoue que ça me gêne un peu de faire une explication de texte sur une traduction, aussi bonne soit-elle.
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- evaNiveau 5
La prof que j'ai remplacée cette année faisait étudier La Dentellière de Lainé à ses secondes. Je n'en avais jamais entendu parler
Mais ce fut finalement une découverte sympathique
Mais ce fut finalement une découverte sympathique
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