Page 3 sur 5 • 1, 2, 3, 4, 5
- ElyasEsprit sacré
Honchamp a écrit:Elyas a écrit:
Ce type de travail se fait évidemment aussi sur document unique. Je n'ai pas de scans des travaux de ces derniers jours de mes 4e sur leurs textes personnels sur le Manifeste du Parti communiste et sur l'Encyclique Rerum novarum mais j'initie mes élèves à l'analyse en profondeur d'un document avec contextualisation et mobilisation des connaissances pour mettre en perspective le texte du document et ses informations (si tu veux, pour ne pas paraître pour un menteur, je peux vendredi soir poster les textes de plusieurs cahiers de mes élèves).
Le danger est de ne pas donner un sens global et cohérent au prélèvement d'informations. Or, les méthodes issues des programmes de 1996 aboutissaient à cela. Nous avons été assez nombreux à le comprendre avec la rupture engendrée par les programmes de 2008. D'ailleurs, les programmes de 2016 avec les compétences Pratiquer différents langages de l'HG et Analyser et comprendre un document associés à Raisonner, justifier une démarche et les choix effectués poursuit cet objectif.
Je te crois, Elyas, sur ce que tu fais en 4ème !
Mais comme tu ne parles jamais de ces travaux sur document unique, et que tu fustiges certains aspects du travail avec les documents, je me demandais si tu en faisais.
Le travail sur document unique permet aussi de travailler davantage sur la source, et d'essayer de développer un peu de sens critique.
Je ne te cache pas que je suis ravi de lire quelqu'un défendre le document unique. Combien de fois ai-je entendu en salle des professeurs, en réunion, en animation de bassin et en formation, les collègues fustiger ceci, ne jurant que par la confrontation de documents ? Trop souvent et trop souvent de la part d'une personne très expansive et charismatique alors qu'en parlant avec les gens plus calmes et moins interventionnistes, on découvre que c'est bien plus développé que ça. Pour moi, je mets les pieds dans le plat mais je m'en fiche, c'est une bonne pratique à faire aussi souvent que possible en alternance avec la confrontation de documents. Ces deux démarches n'ont pas les mêmes objectifs ni les mêmes intérêts tout en étant toutes les deux très positives.
- ElaïnaDevin
A Tuin a écrit:VanGogh59 a écrit:Très clairement, le gros problème qui se pose de mon point de vue tient plutôt d'une méconnaissance de plus en plus inquiétante des règles de français : l'orthographe est une catastrophe (même les très bons élèves en font aujourd'hui), la grammaire et la syntaxe sont souvent bien maltraitées, certains ignorent les accents et la ponctuation semble complètement oubliée. Il y a beaucoup de fainéantise dans l'apprentissage des leçons mais j'ai l'impression de passer de plus en plus de temps à leur apprendre à écrire correctement...
Réponse mitigée pour ma part : en lycée pro, les trois quarts du temps les mauvaises notes en histoire-géo, il n'y a pas de mystère : c'est qu'à la base la leçon n'est pas sue, pas comprise, pas même remémorée.
S'ils ne prennent pas la peine d'ouvrir le cahier pour apprendre déjà, à la base, il n'y a pas de miracle dans cette matière. C'est beaucoup plus binaire qu'en français ! Tu apprends, tu peux envisager la moyenne et/ou une bonne note. Tu n'apprends pas, c'est la tôle assurée.
même constat ici.
Avec mes secondes, j'applique l'interro sur cours toutes les deux semaines (j'y passe 30 minutes de l'heure d'EMC... quoi, apprendre de l'histoire, ça forme des citoyens non ? ). Interro bête et méchante sur le cours (quelle est la date de machin, définissez bidule, qui est untel etc). La moyenne de l'interro est en général autour de 7 ou 8. Ils n'apprennent même pas et chaque lundi (je les ai en HG juste avant) ils posent TOUJOURS la question "y'a interro tout à l'heure ?". Ils ne font même pas l'effort d'apprendre, se prennent des tôles en permanence et ne se remuent toujours pas les fesses.
En plus, non seulement il faut apprendre, mais en plus il faut savoir écrire. Donc, en général, les élèves médiocres et feignants ont des moyennes cataxtrophiques en HG.
- JaneMonarque
Je viens de lire attentivement tous les posts de ce topic.
Je n'enseigne pas l'HG mais le français, et mon désarroi est grand. Il y a plusieurs années que je n'ai pas eu de 6e, mais je me souviens très bien de ma stupéfaction face à leurs écrits. Outre la pauvreté du vocabulaire, la brièveté des écrits produits, les erreurs syntaxiques, orthographiques, on trouve l'absence de ponctuation, de majuscules, une graphie très aléatoire. Un certain nombre d'entre eux progresse plus ou moins, mais un grand nombre végète. La faute à qui, la faute à quoi ?
[mode nostalgie on]
La faute au primaire ? De mon temps , c'était lignes d'écriture dans les petites classes, analyse grammaticale, vocabulaire, écriture, orthographe... Et rédaction ! Le sport, le dessin, c'était quand on avait le temps, et si on avait fait ce que l'instit avait prévu de faire. Pas des horaires saucissonnés comme les EDT de collège (et dont mes enfants ont bénéficié). On avait aussi beaucoup de maths, d'histoire-géo, et des sciences (a contrario, je me souviens que mon fils, en CM1, avait... 10 matières).
La faute au collège ? Certainement aussi. La séquencea été est une aberration qui continue de faire d'immenses dégâts. Les élèves ont perdu le sens de ce qu'on leur enseigne. De mon temps c'était français tous les jours (on avait, si mes souvenirs sont exacts, 7h en classe entière et 1h en 1/2 groupe); un jour orthographe, l'autre grammaire, écriture le suivant, lecture etc...
Enfin, une dernière remarque: nous (je ?) travaillions. Leçons apprises, devoirs systématiques à faire (et il ne fallait pas se risquer à ne pas les faire...).
[Mode nostalgie off]
Qui ne maîtrise pas les fondamentaux de sa langue maternelle va au-delà d'immenses difficultés. En HG, de fait, les élèves étant amenés à rédiger, c'est particulièrement frappant. Je vous invite à vous tourner vers vos collègues de lettres pour qu'ils vous fassent lire les rédactions des élèves; c'est édifiant.
Je n'enseigne pas l'HG mais le français, et mon désarroi est grand. Il y a plusieurs années que je n'ai pas eu de 6e, mais je me souviens très bien de ma stupéfaction face à leurs écrits. Outre la pauvreté du vocabulaire, la brièveté des écrits produits, les erreurs syntaxiques, orthographiques, on trouve l'absence de ponctuation, de majuscules, une graphie très aléatoire. Un certain nombre d'entre eux progresse plus ou moins, mais un grand nombre végète. La faute à qui, la faute à quoi ?
[mode nostalgie on]
La faute au primaire ? De mon temps , c'était lignes d'écriture dans les petites classes, analyse grammaticale, vocabulaire, écriture, orthographe... Et rédaction ! Le sport, le dessin, c'était quand on avait le temps, et si on avait fait ce que l'instit avait prévu de faire. Pas des horaires saucissonnés comme les EDT de collège (et dont mes enfants ont bénéficié). On avait aussi beaucoup de maths, d'histoire-géo, et des sciences (a contrario, je me souviens que mon fils, en CM1, avait... 10 matières).
La faute au collège ? Certainement aussi. La séquence
Enfin, une dernière remarque: nous (je ?) travaillions. Leçons apprises, devoirs systématiques à faire (et il ne fallait pas se risquer à ne pas les faire...).
[Mode nostalgie off]
Qui ne maîtrise pas les fondamentaux de sa langue maternelle va au-delà d'immenses difficultés. En HG, de fait, les élèves étant amenés à rédiger, c'est particulièrement frappant. Je vous invite à vous tourner vers vos collègues de lettres pour qu'ils vous fassent lire les rédactions des élèves; c'est édifiant.
- Spoiler:
- Mes premières années d'enseignement, fin des années 90/début 2000, j'étais dans un établissement difficile; pas très difficile, mais pas des plus simples non plus, avec pas mal de misère sociale. Pour pouvoir comprendre les rédactions de mes élèves, je devais m'enregistrer en lisant à voix haute ce qu'ils avaient écrit; l'orthographe, la syntaxe, la grammaires étaient si désastreuses que c'était incompréhensible et seule la lecture à voix haute puis l'écoute me permettaient de comprendre...
_________________
"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- Luigi_BGrand Maître
J'avais posté des copies de 3e prises au hasard d'un brevet blanc en éducation prioritaire (là où les difficultés en histoire-géographie sont plus marquées encore, selon le rapport) pour que les gens réalisent où nous en sommes.
_________________
LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- JaneMonarque
Inutile d'aller jusqu'en éducation prioritaire pour lire de telles horreurs (si au moins on pouvait se retrancher derrière l'idée que éducation prioritaire = élèves en immense difficulté VS collège lambda = élèves qui réussissent ...).
Je mettrai des clichés de quelques copies de rédaction de 4e tout à l'heure: du pire, et du meilleur (dans la même classe, histoire de...).
Je mettrai des clichés de quelques copies de rédaction de 4e tout à l'heure: du pire, et du meilleur (dans la même classe, histoire de...).
_________________
"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- ElaïnaDevin
On peut jouer au musée des horreurs, j'ai des copies de secondes et de terminales ST2S à corriger...
_________________
It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- A TuinVénérable
lol. Elle est encore bonne cette copie, vus plaisantez ? Elle est mauvaise, mais en LP il y a bien pire régulièrement. Il y en a sans syntaxe, sans ponctuation, sans rien. C'est autrement plus incompréhensible, c'est le cran supérieur. Les élèves concernés sont dans l'illettrisme, mais à leur âge on peu se demander effectivement comment ils ont pu en arriver là, à une telle vacuité.
- ElaïnaDevin
A Tuin a écrit:lol. Elle est encore bonne cette copie, vus plaisantez ? Elle est mauvaise, mais en LP il y a bien pire régulièrement. Il y en a sans syntaxe, sans ponctuation, sans rien. C'est autrement plus incompréhensible, c'est le cran supérieur. Les élèves concernés sont dans l'illettrisme, mais à leur âge on peu se demander effectivement comment ils ont pu en arriver là, à une telle vacuité.
je me pose la question à chaque fois que je vois certaines de mes terminales ST2S. Et j'ai très très peur de les retrouver comme aide-soignante à l'hôpital... y'en a certaines qui sont incapables de faire la différence entre un siècle et dix ans, alors j'aurais pas tellement confiance en leur capacité à administer des doses de médicaments...
- Luigi_BGrand Maître
C'est effectivement la graphie qui est l'indice le plus spectaculaire de cette dégradation.
_________________
LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- fifi51Fidèle du forum
Je dois avouer que je n'ai regardé que le graphique sans lire l'étude.
Mais je me pose cette question: l'augmentation des élèves en difficulté ne correspond elle pas à la diminution du nombre de redoublements au collège ?
Mais je me pose cette question: l'augmentation des élèves en difficulté ne correspond elle pas à la diminution du nombre de redoublements au collège ?
_________________
Oui, j'ai un clavier Fisher Price pour l'instant !
- A TuinVénérable
Elaïna a écrit:A Tuin a écrit:lol. Elle est encore bonne cette copie, vus plaisantez ? Elle est mauvaise, mais en LP il y a bien pire régulièrement. Il y en a sans syntaxe, sans ponctuation, sans rien. C'est autrement plus incompréhensible, c'est le cran supérieur. Les élèves concernés sont dans l'illettrisme, mais à leur âge on peu se demander effectivement comment ils ont pu en arriver là, à une telle vacuité.
je me pose la question à chaque fois que je vois certaines de mes terminales ST2S. Et j'ai très très peur de les retrouver comme aide-soignante à l'hôpital... y'en a certaines qui sont incapables de faire la différence entre un siècle et dix ans, alors j'aurais pas tellement confiance en leur capacité à administer des doses de médicaments...
J'ai chaque année à peu près, en deuxième année de CAP ou terminale bac pro, un specimen doté d'une culture zéro abyssale. Des personnalités,des faits de base qu'ils ne connaissent pas. Je fais ce test assez souvent, je déchante chaque fois plus. C'est juste inimaginable d'arriver à 18 ans sans savoir des choses juste, basiques. Qu'un petit enfant de 5 ans normalement élevé et constitué peut être capable de connaître, limite. A ce niveau là, je pense qu'il y a aussi des carences éducatives très importantes.
- DaphnéDemi-dieu
Fesseur Pro a écrit:Et ce n'est pas le cas dans les autres matières ?Luigi_B a écrit:Un élève sur cinq (21%) en grande difficulté* en histoire-géographie-EC en fin de collège, en forte hausse entre 2006 et 2012 (+40%).
Les élèves "perdus" chez moi le sont également dans les autres disciplines.
Mais bien sûr ! Vous imaginez ce qu'on a en LV, de la part d'élèves qui ne connaissent pas leur propre langue !
- A TuinVénérable
Moi je pensais surtout au latin : je me dis qu'il ne doit plus pouvoir être enseigné comme j'ai connu la chose il y a 20-25 ans. Vu que beaucoup d'élèves doivent avoir du mal à repérer en français un COD, un verbe, un COI etc, comment font-ils pour seulement comprendre le principe de la déclinaison, et ensuite pour l'appliquer ? Ils doivent ne rien comprendre et faire le cirque en classe en dérangeant les quelques qui savent non ? A l'époque quand on faisait latin on était tranquilles, entre élèves qui comprenaient et savaient se comporter. Je me dis que cela ne doit plus être ainsi....
- DaphnéDemi-dieu
A Tuin a écrit:Moi je pensais surtout au latin : je me dis qu'il ne doit plus pouvoir être enseigné comme j'ai connu la chose il y a 20-25 ans. Vu que beaucoup d'élèves doivent avoir du mal à repérer en français un COD, un verbe, un COI etc, comment font-ils pour seulement comprendre le principe de la déclinaison, et ensuite pour l'appliquer ? Ils doivent ne rien comprendre et faire le cirque en classe en dérangeant les quelques qui savent non ? A l'époque quand on faisait latin on était tranquilles, entre élèves qui comprenaient et savaient se comporter. Je me dis que cela ne doit plus être ainsi....
Ceux-là font-ils du latin ?
Alors qu'en LV on les a tous.....y compris en SEGPA............ et ceux qui devraient y être.
Le tout dans des classes hétérogènes
- Ventre-Saint-GrisNiveau 10
Elyas a écrit:Comme on en est à montrer des copies, voici ce qu'un élève formé aux consignes globales et à l'écriture peut produire en 6e dès novembre en une heure (c'est un élève moyen) avant correction (et oui, il y a des fautes) :
Alors, évidemment, on est loin du cours dialogué et selon certains, ces pratiques sont du pédagogisme excessif. Le principal problème est que les élèves n'écrivent pas assez au primaire et au collège. Comment voulez-vous former intellectuellement des gens sans les faire pratiquer l'écriture ?
:lol:
Mais c'est hénaurme !
La copie d'un élève moyen de sixième ? Au mois de novembre ? Avant correction ? Faut-il penser que deux mois de formation "aux consignes globales et à l'écriture" pèsent davantage que le fait que tu sois dans un établissement très privilégié, accueillant des élèves ayant suivi une scolarité primaire d'une qualité devenue rare ?
As-tu la moindre idée de l'énergie et du temps qu'il faut pour qu'un élève moyen de REP acquière quelques réflexes basiques de ponctuation, d’orthographe, de syntaxe ? Ne serait-ce pour qu'il commence à recopier correctement quelques mots qu'il a sous le nez ?
Pourquoi donc, quand tes qualités professionnelles sont si largement reconnues, mettre toujours une telle outrance dans tes propos ? Parce qu'il ne s'agit plus là de douter de pratiques taxées de "pédagogisme excessif", mais de prendre un temps de réflexion avant d'adhérer à un culte thaumaturgique.
- Ventre-Saint-GrisNiveau 10
Jane a écrit:Enfin, une dernière remarque: nous (je ?) travaillions. Leçons apprises, devoirs systématiques à faire (et il ne fallait pas se risquer à ne pas les faire...).
Voilà pour moi l'essentiel.
La faillite de notre école est avant tout une faillite éducative. Je suis devenu prof en 2002, et j'ai été surpris, les premières années, de voir que le mot "effort" semblait banni des débats sur l'école. Les réflexions d'ordre didactique ou pédagogique pourraient me passionner si elle ne m'apparaissaient pas autant comme des moyens de cacher la misère, en déplaçant les problèmes.
J'illustre en revenant à ma marotte : l'application progressive de la loi de 56 (en commençant par l'éducation prioritaire, évidemment) et la suppression égalitariste du travail à la maison.
Ma seconde fille, en CE2. L'année dernière, j'étais enchanté de constater qu'elle identifiait avec sûreté le déterminant (pas taper), le nom, l'adjectif, le verbe.
Un an plus tard, avec une enseignante qui ne donne jamais rien d'autre que de petites choses à apprendre, je la vois ruminer sans entrain deux phrases pauvrettes sur l'adjectif qualificatif. Évidemment, sans la moindre activité d'application. Serait-ce si dévastateur que de demander aux enfants de réactiver ce qu'ils ont travaillé dans la journée, avec quelques adjectifs à relever dans un texte simple, associés aux noms auxquels ils se rapportent ? Avec quelques adjectifs à accorder ? Non, non, inégalitaire qu'on a dit.
Le peu que ma fille doit faire, elle le fait désormais en soupirant d'ennui : elle apprend quelques règles de grammaire ou de mathématiques hors-sol, sans rien y comprendre finalement. Et effectivement, elle ne savait plus ce qu'était un adjectif, avait oublié ce qu'elle savait un an auparavant. Heureusement que son père était là.
Jamais eu le moindre bout de texte à écrire... Seuls les parents avertis, et qui ne font pas confiance à l'institution, peuvent s'assurer de la progression de leur enfant, puisqu'il n'est plus habituel de voir l'enfant penché sur un cahier et qu'on a largement cassé le lien naturel qui existait entre l'école et la famille, celui du temps passé par le gamin sur un coin de table.
Comment veut-on ensuite que les enfants qui arrivent en sixième à onze ans, après tant d'années d'école, soient capables de satisfaire la commande d'un cahier de textes et se sentent en confiance quand ils se retrouvent seuls devant une tâche à accomplir ? On ne les a pas déterminés à cela. On en a fait des consommateurs sans aucun sens des responsabilités, puisque la responsabilité de l'échec revient invariablement aux pratiques pédagogiques, individuelles ou collectives.
La FCPE a la solution : supprimons au collège le travail à la maison.
- JaneMonarque
Ventre-Saint-Gris a écrit:Jane a écrit:Enfin, une dernière remarque: nous (je ?) travaillions. Leçons apprises, devoirs systématiques à faire (et il ne fallait pas se risquer à ne pas les faire...).
Voilà pour moi l'essentiel.
La faillite de notre école est avant tout une faillite éducative. Je suis devenu prof en 2002, et j'ai été surpris, les premières années, de voir que le mot "effort" semblait banni des débats sur l'école. Les réflexions d'ordre didactique ou pédagogique pourraient me passionner si elle ne m'apparaissaient pas autant comme des moyens de cacher la misère, en déplaçant les problèmes.
J'illustre en revenant à ma marotte : l'application progressive de la loi de 56 (en commençant par l'éducation prioritaire, évidemment) et la suppression égalitariste du travail à la maison.
Ma seconde fille, en CE2. L'année dernière, j'étais enchanté de constater qu'elle identifiait avec sûreté le déterminant (pas taper), le nom, l'adjectif, le verbe.
Un an plus tard, avec une enseignante qui ne donne jamais rien d'autre que de petites choses à apprendre, je la vois ruminer sans entrain deux phrases pauvrettes sur l'adjectif qualificatif. Évidemment, sans la moindre activité d'application. Serait-ce si dévastateur que de demander aux enfants de réactiver ce qu'ils ont travaillé dans la journée, avec quelques adjectifs à relever dans un texte simple, associés aux noms auxquels ils se rapportent ? Avec quelques adjectifs à accorder ? Non, non, inégalitaire qu'on a dit.
Le peu que ma fille doit faire, elle le fait désormais en soupirant d'ennui : elle apprend quelques règles de grammaire ou de mathématiques hors-sol, sans rien y comprendre finalement. Et effectivement, elle ne savait plus ce qu'était un adjectif, avait oublié ce qu'elle savait un an auparavant. Heureusement que son père était là.
Jamais eu le moindre bout de texte à écrire... Seuls les parents avertis, et qui ne font pas confiance à l'institution, peuvent s'assurer de la progression de leur enfant, puisqu'il n'est plus habituel de voir l'enfant penché sur un cahier et qu'on a largement cassé le lien naturel qui existait entre l'école et la famille, celui du temps passé par le gamin sur un coin de table.
Comment veut-on ensuite que les enfants qui arrivent en sixième à onze ans, après tant d'années d'école, soient capables de satisfaire la commande d'un cahier de textes et se sentent en confiance quand ils se retrouvent seuls devant une tâche à accomplir ? On ne les a pas déterminés à cela. On en a fait des consommateurs sans aucun sens des responsabilités, puisque la responsabilité de l'échec revient invariablement aux pratiques pédagogiques, individuelles ou collectives.
La FCPE a la solution : supprimons au collège le travail à la maison.
Toutafé.
Fille Dernière (CM2... oui, je sais elle rentre en 6e avec la merveilleuse réforme) a écopé d'une maîtresse partisane du moindre effort (pour la première année depuis ses débuts en maternelle), ce qui est tout à fait dans la mouvance pédagogiste excessif du moment. Le plus gros travail de la semaine, c'est apprendre son autodictée (5 malheureuses lignes). Elle a lu deux livres, appris les fractions (mais pas les nombres à virgules) et le futur antérieur (mais pas le passé simple), travaillé la concordance des temps (sans passé simple, c'est plutôt étrange), et totalise deux productions d'écrit depuis la rentrée de septembre. En revanche, elle a fait cuisine et jardinage (ce qui ne me semble pas fondamental), appris plusieurs chansons, et fait une fresque en peinture à la bombe comme un tag.
Par chance, Fille Dernière est une bosseuse. Tous les soirs, elle apprend ses leçons, enfin, le peu de leçons qu'elle a. Mais pfffffff, c'est pas juste...
_________________
"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- RoninMonarque
Ben oui. Mais quand tu proposes un programme exigeant dans le primaire tu te fais traiter de facho et on te rit au nez. Jusqu' au sommet du ministère. Il suffit de regarder les programmes de français de cycle 3. Pour moi c'est un crachat à la face des élèves, de leurs parents, des enseignants, de la Nation.
Mais bon, je suis un vieux con et je l'assume.
Mais bon, je suis un vieux con et je l'assume.
_________________
- JaneMonarque
Vu l'ineptie du cycle 4 avec Collège2016, on ne change pas une équipe qui gagne. De bonnes têtes de vainqueurs.
_________________
"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- Ventre-Saint-GrisNiveau 10
Ronin a écrit:Ben oui. Mais quand tu proposes un programme exigeant dans le primaire tu te fais traiter de facho et on te rit au nez. Jusqu' au sommet du ministère. Il suffit de regarder les programmes de français de cycle 3. Pour moi c'est un crachat à la face des élèves, de leurs parents, des enseignants, de la Nation.
Mais bon, je suis un vieux con et je l'assume.
Oui, et si ça me gonfle de voir comment on peut amuser mes gosses certaines années, je ne suis jamais aussi révolté que face à mes élèves de REP. Ils avaient tout ce qu'il fallait entre les oreilles, avaient d'autant plus besoin que l'école leur offre un cadre structurant, pour pousser droit, qu'ils manquaient de direction chez eux. Mais puisque l'école leur a dit pendant tant d'années que tout allait bien en les confinant dans un état de semi-illettrisme...
Un classique : le parent d'élève de cinquième ou de quatrième constatant le carnage (quand on évalue encore de façon à le rendre visible), et demandant : "Mais qu'est-ce qu'on peut faire, nous ?"
Ce même parent que l'on a déclaré inapte en décidant qu'on ne pouvait pas lui demander de cadrer un temps d'apprentissage régulier à la maison, au moment où tout commençait, où il fallait ensemencer tout ce dont son enfant se nourrirait ensuite.
Ce n'est pourtant pas si sorcier... Un enseignement exigeant, mettant toute sa foi dans le potentiel des enfants. Des études dirigées obligatoires pour les élèves en difficulté / ne faisant pas leur boulot à la maison (plutôt que des activités périscolaires à deux balles...). Une différenciation éclairée qui ne considère pas comme mortifère de donner plus à ceux qui ont plus d'appétit.
Une détection et une remédiation systématiques, par l'institution, des dys- et autres problèmes orthoptiques (non mais quel scandale là encore...).
Et à partir de ce moment, commençons à nous écharper gaiement sur les questions pédagogiques.
- OlympiasProphète
Ventre-Saint-Gris a écrit:Ronin a écrit:Ben oui. Mais quand tu proposes un programme exigeant dans le primaire tu te fais traiter de facho et on te rit au nez. Jusqu' au sommet du ministère. Il suffit de regarder les programmes de français de cycle 3. Pour moi c'est un crachat à la face des élèves, de leurs parents, des enseignants, de la Nation.
Mais bon, je suis un vieux con et je l'assume.
Oui, et si ça me gonfle de voir comment on peut amuser mes gosses certaines années, je ne suis jamais aussi révolté que face à mes élèves de REP. Ils avaient tout ce qu'il fallait entre les oreilles, avaient d'autant plus besoin que l'école leur offre un cadre structurant, pour pousser droit, qu'ils manquaient de direction chez eux. Mais puisque l'école leur a dit pendant tant d'années que tout allait bien en les confinant dans un état de semi-illettrisme...
Un classique : le parent d'élève de cinquième ou de quatrième constatant le carnage (quand on évalue encore de façon à le rendre visible), et demandant : "Mais qu'est-ce qu'on peut faire, nous ?"
Ce même parent que l'on a déclaré inapte en décidant qu'on ne pouvait pas lui demander de cadrer un temps d'apprentissage régulier à la maison, au moment où tout commençait, où il fallait ensemencer tout ce dont son enfant se nourrirait ensuite.
Ce n'est pourtant pas si sorcier... Un enseignement exigeant, mettant toute sa foi dans le potentiel des enfants. Des études dirigées obligatoires pour les élèves en difficulté / ne faisant pas leur boulot à la maison (plutôt que des activités périscolaires à deux balles...). Une différenciation éclairée qui ne considère pas comme mortifère de donner plus à ceux qui ont plus d'appétit.
Une détection et une remédiation systématiques, par l'institution, des dys- et autres problèmes orthoptiques (non mais quel scandale là encore...).
Et à partir de ce moment, commençons à nous écharper gaiement sur les questions pédagogiques.
- InvitélhbNiveau 5
Ronin a écrit:Ben oui. Mais quand tu proposes un programme exigeant dans le primaire tu te fais traiter de facho et on te rit au nez. Jusqu' au sommet du ministère. Il suffit de regarder les programmes de français de cycle 3. Pour moi c'est un crachat à la face des élèves, de leurs parents, des enseignants, de la Nation.
Mais bon, je suis un vieux con et je l'assume.
Et surtout ne change rien. Grâce à mes instituteurs exigeants de primaire ( oui c'était les années 70 ) j'ai pu faire une excellente scolarité au collège alors que mes parents ne pouvaient absolument pas m'aider. Idem pour le lycée : c'est grâce à mes profs exigeants...
- AjupouetFidèle du forum
Naaaaan, sérieux? On en est là? :shock:Ventre-Saint-Gris a écrit:La FCPE a la solution : supprimons au collège le travail à la maison.
_________________
Enfants, adolescents, adultes : il n'est jamais trop tard pour restaurer son geste d'écriture.
www.sos-ecriture.com - Facebook
- InvitélhbNiveau 5
Ajupouet,
Je comprends ta réaction. Mais en ce qui me concerne, mes élèves de 6eme n'ont pratiquement plus de devoirs à la maison. Trop de devoirs faits par les parents vs ceux qui n'ont personne pour les aider.
Je comprends ta réaction. Mais en ce qui me concerne, mes élèves de 6eme n'ont pratiquement plus de devoirs à la maison. Trop de devoirs faits par les parents vs ceux qui n'ont personne pour les aider.
- fifi51Fidèle du forum
Luigi_B a écrit:Mais c'est parfait pour l'évaluation par compétences transversales, ça !Aponie a écrit:Même chose de mon côté : me suis transformé en correcteur plus qu'en professeur d'histoire-géographie, et la moitié de mes appréciations et de mes commentaires portent sur l'expression écrite.
A relire cet exemple où le français est évalué autant que l'histoire, et positivement bien sûr.
Est ce moi ?
Car je ne comprends pas la correction effectuée sur la ligne 7 :
Il n 'y avait : je dirais "ils n'avaient"
- A TuinVénérable
Enfin bref, moi tout cela me fait peur et me stresse à l'idée de mes enfants quand ils vont grandir, pour qu'ils puissent réussir comme il faut.
Si la société tournait rond chaque parent devrait déjà avoir ce souci premier et se préoccuperait de fait de ce qui se fait en classe, et en termes de devoirs à la maison.
Si la société tournait rond chaque parent devrait déjà avoir ce souci premier et se préoccuperait de fait de ce qui se fait en classe, et en termes de devoirs à la maison.
Page 3 sur 5 • 1, 2, 3, 4, 5
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum