- JPhMMDemi-dieu
Merci pour cette réponse.Elyas a écrit:La géographie physique a aussi souffert du fait qu'à un moment, pour faire sérieux, la géographie a tenté de pirater des pans entiers de la géologie et de l'hydrologie. La greffe n'a pas pris. Surtout suite à certaines thèses...
Doit-on en déduire que l'interdisciplinarité (géographie/SVT par exemple) pourrait réinjecter la géographie physique dans les enseignements à terme ?
- ElyasEsprit sacré
JPhMM a écrit:Merci pour ces réponses.Guillaume le Grand a écrit:JPhMM a écrit:Ah mais je n'ai pas dit que je ne comprends pas qu'ils ne connaissent pas amont/aval, j'ai indiqué mon étonnement à l'affirmation "je n'aborde pas amont/aval". C'est très différent.Nannnie a écrit:Moi aussi en 6e, je ne comprends pas que les élèves ne sachent pas placer les océans et les continents. Pourtant, je n'incrimine pas mes collègues PE. Je suis déjà contente d'avoir des élèves qui sachent lire, écrire et compter (à peu près).
Après, j'ai aussi du mal avec des lycéens qui ne savent pas faire des pourcentages mais là encore je ne fais aucun procès à mes collègues de maths, je réexplique et on passe à autre chose.
Je n'ai d'ailleurs jamais dit qu'il ne fallait faire que de la géographie physique. Mais bon, déformer un propos est plus simple qu'y répondre, apparemment (je ne parle pas de toi ici, tu l'auras compris).
C'est tout simplement que la géographie physique est en état de mort clinique depuis une trentaine d'années à l'université. Une grande partie de ses anciens thèmes de recherche ont été laissé à d'autres disciplines comme la géologie ou l'hydrologie. La seule héritière possible de la géographie physique reste peut-être la géographie environnementale, mais dans une approche complètement différente.
La géographie scolaire n'étant bien souvent qu'une adaptation de la géographie universitaire, il n'est pas illogique d'observer la disparition de la géographie physique, et donc de ses termes caractéristiques (amont, aval, adret, ubac, etc).
Les mathématiques enseignées en collège ont très peu de lien avec celles de l'université (et de la recherche mathématique actuelle en général), et cette disjonction se fait (à peu près) sans heurt. Sais-tu pourquoi la géographie scolaire est, a contrario, bien souvent une adaptation de la géographie universitaire ?
Elle s'adapte à la géographie universitaire avec des années de latence sur les thématiques. Cette adaptation existe en raison même de ce qu'est la géographie. Comme les espaces changent, mutent et que les pratiques géographies évoluent aussi, la géographie scolaire suit pour éviter d'être hors-sol et obsolète.
- JPhMMDemi-dieu
Je comprends, merci.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- BalthamosDoyen
elpenor a écrit:Franchement, faire passer JPhMM pour un débile, faut quand même le faire. Bref
Je ne cherche pas à faire passer quelqu'un de particulier pour un débile.
Je suis seulement las de me faire apprendre mon métier par des "citoyens éclairés".
Comme si la géographie à la maman était la seule qui vaille, la "vraie".
Mais oui, je m'emballe peut être un peu.
Enfin, question vocabulaire on peut l'enseigner d'une autre manière. Actuellement en 6e, il y a "habiter un espace à forte contrainte" (pourquoi pas montagne et vocabulaire s'y attenant).
Il y a deux points soulevés qui ne sont pas identiques : vocabulaire / géographie physique.
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- Spoiler:
- ElyasEsprit sacré
JPhMM a écrit:Merci pour cette réponse.Elyas a écrit:La géographie physique a aussi souffert du fait qu'à un moment, pour faire sérieux, la géographie a tenté de pirater des pans entiers de la géologie et de l'hydrologie. La greffe n'a pas pris. Surtout suite à certaines thèses...
Doit-on en déduire que l'interdisciplinarité (géographie/SVT par exemple) pourrait réinjecter la géographie physique dans les enseignements à terme ?
Pourquoi pas même si la géographie physique était un non-sens ou partait dans des dérives ridicules car les géographes, à une époque, pour des raisons de sérieux et de scientificité ont tenté de pirater, comme je le disais, la géologie et l'hydrologie.
En fait, la géographie environnementale est plus de la géographie que la géographie physique qui est de la géologie/climatologie/hydrologie déguisées.
- LaotziSage
Il n'y a quand même pas besoin d'avoir un chapitre de géographie physique pour aborder les notions d'amont et d'aval (qui sont quasiment des mots du langage courant, hors même de la géographie, rien à voir avec adret et ubac). Dès que l'on aborde la question de fleuves (en seconde donc autour de la question de la gestion de l'eau, mais à plein d'autres moments possibles), je ne vois pas bien comment on peut faire comprendre quelque chose aux élèves sans utiliser ces notions.
La séparation entre géo physique et humaine est d'ailleurs quand même quelque chose de largement dépassée depuis longtemps (à moins de faire de la géologie comme en khâgne - et encore je crois que désormais cela n'existe plus) mais toute géographie humaine prend en compte des notions de "géographie physique".
Je ne jette évidemment aucunement la pierre aux collègues de collège, je me doute que chacun fait aux mieux avec les contraintes de programme et ses élèves.
Les collègues de français doivent cependant s'arracher les cheveux lorsqu'ils étudient Cyrano de Bergerac : les notions de cap ou de péninsule sont inconnues de la plupart des entrants en seconde aujourd'hui (et je ne parle pas de baie, d'estuaire, de détroit... : mes terminales m'ont regardé avec les yeux ronds ce matin quand j'ai commencé à présenter Londres comme un port de fond d'estuaire).
La séparation entre géo physique et humaine est d'ailleurs quand même quelque chose de largement dépassée depuis longtemps (à moins de faire de la géologie comme en khâgne - et encore je crois que désormais cela n'existe plus) mais toute géographie humaine prend en compte des notions de "géographie physique".
Je ne jette évidemment aucunement la pierre aux collègues de collège, je me doute que chacun fait aux mieux avec les contraintes de programme et ses élèves.
Les collègues de français doivent cependant s'arracher les cheveux lorsqu'ils étudient Cyrano de Bergerac : les notions de cap ou de péninsule sont inconnues de la plupart des entrants en seconde aujourd'hui (et je ne parle pas de baie, d'estuaire, de détroit... : mes terminales m'ont regardé avec les yeux ronds ce matin quand j'ai commencé à présenter Londres comme un port de fond d'estuaire).
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"Trouvez donc bon qu'au lieu de vous dire aussi, adieu comme autrefois, je vous dise, adieu comme à présent."
- Guillaume le GrandFidèle du forum
JPhMM a écrit:Merci pour ces réponses.Guillaume le Grand a écrit:JPhMM a écrit:Ah mais je n'ai pas dit que je ne comprends pas qu'ils ne connaissent pas amont/aval, j'ai indiqué mon étonnement à l'affirmation "je n'aborde pas amont/aval". C'est très différent.Nannnie a écrit:Moi aussi en 6e, je ne comprends pas que les élèves ne sachent pas placer les océans et les continents. Pourtant, je n'incrimine pas mes collègues PE. Je suis déjà contente d'avoir des élèves qui sachent lire, écrire et compter (à peu près).
Après, j'ai aussi du mal avec des lycéens qui ne savent pas faire des pourcentages mais là encore je ne fais aucun procès à mes collègues de maths, je réexplique et on passe à autre chose.
Je n'ai d'ailleurs jamais dit qu'il ne fallait faire que de la géographie physique. Mais bon, déformer un propos est plus simple qu'y répondre, apparemment (je ne parle pas de toi ici, tu l'auras compris).
C'est tout simplement que la géographie physique est en état de mort clinique depuis une trentaine d'années à l'université. Une grande partie de ses anciens thèmes de recherche ont été laissé à d'autres disciplines comme la géologie ou l'hydrologie. La seule héritière possible de la géographie physique reste peut-être la géographie environnementale, mais dans une approche complètement différente.
La géographie scolaire n'étant bien souvent qu'une adaptation de la géographie universitaire, il n'est pas illogique d'observer la disparition de la géographie physique, et donc de ses termes caractéristiques (amont, aval, adret, ubac, etc).
Les mathématiques enseignées en collège ont très peu de lien avec celles de l'université (et de la recherche mathématique actuelle en général), et cette disjonction se fait (à peu près) sans heurt. Sais-tu pourquoi la géographie scolaire est, a contrario, bien souvent une adaptation de la géographie universitaire ?
La géographie scientifique a toujours vécu une sorte de crise identitaire, au moins en France, à cause de sa relation avec l'histoire. Les premiers géographes, sans remonter à Hérodote, mais au moins au XIXe, sont des historiens de formation, comme Vidal de La Blache. La géographie s'est longtemps perçue comme une science auxiliaire de l'histoire, un simple outil apte à donner un décor aux événements historiques.
Pour s'émanciper de cette tutelle historienne et sous l'influence du positivisme, la géographie a voulu se rapprocher des ''sciences dures'', considérées comme objectives, et elle s'est appropriée des thèmes de recherche que l'histoire ne pouvait lui contester. Elle s'est ainsi mise à étudier les fleuves, la formation des montagnes, oubliant parfois sa vocation première d'étude du rapport de l'homme à l'espace. Depuis les années 1980, il y a un net retour vers la dimension humaine, portée notamment par la géopolitique et la géographie culturelle (travaux de Jean-François Staszak ou Claval par exemple)
Pour revenir à la question initiale, la géographie avait besoin d'une légitimité scolaire dans son combat contre l'histoire, comme discipline scientifique, d'où le lien fort avec la géographie universitaire
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''C'est drôle comme les gens qui se croient instruits éprouvent le besoin de faire chier le monde''. Boris Vian
''Nous n'acceptons pas de vérité promulguée : nous la faisons nôtre d'abord par l'étude et par la discussion et nous apprenons à rejeter l'erreur, fut-elle mille fois estampillée et patentée. Que de fois, en effet, le peuple ignorant a-t-il dû reconnaître que ses savants éducateurs n'avaient d'autre science à lui enseigner que celle de marcher paisiblement et joyeusement à l'abattoir, comme ce boeuf des fêtes que l'on couronne de guirlandes en papier doré." Elisée Reclus
- BalthamosDoyen
JPhMM a écrit:Merci pour cette réponse.Elyas a écrit:La géographie physique a aussi souffert du fait qu'à un moment, pour faire sérieux, la géographie a tenté de pirater des pans entiers de la géologie et de l'hydrologie. La greffe n'a pas pris. Surtout suite à certaines thèses...
Doit-on en déduire que l'interdisciplinarité (géographie/SVT par exemple) pourrait réinjecter la géographie physique dans les enseignements à terme ?
Je ne sais pas.
C'est une idée intéressante mais je me méfierai du déterminisme. Pourquoi pas sur l'aménagement et l'adaptation aux différents espaces.
On a des points en commun avec les sciences, comme les risques (ou le DD), les ressources, etc.
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- Spoiler:
- JPhMMDemi-dieu
Je ne comprends pas les tensions (quasi systématiquement) provoquées par toute discussion sur la géographie ou l'histoire.Balthamos a écrit:elpenor a écrit:Franchement, faire passer JPhMM pour un débile, faut quand même le faire. Bref
Je ne cherche pas à faire passer quelqu'un de particulier pour un débile.
Je suis seulement las de me faire apprendre mon métier par des "citoyens éclairés".
Comme si la géographie à la maman était la seule qui vaille, la "vraie".
Mais oui, je m'emballe peut être un peu.
Enfin, question vocabulaire on peut l'enseigner d'une autre manière. Actuellement en 6e, il y a "habiter un espace à forte contrainte" (pourquoi pas montagne et vocabulaire s'y attenant).
Il y a deux points soulevés qui ne sont pas identiques : vocabulaire / géographie physique.
Il ne s'agit pas d'apprendre à un professeur de géographie de faire son métier. Vous me dites que la géographie physique a quasiment disparu des programmes de géographie, vous n'êtes pas responsables de cela en qualité de professionnels, ce n'est donc pas vous critiquer en tant que tels que de critiquer le programme de géographie, ou simplement en parler, de même que tout un chacun peut critiquer le programme de mathématiques, à tort ou à raison, et d'ailleurs les professeurs de mathématiques ne se privent pas pour le faire — et ils seraient sans doute ravis que les citoyens se penchent un peu plus sur lui. D'où mon incompréhension. Que je sais partager avec d'autres.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- kiwiGuide spirituel
JPhMM a écrit:C'est sûr. :lol:Sakei a écrit:Oui mais même en démocratie, toutes les opinions ne se valent pas... entre un professionnel et un citoyen..
D'ailleurs, comment peut-on oser laisser les non-professionnels de la politique voter ?
C'est bien ce qui est ennuyeux : que la politique soit devenue professionnelle. Ce qu'elle n'est pas à la base...
- JPhMMDemi-dieu
Merci à vous quatre pour vos réponses.
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Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- JPhMMDemi-dieu
Je suis bien d'accord.kiwi a écrit:JPhMM a écrit:C'est sûr. :lol:Sakei a écrit:Oui mais même en démocratie, toutes les opinions ne se valent pas... entre un professionnel et un citoyen..
D'ailleurs, comment peut-on oser laisser les non-professionnels de la politique voter ?
C'est bien ce qui est ennuyeux : que la politique soit devenue professionnelle. Ce qu'elle n'est pas à la base...
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- Isis39Enchanteur
JPhMM a écrit:Je ne comprends pas les tensions (quasi systématiquement) provoquées par toute discussion sur la géographie ou l'histoire.Balthamos a écrit:elpenor a écrit:Franchement, faire passer JPhMM pour un débile, faut quand même le faire. Bref
Je ne cherche pas à faire passer quelqu'un de particulier pour un débile.
Je suis seulement las de me faire apprendre mon métier par des "citoyens éclairés".
Comme si la géographie à la maman était la seule qui vaille, la "vraie".
Mais oui, je m'emballe peut être un peu.
Enfin, question vocabulaire on peut l'enseigner d'une autre manière. Actuellement en 6e, il y a "habiter un espace à forte contrainte" (pourquoi pas montagne et vocabulaire s'y attenant).
Il y a deux points soulevés qui ne sont pas identiques : vocabulaire / géographie physique.
Il ne s'agit pas d'apprendre à un professeur de géographie de faire son métier. Vous me dites que la géographie physique a quasiment disparu des programmes de géographie, vous n'êtes pas responsables de cela en qualité de professionnels, ce n'est donc pas vous critiquer en tant que tels que de critiquer le programme de géographie, ou simplement en parler, de même que tout un chacun peut critiquer le programme de mathématiques, à tort ou à raison, et d'ailleurs les professeurs de mathématiques ne se privent pas pour le faire — et ils seraient sans doute ravis que les citoyens se penchent un peu plus sur lui. D'où mon incompréhension. Que je sais partager avec d'autres.
Puisqu'on parle des programmes de maths, j'ai une question : les chiffres romains sont-ils encore au programme ? Car maintenant j'ai de plus en plus d'élèves qui ne savent pas les lire. Je les fais en introduction en début de 6e, mais il me semblait que c'était aussi fait en maths.
- SakeiNiveau 10
Laotzi a écrit:Il n'y a quand même pas besoin d'avoir un chapitre de géographie physique pour aborder les notions d'amont et d'aval (qui sont quasiment des mots du langage courant, hors même de la géographie, rien à voir avec adret et ubac)
Voilà c'est ce que je voulais dire.
Outre le fait que la géographie physique soit en état de mort clinique, amont/aval ça n'a rien de géographique, ça n'est pas une notion géographique, c'est juste du vocabulaire français.
Amont c'est avant, aval c'est après point... je ne vois pas ce que la géo vient faire là.
Il ne suffit pas de rajouter qu'être en amont du barrage sur tel fleuve c'est être avant le barrage pour que ça devienne géographique...
Ce qu'il y aurait éventuellement de géographique (et c'est pour ça que j'ai dis "à la papa" parce que la géographie pouvait étudier cela alors que c'était déjà étudié en géologie, hydrologie donc s'il y a déjà une science qui l'étudie c'est que ce n'est pas de la géographie... sauf si la géographie à vocation à être la science qui parle de tout) c'est de savoir qu'un fleuve prend sa source sur le continent et se jette dans la mer. Et là ça permet de savoir ensuite où est l'amont de l'aval puisqu'il faut bien être avant ou après quelque chose...
- VanGogh59Expert spécialisé
JPhMM a écrit:Je ne comprends pas les tensions (quasi systématiquement) provoquées par toute discussion sur la géographie ou l'histoire.Balthamos a écrit:elpenor a écrit:Franchement, faire passer JPhMM pour un débile, faut quand même le faire. Bref
Je ne cherche pas à faire passer quelqu'un de particulier pour un débile.
Je suis seulement las de me faire apprendre mon métier par des "citoyens éclairés".
Comme si la géographie à la maman était la seule qui vaille, la "vraie".
Mais oui, je m'emballe peut être un peu.
Enfin, question vocabulaire on peut l'enseigner d'une autre manière. Actuellement en 6e, il y a "habiter un espace à forte contrainte" (pourquoi pas montagne et vocabulaire s'y attenant).
Il y a deux points soulevés qui ne sont pas identiques : vocabulaire / géographie physique.
Il ne s'agit pas d'apprendre à un professeur de géographie de faire son métier. Vous me dites que la géographie physique a quasiment disparu des programmes de géographie, vous n'êtes pas responsables de cela en qualité de professionnels, ce n'est donc pas vous critiquer en tant que tels que de critiquer le programme de géographie, ou simplement en parler, de même que tout un chacun peut critiquer le programme de mathématiques, à tort ou à raison, et d'ailleurs les professeurs de mathématiques ne se privent pas pour le faire — et ils seraient sans doute ravis que les citoyens se penchent un peu plus sur lui. D'où mon incompréhension. Que je sais partager avec d'autres.
Cela tient à l'accaparement politique que suscite notre matière et en particulier de l'Histoire. Il n'y pas un seul candidat à la présidentielle qui n'a son avis sur l'enseignement de l'Histoire. On a trop l'habitude d'avoir des discussions avec des néophytes qui nous demandent s'il est vrai que nous n'enseignons plus telle période alors que ce n'est pas vrai. Cela devient lassant. La géographie est complexe également car comme le soulignait Elyas dans sa question la définition de la géographie est multiple. En tout cas, on ne devrait pas se braquer. Je ne suis pas fan de la géographie physique car on me l'a enseigné c'est vrai par référence à la géologie. Mais lorsque j'évoque le Japon aux élèves, il me semble important d'expliquer que c'est un archipel, que le poids des contraintes naturelles est fondamental...
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"Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles" Oscar Wilde
- Fesseur ProGuide spirituel
En rapport avec montagne et vallée je pense.Sakei a écrit:Amont c'est avant, aval c'est après point... je ne vois pas ce que la géo vient faire là.
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Pourvu que ça dure...
- EllenaNiveau 8
boris vassiliev a écrit:Al-qalam a écrit:Sans jeter la pierre aux collègues, on peut regretter la très faible part accordée à la géo physique au collège, que ce soit en matière de vocabulaire que de localisation. On s'en plaint régulièrement ici, donc je ne vais pas ergoter, mais en 2de et en term, dans un très bon lycée et un lycée moyen, beaucoup d'élèves n'avaient jamais vu un globe terrestre (et je me suis fait copieusement charrier lorsque je leur ai montré le mien pour leur parler des projections cartographiques... ce qui quand même a permis à certain de comprendre que la terre était vraiment ronde - même s'ils le savaient intellectuellement, ils ne faisaient pas le lien entre cette notion et la carte papier - ou que le nord n'était pas "en haut").
Ce genre de truc n'entre que par le rabâchage, à plusieurs moments dans l'année, sur plusieurs années, de différentes manières. Or, les programmes évacuent beaucoup trop cette dimension de répétition, pourtant indispensable à toute pédagogie : on estime qu'un truc appris une fois pour un contrôle en 6e le restera pour la vie, et on brûle des étapes pour faire dès le collège de la géo universitaire (les fameuses "études de cas", les trucs imbitables sur l'aménagement) ou complètement idéologisée (toute l'année sur le DD en 5e, toute l'année sur la mondialisation en 4e). En passant un temps énorme sur des exemples à grande échelle, on néglige tous les cadrages à différentes échelles plus petites, la chère "géographie à papa" , et toute la dimension spatiale inhérente à la géographie au profit d'une approche beaucoup plus économique et sociale (la "géographie à fiston", je suppose ?). La notion de contraintes spatiales (sans aller jusqu'à parler de déterminisme géographique, on est bien d'accord) ou de profondeur historique de la géographie, disparaît complètement de la tête des élèves : tout peut être n'importe où, les espaces n'étant déterminés que par des critères a-géographiques. Ce qui amène les choses si étranges qu'on peut voir dans les cartes.
Parfois, j'ai l'impression que les programmes sont bien plus écrits pour que les profs (ou les concepteurs de programmes...) remettent à jour leurs connaissances, changent leurs cours, voire se fassent plaisir (bon, pas sur les système productifs, OK ) que dans une réelle optique pédagogique pour les élèves. Le programme de term était super stimulant pour moi ; pour les élèves, il était incompréhensible. Enseigner, c'est souvent répéter vingt fois la même chose, à propos de données qui ne changent pas vite ; évidemment, c'est moins fun que de proposer la super-étude-de-cas-qui-tue-sur-la-culture-bio-du-mil-au-Burundi-équatorial... mais est-ce moins formateur ?
Bizarrement, en histoire, les lacunes sont moindres, je trouve, lorsque les élèves arrivent en 2de : ils connaissent les 4 périodes, arrivent grosso-modo à les définir par des dates-repères, ne mettent pas Rome au Moyen-Âge... même si évidemment, ils n'évitent pas tous les anachronismes, mais c'est - il me semble - plus une question de développement intellectuel que de connaissances. Pourtant, les programmes ne sont pas mieux, mais je pense que les collègues de collège insistent davantage sur les questions de cadrage chronologique (en dehors du programme), peut-être parce qu'ils y sont plus sensibles par formation, pour la plupart ?
Dans l'absolu, évidemment, rien n'est mauvais, ni travailler sur l'eau au Maghreb, ni faire une carte des ressources en eau sur la planète. Le problème c'est qu'il faut faire des choix, et que les programmes devraient tenter d'aller à l'essentiel vis à vis du temps imparti à la matière. Or c'est tout l'inverse : ils visent bien davantage les "compétences" du fameux socle commun que la partie "connaissances", sans prendre en compte qu'on ne développe pas les premières sur du vide.
Bien vu, Al Qalam.
- JPhMMDemi-dieu
Pas explicitement. Mais le programme demande une mise en perspective historique, dès lors il est difficile de ne pas voir la numération romaine en sixième, ce que je fais très rapidement (dans le chapitre sur les nombres entiers, nous y passons une heure).Isis39 a écrit:JPhMM a écrit:Je ne comprends pas les tensions (quasi systématiquement) provoquées par toute discussion sur la géographie ou l'histoire.Balthamos a écrit:elpenor a écrit:Franchement, faire passer JPhMM pour un débile, faut quand même le faire. Bref
Je ne cherche pas à faire passer quelqu'un de particulier pour un débile.
Je suis seulement las de me faire apprendre mon métier par des "citoyens éclairés".
Comme si la géographie à la maman était la seule qui vaille, la "vraie".
Mais oui, je m'emballe peut être un peu.
Enfin, question vocabulaire on peut l'enseigner d'une autre manière. Actuellement en 6e, il y a "habiter un espace à forte contrainte" (pourquoi pas montagne et vocabulaire s'y attenant).
Il y a deux points soulevés qui ne sont pas identiques : vocabulaire / géographie physique.
Il ne s'agit pas d'apprendre à un professeur de géographie de faire son métier. Vous me dites que la géographie physique a quasiment disparu des programmes de géographie, vous n'êtes pas responsables de cela en qualité de professionnels, ce n'est donc pas vous critiquer en tant que tels que de critiquer le programme de géographie, ou simplement en parler, de même que tout un chacun peut critiquer le programme de mathématiques, à tort ou à raison, et d'ailleurs les professeurs de mathématiques ne se privent pas pour le faire — et ils seraient sans doute ravis que les citoyens se penchent un peu plus sur lui. D'où mon incompréhension. Que je sais partager avec d'autres.
Puisqu'on parle des programmes de maths, j'ai une question : les chiffres romains sont-ils encore au programme ? Car maintenant j'ai de plus en plus d'élèves qui ne savent pas les lire. Je les fais en introduction en début de 6e, mais il me semblait que c'était aussi fait en maths.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- BalthamosDoyen
VanGogh59 a écrit:
Cela tient à l'accaparement politique que suscite notre matière et en particulier de l'Histoire. Il n'y pas un seul candidat à la présidentielle qui n'a son avis sur l'enseignement de l'Histoire. On a trop l'habitude d'avoir des discussions avec des néophytes qui nous demandent s'il est vrai que nous n'enseignons plus telle période alors que ce n'est pas vrai. Cela devient lassant.
Pas seulement des néophytes.
On entend parfois dans les médias un certain Dimitri C qui cause autour des programmes sans les connaître. Un champion du "on n'apprend plus l'histoire de France, c'est une honte" alors que le monsieur est de la maison, il est censé être un "collègue" et donc connaître les programmes et la réalité de son enseignement.
Bref, je suis d'accord avec Vangogh (il n'y a que sur un forum où je peux prononcer de telles phrases... ), on (j'ai) a tellement l'habitude de voir instrumentaliser nos disciplines qu'on a souvent une réaction de (légitime) défense.
Désolé si je suis agressif mais je sors de la journée formation collège 2016 où l'histoire géo est l'alibi dans les EPI pour donner des dates ou localiser. Me voilà un prof de carte qui mord pour ne pas faire que de la carte.
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- Spoiler:
- Guillaume le GrandFidèle du forum
VanGogh59 a écrit:JPhMM a écrit:Je ne comprends pas les tensions (quasi systématiquement) provoquées par toute discussion sur la géographie ou l'histoire.Balthamos a écrit:elpenor a écrit:Franchement, faire passer JPhMM pour un débile, faut quand même le faire. Bref
Je ne cherche pas à faire passer quelqu'un de particulier pour un débile.
Je suis seulement las de me faire apprendre mon métier par des "citoyens éclairés".
Comme si la géographie à la maman était la seule qui vaille, la "vraie".
Mais oui, je m'emballe peut être un peu.
Enfin, question vocabulaire on peut l'enseigner d'une autre manière. Actuellement en 6e, il y a "habiter un espace à forte contrainte" (pourquoi pas montagne et vocabulaire s'y attenant).
Il y a deux points soulevés qui ne sont pas identiques : vocabulaire / géographie physique.
Il ne s'agit pas d'apprendre à un professeur de géographie de faire son métier. Vous me dites que la géographie physique a quasiment disparu des programmes de géographie, vous n'êtes pas responsables de cela en qualité de professionnels, ce n'est donc pas vous critiquer en tant que tels que de critiquer le programme de géographie, ou simplement en parler, de même que tout un chacun peut critiquer le programme de mathématiques, à tort ou à raison, et d'ailleurs les professeurs de mathématiques ne se privent pas pour le faire — et ils seraient sans doute ravis que les citoyens se penchent un peu plus sur lui. D'où mon incompréhension. Que je sais partager avec d'autres.
Cela tient à l'accaparement politique que suscite notre matière et en particulier de l'Histoire. Il n'y pas un seul candidat à la présidentielle qui n'a son avis sur l'enseignement de l'Histoire. On a trop l'habitude d'avoir des discussions avec des néophytes qui nous demandent s'il est vrai que nous n'enseignons plus telle période alors que ce n'est pas vrai. Cela devient lassant. La géographie est complexe également car comme le soulignait Elyas dans sa question la définition de la géographie est multiple. En tout cas, on ne devrait pas se braquer. Je ne suis pas fan de la géographie physique car on me l'a enseigné c'est vrai par référence à la géologie. Mais lorsque j'évoque le Japon aux élèves, il me semble important d'expliquer que c'est un archipel, que le poids des contraintes naturelles est fondamental...
+1
C'est pénible d'entendre dans les médias, aux repas de famille, avec les amis: ''ah mais vous ne faites plus de chronologie! ah mais Napoléon ou Louis XIV ne sont plus dans les programmes!''. C'est faux. Je peux comprendre l'agacement et l'irritabilité lorsque l'on vient parler des programmes d'histoire et de géographie. Mais je sais bien que ce n'était pas l'intention de JP
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''C'est drôle comme les gens qui se croient instruits éprouvent le besoin de faire chier le monde''. Boris Vian
''Nous n'acceptons pas de vérité promulguée : nous la faisons nôtre d'abord par l'étude et par la discussion et nous apprenons à rejeter l'erreur, fut-elle mille fois estampillée et patentée. Que de fois, en effet, le peuple ignorant a-t-il dû reconnaître que ses savants éducateurs n'avaient d'autre science à lui enseigner que celle de marcher paisiblement et joyeusement à l'abattoir, comme ce boeuf des fêtes que l'on couronne de guirlandes en papier doré." Elisée Reclus
- kiwiGuide spirituel
JPhMM a écrit:Je ne comprends pas les tensions (quasi systématiquement) provoquées par toute discussion sur la géographie ou l'histoire.Balthamos a écrit:elpenor a écrit:Franchement, faire passer JPhMM pour un débile, faut quand même le faire. Bref
Je ne cherche pas à faire passer quelqu'un de particulier pour un débile.
Je suis seulement las de me faire apprendre mon métier par des "citoyens éclairés".
Comme si la géographie à la maman était la seule qui vaille, la "vraie".
Mais oui, je m'emballe peut être un peu.
Enfin, question vocabulaire on peut l'enseigner d'une autre manière. Actuellement en 6e, il y a "habiter un espace à forte contrainte" (pourquoi pas montagne et vocabulaire s'y attenant).
Il y a deux points soulevés qui ne sont pas identiques : vocabulaire / géographie physique.
Il ne s'agit pas d'apprendre à un professeur de géographie de faire son métier. Vous me dites que la géographie physique a quasiment disparu des programmes de géographie, vous n'êtes pas responsables de cela en qualité de professionnels, ce n'est donc pas vous critiquer en tant que tels que de critiquer le programme de géographie, ou simplement en parler, de même que tout un chacun peut critiquer le programme de mathématiques, à tort ou à raison, et d'ailleurs les professeurs de mathématiques ne se privent pas pour le faire — et ils seraient sans doute ravis que les citoyens se penchent un peu plus sur lui. D'où mon incompréhension. Que je sais partager avec d'autres.
Pourquoi des tensions? Parce que pour parler des programmes d'HG, et encore plus pour être capable de les critiquer, au sens constructif du terme, encore faut-il avoir quelques notions sur ce qui s'enseignait avant, pourquoi et comment, ce qui s'enseigne aujourd'hui, pourquoi et comment, l'évolution de la recherche dans les deux disciplines, et donc avoir quelques connaissances dans l'epistemologie des deux disciplines. Ce qu'a priori, en dehors d'un enseignant d'histoire géo, personne n'a, quand bien même cette personne soit très cultivée et intéressée. De ce fait, la quasi totalité des discussions avec le citoyen lambda tourne autour de lieux communs : " on n'enseigne plus Napoléon, on n'enseigne plus les climats, on ne fait plus de chronologie, on ne connaît plus les départements", j'en passe et des meilleures. Ce qui est assez agaçant, pour ne pas dire navrant.
- JPhMMDemi-dieu
Merci pour vos réponses.
Les arguments "accaparement politique" et "pseudo historiens" me parlent.
J'ai aussi l'impression que ces deux faits pourraient venir d'une passion française pour l'Histoire (en particulier la leur), ce qui me paraît rare (mais qui peut bien exister cependant dans d'autres pays). J'imagine, sans en être convaincu, que cela peut venir d'une part de l'événement Révolution française, et d'autre part d'événements qui ont laissé des blessures profondes (mais assumées ?) chez le peuple français.
Les arguments "accaparement politique" et "pseudo historiens" me parlent.
J'ai aussi l'impression que ces deux faits pourraient venir d'une passion française pour l'Histoire (en particulier la leur), ce qui me paraît rare (mais qui peut bien exister cependant dans d'autres pays). J'imagine, sans en être convaincu, que cela peut venir d'une part de l'événement Révolution française, et d'autre part d'événements qui ont laissé des blessures profondes (mais assumées ?) chez le peuple français.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- VanGogh59Expert spécialisé
La Révolution française oui mais aussi la parenthèse Vichy, la colonisation et la décolonisation...
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"Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles" Oscar Wilde
- Guillaume le GrandFidèle du forum
et l'esclavage aux Antilles
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''C'est drôle comme les gens qui se croient instruits éprouvent le besoin de faire chier le monde''. Boris Vian
''Nous n'acceptons pas de vérité promulguée : nous la faisons nôtre d'abord par l'étude et par la discussion et nous apprenons à rejeter l'erreur, fut-elle mille fois estampillée et patentée. Que de fois, en effet, le peuple ignorant a-t-il dû reconnaître que ses savants éducateurs n'avaient d'autre science à lui enseigner que celle de marcher paisiblement et joyeusement à l'abattoir, comme ce boeuf des fêtes que l'on couronne de guirlandes en papier doré." Elisée Reclus
- VanGogh59Expert spécialisé
Il faut lire l'ouvrage de Zeldin : l'Histoire des passions françaises !
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"Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles" Oscar Wilde
- JPhMMDemi-dieu
Voilà.
Ce qui la Révolution française a de singulier dans l'esprit des Français, me semble-t-il, c'est la dimension "peuple qui brise le cours de sa propre histoire pour la reprendre en main" qu'ils lui associent, à tort ou à raison.
Ce qui la Révolution française a de singulier dans l'esprit des Français, me semble-t-il, c'est la dimension "peuple qui brise le cours de sa propre histoire pour la reprendre en main" qu'ils lui associent, à tort ou à raison.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
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