Fusillades à Paris - Que fait-on lundi avec nos élèves, dans nos établissements ?

Tout à l'heure (entre 10h et 11h) une psychologue dont j'ai oublié le nom disait, sur Europe 1, qu'une formation avait été préconisée depuis longtemps pour tous ceux qui forment un public sensible, dont les enseignants, ; or, et elle en était furieuse, rien n'a été fait, or parler aux enfants ne s'improvise pas.

AMIS BIEN AIMES

Ma loulou est partie pour le pays de l’envers du décor … Un homme lui a donné 9 coups de poignard dans sa peau douce. C’est la société qui est malade, il nous faut la remettre d’aplomb et d’équerre par l’amour et l’amitié et la persuasion.
C’est l’histoire de mon amour à moi arrêté sur le seuil de ses 33 ans. Ne perdons pas courage ni vous ni moi. Je vais continuer ma vie et mes voyages avec ce poids lourd à porter, en plus de mes deux chéris qui lui ressemblent.
Sans vous commander, je vous demande d’aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches ; le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l’embellir, il faut reboiser l’âme humaine. Je resterai sur le pont, je resterai un jardinier, je cultiverai mes plantes de langage. A travers mes dires, vous trouverez ma bien-aimée et il n’est vrai que l’amitié et l’amour. Je suis maintenant très loin au fond du panier des tristesses. On dit manger chacun, dit-on, un sac de charbon pour aller en paradis. Ah comme j’aimerais qu’il y ait un paradis comme ce serait doux les retrouvailles.
En attendant, à vous autres, mes amis de l’ici-bas, face à ce qui m’arrive, je prends la liberté, moi qui ne suis qu’un histrion ou un batteur de planches, qu’un comédien qui ne fait du rêve avec du vent, je prends la liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd’hui : je pense de toutes mes forces qu’il faut s’aimer à tort et à travers.

Julos,
Nuit du 2 au 3 février 75
(Julos Beaucarne)

Je ne connaissais pas ce texte, trouvé sur le facebook d'une de mes amies, mais je l'ai trouvé superbe.

Écusette de Noireuil a écrit:@Sei
Mauvaise idée.  Il faut au minimum reconnaître l'existence des faits, puis dire ensuite aux élèves que tu attends cette réunion pour savoir quels  moyens sont mis en oeuvre pour traiter l'événement.  Eventuellement dire que ton devoir est de faire cours et que c'est aussi une forme de résistance à l'horreur,  mais faire semblant de rien ne passera pas auprès des élèves.  J'ai vu des collègues le faire,  j'ai entendu les élèves après.

Quelle est la mauvaise idée ? Je n'ai pas l'intention de ne pas reconnaître les faits, bien sûr, ni de faire semblant de rien. Et de quelle réunion parles-tu ? (Pardon, je ne comprends rien). Mais je suis beaucoup plus à l'aise avec un media (la littérature, en l'occurrence, on ne se refait pas). Seulement, le poème d'Eluard, il ne parlera pas à un paquet d'élèves…

Contextualiser, oui, Olympias… Mais voilà, je ne me sens pas à ma place. Je manque de billes, je ne maîtrise pas bien les enjeux. L'année dernière, j'avais expliqué Charlie Hebdo, les origines du journal, ce qu'il était, etc. Là… je ne sais pas.

Que ferez-vous ?

Sei, je pense qu'Ecusette s'adressait en fait à Not a Panda, pas à toi.

Merci babouchka !

Ah oui, merci Sansara. Excusez-moi.

Je pense laisser parler mes élèves, d'abord, et mettre au clair ce dont ils parlent, ce qu'ils entendent, les rassurer aussi, ne pas nier la gravité des faits, parler de tolérance et de respect...

Je crois que détruire certaines idées préconçues, les aider à mettre des mots qu'ils comprennent sur ces événements, c'est déjà pas mal.

Je suis de la même opinion

Oui je me suis trompée, excusez moi.
Merci pour le texte de Julos Beaucarne que j'avais oublié.

Jessica~ a écrit:Merci pour ce fil que je vais suivre avec grand intérêt!...

On se réunit avec les collègues lundi à 10h30 pour "se mettre d'accord", mais j'avoue que j'ai du mal à comprendre...

J'ai peur de la réaction de certains élèves, dans mon petit lycée du 93 d'habitude à peu près calme, qu'il y ait à nouveau des tensions comme en janvier. Je ne sais pas quoi dire aux élèves, je ne suis pas douée pour gérer ce genre de situations! J'attends de voir ce qu'il se dit sur ce fil, voir si j'arrive à trouver "quoi dire/quoi faire" d'ici lundi.

Je travaille aussi dans le 93, à Saint Denis. Je suis moins inquiète par la réaction des élèves qu'en janvier. Je ne peux pas imaginer de phrases du même type que "ils l'ont cherché". On s'en est pris au foot, à la musique, cela touchera différemment les élèves que des "caricaturistes du prophète".

Une vidéo pour les plus jeunes pour expliquer le terrorisme.
http://1jour1actu.com/info-animee/cest-quoi-le-terrorisme/

Écusette de Noireuil a écrit:@Sei
Mauvaise idée.  Il faut au minimum reconnaître l'existence des faits, puis dire ensuite aux élèves que tu attends cette réunion pour savoir quels  moyens sont mis en oeuvre pour traiter l'événement.  Eventuellement dire que ton devoir est de faire cours et que c'est aussi une forme de résistance à l'horreur,  mais faire semblant de rien ne passera pas auprès des élèves.  J'ai vu des collègues le faire,  j'ai entendu les élèves après.

Effectivement, ça me semble pas mal.

J'ai des secondes lundi à 8h. J'attendrai qu'ils posent des questions s'ils en ont envie.
Je ferai de même avec les 1ères que j'ai l'après-midi.

J'ajoute un truc important : leur faire comprendre que tous les adultes sont là pour eux s'ils ont besoin de parler, et les encourager aussi à parler dans les familles.

Je suis très mal à l'aise à l'idée d'aller en cours lundi. J'ai des 3e à 8h, et je ne sais pas du tout, mais alors pas du tout quoi leur dire. L'an dernier, j'avais l'impression d'avoir merdé après les attaques, car nous avions fait cours "normalement", et j'ai eu le sentiment que les élèves m'en avaient voulu. Je ne me sentais pas de taille à parler ou organiser la parole, et je ne voyais pas comment articuler ce débat avec ma matière. Je ne vois toujours pas comment le faire.

Je consacrerai une heure lundi avec la classe de sixième dont je suis PP.
Je n'ai pas la moindre idée de ce que je vais leur dire. Mais je sais qu'il faut le faire, c'est un devoir.

Fires of Pompeii a écrit:Je pense laisser parler mes élèves, d'abord, et mettre au clair ce dont ils parlent, ce qu'ils entendent, les rassurer aussi, ne pas nier la gravité des faits, parler de tolérance et de respect...

Je crois que détruire certaines idées préconçues, les aider à mettre des mots qu'ils comprennent sur ces événements, c'est déjà pas mal.

Je pense aussi agir ainsi, je commence avec les 6e lundi matin, je ne peux que les aider à exprimer ce qu'ils ont besoin de dire. Et des mots simples les allégeront peut-être.

C'est une très bonne idée, en effet.

Ca peut aussi être une façon de faire, leur dire qu'on ne se sent pas capable de parler de ça avec eux, ils peuvent l'entendre, les renvoyer vers d'autres adultes et puis faire cours ensuite, en leur disant que c'est aussi une façon de combattre le terrorisme, en apprenant, en se cultivant, à chaque fois que c'est possible.

Un doc qui peut être utile

D'après France 2, une minute de silence lundi, dans toute la France.
A voir comment nous y serons rattachés.

Merci Adri pour le document.

Je ne pense pas que j'en parlerai. Autant, ça me semblait indispensable en janvier, autant là...je ne vois pas ce que pourrais dire. Le 8 janvier, il était nécessaire de leur expliquer la liberté d'expression, la liberté de la presse et de les mettre en garde contre les amalgames. J'étais partie des dessins parus dans la presse, on avait parlé de Voltaire, des Lumières...

Mais lundi, que leur dire? Les rassurer? Oui bien sûr s'ils expriment des inquiétudes mais ça, c'est avant tout le rôle des parents. Je ne vois vraiment pas quel rôle je pourrai jouer en tant que professeur. Je me sens démunie.

Nestya a écrit:Je ne pense pas que j'en parlerai. Autant, ça me semblait indispensable en janvier, autant là...je ne vois pas ce que pourrais dire. Le 8 janvier, il était nécessaire de leur expliquer la liberté d'expression, la liberté de la presse et de les mettre en garde contre les amalgames. J'étais partie des dessins parus dans la presse, on avait parlé de Voltaire, des Lumières...

Mais lundi, que leur dire? Les rassurer? Oui bien sûr s'ils expriment des inquiétudes mais ça, c'est avant tout le rôle des parents. Je ne vois vraiment pas quel rôle je pourrai jouer en tant que professeur. Je me sens démunie.

Sauf que tous les parents ne le feront pas nestya, et laisseront leur enfant avec ces images sans explications...

Croyez-vous qu'il est judicieux que je donne à mes élèves le contrôle prévu lundi, en leur disant quand même qu'au prochain cours on parlera des événements ? Ou feriez-vous l'inverse ?

Oudemia a écrit: or parler aux enfants ne s'improvise pas.

Ca fait partie de notre métier d'enseignant.
Je suis effaré par les collègues qui "ont peur" ou qui paniquent pour Lundi ne sachant pas quoi dire.