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- MarillionEsprit éclairé
Miss, je me reconnais dans tes propos et je ne peux que te conseiller de prendre du recul.
Tu as une famille formidable et c'est à cela qu'il faut que tu te raccroches.
Je fais ce métier depuis 18 ans et demi, je suis désabusée par la politique menée depuis quelques mois contre les enseignants, le mépris affiché de notre ministre mais aussi du Premier Ministre. Je sais que la mise en place de la Réforme va faire des couacs, j'ai perdu plus de 350€ en mai et juin derniers, mais je me raccroche à mes valeurs.
On veut supprimer mon poste, m'imposer une autre manière d'enseigner, supprimer les matières chères à mon cœur (latin et grec) ? Ok, je n'ai pas le choix, c'est la loi. Je ne proposerai rien l'an prochain, tant pis.
Mais je me dis que ça ne durera pas et que d'autres ministres mettront à mal cette réforme. Et qu'on renaîtra, reconnus, soutenus... Je l'espère, du moins.
Tu as une famille formidable et c'est à cela qu'il faut que tu te raccroches.
Je fais ce métier depuis 18 ans et demi, je suis désabusée par la politique menée depuis quelques mois contre les enseignants, le mépris affiché de notre ministre mais aussi du Premier Ministre. Je sais que la mise en place de la Réforme va faire des couacs, j'ai perdu plus de 350€ en mai et juin derniers, mais je me raccroche à mes valeurs.
On veut supprimer mon poste, m'imposer une autre manière d'enseigner, supprimer les matières chères à mon cœur (latin et grec) ? Ok, je n'ai pas le choix, c'est la loi. Je ne proposerai rien l'an prochain, tant pis.
Mais je me dis que ça ne durera pas et que d'autres ministres mettront à mal cette réforme. Et qu'on renaîtra, reconnus, soutenus... Je l'espère, du moins.
- lucilNiveau 6
Petitfils a écrit:D'accord pour la "gigantesque tromperie".
Elle a déguisé sa réforme sous l'habit de la com parce qu'elle n'a pas le courage d'afficher ses vraies motivations : faire des économies sans oser dire qu'elle change de paradigme d'enseignement.
Tant qu'on ne trompe pas les élèves, trompons les trompeurs.
Tromper les trompeurs.... joli programme... As tu des stratégies pour ça?
- AudreyOracle
Marillion a écrit:Miss, je me reconnais dans tes propos et je ne peux que te conseiller de prendre du recul.
Tu as une famille formidable et c'est à cela qu'il faut que tu te raccroches.
Je fais ce métier depuis 18 ans et demi, je suis désabusée par la politique menée depuis quelques mois contre les enseignants, le mépris affiché de notre ministre mais aussi du Premier Ministre. Je sais que la mise en place de la Réforme va faire des couacs, j'ai perdu plus de 350€ en mai et juin derniers, mais je me raccroche à mes valeurs.
On veut supprimer mon poste, m'imposer une autre manière d'enseigner, supprimer les matières chères à mon cœur (latin et grec) ? Ok, je n'ai pas le choix, c'est la loi. Je ne proposerai rien l'an prochain, tant pis.
Mais je me dis que ça ne durera pas et que d'autres ministres mettront à mal cette réforme. Et qu'on renaîtra, reconnus, soutenus... Je l'espère, du moins.
C'est ce que me dit mon meilleur ami, prof d'anglais, pour me remonter le moral, en me disant qu'au pire, j'aurai à tenir 3 ans sans latin, le temps que la droite (qui va forcément revenir), le rétablisse pleinement... mais jamais on n'a vu des heures disparues revenir miraculeusement. Jamais. Quand on nous a pris des heures, on ne nous les a jamais rendues. Et si la droite revient, y aura fort à parier que ce sera avec comme contrepartie une augmentation de notre service... bref, j'ai du mal à être optimiste.
Courage en tout cas...
- hobbitNiveau 7
Je passe cette année un concours de catégorie B. Si je réussis, je devrais être reclassé dans les derniers échelons et comme les mutations se font à l'ancienneté administrative, ça devrait me permettre d'obtenir un poste où je veux après l'année de formation (j'aurais plus de chance en tout cas de retourner chez moi que si je restais dans l'EN).energi a écrit:Moi aussi, je pense à une reconversion.J'ai exploré presque toutes les pistes et fait le tour de tous les métiers qui me plairaient ou me plairaient moins. Seulement, soit il faut repasser des concours(être mutée loi et recommencer à zéro?)
Ce concours est la seule chose qui me fait tenir sinon j'aurais démissionné (cette année est épuisante).
- RoninMonarque
M'étonnerait TRES fort que la droite rétablisse les LC. Ils sont bien contents que le PS fasse des économies, de la même manière, mes collègues du primaire espéraient le retour des Rased avec la gauche, on a eu....la réforme des rythmes. De Charybde en Scylla....
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- Tem-toGrand sage
lucil a écrit:Petitfils a écrit:D'accord pour la "gigantesque tromperie".
Elle a déguisé sa réforme sous l'habit de la com parce qu'elle n'a pas le courage d'afficher ses vraies motivations : faire des économies sans oser dire qu'elle change de paradigme d'enseignement.
Tant qu'on ne trompe pas les élèves, trompons les trompeurs.
Tromper les trompeurs.... joli programme... As tu des stratégies pour ça?
Nous n'avons pas (encore) d'inspecteur tous les jours dans nos classes. A hypocrite, hypocrite et demi(e). Seuls les écrits laissent des traces juridiquement exploitables, soignons-les pour nos hypocrites. Quand à l'oral, les nouveaux programmes insistent beaucoup dessus non ?
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Quand j'ai regardé la saison 5 de the Wire, j'ai pensé à l'EN ; il me semble qu'on en est arrivé au même point : tout est bloqué, une personne compétente haut placée dégagerait direct tel Daniels, seules les huiles corrompues peuvent rester aux manettes, il n'y a que des gens un peu tarés comme Mac Nulty ou Freamon qui parviennent à agir en détournant le système, et encore (comme ils ont agi dans l'illégalité, ils sont en fait fragiles).
Il y a peu j'avais décidé du coup d'arrêter tout ce qui me reliait à l'EN, de ne plus continuer mon mémoire, finalement ma directrice m'a fait changer d'avis.
Ce que je vais essayer de faire, c'est de continuer sans penser à une utilité quelconque, parce que cette réforme a achevé de détruire toute illusion, tout espoir. Le faire juste pour continuer ce que j'ai commencé, pour ne pas baisser les bras. Pour réfléchir un peu malgré tout. Dans mon travail me raccrocher aux quelques enfants que j'ai vraiment l'impression d'avoir rattrapés, et qui continuent à venir régulièrement. Tenir au jour le jour, essayer de ne pas trop y penser.
Il y a peu j'avais décidé du coup d'arrêter tout ce qui me reliait à l'EN, de ne plus continuer mon mémoire, finalement ma directrice m'a fait changer d'avis.
Ce que je vais essayer de faire, c'est de continuer sans penser à une utilité quelconque, parce que cette réforme a achevé de détruire toute illusion, tout espoir. Le faire juste pour continuer ce que j'ai commencé, pour ne pas baisser les bras. Pour réfléchir un peu malgré tout. Dans mon travail me raccrocher aux quelques enfants que j'ai vraiment l'impression d'avoir rattrapés, et qui continuent à venir régulièrement. Tenir au jour le jour, essayer de ne pas trop y penser.
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Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
- charlicomNiveau 5
Les LC ont été offertes au privé, tout comme les classes bilangues. Ce n'est pas par souci d'économie, juste pour créer de la valeur ajoutée sur un service qui était public jusqu'alors.
- Tem-toGrand sage
Rien que ça, ça vaut la peine. Et pour ceux que tu rattraperas à l'avenir.Aliceinwonderland a écrit:Dans mon travail me raccrocher aux quelques enfants que j'ai vraiment l'impression d'avoir rattrapés, et qui continuent à venir régulièrement.
- lucilNiveau 6
Petitfils a écrit:lucil a écrit:Petitfils a écrit:D'accord pour la "gigantesque tromperie".
Elle a déguisé sa réforme sous l'habit de la com parce qu'elle n'a pas le courage d'afficher ses vraies motivations : faire des économies sans oser dire qu'elle change de paradigme d'enseignement.
Tant qu'on ne trompe pas les élèves, trompons les trompeurs.
Tromper les trompeurs.... joli programme... As tu des stratégies pour ça?
Nous n'avons pas (encore) d'inspecteur tous les jours dans nos classes. A hypocrite, hypocrite et demi(e). Seuls les écrits laissent des traces juridiquement exploitables, soignons-les pour nos hypocrites. Quand à l'oral, les nouveaux programmes insistent beaucoup dessus non ?
C'est ça, soyons des vrais ambassadeurs de maisons " phoenix" lors de nos inspections....
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:baoum:
- DimkaVénérable
Salut,
C’est d’ailleurs ce qui m’a agacé profondément dans les discours des IPR : l’idée que je devais transmettre les valeurs de la citoyenneté et les valeurs de la République. Je me souviens en particulier d’une discussion sur l’histoire grecque dans le programme de seconde, où j’ai eu l’impression que l’histoire était utilisée pour ne pas dire instrumentalisée, et en plus de façon limite anachronique et avec une vision finaliste de l’histoire (les événements du passés ne se sont pas produits dans le seul dessein d’arriver là où on en est aujourd’hui), qui niait presqu’à l’histoire tout intérêt intellectuel, de curiosité gratuite, d’intérêt pour l’ailleurs et l’avant s’il n’était pas utilisé pour éclairer le maintenant et l’ici. Du nombrilisme.
Mais je ne crois pas que l’enseignement doive nécessairement se plier à cette injonction. Du coup, pour moi, ce que peut apporter l’enseignement de l’histoire, ce n’est pas « transmettre les valeurs de ceci ou cela » de façon terre-à-terre, avec un effet direct et simpliste entre histoire et citoyenneté, mais c’est un truc bien plus… comment dire ? Transcendant ? Indirect ? Général ? Disons que l’histoire enseigne : 1/ une certaine rigueur intellectuelle 2/ un certain relativisme (des gens ont vécu, pensé, rêvé… différemment de moi, ils ont vécu dans un univers technique et mental radicalement différent du mien, ils ont eu d’autres aspirations, d’autres croyances, d’autres savoirs, d’autres rythmes, d’autres temps… sans que je doive porter un jugement positif ou négatif sur cette différence : je me contente de l’étudier, d’accepter ce fait, cette différence, et de me détacher de mes propres conceptions. Par ailleurs, il y a un autre type de relativisme, par rapport à ce qu’est la vérité, la preuve, la vérification d’une info : un mélange de rigueur et d’incertitude, la possibilité que plusieurs hypothèses soient potentiellement vraies). Et que ces qualités peuvent être utile, pour former des citoyens (des citoyens de façon générale, presqu’idéaliste, pas des citoyens formatés pour la république actuelle et le vernis de citoyenneté qu’elle consent à accorder aux gens). Sauf que c’est un effet secondaire, pas le but de l’étude de l’histoire.
Puis quand je lis ça : http://rue89.nouvelobs.com/rue69/2015/10/25/college-jacquie-michel-cest-bien-quen-vrai-fait-ca-aussi-non-261813 je me dis que les profs et l’histoire peuvent avoir un rôle de formation intellectuelle qui dépasse le « la république c’est bien, c’est bon, mangez-en ».
Faire des citoyens, c’est-à-dire non pas faire adhérer des gens à la situation actuelle (ou à ton point de vue désabusé), mais leur donner les moyens intellectuels de l’estimer à sa juste valeur et de faire leurs propres choix. La posture de l’historien permet aussi de mettre momentanément (le temps du cours ou d’une réflexion) ta propre déception, tes propres opinions, tout comme les opinions prônées par l’institution… pour faire de l’histoire, de l’analyse un peu froide et cynique.
Quand j’ai fait mes études d’histoire, une idée qui m’a marqué (et particulièrement plu) était que l’histoire − la pratique historique − n’est pas là pour transmettre des valeurs, faire la morale, tout ça, mais une pratique scientifique (avec toutes les nuances qu’on peut y apporter, les débats épistémologiques, etc.) qui vise à se poser des questions et à y répondre à l’aide d’une analyse méthodologique des sources. Cette méfiance vis-à-vis de l’idéologie (aussi « bonne » soit-elle) n’empêche en rien une formation intellectuelle qui trouve son utilité pour se placer ensuite dans la cité. Et à vrai dire, cette revendication scientifique est une idéologie (mais pas celle de mon ex-IPR…).Raoul Volfoni a écrit:J'ignore si cela va durer, mais je suis très désabusée en ce moment.
C’est d’ailleurs ce qui m’a agacé profondément dans les discours des IPR : l’idée que je devais transmettre les valeurs de la citoyenneté et les valeurs de la République. Je me souviens en particulier d’une discussion sur l’histoire grecque dans le programme de seconde, où j’ai eu l’impression que l’histoire était utilisée pour ne pas dire instrumentalisée, et en plus de façon limite anachronique et avec une vision finaliste de l’histoire (les événements du passés ne se sont pas produits dans le seul dessein d’arriver là où on en est aujourd’hui), qui niait presqu’à l’histoire tout intérêt intellectuel, de curiosité gratuite, d’intérêt pour l’ailleurs et l’avant s’il n’était pas utilisé pour éclairer le maintenant et l’ici. Du nombrilisme.
Mais je ne crois pas que l’enseignement doive nécessairement se plier à cette injonction. Du coup, pour moi, ce que peut apporter l’enseignement de l’histoire, ce n’est pas « transmettre les valeurs de ceci ou cela » de façon terre-à-terre, avec un effet direct et simpliste entre histoire et citoyenneté, mais c’est un truc bien plus… comment dire ? Transcendant ? Indirect ? Général ? Disons que l’histoire enseigne : 1/ une certaine rigueur intellectuelle 2/ un certain relativisme (des gens ont vécu, pensé, rêvé… différemment de moi, ils ont vécu dans un univers technique et mental radicalement différent du mien, ils ont eu d’autres aspirations, d’autres croyances, d’autres savoirs, d’autres rythmes, d’autres temps… sans que je doive porter un jugement positif ou négatif sur cette différence : je me contente de l’étudier, d’accepter ce fait, cette différence, et de me détacher de mes propres conceptions. Par ailleurs, il y a un autre type de relativisme, par rapport à ce qu’est la vérité, la preuve, la vérification d’une info : un mélange de rigueur et d’incertitude, la possibilité que plusieurs hypothèses soient potentiellement vraies). Et que ces qualités peuvent être utile, pour former des citoyens (des citoyens de façon générale, presqu’idéaliste, pas des citoyens formatés pour la république actuelle et le vernis de citoyenneté qu’elle consent à accorder aux gens). Sauf que c’est un effet secondaire, pas le but de l’étude de l’histoire.
Puis quand je lis ça : http://rue89.nouvelobs.com/rue69/2015/10/25/college-jacquie-michel-cest-bien-quen-vrai-fait-ca-aussi-non-261813 je me dis que les profs et l’histoire peuvent avoir un rôle de formation intellectuelle qui dépasse le « la république c’est bien, c’est bon, mangez-en ».
Faire des citoyens, c’est-à-dire non pas faire adhérer des gens à la situation actuelle (ou à ton point de vue désabusé), mais leur donner les moyens intellectuels de l’estimer à sa juste valeur et de faire leurs propres choix. La posture de l’historien permet aussi de mettre momentanément (le temps du cours ou d’une réflexion) ta propre déception, tes propres opinions, tout comme les opinions prônées par l’institution… pour faire de l’histoire, de l’analyse un peu froide et cynique.
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- Spoiler:
- Marie LaetitiaBon génie
Tout à fait d'accord avec Dimka... Même si j'ai un peu lâché de lest sur le sujet au fil des ans, contrainte et forcée par notre "mission"...
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- CondorcetOracle
C'est justement au moment où la République chancelle - non sur ses bases institutionnelles - mais sur ses principes qu'elle requiert de tous les citoyens plus d'acuité et de vigilance critiques. Contrairement à ce que susurre le mythe de l'homme providentiel, les périodes de crise économique, morale, intellectuelle, politique (rayez la mention inutile) exigent des historiens comme de tous un effort particulier de créativité et d'interrogation-recomposition-diffusion du sens.
- leskhalNiveau 9
Comme beaucoup je fantasme une reconversion mais à l'approche du demi-siècle, je n'y crois plus trop.
Je me console en travaillant efficacement, en en faisant le moins possible tout en faisant mon boulot, je ne cache pas leurs incompétences à mes élèves, leur expliquant les lacunes et les aberrations de mon enseignement par des contraintes indépendantes de ma volonté, je fais ce que je peux pour les réveiller, les détacher de leurs portables, éveiller leur initiative, les rendre moins grégaires. Je ne fais pas le poids par rapport à toute la société qui me méprise mais je fais mon petit boulot. Je ne suis pas confronté à enseigner ce en quoi je ne crois pas, c'est le confort des maths, je ne peux qu'illustrer le doute perpétuel, et c'est déjà du travail.
Les corrections de copies sont une souffrance, les collègues heureusement globalement conviviaux, je crois qu'il y a pire comme situation, je ne crains pas de ne plus pouvoir payer mon loyer, au moins pour quelques années, même si je devrai sans doute devoir emménager dans plus petit si notre dévalorisation continue.
J'essaie d'avoir une autre vie à côté de l'école et de ne pas saoûler mon chéri avec mes problèmes professionnels.
Je devrai encore tenir quelques années, mais il faut avoir une belle vie intérieure pour tenir sans soutien médicamenteux.
Je me console en travaillant efficacement, en en faisant le moins possible tout en faisant mon boulot, je ne cache pas leurs incompétences à mes élèves, leur expliquant les lacunes et les aberrations de mon enseignement par des contraintes indépendantes de ma volonté, je fais ce que je peux pour les réveiller, les détacher de leurs portables, éveiller leur initiative, les rendre moins grégaires. Je ne fais pas le poids par rapport à toute la société qui me méprise mais je fais mon petit boulot. Je ne suis pas confronté à enseigner ce en quoi je ne crois pas, c'est le confort des maths, je ne peux qu'illustrer le doute perpétuel, et c'est déjà du travail.
Les corrections de copies sont une souffrance, les collègues heureusement globalement conviviaux, je crois qu'il y a pire comme situation, je ne crains pas de ne plus pouvoir payer mon loyer, au moins pour quelques années, même si je devrai sans doute devoir emménager dans plus petit si notre dévalorisation continue.
J'essaie d'avoir une autre vie à côté de l'école et de ne pas saoûler mon chéri avec mes problèmes professionnels.
Je devrai encore tenir quelques années, mais il faut avoir une belle vie intérieure pour tenir sans soutien médicamenteux.
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- Dadoo33Grand sage
Tout à fait d'accord avec toi Dimka. Je fonctionne ainsiDimka a écrit:Salut,Quand j’ai fait mes études d’histoire, une idée qui m’a marqué (et particulièrement plu) était que l’histoire − la pratique historique − n’est pas là pour transmettre des valeurs, faire la morale, tout ça, mais une pratique scientifique (avec toutes les nuances qu’on peut y apporter, les débats épistémologiques, etc.) qui vise à se poser des questions et à y répondre à l’aide d’une analyse méthodologique des sources. Cette méfiance vis-à-vis de l’idéologie (aussi « bonne » soit-elle) n’empêche en rien une formation intellectuelle qui trouve son utilité pour se placer ensuite dans la cité. Et à vrai dire, cette revendication scientifique est une idéologie (mais pas celle de mon ex-IPR…).Raoul Volfoni a écrit:J'ignore si cela va durer, mais je suis très désabusée en ce moment.
C’est d’ailleurs ce qui m’a agacé profondément dans les discours des IPR : l’idée que je devais transmettre les valeurs de la citoyenneté et les valeurs de la République. Je me souviens en particulier d’une discussion sur l’histoire grecque dans le programme de seconde, où j’ai eu l’impression que l’histoire était utilisée pour ne pas dire instrumentalisée, et en plus de façon limite anachronique et avec une vision finaliste de l’histoire (les événements du passés ne se sont pas produits dans le seul dessein d’arriver là où on en est aujourd’hui), qui niait presqu’à l’histoire tout intérêt intellectuel, de curiosité gratuite, d’intérêt pour l’ailleurs et l’avant s’il n’était pas utilisé pour éclairer le maintenant et l’ici. Du nombrilisme.
Mais je ne crois pas que l’enseignement doive nécessairement se plier à cette injonction. Du coup, pour moi, ce que peut apporter l’enseignement de l’histoire, ce n’est pas « transmettre les valeurs de ceci ou cela » de façon terre-à-terre, avec un effet direct et simpliste entre histoire et citoyenneté, mais c’est un truc bien plus… comment dire ? Transcendant ? Indirect ? Général ? Disons que l’histoire enseigne : 1/ une certaine rigueur intellectuelle 2/ un certain relativisme (des gens ont vécu, pensé, rêvé… différemment de moi, ils ont vécu dans un univers technique et mental radicalement différent du mieux, ils ont eu d’autres aspirations, d’autres croyances, d’autres savoirs, d’autres rythmes, d’autres temps… sans que je doive porter un jugement positif ou négatif sur cette différence : je me contente de l’étudier, d’accepter ce fait, cette différence, et de me détacher de mes propres conceptions. Par ailleurs, il y a un autre type de relativisme, par rapport à ce qu’est la vérité, la preuve, la vérification d’une info : un mélange de rigueur et d’incertitude, la possibilité que plusieurs hypothèses soient potentiellement vraies). Et que ces qualités peuvent être utile, pour former des citoyens (des citoyens de façon générale, presqu’idéaliste, pas des citoyens formatés pour la république actuelle et le vernis de citoyenneté qu’elle consent à accorder aux gens). Sauf que c’est un effet secondaire, pas le but de l’étude de l’histoire.
Puis quand je lis ça : http://rue89.nouvelobs.com/rue69/2015/10/25/college-jacquie-michel-cest-bien-quen-vrai-fait-ca-aussi-non-261813 je me dis que les profs et l’histoire peuvent avoir un rôle de formation intellectuelle qui dépasse le « la république c’est bien, c’est bon, mangez-en ».
Faire des citoyens, c’est-à-dire non pas faire adhérer des gens à la situation actuelle (ou à ton point de vue désabusé), mais leur donner les moyens intellectuels de l’estimer à sa juste valeur et de faire leurs propres choix. La posture de l’historien permet aussi de mettre momentanément (le temps du cours ou d’une réflexion) ta propre déception, tes propres opinions, tout comme les opinions prônées par l’institution… pour faire de l’histoire, de l’analyse un peu froide et cynique.
- ElaïnaDevin
Je fonctionne aussi comme Dimka.
Je suis devenue prof d'histoire par passion pour la matière et non par amour pour la fonction publique. Et si je suis rentrée dans l'enseignement public, c'est parce qu'on y gagne mieux sa vie que dans le privé. Par ailleurs je n'ai jamais signé de contrat dans lequel on me demandait de prononcer un credo quelconque.
Ce que j'aime, c'est préparer un cours et le donner. Les valeurs, ce n'est pas mon boulot, contrairement à ce que semble penser le ministère. Je suis là pour transmettre un savoir, la morale et l'éducation c'est aux parents de les donner.
Je suis devenue prof d'histoire par passion pour la matière et non par amour pour la fonction publique. Et si je suis rentrée dans l'enseignement public, c'est parce qu'on y gagne mieux sa vie que dans le privé. Par ailleurs je n'ai jamais signé de contrat dans lequel on me demandait de prononcer un credo quelconque.
Ce que j'aime, c'est préparer un cours et le donner. Les valeurs, ce n'est pas mon boulot, contrairement à ce que semble penser le ministère. Je suis là pour transmettre un savoir, la morale et l'éducation c'est aux parents de les donner.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- moonieNiveau 9
"C’est d’ailleurs ce qui m’a agacé profondément dans les discours des IPR : l’idée que je devais transmettre les valeurs de la citoyenneté et les valeurs de la République. "
Je suis de votre avis Elaina et Dimka, nous ne sommes pas en classe pour propager une idéologie de quelque ordre qu'elle fut. J'entends aussi ce discours culpabilisant que l'EMC par exemple doit pallier les errements dogmatiques de nos jeunes (qu'est-ce-qu'être un bon républicain? un bon citoyen?).Nous n'avons à instrumentaliser ni l'Histoire ni le français pour moraliser ou éduquer à la citoyenneté (terme à la mode).Ce n'est pas de notre ressort. Et je vous remercie de me confirmer dans ce sentiment-là.
Je suis de votre avis Elaina et Dimka, nous ne sommes pas en classe pour propager une idéologie de quelque ordre qu'elle fut. J'entends aussi ce discours culpabilisant que l'EMC par exemple doit pallier les errements dogmatiques de nos jeunes (qu'est-ce-qu'être un bon républicain? un bon citoyen?).Nous n'avons à instrumentaliser ni l'Histoire ni le français pour moraliser ou éduquer à la citoyenneté (terme à la mode).Ce n'est pas de notre ressort. Et je vous remercie de me confirmer dans ce sentiment-là.
- ditaNeoprof expérimenté
En français, nous avons au programme de seconde : le théâtre au XVIIè siècle, et l'argumentation au XVIIè siècle et au XVIIè siècle. Autant dire que les textes, quels qui'ils soient, sont écrits dans une langue tout à fait étrangère aux élèves. avant toute analyse, il s'agit de les aider à les comprendre.
La série L est, d'après ce que j'entends, une arrière gare de triage pour cassos, drogués et suicidaires illettrés.
Les élèves disent, lorsqu'ils sont nuls à peu près partout : "mais je vais aller en L !" Ouiiii, quelle bonne idée !
Quand ils sont assez bons et qu'ils arrivent à passer en S ou en ES, certains disent : "heureusement, j'ai échappé à la L"
J'ai quelques élèves passionnés par la lecture. Ils ont un mal fou à développer la moindre idée. Je crois en eux, car grâce à la lecture, leur réflexion, sans parler de l'étendue de leur vocabulaire sont là. les srtuctures syntaxiques correctes sont connues. Je tiens à les repêcher pour qu'ils aillent en L.
Mais qu'est-ce que je leur offre ? Un ticket d'entrée pour une arrière-gare de triage.
Il faut pourtant se battre.
C'est dur.
La série L est, d'après ce que j'entends, une arrière gare de triage pour cassos, drogués et suicidaires illettrés.
Les élèves disent, lorsqu'ils sont nuls à peu près partout : "mais je vais aller en L !" Ouiiii, quelle bonne idée !
Quand ils sont assez bons et qu'ils arrivent à passer en S ou en ES, certains disent : "heureusement, j'ai échappé à la L"
J'ai quelques élèves passionnés par la lecture. Ils ont un mal fou à développer la moindre idée. Je crois en eux, car grâce à la lecture, leur réflexion, sans parler de l'étendue de leur vocabulaire sont là. les srtuctures syntaxiques correctes sont connues. Je tiens à les repêcher pour qu'ils aillent en L.
Mais qu'est-ce que je leur offre ? Un ticket d'entrée pour une arrière-gare de triage.
Il faut pourtant se battre.
C'est dur.
- ElaïnaDevin
moonie a écrit:"C’est d’ailleurs ce qui m’a agacé profondément dans les discours des IPR : l’idée que je devais transmettre les valeurs de la citoyenneté et les valeurs de la République. "
Je suis de votre avis Elaina et Dimka, nous ne sommes pas en classe pour propager une idéologie de quelque ordre qu'elle fut. J'entends aussi ce discours culpabilisant que l'EMC par exemple doit pallier les errements dogmatiques de nos jeunes (qu'est-ce-qu'être un bon républicain? un bon citoyen?).Nous n'avons à instrumentaliser ni l'Histoire ni le français pour moraliser ou éduquer à la citoyenneté (terme à la mode).Ce n'est pas de notre ressort. Et je vous remercie de me confirmer dans ce sentiment-là.
D'autant que ne pas être républicain ne veut pas dire être un abominable nazi.
J'ai côtoyé dans ma jeunesse un bon paquet de royalistes qui étaient tout à fait charmants, non violents, courtois et ouverts.
Cette utilisation du mot "républicain" pour se donner des gages de fréquentabilité m'insupporte.
Est-il besoin de rajouter que je fais le moins possible d'EMC ?
- pitchounetteExpert
Moi aussi je me rajoute dans ceux qui déchantent. Cette année j'ai décidé de me donner un temps de correction. A quoi ça sert de faire autant de petits commentaires sur les copies? Ils ne les lisent pas? a quoi ça sert de passer du temps à corriger en classe alors qu'ils n'écoutent pas (ils attendent que leur note). A quoi ça sert que je me stresse pour les CCF..Quoi qu'il arrive on me fera remonter les notes si elles sont trop basses? Donc cette année je lève le pied. Quand sonne l'heure de passer à autre chose, je pose mon stylo. Je passe à autre chose. Voilà mes objectifs pour cette année.
Après je ne peux "forcer un âne à boire s'il n'a pas soif". Je ne pourrai pas tous les aider...Je fais garderie en attendant qu'ils passent en BTS. Ils ne savent pas lire ou écrire??? Qu'importe c'est pas grave on me répond (pas officiellement). Ils quittent le bac pro avec un bac, une mention grâce aux CCF...Maintenant ils sont en BTS et ça ne me regarde plus me répond-t-on (pas officiellement)
Donc bon je cherche à me reconvertir. Ce n'est pas simple surtout que je n'ai pas envie de perdre le peu de choses que j'ai acquises (ah la retraite)
Après je ne peux "forcer un âne à boire s'il n'a pas soif". Je ne pourrai pas tous les aider...Je fais garderie en attendant qu'ils passent en BTS. Ils ne savent pas lire ou écrire??? Qu'importe c'est pas grave on me répond (pas officiellement). Ils quittent le bac pro avec un bac, une mention grâce aux CCF...Maintenant ils sont en BTS et ça ne me regarde plus me répond-t-on (pas officiellement)
Donc bon je cherche à me reconvertir. Ce n'est pas simple surtout que je n'ai pas envie de perdre le peu de choses que j'ai acquises (ah la retraite)
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Le bonheur est dans le pré après 7 ans de région parisienne
- LefterisEsprit sacré
Il faut se ménager pour tenir, essayer d'oublier le plus possible les turpitudes de cette administration. J'ai déjà levé le pied -et ça ne change pas grand chose , on en fait toujours largement trop pour des élèves qui en font de moins en moins. Mais là, écœurement absolu, je vais complètement lâcher le champignon. Je vais perdre ma matière, peut-être me voir contraint de faire pour le reste des choses que je méprise (comme leurs inventeurs) parce que je suis "fonctionnaire" et que c'est mon gagne-pain , et la seule chose qui peut me consoler c'est de ne pas en faire trop. Même si je suis décidé à me battre par principe, je sais qu'il n'y a aucune issue : la droite ne reviendra pas sur une réforme avant tout économique, ou alors sur quelques détails insignifiants, et de surcroît continuera à cogner sur les enseignants ; le lycée va être durement frappé dès l'an prochain (et de toute manière, avec l'aggravation de la situation au sortir du collège, c'était une question d'années) ; les reconversions à un certain âge, c'est terminé (même si je regarde par principe la BIEP régulièrement).
Il faut donc s'habituer à faire de l'alimentaire, ne pas y passer trop de temps, pour faire des choses intéressantes en dehors, et dans le travail résister autant qu'on peut activement ou passivement, pour ne pas avoir à rougir de sa propre attitude ni de se trouver dans le camps des vaincus . Seul moyen à mon avis de tenir le coup.
Il faut donc s'habituer à faire de l'alimentaire, ne pas y passer trop de temps, pour faire des choses intéressantes en dehors, et dans le travail résister autant qu'on peut activement ou passivement, pour ne pas avoir à rougir de sa propre attitude ni de se trouver dans le camps des vaincus . Seul moyen à mon avis de tenir le coup.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- ParaffinNiveau 9
Ce fil est démoralisant au possible! Allez les gars, on se motive!
Par contre, c'est vrai que travailler en LP doit être super déprimant. Mes BTS compta gestion ont souvent un Bac Pro et ils sont mortels, des vrais zombies incapables d'avoir des idées personnelles. Ils aiment apprendre par cœur, mais sorti de là, il n'y a pas grand chose à en tirer.
Par contre, c'est vrai que travailler en LP doit être super déprimant. Mes BTS compta gestion ont souvent un Bac Pro et ils sont mortels, des vrais zombies incapables d'avoir des idées personnelles. Ils aiment apprendre par cœur, mais sorti de là, il n'y a pas grand chose à en tirer.
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If you want to go nowhere, you're sure to get there.
- stenchMonarque
Elaïna a écrit:[
D'autant que ne pas être républicain ne veut pas dire être un abominable nazi.
J'ai côtoyé dans ma jeunesse un bon paquet de royalistes qui étaient tout à fait charmants, non violents, courtois et ouverts.
Je précise assez régulièrement que je ne suis pas républicain du tout. Ca surprend souvent, puis ça ouvre la discussion.
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"Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend." Yannis Youlountas
"Ils veulent dessiner l'apartheid, on dessinera le maquis."
- lucilNiveau 6
Lefteris a écrit:Il faut se ménager pour tenir, essayer d'oublier le plus possible les turpitudes de cette administration. J'ai déjà levé le pied -et ça ne change pas grand chose , on en fait toujours largement trop pour des élèves qui en font de moins en moins. Mais là, écœurement absolu, je vais complètement lâcher le champignon. Je vais perdre ma matière, peut-être me voir contraint de faire pour le reste des choses que je méprise (comme leurs inventeurs) parce que je suis "fonctionnaire" et que c'est mon gagne-pain , et la seule chose qui peut me consoler c'est de ne pas en faire trop. Même si je suis décidé à me battre par principe, je sais qu'il n'y a aucune issue : la droite ne reviendra pas sur une réforme avant tout économique, ou alors sur quelques détails insignifiants, et de surcroît continuera à cogner sur les enseignants ; le lycée va être durement frappé dès l'an prochain (et de toute manière, avec l'aggravation de la situation au sortir du collège, c'était une question d'années) ; les reconversions à un certain âge, c'est terminé (même si je regarde par principe la BIEP régulièrement).
Il faut donc s'habituer à faire de l'alimentaire, ne pas y passer trop de temps, pour faire des choses intéressantes en dehors, et dans le travail résister autant qu'on peut activement ou passivement, pour ne pas avoir à rougir de sa propre attitude ni de se trouver dans le camps des vaincus . Seul moyen à mon avis de tenir le coup.
Quand vous dîtes que les reconversions passé un certain âge, c'est impossible... Vous pensez à quelle fraction d'âge? et qu'est ce que la BIEP?
Merci!
- GrypheMédiateur
lucil a écrit:et qu'est ce que la BIEP?
La BIEP, c'est merveilleux, c'est le monde de tous les possibles.
http://www.biep.fonction-publique.gouv.fr/common/jobSearch
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