- V.MarchaisEmpereur
Cripure a écrit:J'ai lu ces lignes sous le clavier de PH, puis je les lis sous le vôtre... Je suis surpris. Il y avait bien quelques intitulés un peu bêtas, je pense à l'épistolaire, mais on contournait avec Les Liaisons dangereuses, et basta ! Je n'ai absolument pas ce souvenir des années 2000 (les années où l'on a porté à 4h la littérature en T L, au passage).Dalva a écrit:J'ai obtenu le CAPES en juillet 2000. J'ai énormément souffert durant ma (dé)formation en tant que stagiaire, puis pendant ma première année d'enseignement en tant que titulaire.
J'ai souffert sur deux plans : on voulait d'une part m'imposer un mode de fonctionnement qui allait contre ce qu'était pour moi l'enseignement, et j'arrivais d'autre part parmi des collègues dont l'une affirmait fièrement qu'elle ne faisait jamais de grammaire - comme si c'était une tare de l'enseigner et de la faire comprendre et maîtriser par les élèves.
Il me fallait donc me "cacher" doublement, ou m'opposer doublement. J'ai louvoyé entre les deux.
Il n'empêche : la littérature de jeunesse était le sacré, le schéma narratif et le schéma actanciel constituaient le dogme, la typologie des discours étaient les commandements.
La littérature se disséquait sans se vivre, la langue en revanche se travaillait par impressionnisme, pire, par pointillisme, sans jamais permettre aux élèves de prendre le recul nécessaire pour qu'une image puisse prendre forme.
Pierre-Henri dit vrai, les années 2000 ont déconstruit, détruit, nié ce qu'est la littérature, ce qu'est l'enseignement du français.
Dalva parle du collège, et il suffit de relire les programmes de 1996 pour voir qu'elle dit juste. On n'enseignait pas des oeuvres ni des genres mais des types de discours. Cela a fait beaucoup de dégâts, et dégoûté du Français des générations entières d'élèves, qui n'ont fait que de la technique asséchante sur des textes sans intérêt.
Et la grammaire était inexistante, réduite à une grammaire de texte mâtinée de vagues notions de linguistique (ah ! les grandes heures du thème et du prédicat en 5e et en 4e...).
- AudreyOracle
Je me souviens d'avoir découvert lors de ma première rentrée de titulaire en collège (2003), après un an de stage en lycée, l'existence des progressions à thème constant, à thème éclaté, et autres joyeusetés... j'ai halluciné en découvrant le manuel de 4e dont je disposais dans mon établissement. Je ne vous dit pas le nombre de choses délirantes que, toute classique et vieille conne que j'étais déjà, j'ai découvertes cette année-là... et très vité oubliées. Je le dis clairement: jusqu'aux programmes de 2008, il y a un paquet de points des programmes que je n'abordais pas, ou pas de la façon préconisée dans les textes officiels.
Si je suis obligée de potasser comme une malade pour découvrir et comprendre ce que je dois enseigner, c'est que ce n'est pas fondamental, et pas utile... il me semble ne pas avoir eu à m'encombrer de toutes ces bêtises quand j'étais élève, et je m'en suis plutôt bien sortie en matière d'expression et de compréhension.
Si je suis obligée de potasser comme une malade pour découvrir et comprendre ce que je dois enseigner, c'est que ce n'est pas fondamental, et pas utile... il me semble ne pas avoir eu à m'encombrer de toutes ces bêtises quand j'étais élève, et je m'en suis plutôt bien sortie en matière d'expression et de compréhension.
- archebocEsprit éclairé
Thierry30 a écrit:Je m'explique: chaque fois que le PS (théoriquement de gauche) est arrivé au pouvoir, exception faite de la période 1981/1983,
La période 81-83 voit la France suivre une trajectoire tout à fait reaganienne : déficit public à fond les manettes.
La période suivante (tournant de la "rigueur") correspond à une trajectoire moins dépensière. Je ne sais pas si elle est de gauche pour autant.
En fait, chaque fois que la gauche arrive au pouvoir, elle fait une politique de droite ou d'extrême-droite. Etrange. Peut-être qu'une politique de gauche, c'est comme le spaghetti volant : une pure idée.
Thierry30 a écrit:Comment être étonné que certains se tournent vers ceux qui annoncent régler les problèmes, tous les problèmes, en s'attaquant en priorité au plus faible, l'autre, l'immigré, le soi-disant profiteur, le petit gamin de banlieue... sans imaginer qu'il pourrait lui-même devenir un jour le plus faible:
Les analyses des votes extrémistes les expliquent au contraire massivement par la peur de devenir le plus faible. C'est bien parce qu'il s'imagine comme victime potentielle du déclassement que le citoyen vote pour les extrêmes. La question suivante est évidemment de se demander si ces anticipations sont justifiées ; il n'est par exemple pas déraisonnable de se demander : OK, les syriens viennent chez nous, mais si cela pète ici, nous, on va où ?
Thierry30 a écrit:Concernant le sujet originel du fil, hier, nous avons eu une discussion politique très intéressante avec mes deux fils ados (2nde et 3ème).
J'ai eu l'autre jour une discussion très intéressante avec un gamin de 5e. Il avait parfaitement compris qu'un salaire n'est qu'une fraction de la richesse nationale produite, qu'une augmentation de salaire est le résultat d'un rapport de force, qui se fait au détriment des autres acteurs du système, et que la politique de la dette, qui consiste à distribuer plus d'argent qu'on n'en gagne, revient à faire payer ceux qui n'ont aucune capacité de se défendre : les générations à venir.
Thierry30 a écrit:certes, MLP pourrait être élue Présidente sur un rejet des 2 derniers quinquennats (il faut dire que sarko et Hollande auront bien aidé), mais il lui faudrait alors trouver une majorité à l'Assemblée pour gouverner. Je n'y crois pas une minute
Mitterand ne devait avoir de majorité ni en 1981, ni en 1988. Je suis très inquiet de voir tant de gens s'imaginer que Le Pen élue, les français ne lui donnerait pas la majorité lui permettant de gouverner.
Le Pen, fille de Le Pen et tante de Le Pen : il ne faut pas grand chose de culture politique pour ne pas avoir envie de voter pour une dynastie. Je suis sûr qu'un grand nombre de gens qui votent Le Pen le font malgré un gros bagage de culture politique, qui leur crie très fort : "pas touche". Ils touchent quand même, pour plein de raisons, par exemple par désespoir.Concernant le FN, d'autres l'ont dit ici: il faut un minimum de culture politique pour savoir ce que représente ce parti,
Les salariés, notamment ceux du public, les profs en 1er lieu, font les frais de cette politique économique désastreuse qui baisse les salaires tout en ne réglant aucun des problèmes structurels du pays: chômage, dette, éducation, sécurité à l'école notamment...
Une majorité de français, je pense, est convaincu qu'il est stupide (à court terme) et suicidaire (à long terme) de vivre au dessus de ses moyens. La richesse de la Nation n'est pas suffisante pour continuer à verser des salaires élevés. Pour éviter l'effondrement, une baisse des dépenses est vitale. On pourrait évidemment saigner les patrons et se nourrir de leur gras-double, mais c'est une solution qui n'a jamais fonctionné sur la durée, et qui laisse aux démocrates de mauvais souvenirs.
J'avoue ma perplexité devant la radicalité du positionnement politique de nombreux "progressistes", en tant qu'elle me paraît souvent contre-productive (et, parfois, nocive), étant donné les conditions et le fonctionnement de la vie politique en France...
Le mode de scrutin, uninominal à deux tours, des deux scrutins majeurs (élections législatives et présidentielles) est responsable de ce beau pastis. Cf. "Democracies", de Arend Lijphart.
- User21714Expert spécialisé
archeboc a écrit:
La période 81-83 voit la France suivre une trajectoire tout à fait reaganienne : déficit public à fond les manettes.
La période suivante (tournant de la "rigueur") correspond à une trajectoire moins dépensière. Je ne sais pas si elle est de gauche pour autant.
En fait, chaque fois que la gauche arrive au pouvoir, elle fait une politique de droite ou d'extrême-droite. Etrange. Peut-être qu'une politique de gauche, c'est comme le spaghetti volant : une pure idée.
C'est bien pour cela que j'en arrive à conclure que la gauche est surtout à sa place dans l'opposition sous sa forme syndicale principalement.
- User5899Demi-dieu
Je me rappelle que je ne connaissais pas ces notions et qu'une année où un stagiaire de lettres un peu "folle perdue" m'avait enseigné ces merveilles, nous nous saluions dans les couloirs par de sonores "Oh oui, éclate-moi le thème !" :lol!:Audrey a écrit:Je me souviens d'avoir découvert lors de ma première rentrée de titulaire en collège (2003), après un an de stage en lycée, l'existence des progressions à thème constant, à thème éclaté
- User5899Demi-dieu
La gauche ne peut pas gouverner dans un environnement européen de droite contraint.Thierry30 a écrit:archeboc a écrit:
La période 81-83 voit la France suivre une trajectoire tout à fait reaganienne : déficit public à fond les manettes.
La période suivante (tournant de la "rigueur") correspond à une trajectoire moins dépensière. Je ne sais pas si elle est de gauche pour autant.
En fait, chaque fois que la gauche arrive au pouvoir, elle fait une politique de droite ou d'extrême-droite. Etrange. Peut-être qu'une politique de gauche, c'est comme le spaghetti volant : une pure idée.
C'est bien pour cela que j'en arrive à conclure que la gauche est surtout à sa place dans l'opposition sous sa forme syndicale principalement.
- Dorian GrayNiveau 5
Tout dépend de ce que vous entendez par "la gauche": s'il s'agit d'une gauche étatiste et anticapitaliste, en effet c'est mort (et pas seulement à cause de l'Europe: le monde entier est capitaliste et nous ne pouvons pas en sortir)Cripure a écrit:La gauche ne peut pas gouverner dans un environnement européen de droite contraint.Thierry30 a écrit:archeboc a écrit:
La période 81-83 voit la France suivre une trajectoire tout à fait reaganienne : déficit public à fond les manettes.
La période suivante (tournant de la "rigueur") correspond à une trajectoire moins dépensière. Je ne sais pas si elle est de gauche pour autant.
En fait, chaque fois que la gauche arrive au pouvoir, elle fait une politique de droite ou d'extrême-droite. Etrange. Peut-être qu'une politique de gauche, c'est comme le spaghetti volant : une pure idée.
C'est bien pour cela que j'en arrive à conclure que la gauche est surtout à sa place dans l'opposition sous sa forme syndicale principalement.
Mais la gauche devrait avoir une marge de manœuvre: dans le domaine "sociétal" d'abord (cf. l'article de JP Le Goff "Du gauchisme culturel et de ses avatars" que j'avais découvert sur ce site), mais aussi dans la lutte contre la reproduction sociale. C'est là que le bât blesse: le PS d'aujourd'hui ne cherche pas à éduquer les enfants de prolos pour leur permettre de prendre leur place; il est devenu un parti de centre-ville qui regarde ses banlieues et ses campagnes avec commisération.
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- User21714Expert spécialisé
Dorian Gray a écrit:Tout dépend de ce que vous entendez par "la gauche": s'il s'agit d'une gauche étatiste et anticapitaliste, en effet c'est mort (et pas seulement à cause de l'Europe: le monde entier est capitaliste et nous ne pouvons pas en sortir)Cripure a écrit:La gauche ne peut pas gouverner dans un environnement européen de droite contraint.Thierry30 a écrit:archeboc a écrit:
La période 81-83 voit la France suivre une trajectoire tout à fait reaganienne : déficit public à fond les manettes.
La période suivante (tournant de la "rigueur") correspond à une trajectoire moins dépensière. Je ne sais pas si elle est de gauche pour autant.
En fait, chaque fois que la gauche arrive au pouvoir, elle fait une politique de droite ou d'extrême-droite. Etrange. Peut-être qu'une politique de gauche, c'est comme le spaghetti volant : une pure idée.
C'est bien pour cela que j'en arrive à conclure que la gauche est surtout à sa place dans l'opposition sous sa forme syndicale principalement.
Mais la gauche devrait avoir une marge de manœuvre: dans le domaine "sociétal" d'abord (cf. l'article de JP Le Goff "Du gauchisme culturel et de ses avatars" que j'avais découvert sur ce site), mais aussi dans la lutte contre la reproduction sociale. C'est là que le bât blesse: le PS d'aujourd'hui ne cherche pas à éduquer les enfants de prolos pour leur permettre de prendre leur place; il est devenu un parti de centre-ville qui regarde ses banlieues et ses campagnes avec commisération.
Un vrai parti de droite, donc...
- Dorian GrayNiveau 5
Si on veut, oui. En tout cas un parti conservateur.
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