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- MUTISExpert
Mama a écrit:Mais la LA magistrale dialoguée, c'est comme montrer à un apprenti ébéniste comment fabriquer quelque chose en lui posant quelques questions, mais sans jamais le laisser seul avec l'outil et le matériau.
La méthode constructiviste serait effectivement différente : on dit à un apprenti ébéniste de construire un meuble Louis XIII sans lui donner d'exemple et de modèle. Et on s'étonne ensuite : comment tu n'y arrives pas ?
En fait ce que je dis est différent : il faut à la fois des modèles et des exercices pratiques. Pas l'un sans l'autre. Ce que la plupart d'entre nous faisons d'ailleurs...
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Mama a écrit:Hi hi, je trouve ça très rigolo de penser que Cripure ou moi-même soyons accusés de défendre l'idéologie iufmesque. Razz
A vrai dire je trouve ça lourd voire trollesque. Mutis semble incapable d'apprécier les démarches de chacun dans leur spécificité, et les ramène systématiquement à l'une des deux philosophies qu'il connaît (et dont il aime à nous refaire encore et encore la description détaillée, sans doute parce qu'il faut bien remplacer le discours qu'il ne veut pas prendre en compte par celui qu'il aime à répéter). Ça plus la pratique puérile qui consiste à faire l'éloge de l'un pour mieux blâmer l'autre, c'est chiant.
- MUTISExpert
Et en dehors des attaques personnelles et des leçons de morale prépubères que vous inspire votre maître, vous avez des choses à dire sur le fond car cela sonne creux...
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"Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière" (Audiard)
"Ce n'est pas l'excès d'autorité qui est dangereux, c'est l'excès d'obéissance" (Primo Levi)
"La littérature, quelque passion que nous mettions à le nier, permet de sauver de l'oubli tout ce sur quoi le regard contemporain, de plus en plus immoral, prétend glisser dans l'indifférence absolue" (Enrique Vila-Matas)
" Que les dissemblables soient réunis et de leurs différences jaillira la plus belle harmonie ; rien ne se fait sans lutte." (Héraclite)
"Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou" (Pascal).
- Thalia de GMédiateur
Merci de bien vouloir régler vos différends par mp, ou mettez-vous réciproquement en "ignoré"
Thalia pour la modération
Thalia pour la modération
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- MamaVénérable
MUTIS a écrit:Mama a écrit:Mais la LA magistrale dialoguée, c'est comme montrer à un apprenti ébéniste comment fabriquer quelque chose en lui posant quelques questions, mais sans jamais le laisser seul avec l'outil et le matériau.
La méthode constructiviste serait effectivement différente : on dit à un apprenti ébéniste de construire un meuble Louis XIII sans lui donner d'exemple et de modèle. Et on s'étonne ensuite : comment tu n'y arrives pas ?
En fait ce que je dis est différent : il faut à la fois des modèles et des exercices pratiques. Pas l'un sans l'autre. Ce que la plupart d'entre nous faisons d'ailleurs...
Je suis bien d'accord sur votre définition du constructivisme.
Sr ce que j'ai mis en gras : apparemment vous n'avez pas lu tout mon post. C'est bien ce que je dis, en faisant la distinction entre la LA, exercice pratique, ensuite deux fois corrigé par moi et par l'élève, et intervenant après des méthodes (là est le modèle), et le reste.
Le reproche essentiel que je fais est de multiplier les moments magistraux de LA pure, pour aller plus vite et donc "faire" plus de textes. La LA "magistrale dialoguée" empêche tout effort prolongé de réflexion, élimine les plus lents à penser de la dynamique, et ne permet pas de se rendre compte des problèmes de compréhension littérale de détail. Il suffit d'avoir été une fois examinateur à l'oral de l'EAF pour s'en apercevoir : entre les récitants par coeur du cours plaqué et ceux qui n'ont rien compris au texte (parfois les deux à la fois), il ne reste presque personne...
- roxanneOracle
Oui, parce que c'est déjà impossible d'échanger sur nos pratiques en établissement , si on ne peut plus le faire ici non plus , ce serait dommage.
Sinon, pour revenir au sujet, je trouve que c'est paradoxalement plus facile à mener en seconde, où même s'ils ont moins de "technique"( ou peut-être parce qu'ils en ont moins justement)ils sont plus spontanés et n'hésitent pas à se lancer. En première , ils sont plus en attente du fameux clé en main.
Sinon, pour revenir au sujet, je trouve que c'est paradoxalement plus facile à mener en seconde, où même s'ils ont moins de "technique"( ou peut-être parce qu'ils en ont moins justement)ils sont plus spontanés et n'hésitent pas à se lancer. En première , ils sont plus en attente du fameux clé en main.
- MamaVénérable
D'ailleurs, Mutis, je me permets de reproduire ici ce que vous aviez écrit sur cet autre fil mentionné, propos avec lequel je suis pleinement d'accord... (hormis que la classe n'est pas un lieu incompatible avec un travail solitaire et silencieux, donc). Je ne comprends pas très bien que vous défendiez le magistral dialogué en ayant écrit ailleurs ce qui suit :
"A ces arguments s'ajoutent aussi le rapport au texte lui-même qui suppose du temps, un cheminement personnel et une lecture à tête reposée pour moi. Personnellement, je ne suis pas capable de réfléchir sereinement à un texte sous la pression et dans un contexte très bruyant ou socialisé. Et je pense que beaucoup d'élèves n'ont pas forcément des choses passionnantes à dire spontanément non plus. Et d'ailleurs la lecture est un processus intime et personnel. Pourquoi vouloir la "collectiviser" à tout prix en en faisant un processus oral et scolaire qui doit avoir lieu dans la classe !?"
"A ces arguments s'ajoutent aussi le rapport au texte lui-même qui suppose du temps, un cheminement personnel et une lecture à tête reposée pour moi. Personnellement, je ne suis pas capable de réfléchir sereinement à un texte sous la pression et dans un contexte très bruyant ou socialisé. Et je pense que beaucoup d'élèves n'ont pas forcément des choses passionnantes à dire spontanément non plus. Et d'ailleurs la lecture est un processus intime et personnel. Pourquoi vouloir la "collectiviser" à tout prix en en faisant un processus oral et scolaire qui doit avoir lieu dans la classe !?"
- WabiSabiHabitué du forum
Mama a écrit:Je plussoie Cripure : le "cours magistral dialogué", même s'il ne s'agit pas de dicter un cours tout prêt, ne laisse pas suffisamment l'élève seul aux prises avec le texte. Et même si effectivement cela peut sembler insuffisant de ne partir que des remarques des élèves, cela me paraît moins pire que l'autre extrême.
Je procède ainsi en seconde comme en première, et je le fais aussi avec mes 3e, alternativement avec des questions.
[snip le détail de la méthode]
Donc, 2H en 3e, 3H au lycée. (presque) tout en classe, cela c'est mon dada.
Rien que par là, je peux témoigner que vous êtes effectivement très loin, je vous rassure, du canon iufmesque - ou espétique, pour rester moderne -. Je me suis fait copieusement allumer par notre formateur en conception de séquences lorsque j'ai osé émettre l'idée qu'il fallait parfois passer plus de 2h sur un texte de LA en 2de et 1re*. Réponse : "une étude de texte (en LA, donc) ne doit jamais dépasser 1h30-2h grand max." Au-delà, on risquerait de lasser/perdre les élèves... J'avais pas envie de me faire remarquer d'entrée de jeu, mais j'aimerais beaucoup savoir comment il peut y arriver sans TOUS les perdre ou en faisant autre chose que du CM à la papa, bien descendant.
Prodigieuses contradictions de la pédagogie moderne...
* je vous laisse juger de la qualité de préparation pour l'oral que permet une LA faite en 1h30...
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"De duobus malis, minus est semper eligendum."
"Plus je travaille moins, moins je glande plus. C'est shadokien." Lefteris
T2 ('17-'18) : TZR 2 collèges REP/REP+, 5e/4e/3e
T1 ('16-'17) : TZR AFA Collège, 2 5e + 2 4e
Stage ('15-'16) : Lycée GT, 1 2de + 1 1re S
- MamaVénérable
Et surtout, perso, mes 3e viennent de passer 3h sur "La ville" de Verhaeren (dont 1H30 de compréhension, ah, on en a appris du vocabulaire ! ), et non seulement ils se sont pas lassés, mais ils étaient de plus en plus intéressés (forcément, une fois qu'on a compris le texte, ça va mieux, tout de suite... ).
- WabiSabiHabitué du forum
Mama a écrit:Et surtout, perso, mes 3e viennent de passer 3h sur "La ville" de Verhaeren (dont 1H30 de compréhension, ah, on en a appris du vocabulaire ! ), et non seulement ils se sont pas lassés, mais ils étaient de plus en plus intéressés (forcément, une fois qu'on a compris le texte, ça va mieux, tout de suite... ).
Han, commencer l'année par l'OE poésie... et les symbolistes...
C'est décidé, l'année prochaine, FOUK la chronologie!
Sinon nous sommes bien d'accord, ça va tout de suite mieux en comprenant l'enjeu du texte. Déjà que moi je mets 15-20mn à faire la mise en contexte, même pour des textes du XXème siècle... Misère!
Mais je suis tombé dès mon 1er cours dans le travers du CM dialogué (parfois nécessaire mais vite routinier), et vos conseils me sont tous très précieux. Par contre, ce qui est fou c'est que j'ai le plus grand mal à rester assis à mon bureau (c'est d'autant plus vrai dans ma salle où il n'y a pas d'estrade... hm ), j'ai une bougeotte perpétuelle, même en LA, on dirait un fauve en cage.
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- SérénaNeoprof expérimenté
Je me permets de m'incruster dans la discussion bien que je n'enseigne pas en lycée, car je la trouve très intéressante, et aussi parce que ça reprend des questions que je me pose souvent. Je ne parviens pas à trouver une méthode qui me satisfasse vraiment en 3e; bien souvent je pars des remarques des élèves après avoir lu moi-même le passage avec expressivité; s'ils ne sont pas inspirés, je leur pose des questions plus ou moins guidées, puis je reformule leurs remarques et c'est moi qui construis la trace écrite, du coup. Même en procédant ainsi, on passe facilement 2h/ 2h 30 sur un seul texte. Parfois aussi je note leurs remarques au tableau, les regroupe, puis c'est à eux d'essayer de rédiger un paragraphe, mais ça prend tellement de temps que je le fais rarement plus d'une fois par chapitre et ça a un côté très redondant.
Mama, j'ai lu avec attention ton propos qui m'a beaucoup intéressée, est-ce que je peux te demander quelques précisions?
Mama, j'ai lu avec attention ton propos qui m'a beaucoup intéressée, est-ce que je peux te demander quelques précisions?
Mama a écrit:Puis exercice oh combien formateur du résumé (qui permet là aussi de travailler sur la comparaison entre paraphrase et analyse). Puis reprise du texte linéairement, pour travailler la lecture à haute voix et vérifier la compréhension littérale détaillée, avec apport si besoin de vocabulaire et connaissances grammaticales Aller trop vite là-dessus pour "faire plus de textes" me semble absurde, on "travaille" alors sur un texte que les élèves n'ont pas réellement compris, et ils ne font aucun progrès dans leurs capacités de lecture et de compréhension...Enfin, un élève nous relit tout le texte en donnant tout ce qu'il a, rythme, liaisons, expressivité (petite note), et nous partageons alors sur leurs impressions dominantes, qui seront le cadre de la recherche des remarques. Après tout ce travail, ils sont rarement à côté de la plaque, mais si c'est le cas évidemment je rectifie.
Cela prend généralement une heure, mais parfois deux, selon l'ambition du texte que je propose.
Est-ce que ça veut dire que c'est une heure passée entièrement à l'oral?
En 2e heure, ils CHERCHENT[/b
Seul pendant vingt minutes, puis à deux pendant un quart d'heure en 3e et début de seconde, toute l'heure ensuite.
Pour les plus faibles, c'est d'abord une ou deux remarques sur la structure du texte, et trois sur une toute petite partie du texte que je leur attribue, pour les pousser à une lecture microscopique et éviter, par exemple, les sempiternels champs lexicaux.
Est-ce que tu leur fais chercher des éléments précis, guidés (et dans ce cas, la contrainte vient-elle de toi ou bien cela part aussi de leurs impressions?), ou bien tu leur demandes de chercher tous types de remarques? Et après la rédaction de leur paragraphe, y a-t-il une reprise ou une correction commune?
- LucreziaNiveau 9
WabiSabi a écrit: Par contre, ce qui est fou c'est que j'ai le plus grand mal à rester assis à mon bureau (c'est d'autant plus vrai dans ma salle où il n'y a pas d'estrade... hm ), j'ai une bougeotte perpétuelle, même en LA, on dirait un fauve en cage.
Tant mieux, c'est ce qui est préconisé par l'ESPE: circuler dans la classe, ne pas se "planquer" derrière son bureau.
- WabiSabiHabitué du forum
Lucrezia a écrit:WabiSabi a écrit: Par contre, ce qui est fou c'est que j'ai le plus grand mal à rester assis à mon bureau (c'est d'autant plus vrai dans ma salle où il n'y a pas d'estrade... hm ), j'ai une bougeotte perpétuelle, même en LA, on dirait un fauve en cage.
Tant mieux, c'est ce qui est préconisé par l'ESPE: circuler dans la classe, ne pas se "planquer" derrière son bureau.
Ah mais le problème, c'est que je ne circule que... devant le tableau! (sauf lors des exercices, bien sûr)
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- User5899Demi-dieu
Syndrome de l'acteur sur scèneWabiSabi a écrit:Lucrezia a écrit:WabiSabi a écrit: Par contre, ce qui est fou c'est que j'ai le plus grand mal à rester assis à mon bureau (c'est d'autant plus vrai dans ma salle où il n'y a pas d'estrade... hm ), j'ai une bougeotte perpétuelle, même en LA, on dirait un fauve en cage.
Tant mieux, c'est ce qui est préconisé par l'ESPE: circuler dans la classe, ne pas se "planquer" derrière son bureau.
Ah mais le problème, c'est que je ne circule que... devant le tableau! (sauf lors des exercices, bien sûr)
- WabiSabiHabitué du forum
Cripure a écrit:Syndrome de l'acteur sur scèneWabiSabi a écrit:Lucrezia a écrit:WabiSabi a écrit: Par contre, ce qui est fou c'est que j'ai le plus grand mal à rester assis à mon bureau (c'est d'autant plus vrai dans ma salle où il n'y a pas d'estrade... hm ), j'ai une bougeotte perpétuelle, même en LA, on dirait un fauve en cage.
Tant mieux, c'est ce qui est préconisé par l'ESPE: circuler dans la classe, ne pas se "planquer" derrière son bureau.
Ah mais le problème, c'est que je ne circule que... devant le tableau! (sauf lors des exercices, bien sûr)
Tutafé!
Est-ce un hasard si ma première lecture spontanée lors de ma première semaine de cours fut le Témoignages sur le théâtre de Jouvet... (bon si on va par là je dois peut-être m'inquiéter d'avoir embrayé sur Le page disgrâcié ).
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T1 ('16-'17) : TZR AFA Collège, 2 5e + 2 4e
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- User5899Demi-dieu
Bon, discutons les propos, laissons les querelles d'hommes...
En revanche, les explications de textes que j'ai eues comme élève, où je découvris que l'Invitation au voyage, c'est vers la Hollande et nulle part ailleurs hors du monde, que "ma sœur" est Madame Sabatier, etc., etc. j'ai du mal à comprendre quelles préparations elles pourraient bien requérir : tout ce contenu dépourvu de fondement est prêt depuis lurette. Mes vieux profs nous dictaient même les "livres du maître" du LagMich !! (On ne s'en aperçoit que lorsqu'on devient stagiaire de l'un des profs en question, ce qui explique qu'on demande au tuteur inepte de percevoir sa prime et de laisser le stagiaire en paix...)
Bon, j'exagère un peu. Mais tant que ça ?
Hélas, on ne sauve pas à 16 ans quelqu'un à qui il manque les bases. Les bases s'acquièrent entre 7 et 13-14 ans, ce qu'on apprend après demande à être sans cesse réinvesti.
Mais l'élève doit apprendre à questionner un texte s'il veut apprendre à le commenter. Or, au Bac, seul le commentaire de texte est une épreuve sans risque.
La question est : vous, nous paie-t-on pour reproduire les perversions de jadis ? Pour retrouver nos émotions d'antan ?
Vaste question.
Pour ma part, j'entends toujours cette phrase lorsque je fais lire un texte.
Bon, si j'ai le temps, j'ai souvenir de quelques passages amusants de l'Anti-manuel de français de l'ami Duneton, je posterai ça pour les gens qui s'intéressent à la question. Mais pas maintenant, désolé.
Il est en effet difficile de préparer ce qui ne prendra forme qu'au bout d'un processus parmi plusieurs possibles entre lesquels on se refuse à trancher a priori. Le temps gagné s'investit dans la lecture, l'apprentissage des textes par cœur, tel un acteur qui veut les posséder. S'assoir au bureau pour écrire sa séance à l'avance ressemble à la démarche de celui qui est en train de dessiner ce qui va devenir sa prison.MUTIS a écrit:Inutile de discuter plus loin avec un Cripure qui s'est vanté ailleurs de ne pas avoir préparé de cours depuis 20 ans (on comprend mieux avec la méthode décrite)
En revanche, les explications de textes que j'ai eues comme élève, où je découvris que l'Invitation au voyage, c'est vers la Hollande et nulle part ailleurs hors du monde, que "ma sœur" est Madame Sabatier, etc., etc. j'ai du mal à comprendre quelles préparations elles pourraient bien requérir : tout ce contenu dépourvu de fondement est prêt depuis lurette. Mes vieux profs nous dictaient même les "livres du maître" du LagMich !! (On ne s'en aperçoit que lorsqu'on devient stagiaire de l'un des profs en question, ce qui explique qu'on demande au tuteur inepte de percevoir sa prime et de laisser le stagiaire en paix...)
Oh, s'il existait des collégiens qui sussent rien en passant en seconde, ça se remarqueraitMUTIS a écrit:et dont on connaît le mépris pour les profs de collège et leurs élèves forcément ignares, incultes et mal préparés avant d'être sauvés en lycée.
Bon, j'exagère un peu. Mais tant que ça ?
Hélas, on ne sauve pas à 16 ans quelqu'un à qui il manque les bases. Les bases s'acquièrent entre 7 et 13-14 ans, ce qu'on apprend après demande à être sans cesse réinvesti.
Eh oui, le texte produit ses effets de sens, indépendants des zintentiondeloteurMUTIS a écrit:
L'anecdote ne vous visait pas, mais visiblement vous avez un problème.
On a un problème sur l'éructation, de toute évidence. Voire sur la haine. Je garde cette dernière pour Sarkozy, Chatel, Hollande, Valls et Belkacem. Nlm76 propose toujours des pistes intéressantes, mais qui me font toujours penser que "Malherbe a très bien fait, mais il a fait pour lui" Ca n'ôte rien à l'estime que je lui porte.MUTIS a écrit:
Il y a des gens comme nlm76 qui sont soucieux de leurs élèves et dévoués et puis il y a des gens qui éructent leur vérité et deviennent haineux quand on la dérange ou quand on ose la critiquer ! :lol: Cela n'a pas grande importance. Dont acte.
Mais je ne fais absolument pas ça, et je ne prône absolument pas ça. J'ai une parole de prof et je la fais entendre. La dernière visite d'un IPR m'a d'ailleurs valu la glorieuse épithète homérique de "déverseur de savoir mort"MUTIS a écrit:Certains inspecteurs voudraient que la lecture analytique soit construite exclusivement à partir des remarques d'élèves et que la lecture ne soit pas guidée par des questions: ce qui est absurde au collège. Pauvre petit enfant qui doit construire lui-même son explication car on le bride si on lui impose des pistes de lecture et si on ne le laisse pas inventer librement son chemin. :diable:
Mais l'élève doit apprendre à questionner un texte s'il veut apprendre à le commenter. Or, au Bac, seul le commentaire de texte est une épreuve sans risque.
Tout s'explique ! Vous avez aimé votre rencontre, adolescent, avec un ou plusieurs pervers narcissiques qui ont fait la roue devant vousMUTIS a écrit:l'élève que je fus se souvient encore des révélations littéraires dues à des professeurs magistraux et passionnants. Et le fils de prolo eût à l'époque été bien en peine de construire lui-même son interprétation. Il l'a appris grâce à des maîtres qui savaient transmettre l'amour des textes et l'amour des lectures fines et enjouées. Tout le contraire de cette pédagogie constructiviste démagogique que prônent les didacticiens à la mode et qui (rappelle Marcel Gauchet) favorise surtout les héritiers et les bien nés ...
La question est : vous, nous paie-t-on pour reproduire les perversions de jadis ? Pour retrouver nos émotions d'antan ?
Vaste question.
Pour ma part, j'entends toujours cette phrase lorsque je fais lire un texte.
Serge Doubrovski a écrit:L’œuvre n'est pas un musée que l'on visite pour se procurer d'agréables sensations ou d'exquises cogitations qu'il s'agirait ensuite d'inventorier et de conserver dans les bocaux de la critique. L’œuvre est le lieu d'une rencontre totale entre deux êtres, l'un qui se cherche, se trouve, se perd dans une succession d'écrits qui sont comme autant d'étapes d'une quête, l'autre qui prête la chaleur de sa propre vie aux signes déposés sur la page morte et ranime le mouvement de l'existence qu'il épouse et dont il est à présent responsable.
Bon, si j'ai le temps, j'ai souvenir de quelques passages amusants de l'Anti-manuel de français de l'ami Duneton, je posterai ça pour les gens qui s'intéressent à la question. Mais pas maintenant, désolé.
- 288Niveau 10
On tient le prochain sujet du CAPES
Vous analyserez et discuterez ces propos...Serge Doubrovski a écrit:L’œuvre n'est pas un musée que l'on visite pour se procurer d'agréables sensations ou d'exquises cogitations qu'il s'agirait ensuite d'inventorier et de conserver dans les bocaux de la critique. L’œuvre est le lieu d'une rencontre totale entre deux êtres, l'un qui se cherche, se trouve, se perd dans une succession d'écrits qui sont comme autant d'étapes d'une quête, l'autre qui prête la chaleur de sa propre vie aux signes déposés sur la page morte et ranime le mouvement de l'existence qu'il épouse et dont il est à présent responsable.
- User5899Demi-dieu
C'était mon premier sujet d'HKH, à vrai dire, et il m'avait marqué... Je crois qu'il a été donné aux ENS en 2009 ou 2010, il me semble bien.288 a écrit:On tient le prochain sujet du CAPESVous analyserez et discuterez ces propos...Serge Doubrovski a écrit:L’œuvre n'est pas un musée que l'on visite pour se procurer d'agréables sensations ou d'exquises cogitations qu'il s'agirait ensuite d'inventorier et de conserver dans les bocaux de la critique. L’œuvre est le lieu d'une rencontre totale entre deux êtres, l'un qui se cherche, se trouve, se perd dans une succession d'écrits qui sont comme autant d'étapes d'une quête, l'autre qui prête la chaleur de sa propre vie aux signes déposés sur la page morte et ranime le mouvement de l'existence qu'il épouse et dont il est à présent responsable.
- NLM76Grand Maître
J'ai essayé de comprendre un peu mieux le problème qu'a posé le sujet en relisant l'ensemble du fil, et il me semble y être parvenu un peu. Il se situe au niveau de "partir des réactions des élèves". Il m'apparaît évident que c'est de très bonne méthode, d'une part et d'autre part que cela se met en œuvre de manières diverses.
En tout cas, il est essentiel (et très difficile) d'obtenir d'eux qu'ils assument leur discours sur le texte, de façon à éviter le charabia incompréhensible qui a l'air d'un discours "littéraire" parce qu'il est plein de jargon. «C'est vous qui parlez dans votre devoir; l'être humain que vous êtes à un autre humain ; donc exprimez-vous dans la langue claire et compréhensible — même si elle est quelquefois un peu fautive — que vous utilisez naturellement quand vous avez quelque chose à dire.»
En effet, si leur propos est vraiment le leur, que de difficultés aplanies, que d'écueils évités !
En tout cas, il est essentiel (et très difficile) d'obtenir d'eux qu'ils assument leur discours sur le texte, de façon à éviter le charabia incompréhensible qui a l'air d'un discours "littéraire" parce qu'il est plein de jargon. «C'est vous qui parlez dans votre devoir; l'être humain que vous êtes à un autre humain ; donc exprimez-vous dans la langue claire et compréhensible — même si elle est quelquefois un peu fautive — que vous utilisez naturellement quand vous avez quelque chose à dire.»
En effet, si leur propos est vraiment le leur, que de difficultés aplanies, que d'écueils évités !
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- MamaVénérable
Cripure, c'est cocasse de voir que votre aimé Doubrovski combat précisément la mort que l'inspecteur emphatique vous accusa de répandre... :lol:
- User5899Demi-dieu
Faut croire que je tue les mouches rien qu'à l'haleine :lol:Mama a écrit:Cripure, c'est cocasse de voir que votre aimé Doubrovski combat précisément la mort que l'inspecteur emphatique vous accusa de répandre... :lol:
- MamaVénérable
Tess. a écrit:
Est-ce que ça veut dire que c'est une heure passée entièrement à l'oral?
Presque, sauf que l'on prend des notes sur le vocabulaire et la construction des phrases (ils ont une page "Vocabulaire au fil des textes" et "Grammaire au fil des textes" ; dans cette dernière, on retourne parfois chercher des exemples lorsqu'on fait une nouvelle leçon de grammaire.)
Est-ce que tu leur fais chercher des éléments précis, guidés (et dans ce cas, la contrainte vient-elle de toi ou bien cela part aussi de leurs impressions?), ou bien tu leur demandes de chercher tous types de remarques? Et après la rédaction de leur paragraphe, y a-t-il une reprise ou une correction commune?
Tout type de remarque, qui leur semble aller dans le sens des premières impressions retenues - c'est un guidage très léger, disons- avec leurs mots (d'accord avec NLM), mais aussi le réinvestissement des notions diverses observées et apprises précédemment. Justement, lors de la mise en commun dont je parle juste après, j'apporte quelques connaissances que l'on note à chaque fois sur une 3e feuille à part ("effets de style" > englobe stylistique, syntaxe... et exemples d'interprétations pertinentes et creusées).
Pour la reprise, oui, j'en parlais il me semble : nous mettons en commun et nous notons les idées les plus intéressantes en les classant (10-12 environ). On note quelques nouveautés dans la page effets de style. Et ensuite je leur demande à la maison de rédiger un élément dudit classement - donc un paragraphe d' 1/2 page maxi, qui développe 3-4 remarques - que je ramasse chaque fois pour 4 ou 5 au cours suivant. Bien sûr pour cela au départ ils ont méthode et modèle pour cela.
- MamaVénérable
WabiSabi a écrit:Mama a écrit:Et surtout, perso, mes 3e viennent de passer 3h sur "La ville" de Verhaeren (dont 1H30 de compréhension, ah, on en a appris du vocabulaire ! ), et non seulement ils se sont pas lassés, mais ils étaient de plus en plus intéressés (forcément, une fois qu'on a compris le texte, ça va mieux, tout de suite... ).
Han, commencer l'année par l'OE poésie... et les symbolistes...
C'est décidé, l'année prochaine, FOUK la chronologie!
Non non, c'est en 3e, a pas chronologie... Tout XXe (et j'ajoute un peu de fin XIXe). En seconde, j'avoue que lorsque j'en ai eu, j'ai pris plaisir à suivre la chronologie et à faire des cours (plutôt magistraux, ceux-là ) d'histoire littéraire et des autres arts.
- User5899Demi-dieu
Oui, mais c'est quand même difficile de commencer par La Bruyère
Même si je le fais...
Même si je le fais...
- MamaVénérable
Et, comme le disait Cripure, même sans préparer une analyse finie, on peut passer énormément de temps à explorer le texte, pour être au taquet sur toutes les questions, remarques et réactions des élèves...
- MamaVénérable
Cripure a écrit:Oui, mais c'est quand même difficile de commencer par La Bruyère
Même si je le fais...
Ah oui, j'ai commencé avec Molière. Qui est plus vieux d'ailleurs.
Parfait en début d'année... Une élève m'avait écrit ceci dans son bilan de fin d'année :
« L'atelier théâtre était sympa parce qu'on ne se connaissait pas beaucoup au début de l'année et par exemple cela m'a liée d'amitié avec C., qui est restée mon Valère depuis.»
(C'était Le Tartuffe, pas L'Avare ).
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