- GrypheMédiateur
Elyas a écrit:le fond du problème n'est pas là mais bien dans la maîtrise des connaissances et des pratiques langagières disciplinaires. Et là, le collègue qui te dit ça se prend dans la figure à la fois les auto-proclamés républicains et les pro-pédagogie.
Ah non, ah non, les auto-proclamés républicains te disent merci.
- User5899Demi-dieu
Hélas.Ronin a écrit:Le simple fait que beaucoup de collègues ne voient pas les dangers de cette réforme est la meilleure démonstration possible sur la dégringolade intellectuelle de la profession.
- User5899Demi-dieu
Non Elyas. Il faudrait déjà que les profs (des écoles et de lettres) qui s'installent devant les élèves du primaire et du secondaire ne soient pas nuls en français. Or s'ils ne le sont pas tous, il y en a beaucoup, profs en 2015, qui ne fussent pas passés en 6e normale en 1975, à cause simplement de leur orthographe calamiteuse et de leur nullité en grammaire de base (accords, conjugaisons). On est loin d'une question d'idéologie.Elyas a écrit:Osmie a écrit:Si certains professeurs ne saisissent pas que la diminution de 25% de l'enseignement du français en 6e dès 2016 ne renforcera pas l'apprentissage de la maîtrise de la langue, c'est un problème.
Il faudrait déjà, avant les horaires, que le débat idéologique autour de la grammaire soit résolu.
- VicomteDeValmontGrand sage
Le problème n'est-il pas tout simplement, plutôt qu'un abrutissement de la profession enseignante, un militantisme fatigué et sclérosé de l'intérieur, une inefficacité récurrente (une journée de grève, c'est inutile) des actions menées, une frilosité syndicale (jamais de rétention de notes, de refus de correction ou de surveillance aux examens)?
- DaphnéDemi-dieu
Iphigénie a écrit:Suis même pas sûre de ce cynisme: on veut que ça ne coûte pas trop, sans dire la vérité sur les conséquences de la massification de l'enseignement sur sa qualité.
Je suis bien d'accord !
Il n'y a que les économies qui les intéressent. Point final.
- RoninMonarque
Daphné a écrit:Iphigénie a écrit:Suis même pas sûre de ce cynisme: on veut que ça ne coûte pas trop, sans dire la vérité sur les conséquences de la massification de l'enseignement sur sa qualité.
Je suis bien d'accord !
Il n'y a que les économies qui les intéressent. Point final.
Absolument pas d'accord, il y en a beaucoup qui mènent une guerre idéologique.
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- DaphnéDemi-dieu
Olympias a écrit:Et les "pseudo-élites" qui conçoivent tout cela ne réalisent pas qu'à terme, cela leur explosera en plein tronche.
D'abord parce que comme tu le dis ce ne sont absolument pas des élites, juste des comptables ( je précise que je n'ai rien contre le métier de comptable
Ensuite parce qu'en tant que tels ils refilent la patate chaude aux générations suivantes
- VanGogh59Expert spécialisé
Je pense quand même que l'économique prime sur l'idéologique : la suppression des sections bilangues et du latin sans compter de la 6ème SEGPA (avant celle de toutes les sections SEGPA j'imagine) va dans ce sens.
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"Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles" Oscar Wilde
- GrypheMédiateur
Ah mais tous n'ont pas été frileux.VicomteDeValmont a écrit:Le problème n'est-il pas tout simplement, plutôt qu'un abrutissement de la profession enseignante, un militantisme fatigué et sclérosé de l'intérieur, une inefficacité récurrente (une journée de grève, c'est inutile) des actions menées, une frilosité syndicale (jamais de rétention de notes, de refus de correction ou de surveillance aux examens)?
- User5899Demi-dieu
La sociologie de la profession a énormément changé. Brighelli est le prof d'une génération où les concours sélectionnaient les 8-10% des étudiants parmi les plus brillants, souvent grandes gueules et contestataires, politisés dès leurs débuts au lycée et servant à la fois de profs et de mentor (pas tous, mais on en a rencontré, quand on a été scolarisé dans les années 70-80). Aujourd'hui, on a de gentils petits élèves gentiment médiocres (sauf exception, bien sûr), qui écoutent gentiment, se laissent esclavagiser pendant l'année de stage, ont peur de M. CDE, de M. IPR, de M. FCPE, de M. monboucherquitrouvequej'aitrodevacances, trouvent qu'ils sont pleins de privilèges et ont presque honte d'exister. C'est clair que ça n'aide pas à faire évoluer par la force le système : les bonnets rouges, les camionneurs ou les paysans baissent autrement moins la tête.VicomteDeValmont a écrit:Le problème n'est-il pas tout simplement, plutôt qu'un abrutissement de la profession enseignante, un militantisme fatigué et sclérosé de l'intérieur, une inefficacité récurrente (une journée de grève, c'est inutile) des actions menées, une frilosité syndicale (jamais de rétention de notes, de refus de correction ou de surveillance aux examens)?
Quelque chose m'avait vraiment frappé quand j'étais élève : c'est le fait que quand un IPR venait inspecter mes profs, souvent il ne semblait pas à l'aise. Et j'ai assisté au moins deux fois à une mise à la porte dudit IPR de façon tonitruante par un de ces profs que nous adorions et qui n'entendaient pas se laisser marcher sur les pieds. Envisageable aujourd'hui ?
- OlympiasProphète
Mais je ne pense pas qu'il n'y ait qu'une vision comptable ... c'est le plus grave, une vision dogmatique de ce que DOIT être l'école pensée par l'OCDE, l'UE et tout le toutim.Daphné a écrit:Olympias a écrit:Et les "pseudo-élites" qui conçoivent tout cela ne réalisent pas qu'à terme, cela leur explosera en plein tronche.
D'abord parce que comme tu le dis ce ne sont absolument pas des élites, juste des comptables ( je précise que je n'ai rien contre le métier de comptable
Ensuite parce qu'en tant que tels ils refilent la patate chaude aux générations suivantes
- DaphnéDemi-dieu
Cripure a écrit:Ca, c'est une vraie analyse, en tout cas, un constat lucide. Il est paumé politiquement comme nous devrions tous l'être, en voyant que les réformes qui se succèdent ne procèdent pas des politiques (au moins depuis 1975), mais de groupes de pression pérennes au sein de la techno-structure ministérielle. Et si l'on veut encore un peu croire en la politique (pour ma part, je commence à me dire que c'est vraiment fichu, et l'existence même d'une Commission européenne non élue aurait dû nous alerter depuis 50 ans), on va vers des mouvements qui apparaissent forts, à tort ou à raison. Oui, "paumé" me plait bien plus que "raciste", "xénophobe", "extrêmiste" ou je ne sais quelle ânerie. Quand on fait ouvrir à Thiers, temple de l'élitisme, une prépa à la prépa destinée aux gamins maghrébins que leurs lycées de banlieue ont laissés incultes à coups de projets "transdisciplinaires-mon cul" (Zazie) et de non-apprentissage de la lecture, quand il serait si simple de proclamer que les petits Arabes n'ont rien à faire en prépa, on a des actes qui ne sont pas d'extrême-droite. Il est vrai que la drauche gnan gnan avait aussi essayé l'aide à ces populations, mais de façon méprisante comme d'habitude : on prend un crétin flamboyant à la Descoing et on lui fait supprimer les examens pour ceux qui ne sauraient les réussir. Belle marque de mépris.Marcel Khrouchtchev a écrit:Je ne pense pas que Brighelli soit "le diable incarné". Je pense qu'il est plutôt paumé à vrai dire (comme le montre son passage, en 10 ans, de Bayrou à Dupont-Aignan, ça montre un certain manque de repères).
- OlympiasProphète
Là aussi, c'est vrai.Ronin a écrit:Je suis bien d'accord avec Anaxagore, mais pas complètement avec Elyas quand tu dis que les gens qui réformaient ont été instrumentalisés. C'est les dédouaner de leurs responsabilités, or les gens que j'ai eu face à moi en formation PE voulaient sciemment réduire la grammaire, simplifier les programmes, etc. Ce n'est pas un hasard, une maladresse, c'est un programme voulu et défendu, à commencer par Meirieu qui s'en est expliqué longuement sur son site. Encore une fois, et je l'ai déjà expliqué, en utilisant des prétextes psychologiques alors que ces idéologues ne connaissent absolument rien à la psycho et font hurler les chercheurs en psycho cognitive. Il s'agissait de trouver a posteriori des justifications ( le glorieux Vygotsky ) à leurs théories. On connaît les théories pseudo-révolutionnaires à la con de ces glandus : changeons l'école pour changer la société ; détruisons l'ancienne école élitiste pour construire un avenir radieux et autres utopies constructivistes.
On voit les merveilleux résultats. Et ces saboteurs sont intouchables avec des postes de mcf en ESPE. Dans le primaire ils représentent 80 à 90 % des IEN, CPC, maîtres-formateurs et ont massacré des générations d'instits et de jeunes PE en leur imposant des méthodes nocives. ET à eux on ne demandera jamais de compte.
Et qui croyez vous est aux commandes du MEN ? les copains de Brighelli, les électeurs du FN ? des anciens PE et PLC qui ont passé trente ans sur le terrain ? non, ces saboteurs d'idéologues.
Alors merde, arrêtons de faire comme s'il ne s'agissait que d'un put** de problème de didactique !
- stenchMonarque
Cripure a écrit:La sociologie de la profession a énormément changé. Brighelli est le prof d'une génération où les concours sélectionnaient les 8-10% des étudiants parmi les plus brillants, souvent grandes gueules et contestataires, politisés dès leurs débuts au lycée et servant à la fois de profs et de mentor (pas tous, mais on en a rencontré, quand on a été scolarisé dans les années 70-80). Aujourd'hui, on a de gentils petits élèves gentiment médiocres (sauf exception, bien sûr), qui écoutent gentiment, se laissent esclavagiser pendant l'année de stage, ont peur de M. CDE, de M. IPR, de M. FCPE, de M. monboucherquitrouvequej'aitrodevacances, trouvent qu'ils sont pleins de privilèges et ont presque honte d'exister. C'est clair que ça n'aide pas à faire évoluer par la force le système : les bonnets rouges, les camionneurs ou les paysans baissent autrement moins la tête.VicomteDeValmont a écrit:Le problème n'est-il pas tout simplement, plutôt qu'un abrutissement de la profession enseignante, un militantisme fatigué et sclérosé de l'intérieur, une inefficacité récurrente (une journée de grève, c'est inutile) des actions menées, une frilosité syndicale (jamais de rétention de notes, de refus de correction ou de surveillance aux examens)?
Quelque chose m'avait vraiment frappé quand j'étais élève : c'est le fait que quand un IPR venait inspecter mes profs, souvent il ne semblait pas à l'aise. Et j'ai assisté au moins deux fois à une mise à la porte dudit IPR de façon tonitruante par un de ces profs que nous adorions et qui n'entendaient pas se laisser marcher sur les pieds. Envisageable aujourd'hui ?
Voilà exactement ce que je pense aussi, même si je suis trop jeune pour avoir vraiment connu la génération dont tu parles.
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"Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend." Yannis Youlountas
"Ils veulent dessiner l'apartheid, on dessinera le maquis."
- VanGogh59Expert spécialisé
+ 1000Cripure a écrit:Aujourd'hui, on a de gentils petits élèves gentiment médiocres (sauf exception, bien sûr), qui écoutent gentiment, se laissent esclavagiser pendant l'année de stage, ont peur de M. CDE, de M. IPR, de M. FCPE, de M. monboucherquitrouvequej'aitrodevacances, trouvent qu'ils sont pleins de privilèges et ont presque honte d'exister. C'est clair que ça n'aide pas à faire évoluer par la force le système : les bonnets rouges, les camionneurs ou les paysans baissent autrement moins la tête.
Panurge pourrait diriger l'EN aujourd'hui !
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"Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles" Oscar Wilde
- ycombeMonarque
Pas de raison d'être paumé pour ça. Le PS −officiellement de droite libérale depuis 1983− et les partis de droite qui se succèdent au pouvoir en changeant de nom de temps en temps n'ont pas d'autre idée politique qu'appliquer les idées de l'OCDE, fournisseur officiel de programme politique depuis très longtemps. Et les gens de l'OCDE sont très forts pour appliquer leurs idées en détournant le vocabulaire de son sens, glanant au passage le soutien de gens qui ne voient pas que les mots ont été vidés de leur substance.Cripure a écrit:Ca, c'est une vraie analyse, en tout cas, un constat lucide. Il est paumé politiquement comme nous devrions tous l'être, en voyant que les réformes qui se succèdent ne procèdent pas des politiques (au moins depuis 1975), mais de groupes de pression pérennes au sein de la techno-structure ministérielle.Marcel Khrouchtchev a écrit:Je ne pense pas que Brighelli soit "le diable incarné". Je pense qu'il est plutôt paumé à vrai dire (comme le montre son passage, en 10 ans, de Bayrou à Dupont-Aignan, ça montre un certain manque de repères).
Il y a bien LQR d'Éric Hazan, mais le vocabulaire utilisé par les réformes en éducation mériterait un livre à lui tout seul.
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- CarnyxNeoprof expérimenté
Comme disaient des formateurs : « Les enseignants à l'ancienne vont finir par disparaître comme les dinosaures, hihihi. »Cripure a écrit:La sociologie de la profession a énormément changé. Brighelli est le prof d'une génération où les concours sélectionnaient les 8-10% des étudiants parmi les plus brillants, souvent grandes gueules et contestataires, politisés dès leurs débuts au lycée et servant à la fois de profs et de mentor (pas tous, mais on en a rencontré, quand on a été scolarisé dans les années 70-80). Aujourd'hui, on a de gentils petits élèves gentiment médiocres (sauf exception, bien sûr), qui écoutent gentiment, se laissent esclavagiser pendant l'année de stage, ont peur de M. CDE, de M. IPR, de M. FCPE, de M. monboucherquitrouvequej'aitrodevacances, trouvent qu'ils sont pleins de privilèges et ont presque honte d'exister. C'est clair que ça n'aide pas à faire évoluer par la force le système : les bonnets rouges, les camionneurs ou les paysans baissent autrement moins la tête.VicomteDeValmont a écrit:Le problème n'est-il pas tout simplement, plutôt qu'un abrutissement de la profession enseignante, un militantisme fatigué et sclérosé de l'intérieur, une inefficacité récurrente (une journée de grève, c'est inutile) des actions menées, une frilosité syndicale (jamais de rétention de notes, de refus de correction ou de surveillance aux examens)?
Quelque chose m'avait vraiment frappé quand j'étais élève : c'est le fait que quand un IPR venait inspecter mes profs, souvent il ne semblait pas à l'aise. Et j'ai assisté au moins deux fois à une mise à la porte dudit IPR de façon tonitruante par un de ces profs que nous adorions et qui n'entendaient pas se laisser marcher sur les pieds. Envisageable aujourd'hui ?
Ils comptaient sur les générations qu'ils formaient, profs bardés de pédagogie innovante, éduqués à changer l'école pour changer la société, évangélistes de la société libérale avancée, nourris à Vitgovsky (Qu'Allah le bénisse !) et éclairés par Meirieu (Qu'Allah le protège !).
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Of all tyrannies, a tyranny sincerely exercised for the good of its victims may be the most oppressive. It would be better to live under robber barons than under omnipotent moral busybodies. The robber baron’s cruelty may sometimes sleep, his cupidity may at some point be satiated; but those who torment us for our own good will torment us without end for they do so with the approval of their own conscience.
- CarnyxNeoprof expérimenté
Pour connaître la langue :ycombe a écrit:Et les gens de l'OCDE sont très forts pour appliquer leurs idées en détournant le vocabulaire de son sens, glanant au passage le soutien de gens qui ne voient pas que les mots ont été vidés de leur substance.
Il y a bien LQR d'Éric Hazan, mais le vocabulaire utilisé par les réformes en éducation mériterait un livre à lui tout seul.
https://www.neoprofs.org/t61164-lexique-pour-commencer-une-belle-carriere
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Of all tyrannies, a tyranny sincerely exercised for the good of its victims may be the most oppressive. It would be better to live under robber barons than under omnipotent moral busybodies. The robber baron’s cruelty may sometimes sleep, his cupidity may at some point be satiated; but those who torment us for our own good will torment us without end for they do so with the approval of their own conscience.
- Guillaume le GrandFidèle du forum
Cripure a écrit:Aujourd'hui, on a de gentils petits élèves gentiment médiocres (sauf exception, bien sûr), qui écoutent gentiment, se laissent esclavagiser pendant l'année de stage, ont peur de M. CDE, de M. IPR, de M. FCPE, de M. monboucherquitrouvequej'aitrodevacances, trouvent qu'ils sont pleins de privilèges et ont presque honte d'exister. C'est clair que ça n'aide pas à faire évoluer par la force le système : les bonnets rouges, les camionneurs ou les paysans baissent autrement moins la tête.
+1
Le problème est que beaucoup de professeurs croient encore que la simple négociation, à base d'arguments rationnels, suffira à faire pencher la balance dans leur côté. La négociation, le paritarisme sont terminés car ceux-ci exigent qu'il y ait un minimum d'égalité entre employeur et salariés, ce qui n'est évidemment plus le cas, tant les pressions exercées de haut en bas sont fortes. La situation des stagiaires en est l'exemple parfait.
D'autres professions, comme les agriculteurs en ce moment, ne s'embarrassent plus des bonnes manières.
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''C'est drôle comme les gens qui se croient instruits éprouvent le besoin de faire chier le monde''. Boris Vian
''Nous n'acceptons pas de vérité promulguée : nous la faisons nôtre d'abord par l'étude et par la discussion et nous apprenons à rejeter l'erreur, fut-elle mille fois estampillée et patentée. Que de fois, en effet, le peuple ignorant a-t-il dû reconnaître que ses savants éducateurs n'avaient d'autre science à lui enseigner que celle de marcher paisiblement et joyeusement à l'abattoir, comme ce boeuf des fêtes que l'on couronne de guirlandes en papier doré." Elisée Reclus
- RoninMonarque
C'est à dire qu'il faudrait pour ça avoir du courage et des convictions, pour rester poli. La profession est fière d'être panurge.
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- ycombeMonarque
Carnyx a écrit:Comme disaient des formateurs : « Les enseignants à l'ancienne vont finir par disparaître comme les dinosaures, hihihi. »Cripure a écrit:La sociologie de la profession a énormément changé. Brighelli est le prof d'une génération où les concours sélectionnaient les 8-10% des étudiants parmi les plus brillants, souvent grandes gueules et contestataires, politisés dès leurs débuts au lycée et servant à la fois de profs et de mentor (pas tous, mais on en a rencontré, quand on a été scolarisé dans les années 70-80). Aujourd'hui, on a de gentils petits élèves gentiment médiocres (sauf exception, bien sûr), qui écoutent gentiment, se laissent esclavagiser pendant l'année de stage, ont peur de M. CDE, de M. IPR, de M. FCPE, de M. monboucherquitrouvequej'aitrodevacances, trouvent qu'ils sont pleins de privilèges et ont presque honte d'exister. C'est clair que ça n'aide pas à faire évoluer par la force le système : les bonnets rouges, les camionneurs ou les paysans baissent autrement moins la tête.VicomteDeValmont a écrit:Le problème n'est-il pas tout simplement, plutôt qu'un abrutissement de la profession enseignante, un militantisme fatigué et sclérosé de l'intérieur, une inefficacité récurrente (une journée de grève, c'est inutile) des actions menées, une frilosité syndicale (jamais de rétention de notes, de refus de correction ou de surveillance aux examens)?
Quelque chose m'avait vraiment frappé quand j'étais élève : c'est le fait que quand un IPR venait inspecter mes profs, souvent il ne semblait pas à l'aise. Et j'ai assisté au moins deux fois à une mise à la porte dudit IPR de façon tonitruante par un de ces profs que nous adorions et qui n'entendaient pas se laisser marcher sur les pieds. Envisageable aujourd'hui ?
Ils comptaient sur les générations qu'ils formaient, profs bardés de pédagogie innovante, éduqués à changer l'école pour changer la société, évangélistes de la société libérale avancée, nourris à Vitgovsky (Qu'Allah le bénisse !) et éclairés par Meirieu (Qu'Allah le protège !).
Pour être sûr que ça marche bien, il faut contrôler les formateurs. D'où la mise en place de la nouvelle certification.
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- User5899Demi-dieu
Peut-être. Cela supprime-t-il la paume pour autant ?ycombe a écrit:Pas de raison d'être paumé pour ça.Cripure a écrit:Ca, c'est une vraie analyse, en tout cas, un constat lucide. Il est paumé politiquement comme nous devrions tous l'être, en voyant que les réformes qui se succèdent ne procèdent pas des politiques (au moins depuis 1975), mais de groupes de pression pérennes au sein de la techno-structure ministérielle.Marcel Khrouchtchev a écrit:Je ne pense pas que Brighelli soit "le diable incarné". Je pense qu'il est plutôt paumé à vrai dire (comme le montre son passage, en 10 ans, de Bayrou à Dupont-Aignan, ça montre un certain manque de repères).
- titus06Habitué du forum
arth75 a écrit:Pourquoi on enseigne plus la grammaire (séparément s'entend) alors que les élèves et les parents le demandent ?
En HGEC, pourquoi chercher à bannir la copie du cours (pensée comme un prélude à la prise de note) au profit de la "construction autonomie de la trace écrite" (systématiquement s'entend), alors que les élèves sont en demande de notes "claires" ?
Deux questions posées à une IPR.
Réponse: "Avez-vous envisagé que des années de pratiques rétrogrades aient pu "déformer" les esprits de vos élèves ?"
Aucun enseignant ne pratique cette "construction autonome" de façon systématique. C'est techniquement impossible à moins de ne jamais finir les programmes...
Quant à la réponse de l'IPR... no comment
- ElyasEsprit sacré
titus06 a écrit:arth75 a écrit:Pourquoi on enseigne plus la grammaire (séparément s'entend) alors que les élèves et les parents le demandent ?
En HGEC, pourquoi chercher à bannir la copie du cours (pensée comme un prélude à la prise de note) au profit de la "construction autonomie de la trace écrite" (systématiquement s'entend), alors que les élèves sont en demande de notes "claires" ?
Deux questions posées à une IPR.
Réponse: "Avez-vous envisagé que des années de pratiques rétrogrades aient pu "déformer" les esprits de vos élèves ?"
Aucun enseignant ne pratique cette "construction autonome" de façon systématique. C'est techniquement impossible à moins de ne jamais finir les programmes...
Quant à la réponse de l'IPR... no comment
Déjà, il faut s'entendre sur ce qu'on appelle "construction autonome", je connais au moins cinq techniques de constructions autonomes, chacune n'ayant pas la même efficacité ni les mêmes intérêts. Après, c'est comme tout, on fait des choix qui se doivent d'être efficaces pour les élèves.
- OsmieSage
stench a écrit:Cripure a écrit:La sociologie de la profession a énormément changé. Brighelli est le prof d'une génération où les concours sélectionnaient les 8-10% des étudiants parmi les plus brillants, souvent grandes gueules et contestataires, politisés dès leurs débuts au lycée et servant à la fois de profs et de mentor (pas tous, mais on en a rencontré, quand on a été scolarisé dans les années 70-80). Aujourd'hui, on a de gentils petits élèves gentiment médiocres (sauf exception, bien sûr), qui écoutent gentiment, se laissent esclavagiser pendant l'année de stage, ont peur de M. CDE, de M. IPR, de M. FCPE, de M. monboucherquitrouvequej'aitrodevacances, trouvent qu'ils sont pleins de privilèges et ont presque honte d'exister. C'est clair que ça n'aide pas à faire évoluer par la force le système : les bonnets rouges, les camionneurs ou les paysans baissent autrement moins la tête.VicomteDeValmont a écrit:Le problème n'est-il pas tout simplement, plutôt qu'un abrutissement de la profession enseignante, un militantisme fatigué et sclérosé de l'intérieur, une inefficacité récurrente (une journée de grève, c'est inutile) des actions menées, une frilosité syndicale (jamais de rétention de notes, de refus de correction ou de surveillance aux examens)?
Quelque chose m'avait vraiment frappé quand j'étais élève : c'est le fait que quand un IPR venait inspecter mes profs, souvent il ne semblait pas à l'aise. Et j'ai assisté au moins deux fois à une mise à la porte dudit IPR de façon tonitruante par un de ces profs que nous adorions et qui n'entendaient pas se laisser marcher sur les pieds. Envisageable aujourd'hui ?
Voilà exactement ce que je pense aussi, même si je suis trop jeune pour avoir vraiment connu la génération dont tu parles.
Moi aussi.
La sociologie de nombreuses professions a changé et ce changement reflète l'époque : absence d'engagement politique et syndical, indifférence, égocentrisme, défaitisme, mépris de classe, autosatisfaction rapide, amour du pognon, vision du monde à court terme. L'ANI est passé comme une lettre à la poste en 2013, et pourtant il précarise tous les travailleurs du privé ; je ne cite que cet exemple car ils sont innombrables. Les journaux ont dû moins en parler que du têtard d'une quelconque tête couronnée ou que du dernier tweet de Loana.
La transmission de la conscience politique ne s'est pas faite d'une génération à une autre, ce qui est très grave (pour ma part, je n'ai rencontré aucun prof marquant et si j'ai apprécié l'un ou l'autre, je n'en ai adoré aucun).
Les concours de l'enseignement ne sont plus sélectifs en effet : la paupérisation voulue et orchestrée illustre assez combien il était important de saborder cette profession. Le professeur commence à 1,1 SMIC et semble parfois content de cela ("j'ai un travail, c'est déjà bien") ; les syndicats et les partis n'organisant plus (ou presque plus) de formations ou de cours du soir, il revient à chacun de se débrouiller pour se former seul. La transmission, cela existe, mais elle ne devrait pas être limitée aux savoirs liés à nos disciplines. La transmission politique, syndicale, sociale est primordiale, mais les volontaires (ou ceux qui restent encore) pour les transmettre ne sont pas légion.
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