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- SergeMédiateur
La problématique d'un chapitre n'est pas toujours simple à trouver.
Je vous propose donc d'inaugurer par ce topic une mise en commun des problématique possibles pour ce chapitre puis, en fonction des problématiques, de suggérer chacun le maximum de textes qui iraient dans le sens des différentes problématiques (afin que chacun puisse se nourrir des idées de textes auxquels il ne pensait pas forcément, et se créer ainsi son GT idéal en rapport avec telle ou telle problématique)
Puis nous pourrons en lancer d'autres sur les autres chapitres (ainsi que pour les différents niveaux)
Personnellement, la "problématisation" des chapitres m'ennuie.
Je préfère étudier des textes qui me plaisent en lien avec le chapitre (et voir l'intérêt de chaque texte) plutôt que trouver obligatoirement une sorte de fil directeur à tous les textes du chapitre, ce qui conduirait à exclure peut-être des textes qui me plairaient et n'entreraient pas tout à fait dans la dite problématique. Ou alors je n'ai pas trop saisi ce qui est demandé réellement à ce propos.
Alors, si des problématiques sympas pouvaient émerger de tels topics, et que les textes suggérés en lien par les uns et les autres permettent de piocher des idées et de se constituer parmi eux des GT vraiment intéressants et liés par une vraie problématique littéraire, sans être un inconditionnel de l'idée, je me dis pourquoi pas ...
Je vous propose donc d'inaugurer par ce topic une mise en commun des problématique possibles pour ce chapitre puis, en fonction des problématiques, de suggérer chacun le maximum de textes qui iraient dans le sens des différentes problématiques (afin que chacun puisse se nourrir des idées de textes auxquels il ne pensait pas forcément, et se créer ainsi son GT idéal en rapport avec telle ou telle problématique)
Puis nous pourrons en lancer d'autres sur les autres chapitres (ainsi que pour les différents niveaux)
Alexlafée a écrit:"D'autant qu'une vraie problématique ne doit pas être thématique mais bien littéraire !
En théorie le titre de séquence doit relever d'un fait littéraire et non d'un thème ...."
Personnellement, la "problématisation" des chapitres m'ennuie.
Je préfère étudier des textes qui me plaisent en lien avec le chapitre (et voir l'intérêt de chaque texte) plutôt que trouver obligatoirement une sorte de fil directeur à tous les textes du chapitre, ce qui conduirait à exclure peut-être des textes qui me plairaient et n'entreraient pas tout à fait dans la dite problématique. Ou alors je n'ai pas trop saisi ce qui est demandé réellement à ce propos.
Alors, si des problématiques sympas pouvaient émerger de tels topics, et que les textes suggérés en lien par les uns et les autres permettent de piocher des idées et de se constituer parmi eux des GT vraiment intéressants et liés par une vraie problématique littéraire, sans être un inconditionnel de l'idée, je me dis pourquoi pas ...
- liskayaNeoprof expérimenté
Serge a écrit:
Personnellement, la "problématisation" des chapitres m'ennuie.
et moi j'y arrive pô...
- vivi1982Niveau 10
Ma problématique sur ce chapitre était : "quelle est la place de la vérité dans la restitution du souvenir?"
De mémoire dans mon GT j'avais Montaigne et Rousseau, Sarraute "mon premier chagrin" (très intéressant par rapport à la problématique), Perec, Bazin. Je voulais aussi faire Proust mais pas eu le temps.
De mémoire dans mon GT j'avais Montaigne et Rousseau, Sarraute "mon premier chagrin" (très intéressant par rapport à la problématique), Perec, Bazin. Je voulais aussi faire Proust mais pas eu le temps.
- AbigaëlNiveau 1
Ah ! Moi j'adorerais faire Proust ! Alors si vous trouvez des questions possibles, d'autres textes, etc...
Parce qu'en OI, dans le même sujet, je voulais faire Le Grand Meaulnes, je sais pas ce que vous en dites ?
Parce qu'en OI, dans le même sujet, je voulais faire Le Grand Meaulnes, je sais pas ce que vous en dites ?
- ProvenceEnchanteur
Et moi, je n'essaie même pas!liskaya a écrit:et moi j'y arrive pô...Serge a écrit:
Personnellement, la "problématisation" des chapitres m'ennuie.
- SergeMédiateur
Pas mal, mais là ce serait franchement une problématique pour l'autobiographie.vivi1982 a écrit:Ma problématique sur ce chapitre était : "quelle est la place de la vérité dans la restitution du souvenir?"
De mémoire dans mon GT j'avais Montaigne et Rousseau, Sarraute "mon premier chagrin" (très intéressant par rapport à la problématique), Perec, Bazin. Je voulais aussi faire Proust mais pas eu le temps.
Les chapitres "Récits d'enfance et d'adolescence" peuvent ne pas être autobiographique du tout.
- saocaeNiveau 7
Une problématique autour de l'innocence serait peut-être possible. On dit souvent que l'enfance incarne l'innocence, comment celle-ci est-elle rendue dans un récit d'enfance, récit créé par un adulte ?
On pourrait par exemple trouver un extrait de Pagnol, qui pour moi incarne l'innocence pure, sans aucune mise à distance. On retrouve en lisant Pagnol la magie enfantine.
Pour la mise à distance critique, Garry et l'épisode de Valentine dans La Promesse de l'aube, où on perçoit bien la naïveté de l'enfant et la moquerie du narrateur adulte.
Un extrait d'Enfance de Sarraute, où le narrateur essaie de comprendre les actes de l'enfant. Je pense notamment au passage où elle s'endort en retenant son père auprès d'elle. Mais il doit y en avoir plein d'autres dans ce roman.
Pour finir, l'incipit de W où l'innocence perdue trop tôt a ôté tout souvenir. A-t-on une enfance lorsque l'on perd son innocence à cause de la guerre ?
En complément, j'imaginais passer des extraits de La vie est belle de Benigni : peut-on préserver l'innocence d'un enfant envers et contre tout ?
Pensez-vous que cela peut tenir la route ? Est-ce trop autobiographique ? Voyez-vous d'autres textes en rapport avec ce thème ?
On pourrait par exemple trouver un extrait de Pagnol, qui pour moi incarne l'innocence pure, sans aucune mise à distance. On retrouve en lisant Pagnol la magie enfantine.
Pour la mise à distance critique, Garry et l'épisode de Valentine dans La Promesse de l'aube, où on perçoit bien la naïveté de l'enfant et la moquerie du narrateur adulte.
Un extrait d'Enfance de Sarraute, où le narrateur essaie de comprendre les actes de l'enfant. Je pense notamment au passage où elle s'endort en retenant son père auprès d'elle. Mais il doit y en avoir plein d'autres dans ce roman.
Pour finir, l'incipit de W où l'innocence perdue trop tôt a ôté tout souvenir. A-t-on une enfance lorsque l'on perd son innocence à cause de la guerre ?
En complément, j'imaginais passer des extraits de La vie est belle de Benigni : peut-on préserver l'innocence d'un enfant envers et contre tout ?
Pensez-vous que cela peut tenir la route ? Est-ce trop autobiographique ? Voyez-vous d'autres textes en rapport avec ce thème ?
- vivi1982Niveau 10
Comme on est sur ce thème: est-ce que vous faites obligatoirement un GT et une oeuvre intégrale sur les récits d'enfance?
L'an dernier j'ai fait un GT qui accentuait plus sur l'autobiographie pour leur donner quelques billes pour le lycée, puis j'avais fait Vipère au poing qui fut long et difficile pour eux et qui nous a pris beaucoup de temps. Du coup je pensais faire cette année un GT sur les récits d'enfance avec une lecture cursive mais ça ne fait pas un peu léger?
Saocae je trouve tes idées intéressantes. Des extraits de Vipère au poing pourrait peut-être convenir en complément?
L'an dernier j'ai fait un GT qui accentuait plus sur l'autobiographie pour leur donner quelques billes pour le lycée, puis j'avais fait Vipère au poing qui fut long et difficile pour eux et qui nous a pris beaucoup de temps. Du coup je pensais faire cette année un GT sur les récits d'enfance avec une lecture cursive mais ça ne fait pas un peu léger?
Saocae je trouve tes idées intéressantes. Des extraits de Vipère au poing pourrait peut-être convenir en complément?
- AbigaëlNiveau 1
Waw ! Saocae, c'est super, je trouve !
- AbigaëlNiveau 1
vivi1982, moi je vais faire un GT et Le Grand Meaulnes en LC, je pense que ça suffit, non ?
Sinon, je pense à de nombreux passages de La Recherche du Temps Perdu, comme la dame en rose, où le narrateur raconte à la fois ses sentiments d'alors et ses sentiments d'adulte, surtout en montrant que le savoir lui a fait perdre la fraîcheur qu'il avait alors (la dame en rose n'est en fait qu'une courtisane).
Sinon, je pense à de nombreux passages de La Recherche du Temps Perdu, comme la dame en rose, où le narrateur raconte à la fois ses sentiments d'alors et ses sentiments d'adulte, surtout en montrant que le savoir lui a fait perdre la fraîcheur qu'il avait alors (la dame en rose n'est en fait qu'une courtisane).
- saocaeNiveau 7
Je n'ai pas mis Vipère au poing parce que je compte l'étudier en OI. Mais j'y avais pensé oui, du coup je me dis que cette problématique peut avoir un autre écho avec l'étude de Vipère au poing.
L'année dernière, j'ai fait comme toit vivi1982, un GT axé autobiographie et Vipère au poing en OI. J'aurais beaucoup de mal à ne faire le récit d'enfance qu'en GT parce qu' un GT ne montre justement pas l'unité d'une œuvre. Or, pour moi, récit d'enfance = apprentissage, évolution... Je ne crois pas qu'un GT puisse montrer tout cela. Mais il faut dire que je préfère travailler les œuvres complètes plutôt que les GT.
J'aime beaucoup ton idée de texte Abigaël, je vais essayer de le trouver, tu peux me dire comment le trouver un peu plus précisément ?
L'année dernière, j'ai fait comme toit vivi1982, un GT axé autobiographie et Vipère au poing en OI. J'aurais beaucoup de mal à ne faire le récit d'enfance qu'en GT parce qu' un GT ne montre justement pas l'unité d'une œuvre. Or, pour moi, récit d'enfance = apprentissage, évolution... Je ne crois pas qu'un GT puisse montrer tout cela. Mais il faut dire que je préfère travailler les œuvres complètes plutôt que les GT.
J'aime beaucoup ton idée de texte Abigaël, je vais essayer de le trouver, tu peux me dire comment le trouver un peu plus précisément ?
- AbigaëlNiveau 1
C'est dans le deuxième chapitre de Combray dans Du Côté de chez Swann.
Il faudra forcément sabrer le texte, sinon l'extrait sera interminable, mais je constate en le relisant que c'est même un des moments où le narrateur perd son innocence, car en parlant avec la dame en rose, il réalise qu'elle n'est pas un idéal mais une jeune femme comme les autres, qui utilise des expressions toutes faites, etc.
Il faudra forcément sabrer le texte, sinon l'extrait sera interminable, mais je constate en le relisant que c'est même un des moments où le narrateur perd son innocence, car en parlant avec la dame en rose, il réalise qu'elle n'est pas un idéal mais une jeune femme comme les autres, qui utilise des expressions toutes faites, etc.
- liskayaNeoprof expérimenté
+1Abigaël a écrit:Waw ! Saocae, c'est super, je trouve !
- AbraxasDoyen
EH bien, pour en rester à une problématique strictement littéraire, pourquoi pas quelque chose sur le Je (Sartre) ou le Il (Renard) dans le récit d'enfance — ou le pseudo (voir Vallès ou Loti) comme structure intermédiaire entre les deux ? Bref, l'autobiographie ne serait-elle pas tentée par la fiction — ne serait-ce que dans la mesure où l'enfance et l'adolescence sont, en soi, toujours, des fictions…
- vivi1982Niveau 10
Saocae, quel extrait de Pagnol étudiez-vous? J'hésite entre plusieurs.
Abraxas, je trouve ça intéressant aussi, ça rejoint un peu ma problématique.
Abraxas, je trouve ça intéressant aussi, ça rejoint un peu ma problématique.
- miss sophieExpert spécialisé
J'aime bien faire l'épisode de la madeleine, dont l'écriture me ravit et qui permet aussi de réfléchir avec les élèves sur la mémoire. Je leur donne la photocopie de trois pages (dans Du côté de chez Swann au bout d'une cinquantaine de pages, dans la partie Combray ) : de "Il y avait bien des années que, de Combray, tout ce qui n'était pas le théâtre et le drame de mon coucher n'existait plus pour moi (...)" à "(...) tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé". Lecture professorale évidemment avec arrêts pour explication du vocabulaire et reformulation (que se passe-t-il ?). Les questions que je leur pose ensuite (ou que nous nous posons) sont en pièce jointe avec les réponses.Abigaël a écrit:Ah ! Moi j'adorerais faire Proust ! Alors si vous trouvez des questions possibles, d'autres textes, etc...
- miss sophieExpert spécialisé
Bon, apparemment il n'y a plus d'espace de stockage... je tente un copié-collé.
Edit : je mets l'analyse en spoiler au cas (fort hypothétique certes) où des élèves chercheraient des réponses toutes faites...
- Spoiler:
- Lecture et thème général
Ce texte raconte comment le passé renaît dans la mémoire du narrateur (« la vieille maison […] vint comme un décor de théâtre s’appliquer au petit pavillon ») après avoir mangé une madeleine en buvant du thé : « tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé ». Le souvenir remonte des profondeurs (image) dans un certain suspense (questions + futur). L’expression « madeleine de Proust » est restée dans la langue.
Questions :
1) Montrez l’aspect fortuit de la révélation qui va s’offrir au narrateur.
La révélation de son passé oublié s’offre au narrateur de façon fortuite ; il le souligne dans les expressions « contre mon habitude » et « je ne sais pourquoi, je me ravisai » : c’est par hasard et « machinalement » qu’il boit du thé ce jour-là, ce qui va suivre est complètement inattendu.
2) Quel est l’effet immédiat de l’absorption de la première gorgée de thé ?
La première gorgée de thé absorbée fait naître « un plaisir délicieux », une « puissante joie » qui lui fait dépasser les contingences de la vie. Notez le rythme ternaire (effet psycho).
3) En quoi le terme de « réminiscence » s’appliquerait bien à la sensation éprouvée par le narrateur ?
Une réminiscence est un souvenir imprécis et presque inconscient. Ce qu’éprouve le narrateur dans ce passage est bien le retour de quelque chose de confus, de flou, qui peine à trouver le chemin de sa conscience.
4) Analysez le changement de temps qui intervient dans la page 55.
Le début de cet extrait est rédigé au passé simple (la fin aussi), mais rapidement le présent de l’indicatif prend sa place, à partir de la ligne 27. C’est un présent de narration qui va rendre le moment raconté plus proche, comme si le narrateur revivait la scène.
5) Par quels procédés s’expriment les difficultés que rencontre la conscience du narrateur dans sa tentative d’élucidation du phénomène ?
Pour rendre compte des difficultés qu’a sa conscience à élucider ce qui se produit en lui, le narrateur use de nombreuses interrogations (l.23, 26, 27, 39, 43, 80, 85), exprime ses doutes ([elle] « ne devait pas être de même nature » l.25, « Je ne sais » l.83), fait des hypothèses qu’il rectifie aussitôt (« ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi » l.21).
6) Retrouvez la fonction des différents groupes soulignés pour commenter la construction de cette phrase (lignes 109 à 116). Que permet-elle de mettre en valeur ?
Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes,
à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.
Dans les lignes 109 à 116, les compléments sont démultipliés en petites énumérations, ce qui allonge la phrase. Ces compléments s’imbriquent les uns dans les autres et ce procédé permet de finir par « l’édifice immense du souvenir » (COD attendu du verbe porter) qui est ainsi mis en valeur et juxtaposé, dans une formule antithétique, à la « gouttelette presque impalpable » qui le porte. La disproportion est accentuée.
7) De la même façon, une odeur ramène à votre conscience un souvenir enfoui. Racontez en détaillant vos sensations et le cheminement de votre mémoire et en exprimant les sentiments ressentis lors de cette re-découverte d’un pan de votre passé.
Remarques :
Dans cet extrait, la hiérarchie des sensations est bouleversée : le goût est plus fort que la vue.
Rôles du moi sensible (les sensations physiques) et du moi intellectuel (la conscience claire) dans la recherche de la vérité.
Edit : je mets l'analyse en spoiler au cas (fort hypothétique certes) où des élèves chercheraient des réponses toutes faites...
- AbigaëlNiveau 1
Merci BEAUCOUP Miss Sophie !
Votre question sur l'aspect fortuit de la réminiscence me fait penser à Pagnol, qui a sans la savoir acheté le château où ils passaient, sa famille et lui, pour aller à leur maison de campagne quand il était petit. Quand il l'a reconnu, tout un passage de son enfance lui est ainsi revenu.
Je crois qu'il y aurait là une piste à explorer.
L'analyse grammaticale est très intéressante, ici (enfin !).
Votre question sur l'aspect fortuit de la réminiscence me fait penser à Pagnol, qui a sans la savoir acheté le château où ils passaient, sa famille et lui, pour aller à leur maison de campagne quand il était petit. Quand il l'a reconnu, tout un passage de son enfance lui est ainsi revenu.
Je crois qu'il y aurait là une piste à explorer.
L'analyse grammaticale est très intéressante, ici (enfin !).
- saocaeNiveau 7
vivi1982, je n'ai pas encore choisi mon texte de Pagnol, il faut que je me replonge dedans.
- SophieSoubotitchNiveau 2
Personnellement j'ai décidé d'axer mon GT "récits d'enfance et d'adolescence" sur des récits autobiographiques (avec à la fin de la séquence une séance sur la frontière des genres => autofiction / faux récits autobiographiques). Je trouve que c'est une bonne façon de les préparer à la 2nde et de découvrir un genre nouveau. J’enchaînerai ensuite avec Un secret de Grimbert en OI.
Je trouve la thématique de l'innocence intéressante, je pense vous piquer cette idée pour une séance ! Pour l'instant je m'axe sur les difficultés liées au récit autobiographique ( thème de la séquence). Je cherche en ce moment un texte à étudier en LA sur la mémoire et les difficultés à raconter un souvenir lointain (enfance /adolescence ) évidemment il y a Proust mais vu le niveau de mes élèves, si je leur donne Proust je les perd ...
Auriez-vous des idées de texte qui évoquerait les difficultés de raconter lié à la mémoire ? ( qui l'évoquerait ou dans lequel cette difficulté serait très visible).
Je trouve la thématique de l'innocence intéressante, je pense vous piquer cette idée pour une séance ! Pour l'instant je m'axe sur les difficultés liées au récit autobiographique ( thème de la séquence). Je cherche en ce moment un texte à étudier en LA sur la mémoire et les difficultés à raconter un souvenir lointain (enfance /adolescence ) évidemment il y a Proust mais vu le niveau de mes élèves, si je leur donne Proust je les perd ...
Auriez-vous des idées de texte qui évoquerait les difficultés de raconter lié à la mémoire ? ( qui l'évoquerait ou dans lequel cette difficulté serait très visible).
- saocaeNiveau 7
Tu as l'incipit de W où Pérec énonce clairement : "je n'ai pas de souvenirs d'enfance". J'ai fait plusieurs fois ce texte, cela fonctionne très bien (il était dans un vieux texto 3è, il le faut assez long et non se contenter des extraits très courts de certains nouveaux manuels). Dans Enfance de Sarraute il y a à coup sûr des passages évoquant cela mais je ne peux pas te dire précisément où.
- SophieSoubotitchNiveau 2
Le problème est que j'ai déjà utilisé ces auteurs pour d'autres moments dans ma séquence ! ( Mais je vais voir su au final je ne garde pas Pérec pour cette séance-là ... ). Merci en tous cas ! Finalement je pense leur proposer un extrait de Duras ( moment dans L'Amant où elle parle de son chapeau " Comment il était arrivé jusqu'à moi, je l'ai oublié" ).
- SeiGrand Maître
L'incipit des Mémoires d'une jeune fille rangée en fait état, mélange entre fausse reconnaissance objective (la narratrice ne se reconnaît sur les photographies, non pas grâce à sa mémoire, mais parce qu'elle fait confiance à ce que d'autres lui ont dit) et brouillon des sens (vague souvenir de couleurs). Mais sans doute n'est-ce pas assez explicite.SophieSoubotitch a écrit:
Auriez-vous des idées de texte qui évoquerait les difficultés de raconter lié à la mémoire ? ( qui l'évoquerait ou dans lequel cette difficulté serait très visible).
Simone a écrit:
Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail. Sur les photos de famille prises l’été suivant, on voit de jeunes dames en robe longues, aux chapeaux empanachés de plumes d’autruche, des messieurs coiffés de canotiers et de panamas qui sourient à un bébé : ce sont mes parents, mon grand-père, des oncles, des tantes, et c’est moi. Mon père avait trente ans, ma mère vingt et un, et j’étais leur premier enfant. Je tourne une page de l’album; maman tient dans ses bras un bébé qui n’est pas moi; je porte une jupe plissée, un béret, j’ai deux ans et demi, et ma sœur vient de naître. J’en fus, paraît-il, jalouse, mais pendant peu de temps. Aussi loin que je me souvienne, j’étais fière d’être l’aînée : la première. Déguisée en chaperon rouge, portant dans mon panier galette et pot de beurre, je me sentais plus intéressante qu’un nourrisson cloué dans son berceau. J’avais une petite sœur : ce poupon ne m’avait pas.
De mes premières années, je ne retrouve guère qu’une impression confuse : quelque chose de rouge, et de noir, et de chaud. L’appartement était rouge, rouges la moquette, la salle à manger Henri II, la soie gaufrée qui masquait les portes vitrées, et dans le cabinet de papa les rideaux de velours; les meubles de cet antre sacré étaient en poirier noirci; je me blottissais dans la niche creusée sous le bureau, je m’enroulais dans les ténèbres ; il faisait sombre, il faisait chaud et le rouge de la moquette criait dans mes yeux. Ainsi se passa ma toute petite enfance. Je regardais, je palpais, j’apprenais le monde, à l’abri.
- SophieSoubotitchNiveau 2
Merci beaucoup Sei, c'est un chouette texte auquel je n'avais pas pensé, je vais voir comment je peux l'intégrer.
- V.MarchaisEmpereur
Au collège, les problématiques sont encore très générales, très modestes. Ils sont petits, ils ont peu d'outils pour s'emparer des questions que nous leur soumettons.
Pour ma part, je pose simplement la question suivante : "Quel est le regard porté sur l'enfance ?" Les élèves comprennent cette question plutôt en termes de registres, et certes, le GT aborde différentes tonalités : nostalgie, ironie discrète, humour assumé, froideur analytique... Mais la synthèse nous amène à répondre de manière un peu plus approfondie : en substance, le regard porté sur l'enfance, qu'il s'agisse de roman ou d'autobiographie, est toujours une construction du narrateur. C'est à la fois ambitieux pour des collégiens et abordable, posé en ces termes simples.
J'ajoute que Nathan a refusé un extrait des Mémoires d'une jeune fille rangée pourtant extra, qui fonctionne super-bien avec des ados, celui dans lequel elle raconte l'arrivée de ses premières règles et la honte qu'elle a ressenti. C'est un formidable portrait d'adolescente, avec toute sa gaucherie, tout son mal-être, et aussi une analyse de la faute attachée à l'image de la femme, la tableau d'une société, de l'ignorance et la culpabilité dans lesquelles étaient entretenues les jeunes filles... Un texte d'une grande richesse et qui donnait matière à discuter.
Pour ma part, je pose simplement la question suivante : "Quel est le regard porté sur l'enfance ?" Les élèves comprennent cette question plutôt en termes de registres, et certes, le GT aborde différentes tonalités : nostalgie, ironie discrète, humour assumé, froideur analytique... Mais la synthèse nous amène à répondre de manière un peu plus approfondie : en substance, le regard porté sur l'enfance, qu'il s'agisse de roman ou d'autobiographie, est toujours une construction du narrateur. C'est à la fois ambitieux pour des collégiens et abordable, posé en ces termes simples.
J'ajoute que Nathan a refusé un extrait des Mémoires d'une jeune fille rangée pourtant extra, qui fonctionne super-bien avec des ados, celui dans lequel elle raconte l'arrivée de ses premières règles et la honte qu'elle a ressenti. C'est un formidable portrait d'adolescente, avec toute sa gaucherie, tout son mal-être, et aussi une analyse de la faute attachée à l'image de la femme, la tableau d'une société, de l'ignorance et la culpabilité dans lesquelles étaient entretenues les jeunes filles... Un texte d'une grande richesse et qui donnait matière à discuter.
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