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- V.MarchaisEmpereur
Au collège, les problématiques sont encore très générales, très modestes. Ils sont petits, ils ont peu d'outils pour s'emparer des questions que nous leur soumettons.
Pour ma part, je pose simplement la question suivante : "Quel est le regard porté sur l'enfance ?" Les élèves comprennent cette question plutôt en termes de registres, et certes, le GT aborde différentes tonalités : nostalgie, ironie discrète, humour assumé, froideur analytique... Mais la synthèse nous amène à répondre de manière un peu plus approfondie : en substance, le regard porté sur l'enfance, qu'il s'agisse de roman ou d'autobiographie, est toujours une construction du narrateur. C'est à la fois ambitieux pour des collégiens et abordable, posé en ces termes simples.
J'ajoute que Nathan a refusé un extrait des Mémoires d'une jeune fille rangée pourtant extra, qui fonctionne super-bien avec des ados, celui dans lequel elle raconte l'arrivée de ses premières règles et la honte qu'elle a ressenti. C'est un formidable portrait d'adolescente, avec toute sa gaucherie, tout son mal-être, et aussi une analyse de la faute attachée à l'image de la femme, la tableau d'une société, de l'ignorance et la culpabilité dans lesquelles étaient entretenues les jeunes filles... Un texte d'une grande richesse et qui donnait matière à discuter.
Pour ma part, je pose simplement la question suivante : "Quel est le regard porté sur l'enfance ?" Les élèves comprennent cette question plutôt en termes de registres, et certes, le GT aborde différentes tonalités : nostalgie, ironie discrète, humour assumé, froideur analytique... Mais la synthèse nous amène à répondre de manière un peu plus approfondie : en substance, le regard porté sur l'enfance, qu'il s'agisse de roman ou d'autobiographie, est toujours une construction du narrateur. C'est à la fois ambitieux pour des collégiens et abordable, posé en ces termes simples.
J'ajoute que Nathan a refusé un extrait des Mémoires d'une jeune fille rangée pourtant extra, qui fonctionne super-bien avec des ados, celui dans lequel elle raconte l'arrivée de ses premières règles et la honte qu'elle a ressenti. C'est un formidable portrait d'adolescente, avec toute sa gaucherie, tout son mal-être, et aussi une analyse de la faute attachée à l'image de la femme, la tableau d'une société, de l'ignorance et la culpabilité dans lesquelles étaient entretenues les jeunes filles... Un texte d'une grande richesse et qui donnait matière à discuter.
- SergeMédiateur
Peut-on trouvé cet extrait quelque part (et éventuellement le questionnaire qui allait avec) ?
- V.MarchaisEmpereur
Du coup, on l'a mis dans le LP. Mais si tu n'y as pas accès, tu sais où t'adresser...
- SphinxProphète
Ah, merci d'avoir ouvert ce topic ! J'avoue que je me posais la question. J'ai fait l'an dernier une séquence qui était en fait une séquence "autobiographie" déguisée (j'avais axé mon GT sur les "topoi" de l'autobiographie liés à l'enfance et l'adolescence : description de la mère (Cohen), premières amours (Beauvoir), l'école (Camara Laye, Satrapi...)) mais c'est un peu tricher, comme un retour déguisé de l'ancien programme. J'aimerais changer cette année et coller davantage au programme en y incluant des récits d'enfance de fiction, sauf que je n'arrive vraiment pas à capter l'intérêt de cette séquence. Chaque texte a sa valeur intrinsèque et est intéressant à expliquer, mais comment les lier entre eux ? Pourquoi nous faire travailler là-dessus en particulier ?Les textes sur la 2e guerre, d'accord, c'est un lien thématique là encore mais un lien littéraire fort, d'autant plus qu'il concerne une période assez resserrée chronologiquement. Mais le récit d'enfance, je sèche. Qu'est-ce que c'est qu'un récit d'enfance si ce n'est un récit comme un autre, mais avec des enfants dedans ? J'ai l'impression d'une tentative de harponnage des élèves par des gens qui se sont dit que les ados aimeraient forcément des histoires avec des personnages dans leur tranche d'âge, sauf que d'un point de vue littéraire ça n'a que peu de sens.
- SergeMédiateur
V.Marchais a écrit:Du coup, on l'a mis dans le LP. Mais si tu n'y as pas accès, tu sais où t'adresser...
Le livre du profs sera disponible quand en version papier ?
- SergeMédiateur
Avec plaisir, nous sommes nombreux à nous être intéressés à la question, finalement. J'espère que d'autres vont ouvrir peu à peu des topics concernant les problématiques possibles des autres thèmes (regard porteur sur le monde, poésie moderne, Antigone, etc.)Ah, merci d'avoir ouvert ce topic !
Idem pour les autres niveaux (contes, métamorphoses, Bible, Odyssée, théâtre, etc.)
- Li-LiNeoprof expérimenté
J'avais travaillé l'an dernier sur l'enfance comme lieu de la construction de l'adulte avec pour point commun le rapport à la mère, rien de très original j'en ai peur. Le GT était le moment du coucher de Marcel dans Combray pour ouvrir, puis la pistolédade de Vipère au poing et comment Brasse Bouillon se construit dans cette victoire et cette haine de la mère, l'incapacité de l'enfant à se construire sans la reconnaissance de la mère avec la fin des Noces Barbares et le meurtre de la mère et le suicide de Ludovic, puis un exemple un peu moins noir avec un extrait du Livre de ma mère. Avec la classe tremplin ce corpus avait plutôt bien marché.
- AbraxasDoyen
L'idée de lier l'enfance à l'innocence me paraît totalement baroque. "Cet âge est sans pitié", disait La Fontaine — et il avait raison.
Je le lierais plus facilement à l'égoïsme (Proust qui s'annexe sa mère…), au narcissisme (Sartre !) et finalement à la monstruosité (c'est le mot qu'utilise deux fois Camus pour qualifier son héros).
D'ailleurs ce que l'on appelle ultérieurement un monstre est quelqu'un qui est resté enfant.
Je le lierais plus facilement à l'égoïsme (Proust qui s'annexe sa mère…), au narcissisme (Sartre !) et finalement à la monstruosité (c'est le mot qu'utilise deux fois Camus pour qualifier son héros).
D'ailleurs ce que l'on appelle ultérieurement un monstre est quelqu'un qui est resté enfant.
- RobinFidèle du forum
"L'enfant est pervers polymorphe." (S. Freud)
- saocaeNiveau 7
Abraxas a écrit:L'idée de lier l'enfance à l'innocence me paraît totalement baroque. "Cet âge est sans pitié", disait La Fontaine — et il avait raison.
Je le lierais plus facilement à l'égoïsme (Proust qui s'annexe sa mère…), au narcissisme (Sartre !) et finalement à la monstruosité (c'est le mot qu'utilise deux fois Camus pour qualifier son héros).
D'ailleurs ce que l'on appelle ultérieurement un monstre est quelqu'un qui est resté enfant.
Il faut préciser ce que l'on entend par "innocence" avec les élèves. Un enfant se montre souvent (mais pas toujours, évidemment) spontané ou naïf. C'est cela que je voulais qualifier d'innocence. Les exemples prouvant que les enfants ne sont pas innocents sont bien sûr à exploiter. C'est aussi une façon de les faire réfléchir sur cette phrase toute faite : les enfants sont-ils vraiment innocents ?
- SergeMédiateur
Serait-il possible d'avoir des exemples d'extraits significatifs ?
Cela rejoindrait mon fil rouge annuel :
Sommes-nous tous des monstres ?
Cela rejoindrait mon fil rouge annuel :
Sommes-nous tous des monstres ?
- RobinFidèle du forum
La volupté de la fessée dans les Confessions de Rousseau... Mais il paraît que Rousseau s'est rajeuni ! Mais comme c'est comme c'est bien plus troublant que du porno, ça risque de ne pas passer. Sinon, comme bel exemple de perversité il y a le vol du ruban.Serge a écrit:Serait-il possible d'avoir des exemples d'extraits significatifs ?
Cela rejoindrait mon fil rouge annuel :
Sommes-nous tous des monstres ?
- SergeMédiateur
C'est vrai, mais il me semble que les récits d'enfance en question doivent être avant tout du XXème siècle.
- vivi1982Niveau 10
Aussi dans Vipère au poing quand Brasse-Bouillon essaie de tuer sa mère sans l'ombre d'un remord si ce n'est le regret d'avoir échoué.
Comme Saocae je pense que c'est intéressant de mettre en relation tous ces textes pour montrer d'un côté le regard naïf de l'enfant et de l'autre sa perversité.
Comme Saocae je pense que c'est intéressant de mettre en relation tous ces textes pour montrer d'un côté le regard naïf de l'enfant et de l'autre sa perversité.
- NadejdaGrand sage
Au XXe et XXIe siècles, le goût des fessées est très présent dans l’oeuvre de Georges-Arthur Goldschmidt, très marqué par sa survie comme enfant caché dans un pensionnat catholique pendant la guerre (d'origine juive mais convertie au protestantisme, sa famille l'avait envoyé en France au début de la guerre — GAG écrit surtout en français mais aussi en allemand, sa langue maternelle qu'il déteste mais ne peut s'empêcher d'admirer)... Cf. Le Poing dans la bouche par exemple ou son essai Narcisse puni ou la Part échappée (si les enfants sont évidemment innocents quand les adultes s'en prennent à eux, reste qu'on s'en prend à eux, selon G.-A. G., parce que les enfants représentent le trouble, le malaise... ce qui nuance le mythe romantique de l'innocence enfantine). GAG se place dans l'héritage des Rousseau, Anton Reiser (de Moritz), Törless... et de Kafka (dont l'oeuvre réserve justement aux enfants un sort ambigu à souhait).Serge a écrit:C'est vrai, mais il me semble que les récits d'enfance en question doivent être avant tout du XXème siècle.
- SergeMédiateur
Je crois que la mienne sera :
Monde de l'enfance, monde de l'innocence ?
Reste à trouver l'ensemble des extraits précis qui pourraient bien éclairer les facettes de cette problématique, parmi des livres d'auteurs du XXème/XXIème siècle.
Peut-être Jules Renard, quand il massacre la taupe avec une innocente cruauté.
Je sais que cet extrait a toujours fait un tabac. :livre:
Monde de l'enfance, monde de l'innocence ?
Reste à trouver l'ensemble des extraits précis qui pourraient bien éclairer les facettes de cette problématique, parmi des livres d'auteurs du XXème/XXIème siècle.
Peut-être Jules Renard, quand il massacre la taupe avec une innocente cruauté.
Je sais que cet extrait a toujours fait un tabac. :livre:
- SergeMédiateur
Celle du chat est peut-être plus féroce encore :
http://fr.www.affinibook.com/ebook/read?book_id=12326&chapter_id=31
Il faut que je trouve un extrait où il est lui-même une victime innocente d'injustices et de brimades.
http://fr.www.affinibook.com/ebook/read?book_id=12326&chapter_id=31
Il faut que je trouve un extrait où il est lui-même une victime innocente d'injustices et de brimades.
- retraitéeDoyen
Tu as des extraits dans Jean-Christophe.
Je pense au passage où il est martyrisé par des enfants riches, chez qui sa mère fait le ménage. Ce doit être au début.
Tu as aussi le roman Jack de Daudet, ou la persécution de Bamban dans le Petit Chose mais ce n'est pas exactement la période. Idem pour Vallès.
Un poème de Prévert aussi.
http://nadorculture.unblog.fr/2013/08/08/chasse-a-l’enfant-jacques-prevert-recueil-paroles/
Chez Gide aussi : le suicide de Boris (j'espère que c'est le bon prénom) dans les Faux-monnayeurs.
Je pense au passage où il est martyrisé par des enfants riches, chez qui sa mère fait le ménage. Ce doit être au début.
Tu as aussi le roman Jack de Daudet, ou la persécution de Bamban dans le Petit Chose mais ce n'est pas exactement la période. Idem pour Vallès.
Un poème de Prévert aussi.
http://nadorculture.unblog.fr/2013/08/08/chasse-a-l’enfant-jacques-prevert-recueil-paroles/
Chez Gide aussi : le suicide de Boris (j'espère que c'est le bon prénom) dans les Faux-monnayeurs.
- TangledingGrand Maître
Ah je fais remonter ce sujet car c'est justement une de mes difficultés avec cet objet d'étude thématique un peu abscons (la difficulté de trouver une problématique pertinente).
Pour la cruauté des enfants il y a aussi la nouvelle de Maupassant "Le papa de Simon", même si ce ce n'est ps le XXe en effet (mais en début d'année ça peut faire le lien avec le programme de 4e).
Sinon pour en revenir à la question plus générale de la problématique, en spoiler :
Pour la cruauté des enfants il y a aussi la nouvelle de Maupassant "Le papa de Simon", même si ce ce n'est ps le XXe en effet (mais en début d'année ça peut faire le lien avec le programme de 4e).
Sinon pour en revenir à la question plus générale de la problématique, en spoiler :
- Spoiler:
- Je trouve aussi que souvent c'est compliqué de trouver une problématique littéraire accessible aux collégiens. Mais en même temps quand on y parvient ça présente à mon avis un double intérêt :
- la cohérence du GT est alors réelle
- corollaire de l'implication précédente : ça facilite le choix forcément restrictif des extraits du GT, surtout quand on a du mal (c'ets mon cas) à exclure des textes toujours séduisants (or le temps est limité).
_________________
"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
Point et grille.
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- AmaliahEmpereur
Je relis également ce topic avec intérêt!
Après avoir vu les pactes de Montaigne et Rousseau, je travaille sur des récits d'injustices :
- Rousseau, le vol des pommes.
- Article sur la fessée (pour / contre).
- Vallès, "La toilette".
- Cohen, la visite du médecin et bien sûr la mort de la mère.
- Leiris, "Gorge coupée".
- Bazin, la pistolétade.
- Parfois Gary (quand je ne l'étudie pas en OI), Valentine ou un extrait du début quand sa mère arrive devant ses copains soldats.
Comment formuleriez-vous l'axe d'étude? Il me semble que le point commun est ce que ces textes révèlent sur les enfants dont il est question et les adultes qu'ils sont devenus.
Après avoir vu les pactes de Montaigne et Rousseau, je travaille sur des récits d'injustices :
- Rousseau, le vol des pommes.
- Article sur la fessée (pour / contre).
- Vallès, "La toilette".
- Cohen, la visite du médecin et bien sûr la mort de la mère.
- Leiris, "Gorge coupée".
- Bazin, la pistolétade.
- Parfois Gary (quand je ne l'étudie pas en OI), Valentine ou un extrait du début quand sa mère arrive devant ses copains soldats.
Comment formuleriez-vous l'axe d'étude? Il me semble que le point commun est ce que ces textes révèlent sur les enfants dont il est question et les adultes qu'ils sont devenus.
- AmaliahEmpereur
Sinon avec presque les mêmes extraits mais en rajoutant la naissance de Chateaubriand, je propose tout simplement : Pourquoi et comment raconter son enfance?
Ecrire pour se mettre en scène, se justifier, s'indigner, rendre hommage etc.
Edit : Axe d'étude qui ne convient plus pour les récits d'enfance et d'adolescence mais qui allait pour l'autobiographie.
Ecrire pour se mettre en scène, se justifier, s'indigner, rendre hommage etc.
Edit : Axe d'étude qui ne convient plus pour les récits d'enfance et d'adolescence mais qui allait pour l'autobiographie.
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