Le fil des thésards (ou des thésards sur le fil, allez savoir...)

Merci Elaïna ! Qui ne tente rien n'a rien, je tenterai cela aussi.

J'ai deux amies qui, bien qu'elles fussent extrêmement brillantes, ne parvenaient pas à obtenir de poste en France (pour la simple raison qu'il y en avait un par an ouvert au concours, dans leurs disciplines), et qui ont récemment été recrutées respectivement en Suisse et au Canada - où leurs conditions d'enseignement comme de recherche seront meilleures, et leurs salaires bien plus élevés. Bien ouéj la France.

Ah, pas de crise de recrutement aux Etats-Unis et au Royaume Uni, pour ne citer que ces deux exemples ?
Je suis étonnée. Les échanges sur les forums disent l'inverse. Et les docteurs italiens viennent en France car c'est bien pire chez eux.
Que veut-il dire par "à l'étranger" ? C'est un conseil fondé ou celaveut-il justedire qu'il n'y a pas de poste en France ?

Je répondais à Elaïna et n'ai pas vu les messages suivants. Mes excuses.

De toute façon y'a pas de postes en France, alors autant aussi tenter ailleurs si on veut continuer dans la recherche.
Et après ça vient pleurer sur la fuite des cerveaux, le manque de personnel qualifié, etc. Sauf que le cerveau, il vient avec un corps qui a besoin de nourriture, d'eau et d'une maison sur la tête. Si la nation française n'est pas prête à offrir ça à ses chercheurs (et je parle de 2000 balles par mois, pas d'une fortune), tant pis pour elle.

Le pire est que le système nous pousse à profiter de cette situation de pénurie. Je me suis attiré récemment les foudres de la grande chef de la gestion administrative de l'UFR en refusant de mettre au concours un poste LRU, payé comme un ATER mais avec 384h de cours. C'est un truc que je ne connaissais pas, on a le choix entre 3 formules : 384h de cours, ou bien 192h de cours + 192h en tâches administratives (sachant que je touche 60h comme directeur de département, je ne vois pas bien comment c'est possible, mais bon…) ou 192h de cours + 192h de recherche au service du labo (pas pour faire sa thèse comme un ATER).

Évidemment, les gens qui regardent du côté des gros sous ne voient aucun inconvénient à proposer 384h de cours (l'équivalent d'un PRAG) à quelqu'un qui est censé faire sa thèse. J'estime à l'inverse qu'on ne peut pas dire "le système est pourri" si on ne lutte pas, justement, contre ce qu'il a de pourri. Le système, c'est aussi ce que nous en faisons. Personnellement, je ne me vois pas demander à quelqu'un de préparer 384h de cours nouveaux juste pour un an, au prix d'un ATER, alors qu'il a une thèse sur le feu.

Argument de la partie adverse : "vous vous rendez compte ? Vous dites que vous avez besoin de gens pour assurer des heures, et quand on vous propose 384h, vous refusez ?"
Alors j'ai dit que je trouvais ça scandaleux d'exploiter les gens de cette façon, et que s'ils voulaient proposer ça, ils se trouveraient un autre directeur de département.

Finalement j'ai bien fait, puisque la direction de l'UFR a réussi à obtenir un poste d'ATER à la place. Ce n'est pas la panacée, mais au moins c'est un deal à peu près honnête.

Un témoignage comme ça : j'ai connu des gens qui ont accepté de faire des cours à la fac gratuitement. "C'est bon pour votre CV", leur a-t-on vendu (NDLR : ils n'ont pas davantage eu de poste que moi).
Tant qu'il y aura, en effet, des gens qui se plaignent du système mais en acceptent l'infâmie, ça continuera, y'a pas de raison.

En effet, pourquoi payer ce que l'on peut avoir gratuitement ?

A l'ère des alt-acs et post-acs, l'obtention d'un poste d'enseignant-chercheur est devenue rare aux Etats-Unis, semble-t-il.

Le mot alt-ac a, je crois, été inventé en 2010.

Cdlt

Ce ne serait plus possible car depuis la rentrée 2018, les collègues recrutés MCF ont une décharge de 32h ETD obligatoire (pour formation) et donc un service limité à 160h ETD.

Oui, c'est ce que l'on dit… Ça n'a pas empêché une amie de ne pas prendre cette décharge, ce qui arrangeait tout le monde, elle y compris (quand on passe MCF sur le même type de poste que celui qu'on occupait avant en tant que PRAG, les “formations” n'ont qu'un intérêt que très relatif, et avoir rendu cela obligatoire n'a, pour ce que j'en ai vu, d'intérêt que…… pour ceux qui “organisent ces formations”……). Ce qui indique que les “obligations” n'engagent que ceux qui les assument.

Cdlt

Je m'en étonne sincèrement car c'est bel et bien réglementaire depuis septembre 2018 suite au décret de mai 2017 (article 13):
« Au cours de leur formation, les maîtres de conférences sont déchargés d'un sixième du service d'enseignement mentionné au troisième alinéa de l'article 7. Ils ne peuvent pas effectuer d'enseignements complémentaires pendant cette période. »
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000034632129&categorieLien=id

C'est en effet obligatoire et incontournable depuis septembre 2018.

Puisque le fil est relancé...

Je devais cet été reprendre le manuscrit de ma thèse pour en donner une version pour publication en septembre. Evidemment avec les enfants, la canicule et la fatigue de l'année, j'ai rien foutu.
Je n'arrive plus à me motiver. L'impression de manger du vomi. C'est terrible.

Elaïna a écrit:Puisque le fil est relancé...

Je devais cet été reprendre le manuscrit de ma thèse pour en donner une version pour publication en septembre. Evidemment avec les enfants, la canicule et la fatigue de l'année, j'ai rien foutu.
Je n'arrive plus à me motiver. L'impression de manger du vomi. C'est terrible.

Pardonne-moi de te demander ça, mais tu éprouves quoi comme problème exactement: une répugnance à te relire une énième fois?
Car, si c'est ça, c'est parfaitement normal (et, si j'en crois mon expérience, ça ne passe pas avec le temps). En revanche, il y a des “trucs” pour passer outre: séquencer le temps (1h ici, 2h là, etc.); ne pas le faire “dans l'ordre” mais par bouts; se concentrer sur le vocabulaire, la grammaire, les répétitions, le style, etc. C'est-à-dire, plus généralement: arriver à faire “comme si” on ne relisait pas son travail, mais “un travail” (voire, mieux encore: celui de quelqu'un d'autre).
Au besoin, l'achat d'un logiciel de correction du genre Antidote (ou Cordial ou Le Robert etc.) permet déjà de se distancier de ce que l'on a écrit.

Cdlt

J'ai mon jury et la date de soutenance, et on m'a envoyé la procédure pour la qualification CNU.
Il me reste à faire 1 annexe, et du bidouillage latex : le sommaire, retoucher la page de garde, une figure, peut-être des cartes... mais surtout, relire-relire-relire-relire... C'est fou, y'a 4 correcteurs (en me comptant) qui sont passés dessus et il reste encore des coquilles par-ci par-là.

J'aimerais aussi rajouter en annexe des transcriptions d'arrêts inédits, mais je sais pas si j'aurai le temps de le faire. :/

La règle est: il reste toujours des fautes!
Le test est facile à faire: on relise 36000 fois le travail, c'est bon, on imprime les exemplaires à poster, on en prend un, on l'ouvre au hasard, on regarde et…… on voit directement une faute

@elaïna : si je puis me permettre, je crois que tu as déjà bien trop travaillé sur ta thèse pour que ce travail ne porte pas totalement ses fruits. La publication est essentielle et un aboutissement à réaliser pour toi mais aussi pour la "communauté scientifique". Je n'ai pas pu terminer pour des raisons matérielles ma première thèse. Mon vieux maître m'a recontactée trois ans après en me proposant soit de reprendre la thèse (avec quelqu'un d'autre puisqu'il est à la retraite) soit publier deux très gros articles pour que mon travail ne soit pas perdu, aux oubliettes. Je sais qu'avec les contraintes familiales ce n'est pas toujours simple mais je crois que c'est important d'aller au bout des choses. Et puis, avec ton cursus, une publication de thèse peut t'ouvrir des portes.
Haut les cœurs et au boulot !
(écris celle qui glande sur néo alors qu'elle est sensée rédiger en bibliothèque climatisée...)

epekeina.tes.ousias a écrit:
Pardonne-moi de te demander ça, mais tu éprouves quoi comme problème exactement: une répugnance à te relire une énième fois?
Car, si c'est ça, c'est parfaitement normal (et, si j'en crois mon expérience, ça ne passe pas avec le temps). En revanche, il y a des “trucs” pour passer outre: séquencer le temps (1h ici, 2h là, etc.); ne pas le faire “dans l'ordre” mais par bouts; se concentrer sur le vocabulaire, la grammaire, les répétitions, le style, etc. C'est-à-dire, plus généralement: arriver à faire “comme si” on ne relisait pas son travail, mais “un travail” (voire, mieux encore: celui de quelqu'un d'autre).
Au besoin, l'achat d'un logiciel de correction du genre Antidote (ou Cordial ou Le Robert etc.) permet déjà de se distancier de ce que l'on a écrit.

Alyki a écrit:@elaïna : si je puis me permettre, je crois que tu as déjà bien trop travaillé sur ta thèse pour que ce travail ne porte pas totalement ses fruits. La publication est essentielle et un aboutissement à réaliser pour toi mais aussi pour la "communauté scientifique". Je n'ai pas pu terminer pour des raisons matérielles ma première thèse. Mon vieux maître m'a recontactée trois ans après en me proposant soit de reprendre la thèse (avec quelqu'un d'autre puisqu'il est à la retraite) soit publier deux très gros articles pour que mon travail ne soit pas perdu, aux oubliettes. Je sais qu'avec les contraintes familiales ce n'est pas toujours simple mais je crois que c'est important d'aller au bout des choses. Et puis, avec ton cursus, une publication de thèse peut t'ouvrir des portes.

Vous êtes chouchous !

Alors en fait je n'ai plus envie de travailler à ce texte. J'y ai passé sept ans de ma vie (bon, pas toujours au taquet hein, faut compter les congés maternité dedans !). Le texte est objectivement pas mal, oui il faudrait réduire dans l'idéal (le manuscrit fait 750 pages) mais je suis écoeurée d'avance par la politique éditoriale : "han il va falloir retravailler hein". Ben oui mais au bout d'un moment, soit c'est bon et vous me le prenez comme tel, soit c'est de la merde mais je pense qu'on me l'aurait dit à la soutenance...

Bon, la solution serait d'aller voir un éditeur pas chiant type Champ Vallon qui te prend ton ms tel quel ou presque mais qui ne fait pas vraiment de travail éditorial (les coquilles restent, notamment). Mais par principe j'aimerais publier dans les éditions de l'école qui m'a formée...

J'ai fait quelques communications par ci par là sur mon travail, qui sont parues dans des actes de colloques notamment, donc il y a des choses publiées déjà. Mais la thèse... pfiou... j'ai l'impression d'avoir une montagne à gravir et pas du tout envie de m'y mettre. Surtout que j'aimerais me mettre sur d'autres projets de recherche et passer à autre chose.

Mon mari essaie de me motiver façon sergent Hartman mais force est de constater que ça ne marche que très modérément.

Elaïna a écrit:Alors en fait je n'ai plus envie de travailler à ce texte.

Ce qui est bien naturel…
Cependant, et même si l'histoire n'est pas ma discipline, il y a toujours la question de la manière de faire. Si ta thèse comporte 750p., elle a plusieurs parties, plusieurs chapitres: as-tu essayé d'envisager la méthode consistant à faire une sélection de chapitres (voir de “morceaux”) qui te semblent les meilleurs en te fixant une barre (aller, mettons 750 000 caractères tout compris, espaces et notes)?
En gros, quand j'avais publié mon travail, j'avais décidé de ne publier qu'une partie (sur les 2), et encore, pas entièrement — donc, de faire un autre livre, un peu différent sur le contenu, mais pas tant que ça sur les intentions et le but (sur le reste, j'ai utilisé certains matériaux dans ce qui me paraissait valoir un petit quelque chose pour faire sur 2/3 articles comportant des analyses nouvelles)…

Après, tout dépend de ce que tu vises. Publier, dans l'optique d'un recrutement, cela reste tout de même préférable. Mais sinon, on peut aussi passer à autre chose.

Cdlt

Elaïna a écrit:
Vous êtes chouchous !

Alors en fait je n'ai plus envie de travailler à ce texte. J'y ai passé sept ans de ma vie (bon, pas toujours au taquet hein, faut compter les congés  maternité dedans !). Le texte est objectivement pas mal, oui il faudrait réduire dans l'idéal (le manuscrit fait 750 pages) mais je suis écoeurée d'avance par la politique éditoriale : "han il va falloir retravailler hein". Ben  oui mais au bout d'un moment, soit c'est bon et vous me le prenez comme tel, soit c'est de la merde mais je pense qu'on me l'aurait dit à la soutenance...

Bon, la solution serait d'aller voir un éditeur pas chiant type Champ Vallon qui te prend ton ms tel quel ou presque mais qui ne fait pas vraiment de travail éditorial (les coquilles restent, notamment). Mais par principe j'aimerais publier dans les éditions de l'école qui m'a formée...

J'ai trouvé aussi cette étape de la réécriture particulièrement pénible car il n'y a pas le frisson de la nouveauté.

Petit plaidoyer pour Champ Vallon qui, apparemment, te simplifierait le travail, cela te permettrait d'élargir ton lectorat aux non-historiens ; j'achète assez régulièrement des volumes dans les collections Epoques et Le bien commun alors que je ne suis vraiment pas spécialiste d'histoire ; ils sont bien distribués, le prix est raisonnable.

C'est ceux avec une illustration en pleine page sur la couv et qui coûtent ~20 balles ?

Ruthven a écrit:J'ai trouvé aussi cette étape de la réécriture particulièrement pénible car il n'y a pas le frisson de la nouveauté.

Il faut aimer le travail manuel

Zagara a écrit:C'est ceux avec une illustration en pleine page sur la couv et qui coûtent ~20 balles ?

Entre 20 et 35 euros ...

http://www.champ-vallon.com/tag/leonard-geographies-dauphant/
http://www.champ-vallon.com/tag/vincent-une-histoire-de-lidentite-denis/
http://www.champ-vallon.com/tag/emmanuel-la-france-des-larmes-fureix/
http://www.champ-vallon.com/tag/elisabeth-jouer-autrefois-belmas/
http://www.champ-vallon.com/tag/catherine-la-poudre-et-le-fard-lanoe/
http://www.champ-vallon.com/tag/claude-olivier-lhomme-altere-races-et-degenerescence-xviie-xixe-sieclesdoron/
http://www.champ-vallon.com/tag/deborah-la-nature-du-peuplecohen/

Non mais c'est très bien Champ Vallon hein ! Moi aussi j'ai plein de bouquins de chez eux.
Force est de constater qu'ils ne sont pas très emmerdants pour publier. Par contre ils ne font pas grand chose niveau éditorial semble-t-il, ils récupèrent un pdf et zou ça part à l'impression, ou presque. Donc le boulot de correction et de mise en page passe à l'as, ce qui peut être embêtant dans certains cas (notamment le mien, il y a de très très gros tableaux généalogiques qui posent un vrai problème de mise en page).