- Pierre-HenriHabitué du forum
Honchamp a écrit:Pourquoi ces mêmes universitaires valident-ils le master 1 si les étudiants sont nuls de par leur niveau de langue et de maîtrise de la discipline ?
La réponse serait trop longue à détailler. Disons que le système universitaire est conçu de façon à entretenir une surnotation effrénée à tous les niveaux -- en dépit des résistances de nombreux universitaires. Ces derniers ont été dépossédés de leur mission d'évaluation des étudiants, et remplacés par de monstrueuses usines à gaz bureaucratiques qui transforment magiquement des notes insuffisantes en diplômes. Dans un jury de concours, ils ont encore (pour combien de temps ?) une capacité directe de décision qui leur a échappé ailleurs.
En outre, nous avions ce débat sur un autre fil, il est devenu difficile, sinon impossible, de dire la vérité aux étudiants concernant leur niveau réel. De plus en plus d'étudiants le vivent comme une discrimination, s'offusquent, s'emportent, pleurent, menacent, font le siège du bureau du professeur, du doyen, du président, vont voir l'UNEF, etc. A un concours, le candidat reçoit les résultats chez lui. Le jury peut noter de façon plus objective, sans craindre un retour de bâton potentiellement problématique à gérer.
Et encore, je dis ça... de plus en plus, même des candidats aux concours pleurnichent dans la presse au moindre pépin. Il y avait par exemple cette affaire de zéros éliminatoires, au concours de professeurs des écoles, qui avait provoqué un petit émoi. Comme si un jury mettait zéro par plaisir sadique de nuire... Pour qu'il le fasse, il faut que le candidat montre des lacunes littéralement inqualifiables.
- User17706Bon génie
Pour ne pas fermer boutique ?Honchamp a écrit:Pourquoi ces mêmes universitaires valident-ils le master 1 si les étudiants sont nuls de par leur niveau de langue et de maîtrise de la discipline ?
- RendashBon génie
Jézabel a écrit:
Je continue de penser que le capes d'HG est en complet décalage avec les attendus du métier, et que les deux mois d'été qui suivent l'obtention du capes ne suffisent pas pour maîtriser les programmes et l'etat de la recherche pour chaque niveau. Je pense qu'il faut plusieurs années pour maîtriser sa discipline, mais que le programme du Capes, s'il était remanié, pourrait nous aider à gagner du temps.
J'ai passé l'année à bouffer tout ce que je pouvais question articles (j'ai arrêté de les compter passé le 300e, mais j'en ai bouffé trois à dix par jour de juillet à aujourd'hui) et question bouquins (environ un tous les trois jours, puisque je devais aussi m'enfiler (...!) ma biblio de mémoire). Et je suis encore loin de me sentir au point. Je suis assez calé sur la période 1315-1715, mais je souffre encore de terribles lacunes sur le Haut Moyen Age, quoique j'en aie étudié quelques aspects en licence, et sur la période contemporaine. Par exemple, en L3, les seules UE de contempo XXe siècle que j'ai eues portaient sur l'histoire des Etats-Unis et l'histoire britannique.
Jamais étudié la Grèce classique non plus, pas plus que la République romaine. Mais j'ai quelques notions d'histoire des Pays-Bas
Malaga a écrit:
J'ai passé le CAPES d'HG après des études de géographie. Je n'ai fait qu'une année d'histoire à la fac, en première année de DEUG. Du coup, quand j'ai obtenu le CAPES, je maîtrisais bien lAfrique Romaine de 69 à 439 ou l'Empire byzantin du VIIIe au XIIe siècle mais bien moins d'autres chapitres d'histoire. J'ai donc dû (et je continue à le faire) combler mes lacunes depuis que j'enseigne : heureusement, c'est un véritable plaisir pour moi de continuer à apprendre même si le temps manque parfois.
Tout l'inverse : j'ai découvert la géographie l'an dernier, au début de ma prépa CAPES. L'immense majorité des articles que j'ai lus cet année concernait cette discipline, d'ailleurs. Je trouve le format article moins indigeste que le format bouquin, pour la géo. L'inverse en histoire. Mais c'est probablement en lien direct avec mon manque de maîtrise disciplinaire sur la question.
Donc, les enfants, au vu de l'organisation actuelle du cursus universitaire d'histoire, on peut très bien avoir décroché sa licence avec une jolie mention, merci les UE de paléographie, et être un parfait imposteur quand même. Passé ric-rac et par miracle par la grâce d'une liste complémentaire.
Le tout est d'en avoir conscience et de se mettre à jour après le concours.
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- InvitéPPPNiveau 8
Pour revenir à la notation, s'offusquer d'un zéro au concours de PE est d'un ridicule achevé, lorsque l'on sait le niveau dudit concours dans les grosses académies, et même ailleurs : il doit falloir uriner sur la copie pour avoir zéro (tout au moins à l'écrit, l'oral posant un problème plus réel : nombre de bons candidats recalés à cause de la note éliminatoire, bien pratique pour éradiquer ceux qui n'ont pas la déjà culte "posture attendue", c'est-à-dire la discours idéologique de l'EN. C'est de ça dont j'avais entendu parler l'année dernière. Des candidats médiocres mais dans la norme étaient reçus et d'autres bien meilleurs ne l'étaient pas, rayés de la liste par un zéro éliminatoire en fait non justifié. Ils auraient eu le concours avec 1 sur 20.
Pour le remplacement, il ne faut pas crier au scandale : dans la vie chacun fait ce qu'il peut pour assurer sa place, et dans l'EN c'est par les concours. C'est comme ça, et à partir du moment où les titulaires sont quand même grosso modo bien plus qualifiés que les éternels remplaçants, il n'y a pas véritablement de scandale, plutôt un état de fait, la réalité du remplacement dans l'EN. Trop de remplaçants, pas assez, trop de titulaires qui ne sont pas devant les classes ... Des problèmes qui varient selon les époques, mais rien de scandaleux. Il faut sans doute des remplaçants et par définition ceux-ci seront pris surtout chez les non-titulaires, point final. Ca arrange quand même tout le monde semble-t-il.
Le vrai scandale tient surtout à mon avis au défaut de formation ultérieure pour ceux qui n'ont pas suivi la bonne voie (classes prépa), mais à qui on reprochera aussi leur manque d'adaptabilité et de travail. Quant aux concours, là encore il y a de bonnes préparations et d'autres mauvaises, et des privilégiés.
Enfin, les profs : ceux qui ratent le concours des années de suite s'avèrent au final soit non-conformes au moule soit incompétents du point de vue disciplinaire. Il faut quand même finir par être capable de donner ce qui est attendu et arriver à ce que ceux qui n'ont pas le niveau ou ne sont pas faits pour ça aillent voir ailleurs un jour ou l'autre.
Pour le remplacement, il ne faut pas crier au scandale : dans la vie chacun fait ce qu'il peut pour assurer sa place, et dans l'EN c'est par les concours. C'est comme ça, et à partir du moment où les titulaires sont quand même grosso modo bien plus qualifiés que les éternels remplaçants, il n'y a pas véritablement de scandale, plutôt un état de fait, la réalité du remplacement dans l'EN. Trop de remplaçants, pas assez, trop de titulaires qui ne sont pas devant les classes ... Des problèmes qui varient selon les époques, mais rien de scandaleux. Il faut sans doute des remplaçants et par définition ceux-ci seront pris surtout chez les non-titulaires, point final. Ca arrange quand même tout le monde semble-t-il.
Le vrai scandale tient surtout à mon avis au défaut de formation ultérieure pour ceux qui n'ont pas suivi la bonne voie (classes prépa), mais à qui on reprochera aussi leur manque d'adaptabilité et de travail. Quant aux concours, là encore il y a de bonnes préparations et d'autres mauvaises, et des privilégiés.
Enfin, les profs : ceux qui ratent le concours des années de suite s'avèrent au final soit non-conformes au moule soit incompétents du point de vue disciplinaire. Il faut quand même finir par être capable de donner ce qui est attendu et arriver à ce que ceux qui n'ont pas le niveau ou ne sont pas faits pour ça aillent voir ailleurs un jour ou l'autre.
- Pierre-HenriHabitué du forum
Un autre point : la gestion des contractuels dépend des rectorats, pas des jurys de concours. Chacun sa mouise, en quelque sorte. Il y en a assez pour tout le monde, de mouise.
- skindiverÉrudit
J'ai une question qui peut paraitre stupide, mais les postes non pourvus le sont parce que les candidats sont réellement mauvais? Ou parce que financièrement ça représente plus d'économies à l'état?
- RendashBon génie
A mon avis, c'est réellement faute d'un niveau suffisant. L'an passé, en histoire-géo, tous les postes offerts au concours exceptionnel n'ont pas été pourvus, tandis qu'une liste complémentaire a été établie et intégralement reçue pour le concours rénové, ce qui a permis de pourvoir les postes du concours exceptionnel.
( , soit dit en passant. )
( , soit dit en passant. )
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- Pierre-HenriHabitué du forum
skindiver a écrit:J'ai une question qui peut paraitre stupide, mais les postes non pourvus le sont parce que les candidats sont réellement mauvais? Ou parce que financièrement ça représente plus d'économies à l'état?
Les postes sont donnés à l'avance par le ministère. Ce n'est donc pas une question d'économie. Le fonctionnement des concours interdit de voir le problème sous cet angle (c'est d'ailleurs bien pour ça que beaucoup veulent les supprimer ; c'est leur suppression qui permettrait des économies). En outre, pour des questions politiques d'image et d'opinion publique, les chiffres sont catastrophiques pour le gouvernement.
- CotPouletCotNiveau 8
Pierre-Henri a écrit:Honchamp a écrit:Pourquoi ces mêmes universitaires valident-ils le master 1 si les étudiants sont nuls de par leur niveau de langue et de maîtrise de la discipline ?
La réponse serait trop longue à détailler. Disons que le système universitaire est conçu de façon à entretenir une surnotation effrénée à tous les niveaux -- en dépit des résistances de nombreux universitaires. Ces derniers ont été dépossédés de leur mission d'évaluation des étudiants, et remplacés par de monstrueuses usines à gaz bureaucratiques qui transforment magiquement des notes insuffisantes en diplômes. Dans un jury de concours, ils ont encore (pour combien de temps ?) une capacité directe de décision qui leur a échappé ailleurs.
En outre, nous avions ce débat sur un autre fil, il est devenu difficile, sinon impossible, de dire la vérité aux étudiants concernant leur niveau réel. De plus en plus d'étudiants le vivent comme une discrimination, s'offusquent, s'emportent, pleurent, menacent, font le siège du bureau du professeur, du doyen, du président, vont voir l'UNEF, etc. A un concours, le candidat reçoit les résultats chez lui. Le jury peut noter de façon plus objective, sans craindre un retour de bâton potentiellement problématique à gérer.
Et encore, je dis ça... de plus en plus, même des candidats aux concours pleurnichent dans la presse au moindre pépin. Il y avait par exemple cette affaire de zéros éliminatoires, au concours de professeurs des écoles, qui avait provoqué un petit émoi. Comme si un jury mettait zéro par plaisir sadique de nuire... Pour qu'il le fasse, il faut que le candidat montre des lacunes littéralement inqualifiables.
J'ai effectivement déjà vu des choses terribles à la fac (10/20 pour un stage pour lequel le stagiaire ne s'est pas déplacé ; enlever deux points pour plagiat ; etc.). D'où vient cette surnotation maladive ? De la concurrence entre les universités ? Je ne vois pas l'intérêt pour le professeur et pour l'étudiant… en tant qu'étudiant, mon but dans l'évaluation était de comprendre si j'avais bien compris le TD/séminaire/CM, pas d'obtenir une note extraordinaire.
[Du coup, j'peux être fier de mes notes de CAPES ? :p]
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"Il était persuadé que s'il se risquait hà dormir la nuit, il se transformerait en poulet. Il se laissait de petites notes hà sa propre hintention qui lui répétaient : "Tu n'es pas un poulet", mais il se disait parfois qu'il mentait." Terry Pratchett, Jeu de nains
- kiwiGuide spirituel
Jézabel a écrit:Salammb0 a écrit:Jézabel, il faudrait repenser les épreuves en les rendant plus professionnelles ou plus littéraires ?
Je pense qu'elles devraient être axées davantage sur les programmes scolaires. Non pas que ce qui est "hors programme" soit inintéressant, bien au contraire, et je ne suis pas contre le fait d'en avoir aux épreuves. Mais une fois le Capes en poche, on se retrouve à fabriquer des cours sur des choses qu'on n'a pas vues depuis longtemps puisque jusqu'alors on était absorbés par le programme du concours et on n'a fait que ça les deux dernières années.
Quant à l'ESD en HG (je ne sais pas s'il y en a dans les autres disciplines)... Je ne m'engagerai pas dans un débat sur la profonde inutilité de cette épreuve.
Bien sûr, c'est vrai que réfléchir à l'épistémologie de nos disciplines ne sert à rien... Les enjeux actuels, les nouveaux paradigmes, ça ne permet pas de mieux comprendre les contenus à transmettre et les orientations des programmes actuels...
- Pierre-HenriHabitué du forum
CotPouletCot a écrit:
D'où vient cette surnotation maladive ? De la concurrence entre les universités ? Je ne vois pas l'intérêt pour le professeur et pour l'étudiant… en tant qu'étudiant, mon but dans l'évaluation était de comprendre si j'avais bien compris le TD/séminaire/CM, pas d'obtenir une note extraordinaire.
De la dégradation générale du niveau et des conditions de travail. Il n'y a pas de raison unique, mais une suite de problèmes qui s'accumulent jusqu'à tout étouffer. Robert Pitte, l'ancien président de la Sorbonne, appelait la situation "la politique du chien crevé au fil de l'eau"... personne n'est directement responsable, mais tout pourrit et coule en même temps.
Certains professeurs donnent de bonnes notes à tout le monde pour acheter la paix sociale, pour ne pas se faire insulter ni menacer de mort (ce qui arrive plus souvent qu'ils n'osent l'admettre). Et, de toute façon, puisque la bureaucratie rachète les notes trop basses, à quoi bon en donner ? Autant surnoter et passer à autre chose. Aux concours, c'est différent, car on évalue de futurs collègues, des gens avec lesquels on aimerait travailler.
- DimkaVénérable
Salut,
Du coup, pour moi, un bon concours mesure la solidité disciplinaire d’un candidat et son autonomie :
À court terme, les nouveaux profs en bavent, mais il me semble qu’à long terme, il y a une certaine préservation du statut (enfin bon… disons que ça limite un peu les dégats).
J’avais lu (je crois que c’était dans Tableau noir de Gérard de Sélys et Nico Hirtt), une réflexion sur la formation : la tendance, maintenant, ce n’est pas de former des gens à s’adapter à une tâche en leur donnant des outils généraux, mais de les former précisément à la tâche, de façon très utilitaire, et en actualisant régulièrement cette formation à travers des modules de formation continue/didacticiels/etc. En gros, programmer les individus plutôt que les former. Personnellement, ce n’est pas la société que je souhaite, et si les profs eux-mêmes commencent à être ainsi considérés, c’est foutu.
Après, les précaires ne sont pas forcément les candidats recalés, donc il faudrait dissocier : ce sont les conditions de tous les précaires de l’éducation nationale qu’il faudrait améliorer.
Je pense que si les profs veulent conserver un statut d’intellectuels, et non de simples techniciens exécutants, ils ont intérêt à ne pas avoir des concours qui collent aux programmes. Il y a une certaine forme de respect dans le fait de ne pas proposer des programmes et des épreuves strictement utilitaire à court terme. Par ailleurs, les programmes changent.Jézabel a écrit:Ah mais je suis tout à fait d'accord ! Ce que je veux dire, c'est qu'en HG (ça n'a pas l'air d'être le cas en lettres), le programme du Capes ne colle pratiquement pas aux programmes du secondaire, ce qui fait que l'on entre dans le métier avec plein de connaissances "hors programme", ce qui est bien, mais plein de lacunes (aussi bien du point de vue du contenu que de la recherche scientifique) dans le programme du collège et du lycée. On est donc obligés, sur un temps très court (parfois, la veille pour le lendemain), d'étudier à fond ce que l'on va enseigner aux élèves, mais le manque de temps nous empêche d'être rigoureux et précis. Il m'est arrivé, cette année, d'apprendre le soir à 22h ce que j'allais enseigner aux élèves le lendemain à 13h. C'est très inconfortable comme situation, mais c'est le lot de tout débutant qui sort de deux années de préparation au Capes.
Du coup, pour moi, un bon concours mesure la solidité disciplinaire d’un candidat et son autonomie :
- la solidité disciplinaire se mesure sur n’importe quelle question : en gros, la question au programme n’est qu’un simple support, l’important n’étant pas de voir si le candidat maîtrise en particulier les structures et dynamiques religieuses dans les sociétés de l'Occident latin de 1179 à 1449, ou les villes en France, mais s’il a une démarche et un discours d’historien et de géographe (ce qui ne peut pas se faire « dans le vide »). On regarde si la personne prend en compte l’historiographie, l’épistémologie, si elle réfléchit comme il faut, si elle emploie un vocabulaire approprié.
- l’autonomie, c’est la capacité à faire un cours, et je dois dire que l’épreuve de hors-programme à l’agrégation est vraiment très formatrice, et révélatrice. Après, je pense que si on la met au capes, ça va gueuler… Pourtant, c’est vraiment une super épreuve : tu as un sujet sur lequel tu ne sais parfois rien, six heures après, tu es capable d’en parler de façon synthétique, en montrant que tu en as cerné les enjeux essentiels, tant du point de vue du contenu que des aspects historiographiques. Rien ne m’a autant servi que les habitudes que j’ai prises en m’entraînant à cette épreuve, pour préparer des cours.
À court terme, les nouveaux profs en bavent, mais il me semble qu’à long terme, il y a une certaine préservation du statut (enfin bon… disons que ça limite un peu les dégats).
J’avais lu (je crois que c’était dans Tableau noir de Gérard de Sélys et Nico Hirtt), une réflexion sur la formation : la tendance, maintenant, ce n’est pas de former des gens à s’adapter à une tâche en leur donnant des outils généraux, mais de les former précisément à la tâche, de façon très utilitaire, et en actualisant régulièrement cette formation à travers des modules de formation continue/didacticiels/etc. En gros, programmer les individus plutôt que les former. Personnellement, ce n’est pas la société que je souhaite, et si les profs eux-mêmes commencent à être ainsi considérés, c’est foutu.
On est bien d’accord, la situation est foireuse. L’avantage est néanmoins qu’on ne cache pas la poussière sous le tapis. On manque de candidats compétents, on ne fait pas « comme si » en recrutant sans réfléchir les 50/100/1000 premiers sous le simple prétexte qu’ils sont moins nuls que les autres. À mon avis, ça limite l’éventuelle baisse de niveau, commencer à céder, impliquerait de céder en permanence vers toujours pire.fixb a écrit:Imagine une entreprise qui te dit, désolé mais on vous prend pas pour ce job, vous ne faites pas l'affaire.
Et ensuite ... Elle t'offre de faire quand même ce job mais en cdd, moins bien payé...
Ce qui m'agace, ce n'est pas qu'on refuse des gens au capes, c'est qu'on va profiter d'eux avec des statuts précaires.
Il faudrait leur offrir une vraie formation aux recalés (didactique ou universitaire selon les besoins ...) et les rémunérer "normalement". Bref ...
Après, les précaires ne sont pas forcément les candidats recalés, donc il faudrait dissocier : ce sont les conditions de tous les précaires de l’éducation nationale qu’il faudrait améliorer.
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- Spoiler:
- friendafoeNiveau 3
Après les résultats rendus publics ce jour on arrive donc à six disciplines (mathématiques, lettres modernes, lettres classiques, anglais, allemand et musique) perdant au minimum 20% de postes en raison de la désaffection pour le métier d'enseignant.
Ca fait quand même près de 1100 postes.
Comment le système peut-il encore tenir alors qu'on additionne les déficits année après année?
Ca fait quand même près de 1100 postes.
Comment le système peut-il encore tenir alors qu'on additionne les déficits année après année?
- InvitéPPPNiveau 8
Parce que le système sait jusqu'où il peut tenir en comptant uniquement sur ses acteurs en déséspérance totale, de part et d'autre, et que par ailleurs son but dans la vie est de ne pas créer un seul des 60000 postes promis avant les élections. Il y arrivera, et l'ensemble du "système" tiendra le choc.
- HaydensNiveau 6
philophilophilo a écrit:Parce que le système sait jusqu'où il peut tenir en comptant uniquement sur ses acteurs en déséspérance totale, de part et d'autre, et que par ailleurs son but dans la vie est de ne pas créer un seul des 60000 postes promis avant les élections. Il y arrivera, et l'ensemble du "système" tiendra le choc.
C'est peut etre un but caché mais on ne peut pas en vouloir au gouvernement de ne pas essayer. Il y a quand meme beaucoup de postes ouverts et s'il y a aussi beaucoup de postes non pourvus c'est principalement a cause du niveau des candidats.
Il y aurait bien un moyen de relever le niveau en donnant plus d'attractivité au métier d'enseignant ce qui passe principalement par une augmentation de salaire importante, les coûts seraient 1 000 fois plus importants que la "simple" création de 60 000 postes.
- InvitéPPPNiveau 8
Ne pas leur en vouloir de ne pas essayer ? D'essayer, si je présume bien de ta véritable pensée.
Une telle naïveté me sidère. Croire qu'ils essayent, sincèrement ? Je leur reproche de mentir en annonçant 60000 postes, tout en sachant très bien qu'ils n'arriveront jamais jusque là pour les raisons que tu évoques et qu'ils connaissent bien ! Voilà encore une promesse à l'effet uniquement psychologique propre à rassurer un des derniers électorats massifs du PS, les enseignants.
Une augmentation de salaire importante, c'est effectivement impossible. Et même si cela était fait, il y aurait encore moins que zéro euro pour véritablement créer de nouveaux postes. C'est une logique implacable. Nous sommes dans une impasse.
Une telle naïveté me sidère. Croire qu'ils essayent, sincèrement ? Je leur reproche de mentir en annonçant 60000 postes, tout en sachant très bien qu'ils n'arriveront jamais jusque là pour les raisons que tu évoques et qu'ils connaissent bien ! Voilà encore une promesse à l'effet uniquement psychologique propre à rassurer un des derniers électorats massifs du PS, les enseignants.
Une augmentation de salaire importante, c'est effectivement impossible. Et même si cela était fait, il y aurait encore moins que zéro euro pour véritablement créer de nouveaux postes. C'est une logique implacable. Nous sommes dans une impasse.
- TecamacNiveau 6
CAPES externe d'histoire géo : 685 admis soit la totalité des postes pourvus.
Je fais partie des heureux lauréats ! 😀 qui d'autre en histoire géo ?
Je fais partie des heureux lauréats ! 😀 qui d'autre en histoire géo ?
- Dadoo33Grand sage
Tecamac a écrit:CAPES externe d'histoire géo : 685 admis soit la totalité des postes pourvus.
Je fais partie des heureux lauréats ! 😀 qui d'autre en histoire géo ?
Félicitations 😄
- HaydensNiveau 6
philophilophilo a écrit:Ne pas leur en vouloir de ne pas essayer ? D'essayer, si je présume bien de ta véritable pensée.
Une telle naïveté me sidère. Croire qu'ils essayent, sincèrement ? Je leur reproche de mentir en annonçant 60000 postes, tout en sachant très bien qu'ils n'arriveront jamais jusque là pour les raisons que tu évoques et qu'ils connaissent bien ! Voilà encore une promesse à l'effet uniquement psychologique propre à rassurer un des derniers électorats massifs du PS, les enseignants.
Une augmentation de salaire importante, c'est effectivement impossible. Et même si cela était fait, il y aurait encore moins que zéro euro pour véritablement créer de nouveaux postes. C'est une logique implacable. Nous sommes dans une impasse.
Je ne suis pas si naïf. Mais si les candidats étaient meilleurs alors les postes seraient pourvus. Et comme tu le soulignes nous sommes dans une impasse.
- Salammb0Expert
Haydens a écrit:philophilophilo a écrit:Ne pas leur en vouloir de ne pas essayer ? D'essayer, si je présume bien de ta véritable pensée.
Une telle naïveté me sidère. Croire qu'ils essayent, sincèrement ? Je leur reproche de mentir en annonçant 60000 postes, tout en sachant très bien qu'ils n'arriveront jamais jusque là pour les raisons que tu évoques et qu'ils connaissent bien ! Voilà encore une promesse à l'effet uniquement psychologique propre à rassurer un des derniers électorats massifs du PS, les enseignants.
Une augmentation de salaire importante, c'est effectivement impossible. Et même si cela était fait, il y aurait encore moins que zéro euro pour véritablement créer de nouveaux postes. C'est une logique implacable. Nous sommes dans une impasse.
Je ne suis pas si naïf. Mais si les candidats étaient meilleurs alors les postes seraient pourvus. Et comme tu le soulignes nous sommes dans une impasse.
Barre à 7,5 en lettres modernes.
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
philophilophilo a écrit:Ne pas leur en vouloir de ne pas essayer ? D'essayer, si je présume bien de ta véritable pensée.
Une telle naïveté me sidère. Croire qu'ils essayent, sincèrement ? Je leur reproche de mentir en annonçant 60000 postes, tout en sachant très bien qu'ils n'arriveront jamais jusque là pour les raisons que tu évoques et qu'ils connaissent bien ! Voilà encore une promesse à l'effet uniquement psychologique propre à rassurer un des derniers électorats massifs du PS, les enseignants.
Une augmentation de salaire importante, c'est effectivement impossible. Et même si cela était fait, il y aurait encore moins que zéro euro pour véritablement créer de nouveaux postes. C'est une logique implacable. Nous sommes dans une impasse.
Je pense que ce sont surtout les conditions de travail qui freinent. J'ai discuté en début d'année avec des stagiaires, rien que ce qu'ils disaient de l'ESPE me donnait envie de vomir ; et quand je vois que même sur un collège considéré comme relativement préservé un ami de mon fils me dit que régulièrement en CHAM des profs n'arrivent pas à faire cours normalement, ou que je pense aux endroits improbables où je pourrais être mutée, non ce n'est pas incitatif. Le salaire n'est pas si mal par rapport aux vacances je trouve (enfin tant qu'on laisse aux profs les vacances scolaires parce que la nouvelle tendance va être au grignotage des dites vacances je crois). Sans compter la réforme qui témoigne comme jamais auparavant d'un mépris du savoir, le professeur devenant un simple exécutant et animateur...
_________________
Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
- friendafoeNiveau 3
Et au bout du compte on a quoi?
La revalorisation salariale des enseignants coûterait trop cher à l'Etat. L'amélioration des conditions de travail des enseignants coûterait aussi trop cher à l'Etat. La restauration de la valeur du savoir dans l'opinion publique n'est pas du pouvoir de l'Etat. Le chômage de masse n'a manifestement aucune incidence sur l'attractivité de la profession.
Ca ressemble en effet à une impasse et il n'est donc pas étonnant d'assister au désengagement progressif de l'Etat et au lent glissement du secteur éducatif vers le privé qui appliquera ses méthodes et visera ses objectifs. Bientôt les politiques n'auront même plus besoin de payer cher des conseillers en communication pour faire avaler des pseudo-réformes tarabiscotées. Ce sera le sens de l'histoire ou la fatalité.
La revalorisation salariale des enseignants coûterait trop cher à l'Etat. L'amélioration des conditions de travail des enseignants coûterait aussi trop cher à l'Etat. La restauration de la valeur du savoir dans l'opinion publique n'est pas du pouvoir de l'Etat. Le chômage de masse n'a manifestement aucune incidence sur l'attractivité de la profession.
Ca ressemble en effet à une impasse et il n'est donc pas étonnant d'assister au désengagement progressif de l'Etat et au lent glissement du secteur éducatif vers le privé qui appliquera ses méthodes et visera ses objectifs. Bientôt les politiques n'auront même plus besoin de payer cher des conseillers en communication pour faire avaler des pseudo-réformes tarabiscotées. Ce sera le sens de l'histoire ou la fatalité.
- HaydensNiveau 6
Aliceinwonderland a écrit:philophilophilo a écrit:Ne pas leur en vouloir de ne pas essayer ? D'essayer, si je présume bien de ta véritable pensée.
Une telle naïveté me sidère. Croire qu'ils essayent, sincèrement ? Je leur reproche de mentir en annonçant 60000 postes, tout en sachant très bien qu'ils n'arriveront jamais jusque là pour les raisons que tu évoques et qu'ils connaissent bien ! Voilà encore une promesse à l'effet uniquement psychologique propre à rassurer un des derniers électorats massifs du PS, les enseignants.
Une augmentation de salaire importante, c'est effectivement impossible. Et même si cela était fait, il y aurait encore moins que zéro euro pour véritablement créer de nouveaux postes. C'est une logique implacable. Nous sommes dans une impasse.
Je pense que ce sont surtout les conditions de travail qui freinent. J'ai discuté en début d'année avec des stagiaires, rien que ce qu'ils disaient de l'ESPE me donnait envie de vomir ; et quand je vois que même sur un collège considéré comme relativement préservé un ami de mon fils me dit que régulièrement en CHAM des profs n'arrivent pas à faire cours normalement, ou que je pense aux endroits improbables où je pourrais être muté, non ce n'est pas incitatif. Le salaire n'est pas si mal par rapport aux vacances je trouve (enfin tant qu'on laisse aux profs les vacances scolaires parce que la nouvelle tendance va être au grignotage des dites vacances je crois). Sans compter la réforme qui témoigne comme jamais auparavant d'un mépris du savoir, le professeur devenant un simple exécutant et animateur...
Je suis bien d'accord avec tout ce que tu dis.
Au passage la barre d'admission au capes de mathématiques est a 7.80, savez-vous quelle est la barre pour le cafep ?
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Je pense qu'on pourrait faire des choses : on a supprimé le redoublement pour faire des économies mais en fait on le paiera un jour (on se retrouve avec une épidémie de faux dys qui coûte cher à la sécu, des diplômes sans valeur...)
Rien que remettre des barrières, un vrai brevet, un bac non bradé, permettrait d'avoir des classes plus homogènes et des élèves plus respectueux (parce que ça m'avait marquée ces élèves qui vous narguent en vous disant "Madame, je passe, malgré mes notes désastreuses" -même si on sait très bien qu'ils le paieront un jour).
Bon ce n'est pas à la mode, ce n'est pas non plus ce à quoi nous incite l'Europe mais il y a des choses qu'on pourrait faire et qui ne coûtent pas si cher ; au lieu de gaspiller de l'argent en numérique et autre.
Rien que remettre des barrières, un vrai brevet, un bac non bradé, permettrait d'avoir des classes plus homogènes et des élèves plus respectueux (parce que ça m'avait marquée ces élèves qui vous narguent en vous disant "Madame, je passe, malgré mes notes désastreuses" -même si on sait très bien qu'ils le paieront un jour).
Bon ce n'est pas à la mode, ce n'est pas non plus ce à quoi nous incite l'Europe mais il y a des choses qu'on pourrait faire et qui ne coûtent pas si cher ; au lieu de gaspiller de l'argent en numérique et autre.
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Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
- friendafoeNiveau 3
Aliceinwonderland a écrit:Je pense qu'on pourrait faire des choses : on a supprimé le redoublement pour faire des économies mais en fait on le paiera un jour (on se retrouve avec une épidémie de faux dys qui coûte cher à la sécu, des diplômes sans valeur...)
Rien que remettre des barrières, un vrai brevet, un bac non bradé, permettrait d'avoir des classes plus homogènes et des élèves plus respectueux (parce que ça m'avait marquée ces élèves qui vous narguent en vous disant madame, "je passe, malgré mes notes désastreuses" -même si on sait très bien qu'ils le paieront un jour).
Bon ce n'est pas à la mode, ce n'est pas non plus ce à quoi nous incite l'Europe mais il y a des choses qu'on pourrait faire et qui ne coûtent pas si cher ; au lieu de gaspiller de l'argent en numérique et autre.
Remettre de l'exigence à chaque niveau du grand bazar serait en effet l'une des premières choses à faire. Mais au lieu de tout ça on aura droit à un "De nos jours les concours enseignants ne permettent plus d'effectuer un recrutement en adéquation avec les besoins, il est donc tout naturel de laisser chaque chef d'établissement décider du recrutement adéquat en fonction des besoins locaux" :chat:
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