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- NLM76Grand Maître
Merci à vous deux de m'avoir lu. Je vais regarder tout ça.
- NLM76Grand Maître
Isidoria a écrit:Pour moi, c'est votre conclusion de question sur 8 qui est une pirouette: je cite "comment douter dès lors que le choix des mots et l'organisation du récit sont minutieusement articulés, même sans avoir consulté les brouillons impressionnants de Flaubert?". J'aurais apprécié, en tant que correcteur, justement l'évocation du travail de Flaubert, la mention du gueuloir et des exemples de modification du texte dans les brouillons. J'aime beaucoup votre exemple, qui montre une belle connaissance du texte et particulièrement d'un détail précis sur "Madame Bovary", mais il n'évoque pas les brouillons.
Pour la première question, je reprocherais à l'élève de ne pas entrer directement dans la question qui lui est posée, et sans doute aussi de ne pas être plus explicite: "un livre sur rien", j'aurais attendu le réalisme et le refus du réalisme, peut-être une mention du procès, un tel rien qu'il a été attaqué en justice... une broutille en somme! Votre réponse est érudite mais surplombe un peu trop la question à mon sens.
Sinon pour la longueur, non une copie double peut suffire, bien entendu, ce n'est pas la longueur qui compte. J'ai cependant cette année une classe avec quatre-cinq élèves extrêmement brillants, et en deux heures ils arrivent à rendre une copie double et demi à deux copies. Bien entendu du coup il y a plus de références à l'oeuvre, citations et références précises.
Personne d'autre ne veut donner son avis? Je me sens un peu seule sur ce coup...
En tout cas, nlm, merci de vous être plié à l'exercice, je l'ai fait pour des 1ère, mais pas en terminale...
Oui, il est vrai que la conclusion est un peu rapide, et peut passer pour une pirouette. En fait, je dis un peu trop explicitement ce que je pense à ce sujet : il faut lire et relire l'œuvre, la connaître le plus en profondeur possible, et n'utiliser la critique génétique qu'après analyse de l'œuvre en elle-même. En particulier, c'est le cas pour les élèves : s'attarder, pour eux, sur la critique génétique, c'est, fussent-ils brillants et très travailleurs, ne pas assez s'attarder sur la connaissance intime de l'œuvre.
En l'espèce, la mention du gueuloir me semble être un marronnier bien utile pour qui n'a pas lu l'œuvre. Elle n'est utile que si on peut trouver trace du gueuloir dans l'œuvre, autrement dit si l'on peut analyser pourquoi telle phrase est particulièrement efficace et fluide, ou son caractère particulièrement vocal. Sinon c'est une brèche de plus pour les devoirs qui reprennent essentiellement ce que l'élève a lu dans Prépabac, a entendu en cours, et qui ne mènent pas une réflexion personnelle fondée sur une connaissance intime de l'œuvre. Il en est de même pour la question du réalisme, qui témoigne presque toujours chez un élève du fait qu'il a "appris son cours", non qu'il connaît l'œuvre et y a réfléchi. Je pense cependant qu'un élève qui utiliserait le réalisme dans sa réponse pourrait le faire intelligemment; mais il me paraît important de ne pas l'exiger dans la réponse : ce ne devrait pas être un "attendu" du correcteur, mais un outil que transmet le professeur, afin qu'il soit disponible pour l'élève. En faire un attendu me paraît en l'occurrence confondre la fin et le moyen.
Au total, je suis assez d'accord avec le fait que ma réponse surplombe un peu trop le sujet. C'est que j'ai été pris par le temps, et qu'après l'avoir à peine effleuré, je me suis rendu compte que j'arrivais déjà à deux pages, et que j'avais dû passer une grosse demi-heure à rédiger cette affaire. Mon idée était de leur montrer que le traitement du sujet devait prendre en compte la donnée du temps. Autrement dit, on pourrait à tout sujet : "Que pouvez-vous rédiger de pertinent en une grosse demi-heure (8pts) /en un peu plus d'une heure (12pts) sur cette question, de façon à montrer votre connaissance de l'œuvre et votre capacité à la rapporter au sujet ?" Mais il est vrai que des élèves brillants et travailleurs pourraient faire un peu plus précis et étayé.
D'autre part, les exemples de modification du brouillon seraient effectivement bienvenus. Ou plutôt justement un exemple. Dès que j'ai le temps, je vais reprendre cela.
- Spoiler:
- (Je prends le temps de réfléchir à la correction de Cripure, qui ne me marrit que superficiellement — en réalité elle me réjouit, parce qu'elle m'amène à travailler : si j'ai suscité vos réactions, c'est bien pour les obtenir !)
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- doctor whoDoyen
Entièrement d'accord avec les explications de nlm. En une heure et demie, si un élève me fait ça, je l'embrasse. Franchement, l'important en terminale, c'est la précision et la qualité de la réflexion, et c'est tout. Si un élève oublie un aspect, même important, et écrit à merveille, c'est 20 direct.
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- trompettemarineMonarque
Quelquefois, je fatigue un peu en lisant certaines copies... (Je laisse toutes les fautes : guillemets, dates, temps, accords, etc.)
"Flaubert débute "Madame Bovary" en 1951. Il termina son œuvre, cinq années après, en 1956, suite à de nombreux brouillons. Flaubert écrivait en moyenne deux pages par semaine. Son œuvre "Madame Bovary" a été censuré en 1957 pour cause que des scènes de l'œuvre ne convenait pas aux mentalités et à la société de l'époque."
:KO3: :help: :fou:
Où est le smiley qui se pend ?
"Flaubert débute "Madame Bovary" en 1951. Il termina son œuvre, cinq années après, en 1956, suite à de nombreux brouillons. Flaubert écrivait en moyenne deux pages par semaine. Son œuvre "Madame Bovary" a été censuré en 1957 pour cause que des scènes de l'œuvre ne convenait pas aux mentalités et à la société de l'époque."
:KO3: :help: :fou:
Où est le smiley qui se pend ?
- NLM76Grand Maître
Cripure a écrit:
- Spoiler:
En fait, je ne comprends pas du tout le traitement des deux questions, et ça m'ennuie. Je vois bien que l'élève sait écrire (même s'il confond Madame Bovary et Madame Bovary, ce qui m'agace dix fois dans la copie), qu'il a lu, en outre, mais qu'en a-t-il fait ?
Je trouve que l'introduction de la 1re question s'empresse d'éliminer toute la difficulté de "rien" (qui signifie, après tout, "quelque chose" : ne peut-on comprendre Emma comme un simple objet manipulé par les humains comme par ses pensées et ses frustrations ?), sans même envisager le tournant romanesque que constitue la décision de bâtir un roman d'envergure sur autre chose qu'un héros. La beauté est une notion bien trop vague et difficile pour que je bâtisse sur elle une réflexion d'une heure à peine. Et "écrire quelque chose sur rien" n'équivaut pas à "ne rien écrire", comme vous le savez bien sûr, de même que l'ennui n'a rien à faire ici, subjectif et hors-sujet
Et "sur", dans le sujet, n'a-t-il vraiment aucune importance ?
La 2e question est abordée autour d'un détail d'une ligne étendu sur deux pages. Je ne suis pas convaincu, pour plusieurs raisons : le point de vue interne et le DIL à l'entrée de la chambre sont un changement important par rapport à ce qui précède (focalisation zéro et détails de la maison imperceptibles lors d'une première visite), ne pas en parler dans un sujet sur l'écriture m'ennuie. Je n'ai pas compris, en outre, l'allusion à la mort d'Emma sous les auspices de ce premier bouquet (puisque aussi bien, elle ne meurt pas à Tostes)... Mais ça doit venir de moi, j'ai lu comme je lis les autres copies, attentivement, mais une seule fois.
A vrai dire, je me serais plutôt attaché, par exemple, à montrer mon idée de la composition par la scène des comices, avec quelques phrases courtes venues du discours officiel sur lesquelles le romancier articule les beaux propos de Rodolphe ; ou par le premier repas pris à Yonville, là encore par l'étude de l'articulation des deux dialogues à table (ou comment fabriquer un niais autosatisfait ? ) ; ou encore par l'étude du début et de la fin du chapitre 9 de la première partie, où Emma se trouve confrontée à deux objets, le porte-cigares attribué au vicomte et son propre bouquet de mariage, oublié, assimilé à "quelque chose", au fond d'un tiroir (j'emprunte cette étude à un article déjà ancien paru dans Travail de Flaubert de je ne sais plus trop qui).
Bon, vous allez m'en vouloir, et j'en suis marri. Mais enfin, c'est surtout la démarche qui me gêne : je trouve que vous n'expliquez pas suffisamment. Il est clair que pour un professeur, c'est difficile de jouer le rôle d'un élève en n'ayant que deux heures.
D'abord, merci pour votre remarque sur le titre : je me suis retenu de souligner quand j'écrivais parce que j'étais dans le train et que j'avais peur de faire un pâté en soulignant. Je n'ai relu ensuite que superficiellement, confiant en une mienne relectrice, que je m'en vais de ce pas vitupérer. C'est peut-être une explication pour l'oubli commis par certains élèves à ce propos, alors qu'ils sont scrupuleux, que je les ai harcelés sur ce point.
En revanche, votre critique de mon introduction me paraît injuste, et mon évocation de l'ennui, à la relecture, me paraît tout à fait juste : j'écarte pour commencer le contresens qui consisterait à croire qu'écrire un livre sur rien revient à ne rien écrire. Exactement la même chose que ce que vous dites. Quant à "la décision d'écrire sur autre chose qu'un héros, qui serait une révolution", cela me paraît à mon sens une faribole... Pour ce qui est du beau, je ne vois pas comment la moindre réflexion littéraire peut s'en passer. C'est à la fois impossible et toujours nécessaire, sans quoi l'on tourne à la vaine classification (telle œuvre peut-elle rentrer dans telle case ? Le Cid est-il une vraie tragédie ? Pour ma part, je m'en contrefous). Il me paraît clair que je ne néglige pas le "sur" ; je n'oublie simplement pas que dans "écrire un livre sur rien" il y a "écrire un livre", ce qui ne signifie pas aligner des mots sur 350 pages.
Pour la deuxième question, mais j'y pense de mémoire, je ne suis pas d'accord avec vous pour la focalisation zéro. On visite la maison avec Emma. On pourrait revenir sur la question des détails imperceptibles. Vous avez raison : il eût été intelligent de préciser qu'il ne s'agit pas de la même chambre conjugale. Il n'en reste pas moins que les deux épouses de Charles meurent de désir... pour lui ou contre lui. Vos suggestions sont évidemment excellentes. Cependant je pense qu'il est important pour un tel type de devoir de n'avoir absolument aucune attente a priori, et d'accepter favorablement toute réflexion justifiée et pertinente.
Maintenant, reste la question de la démarche globale — ce pourquoi je pense que vous avez tout à fait raison : j'ai eu le sentiment en écrivant de me complaire un peu trop au clinquant et de ne pas être assez didactique, ou plutôt de ne pas être assez rhétorique, afin de convaincre le correcteur qui n'est pas d'accord avec moi, ce qui est la moitié du job du candidat. Le brillant du style conquiert certains lecteurs, et rend méfiant les autres.
- Spoiler:
- Quel plaisir de disputer sur autre chose que des sottises...
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- trompettemarineMonarque
nlm76 a écrit:
- Spoiler:
Quel plaisir de disputer sur autre chose que des sottises...
C'est à moi que s'adresse ce spoiler?
Je vous prie de m'en excuser nlm76, mais j'en arrive à ma soixante-dixième copie de bac blanc sur Madame Bovary et je sature un peu, ce qui explique mon post précédent.
Je vous promets de lire votre proposition de copie, mais seulement quand j'en aurai fini avec celle des élèves, histoire d'être pleinement concentrée sur vos sujets et d'avoir le temps de vous répondre de façon approfondie.
- NLM76Grand Maître
Ah non, pas du tout. Je pensais par exemple aux crétineries de NVB, Robine et consorts !trompettemarine a écrit:nlm76 a écrit:
- Spoiler:
Quel plaisir de disputer sur autre chose que des sottises...
C'est à moi que s'adresse ce spoiler?
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- IsidoriaDoyen
Donc finalement, vous êtes plutôt d'accord avec mon point de vue, non? Réponse érudite mais pas assez directement dans le sujet = 18?
- NLM76Grand Maître
Ah pas tout à fait. Je considère que la réponse est tout à fait dans le sujet. Si j'enlevais des points, ce serait pour signifier que j'attendrais une réponse plus complète, avec davantage d'exemples.
Bon, dans la réalité actuelle, je mettrais 20 à une telle copie, peut-être 19 à cause de l'oubli du soulignement des titres. Dans l'absolu, j'aimerais pouvoir n'y mettre que 15-18, réservant de meilleures notes à des copies plus complètes, ET très bien écrites, sans aucune faute, parce que nous aurions des élèves qui sauraient écrire en français, et que la qualité de la langue ne ferait pas la différence ainsi ; que d'autre part le nombre d'élèves cultivés serait non négligeable. Ce n'est toutefois pas impossible : j'ai un élève qui en sera probablement capable à la fin de l'année.
En fait, le reproche que je me ferais, ce serait de ne pas avoir révisé avant de faire ce travail. Mais cette copie est surtout là pour leur montrer comment gérer le temps de façon raisonnable : pour l'instant, mes élèves ne parviennent pas à traiter vraiment les deux questions en deux heures.
En fait, le reproche que je me ferais, ce serait de ne pas avoir révisé avant de faire ce travail. Mais cette copie est surtout là pour leur montrer comment gérer le temps de façon raisonnable : pour l'instant, mes élèves ne parviennent pas à traiter vraiment les deux questions en deux heures.
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- User5899Demi-dieu
Pourtant, quand Canivet est appelé pour Charles, "il l'ouvrit et ne trouva rien" Or Charles ouvre et ferme le livre. Un livre sur riennlm76 a écrit:Votre critique de mon introduction me paraît injuste, et mon évocation de l'ennui, à la relecture, me paraît tout à fait juste : j'écarte pour commencer le contresens qui consisterait à croire qu'écrire un livre sur rien revient à ne rien écrire. Exactement la même chose que ce que vous dites. Quant à "la décision d'écrire sur autre chose qu'un héros, qui serait une révolution", cela me paraît à mon sens une faribole...
Je me doute bien qu'à la différence de mes élèves, vous avez des réponses à me fournir. Mais que les classifications vous semblent vaines, ou la beauté, présente ou non, je ne vois pas vraiment le rapport avec le sujet que vous vous êtes donnénlm76 a écrit: Pour ce qui est du beau, je ne vois pas comment la moindre réflexion littéraire peut s'en passer. C'est à la fois impossible et toujours nécessaire, sans quoi l'on tourne à la vaine classification (telle œuvre peut-elle rentrer dans telle case ? Le Cid est-il une vraie tragédie ? Pour ma part, je m'en contrefous). Il me paraît clair que je ne néglige pas le "sur" ; je n'oublie simplement pas que dans "écrire un livre sur rien" il y a "écrire un livre", ce qui ne signifie pas aligner des mots sur 350 pages.
Comment Emma sait-elle dès l'entrée que de la cuisine, on entend les malades débiter leurs histoires ? Que du cabinet, on sent l'odeur des roux ? Comment Emma sait-elle dès l'entrée que les flambeaux ne sont pas d'argent massif, mais plaqué (goût du paraître) ? Que les tomes du Dictionnaire des sciences médicales 1) n'ont jamais été coupés (goût du paraître sérieux là encore) ? 2) ont connu plusieurs ventes préalables ?nlm76 a écrit:Pour la deuxième question, mais j'y pense de mémoire, je ne suis pas d'accord avec vous pour la focalisation zéro. On visite la maison avec Emma.
C'est assez paradoxal, le correcteur de base recevant une liste d'attentes, suivies de bonus et de malus (je n'aborde pas la question de savoir s'il faut en tenir compte).nlm76 a écrit: On pourrait revenir sur la question des détails imperceptibles. Vous avez raison : il eût été intelligent de préciser qu'il ne s'agit pas de la même chambre conjugale. Il n'en reste pas moins que les deux épouses de Charles meurent de désir... pour lui ou contre lui. Vos suggestions sont évidemment excellentes. Cependant je pense qu'il est important pour un tel type de devoir de n'avoir absolument aucune attente
Pour résumer, je connais votre façon d'aborder les textes, j'ai été surpris d'une impression de brouillage créée par ce que j'appellerai rapidement le style.nlm76 a écrit:et d'accepter favorablement toute réflexion justifiée et pertinente.
Quant à la remarque que je lis (de je ne sais plus qui, pardon) sur la façon de distribuer des 20, je ne sais pas si ma classe m'a excédé au-delà du concevable (ce qui ne serait pas impossible, le collègue qui a corrigé leur épreuve de philo de bac blanc, un jeune agrégé TZR qui ne les connaît pas, a noté 18 d'entre eux sur 30 1/20 ), mais j'ai été surpris. J'en ai un peu marre de cette mode qui, aujourd'hui, les bases étant si faibles, nous pousse à mettre 20 en terminale à de bonnes fiches de lecture de 3e. Et concernant la longueur du devoir, sans préjudice aucun de la valeur de la copie, j'observe quand même que les copies de littérature, d'ordinaire, lors du vrai bac, dépassent fréquemment les 6 pages.
- IsidoriaDoyen
Alors, à votre avis, le nouveau programme est pour quand?
L'année dernière, c'était le 16 Avril.
Si j'avais le choix, j'aimerais: Georges Perec, ou Rimbaud, ou Zola,... et vous, des idées ou des envies?
L'année dernière, c'était le 16 Avril.
Si j'avais le choix, j'aimerais: Georges Perec, ou Rimbaud, ou Zola,... et vous, des idées ou des envies?
- User5899Demi-dieu
Dès que la discussion devient précise et intéressante, pfffuit... Elle s'évapore.
- IsidoriaDoyen
C'est une critique contre moi? Je n'ai même pas relu ce qui était écrit au dessus.
Je m'ennuie à la terrasse d'un café, je divague...
Et j'aimerais bien être consultée pour le nouveau programme, oui, oui
Mais j'y pense, Cripure, comment vous en sortez-vous avec Pasolini? Finalement, mes élèves ont réussi à me convaincre que c'était pas si mal. En fait, ils font cours et moi j'écoute. Enfin pas complètement, mais j'aimerais bien.
Je m'ennuie à la terrasse d'un café, je divague...
Et j'aimerais bien être consultée pour le nouveau programme, oui, oui
Mais j'y pense, Cripure, comment vous en sortez-vous avec Pasolini? Finalement, mes élèves ont réussi à me convaincre que c'était pas si mal. En fait, ils font cours et moi j'écoute. Enfin pas complètement, mais j'aimerais bien.
- trompettemarineMonarque
Je suis en train de préparer des QCM sur Learning Apps sur la pièce de Sophocle pour les cours d'AP.
Les élèves, après avoir vu le film, se perdent dans Sophocle. Ce ne sont pas des questionnaires très difficiles.
Je peux vous les envoyer.
Sinon, je suis en train de taper un corrigé sur un devoir qui comprenait des questions de cours et une question plus générale. Si cela vous intéresse, je peux aussi les envoyer.
C'était ce devoir-là (il y a des extraits de Sophocle car je n'avais pas commencé l'étude de détail avec eux, on n'avait vu que le prologue et la première partie mythique du film).
Je le mets temporairement en spoiler (car je n'arrive décidément pas à utiliser scribd.) :
Sinon, pour l'année prochaine, je ne sais pas si j'aurais des TL, nous "tournons" tous les deux ans et cela fait deux ans pour moi.
Petit cadeau pour Cripure (photo trouvée par une collègue qui me l'a envoyée) :
Les élèves, après avoir vu le film, se perdent dans Sophocle. Ce ne sont pas des questionnaires très difficiles.
Je peux vous les envoyer.
Sinon, je suis en train de taper un corrigé sur un devoir qui comprenait des questions de cours et une question plus générale. Si cela vous intéresse, je peux aussi les envoyer.
C'était ce devoir-là (il y a des extraits de Sophocle car je n'avais pas commencé l'étude de détail avec eux, on n'avait vu que le prologue et la première partie mythique du film).
Je le mets temporairement en spoiler (car je n'arrive décidément pas à utiliser scribd.) :
- Spoiler:
- Question 1. En quoi le prologue du film permet-il de comprendre que le film est, selon les mots mêmes de Pasolini, autobiographique ? (Rappelez les trois grandes séquences, les personnages, les lieux, le rôle des costumes et de la musique). (10 à 15 lignes) (3 points)Question 2. L’histoire d’Œdipe et le meurtre de Laïos .Voici le texte de Sophocle (deuxième épisode JOCASTE-ŒDIPE):JOCASTE : Au nom des dieux, dis-moi, seigneur, ce qui a bien pu, chez toi, soulever pareille colère.(…)ŒDIPE : Il prétend que c'est moi qui ai tué Laïos.(…)JOCASTE : Va, absous-toi toi-même du crime dont tu parles, et écoute-moi. Tu verras que jamais créature humaine ne posséda rien de l’art de prédire. Et je vais t’en donner la preuve en peu de mots. Un oracle arriva jadis à Laïos, non d’Apollon lui-même, mais de ses serviteurs. Le sort qu’il avait à attendre était de périr sous le bras d’un fils qui naîtrait de lui et de moi. Or Laïos, dit la rumeur publique, ce sont des brigands qui l’ont abattu, au croisement de deux chemins, et d’autre part, l’enfant une fois né, trois jours ne s’étaient pas écoulés, que déjà Laïos, lui liant les talons, l’avait fait jeter sur un mont désert. La aussi, Apollon ne put faire ni que le fils tuât son père, ni que Laïos, comme il le redoutait, pérît par la main de son fils. C’était bien pourtant le destin que des voix prophétiques nous avaient signifié ! (…)ŒDIPE : Ah ! comme à t’entendre, je sens soudain, ô femme, mon âme qui s'égare, ma raison qui chancelle !JOCASTE : Quelle inquiétude te fait soudainement regarder en arrière ?ŒDIPE : Tu as bien dit ceci: Laïos aurait été tué au croisement de deux chemins ?JOCASTE : On l’a dit alors, on le dit toujours.ŒDIPE : Et en quel pays se place l’endroit où Laïos aurait subi ce sort ?JOCASTE : Le pays est la Phocide ; le carrefour est celui où se joignent les deux chemins qui viennent de Delphes et de Daulia.ŒDIPE : Et combien de temps se serait-il passé depuis l’événement ?JOCASTE : C’est un peu avant le jour où fut reconnu ton pouvoir sur Thèbes que la nouvelle en fut apportée ici.ŒDIPE : Ah ! que songes-tu donc, Zeus, à faire de moi ?JOCASTE : Quel est le souci qui te tient, Oedipe ?ŒDIPE : Attends encore un peu pour m’interroger. Et Laïos, quelle était son allure ? quel âge portait-il ?JOCASTE : Il était grand. Les cheveux sur son front commençaient à blanchir. Son aspect n’était pas très éloigné du tien.ŒDIPE : Malheureux ! je crains bien d’avoir, sans m’en douter, lancé contre moi-même d’étranges malédictions.JOCASTE : Que dis-tu, seigneur ? Je tremble à te regarder.ŒDIPE : Je perds terriblement courage à l’idée que le devin ne voie trop clair. Tu achèveras de me le prouver d’un seul mot encore.JOCASTE : Certes j’ai peur aussi; mais apprends-moi ce que tu veux savoir et je te répondrai.ŒDIPE : Laïos allait-il en modeste équipage ? ou entouré de gardes en nombre, ainsi qu’il convient à un souverain ?JOCASTE: Ils étaient cinq en tout, dont un héraut (= messager d’un prince). Un chariot portait Laïos.ŒDIPE : Ah ! cette fois tout est clair !... Mais qui vous a fait le récit, ô femme ?JOCASTE : Un serviteur, le seul survivant du voyage.ŒDIPE : Est-il dans le palais, à l’heure où nous sommes ?JOCASTE : Non, sitôt de retour, te trouvant sur le trône et voyant Laïos mort, le voilà qui me prend la main, me supplie de le renvoyer à ses champs, à la garde de ses bêtes. Il voulait être désormais le plus loin possible de Thèbes. Je le laissai partir. Ce n'était qu'un esclave, mais qui méritait bien cela, et mieux encore.ŒDIPE : Pourrait-on nous le faire revenir au plus vite ?JOCASTE : On le peut. Mais pourquoi désires-tu si ardemment sa présence ?ŒDIPE : Je crains pour moi, ô femme, je crains d’avoir trop parlé. Et c’est pourquoi je veux le voir.JOCASTE: Il viendra. Mais moi aussi, ne mérité-je pas d’apprendre ce qui te tourmente, seigneur?ŒDIPE : Je ne saurais te dire non : mon anxiété est trop grande. (…) Mon père est Polybe, Polybe de Corinthe. Mérope, ma mère, est une Dorienne. J’avais le premier rang là-bas, parmi les citoyens, lorsque survint un incident, qui méritait ma surprise sans doute, mais ne méritait pas qu’on le prît à cœur comme je le pris. pendant un repas, au moment du vin, dans l’ivresse, un homme m’appelle « enfant supposé ». Le mot me fit mal ; j’eus peine ce jour-là à me contenir, et dès le lendemain j’allai questionner mon père et ma mère. ils se montrèrent indignés contre l’auteur du propos ; mais, si leur attitude en cela me satisfit, le mot n’en cessait pas moins de me poindre et faisait son chemin peu à peu dans mon cœur. Alors, sans prévenir mon père ni ma mère, je pars pour Pytho (=Delphes) ; et là Phoebus (= Apollon) me renvoie sans même avoir daigné répondre à ce pour quoi j’étais venu, mais non sans avoir en revanche prédit à l’infortuné que j’étais le plus horrible, le plus lamentable destin : j’entrerais au lit de ma mère, je ferais voir au monde une race monstrueuse, je serais l’assassin de mon père dont j’étais né ! Si bien qu’après l’avoir entendu, à jamais, sans plus de façons, je laisse là Corinthe et son territoire, je m’enfuis vers des lieux où je ne pusse voir se réaliser les ignominies que me prédisait l’effroyable oracle.Et voici qu’en marchant j’arrive à l’endroit même où tu prétends que ce prince aurait péri… Eh bien ! à toi, femme, je dirai la vérité tout entière. Au moment où, suivant ma route, je m’approchais du croisement des deux chemins, un héraut, puis, sur un chariot attelé de pouliches, un homme tout pareil à celui que tu me décris, venaient à ma rencontre. Le guide, ainsi que le vieillard lui-même, cherche à me repousser de force. Pris de colère, je frappe, moi, celui qui me prétend écarter de ma route, le conducteur. Mais le vieux me voit, il épie l’instant où je passe près de lui et de son chariot, il m’assène en pleine tête un coup de son double fouet. Il paya cher ce geste-là ! En un moment, atteint par le bâton que brandit cette main, il tombe à la renverse et du milieu du chariot il s’en va rouler à terre ─ et je les tue tous…Dans la partie du film que nous avons visionnée en classe, quelles différences apparaissent entre le texte de Sophocle et le film de Pasolini. (20 à 25 lignes) (5 points)Question 3. Voici deux images du sphinx : l’une est une photo d’un vase grec du Vè siècle avant J.-C., l’autre est extraite du film de Pasolini.Comment Pasolini transforme-t-il le monstre ? Pourquoi ? Que fait-il dire à Oedipe et au Sphinx dans le film ? (10 à 15 lignes) (4 points)
B. Question préparant à une question de type « baccalauréat ».Vous répondrez à la question suivante de façon ordonnée. Vous pourrez vous appuyez sur les documents ci-dessous et les connaissances que vous avez mémorisées. Exceptionnellement, aucune introduction n’est demandée.Question 5.D’où vient l’aveuglement d’Œdipe dans la pièce de Sophocle et dans le film de Pasolini ? Vous veillerez à bien comparer les deux œuvres. (30 à 50 lignes) (8 points)Document 1 (texte de Sophocle, premier épisode : Oedipe-Tirésias):TIRÉSIAS : je dis que c’est toi l’assassin cherché.ŒDIPE : Ah ! tu ne répéteras pas telles horreurs impunément !TIRÉSIAS: Et dois-je encore, pour accroître ta fureur...ŒDIPE: Dis ce que tu voudras : tu parleras pour rien.TIRÉSIAS : Eh bien donc, je le dis. Sans le savoir, tu vis dans un commerce infâme avec les plus proches des tiens, et sans te rendre compte du degré de misère où tu es parvenu.ŒDIPE : Et tu t’imagines pouvoir en dire plus sans qu’il t’en coûte rien ?TIRÉSIAS : Oui, si la vérité garde quelque pouvoir.ŒDIPE : Ailleurs, mais pas chez toi ! Non, pas chez un aveugle, dont l’âme et les oreilles sont aussi fermées que les yeux !TIRÉSIAS : Mais toi aussi, tu n’es qu’un malheureux, quand tu me lances des outrages que tous ces gens bientôt te lanceront aussi.ŒDIPE : Tu ne vis, toi, que de ténèbres : comment donc me pourrais-tu nuire, à moi, comme à quiconque voit la clarté du jour ?TIRÉSIAS : Non, mon destin n’est pas de tomber sous tes coups : Apollon n’aurait pas de peine à te les faire payer.ŒDIPE: Est-ce Créon ou toi qui inventas l’histoire ?TIRÉSIAS: Ce n’est pas Créon qui te perd, c’est toi.ŒDIPE: Ah ! richesse, couronne, savoir surpassant tous autres savoirs, vous faites sans doute la vie enviable ; mais que de jalousies vous conservez aussi contre elle chez vous ! s’il est vrai que, pour ce pouvoir, que Thèbes m’a mis elle-même en main, sans que je l’aie, moi, demandé jamais, Créon, le loyal Créon, l’ami de toujours, cherche aujourd'hui sournoisement à me jouer, à me chasser d`ici, et qu’il a pour cela suborné ce faux prophète, ce grand meneur d’intrigues, ce fourbe charlatan, dont les yeux sont ouverts au gain, mais tout à fait clos pour son art. Car enfin, dis-moi, quand donc as-tu été un devin véridique ? pourquoi, quand l’Ignoble Chanteuse (= Le sphinx) était dans nos murs, ne disais-tu pas à ces citoyens le mot qui les eût sauvés ? Ce n’était pourtant pas le premier venu qui pouvait résoudre l’énigme : il fallait là l’art d’un devin. Cet art, tu n’as pas montré que tu l’eusses appris ni des oiseaux ni d’un dieu! Et cependant j’arrive, moi Œdipe, ignorant de tout, et c’est moi, moi seul, qui lui ferme la bouche, sans rien connaître des présages, par ma seule présence d’esprit. Et voilà l’homme qu’aujourd’hui tu prétends expulser de Thèbes ! Déjà tu te vois sans doute debout auprès du trône de Créon ? Cette expulsion-là pourrait te coûter cher, à toi comme à celui qui a mené l’intrigue. Si tu ne me faisais l’effet d'un bien vieil homme, tu recevrais exactement la leçon due à ta malice.TIRÉSIAS : Tu règnes ; mais j’ai mon droit aussi, que tu dois reconnaître, le droit de te répondre point pour point à mon tour, et il est à moi sans conteste. Je ne suis pas à tes ordres, je suis à ceux de Loxias (= Apollon) ; je n’aurai pas dès lors à réclamer le patronage de Créon. Et voici ce que je te dis. Tu me reproches d’être aveugle ; mais toi, toi qui y vois, comment ne vois-tu pas à quel point de misère tu te trouves à cette heure? et sous quel toit tu vis, en compagnie de qui ?- sais-tu seulement de qui tu es né ? - Tu ne te doutes pas que tu es en horreur aux tiens, dans l’enfer comme sur la terre. Bientôt, comme un double fouet, la malédiction d’un père et d’une mère, qui approche terrible, va te chasser d’ici. Tu vois le jour : tu ne verras bientôt plus que la nuit. Quels bords ne rempliras-tu pas alors de tes clameurs ? - quel Cithéron n’y fera pas écho? - lorsque tu comprendras quel rivage inclément fut pour toi cet hymen où te fit aborder un trop heureux voyage ! Tu n’entrevois pas davantage le flot de désastres nouveaux qui va te ravaler au rang de tes enfants ! Après cela, va, insulte Créon, insulte mes oracles : jamais homme avant toi n’aura plus durement été broyé du sort.ŒDIPE : Ah ! peut-on tolérer d’entendre parler de la sorte? Va-t-en à la male heure, et vite! Vite, tourne le dos à ce palais. Loin d’ici ! va-t-en !TIRÉSIAS : Je ne fusse pas venu de moi-même : c’est toi seul qui m'as appelé.ŒDIPE : Pouvais-je donc savoir que tu ne dirais que sottises ? J’aurais pris sans cela mon temps pour te mander jusqu’ici.TIRÉSIAS : Je t’apparais donc sous l’aspect d’un sot ? Pourtant j’étais un sage aux yeux de tes parents.ŒDIPE : Quels parents ? Reste là. De qui suis-je le fils ?TIRÉSIAS : Ce jour te fera naître et mourir à la fois.ŒDIPE : Tu ne peux donc user que de mots obscurs et d’énigmes?TIRÉSIAS : Quoi ! tu n’excelles plus à trouver les énigmes ?GEDIPE : Va, reproche-moi donc ce qui fait ma grandeur.TIRÉSIAS : C’est ton succès pourtant qui justement te perd.ŒDIPE : Si j’ai sauvé la ville, que m'importe le reste?TIRÉSIAS : Eh bien ! je pars. Enfant, emmène-moi.ŒDIPE : Oui, certes, qu’il t emmène ! Ta présence me gêne et me pèse. Tu peux partir : je n’en serai pas plus chagrin.TIRÉSIAS : je pars, mais je dirai d’abord ce pour quoi je suis venu. Ton visage ne m’effraie pas : ce n’est pas toi qui peux me perdre. Je te le dis en face : l’homme que tu cherches depuis quelque temps avec toutes ces menaces, ces proclamations sur Laïos assassiné, cet homme est ici même. On le croit un étranger, un étranger fixé dans le pays : il se révélera un Thébain authentique - et ce n'est pas cette aventure qui lui procurera grand-joie. Il y voyait : de ce jour il sera aveugle ; il était riche : il mendiera, et, tâtant sa route devant lui avec son bâton, il prendra le chemin de la terre étrangère. Et, du même coup, il se révélera père et frère à la fois des fils qui l’entouraient, époux et fils ensemble de la femme dont il est né, rival incestueux aussi bien qu’assassin de son propre père ! Rentre à présent, médite mes oracles, et, si tu t’assures que je t’ai menti, je veux bien alors que tu dises que j’ignore tout de l’art des devins.Document 2 (texte de Sophocle, troisième épisode)):Un messager vient raconter la mort de Jocaste et la réaction d’Œdipe.UN MESSAGER :Subitement, [Oedipe] poussa un cri terrible et, comme mené par un guide, le voilà qui se précipite sur les deux vantaux de la porte, fait fléchir le verrou qui saute de la gâche, se rue enfin au milieu de la pièce... La femme est pendue ! Elle est là, devant nous, étranglée par le nœud qui se balance au toit... Le malheureux à ce spectacle pousse un gémissement affreux. Il détache la corde qui pend, et le pauvre corps tombe à terre... C’est un spectacle alors atroce à voir. Arrachant les agrafes d’or qui servaient à draper ses vêtements sur elle, il les lève en l’air et il se met à en frapper ses deux yeux dans leurs orbites. « Ainsi ne verront-ils plus, dit-il, ni le mal que j’ai subi, ni celui que j’ai causé ; ainsi les ténèbres leur défendront-elles de voir désormais ceux que je n’eusse pas dû voir, et de connaître ceux que, malgré tout, j’eusse voulu connaître ! » Et tout en clamant ces mots, sans répit, les bras levés, il se frappait les yeux, et leurs globes en sang coulaient sur sa barbe. Ce n’était pas un suintement de gouttes rouges, mais une noire averse de grêle et de sang, inondant son visage !... Le désastre a éclaté, non par sa seule faute, mais par le fait de tous deux à la fois : c’est le commun désastre de la femme et de l’homme. Leur bonheur d’autrefois était hier encore un bonheur au sens vrai du mot : aujourd’hui, au contraire, sanglots, désastre, mort et ignominie, toute tristesse ayant un nom se rencontre ici désormais ; pas une qui manque à l’appel !Document 3 (texte de Sophocle, troisième épisode):Oedipe sur scène dialogue avec le chœur. Voici certaines des paroles qu’il prononce.ŒDIPE : Ah ! nuage de ténèbres ! nuage abominable, qui t’étends sur moi, immense, irrésistible, écrasant ! Ah! comme je sens pénétrer en moi tout ensemble et l’aiguillon de mes blessures et le souvenir de mes smaux.LE CORYPHÉE (= chef du chœur) : Nul assurément ne sera surpris qu’au milieu de telles épreuves tu aies double deuil, double douleur, à porter.ŒDIPE : Ah ! mon ami, tu restes donc encore, toi seul, à mes côtés? Tu consens donc encore à soigner un aveugle ? Ah ! ce n’est pas un leurre : du fond de mes ténèbres, très nettement, je reconnais ta voix.LE CORYPHÉE: Oh! qu’as-tu fait? Comment as-tu donc pu détruire tes prunelles ? Quel dieu poussa ton bras ?ŒDIPE : Apollon, mes amis ! oui, c’est Apollon qui m’inflige à cette heure ces atroces, ces atroces disgrâces qui sont mon lot, mon lot désormais. Mais aucune autre main n’a frappé que la mienne, la mienne, malheureux!Que pouvais-je encore voir dont la vue pour moi eût quelque douceur ?LE CHOEUR: Las ! il n’est que trop vrai!(…)LE CORYPHÉE: je ne sais vraiment comment justifier ta résolution. Mieux valait pour toi ne plus vivre que vivre aveugle à jamais.ŒDIPE : Ah! ne me dis pas que ce que j'ai fait n’était pas le mieux que je pusse faire ! Épargne-moi et leçons et conseils !... Et de quels yeux, descendu aux Enfers, eussé-je pu, si j’y voyais, regarder mon père et ma pauvre mère, alors que j’ai sur tous les deux commis des forfaits plus atroces que ceux pour lesquels on se pend ? Est-ce la vue de mes enfants qui aurait pu m’être agréable ! -- des enfants nés comme ceux-ci sont nés ! Mes yeux, à moi, du moins ne les reverront pas, non plus que cette ville, ces murs, ces images sacrées de nos dieux, dont je me suis exclu moi-même, infortuné, moi, le plus glorieux des enfants de Thèbes, le jour où j’ai donné l’ordre formel à tous de repousser le sacrilège, celui que les dieux mêmes ont révélé impur, l’enfant de Laïos ! Et après avoir de la sorte dénoncé ma propre souillure, j’aurais pu les voir sans baisser les yeux ? Non, non! Si même il m’était possible de barrer au flot des sons la route de mes oreilles, rien ne m’empêcherait alors de verrouiller mon pauvre corps, en le rendant aveugle et sourd tout à la fois. Il est si doux à l’âme de vivre hors de ses maux!... (…)
Sinon, pour l'année prochaine, je ne sais pas si j'aurais des TL, nous "tournons" tous les deux ans et cela fait deux ans pour moi.
Petit cadeau pour Cripure (photo trouvée par une collègue qui me l'a envoyée) :
- User5899Demi-dieu
Super bien, je n'en ai pas encore parlé. Il me reste quelques jours pour essayer encore une fois de voir le film en entier, et après, je ferai ce que je sais faire le mieux : j'improviserai des questions pièce+film.Isidoria a écrit:
Mais j'y pense, Cripure, comment vous en sortez-vous avec Pasolini?
- nevermoreNiveau 10
J'adore :lol:
- InvitéInvité
Quel beau programme! Heureux sont les professeurs de lycée...
- IsidoriaDoyen
Cette photo est géniale! Je vais l'envoyerà mes élèves qui m'ont demandé pourquoi elle n'avait pas de sourcils.
Pour ma part, les élèves sont très investis, le premier devoir était un DS, et comme c'était une semaine après avoir commencé l'étude je n'ai donné qu'une question et le droit d'avoir Sophocle. Ca a été très réussi. J'ai l'impression que la méthode est comprise, ce qui est déjà ça.
Pour ma part, les élèves sont très investis, le premier devoir était un DS, et comme c'était une semaine après avoir commencé l'étude je n'ai donné qu'une question et le droit d'avoir Sophocle. Ca a été très réussi. J'ai l'impression que la méthode est comprise, ce qui est déjà ça.
- User5899Demi-dieu
Pas tous. Moi j'ai fait lettres par horreur des images...maldoror1 a écrit:Quel beau programme! Heureux sont les professeurs de lycée...
Edit "La" méthode ? Je ne comprends pas, j'entends partout des gens parler de "la méthode". Mais de quelle méthode parlez-vous, tous ?
- IsidoriaDoyen
L'expression est erronée en fait, quand je dis méthode c'est le fait que l'épreuve de littérature est très différente de ce qu'on fait en 1ère. Deux heures pour ces deux questions, ça exige une très bonne connaissance des œuvres et des références théoriques. Il faut très vite se mettre à la rédaction et intégrer à ses propos des citations et exemples précis. Au début les élèves pataugent et ne maîtrisent pas l'œuvre je trouve. Là ça me paraît bien mieux.
- IsidoriaDoyen
Je précise ma réponse: une année une mère d'élève s'en est pris à moi au conseil de TL parce que n'exigeais "qu'ils apprennent par cœur l'œuvre au programme"... Ca m'a fait doucement marrer et l'adjoint a répondu un truc du genre que c'était sans doute ce qu'il fallait faire, sans exagérer non plus, et que de toute façon au pire ça ne leur faisait pas de mal. C'était sur Eluard. Une classe horrible.
- trompettemarineMonarque
Faut dire, que dire sur cette oeuvre d'Eluard ??????????????????????
Rien que l'oeuvre suffit à rendre la classe horrible. Ce fut aussi le cas pour l'une de mes TL l'année dernière.
Rien que l'oeuvre suffit à rendre la classe horrible. Ce fut aussi le cas pour l'une de mes TL l'année dernière.
- User27372Niveau 7
Oui plus jamais cela !trompettemarine a écrit:Faut dire, que dire sur cette oeuvre d'Eluard ??????????????????????
Rien que l'oeuvre suffit à rendre la classe horrible. Ce fut aussi le cas pour l'une de mes TL l'année dernière.
Des informations sur la prochaine œuvre au programme ?
- Marguerite VNiveau 6
Il me semble avoir lu quelque-part que la prochaine oeuvre au programme serait Les Faux-monnayeurs de Gide, ainsi que le Journal des faux-monnayeurs. Affaire à suivre...
- IphigénieProphète
Lol : ils vont rigoler, nos L!
- Spoiler:
- enfin les profs de L beaucoup moins: ils décollent vraiment ceux qui font les programmes! Sidéral!
- trompettemarineMonarque
- Spoiler:
- Beurk ! J'avais détesté. L'impression d'une dissertation en action. Mais qui sait ? avec l'âge... ça va pas être coton avec les gamins par contre...
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- Le programme de Terminale Littéraire en littérature 2016-2017 : Journal des Faux-Monnayeurs, Les Faux-Monnayeurs (Gide) ; Oedipe-Roi (Sophocle, Pasolini)
- Classe terminale de la série littéraire : Programme de littérature pour l'année scolaire 2018-2019
- 2013-2014 : Les Mains libres de Paul Éluard et Man Ray + Lorenzacio de Musset au programme de littérature (terminale littéraire)
- Première littéraire : Les réécritures de Madame Bovary
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