De l'avenir des langues anciennes au collège en 2016: sortez vos mouchoirs.

Laurent Fillion (CRAP-Cahiers pédagogiques a écrit:Depuis les annonces concernant la future réforme du collège, le sujet principal du débat semble être pour certains le sort réservé à l’enseignement du latin. Aujourd’hui, ce sont Le Figaro par une tribune de Anne-Sophie Letac, professeur en classes préparatoires et Europe 1 par la bouche de Natacha Polony qui ont voulu alerter à ce sujet. Les grandes voix pourfendeuses de l’école démocratique s’agitent donc.

je rappelle "le lobbying mensonger avant de dialoguer m’exaspère"

J'hallucine quand je vois des collègues minimiser à ce point la disparition d'une matière pratiquée, et aimée, par d'autres collègues.
A leurs yeux, c'est équivalent de la fin de la DP3 ou de la suppression de l'HG sur un niveau (la terminale).

Ils ne voient pas les profs de LC comme des profs honnêtes, consciencieux, qui veulent apporter quelque chose aux élèves, mais comme des idéologues qui veulent promouvoir la ségrégation et l'élitisme.

Il y a quelque chose de fascinant dans cet aveuglement.

Il y a quand même de la gène aux entournures. On ne répond pas à toutes les questions, on demande de la précision, de la généralisation, sans en avoir soi-même tout en l'affirmant, et quand on ne veut plus dialoguer, parce que ça devient justement précis, hop, on passe à un autre débat : l'anglais euro est-il élitiste ?

"Il y a quand même de la gène aux entournures."
La transmission serait élitiste, pas génétique !

Celadon a écrit:"Il y a quand même de la gène aux entournures."
La transmission serait élitiste, pas génétique !

ah ah ah ah ah en effet Il faut que j'arrête de préparer mon cours de grec en parallèle avec mes histoires de γίγνομαι...

L'anglais Euro, tel qu'il est pratiqué dans certains lycées, c'est de l'esbrouffe, pour faire croire aux élèves qu'ils vont être des anglicistes de 1er ordre.
Ici, dans un lycée proche, une heure de conversation anglaise en plus par niveau, pour ceux qui sont en "anglais euro". + une heure dans une autre matière : SVT ou SES.
Selon d'anciens élèves, "on regarde des documentaires ou des films en anglais". Ce que je ne critique pas.
Et si c'est utile à ces élèves pour la fac ou la prépa, ou le DUT, le BTS, tant mieux.
Mais appeler cela "Section Euro", il y a de l'abus ! De mon temps (d'élève), on aurait appela ça "anglais renforcé".

Donc, non, ce n'est pas de l'élitisme. ce sont des miettes qu'on jette aux manants de province pour leur faire croire qu'ils ont accès à un enseignement comme l'aristocratie des lycées des métropoles.

En clair, je ne suis pas contre.
Le vocable employé leurre les élèves et leur famille.
Et pour ici, ce n'est pas de l'élitisme. Cela permet de nourrir peu plus certains élèves en anglais.

Celadon a écrit:Allons allons, Condorcet, tu zemmourises, mon cher.

Je ne pense pas avoir grand-chose de commun avec ce personnage, ni dans mes idées ni dans ma vie. Je suis frappé par la force prédictive de ce discours : https://www.youtube.com/watch?v=_oN-DxnGPZQ

Le soutien ne vient pas toujours d'où on l'attend : surprenante mais sympathique prise de position du journaliste sportif Pascal Praud sur RTL : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/03/18/97001-20150318FILWWW00173-pascal-praud-regrette-la-dispariton-du-latin-au-college.php

Et les infos qui doivent tomber aujourd'hui, on sait à peu près vers quelle heure ? Comme hier ?

e-Wanderer a écrit:Le soutien ne vient pas toujours d'où on l'attend : surprenante mais sympathique prise de position du journaliste sportif Pascal Praud sur RTL : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/03/18/97001-20150318FILWWW00173-pascal-praud-regrette-la-dispariton-du-latin-au-college.php

c'est encore mieux quand il vient finement !

Oui enfin bon il (ou est-ce le journaliste ?) parle quand même d'attaques ad nominem...

DesolationRow a écrit:Oui enfin bon il (ou est-ce le journaliste ?) parle quand même d'attaques ad nominem...

D'ailleurs, c'est quoi ce pseudo ?!?

(OK, c'est neutre, nomen, OK OK... )

PauvreYorick a écrit:

DesolationRow a écrit:Oui enfin bon il (ou est-ce le journaliste ?) parle quand même d'attaques ad nominem...

D'ailleurs, c'est quoi ce pseudo ?!?

(OK, c'est neutre, nomen, OK OK... )

C'est une chanson magnifique

Luigi_B a écrit:

Laurent Fillion (CRAP-Cahiers pédagogiques a écrit:Depuis les annonces concernant la future réforme du collège, le sujet principal du débat semble être pour certains le sort réservé à l’enseignement du latin. Aujourd’hui, ce sont Le Figaro par une tribune de Anne-Sophie Letac, professeur en classes préparatoires et Europe 1 par la bouche de Natacha Polony qui ont voulu alerter à ce sujet. Les grandes voix pourfendeuses de l’école démocratique s’agitent donc.

Je n'ai pas la force de rire de ce texte, que je trouve profondément choquant, en tant qu'enfant de famille modeste à qui on a proposé une école exigeante et de qualité. Certes, c'était il y a longtemps. Pour le CRAP, les contenus, ce n'est pas fait pour le peuple, forcément et par nature incapable d'en tirer le moindre profit.

Condorcet a écrit:J'imagine que l'étape suivante sera la réduction des crédits attribués aux Ecoles françaises de Rome et d'Athènes ainsi qu'au Collège de France ?

Pour l'EFR, d'après un insider, c'est déjà le cas. Déjà qu'on les oblige, sous menace de couper les fonds, à fonctionner par projets, et d'une façon kafkaïenne : les permanents de l'Ecole proposent des projets quinquennaux (une quinzaine), les candidats aux postes de membre proposent leurs projets, chacun le sien, et ensuite on s'arrange pour faire semblant qu'il y ait un rapport entre les uns et les autres... Mais si l'Ecole ne se plie pas à ces lubies bureaucratiques du ministère, elle disparaît. Rapidement.

CRAP a écrit:Latin : la messe est dite ?

Depuis les annonces concernant la future réforme du collège, le sujet principal du débat semble être pour certains le sort réservé à l’enseignement du latin.

Et sans doute avec raison...

Aujourd’hui, ce sont Le Figaro par une tribune de Anne-Sophie Letac, professeur en classes préparatoires et Europe 1 par la bouche de Natacha Polony qui ont voulu alerter à ce sujet. Les grandes voix pourfendeuses de l’école démocratique s’agitent donc.

Je ne savais pas que "démocratique" était synonyme de "médiocre".

Par bien des côtés, on se croirait revenus au temps de la polémique sur la disparition de l’Histoire-Géo en terminale S.

Disparition scandaleuse.

Quelques dérapages malheureux en plus. (Comparer l’enseignement du latin à Charlie Hebdo , tous deux victimes de l’obscurantisme, certains l’ont osé).

A bien y regarder de plus près, on peut comprendre les interrogations et craintes des professeurs de lettres classiques notamment sur le plan des horaires.

Ben oui, les profs de LC ont commencé par y regarder de plus près avant de gueuler. Ils n'ont pas besoins d’œillères idéologiques.

Mais l’enseignement des LC ne disparaît nullement puisqu’intégrés aux EPI (vive les sigles !).

Mais oui, retournes-y lire de plus près...

Par le jeu de l’interdisciplinaire, la réforme pourrait même amener des enfants pas forcément attirés à priori par le latin (ou/et 2h en plus) à le découvrir, et à réapprendre l’appétence pour la découverte d’autres cultures.

Et même que le latin fait pousser les cheveux et qu'il les rend beaux et brillants. Il y en a qui vivent vraiment dans le monde de Oui-oui et qui n'ont pas dû voir un ado de près depuis longtemps.

Anne-Sophie Baciocchini, enseignante de Lettres classiques en collège, nous semble beaucoup moins alarmiste dans le Huffington Post. Si elle semble bien regretter que « de fait, les options "latin" et "grec" n’existeraient plus en tant que telles », elle nous propose « un petit tour des idées reçues » sur l’enseignement du latin. A la lire, on devine que les aspects positifs qu’elle lui trouve peuvent bien être intégrés dans les "langues et cultures de l’Antiquité"

Oui, c'est bien gentil, mais ça ne sert pas à grand chose. Un peu comme les maths ou la grammaire, en somme. Quand on ne cherche que l'utilité pratique et immédiate de l'enseignement, on ne renonce à la valeur même de l'enseignement.

Remarquons enfin que l’option DP3 qui connaîtra la même évolution ne provoque pas autant de remous.

C'est bien normal: c'est une option pleine de vide. Les professeurs ne défendent pas le vide, justement.

doctor who a écrit:

Ils ne voient pas les profs de LC comme des profs honnêtes, consciencieux, qui veulent apporter quelque chose aux élèves, mais comme des idéologues qui veulent promouvoir la ségrégation et l'élitisme.

Il y a des jalousies en salle des profs: enseigner une option, ce n'est pas enseigner vraiment. Pof, on récupère les heures... Je ne m'attends à aucun soutien pour les LA de la part de mes collègues, déjà bien indifférents à ce qui leur pend au nez.

e-Wanderer a écrit:Le soutien ne vient pas toujours d'où on l'attend : surprenante mais sympathique prise de position du journaliste sportif Pascal Praud sur RTL : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/03/18/97001-20150318FILWWW00173-pascal-praud-regrette-la-dispariton-du-latin-au-college.php

Le lien est invalide.

Provence, j'aime ta façon de commenter, tu ferais une excellente twitteuse.

Morgared a écrit:

Luigi_B a écrit:

Laurent Fillion (CRAP-Cahiers pédagogiques a écrit:Depuis les annonces concernant la future réforme du collège, le sujet principal du débat semble être pour certains le sort réservé à l’enseignement du latin. Aujourd’hui, ce sont Le Figaro par une tribune de Anne-Sophie Letac, professeur en classes préparatoires et Europe 1 par la bouche de Natacha Polony qui ont voulu alerter à ce sujet. Les grandes voix pourfendeuses de l’école démocratique s’agitent donc.

Je n'ai pas la force de rire de ce texte, que je trouve profondément choquant, en tant qu'enfant de famille modeste à qui on a proposé une école exigeante et de qualité. Certes, c'était il y a longtemps. Pour le CRAP, les contenus, ce n'est pas fait pour le peuple, forcément et par nature incapable d'en tirer le moindre profit.

Moi aussi. Enfant de la 1re génération d'immigrés, j'ai eu la chance de me voir offrir le latin et le grec.
J'ai pu, par ailleurs, constater en zep, que certains élèves "issus de l'immigration"choisissaient le latin comme moyen de promotion. Zut de crotte de bique.

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Provence, j'aime ta façon de commenter, tu ferais une excellente twitteuse.

Je te jure, on est parfois effaré de ce qu'on lit ... Et du mépris dont certains font preuve envers ceux qui ne pensent pas exactement comme eux. Je n'ai rien contre les compétences par principe. Je préfère parler de savoir-faire, de méthode, car j'y ai recours tout le temps. Mais je refuse qu'on m'impose une manière particulière de travailler.

Pour ma part, je n'ose pas suivre les mauvaises personnes. Le peu que j'entrevois me met hors de moi, et précisément je suis incapable de répondre en si peu de signes. Twitter, c'est pour ceux qui ont l'esprit aiguisé, l'art de la bonne phrase.

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Pour ma part, je n'ose pas suivre les mauvaises personnes. Le peu que j'entrevois me met hors de moi, et précisément je suis incapable de répondre en si peu de signes. Twitter, c'est pour ceux qui ont l'esprit aiguisé, l'art de la bonne phrase.

Parfois, mieux vaut ne pas répondre parce que

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Provence, j'aime ta façon de commenter, tu ferais une excellente twitteuse.

N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie?

Luigi_B a écrit:A voir dans ce qui sera annoncé aujourd'hui : à vrai dire je me demande bien comment le ministère va se sortir de cette improvisation.

Pour le reste, ces tergiversations montrent surtout qu'on a bien fait de monter au créneau.

Sait-on quand vont tomber ces nouvelles précisions ?
Pour le reste, je suis d'accord avec toi... aucun regret à avoir.

Rappelons que pour l'auteur de cette tribune, les profs de LC sont des profs de voyage en Grèce.

Le gouvernement tâtonne un peu sur le latin et le grec... Soyons optimistes, nous allons peut-être récupérer des heures & un programme !! Un EPI national, spécial et viable en somme.

Point pessimiste : je crois qu'il va falloir faire une croix sur le latin + le grec ; la dénomination LCA est un fond : on va devoir faire de l'ECLA pour faire du grec...