George Felouzis : « L’école elle-même produit les inégalités contre lesquelles elle devrait lutter »

La Lettre de l'éducation du Monde a écrit:
George Felouzis est professeur de sociologie des politiques éducatives à l’université de Genève.

Vous venez de publier Les Inégalités scolaires (PUF), où vous soulignez que, non seulement le système ne parvient pas à atténuer les disparités entre élèves, mais qu’il les exacerbe. Sur quoi ce constat se fonde-t-il ?

On dispose d’au moins deux sources, l’une nationale, l’autre internationale. La première, c’est l’enquête « Lire, écrire et compter » reproduite en 1987, 1997 et 2007 par la DEPP [le service statistique du ministère de l’éducation nationale]. A vingt ans d’intervalle, l’évolution des acquis des élèves, testés en fin de CM2, révèle que non seulement le niveau de maîtrise dans les disciplines fondamentales a diminué, mais que les écarts se sont creusés entre élèves favorisés et défavorisés. Ces derniers sont beaucoup plus à la peine pour apprendre qu’il y a dix ou vingt ans. Sur le plan international, les enquêtes PISA, répétées tous les trois ans depuis 2000, reflètent les mêmes processus : le niveau des élèves français de 15 ans baisse légèrement, mais les inégalités s’accroissent, elles, très fortement. Cela interpelle la recherche, cela devrait aussi interpeller nos politiques.

http://www.lalettredeleducation.fr/George-Felouzis-L-ecole-elle-meme.html
http://livre.fnac.com/a7329283/Georges-Felouzis-Les-inegalites-scolaires#ficheResume

Pas l'Ecole. Les dirigeants de l'Ecole.

Mon coloc m'a offert cet ouvrage la semaine dernière. Pas encore lu.

Ronin a écrit:Pas l'Ecole. Les dirigeants de l'Ecole.

Je viens de regarder les chapitres : il en parle p.99 : " Les inégalités scolaires prennent leurs sources au sein même de l'école, dans son organisation et ses programmes, dans ses modes de transmission du savoir comme dans les interactions les plus quotidiennes dans les établissements et les classes. Elles impliquent tous les acteurs du processus d'enseignement, des élèves et leurs parents jusqu'aux enseignants et aux politiques qui conçoivent et définissent l'organisation scolaire. C'est en ce sens que les inégalités relèvent de processus multifactoriels et que les modes d'action pour y remédier doivent nécessairement prendre en compte une des caractéristiques majeures de l'éducation scolaire, celle d'être le fruit collectif de tous les acteurs en présence. Cela ne signifie nullement que tout le monde - et donc personne - est responsable et qu'il faille s'accommoder de ce problème comme étant le résultat quasi naturel de "la société"... [...] Les réformes et politiques mis en œuvre dans le passé ont en effet montré les limites des approches trop simplificatrices, même guidées par les meilleures intentions du monde. Le "collège unique" mis en place par la réforme Haby en 1975 fait probablement partie de ces réformes. L'objectif principal était d'accompagner la massification scolaire et de limiter les inégalités en unifiant les conditions d'enseignement. Mais cela a produit plus d'effets pervers que de véritables solutions à la question de l'accès inégal des individus et des différents groupes sociaux aux biens scolaires les plus valorisés."

quelles pratiques sont accusées de creuser les inégalités ?

entre élèves favorisés et défavorisés.

Ces expressions sont de plus en plus délicieuses. La bouillie conceptuelle qu'elles nécessitent est d'une médiocrité somptueuse.