Qui a déjà rédigé une analyse réflexive après une inspection ?

Mafalda, ceux qui doivent écrire un dossier réflexif pour le DU dans mon académie doivent aussi rédiger une partie sur les compétences, c'est-à-dire montrer qu'ils valident désormais parfaitement les compétences professionnelles du BO de je-ne-sais-plus-quand et prouver surtout, bulletins de visite à l'appui, qu'ils ont évolué depuis le début de l'année.  

Ha ben chez nous le portfolio de blabla est obligatoire, DU à valider ou pas...

Nous avons aussi (officiellement) un portfolio sur lequel nous sommes invités à déposer nos cours (!), tenir un journal de bord. Mais personne ne l'utilise dans ma promo. Et les formateurs ne savent pas comment ça marche...
Je suis fascinée par toutes ces initiatives visant à nous empêcher le plus possible de préparer sereinement nos cours par de vraies lectures.

Nadejda a écrit:Nous avons aussi (officiellement) un portfolio sur lequel nous sommes invités à déposer nos cours (!),

Un truc en ligne, tu veux dire? On vous enjoint donc de mettre vos cours et vos réflexions à dispo?

Remarquez, c'est pratique, ça évite aux formateurs de se prendre le chou pour concevoir leurs propres cours et leurs propres réflexions.

Oui, c'est une plateforme numérique. Qui a l'ambition d'être un réseau social reliant, par un système d'ajout d'amis, les utilisateurs souhaitant échanger des documents entre eux. On envoie donc une demande d'ajout à notre liste d'amis à des... formateurs
Plateforme qui peine à démarrer, donc, puisque quasiment personne ne la remplit

D'ailleurs, ce machin est tellement mal foutu que les paramètres de confidentialité sont presque impossibles à trouver. Résultat : n'importe quel étudiant en M2 ou DU peut tomber sur les (rares) fichiers déposés par d'autres...

Presse-purée a écrit:Entre réfléchir pour soi, voire tenir un livre de bord, et fournir un papelard "d'autocritique réflexive"à l'autorité hiérarchique, il y a tout de même une sacrée marge...

Et pour savoir transmettre, il faut savoir ce qu'on doit transmettre d'abord. Sinon, ça tourne à vide.

J'adhère...

mafalda16 a écrit:Pour les stagiaires de mon académie, il faut qu'on remplisse (vraiment c'est le cas de le dire) un portfolio numérique dans lequel on doit produire (là aussi c'est le cas de le dire) un certain nombre d'écrits réflexifs de ce type. exemple: oui bon en préparation de séquences j'ai bien conscience que j'ai encore du mal à cerner tel aspect, mais promis, juré, craché j'y travaille dure, je vais y arriver, je vous jure, croyez-moi!
Et cerise sur le portfolio, à la fin de l'année on aura un oral réflexif à passer où il faudra qu'on adopte une posture réflexive par rapport à l'ensemble de notre année de stage... baaahhh j'ai hâte!

Bref, tout ça pour dire, que je joue le jeu pour l'année de stage mais il faudra pas m'en demander plus, ensuite ces konneries c'est fini pour moi!

MEA CULPA, MEA MAXIMA CULPA.

C'est "L'Aveu" de Costa Gavras dans ton académie (je préfère ne pas la connaître !)

Souvenir : en 1990-1991, l'ENNA de Villeneuve D'Asq se transformait en IUFM expérimental (le premier). La transition, purement administrative du reste, s'est faite en cours d'année... Pour l'occasion, la nouvelle direction a voulu nous faire signer des feuilles de présence tous les jours, pratique inconnue de l'ancienne direction. Arguant du fait que nous étions là pour être formés donc suffisamment responsables pour être présents, nous avons unanimement refusés ce flicage institutionnel et infantilisant. Et la direction de l'IUFM a rangé au placard sa feuille de pointage. Autre époque.

À cette occasion, j'en profite pour saluer quelques anciens camarades de promo, farouches opposants du flicage institutionnel, et qui entretemps sont devenus IEN. Je serais curieux de savoir ce qu'ils pensent de la tournure actuelle.

J'ai des noms, mais même sous la torture, je ne cafte pas. Question de principe ! :lol!:

Flashback : première inspection de ma carrière lorsque j'étais stagiaire avec mon tuteur et un gugus de l'IUFM. L'entretien commence :

Eux :"Alors..."
Moi : "Alors quoi ? Je fais mon autocritique ?"
Eux : - rires aux éclats - "Mais non voyons, on est pas à Moscou quand même !"
Moi : "Ah ok, bon ça va je suis rassuré alors..."

Voilà, voilà... on y est.

Panta Rhei a écrit:Aussi, perso, je ne viens jamais en cours les mains dans les poches!

C'est pourtant un excellent exercice, à pratiquer de temps à autre, c'est très instructif.

Ce que je lis me glace le sang. Entre ça et les nouveaux programmes...

Quelle horreur !

Je ne pourrais pas être stagiaire aujourd'hui. En fait, je me demande si je suis encore vraiment faite pour ce métier. Trop de désaccords.

D'un autre côté pourquoi nous impose-t-on tout ça sans une réaction unanime et forte ?
(soupir de désespoir)
SUr l'autre fil, Audrey a réagi face à son IPR référent: mais combien se sont levés avec elle?

« La lutte était terminée.
Il avait remporté la victoire sur lui-même.
Il aimait Big Brother. »
George Orwell, 1984.

Voui. Peut-être pire: je me demande combien sont au courant réellement de ce qui se passe: j'en vois bien qui ne découvrent que maintenant à quoi nous réduit la réforme du lycée....

Iphigénie a écrit:Voui. Peut-être pire: je me demande combien sont au courant réellement de ce qui se passe : j'en vois bien qui ne découvrent que maintenant à quoi nous réduit la réforme du lycée....

Certains collègues ne découvrent qu'après coup ce dont on tentait de les avertir. Ils nous trouvent alors « chiants ».
Ils s'en foutent sur le moment pour chialer ensuite sur leurs heures qui ont disparu ou sur l'AP qu'ils doivent assurer.
Difficile de les comprendre.

Cripure a écrit:Bah, laissez pisser... Panta rhei, si maladroit soit-il

Que voulez-vous Ser Cripure, tout hérisson que je suis, ce genre de jugement à l'emporte pièce me hérisse le poil... je suis de nature sanguine malgré mon grand âge! Mais vous avez raison, laissons le mérinos (non je ne chanterai pas!) se soulager!

Iphigénie a écrit:D'un autre côté pourquoi nous impose-t-on tout ça sans une réaction unanime et forte ?
(soupir de désespoir)
SUr l'autre fil, Audrey a réagi face à son IPR référent: mais combien se sont levés avec elle?

Mais personne, bien sûr
C'est sans arrêt comme ça. Trois ou quatre "grandes gueules" par académie. Le reste bêle doucement en rêvant séquences et bacs blancs. Et je dois dire que je me scrute dans la glace avec impatience. Ce sont eux qui sont beaux. J’ai eu tort ! Oh ! Comme je voudrais être comme eux. Je n’ai pas de corne, hélas ! Que c’est laid, un front plat. Il m’en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ça viendra peut-être, et je n’aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! J’ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d’un vert sombre, d’une nudité décente, sans poils, comme la leur !

JCP a écrit:
MEA CULPA, MEA MAXIMA CULPA.

C'est "L'Aveu" de Costa Gavras dans ton académie (je préfère ne pas la connaître !)

Souvenir : en 1990-1991, l'ENNA de Villeneuve D'Asq se transformait en IUFM expérimental (le premier). La transition, purement administrative du reste, s'est faite en cours d'année... Pour l'occasion, la nouvelle direction a voulu nous faire signer des feuilles de présence tous les jours, pratique inconnue de l'ancienne direction. Arguant du fait que nous étions là pour être formés donc suffisamment responsables pour être présents, nous avons unanimement refusés ce flicage institutionnel et infantilisant. Et la direction de l'IUFM a rangé au placard sa feuille de pointage. Autre époque.

À cette occasion, j'en profite pour saluer quelques anciens camarades de promo, farouches opposants du flicage institutionnel, et qui entretemps sont devenus IEN. Je serais curieux de savoir ce qu'ils pensent de la tournure actuelle.

J'ai des noms, mais même sous la torture, je ne cafte pas. Question de principe ! :lol!:

Albert Jarl a écrit:Flashback : première inspection de ma carrière lorsque j'étais stagiaire avec mon tuteur et un gugus de l'IUFM. L'entretien commence :

Eux :"Alors..."
Moi : "Alors quoi ? Je fais mon autocritique ?"
Eux : - rires aux éclats - "Mais non voyons, on est pas à Moscou quand même !"
Moi : "Ah ok, bon ça va je suis rassuré alors..."

Voilà, voilà... on y est.

*soupir*
Je ne sais même pas par où commencer - et pourtant, ce n'était pas non plus un âge d'or mais à lire ça, que ça y ressemble !

Panta Rhei a écrit:Je vais être inspecté plus tard cette année.

Je pratique une forme d'analyse réflexive chaque jour en rentrant chez moi, 45 minutes de voiture.

Je trouve çà normal de se poser un peu, et de se demander pourquoi tel ou tel cours a bien (ou mal) fonctionné.

Notre matière première est de l'humain! Ne l'oublions pas!

Et nous avons des compte à rendre, quand même! A notre employeur, au minimum.

Aussi, perso, je ne viens jamais en cours les mains dans les poches!

Savoir c'est bien! Savoir transmettre c'est autre chose. (et cela ne signifie pas venir les mains dans les poches parce qu'on a lu / étudié ... telLE ou telLE oeuvre.)

Je trouve intéressant ce que j'ai noté en gras. Tu as l'air de prendre ton métier à cœur et c'est très bien.
Tes élèves ont de la chance de t'avoir.

Cripure a écrit:

Iphigénie a écrit:D'un autre côté pourquoi nous impose-t-on tout ça sans une réaction unanime et forte ?
(soupir de désespoir)
SUr l'autre fil, Audrey a réagi face à son IPR référent: mais combien se sont levés avec elle?

Mais personne, bien sûr
C'est sans arrêt comme ça. Trois ou quatre "grandes gueules" par académie. Le reste bêle doucement en rêvant séquences et bacs blancs. Et je dois dire que je me scrute dans la glace avec impatience. Ce sont eux qui sont beaux. J’ai eu tort ! Oh ! Comme je voudrais être comme eux. Je n’ai pas de corne, hélas ! Que c’est laid, un front plat. Il m’en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ça viendra peut-être, et je n’aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! J’ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d’un vert sombre, d’une nudité décente, sans poils, comme la leur !

Merci Eugène !

Carnyx a écrit:

Iphigénie a écrit:Voui. Peut-être pire: je me demande combien sont au courant réellement de ce qui se passe : j'en vois bien qui ne découvrent que maintenant à quoi nous réduit la réforme du lycée....

Certains collègues ne découvrent qu'après coup ce dont on tentait de les avertir. Ils nous trouvent alors « chiants ».
Ils s'en foutent sur le moment pour chialer ensuite sur leurs heures qui ont disparu ou sur l'AP qu'ils doivent assurer.
Difficile de les comprendre.

Beaucoup de gens veulent le paradis, mais ne veulent pas mourir.

à Clodoald et Panta Rhei :
Impossible pour moi : dans la voiture, je mets la musique à fond pour tout oublier et faire en sorte que je sois redevenue autre chose qu'un professeur lorsque je rentre à la maison. L'heure de voiture pour le retour me sert à cela.
Je m'interroge sur mes pratiques pendant les multiples heures de "trous" au lycée en discutant avec mes collègues (ne pouvant travailler en salle des profs, puisque nous n'avons pas de salles de travail) ou lorsque je me mets à mon bureau à la maison.
La phrase de mon mari, à savoir "Tu détruis notre vie sociale avec ton travail." m'a assez bouleversée.
Je renonce à devenir un professeur parfait et à culpabiliser à chaque erreur, je suis trop vieille pour cela et cela me détruit.

trompettemarine a écrit:
Je renonce à devenir un professeur parfait et à culpabiliser à chaque erreur, je suis trop vieille pour cela et cela me détruit.

Effectivement, cette ambition n'était guère raisonnable et pour quiconque ...

trompettemarine a écrit:à Clodoald et Panta Rhei :
Impossible pour moi : dans la voiture, je mets la musique à fond pour tout oublier et faire en sorte que je sois redevenue autre chose qu'un professeur lorsque je rentre à la maison. L'heure de voiture pour le retour me sert à cela.
Je m'interroge sur mes pratiques pendant les multiples heures de "trous" au lycée en discutant avec mes collègues (ne pouvant travailler en salle des profs, puisque nous n'avons pas de salles de travail) ou lorsque je me mets à mon bureau à la maison.
La phrase de mon mari, à savoir "Tu détruis notre vie sociale avec ton travail." m'a assez bouleversée.
Je renonce à devenir un professeur parfait et à culpabiliser à chaque erreur, je suis trop vieille pour cela et cela me détruit.

Dire que c'est intéressant, ce n'est pas dire qu'on le fait.
Moi aussi, je suis trop vieux.
Je persiste à dire que les élèves du collègue ont de la chance d'avoir un professeur si investi.

Je ne jugeais pas.
Je souligne juste le fait suivant : pour que Panta Rhei puisse rester longtemps un professeur investi (mais il y a, soit dit en passant, plusieurs façons de l'être), il faut, à mon avis, bien délimiter le temps destiné au travail et le temps destiné à la vie privée.
La nature de notre métier rend cette délimitation fort difficile et il est nécessaire d'en être conscient.
Les différentes réformes, dont celle du collège à venir, vident peu à peu notre métier de tout sens sur l'autel de l'argent ; préserver sa vie privée devient un enjeu crucial dans ce cadre. Il m'a fallu vingt ans pour m'en rendre compte (et encore, j'ai du mal à faire encore la part des choses).

Je suis tout à fait d'accord. Chacun s'investit comme il peut et on évolue.
Il faut savoir se préserver et relativiser car souvent l'ingratitude règne.
Même si ce boulot est particulier (cf le "on travaille avec de l'humain"), ça doit rester un boulot. Nous avons une vie à côté.
Je pense que le collègue était vraiment très sincère et juste un peu maladroit à la fin de son message.
Il réfléchit à ses pratiques et c'est très bien s'il en a besoin. Dans quelques années, il s'investira autrement.

trompettemarine a écrit:Je ne jugeais pas.
Je souligne juste le fait suivant : pour que Panta Rhei puisse rester longtemps un professeur investi (mais il y a, soit dit en passant, plusieurs façons de l'être), il faut, à mon avis, bien délimiter le temps destiné au travail et le temps destiné à la vie privée.
La nature de notre métier rend cette délimitation fort difficile et il est nécessaire d'en être conscient.
Les différentes réformes, dont celle du collège à venir, vident peu à peu notre métier de tout sens sur l'autel de l'argent ; préserver sa vie privée devient un enjeu crucial dans ce cadre. Il m'a fallu vingt ans pour m'en rendre compte (et encore, j'ai du mal à faire encore la part des choses).

Je m'en suis rendu compte vers le milieu de ma "carrière" de TZR, il y' a quatre ou cinq ans.