- ParménideNeoprof expérimenté
PY : quand tu as en charge la préparation des concours tu distribues aux étudiants une bibliographie avec différentes rubriques : sciences, esthétique, politique, etc...? Comme la bibliographie de Tinland à la fin de son guide, en somme.
Quand un ouvrage est "daté", qu'est ce que ça implique concrètement? Quelles conséquences cela a-t-il sur la préparation?
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Ce qui m'a inquiété c'est que tu as parlé de Balibar comme si ne pas faire cette lecture impliquait le fait de ne pas réussir quoi que ce soit relevant de la philosophie des sciences...
PauvreYorick a écrit:C'est la même. Oui, why not, il y a de bonnes choses à mon souvenir.Parménide a écrit:L'alternative étant l'histoire de la philosophie de la pléiade ou alors celle de chez Folio
Bon, tout cela est un peu daté (la Pléiade, Bréhier). Mais ce n'est pas dramatique.
Quand un ouvrage est "daté", qu'est ce que ça implique concrètement? Quelles conséquences cela a-t-il sur la préparation?
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Ce qui m'a inquiété c'est que tu as parlé de Balibar comme si ne pas faire cette lecture impliquait le fait de ne pas réussir quoi que ce soit relevant de la philosophie des sciences...
- philopoussinNiveau 8
A Paris IV, un préparateur nous avait distribué une liste "pour ne pas philosopher dans le vide" regroupant des recommandations pour ce qui a trait à l'économie, les sciences, la psychanalyse... je peux te la faire parvenir Parménide, si elle n'entraîne pas une "crise de nerf"...
- ParménideNeoprof expérimenté
philopoussin a écrit:A Paris IV, un préparateur nous avait distribué une liste "pour ne pas philosopher dans le vide" regroupant des recommandations pour ce qui a trait à l'économie, les sciences, la psychanalyse... je peux te la faire parvenir Parménide, si elle n'entraîne pas une "crise de nerf"...
Non, ce matin ça va...
Tu peux me l'envoyer, je suis curieux de voir ce qui est proposé.
Mais on ne vous a pas donné aussi une bibliographie de première main concernant les philosophes au "programme"? Ou les notions.
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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
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https://www.babelio.com/monprofil.php
- philopoussinNiveau 8
Pour le CAPES, non. J’avais choisi de faire confiance à mon professeur de prépa. Je dois avouer n’avoir pas toujours scrupuleusement écouté ses conseils (ah la vilaine!) en privilégiant parfois ce qui me faisait plaisir...
Pour l'agrégation, l'abondante bibliographie est disponible tous les ans sur le site de l'université.
Pour l'agrégation, l'abondante bibliographie est disponible tous les ans sur le site de l'université.
- ParménideNeoprof expérimenté
philopoussin a écrit:
Pour le CAPES, non.
Oui, c'est toujours le même problème, pour le CAPES une bibliographie est quasi impossible à établir. C'est surement pour ça que les préparateurs ne donnent pas vraiment de conseils...
philopoussin a écrit:
J’avais choisi de faire confiance à mon professeur de prépa.
Dans ce cas tu pourras, si tu t'en souviens, me donner cette liste informelle.
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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
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- philopoussinNiveau 8
Si. Il y a des conseils, mais rien de nouveau sous le soleil... lire, lire, lire, puis relire, relire, relire les philosophes. J'ai principalement suivi mon professeur de classe prepa pour les commentaires. En lire peu, mais les posséder sur le bout des doigts. Il faut dire que mon désir de connaissance aidant j'avais (et ai toujours) une vilaine tendance à l'éparpillement...
- LeclochardEmpereur
philopoussin a écrit:Si. Il y a des conseils, mais rien de nouveau sous le soleil... lire, lire, lire, puis relire, relire, relire les philosophes. J'ai principalement suivi mon professeur de classe prepa pour les commentaires. En lire peu, mais les posséder sur le bout des doigts. Il faut dire que mon désir de connaissance aidant j'avais (et ai toujours) une vilaine tendance à l'éparpillement...
C'est un très bon conseil duquel Parménide va sortir la question attendue: "Que lire ? Qu'est-ce qu'il faut avoir lu ?"
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- ParménideNeoprof expérimenté
Leclochard a écrit:philopoussin a écrit:Si. Il y a des conseils, mais rien de nouveau sous le soleil... lire, lire, lire, puis relire, relire, relire les philosophes. J'ai principalement suivi mon professeur de classe prepa pour les commentaires. En lire peu, mais les posséder sur le bout des doigts. Il faut dire que mon désir de connaissance aidant j'avais (et ai toujours) une vilaine tendance à l'éparpillement...
C'est un très bon conseil duquel Parménide va sortir la question attendue: "Que lire ? Qu'est-ce qu'il faut avoir lu ?"
Ce serait mon premier réflexe évidemment, mais je commence à vraiment m'en lasser, tellement il apparait évident que mes questions ne sauraient avoir de réponses bien déterminées. Je commence à m'y faire, mais ce n'est pas facile.
philopoussin a écrit:
Si. Il y a des conseils, mais rien de nouveau sous le soleil... lire, lire, lire, puis relire, relire, relire les philosophes. J'ai principalement suivi mon professeur de classe prepa pour les commentaires. En lire peu, mais les posséder sur le bout des doigts. Il faut dire que mon désir de connaissance aidant j'avais (et ai toujours) une vilaine tendance à l'éparpillement...
Il t'avait donné des conseils de "littérature secondaire" plutôt que des conseils de première main?
philopoussin a écrit:
En lire peu, mais les posséder sur le bout des doigts.
ça, ça me fait peur
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- LeclochardEmpereur
Tu n'es pas seulement en quête de certitudes, tu désires aussi, sans te l'avouer, rattraper toutes ces années perdues avec une martingale. Il n'y en a pas. Tu ne compenseras pas le temps disparu. Tu devrais plutôt aborder avec un regard nouveau le concours et te jeter dans les lectures des classiques qu'on connaît tous (au moins de nom). Parmi ceux-ci, tu en choisis une dizaine -mettons- que tu connaîtras parfaitement (lecture avec notes, établissement de fiches sur les sujets abordés et avec des citations que tu reliras régulièrement).
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- ParménideNeoprof expérimenté
Leclochard a écrit: Tu n'es pas seulement en quête de certitudes, tu désires aussi, sans te l'avouer, rattraper toutes ces années perdues avec une martingale.
Ah non, justement ! Car ça fait 8 ans que je m'en remets au hasard. Et ça c'est fini. Tout doit être rationnel, pensé et calculé. Enfin jusqu'à un certain point. C'est pour ça aussi qu'il y a eu des discussions à n'en plus finir sur les bibliographies, etc... je voulais la bonne stratégie.
Leclochard a écrit:
Tu devrais plutôt aborder avec un regard nouveau le concours et te jeter dans les lectures des classiques qu'on connaît tous (au moins de nom).
Comme me le disait la psy, c'est mieux peut être de chercher à s'imprégner de l'état d'esprit d'un philosophe que de vouloir tout retenir de ce qu'il écrit. C'est vrai, mais il faut aussi tenir compte du fait que les connaissances emmagasinées doivent être précises. C'est toujours la dialectique qualitatif- quantitatif, qui pose problème.
Leclochard a écrit:
Parmi ceux-ci, tu en choisis une dizaine -mettons- que tu connaîtras parfaitement (lecture avec notes, établissement de fiches sur les sujets abordés et avec des citations que tu reliras régulièrement).
Justement : je ne sais pas prendre de notes ni faire de fiches...
De plus, si j'ai bien compris, cette façon de travailler n'est pas très adaptée à la philosophie. Mais certains des devoirs que j'ai faits récemment ont commencé à dévoiler une certaine réalité : retenir très peu de choses d'un auteur ou d'un ouvrage, peut suffire. Car le concours n'est pas un contrôle de connaissances. Autrement dit, si ça se trouve, je m'épouvante depuis des années à cause de juste une illusion !
Mais je n'en suis pas sur...
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- henrietteMédiateur
Tu as un moyen très simple d'être fixé : passe le concours !Parménide a écrit:Leclochard a écrit: Tu n'es pas seulement en quête de certitudes, tu désires aussi, sans te l'avouer, rattraper toutes ces années perdues avec une martingale.
Ah non, justement ! Car ça fait 8 ans que je m'en remets au hasard. Et ça c'est fini. Tout doit être rationnel, pensé et calculé. Enfin jusqu'à un certain point. C'est pour ça aussi qu'il y a eu des discussions à n'en plus finir sur les bibliographies, etc... je voulais la bonne stratégie.Leclochard a écrit:
Tu devrais plutôt aborder avec un regard nouveau le concours et te jeter dans les lectures des classiques qu'on connaît tous (au moins de nom).
Comme me le disait la psy, c'est mieux peut être de chercher à s'imprégner de l'état d'esprit d'un philosophe que de vouloir tout retenir de ce qu'il écrit. C'est vrai, mais il faut aussi tenir compte du fait que les connaissances emmagasinées doivent être précises. C'est toujours la dialectique qualitatif- quantitatif, qui pose problème.Leclochard a écrit:
Parmi ceux-ci, tu en choisis une dizaine -mettons- que tu connaîtras parfaitement (lecture avec notes, établissement de fiches sur les sujets abordés et avec des citations que tu reliras régulièrement).
Justement : je ne sais pas prendre de notes ni faire de fiches...
De plus, si j'ai bien compris, cette façon de travailler n'est pas très adaptée à la philosophie. Mais certains des devoirs que j'ai faits récemment ont commencé à dévoiler une certaine réalité : retenir très peu de choses d'un auteur ou d'un ouvrage, peut suffire. Car le concours n'est pas un contrôle de connaissances. Autrement dit, si ça se trouve, je m'épouvante depuis des années à cause de juste une illusion !
Mais je n'en suis pas sur...
Tu as progressé, aux dires de ton correcteur, et ça vaut le coup de faire un point d'étape en te présentant aux écrits. Ça fera partie de ta formation, vois-le comme un entraînement en conditions réelles.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- philopoussinNiveau 8
Non. La liste de "littérature secondaire", celle "pour ne pas philosopher dans le vide" était fournie par un préparateur de la fac, il s’agissait comme dit plus haut de fondamentaux en économie, sociologie, psychanalyse, etc.
Pour ma préparation au concours, je m’en suis remise aux conseils de mon professeur de classe prépa. Il savait ce que j’avais "dans le ventre" puisque c’est lui qui m’a fait lire Platon, Kant, Nietzsche, Heidegger, etc et a suivi mon cursus à la fac.
Maintenant, il y a deux choses : d’abord, faire confiance. J’acceptais a priori ses conseils de lecture. Seulement, il m’a toujours dit : si au bout de 50 pages, la lecture ne vous nourrit pas, on passe à autre chose (pour les commentaires).
Ensuite, oui, lire et relire et rererelire pour maîtriser un texte, une pensée, il y a un aspect difficile, que je ne nie pas. Peut être seras tu plus rapide que moi pour parvenir à cette maîtrise (le critère? Pouvoir expliquer clairement l’argument, et de manière exhaustive). Mais ce sont ces heures de reprise, de répétition, d’assimilation, ces heures où j’ai tenté de comprendre, de reformuler, puis de dire mieux, puis de mettre en relation, qui font qu’aujourd’hui, devant mes élèves, je me sens assurée de ce que je leur dis, et de comment je leur dis, bien que, bien sûr, j’arrive à la cheville du professeur qui m’a formée, et qu’il me faudra des années pour être à mes yeux, un professeur légitime - mais c’est un autre problème.
Enfin, je crois que ce n’est pas un problème "quantitatif" : non, retenir "peu de choses" ne suffit pas. Il faut se le dire.
Maintenant je me demande dans quelle mesure il te serait utile de mener à bien une petite enquête quant à tes apprentisages : es tu un visuel, un auditif? Tu dis avoir du mal à prendre des notes, mais qui si tu parles tes réflexions? Il te faut trouver un confort - que tu réclames - mais c’est à toi de tester des choses.
Pour ma préparation au concours, je m’en suis remise aux conseils de mon professeur de classe prépa. Il savait ce que j’avais "dans le ventre" puisque c’est lui qui m’a fait lire Platon, Kant, Nietzsche, Heidegger, etc et a suivi mon cursus à la fac.
Maintenant, il y a deux choses : d’abord, faire confiance. J’acceptais a priori ses conseils de lecture. Seulement, il m’a toujours dit : si au bout de 50 pages, la lecture ne vous nourrit pas, on passe à autre chose (pour les commentaires).
Ensuite, oui, lire et relire et rererelire pour maîtriser un texte, une pensée, il y a un aspect difficile, que je ne nie pas. Peut être seras tu plus rapide que moi pour parvenir à cette maîtrise (le critère? Pouvoir expliquer clairement l’argument, et de manière exhaustive). Mais ce sont ces heures de reprise, de répétition, d’assimilation, ces heures où j’ai tenté de comprendre, de reformuler, puis de dire mieux, puis de mettre en relation, qui font qu’aujourd’hui, devant mes élèves, je me sens assurée de ce que je leur dis, et de comment je leur dis, bien que, bien sûr, j’arrive à la cheville du professeur qui m’a formée, et qu’il me faudra des années pour être à mes yeux, un professeur légitime - mais c’est un autre problème.
Enfin, je crois que ce n’est pas un problème "quantitatif" : non, retenir "peu de choses" ne suffit pas. Il faut se le dire.
Maintenant je me demande dans quelle mesure il te serait utile de mener à bien une petite enquête quant à tes apprentisages : es tu un visuel, un auditif? Tu dis avoir du mal à prendre des notes, mais qui si tu parles tes réflexions? Il te faut trouver un confort - que tu réclames - mais c’est à toi de tester des choses.
- philopoussinNiveau 8
Un petit ajout, quand même, et je prends le risque d’en faire hurler certains. Bien sûr dans une préparation au concours, c’est la préparation qui doit primer : travailler un commentaire de Platon, celui que l’on s’est fixé, plutôt que de se jeter sur le premier livre venu sur un coup de tête. Mais tout ne peut pas être "rationnel, pensé, calculé" et, pardon encore si j’en fais hurler, nous avons uns discipline merveilleuse, qui n’a pas d’objet propre, qui nous permet une certaine liberté dans nos intérêts et de les ramener dans le champs. Bien sûr je me suis servie de mes heures de travail de textes philosophiques. Mais aussi de ma pratique du violoncelle, de Jung, des ouvrages de Claude Louis-Combet, de mes émotions esthétiques, de mes "curiosités" en physique, de mes aspirations vers le judaïsme et le christianisme... ne te mutile pas.
- ParménideNeoprof expérimenté
philopoussin a écrit:
Non. La liste de "littérature secondaire", celle "pour ne pas philosopher dans le vide" était fournie par un préparateur de la fac, il s’agissait comme dit plus haut de fondamentaux en économie, sociologie, psychanalyse, etc.
Théoriquement, juste la lecture des philosophes, est censée permettre de ne pas philosopher dans le vide. Un danger classique consiste à substituer aux philosophes les commentateurs. Ou bien les lexiques, encyclopédies, monographies, etc...
philopoussin a écrit:
Ensuite, oui, lire et relire et rererelire pour maîtriser un texte, une pensée, il y a un aspect difficile, que je ne nie pas. Peut être seras tu plus rapide que moi pour parvenir à cette maîtrise (le critère? Pouvoir expliquer clairement l’argument, et de manière exhaustive). Mais ce sont ces heures de reprise, de répétition, d’assimilation, ces heures où j’ai tenté de comprendre, de reformuler, puis de dire mieux, puis de mettre en relation, qui font qu’aujourd’hui, devant mes élèves, je me sens assurée de ce que je leur dis, et de comment je leur dis, .
Je ne suis jamais parvenu à le faire depuis des années. Maitriser une pensée, un auteur, ou une notion, n'a strictement aucun sens. En soi D'ailleurs je n'ai jamais compris comment les références devaient être utilisées en dissertation. Faut il insérer dans la dissertation un véritable commentaire du passage que l'on utilise? En restituant de façon ordonnée tous les arguments utilisés par l'auteur?
C'est toujours le même problème : on ne sait jamais jusqu'à quel degré de précision il faut connaitre les choses. Il est évident que s'il faut connaitre tout superficiellement pour juste être capable d'écrire 5 lignes sur tout, c'est facile... N'importe qui est capable de le faire !
Je crois qu'en un sens, retenir peu de choses est susceptible de suffire, vu que le capes n'est pas un contrôle de connaissances. Et de toute façon, mais ça c'est valable pour tout, le qualitatif est toujours à privilégier sur le quantitatif.philopoussin a écrit:
Enfin, je crois que ce n’est pas un problème "quantitatif" : non, retenir "peu de choses" ne suffit pas. Il faut se le dire.
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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
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- GrypheMédiateur
Parménide a écrit:philopoussin a écrit:
Non. La liste de "littérature secondaire", celle "pour ne pas philosopher dans le vide" était fournie par un préparateur de la fac, il s’agissait comme dit plus haut de fondamentaux en économie, sociologie, psychanalyse, etc.
Théoriquement, juste la lecture des philosophes, est censée permettre de ne pas philosopher dans le vide. Un danger classique consiste à substituer aux philosophes les commentateurs. Ou bien les lexiques, encyclopédies, monographies, etc...philopoussin a écrit:
Ensuite, oui, lire et relire et rererelire pour maîtriser un texte, une pensée, il y a un aspect difficile, que je ne nie pas. Peut être seras tu plus rapide que moi pour parvenir à cette maîtrise (le critère? Pouvoir expliquer clairement l’argument, et de manière exhaustive). Mais ce sont ces heures de reprise, de répétition, d’assimilation, ces heures où j’ai tenté de comprendre, de reformuler, puis de dire mieux, puis de mettre en relation, qui font qu’aujourd’hui, devant mes élèves, je me sens assurée de ce que je leur dis, et de comment je leur dis.
Je ne suis jamais parvenu à le faire depuis des années. Maitriser une pensée, un auteur, ou une notion, n'a strictement aucun sens. En soi D'ailleurs je n'ai jamais compris comment les références devaient être utilisées en dissertation. Faut il insérer dans la dissertation un véritable commentaire du passage que l'on utilise? En restituant de façon ordonnée tous les arguments utilisés par l'auteur?
C'est toujours le même problème : on ne sait jamais jusqu'à quel degré de précision il faut connaitre les choses. Il est évident que s'il faut connaitre tout superficiellement pour juste être capable d'écrire 5 lignes sur tout, c'est facile... N'importe qui est capable de le faire !
J'ai l'impression que vous ne dites pas la même chose et que vous ne parlez pas la même langue...
- Philopoussin ne parle pas de rajouter des lexiques et des commentateurs, mais d'avoir des connaissances dans d'autres disciplines. De s'intéresser à l'histoire du monde. "Rien de ce qui est humain ne peut m'être étranger". De ce fait, travailler les autres matières, sciences humaines ou sciences dures, est utile. C'est en ce sens-là qu'on ne "réfléchit pas dans le vide".
De manière connexe, c'est un peu en ce sens-là aussi qu'hier, pour évoquer l'"instant", je parlais de sortir se promener au soleil et de se sentir vivant, au milieu de la nature, en écoutant les oiseaux chanter et en sentant la chaleur du soleil sur la peau. On n'est pas pures abstractions. Comment traiter de l'être, de la perception, de la sensation, du corps sans l'expérience concrète de la vie ?
- Pour la maîtrise des textes, vous ne parlez pas la même langue non plus. Que signifie connaître un texte ? Jusqu'à quel degré de précision aller ? Philopoussin est très claire, et c'est précisément ce qui est demandé à un professeur. Habiter un texte jusqu'à pouvoir en parler devant n'importe quel public, le faire revivre, pouvoir déplier toutes ses articulations. Pouvoir en reparler comme si c'est toi-même qui faisais le raisonnement. Mais avec tes mots, tes phrases, tout en étant à l'écoute de tes élèves pour réexpliquer inlassablement. Avoir compris un texte, c'est être capable de le "traduire" dans nos mots d'aujourd'hui, auprès d'un public qui ne goûtera à la philosophie que dans le cadre de tes cours, parce qu'après le cours, ils vont aller, qui au bistrot, qui s'occuper des petits frères et des petites sœurs, qui au foot et qui distribuer des gratuits pour se faire de l'argent de poche. Et peut-être, une fois tous les cinq ans, il y aura une petite flamme allumée dans un regard, et quelqu'un qui se dira : "Moi aussi je veux faire de la philo. J'avais toujours dit que je voulais devenir vétérinaire, mais cette fois-ci, c'est sûr, c'est en fac de philo que je m'inscris". Pour lui et pour tous les autres... être capable de faire revivre les textes, ceux des grands auteurs comme ceux plus originaux que tu auras envie de faire partager.
En fait, comprendre un texte, c'est être capable de le faire revivre à tel point que Jessica, au quatrième rang près de la fenêtre, soit scotchée par l'explication au point qu'elle arrête de regarder Brandon, assis sur un banc dans la cour avec David et Karim, et que tout à coup, elle se dise que c'est quand même vachement intéressant. Qu'elle n'avait jamais pensé à tout ça. Et que tout à l'heure, en sortant du cours, à l'arrêt de bus, elle dise à Ophélie que le cours de philo il était trop bien et qu'elle avait envie de réviser pour le Bac blanc, parce que c'est passionnant ce qu'on fait en cours.
Voilà ce qu'on attend d'un professeur. Même si ça ne marche pas à tous les coups car on peut comprendre sans parvenir à faire partager. Mais l'inverse n'étant pas vrai, il faut déjà s'attacher à être capable de réexpliquer n'importe quel concept à n'importe quel public.
C'est à ce prix que les 50 notions de Terminale ne sont pas un Himalaya infranchissable. Parce qu'au contraire, ce ne sont pas des obstacles sur le chemin, mais des boussoles qui permettent de se diriger au mieux dans la jungle de la vie.
Voilà ce que c'est, comprendre un texte.
(Oui je sais, on n'est pas au Printemps des poètes. Je retourne bosser. )
- supersosoSage
philopoussin a écrit:A Paris IV, un préparateur nous avait distribué une liste "pour ne pas philosopher dans le vide" regroupant des recommandations pour ce qui a trait à l'économie, les sciences, la psychanalyse... je peux te la faire parvenir Parménide, si elle n'entraîne pas une "crise de nerf"...
Si ça n'est pas abuser, je la veux bien, moi
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Argh, supersoso, si philopoussin en est d'accord, est-ce qu'on pourrait faire un ricochet vers ma pomme ? (histoire de ne pas solliciter philopoussin doublement) ?
Attribué à Staline : Попытка не пытка Popytka (tentative) ne (NEG) pytka (torture)
Attribué à Staline : Попытка не пытка Popytka (tentative) ne (NEG) pytka (torture)
- LeclochardEmpereur
supersoso a écrit:philopoussin a écrit:A Paris IV, un préparateur nous avait distribué une liste "pour ne pas philosopher dans le vide" regroupant des recommandations pour ce qui a trait à l'économie, les sciences, la psychanalyse... je peux te la faire parvenir Parménide, si elle n'entraîne pas une "crise de nerf"...
Si ça n'est pas abuser, je la veux bien, moi
Je veux bien aussi cette liste. Pourquoi ne pas la mettre ici, si c'est possible ?
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- supersosoSage
Pas de problème pour vous le transférer si philopoussin est d'accord et me l'envoie.
- LevincentNiveau 9
Moi itou, bien que je me sois déjà constitué une liste de 60 ouvrages à lire avant l'annonce officielle du programme de l'agrégation 2016. :study:
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« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- supersosoSage
Levincent a écrit:Moi itou, bien que je me sois déjà constitué une liste de 60 ouvrages à lire avant l'annonce officielle du programme de l'agrégation 2016. :study:
Je suis admirative. Moi, j'avance vraiment à pas de fourmi. Mais bon mon double niveau à 27 et les corrections ne me laissent quasiment aucun répit.
- LevincentNiveau 9
Oui, enfin bon, je n'ai pas dit que j'allais réussir à tous les lire d'ici là. Ce ne sont que 60 livres que j'ai sélectionnés parmi les plus urgents à lire sur une liste qui doit bien en faire 400. Cela dit, il n'y a pas que de la philo dedans. Mais cette liste s'allonge à mesure que je lis des livres, ce qui est à la fois horrible et terriblement enthousiasmant. Il y a tellement de livres que je rêve de lire, mais qui passent après d'autres dans l'ordre de priorité...Rien que le fait de passer le concours l'année prochaine m'oblige à remettre aux calendes grecques certaines lectures "fun" que j'ai envie de faire depuis des lustres. Pourquoi faut-il que les jours n'aient que 24 heures ?
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« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- ParménideNeoprof expérimenté
Gryphe a écrit:
- Pour la maîtrise des textes, vous ne parlez pas la même langue non plus. Que signifie connaître un texte ? Jusqu'à quel degré de précision aller ? Philopoussin est très claire, et c'est précisément ce qui est demandé à un professeur. Habiter un texte jusqu'à pouvoir en parler devant n'importe quel public, le faire revivre, pouvoir déplier toutes ses articulations. Pouvoir en reparler comme si c'est toi-même qui faisais le raisonnement. Mais avec tes mots, tes phrases, tout en étant à l'écoute de tes élèves pour réexpliquer inlassablement. Avoir compris un texte, c'est être capable de le "traduire" dans nos mots d'aujourd'hui, auprès d'un public qui ne goûtera à la philosophie que dans le cadre de tes cours, parce qu'après le cours, ils vont aller, qui au bistrot, qui s'occuper des petits frères et des petites sœurs, qui au foot et qui distribuer des gratuits pour se faire de l'argent de poche. Et peut-être, une fois tous les cinq ans, il y aura une petite flamme allumée dans un regard, et quelqu'un qui se dira : "Moi aussi je veux faire de la philo. J'avais toujours dit que je voulais devenir vétérinaire, mais cette fois-ci, c'est sûr, c'est en fac de philo que je m'inscris". Pour lui et pour tous les autres... être capable de faire revivre les textes, ceux des grands auteurs comme ceux plus originaux que tu auras envie de faire partager.
En fait, comprendre un texte, c'est être capable de le faire revivre à tel point que Jessica, au quatrième rang près de la fenêtre, soit scotchée par l'explication au point qu'elle arrête de regarder Brandon, assis sur un banc dans la cour avec David et Karim, et que tout à coup, elle se dise que c'est quand même vachement intéressant. Qu'elle n'avait jamais pensé à tout ça. Et que tout à l'heure, en sortant du cours, à l'arrêt de bus, elle dise à Ophélie que le cours de philo il était trop bien et qu'elle avait envie de réviser pour le Bac blanc, parce que c'est passionnant ce qu'on fait en cours.
Voilà ce qu'on attend d'un professeur. Même si ça ne marche pas à tous les coups car on peut comprendre sans parvenir à faire partager. Mais l'inverse n'étant pas vrai, il faut déjà s'attacher à être capable de réexpliquer n'importe quel concept à n'importe quel public.
C'est à ce prix que les 50 notions de Terminale ne sont pas un Himalaya infranchissable. Parce qu'au contraire, ce ne sont pas des obstacles sur le chemin, mais des boussoles qui permettent de se diriger au mieux dans la jungle de la vie.
Voilà ce que c'est, comprendre un texte.
(Oui je sais, on n'est pas au Printemps des poètes. Je retourne bosser. )
Tout ce que tu décris, c'est ce que je voudrais faire. Mais ça n'enlève rien à la dimension pratique de mon problème.
J'ai les sentiment depuis quelques temps, puisque je vais commencer le huitième devoir, que les connaissances ne sont pas très importantes pour le concours. ça fait bizarre de le dire mais c'est en un sens vrai ! Parce que ce n'est pas un contrôle de connaissance. Cela dit, connaitre des choses est indispensable. Mais je ne sais pas jusqu'à quel degré, ça doit être le cas. Et on est obligé de privilégier soit la qualité soit la quantité.
En dissertation, je n'ai jamais su comment une référence devait être traitée. Faut-il exposer cette référence de la même façon que l'on ferait une explication de texte sur le texte constituant la référence?
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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
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- User5899Demi-dieu
Ecoutez, je suis bien content pour vous qu'une amorce de changement semble s'esquisser. N'oubliez pourtant pas que le public scolaire, et singulièrement en philosophie, pose des questions et attend des réponses.Parménide a écrit:certains des devoirs que j'ai faits récemment ont commencé à dévoiler une certaine réalité : retenir très peu de choses d'un auteur ou d'un ouvrage, peut suffire. Car le concours n'est pas un contrôle de connaissances. Autrement dit, si ça se trouve, je m'épouvante depuis des années à cause de juste une illusion !
- LeclochardEmpereur
Cripure a écrit:Ecoutez, je suis bien content pour vous qu'une amorce de changement semble s'esquisser. N'oubliez pourtant pas que le public scolaire, et singulièrement en philosophie, pose des questions et attend des réponses.Parménide a écrit:certains des devoirs que j'ai faits récemment ont commencé à dévoiler une certaine réalité : retenir très peu de choses d'un auteur ou d'un ouvrage, peut suffire. Car le concours n'est pas un contrôle de connaissances. Autrement dit, si ça se trouve, je m'épouvante depuis des années à cause de juste une illusion !
Et qu'il faut auparavant satisfaire un jury qui met en compétition des centaines de candidats. A ce niveau de sélection, c'est surprenant de lire qu'on n'a pas besoin d'un grand savoir. Ne doit-on pas être capable de se distinguer sur tous les plans ?
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- supersosoSage
Non mais Parménide, il se cherche toutes les excuses pour ne pas lire, hein
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