- ElyasEsprit sacré
ycombe a écrit:Elyas a écrit:
Ok, on y va.
....
C'est vraiment de la pédagogie différenciée? Il me semblait que la pédagogie différenciée consistait à permettre aux élèves d'utiliser des chemins différents pour arriver au même objectif. Tes élèves n'arrivent pas au même objectif. À vue de nez, je dirais même que l'écart augmente entre les extrêmes.
Pour le troisième groupe, pour moi, tu fais de la remédiation. À la rigueur, un élève de ton groupe de largués aurait tout à gagner d'un redoublement, s'il a effectivement gagné en autonomie, avant de passer au lycée.
Comment notes tu? À la fin (je veux dire au brevet), ils passent tous la même épreuve avec le même barème. Tu fais des devoirs commun à toute la classe ou tu différencies aussi les devoirs?
Les constats à vue de nez, tu le sais, ce n'est pas très efficace. Dans les faits, mes élèves parviennent aux mêmes connaissances à la fin (Salamine, bataille navale entre Athéniens avec alliés grecs contre Perses, en -480, victoire des Grecs grâce aux rameurs athéniens) et au bout de 4 ans, ils sont tous capables de rédiger en autonomie pour 95% d'entre eux (avec des niveau de développement et de réussite différents, mais ils seront tous armés pour l'entrée au lycée GT ou pro). Le cheminement est différent mais ils sortent du collège avec les mêmes connaissances et les mêmes capacités. De plus, les écarts que tu cites, dans la pratique, se réduisent (je prouve assez souvent ce que font tous mes élèves).
Quant à mon groupe de largués, non, ils ne peuvent pas redoubler car ce sont des élèves ULIS relevant du handicap cognitif. Veux-tu que je fasse comme certains collègues qui les laissent sur leurs chaises à attendre la fin de l'heure sans qu'ils n'apprennent rien ?
Maintenant, ce que toi tu décris est un certain langage officiel totalement déconnecté de la réalité du terrain, discours que j'ai déjà entendu au début des années 2000. D'autres discours existent dont je m'inspire.
@Balthazaar : j'avoue que les dynamiques de mes classes font que cela arrive très rarement (aucun élève comme ça cette année, par exemple, j'ai dû rencontrer ça une fois quand j'étais dans une ZEP sarcelloise lors des années d'émeutes). Ces élèves déviants relèvent d'un autre débat, tu mélanges un peu tout là. Mais bon, on a compris qu'on ne sera pas d'accord.
- ycombeMonarque
Cath, le même décret rend obligatoire l'évaluation des acquis du socle, en remplaçant le bilan d'évaluation par un bilan des acquis. Autrement dit il supprime les notes avant la conférence sur l'évaluation.
On en parle là-bas:
https://www.neoprofs.org/t84290-journal-officiel-bis-evaluation-par-competence-obligatoire
On en parle là-bas:
https://www.neoprofs.org/t84290-journal-officiel-bis-evaluation-par-competence-obligatoire
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- User17706Bon génie
... ce qui permet de dire qu'étant de nature purement additionnelle voire carrément superfétatoire, la conférence de consensus est vraiment en sus.
- IphigénieProphète
Moi je dis que si les élèves comprennent déjà ton système, c'est qu'ils sont vachement intelligents.Elyas a écrit:egomet a écrit:
Râleurs ou pas, on sera de toute facon obligé de bricoler quelque chose. Alors autant voir ce que tu as à proposer.
Pas sûr que tes idées soient transposables à toutes les matières, mais si ça peut déjà aider les professeurs d'histoire-géographie, c'est toujours bon à prendre.
Ce qui nous fait râler, c'est que les méthodes "innovantes" ou autres nous sont invariablement présentées comme des panacées, qui devraient s'appliquer partout, en excluant toutes les autres.
Ok, on y va.
D'abord, deux éléments théoriques : la taxonomie de Bloom et la ZPD de Vygotski.
La taxonomie de Bloom explique qu'il existe une hiérarchie de six capacités cognitives, chacune absorbant les inférieures. Il y a ainsi : connaissance (capacité de niveau 1), application et compréhension (capacités de niveau 2), analyse et synthèse (niveau 2) et évaluation (niveau 3 même si certains l'inversent avec synthèse).
Les capacités connaissance, compréhension et application relèvent de l'apprentissage et les capacités analyse, synthèse et évaluation relèvent de la maîtrise des apprentissages.
La ZPD (zone proximale de développement) de Vygotski est l'idée qu'un élève en arrivant le matin au collège a une aire intellectuelle développée de quantité X et qu'il a la capacité dans la journée de développer son aire intellectuelle de X + y, X et Y variant en fonction des élèves. L'idée est d'utiliser au maximum cette ZPD et d'éviter la surcharge cognitive tout en construisant une progressivité des apprentissages.
En liant les deux, tu parviens à penser des idées de différenciation pédagogique.
Exemples, je demande à mes 6e de raconter la bataille de Salamine. e travail est une tâche complexe qui va demander de lire des documents (capacité compréhension), de les analyser pour extraire l'information (capacité analyse) et de les mettre en relation dans un texte cohérent et élégant (capacité synthèse et application). J'ai dans ma classe trois types d'élèves : des élèves en capacité pleine et entière de réussir, des élèves qui savent analyser mais synthétiser prend beaucoup de temps et des élèves qui sont débordés par l'idée de lire des documents, de les comprendre, de les analyser et de rédiger.
Je mets donc en place deux systèmes :
1- mes élèves débordés (souvent avec des problèmes de lecture, de logique et de graphie), je leur donne un questionnaire sur les documents. Je ne leur demande que cela.
2- mes élèves en difficulté sur la synthèse, je mets en place un système d'enveloppes oraculaires. S'il y a trois paragraphes, il y aura 3 enveloppes. Chaque enveloppe a des amorces de phrases pour débuter le paragraphe et les mots-clefs nécessaires pour réaliser le sus-dit paragraphe. Un élève qui n'utilsiera aucune enveloppe aura un bonus de +3. Un élève qui n'utilisera qu'une enveloppe aura un bonus de +2. Un élève qui n'utilisera que deux enveloppes aura un bonus de +1. Celui qui utilisera toutes les enveloppes aura un bonus de +0. (en fait, je note sur 5, mes boni sont de +1, +0,5 et +0,25). Ce système de bonification est contestable mais il a l'avantage d'amener les élèves à vouloir utiliser de moins en moins d'enveloppes et aux bons élèves de se sentir mis en valeur sans que les autres en souffrent.
Dans la situation 1, le but est que sur l'année, ils finissent de plus en plus vite leur questionnaire pour leur donner des consignes de synthèse simple de changement de langage (passage du question/réponse à la tâche complexe) et au fil des années (je pense toujours sur 4 ans et pas sur 1 an) arriver au 2nd système.
Le 2nd système a pour but d'autonomiser au fil du temps les élèves les plus lents et fragiles sans les décourager.
Dans tous les cas, les connaissances nécessaires pour connaître le repère de Salamine sont travaillées : la date, le lieu, les événements, les acteurs et les résultats.
Voilà, ce n'est pas parfait mais le but est que tous les élèves maîtrisent des connaissances et développent des capacités rédactionnelles et réflexives qui leur permettent de passer en 2nde générales ou professionnelles . On ne réfléchit pas la pédagogie différenciée sur un cours mais à la fois sur un an et sur quatre ans pour amener les élèves à l'autonomie.
Maintenant la question est de savoir ce que les élèves les plus lents ont à foutre, en autonomie, de Salamine. A part, bien sûr, pour valider leur socle.
Je reste persuadée que la pédagogie différenciée permet aux enseignants de se différencier, effectivement, mais pas de faire avancer le schmilblick en réalité. Sauf à la marge. Mais je suis une méchante pessimiste.
- JPhMMDemi-dieu
Connaissez-vous la légende des vélos et des pédalos ?
Un jour, dans un pays lointain, pour que les enfants se lancent dans le chemin de la vie, ils devaient traverser un bras de fleuve, et pour cela les enfants de la ville de Furanzu disposaient d'un pont, qu'ils traversaient en vélo, et les enfants de la ville de Suedu disposaient de pédalos avec lesquels ils traversaient le fleuve.
Or il se trouva que les gens de Furanzu ne voulaient plus payer pour entretenir le pont ni les vélos. Avec le temps, leurs enfants eurent de plus en plus de mal à traverser le pont tout abimé. Certains même n'arrivaient pas au bout et restaient bloqués au milieu.
Les gens râlaient que le pont n'étaient pas entretenu, que les vélos étaient tout abimés, mais les spécialistes et les responsables riaient : les gens de Furanzu ralent tout le temps, et ils n'y connaissent rien.
Les dits spécialistes du pays regardaient les enfants de Furanzu ne pas réussir à traverser sereinement quand les enfants de Suedu traversaient sans cesse, ils les regardèrent et essayèrent de comprendre pourquoi les enfants de Suedu traversaient si bien. Alors l'un d'eux eut une idée géniale, idée qu'il répéta aux autres, et bientôt tous chantèrent en joie la solution trouvée.
Ils allèrent voir les responsables de la ville et voilà ce qu'ils leur dirent :
« Regardez donc comme nos résultats en matière de traversée sont en baisse par rapport à ceux de Suedu, les gens sont mécontents et trop d'enfants n'arrivent plus à traverser. Il faut agir.
— Mais cessez donc de nous demander des sous, dirent les responsables, trop occupés à compter les leurs.
— Que nenni, ce n'est pas une question de sous, mais de méthode. Ce n'est pas une question de moyens, il faut évoluer et vivre avec son temps : cessons de faire traverser les enfants par le pont, faisons-les traverser par le fleuve, comme les enfants de Suedu.
— Mais, nous n'avons pas les sous pour acheter des pédalos.
— Peu importe, ce n'est pas une question de moyens. Renommons nos vélos "pédalos" et lançons nos enfants à la traversée du fleuve avec ces pédalos-là.
— Mais c'est une idée absolument géniale. Oui, il faut vivre avec son temps. »
Les gens furent horrifiés, mais ils râlent toujours, alors il fallut faire preuve de pédalogie avec eux et de longues campagnes d'information très onéreuses furent lancées pour les convaincre qu'en renommant les vélos, les enfants pourraient traverser l'eau du fleuve avec.
Finalement cela se fit. Les enfants furent tous devant l'onde du fleuve, juchés sur leurs vélos. Et les spécialistes en pédalogie et les responsables les jetèrent dans l'eau.
Que croyez-vous qu'il se passa ?
Les enfants se noyèrent.
Un jour, dans un pays lointain, pour que les enfants se lancent dans le chemin de la vie, ils devaient traverser un bras de fleuve, et pour cela les enfants de la ville de Furanzu disposaient d'un pont, qu'ils traversaient en vélo, et les enfants de la ville de Suedu disposaient de pédalos avec lesquels ils traversaient le fleuve.
Or il se trouva que les gens de Furanzu ne voulaient plus payer pour entretenir le pont ni les vélos. Avec le temps, leurs enfants eurent de plus en plus de mal à traverser le pont tout abimé. Certains même n'arrivaient pas au bout et restaient bloqués au milieu.
Les gens râlaient que le pont n'étaient pas entretenu, que les vélos étaient tout abimés, mais les spécialistes et les responsables riaient : les gens de Furanzu ralent tout le temps, et ils n'y connaissent rien.
Les dits spécialistes du pays regardaient les enfants de Furanzu ne pas réussir à traverser sereinement quand les enfants de Suedu traversaient sans cesse, ils les regardèrent et essayèrent de comprendre pourquoi les enfants de Suedu traversaient si bien. Alors l'un d'eux eut une idée géniale, idée qu'il répéta aux autres, et bientôt tous chantèrent en joie la solution trouvée.
Ils allèrent voir les responsables de la ville et voilà ce qu'ils leur dirent :
« Regardez donc comme nos résultats en matière de traversée sont en baisse par rapport à ceux de Suedu, les gens sont mécontents et trop d'enfants n'arrivent plus à traverser. Il faut agir.
— Mais cessez donc de nous demander des sous, dirent les responsables, trop occupés à compter les leurs.
— Que nenni, ce n'est pas une question de sous, mais de méthode. Ce n'est pas une question de moyens, il faut évoluer et vivre avec son temps : cessons de faire traverser les enfants par le pont, faisons-les traverser par le fleuve, comme les enfants de Suedu.
— Mais, nous n'avons pas les sous pour acheter des pédalos.
— Peu importe, ce n'est pas une question de moyens. Renommons nos vélos "pédalos" et lançons nos enfants à la traversée du fleuve avec ces pédalos-là.
— Mais c'est une idée absolument géniale. Oui, il faut vivre avec son temps. »
Les gens furent horrifiés, mais ils râlent toujours, alors il fallut faire preuve de pédalogie avec eux et de longues campagnes d'information très onéreuses furent lancées pour les convaincre qu'en renommant les vélos, les enfants pourraient traverser l'eau du fleuve avec.
Finalement cela se fit. Les enfants furent tous devant l'onde du fleuve, juchés sur leurs vélos. Et les spécialistes en pédalogie et les responsables les jetèrent dans l'eau.
Que croyez-vous qu'il se passa ?
Les enfants se noyèrent.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- CathEnchanteur
Je ne devrais pas lire ça le matin, ça me gâche ma journée...
Je suis contre les grèves d'une journée qui ne servent qu'à faire des économies sur notre dos.
Mais là, franchement, qu'attendent les syndicats pour lancer une grève illimitée ?
Je suis contre les grèves d'une journée qui ne servent qu'à faire des économies sur notre dos.
Mais là, franchement, qu'attendent les syndicats pour lancer une grève illimitée ?
- Presse-puréeGrand sage
Aevin a écrit:Presse-purée a écrit:Isis39 a écrit:
Il parait qu'au collège aussi avec l'AP et les PPRE.
Sauf que le gamin en perdition, c'est pas parce qu'il a un PPRE que je pourrais lui apprendre à lire dans mon cours d'HG de 55 minutes en gérant les 28 autres élèves.
ET ça c'est scandaleux de laisser croire que c'est possible.
Non, ça montre juste que le but est de faire des économies, et que, finalement, la difficulté scolaire, le ministère s'en fout. Les coupables sont tout trouvés, ce sont les profs.
Ou comme le dit Timperley au sujet de la formation des profs :Helen Timperley a écrit:Most people think, it doesn't cost much money and it doesn't take much time. Unfortunately most professional development that results in better outcome for students takes quite a lot of money and quite long periods of time.
Cette citation est aussi dans le sujet concernant la formation des profs, notamment la formation continue. Ce qui dit Nadjena en est un exemple frappant.
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- ycombeMonarque
Peut être, mais pour ce qui nous occupe en ce moment, c'est bien de cela qu'ils s'agit. Le ministère remplace le redoublement par une différenciation pédagogique, ce qui implique que la différenciation permette à tous les élèves d'atteindre les objectifs. Or, ce n'est même pas le cas en Finlande, qui différencie avec des enseignants en plus et qui a quand même 8% d'élèves en grandes difficultés dans PISA (pour la France, c'est entre 20 et 25 %).Elyas a écrit:
Maintenant, ce que toi tu décris est un certain langage officiel totalement déconnecté de la réalité du terrain, discours que j'ai déjà entendu au début des années 2000. D'autres discours existent dont je m'inspire.
Autrement dit ce que met en place le ministère est voué à l'avance à être un échec. La suppression du redoublement est juste une mesure d'économie et la suppression des notes, un moyen de masquer l'état catastrophique de l'école.
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- IphigénieProphète
JPhMM le Dim 23 Nov 2014, 11:13
Connaissez-vous la légende des vélos et des pédalos ?
Un jour, dans un pays lointain, pour que les enfants se lancent dans le chemin de la vie, ils devaient traverser un bras de fleuve, et pour cela les enfants de la ville de Furanzu disposaient d'un pont, qu'ils traversaient en vélo, et les enfants de la ville de Suedu disposaient de pédalos avec lesquels ils traversaient le fleuve.
Or il se trouva que les gens de Furanzu ne voulaient plus payer pour entretenir le pont ni les vélos. Avec le temps, leurs enfants eurent de plus en plus de mal à traverser le pont tout abimé. Certains même n'arrivaient pas au bout et restaient bloqués au milieu.
Les gens râlaient que le pont n'étaient pas entretenu, que les vélos étaient tout abimés, mais les spécialistes et les responsables riaient : les gens de Furanzu ralent tout le temps, et ils n'y connaissent rien.
Les dits spécialistes du pays regardaient les enfants de Furanzu ne pas réussir à traverser sereinement quand les enfants de Suedu traversaient sans cesse, ils les regardèrent et essayèrent de comprendre pourquoi les enfants de Suedu traversaient si bien. Alors l'un d'eux eut une idée géniale, idée qu'il répéta aux autres, et bientôt tous chantèrent en joie la solution trouvée.
Ils allèrent voir les responsables de la ville et voilà ce qu'ils leur dirent :
« Regardez donc comme nos résultats en matière de traversée sont en baisse par rapport à ceux de Suedu, les gens sont mécontents et trop d'enfants n'arrivent plus à traverser. Il faut agir.
— Mais cessez donc de nous demander des sous, dirent les responsables, trop occupés à compter les leurs.
— Que nenni, ce n'est pas une question de sous, mais de méthode. Ce n'est pas une question de moyens, il faut évoluer et vivre avec son temps : cessons de faire traverser les enfants par le pont, faisons-les traverser par le fleuve, comme les enfants de Suedu.
— Mais, nous n'avons pas les sous pour acheter des pédalos.
— Peu importe, ce n'est pas une question de moyens. Renommons nos vélos "pédalos" et lançons nos enfants à la traversée du fleuve avec ces pédalos-là.
— Mais c'est une idée absolument géniale. Oui, il faut vivre avec son temps. »
Les gens furent horrifiés, mais ils râlent toujours, alors il fallut faire preuve de pédalogie avec eux et de longues campagnes d'information très onéreuses furent lancées pour les convaincre qu'en renommant les vélos, les enfants pourraient traverser l'eau du fleuve avec.
Finalement cela se fit. Les enfants furent tous devant l'onde du fleuve, juchés sur leurs vélos. Et les spécialistes en pédalogie et les responsables les jetèrent dans l'eau.
Que croyez-vous qu'il se passa ?
Les enfants se noyèrent
Non mais si tu décortiques la tâche, ils ont lu (capacité de compréhension), ils sont montés sur leur vélos (capacité de synthèse et de coordination): y a juste l'évaluation qui est à modifier.
- AnaxagoreGuide spirituel
ycombe a écrit:Peut être, mais pour ce qui nous occupe en ce moment, c'est bien de cela qu'ils s'agit. Le ministère remplace le redoublement par une différenciation pédagogique, ce qui implique que la différenciation permette à tous les élèves d'atteindre les objectifs. Or, ce n'est même pas le cas en Finlande, qui différencie avec des enseignants en plus et qui a quand même 8% d'élèves en grandes difficultés dans PISA (pour la France, c'est entre 20 et 25 %).Elyas a écrit:
Maintenant, ce que toi tu décris est un certain langage officiel totalement déconnecté de la réalité du terrain, discours que j'ai déjà entendu au début des années 2000. D'autres discours existent dont je m'inspire.
Autrement dit ce que met en place le ministère est voué à l'avance à être un échec. La suppression du redoublement est juste une mesure d'économie et la suppression des notes, un moyen de masquer l'état catastrophique de l'école.
La Finlande...
Je rappelle ce lien à tout hasard.
http://elib.mi.sanu.ac.rs/files/journals/tm/23/tm1221.pdf
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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- MoonchildSage
Un collègue qui enseigne l'histoire m'avait expliqué il y a quelques années que dans cette discipline il y avait en définitive une méthodologie bien établie et assez cadrée qui pouvait se transposer indifféremment à n'importe quelle notion étudiée. Si c'est bien le cas, c'est sans doute ce qui permet que la "pédagogie différenciée" telle que décrite par Elyas puisse sur le long terme se montrer efficace car le manque de connaissances peut éventuellement être pallié au coup par coup ; cela dit, j'ai quand même des doutes dans le cas d'un élève qui ne maîtriserait pas la lecture.
En maths, il n'y a aucune méthodologie générale qui soit transposable à tout type de problème, à part peut-être se poser la question : "à quel problème déjà traité celui-ci ressemble-t-il de près ou de loin ?". La résolution d'un problème en maths ne peut se construire que sur les connaissances antérieures ; alors bien sûr, on peut toujours rajouter des questions intermédiaires pour guider des élèves d'un niveau un peu juste (comme au bac et comme dans un bon nombre de documents qui sont présentés comme des exemples de tâches complexes), mais pour beaucoup ces questions intermédiaires prises séparément sont déjà des obstacles insurmontables.
Autre considération plus générale : si ce n'est pour des motifs idéologiques, quel est l'intérêt s'obstiner à regrouper dans une même classe des élèves de niveau très hétérogène pour ensuite séparer cette classe en groupes de niveau pour faire de la pédagogie différenciée tout en acceptant qu'ils n'arrivent pas au même objectif ? Au mieux, on n'aura pas fait des classes de niveau (parce que faire des classes de niveau, c'est mal ; presque autant que de croiser les effluves), mais à l'arrivée le résultat y ressemble fichtrement.
En maths, il n'y a aucune méthodologie générale qui soit transposable à tout type de problème, à part peut-être se poser la question : "à quel problème déjà traité celui-ci ressemble-t-il de près ou de loin ?". La résolution d'un problème en maths ne peut se construire que sur les connaissances antérieures ; alors bien sûr, on peut toujours rajouter des questions intermédiaires pour guider des élèves d'un niveau un peu juste (comme au bac et comme dans un bon nombre de documents qui sont présentés comme des exemples de tâches complexes), mais pour beaucoup ces questions intermédiaires prises séparément sont déjà des obstacles insurmontables.
Autre considération plus générale : si ce n'est pour des motifs idéologiques, quel est l'intérêt s'obstiner à regrouper dans une même classe des élèves de niveau très hétérogène pour ensuite séparer cette classe en groupes de niveau pour faire de la pédagogie différenciée tout en acceptant qu'ils n'arrivent pas au même objectif ? Au mieux, on n'aura pas fait des classes de niveau (parce que faire des classes de niveau, c'est mal ; presque autant que de croiser les effluves), mais à l'arrivée le résultat y ressemble fichtrement.
- eleonore69Érudit
Objectivement, je ne sais pas si ça va changer grand-chose... Le redoublement avait déjà quasi disparu dans certains établissements.. Depuis quelques, on voit arriver en seconde des élèves d'âge normal qui savent à peine lire : ils ânonnent comme des élèves de c.p Ce1 !
- Presse-puréeGrand sage
ycombe a écrit:Peut être, mais pour ce qui nous occupe en ce moment, c'est bien de cela qu'ils s'agit. Le ministère remplace le redoublement par une différenciation pédagogique, ce qui implique que la différenciation permette à tous les élèves d'atteindre les objectifs. Or, ce n'est même pas le cas en Finlande, qui différencie avec des enseignants en plus et qui a quand même 8% d'élèves en grandes difficultés dans PISA (pour la France, c'est entre 20 et 25 %).Elyas a écrit:
Maintenant, ce que toi tu décris est un certain langage officiel totalement déconnecté de la réalité du terrain, discours que j'ai déjà entendu au début des années 2000. D'autres discours existent dont je m'inspire.
Autrement dit ce que met en place le ministère est voué à l'avance à être un échec. La suppression du redoublement est juste une mesure d'économie et la suppression des notes, un moyen de masquer l'état catastrophique de l'école.
en l'état, c'est parfaitement cela.
Et le tout, avant la conférence de "consensus", qui montre bien ce que le ministère pense de l'avis de ses employés. Et ça vient faire des leçons de morale ensuite.
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- ycombeMonarque
Oui Anaxagore, je connais. Les effets des réécriture des programmes. Ça doit être pareil chez nous.
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- ElyasEsprit sacré
ycombe a écrit:Peut être, mais pour ce qui nous occupe en ce moment, c'est bien de cela qu'ils s'agit. Le ministère remplace le redoublement par une différenciation pédagogique, ce qui implique que la différenciation permette à tous les élèves d'atteindre les objectifs. Or, ce n'est même pas le cas en Finlande, qui différencie avec des enseignants en plus et qui a quand même 8% d'élèves en grandes difficultés dans PISA (pour la France, c'est entre 20 et 25 %).Elyas a écrit:
Maintenant, ce que toi tu décris est un certain langage officiel totalement déconnecté de la réalité du terrain, discours que j'ai déjà entendu au début des années 2000. D'autres discours existent dont je m'inspire.
Autrement dit ce que met en place le ministère est voué à l'avance à être un échec. La suppression du redoublement est juste une mesure d'économie et la suppression des notes, un moyen de masquer l'état catastrophique de l'école.
On est là pour être efficace pour les élèves, pas pour contenter les arrières pensées d'un ministère obsédé par les statistiques et les économies, non ?
- BalthazaardVénérable
Pays de 5 millons d'habitants grand comme la moitié de la France et où la quasi soviétisation qui a duré jusqu'en 1980 impose des rapports de société très différents des nôtres et une langue très spéciale par sa prononciation rappelons le..
Au fait oui j'y suis allé..quand j'étais étudiant en 1983 et retourné deux fois il y a 10 ans..
Au fait oui j'y suis allé..quand j'étais étudiant en 1983 et retourné deux fois il y a 10 ans..
- neomathÉrudit
+1Balthazaard a écrit:Ce qui suppose bien entendu que tes élèves sont tous dévoués aux taches que tu leur propose...ce que nous remarquons tous, tous les jours....bien sur , ils le sont car les travaux que tu proposes sont en parfait accord avec les théories cognitives, alors que nous comme nous les méprisons ou les ignorons ne générons qu'indifférence....ça se tient
Et si.... , puisque ce sont des posts de râleurs de mauvaise foi, un (ou une) des élèves ne trouve aucun intérêt à ce que tu racontes et ne lit même pas tes documents...tu fais quoi? et si au lieu d'être seul, il y en a mettons 10 ou 15, nous faisons quoi...c'est surtout ça le problème de l'école aujourd'hui
Mon quotidien aujourd'hui c'est que dans ma seconde à 34 élèves, dès que je cesse d'être sur leur dos, j'en ai un bon tiers qui arrête immédiatement de travailler et commence à foutre le boxon.
"Différencier" dans ces conditions ? Foutaises, foutaises, foutaises ....
- BalthazaardVénérable
mais bien sur...sinon nous serions tous partants...
- harry jamesNeoprof expérimenté
Elyas, tu parles de résultats sur 4 années. Tu suis donc tes classes? Ou bien ce système de différenciation est-il pratiqué par tous tes collègues d'HG?
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Merdre lachez tout! Partez sur les routes!
Out of sorrow entire worlds have been built
Out of longing great wonders have been willed
[...]
Outside my window, the world has gone to war
Are you the one that I've been waiting for?
- ycombeMonarque
On ne peut pas être efficace quand les élèves qui montent n'ont plus les connaissances de base. On ne peut que tenter de remédier.Elyas a écrit:ycombe a écrit:Peut être, mais pour ce qui nous occupe en ce moment, c'est bien de cela qu'ils s'agit. Le ministère remplace le redoublement par une différenciation pédagogique, ce qui implique que la différenciation permette à tous les élèves d'atteindre les objectifs. Or, ce n'est même pas le cas en Finlande, qui différencie avec des enseignants en plus et qui a quand même 8% d'élèves en grandes difficultés dans PISA (pour la France, c'est entre 20 et 25 %).Elyas a écrit:
Maintenant, ce que toi tu décris est un certain langage officiel totalement déconnecté de la réalité du terrain, discours que j'ai déjà entendu au début des années 2000. D'autres discours existent dont je m'inspire.
Autrement dit ce que met en place le ministère est voué à l'avance à être un échec. La suppression du redoublement est juste une mesure d'économie et la suppression des notes, un moyen de masquer l'état catastrophique de l'école.
On est là pour être efficace pour les élèves, pas pour contenter les arrières pensées d'un ministère obsédé par les statistiques et les économies, non ?
http://michel.delord.free.fr/remed.html
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- IphigénieProphète
Voilà: avec un apprentissage bien adapté aux difficultés d'apprentissage des classes içndifférenciées, on a des élèves pour qui, en seconde deux périodes sont clairement reconnues: aujourd'hui//le moyen-âge. Salamine c'est avant ou après Waterloo?Elyas a écrit:ycombe a écrit:Peut être, mais pour ce qui nous occupe en ce moment, c'est bien de cela qu'ils s'agit. Le ministère remplace le redoublement par une différenciation pédagogique, ce qui implique que la différenciation permette à tous les élèves d'atteindre les objectifs. Or, ce n'est même pas le cas en Finlande, qui différencie avec des enseignants en plus et qui a quand même 8% d'élèves en grandes difficultés dans PISA (pour la France, c'est entre 20 et 25 %).Elyas a écrit:
Maintenant, ce que toi tu décris est un certain langage officiel totalement déconnecté de la réalité du terrain, discours que j'ai déjà entendu au début des années 2000. D'autres discours existent dont je m'inspire.
Autrement dit ce que met en place le ministère est voué à l'avance à être un échec. La suppression du redoublement est juste une mesure d'économie et la suppression des notes, un moyen de masquer l'état catastrophique de l'école.
On est là pour être efficace pour les élèves, pas pour contenter les arrières pensées d'un ministère obsédé par les statistiques et les économies, non ?
- ycombeMonarque
Une langue à l'écriture très phonétique aussi, non?Balthazaard a écrit:Pays de 5 millons d'habitants grand comme deux fois la France et où la quasi soviétisation qui a duré jusqu'en 1980 impose des rapports de société très différents des nôtres et une langue très spéciale par sa prononciation rappelons le..
Au fait oui j'y suis allé..quand j'étais étudiant en 1983 et retourné deux fois il y a 10 ans..
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- AnaxagoreGuide spirituel
Au fait ycombe, ce lien est désormais inactif...curieux.
http://www.educationgadfly.net/flypaper/justmathematicians.pdf
http://www.educationgadfly.net/flypaper/justmathematicians.pdf
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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- CathEnchanteur
J'ai déjà raconté comment une élève m'avait présenté sa vision de la chronologie : avant il y avait des hommes des cavernes, puis il y a eu des rois et des reines, puis des guerres, puis c'est maintenant.
Elle était surprise que les homme des cavernes ne puissent pas faire cuire leurs aliments dans un four électrique...
J'édite pour préciser que maintenant commence bien sûr avec sa propre naissance...
Elle était surprise que les homme des cavernes ne puissent pas faire cuire leurs aliments dans un four électrique...
J'édite pour préciser que maintenant commence bien sûr avec sa propre naissance...
- BalthazaardVénérable
"Une langue à l'écriture très phonétique aussi, non?"
Pire que ça épeler c'est parler....pas de syllabes à notre sens....par contre beaucoup d'accentuation et d'intonation ce qui la rend difficile pour nous
Pire que ça épeler c'est parler....pas de syllabes à notre sens....par contre beaucoup d'accentuation et d'intonation ce qui la rend difficile pour nous
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