Stagiaire : envie d'abandonner

Greediness a écrit:Questions :
Une petite question, si je démissionne et que j'trouve un petit boulot, j'aurai toujours le droit de passer d'autres concours (de l'EN ou non) même si je quitte le ministère de l'éducation nationale ?

J'me sens pas bien... Tout le monde me dit "continue" etc. mais jpasse mon temps à pleurer, avoir envie de vomir etc... Je ne me sens absolument pas à l'aise... Je pense que partir est la meilleure des solutions.

Si je veux rester jusqu'à la fin de l'année, à quel moment donner ma démission ? A qui adresser la lettre ? Faut-il passer par le chef d'établissement ?

Je vais finir par faire une réponse type...
Tu as le syndrome du bon élève, tu culpabilises, et tu as intégré deux idées pernicieuses, que l'on t'a fourrées dans le crâne : primo, tu ne fais jamais assez bien, secundo on doit s'éclater dans son boulot. Vire ça tout de suite de ta tête,  raisonne comme moi qui suis un primitif : par rapport au Savoir, avec un grand "S",  il faut être humble , mais par rapport aux élèves, nous sommes à des milliers de coudées au-dessus. Ensuite, dans le boulot, bien nommé en argot "le chagrin", ce qui est  bon est du bonus, à prendre quand il y en a, mais à ne pas attendre tous les matins en se levant.
Répète-toi ça tous les matins, et change l'idée que tu as de toi-même. Tu n'as pas de problèmes d'autorité, ce sont les élèves qui ont un problème de politesse et d'écoute. ON finit par oublier qu'ils sont obligés d'écouter. Tu as tout simplement un manque d'habitude vis-à-vis de malappris vivant selon leurs pulsions, leur insolence.

Pour la démission, je répète, pas de démission "sèche" . Tu lèves le pied, tu fais ton boulot et rien d'autre une fois titulaire , et tu prépares des concours de la FP . Que ça prenne un, deux , trois ans, c'est sans importance, tu gagnes de l'ancienneté qui est comptée dans ton nouveau boulot. Pas besoin de démissionner : la titularisation dans un nouveau corps entraîne radiation de l'ancien, sauf si tu décides de réintégrer.
J'ai fait le chemin en sens inverse, c'est comme ça que ça s'est passé, je me suis retrouvé au 10ème échelon directement. Si j'avais eu la sotte idée de démissionner, je serais reparti à zéro.
Donc loin de moi l'idée te retenir dans l' EN ,  prépare ton départ, mais fais les choses comme il faut.

Greediness a écrit:En fait non. Quand je parle avec mes amis, on me fait toujours remarqué le fait que je n'en parle qu'en négatif... Après je sais que je n'ai pas choisi ce métier par passion. Au final, je suis la bonne élève qui a choisi ce parcours parce qu'elle se débrouillait bien alors elle a continué. Point. Aucune passion et donc la motivation n'est pas au rendez-vous. J'pense vraiment que j'ai fait un très très mauvais choix...

Doucement... ne pas faire ce métier par passion n'a rien de honteux, au contraire.

Tu fais un boulot comme un autre, qui consiste à essayer de faire passer quelques trucs dans la caboche de gamins pas nécessairement consentants. Si ta motivation est juste de gagner ta vie, elle est tout à fait honorable. Demandes-tu à ton coiffeur d'être passionné par la coiffure?

Après, ben oui, on fait un job, donc c'est normal d'avoir envie de le faire correctement. Mais personne ne te demande d'être le prof que chacun a tout le temps rêvé d'avoir!
La motivation ne doit pas venir nécessairement de la passion... ça peut même être assez dangereux.
La motivation, c'est un truc de tous les jours... aujourd'hui, j'ai terminé de corriger un paquet de copies... je déteste ça, mais voilà, c'est fait, je savoure ce petit bonheur.
Un autre jour, c'est un élève qui a compris un truc alors qu'il peinait...
Parfois, c'est aussi le gros rayon de soleil: les élèves mignons, ceux qui posent des questions intelligentes, etc... mais voilà, ce n'est pas tous les jours.

Souvent, je sors du boulot frustrée, parce que ça n'a pas avancé comme je voulais, parce que telle classe a été pénible... mais voilà, ma journée est terminée, j'ai fait mon boulot.

Ce n'est peut-être pas super glamour comme façon de voir les choses... mais j'ai une vie en dehors du boulot!

Comme certains l'ont dit avant, si tu te sens si mal que ça, il faut faire quelque chose, prendre soin de toi.
Il y a une chose qui est mauvaise quand on se met à broyer du noir: on finit par tout voir en négatif et ne se concentrer que sur ce qui nous fait du mal.
Essaye de faire une liste des pensées négatives qui te passent par la tête, et de les regarder à froid, en prenant de la distance: en face, tu écris ce qui finalement te semble plus raisonnable comme pensée (élimine les mots subjectifs et recentres-toi sur les faits).
OK, tu passes beaucoup de temps à préparer tes cours... est-ce que ça signifie que tu ne sais pas préparer un cours? J'en doute, sinon tu ne serais pas là! La réalité objective est que, oui, peut-être tu y passes trop de temps (et c'est le cas de beaucoup de stagiaires, surtout par volonté de trop bien faire en essayant de suivre les conseils ESPE), mais tu les prépares! Ton objectif, pour te libérer un peu l'esprit et du temps de sommeil doit être d'y passer moins de temps. As-tu déjà assuré des cours "à moitié préparés"? Le cas classique est que l'on arrive avec ses supports que l'on trouve bâclés, et au final... les élèves ne voient pas la différence et on se rend compte que tout se passe comme un cours normal (avec ses déconvenues, se flottements, mais pas pire que le cours que l'on croyait avoir super bien préparé!).

Bon courage, et essaie de dormir, c'est déjà la base pour se sentir mieux.
K

Merci mille fois pour vos réponses.
...

Greediness a écrit:j'ai peur de décevoir mon entourage... Surtout que j'ai étudié des années... Tout ça pour ça...

Relativise, il y a une vie hors de l’éducation nationale : il y a moyen de faire autre chose sans que les cinq années d’études n’aient servi à rien, tu as un niveau bac+5 qui te permet d’accéder à d’autres choses dans la fonction publique et en dehors. Et j’imagine que comme tu fais espagnol, il y a des opportunités aussi à l’étranger.

Puis, je crois que ça a déjà été dit, mais si ça ne va vraiment pas, entre continuer en forçant et démissionner du jour au lendemain, il y a aussi la possibilité d’aller voir un médecin qui peut t’arrêter, le temps de faire le point, de souffler, de dormir.

Greediness a écrit:Merci mille fois pour vos réponses.
J'ai conscience que tout le monde n'aime pas forcément aller au travail le matin en se levant. Cependant, j'ai le matin la boule au ventre, le soir la boule au ventre et le gros noeud dans la gorge. Tout le temps. Quand ce n'est pas juste la boule au ventre, je pleure.

Si tu déprimes (ou du moins si tu es rentrée dans un cercle vicieux d'angoisse), il n'y a rien d'étonnant
On ne peut pas se sentir bien si on ne s'accorde pas de répit, si on ne se fait pas plaisir en dehors du boulot.
En dépression, tu peux même en arriver à avoir peur d'aller acheter du pain, ou déprimer parce que tu n'as pas su dire non au boulanger quand il t'a fait une tranche bien plus large que ce que tu souhaitais...
La boule au ventre et le gros nœud, c'est un signe d'angoisse et de mal-être, pas nécessairement le symptôme que ce boulot ne te convient pas (ça, tu ne pourras le décider que quand tu seras sortie de ce cercle vicieux et que tu auras pris un peu de recul face à ce qui t'arrive).
Et d'ailleurs, je parie que tes cours ne se passent pas si mal au quotidien. Quand tu es en cours, tu as aussi la boule au ventre?

Ensuite sans même parler de passion, j'ai vraiment l'impression de ne pas connaître ce que j'enseigne...

Tu parles d'impression... pas de réalité!
Est-ce qu'au quotidien, tu es sans arrêt coincée pour enseigner ce qu'il faut à tes élèves? Je ne le pense pas...

Oui je pourrais préparer un autre concours mais comment le faire en parallèle quand je ne m'accorde du temps pour rien ?

Laisse-toi un peu de temps... cette année, tu es en stage, avec beaucoup de temps de préparation, plein de trucs à assimiler...
Tu verras, l'année suivante, ça se décante un peu  ;-)

Ensuite je panique tellement que j'ai l'impression de prépare les cours à la va-vite. Alors oui, peut-être que les élèves ne voient parfois pas la différence, mais moi je la vois et ça me frustre...

L'important n'est pas ta frustration, c'est ce que tu arrives à transmettre. Si les élèves se comportent normalement, on l'air de piger un minimum, et progressent dans l'année, il n'y a pas de problème.
Après, il faut assurer un minimum dans le sens des attentes de l'inspection (évidemment ta  séance préparée pour l'inspection sera parfaite... mais tout le monde sait qu'au quotidien on ne gère pas de la même façon).

L'année dernière, j'ai aussi passé trop de temps à préparer mes cours, à chipoter sur le support à utiliser, l'image la plus appropriée, etc... je me suis sentie bien conne quand j'ai entendu deux collègues stagiaires expliquer qu'ils s'étaient tous les deux retrouvés en cours sans avoir rien préparé (ils pensaient être arrivés moins loin la fois d'avant) et avoir tenu les élèves sur une séance en improvisation totale!
Evidemment, je me sentais bien moins efficace que les autres stagiaires, qui me semblaient sûrs d'eux, plus rapides, mieux organisés...

Attendre okay mais j'fais comment pour tenir si moralement et physiquement ça ne va pas ? Je songe à partir car j'ai l'impression de mettre ma santé en danger.

Si moralement et physiquement tu te sens en danger, il faut réagir maintenant (aller consulter).
Il faut lever le pied (et tant pis pour le perfectionnisme...). Et reprendre contact avec des amis, sortir, se faire plaisir...
Essayer de trouver aussi des appuis dans ton entourage (des gens qui te comprennent, puissent te rassurer).
Je sais, c'est facile à dire... mais il n'y a pas de mystère: ce n'est pas bon de continuer à s'enfoncer comme ça, et plus tu attendras plus dure sera la pente à remonter.

Merci pour vos réponses en tout cas, j'suis vraiment paniquée en ce moment à tel point que j'envisage parfois de tout lâcher en plein milieu alors que je m'étais dit d'au moins finir l'année scolaire.

Tu vas la terminer cette année, allez... et la terminer plus sereine!

K.
PS: là je suis à la bourre pour la préparation de ma semaine... généralement je la termine sur les rotules, car je fais trop les choses au dernier moment (en plus je suis enceinte, ça n'arrange rien). Mais, bon, ce n'est pas un drame, on en a vu d'autres...
PS2: comme le dis Dimka, il ne faut pas se fixer sur cette idée de décevoir... d'abord ta vie, c'est ta vie, pas celle de ton entourage. Si tu as fait des études, c'est pour toi. Et ces études t'ont apporté plein de choses.
J'ai connu un étudiant en DEA qui est parti faire un apprentissage de carreleur. Si tu regardes ça de l'extérieur, tu vois ça comme du gâchis ou comme un choix de vie?
Pour l'instant, tu dois t'occuper de toi. On ne peut pas faire le point et prendre des décisions importantes quand on se sent mal. Mais ton avenir n'est pas bouché: d'une façon ou d'une autre, tu trouveras ta voie, dans l'EN ou en dehors... tu es jeune!

J'ai répondu par MP.
...

certains jours, j'avoue me poser la question aussi. Quand je me rends compte que ce boulot me rend physiquement malade (depuis quelques semaines, je me sens nauséeuse dès que je mange, et je sais que c'est lié au stress), que je réalise que je prends des cachets pour dormir et me détendre, ce que je n'avais jamais eu besoin de faire avant, quand je passe mentalement mon temps dans mes classes, même le week-end, même en dormant, même au réveil, même en jouant avec mes filles... Quand je me dis que ce sera peut-être un soulagement, en fait, de ne pas être titularisée à la fin de l'année (je pourrais avoir des vrais week-ends !!!)
Puis il y a les moments où je m'éclate, en préparant des cours, en lisant des copies sympas, les quelques moments de grâce où les cours se passent bien...
Je m'y perds parfois à naviguer entre ces deux eaux, à tenter de surnager dans mon petit canot gonflable en me demandant s'il va rester accroché au rivage, se dégonfler et me noyer, ou bien me laisser partir en mer pour un beau voyage...

Oui, parfois je pense abandonner... et parfois je me trouve ridicule d'y avoir même songé...

Ce qui me donne envie d'abandonner c'est avant tout le M2, pas du tout le fait d'être devant élèves.

Seifer a écrit:Ce qui me donne envie d'abandonner c'est avant tout le M2, pas du tout le fait d'être devant élèves.

+1

Pour ça qu'il faut tenir!

C'est l'accumulation de choses débiles qu'on nous demande qui donnent envie de tout arrêter. Mais quand je pense à l'année prochaine, où j'aurais juste à préparer de supers cours devant de supers élèves, ça va tout de suite mieux

Le stage est difficile, mais il faut tenir pour voir enfin le vrai boulot.

...

Pour ma part, j'essaie de ne pas repenser à la démission.
Mais le problème c'est que je n'arrive pas à me relever; le stress et l'angoisse je n'arrive pas à y faire face. Je déprime, je ne trouve plus de sens à ma vie. Je suis en arrêt mais ça ne me soulage en rien. Sans motivation, moral à zéro, comment continuer l'année de stage ? ( surtout que je ne pense pas être titularisée cette année, le calvaire sera prolongé à l'année prochaine ...)

PS: Greediness tu as quels niveaux d'élèves?

Verte.M.Raude a écrit:Pour ma part, j'essaie de ne pas repenser à la démission.
Mais le problème c'est que je n'arrive pas à me relever; le stress et l'angoisse je n'arrive pas à y faire face. Je déprime, je ne trouve plus de sens à ma vie. Je suis en arrêt mais ça ne me soulage en rien. Sans motivation, moral à zéro, comment continuer l'année de stage ? ( surtout que je ne pense pas être titularisée cette année, le calvaire sera prolongé à l'année prochaine ...)

PS: Greediness tu as quels niveaux d'élèves?  

Essaie de te consacrer à ce qui te passionne dans ta discipline en dehors de toute considération scolaire, de te trouver des loisirs pour décompresser ?

M.Raude, je ne voudrais pas être lourd mais... pourquoi est-ce que tu n'envisages pas d'aller voir un psy quelque temps ?
Greediness, je n'ai pas relu tout le fil, mais... est-ce ton cas ?

Dans votre appréciation générale de classe (pour les conseils), qu'est-ce que vous mettez ?

moi , j'ai envie de mettre " classe paresseuse et irrespectueuse". Alors , j'embauche la Censure pour qu'elle me relise

J'ai mis ça : Les résultats subissent une baisse importante alors que les bavardages augmentent..Les 2/3 de la classe ne souhaitent absolument pas travailler, l'immaturité omniprésente empêche le bon déroulement des cours.

Annabel Lee a écrit:moi , j'ai envie de mettre " classe paresseuse et irrespectueuse". Alors , j'embauche la Censure pour qu'elle me relise

Ici, la Censure, experte en langue de bois : "La classe semble n'avoir pas entièrement réalisé les enjeux que représente cette année scolaire, aussi les efforts consentis, tant en classe qu'à la maison, sont-ils insuffisants. L'attitude en cours est trop souvent puérile, quand elle n'est pas passive. Il est urgent de réagir."

Bon.

Ce n'est pas assez  béatement bienveillant.

Peut-être faudrait-il faire appel à un autre censeur.

Nita a écrit:

Annabel Lee a écrit:moi , j'ai envie de mettre " classe paresseuse et irrespectueuse". Alors , j'embauche la Censure pour qu'elle me relise

Ici, la Censure, experte en langue de bois : "La classe semble n'avoir pas entièrement réalisé les enjeux que représente cette année scolaire, aussi les efforts consentis, tant en classe qu'à la maison, sont-ils insuffisants. L'attitude en cours est trop souvent puérile, quand elle n'est pas passive. Il est urgent de réagir."

Bon.

Ce n'est pas assez  béatement bienveillant.

Peut-être faudrait-il faire appel à un autre censeur.

Mettre plutôt: ''Bon trimestre. Un travail sérieux, tant à l'écrit qu'à l"oral. Il faut continuer ainsi''

Argh, la censure a fait une faute !
Ce serait sympa de la corriger dans la citation, Guillaume, (réalisé) comme ça, personne ne remarquera rien ^^

On n'a rien vu :p

Parfait !
Une action méga-furtive !
Merci.

Mince, je viens de remarquer que je me suis trompé de topic. :boulet:

...

Seifer a écrit:Mince, je viens de remarquer que je me suis trompé de topic. :boulet:

Tu es vraiment " grave ", comme dirait une copine stagiaire, mais je t'adore, tu viens de me faire rire pendant 5 mn!

Greediness a écrit:Je n'en peux plus, autant physiquement que mentalement mais je ne sais pas quoi faire... Je n'ai plus envie de continuer et je me sens coincée mais aussi isolée. Après je ne souhaite pas voir de médecin ou autre : je culpabilise et j'ai honte. Dans ma tête, il faut que je fasse cours à tout prix en plus.

Bon, attends les vacances, c'est normal d'être au bout du rouleau à cette période, tous mes collègues sont d'accord sur ce point ( gros sondage en sdp)... Et fais le point.
Tu verras ensuite.

Moi aussi j'ai dit : quelle malhonnêteté ce serait d'aller voir le médecin alors que je suis en forme ! je serais une odieuse simulatrice si je me faisais porter pâle ; il faut que j'aille faire cours dare-dare, sinon, je vais abandonner les petits gnenfants ... C'est pas bô.
Quelle immonde connerie !
Prends soin de toi.