A quoi servent nos inspecteurs ? à part tout critiquer et oublier le profil de nos élèves

Bonjour,
profs en lycée pro dans le tertiaire, nous avons été dernièrement inspectés.

A part faire des remarques négatives et donner des conseils totalement farfelus du genre " laissez les élèves s'exprimer...les élèves doivent s’approprier le cours...c'est à vous les profs de leur donner l'envie d'apprendre...", je me demande vraiment à quoi ils servent.
On nous a même reproché de trop cadrer nos élèves !!

Je pense qu' Ils le font exprès de ne pas prendre en compte la réalité de notre quotidien et du profil de nos élèves

Nos élèves en sections professionnelles sont de plus en plus difficiles, certains sont là histoire d'être inscrits et font de la figuration, d'autres viennent de temps en temps, n'ont pas du tout le " profil" pour exercer plus tard dans le métier pour lequel ils sont en Bac Pro....on doit toujours fixer des règles stricts au niveau de la discipline sinon le cours dérape à chaque fois....et tout cela nos inspecteurs font semblant de ne pas le prendre en compte et nous demandent l'impossible !!!!

"Oui monsieur l'inspecteur, vous êtes brillant, monsieur l'inspecteur, vos vues sont pénétrantes, monsieur l'inspecteur, si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le phénix des hôtes de ce rectorat."

Et dès qu'il a tourné le coin de la rue, on l'oublie.

Dans mon lycée, depuis le 2/9, 5 conseils de discipline en bac pro, 5 exclusions définitives. 2 autres programmés pour la semaine prochaine. Exactement ce que vous dites : élèves inscrits pour la figuration, bagarres entre eux, aucune motivation scolaire. Les inspecteurs ? On les reçoit, on les écoute bavasser, on leur dit au-revoir, et on a la paix pour 4-17 ans selon les cas.

macassa a écrit:Bonjour,
profs en lycée pro dans le tertiaire, nous avons été dernièrement inspectés.

A part faire des remarques négatives et donner des conseils totalement farfelus du genre " laissez les élèves s'exprimer...les élèves doivent s’approprier le cours...c'est à vous les profs de leur donner l'envie d'apprendre...", je me demande vraiment à quoi ils servent.
On nous  a même reproché de trop cadrer nos élèves !!

Je pense qu' Ils le font exprès de ne pas prendre en compte la réalité de notre quotidien et du profil de nos élèves

Nos élèves en sections professionnelles sont de plus en plus difficiles, certains sont là histoire d'être inscrits et font de la figuration, d'autres viennent de temps en temps, n'ont pas du tout le " profil" pour exercer plus tard dans le métier pour lequel ils sont en Bac Pro....on doit toujours fixer des règles stricts au niveau de la discipline sinon le cours dérape à chaque fois....et tout cela nos inspecteurs font semblant de ne pas le prendre en compte et nous demandent l'impossible !!!!

Ils sont là pour nous montrer comment fonctionne l'évaluation bienveillante et positive....
Et puis laisser les professeurs s'exprimer et leur donner l'envie d'enseigner...
Et valider nos compétences multiples.
Tiens ça me fait penser que dans le dernier numéro de Sciences Humaines on parle de la FINLANDE... Les enseignants y "jouissent d'une liberté pédagogique importante (l'inspection a été supprimée)"
La réussite tiendrait aussi et surtout à la confiance accordée aux enseignants, à une estime reflétée d'ailleurs par un salaire qui la démontre...

A l'heure des économies...qu'on supprime le corps des inspecteurs...qu'on recrute plus de profs et d’assistants d'éducation !!!

macassa a écrit:
On nous  a même reproché de trop cadrer nos élèves !!

On m'a fait le même coup. Bienvenue au club ! :lol:

Je pense que ces gens, comme beaucoup d'être humains, adaptent leurs convictions à leurs intérêts.
Ils connaissent parfaitement les problèmes de discipline auxquels nous sommes confrontés. Mais ils n'ont aucune solution à nous apporter et s'en sentent coupable. Et voilà que l'idéologie pédagogiste leur permet d'assurer leur confort moral en reportant toute la faute sur les méchants profs. Trop tentant !

macassa a écrit:A l'heure des économies...qu'on supprime le corps des inspecteurs...qu'on recrute plus de profs et d’assistants d'éducation !!!

+ 1

Pierre-Henri a écrit: Et dès qu'il a tourné le coin de la rue, on l'oublie.

Voilà.
On écoute poliment, et ensuite on fait ce qu'on peut/veut/ bref on se dém.....

Même si ces inspecteurs ne font que passer, même si on oublie leur passage dès le cours suivant, c'est quand même très énervant de devoir assister à une " parodie" d'entretien-conseil où on est obligés de les écouter nous sortir de telles absurdités !!

Encore moi, j'ai de la bouteille mais comme ça doit être difficile pour les nouveaux collègues, jeunes ou moins jeunes, débutant dans ce métier de devoir supporter ces pseudo conseils !!!

Grand dieu, mais un nombre considérable de jobs ne servent strictement qu'à fournir un salaire au titulaire du poste. S'il fallait supprimer tout ces jobs (ce serait un bienfait pour tout le monde), il faudrait revoir la façon de redistribuer les ressources, et ce n'est pas encore au programme.

Je ne sais pas à quoi ils servent, j'en ai vu trop peu souvent. En 17 ans, deux inspections, mais avec la même personne. Le peu que j'ai pu en voir, néanmoins, me laisse à penser qu'ils ne servent pas à grand chose. Mes inspections se sont fort bien passées, mais à part avoir quelques points de plus, ne m'ont servi à rien. Outre le fait que soumettre son avancée salariale au passage de l'inspecteur me semble à la limite de l'inacceptable, les parodies de cours auxquels ils assistent, leur supposée bienveillance, leurs conseils doucereux, tout cela ne vaut pas grand chose. Je serais pour que les inspecteurs, afin qu'ils sachent enfin de quoi ils parlent, aient une classe en responsabilité, jamais le même niveau (de la 6ème à la 2ème année de prépa / de BTS), jamais le même établissement. Ça aurait peut-être le mérite de rendre certains discours acceptables.

Pseudo a écrit:Grand dieu, mais un nombre considérable de jobs ne servent strictement qu'à fournir un salaire au titulaire du poste. S'il fallait supprimer tout ces jobs (ce serait un bienfait pour tout le monde), il faudrait revoir la façon de redistribuer les ressources, et ce n'est pas encore au programme.

Il est souvent vrai que plus haut rang et salaire plus élevé vont souvent de pair avec travailler plus dur. Dans l’Éducation nationale, où il n’y a pas de travail plus dur que l’enseignement avec des élèves, c’est exactement le contraire qui est vrai. En fait, il n’est pas du tout absurde d’imaginer une école parfaitement magnifique où il n’y aurait seulement que des enseignants et une personne à tout faire intelligente et travailleuse et pouvant aussi taper avec ses dix doigts. D’autre part, pensez un instant à l’École vers laquelle, comme toutes les statistiques le suggèrent, nous sommes en train d’aller, une École composée presque entièrement d’administrateurs et de leurs propres « services de soutien ».

Dans une telle École, nous verrions clairement ce que nous ne pouvons maintenant voir qu’obscurément, à travers le verre dépoli des réformes gouvernementales et du dogme pédagogiste : la quasi-totalité du travail effectué par ceux qui sont au-dessus du rang de professeur est artificiel de sorte qu’il puisse y avoir plus d’employés. C’est ainsi que beaucoup du travail administratif effectué dans les écoles n’a pas pour but d’effectuer un travail, au sens où un physicien utiliserait ce terme, mais seulement d’occuper le temps et de justifier l’existence d’un poste administratif.

Jane a écrit:Je ne sais pas à quoi ils servent, j'en ai vu trop peu souvent.  En 17 ans, deux inspections, mais avec la même personne. Le peu que j'ai pu en voir, néanmoins, me laisse à penser qu'ils ne servent pas à grand chose. Mes inspections se sont fort bien passées, mais à part avoir quelques points de plus, ne m'ont servi à rien. Outre le fait que soumettre son avancée salariale au passage de l'inspecteur me semble à la limite de l'inacceptable, les parodies de cours auxquels ils assistent, leur supposée bienveillance, leurs conseils doucereux, tout cela ne vaut pas grand chose. Je serais pour que les inspecteurs, afin qu'ils sachent enfin de quoi ils parlent, aient une classe en responsabilité, jamais le même niveau (de la 6ème à la 2ème année de prépa / de BTS), jamais le même établissement. Ça aurait peut-être le mérite de rendre certains discours acceptables.  

Absolument. Un collègue me racontait qu'au Maroc, les professeurs sont inspectés tous les ans. En contrepartie, les inspecteurs gardent au moins une classe et les enseignants peuvent assister à des cours de ces inspecteurs.

Pierre-Henri a écrit:"Oui monsieur l'inspecteur, vous êtes brillant, monsieur l'inspecteur, vos vues sont pénétrantes, monsieur l'inspecteur, si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le phénix des hôtes de ce rectorat."

Et dès qu'il a tourné le coin de la rue, on l'oublie.

:lol:

Malaga a écrit:

Jane a écrit:Je ne sais pas à quoi ils servent, j'en ai vu trop peu souvent.  En 17 ans, deux inspections, mais avec la même personne. Le peu que j'ai pu en voir, néanmoins, me laisse à penser qu'ils ne servent pas à grand chose. Mes inspections se sont fort bien passées, mais à part avoir quelques points de plus, ne m'ont servi à rien. Outre le fait que soumettre son avancée salariale au passage de l'inspecteur me semble à la limite de l'inacceptable, les parodies de cours auxquels ils assistent, leur supposée bienveillance, leurs conseils doucereux, tout cela ne vaut pas grand chose. Je serais pour que les inspecteurs, afin qu'ils sachent enfin de quoi ils parlent, aient une classe en responsabilité, jamais le même niveau (de la 6ème à la 2ème année de prépa / de BTS), jamais le même établissement. Ça aurait peut-être le mérite de rendre certains discours acceptables.  

Absolument. Un collègue me racontait qu'au Maroc, les professeurs sont inspectés tous les ans. En contrepartie, les inspecteurs gardent au moins une classe et les enseignants peuvent assister à des cours de ces inspecteurs.

Ici, on peut toujours rêver...

Paratge a écrit:

Pseudo a écrit:Grand dieu, mais un nombre considérable de jobs ne servent strictement qu'à fournir un salaire au titulaire du poste. S'il fallait supprimer tout ces jobs (ce serait un bienfait pour tout le monde), il faudrait revoir la façon de redistribuer les ressources, et ce n'est pas encore au programme.

Il est souvent vrai que plus haut rang et salaire plus élevé vont souvent de pair avec travailler plus dur. Dans l’Éducation nationale, où il n’y a pas de travail plus dur que l’enseignement avec des élèves, c’est exactement le contraire qui est vrai. En fait, il n’est pas du tout absurde d’imaginer une école parfaitement magnifique où il n’y aurait seulement que des enseignants et une personne à tout faire intelligente et travailleuse et pouvant aussi taper avec ses dix doigts. D’autre part, pensez un instant à l’École vers laquelle, comme toutes les statistiques le suggèrent, nous sommes en train d’aller, une École composée presque entièrement d’administrateurs et de leurs propres « services de soutien ».

Dans une telle École, nous verrions clairement ce que nous ne pouvons maintenant voir qu’obscurément, à travers le verre dépoli des réformes gouvernementales et du dogme pédagogiste : la quasi-totalité du travail effectué par ceux qui sont au-dessus du rang de professeur est artificiel de sorte qu’il puisse y avoir plus d’employés. C’est ainsi que beaucoup du travail administratif effectué dans les écoles n’a pas pour but d’effectuer un travail, au sens où un physicien utiliserait ce terme, mais seulement d’occuper le temps et de justifier l’existence d’un poste administratif.

Travailler dur, surement, mais ça ne veut pas dire que ce travaille serve à quoi que ce soit. A mon avis, plus on monte l'échelle sociale moins le travail est utile et productif. Un cadre passe 3/4 de son temps à remplir des reportings et faire des dossiers et rapport qui ne servent à rien, ne produise rien, ne rendent service à personne.
Un ami a quitté son travail de cadre dans l'informatique en plein burn out, où il travaillait jusqu'à 18h00 par jour en cas de rush à faire des trucs qui étaient mis à la poubelle régulièrement, pour se reconvertir dans un job où il se sent enfin utile (mais en bas de l'échelle et payé moitié moins).

Je fais le même constat, dernière inspection:
- Collégiens sympa mais faibles: leur niveau est de ma faute, je ne les pousse pas assez (leur bon comportement n'est évidemment pas dû à ma gestion de classe) car oui, il faut faire en LV2 en 2 ans ce qu'on fait en LV1 en 4 ans.
- Pas assez de participation: le cours ne les motive pas encore assez (il voulait que toute la classe lève la main à chaque question)
- Activité pas assez rapide: les élèves ne se sont pas assez exprimés, n'ont pas assez intériorises le cours
- ensuite, 20 minutes de blabla technique sur une activité qui a duré 2 minutes pendant l'heure (car l'inspecteur en question est spécialisé en linguistique et il m'a exposé ses recherches)
- ma question sur l'évolution de ma carrière: zéro réponse
- muter avec l'agrég sur un poste de lycée: rire (euh?) ... "attendez encore 10 a 15 ans" et "restez plutôt au collège, vous seriez plus tranquille ici"

au revoir...

Ce que je trouve drôle: Je les trouvais super ce jour là, ils ont presque tout trouvé et on a bâclé la séance avec une belle progression. Leur accent en LV était évidemment pas comparable à une prononciation d'un natif mais quoi attendre après 1,5 ans d'apprentissage en LV2. Je ne suis pas francophone et j'ai toujours un accent en français...

Rapport positif au final, avec des choses qu'il n'a pas vu, rempli des choses que le CDE a dû lui dire (est-ce qu'il aurait mis aussi des choses négatives juste parce qu'on lui a raconté?)

Je ne dis pas que ce n'est pas utile mais je trouve qu'ils devraient retrouver leur fonction d'aide et de conseiller pédagogique et de carrière...

Pour tempérer les choses, j'ai une inspectrice qui a une approche intéressante de son travail - discuter avec elle sur la manière de faire cours m'a donné des idées auxquelles je n'aurais pas pensé - et qui essaie de donner une dynamique à la discipline en mobilisant les ressources des collègues ; mais je reconnais qu'elle doit trancher par rapport aux autres IPR.

macassa a écrit:Même si ces inspecteurs ne font que passer, même si on oublie leur passage dès le cours suivant, c'est quand même très énervant de devoir assister à une " parodie" d'entretien-conseil où on est obligés de les écouter nous sortir de telles absurdités !!

Encore moi, j'ai de la bouteille mais comme ça doit être difficile pour les nouveaux collègues, jeunes ou moins jeunes, débutant dans ce métier de devoir supporter ces pseudo conseils !!!

Oui enfin ce n'est pas nouveau hein, ça fait quand même longtemps que c'est comme ça !

Ruthven a écrit:Pour tempérer les choses, j'ai une inspectrice qui a une approche intéressante de son travail - discuter avec elle sur la manière de faire cours m'a donné des idées auxquelles je n'aurais pas pensé - et qui essaie de donner une dynamique à la discipline en mobilisant les ressources des collègues ; mais je reconnais qu'elle doit trancher par rapport aux autres IPR.

Il existe effectivement des inspecteurs/inspectrices qui sortent du lot. Certains sont bien conscients de notre quotidien dans les classes.

Arrêtez je stresse, suis inspectée cette semaine, dans le tertiaire aussi mais en lycée techno. Je teste une nouvelle pédagogie avec eux, j'espère que l'inspecteur va aimer...

J'ai souvent entendu que sans inspecteurs, les professeurs se retrouveraient sous la coupe directe des chefs d'établissement. Cela m'avait convaincu. Déjà qu'on commence à entendre des choses du genre "votre moyenne est inférieure de 1 pt par rapport aux résultats de l'examen, c'est un problème. Si j'étais inspecteur, je serais mécontent". L'inspecteur, lui, il est loin.

Ruthven a écrit:Pour tempérer les choses, j'ai une inspectrice qui a une approche intéressante de son travail - discuter avec elle sur la manière de faire cours m'a donné des idées auxquelles je n'aurais pas pensé - et qui essaie de donner une dynamique à la discipline en mobilisant les ressources des collègues ; mais je reconnais qu'elle doit trancher par rapport aux autres IPR.

Tu en as tout autant en discutant avec des collègues chevronnés. 

Le hic, c'est que l'accumulation des injonctions finit par tuer toute envie de discuter pédagogie avec les collègues.  En salle des profs on se demande comment appliquer la dernière réforme ou comment y résister.  On se demande très peu ce qui serait utile aux élèves.  On ne peut pas tout faire... 

Ils peuvent aussi nous défendre face à des CDE mal intentionnés.

Bolzano a écrit:J'ai souvent entendu que sans inspecteurs, les professeurs se retrouveraient sous la coupe directe des chefs d'établissement. Cela m'avait convaincu. Déjà qu'on commence à entendre des choses du genre "votre moyenne est inférieure de 1 pt par rapport aux résultats de l'examen, c'est un problème. Si j'étais inspecteur, je serais mécontent". L'inspecteur, lui, il est loin.

Oui, mais quand il vient, il peut faire du dégât. 

Il est normal de rendre des comptes. Pour un professeur comme pour n'importe quel travailleur.
Le problème, c'est de savoir comment on peut articuler la liberté pédagogique du professeur et sa responsabilité. Le système actuel c'est l'incohérence institutionnalisée. D'un côté beaucoup trop de règles et la quasi-certitude d'être un jour désavoué,  même si tu es consciencieux et efficace. De l'autre,  aucun contrôle de l'efficacité des pédagogies et de l'adaptation des mesures aux réalités du terrain. Des écoles indignes peuvent se maintenir indéfiniment. Les programmes, pas si mauvais, sont encombrés de considérations tatillonnes, mais on n'est jamais sûr qu'ils ont réellement été mis en oeuvre. 

 Tout ça encourage la fraude et la ruse. Le système n'est plus supportable que par ses failles.
C'est un mauvais système.