Selon Eric Conan (Marianne), un tiers des élèves de 6eme ne maîtriserait pas le français : Info ou intox ?

En classe de 6ème, plus d'un tiers des élèves ne maitrisent pas le français.

http://www.marianne.net/Vincent-Peillon-se-trompe-t-il-de-methode_a235138.html

Je ne trouve pas la source de cette information : l'avez-vous déjà lue ailleurs ?

Cette statistique correspond-elle à votre ressenti ?

Ce sont les chiffres de la DEP non ?

J'ai trouvé le chiffre de 20% en 2011.

Mais pas plus d'un tiers (ou alors en ne prenant que les ZEP, mais dans ce cas -là la formulation de la phrase dans l'article d'E. Conan n'est pas suffisamment claire) :
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/fporsoc11l_d1_eleves.pdf

Mon ressenti en seconde est bien plus important. Enfin, tout dépend bien sûr de ce qu'on appelle "maîtriser le français"... Ils savent se pourrir sur FB et commander un kebab. Mais ils me demandent ce qu'est un balcon, la suie, ce que veut dire "tout un chacun"...

Je trouve aussi que c'est plutôt optimiste. Pour beaucoup de mes anciens élèves la notion de mots transparents était régulièrement opaque. Plus grave, depuis quelque temps l'absence parfois totale de maîtrise (voire de conscience) de la syntaxe s'ajoute aux difficultés lexicales.

Mon ressenti se rapproche des 70% et encore suis sympa car objectivement, tous les ans, j'en ai qu'un ou deux par classe qui savent vraiment lire,écrire et parler.

Ces statistiques sont plus optimistes que mon constat de terrain.

Je trouve qu'il y a très peu d'élèves qui s'expriment correctement à l'oral et à l'écrit et encore moins qui utilisent un vocabulaire riche et précis.

La situation au niveau de la maîtrise de la langue française est catastrophique, et ce à tous les niveaux d'enseignement.

Et encore une fois, ce n'est pas un ressenti mais un constat.

Chocolat a écrit:Ces statistiques sont plus optimistes que mon constat de terrain.

Je trouve qu'il y a très peu d'élèves qui s'expriment correctement à l'oral et à l'écrit et encore moins qui utilisent un vocabulaire riche et précis.

La situation au niveau de la maîtrise de la langue française est catastrophique, et ce à tous les niveaux d'enseignement.

Et encore une fois, ce n'est pas un ressenti mais un constat.

+1 c'est déprimant car malgré notre boulot faramineux les "résultats" semblent vains.

yogi a écrit:

+1 c'est déprimant car malgré notre boulot faramineux les "résultats" semblent vains.

Les résultats sont vains parce qu'il n'y a aucune continuité visible de ce travail faramineux. Du coup, les gamins ont l'impression de recommencer à zéro chaque année.
Par ailleurs, nos exigences sont tellement éloignées de ce qu'ils connaissent, voient et vivent tous les jours, et tellement éloignées des exigences réelles de l'espace public que la nécessité de faire des efforts en la matière ne va pas de soi.
Tous leurs "modèles" de "réussite" passent actuellement par la case "notoriété" et "argent" ; exclusivement, et peu importe le reste ; et il faut reconnaître que le reste est généralement catastrophique...

dandelion a écrit:Je trouve aussi que c'est plutôt optimiste. Pour beaucoup de mes anciens élèves la notion de mots transparents était régulièrement opaque. Plus grave, depuis quelque temps l'absence parfois totale de maîtrise (voire de conscience) de la syntaxe s'ajoute aux difficultés lexicales.

J'ai un vrai problème avec ça!!! en LV.
Quand je souhaite/ ou dois travailler sur les mots transparents d'une langue à l'autre, j'ai régulièrement le problème que le mot n'est déjà pas transparent du tout pour l'élève en français!
Du coup, travailler le lexique en allemand devient parfois une activité surréaliste.

Totalement d'accord avec vous.
Si les deux tiers de mes élèves maîtrisaient le français, ce serait Byzance!


Dans certaines classes il faut expliquer les notions de base: sujet-verbe-complément. Passé-présent-futur.
  

philann a écrit:

dandelion a écrit:Je trouve aussi que c'est plutôt optimiste. Pour beaucoup de mes anciens élèves la notion de mots transparents était régulièrement opaque. Plus grave, depuis quelque temps l'absence parfois totale de maîtrise (voire de conscience) de la syntaxe s'ajoute aux difficultés lexicales.

J'ai un vrai problème avec ça!!! en LV.
Quand je souhaite/ ou dois travailler sur les mots transparents d'une langue à l'autre, j'ai régulièrement le problème que le mot n'est déjà pas transparent du tout pour l'élève en français!
Du coup, travailler le lexique en allemand devient parfois une activité surréaliste.

Aussi surréaliste que d'apprendre les bases de l'anglais aux choupinets qui ne maîtrisent pas le français. CQFD.   

Chocolat a écrit:Tous leurs "modèles" de "réussite" passent actuellement par la case "notoriété" et "argent" ; exclusivement

Va falloir intégrer le modèle du footballeur brésilien :diable:

 :sorciere: :lol!: 

C'est difficile de donner un critère de la « maîtrise » qui ait une chance de mettre d'accord.

Si l'on prenait comme critère « écrire une page sans faute », par exemple, il faudrait admettre que les élèves de Terminale qui maîtrisent, en ce sens-là, la langue, sont une petite minorité.

Non seulement les copies que je corrige ne sont que très rarement impeccables sur le plan linguistique (j'en rencontre moins d'une par an, correction de baccalauréat comprise), mais je pense que je peux dire que rencontrer une page manuscrite entière sans faute est presque aussi rare.

Après, il faut bien sûr donner un critère beaucoup plus souple de ce que c'est que « maîtriser », j'imagine, si l'on veut rendre justice à l'intention du propos initial.

Cela ne m'étonne pas en tout cas...  

Ce qui me sidère, aussi, c'est le grand écart qui existe aujourd'hui entre deux élèves de même génération, au chapitre maîtrise de la langue française.
A force de vouloir donner le bac à tout le monde, on se retrouve devant des situations totalement ahurissantes.

Qq'un qui est incapable de s'exprimer correctement dans sa propre langue n'a pas à obtenir le bac, point barre !
Il faut arrêter ce massacre, ou alors cet examen n'aura plus aucune valeur, et ce serait dommage pour celles et ceux qui le méritent réellement.

Celadon a écrit:
Aussi surréaliste que d'apprendre les bases de l'anglais aux choupinets qui ne maîtrisent pas le français. CQFD.   

   Même combat!!

Cripure a écrit:

Chocolat a écrit:Tous leurs "modèles" de "réussite" passent actuellement par la case "notoriété" et "argent" ; exclusivement

Va falloir intégrer le modèle du footballeur brésilien :diable:

  

PY: Personnellement je me contenterais d'élèves de 3eme qui lorsque je parle en français, ne me demandent pas régulièrement "Madame ça veut dire quoi X ?", des élèves qui distingueraient "tu" et "vous", des élèves qui n'utiliseraient quotidiennement plus de 300 mots (en enlevant tout ce qui n'est pas français...)

Mais là l'école n'est pas la seule responsable...combien d'enfants parlent-ils ou dinent-ils avec leurs parents ?

Je vous renvoie à mon propre article sur LVM (avec les sources précises), repris peu après par "Marianne".

Loys a écrit:Quiconque enseigne peut s’en rendre compte : les difficultés des élèves sont croissantes en français, à commencer par la lecture elle-même. Pour s'en convaincre autrement qu'au doigt mouillé, quelques statistiques officielles, même si certains continuent de penser que « le niveau monte » :

• 12% des élèves entrant en 6e ne savent pas bien associer les lettres et les sons.
  
• 40% des élèves entrant en 6e, parce qu’ils ne sont pas assez entraînés à la lecture, ne peuvent utiliser le contenu de manuels scolaires. 15% connaissent même des difficultés de lecture sévères ou très sévères.
  
• Le nombre d’élèves de primaire en très grande difficulté en lecture a doublé en vingt ans. Même l'historien de l'école Antoine Prost, pourtant réformiste engagé, en convient : « Le niveau baisse : cette fois-ci c'est vrai ! »
  
• 7% des élèves de 15-16 ans n’ont pas le niveau primaire en compréhension de l’écrit à l’issue de la scolarité obligatoire. Mais les difficultés de compréhension touchent à des degrés divers presque tous les élèves.
  

Luigi_B a écrit:Je vous renvoie à mon propre article sur LVM (avec les sources précises), repris peu après par "Marianne".

Loys a écrit:Quiconque enseigne peut s’en rendre compte : les difficultés des élèves sont croissantes en français, à commencer par la lecture elle-même. Pour s'en convaincre autrement qu'au doigt mouillé, quelques statistiques officielles, même si certains continuent de penser que « le niveau monte » :

• 12% des élèves entrant en 6e ne savent pas bien associer les lettres et les sons.
  
• 40% des élèves entrant en 6e, parce qu’ils ne sont pas assez entraînés à la lecture, ne peuvent utiliser le contenu de manuels scolaires. 15% connaissent même des difficultés de lecture sévères ou très sévères.
  
• Le nombre d’élèves de primaire en très grande difficulté en lecture a doublé en vingt ans. Même l'historien de l'école Antoine Prost, pourtant réformiste engagé, en convient : « Le niveau baisse : cette fois-ci c'est vrai ! »
  
• 7% des élèves de 15-16 ans n’ont pas le niveau primaire en compréhension de l’écrit à l’issue de la scolarité obligatoire. Mais les difficultés de compréhension touchent à des degrés divers presque tous les élèves.
  

Ça, c'est gravissime !

Cripure a écrit:Mon ressenti en seconde est bien plus important. Enfin, tout dépend bien sûr de ce qu'on appelle "maîtriser le français"... Ils savent se pourrir sur FB et commander un kebab. Mais ils me demandent ce qu'est un balcon, la suie, ce que veut dire "tout un chacun"...

orfèvre, fourreur :shock: 

Houla, mais c'est l'ENA, là

J'ai régulièrement des élèves qui rédigent des copies dont le contenu, charabiantesque, n'a pas le moindre sens

cela ne m'étonne pas. en lycée (certes avec un public issu de collèges ZEP) la maîtrise de la lecture n'est pas toujours bien acquise chez certains. !
Les explications : les horaires de français en baisse à l'école primaire, peu de lecteurs (lorsque j'avais leur âge, je dévorais les livres alors qu'ils passent leur temps devant la télé à regarder des séries débiles) et j'en passe....

John a écrit:

En classe de 6ème, plus d'un tiers des élèves ne maitrisent pas le français.

http://www.marianne.net/Vincent-Peillon-se-trompe-t-il-de-methode_a235138.html
Cette statistique correspond-elle à votre ressenti ?

Tout dépend ce que l'on entend par "maîtriser" le français. Si c'est pour se débrouiller au quotidien, faire ses courses, remplir des papiers, lire des panneaux indicateurs, etc, ils savent le faire. Si c'est pour être capable de lire couramment, avec fluidité, sans aucune accroche, en mettant l'intonation, au moins trois pages par jour d'un livre de littérature, sans que ça les fatigue, si c'est pour être capable de faire une rédaction ou une explication de texte d'une trentaine de lignes (pas une "production d'écrit") en trois parties bien apparentes, laissant apparaître un raisonnement structuré, et en commettant moins de cinq fautes, alors je dirais en gros que 80 % ne savent pas le faire. Mais cela peut varier avec les écoles.
Je suis instituteur depuis plus de trente ans, et je dirais que le niveau d'ensemble s'est fortement dégradé. Ayant débuté au début des années 80, j'ai eu le sentiment d'un effondrement aux alentours des années 2000. J'arrive à le situer au moment où les anciens instituteurs, qui avaient été formés dans les années 60, et qui m'ont tout appris, sont partis à la retraite (l'École normale puis les IUFM que j'ai connus étaient déjà une calamité).
Il faut savoir que dès mon entrée au collège unique en 1969, venant d'une école socialement mélangée - moi même étant issu de l'immigration - on s'est mis à travailler avec le Lagarde et Michard, c'est le seul manuel de français que j'ai connu jusqu'au baccalauréat. Ceux qui connaissent le "Lagarde et Michard" comprendront de quoi je parle...