- ChocolatGuide spirituel
Luigi_B a écrit:Moi aussi, mais on trouve chez Baudelaire des poèmes beaucoup plus désespérants et mortifères, tu en conviendras.Chocolat a écrit:Luigi_B a écrit:La beauté des vers, voilà ce qui illumine...
Perso, cela ne me suffit pas, chez Hugo...
Je préfère Baudelaire, Blake ou Wordsworth ; et de loin.
Oui, mais l'idée de les proposer à mes élèves ne me viendrait pas.
- NestyaEsprit sacré
V.Marchais a écrit:Je n'ai jamais trouvé ça triste, le carpe diem, surtout pas entre 15 et 17 ans.
+1 Même avec des collégiens, ça passe très bien.
Anecdote qui date de vendredi: une de mes 3èmes dont la soeur passe le bac "Madame, il était trop beau, le texte de Victor Hugo qui est tombé au bac, vous croyez que ça peut tomber au brevet?".
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"Attendre et espérer."
Alexandre Dumas
- User5899Demi-dieu
Allez, l'an prochain, je propose ça.Chocolat a écrit:Luigi_B a écrit:Pour ma part la lecture de ce poème, mercredi, a illuminé ma morne matinée de surveillance.
Redonnons-le quand même.
[...]
Nous sommes invités à aimer sous le signe du désespoir et la mort domine l'intégralité du poème.
Je ne comprends pas comment un poème aussi sombre puisse illuminer quoi que ce soit, mais nous allons dire que c'est une question de sensibilité personnelle.
Je préfère :
Bêtise de la guerre
Ouvrière sans yeux, Pénélope imbécile,
Berceuse du chaos où le néant oscille,
Guerre, ô guerre occupée au choc des escadrons,
Toute pleine du bruit furieux des clairons,
Ô buveuse de sang, qui, farouche, flétrie,
Hideuse, entraîne l’homme en cette ivrognerie,
Nuée où le destin se déforme, où Dieu fuit,
Où flotte une clarté plus noire que la nuit,
Folle immense, de vent et de foudres armée,
A quoi sers-tu, géante, à quoi sers-tu, fumée,
Si tes écroulements reconstruisent le mal,
Si pour le bestial tu chasses l’animal,
Si tu ne sais, dans l’ombre où ton hasard se vautre,
Défaire un empereur que pour en faire un autre ?
Victor Hugo
Soleils couchants
J’aime les soirs sereins et beaux, j’aime les soirs,
Soit qu’ils dorent le front des antiques manoirs
Ensevelis dans les feuillages ;
Soit que la brume au loin s’allonge en bancs de feu ;
Soit que mille rayons brisent dans un ciel bleu
A des archipels de nuages.
Oh ! regardez le ciel ! cent nuages mouvants,
Amoncelés là-haut sous le souffle des vents,
Groupent leurs formes inconnues ;
Sous leurs flots par moments flamboie un pâle éclair.
Comme si tout à coup quelque géant de l’air
Tirait son glaive dans les nues.
Le soleil, à travers leurs ombres, brille encor ;
Tantôt fait, à l’égal des larges dômes d’or,
Luire le toit d’une chaumière ;
Ou dispute aux brouillards les vagues horizons ;
Ou découpe, en tombant sur les sombres gazons,
Comme de grands lacs de lumière.
Puis voilà qu’on croit voir, dans le ciel balayé,
Pendre un grand crocodile au dos large et rayé,
Aux trois rangs de dents acérées ;
Sous son ventre plombé glisse un rayon du soir ;
Cent nuages ardents luisent sous son flanc noir
Comme des écailles dorées.
Puis se dresse un palais. Puis l’air tremble, et tout fuit.
L’édifice effrayant des nuages détruit
S’écroule en ruines pressées ;
Il jonche au loin le ciel, et ses cônes vermeils
Pendent, la pointe en bas, sur nos têtes, pareils
A des montagnes renversées.
Ces nuages de plomb, d’or, de cuivre, de fer,
Où l’ouragan, la trombe, et la foudre, et l’enfer
Dorment avec de sourds murmures,
C’est Dieu qui les suspend en foule aux cieux profonds,
Comme un guerrier qui pend aux poutres des plafonds
Ses retentissantes armures.
Tout s’en va ! Le soleil, d’en haut précipité,
Comme un globe d’airain qui, rouge, est rejeté
Dans les fournaises remuées,
En tombant sur leurs flots que son choc désunit
Fait en flocons de feu jaillir jusqu’au zénith
L’ardente écume des nuées.
Oh ! contemplez le ciel ! et dès qu’a fui le jour,
En tout temps, en tout lieu, d’un ineffable amour,
Regardez à travers ses voiles ;
Un mystère est au fond de leur grave beauté,
L’hiver, quand ils sont noirs comme un linceul, l’été,
Quand la nuit les brode d’étoiles.
Victor Hugo
Ultima verba
La conscience humaine est morte ; dans l’orgie,
Sur elle il s’accroupit ; ce cadavre lui plaît ;
Par moments, gai, vainqueur, la prunelle rougie,
Il se retourne et donne à la morte un soufflet.
La prostitution du juge est la ressource.
Les prêtres font frémir l’honnête homme éperdu ;
Dans le champ du potier ils déterrent la bourse ;
Sibour revend le Dieu que Judas a vendu.
Ils disent : - César règne, et le Dieu des armées
L’a fait son élu. Peuple, obéis, tu le dois ! -
Pendant qu’ils vont chantant, tenant leurs mains fermées,
On voit le sequin d’or qui passe entre leurs doigts.
Oh ! tant qu’on le verra trôner, ce gueux, ce prince,
Par le pape béni, monarque malandrin,
Dans une main le sceptre et dans l’autre la pince,
Charlemagne taillé par Satan dans Mandrin ;
Tant qu’il se vautrera, broyant dans ses mâchoires
Le serment, la vertu, l’honneur religieux,
Ivre, affreux, vomissant sa honte sur nos gloires ;
Tant qu’on verra cela sous le soleil des cieux ;
Quand même grandirait l’abjection publique
À ce point d’adorer l’exécrable trompeur ;
Quand même l’Angleterre et même l’Amérique
Diraient à l’exilé : - Va-t’en ! nous avons peur !
Quand même nous serions comme la feuille morte ;
Quand, pour plaire à César, on nous renierait tous ;
Quand le proscrit devrait s’enfuir de porte en porte,
Aux hommes déchiré comme un haillon aux clous ;
Quand le désert, où Dieu contre l’homme proteste,
Bannirait les bannis, chasserait les chassés ;
Quand même, infâme aussi, lâche comme le reste,
Le tombeau jetterait dehors les trépassés ;
Je ne fléchirai pas ! Sans plainte dans la bouche,
Calme, le deuil au cœur, dédaignant le troupeau,
Je vous embrasserai dans mon exil farouche,
Patrie, ô mon autel ! Liberté, mon drapeau !
Mes nobles compagnons, je garde votre culte ;
Bannis, la République est là qui nous unit.
J’attacherai la gloire à tout ce qu’on insulte ;
Je jetterai l’opprobre à tout ce qu’on bénit !
Je serai, sous le sac de cendre qui me couvre,
La voix qui dit : malheur ! la bouche qui dit : non !
Tandis que tes valets te montreront ton Louvre,
Moi, je te montrerai, César, ton cabanon.
Devant les trahisons et les têtes courbées,
Je croiserai les bras, indigné, mais serein.
Sombre fidélité pour les choses tombées,
Sois ma force et ma joie et mon pilier d’airain !
Oui, tant qu’il sera là, qu’on cède ou qu’on persiste,
Ô France ! France aimée et qu’on pleure toujours,
Je ne reverrai pas ta terre douce et triste,
Tombeau de mes aïeux et nid de mes amours !
Je ne reverrai pas ta rive qui nous tente,
France ! hors le devoir, hélas ! j’oublierai tout.
Parmi les éprouvés je planterai ma tente :
Je resterai proscrit, voulant rester debout.
J’accepte l’âpre exil, n’eût-il ni fin ni terme,
Sans chercher à savoir et sans considérer
Si quelqu’un a plié qu’on aurait cru plus ferme,
Et si plusieurs s’en vont qui devraient demeurer.
Si l’on n’est plus que mille, eh bien, j’en suis ! Si même
Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ;
S’il en demeure dix, je serai le dixième ;
Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là !
Victor Hugo
Voyons, d’où vient le verbe ? Et d’où viennent les langues ?
Voyons, d’où vient le verbe ? Et d’où viennent les langues ?
De qui tiens-tu les mots dont tu fais tes harangues ?
Écriture, Alphabet, d’où tout cela vient-il ?
Réponds.
Platon voit l’I sortir de l’air subtil ;
Messène emprunte l’M aux boucliers du Mède ;
La grue offre en volant l’Y à Palamède ;
Entre les dents du chien Perse voit grincer l’R ;
Le Z à Prométhée apparaît dans l’éclair ;
L’O, c’est l’éternité, serpent qui mord sa queue ;
L’S et l’F et le G sont dans la voûte bleue,
Des nuages confus gestes aériens ;
Querelle à ce sujet chez les grammairiens :
Le D, c’est le triangle où Dieu pour Job se lève ;
Le T, croix sombre, effare Ézéchiel en rêve ;
Soit ; crois-tu le problème éclairci maintenant ?
Triptolème, a-t-il fait tomber, en moissonnant,
Les mots avec les blés au tranchant de sa serpe ?
Le grec est-il éclos sur les lèvres d’Euterpe ?
L’hébreu vient-il d’Adam ? le celte d’Irmensul ?
Dispute, si tu veux ! Le certain, c’est que nul
Ne connaît le maçon qui posa sur le vide,
Dans la direction de l’idéal splendide,
Les lettres de l’antique alphabet, ces degrés
Par où l’esprit humain monte aux sommets sacrés,
Ces vingt-cinq marches d’or de l’escalier Pensée.
Eh bien, juge à présent. Pauvre argile insensée,
Homme, ombre, tu n’as point ton explication ;
L’homme pour l’oeil humain n’est qu’une vision ;
Quand tu veux remonter de ta langue à ton âme,
Savoir comment ce bruit se lie à cette gamme,
Néant. Ton propre fil en toi-même est rompu.
En toi, dans ton cerveau, tu n’as pas encor pu
Ouvrir ta propre énigme et ta propre fenêtre,
Tu ne te connais pas, et tu veux le connaître,
LUI ! Voyant sans regard, triste magicien,
Tu ne sais pas ton verbe et veux savoir le sien !
Victor Hugo
Premier mai
Tout conjugue le verbe aimer. Voici les roses.
Je ne suis pas en train de parler d’autres choses.
Premier mai ! l’amour gai, triste, brûlant, jaloux,
Fait soupirer les bois, les nids, les fleurs, les loups ;
L’arbre où j’ai, l’autre automne, écrit une devise,
La redit pour son compte et croit qu’il l’improvise ;
Les vieux antres pensifs, dont rit le geai moqueur,
Clignent leurs gros sourcils et font la bouche en coeur ;
L’atmosphère, embaumée et tendre, semble pleine
Des déclarations qu’au Printemps fait la plaine,
Et que l’herbe amoureuse adresse au ciel charmant.
A chaque pas du jour dans le bleu firmament,
La campagne éperdue, et toujours plus éprise,
Prodigue les senteurs, et dans la tiède brise
Envoie au renouveau ses baisers odorants ;
Tous ses bouquets, azurs, carmins, pourpres, safrans,
Dont l’haleine s’envole en murmurant : Je t’aime !
Sur le ravin, l’étang, le pré, le sillon même,
Font des taches partout de toutes les couleurs ;
Et, donnant les parfums, elle a gardé les fleurs ;
Comme si ses soupirs et ses tendres missives
Au mois de mai, qui rit dans les branches lascives,
Et tous les billets doux de son amour bavard,
Avaient laissé leur trace aux pages du buvard !
Les oiseaux dans les bois, molles voix étouffées,
Chantent des triolets et des rondeaux aux fées ;
Tout semble confier à l’ombre un doux secret ;
Tout aime, et tout l’avoue à voix basse ; on dirait
Qu’au nord, au sud brûlant, au couchant, à l’aurore,
La haie en fleur, le lierre et la source sonore,
Les monts, les champs, les lacs et les chênes mouvants,
Répètent un quatrain fait par les quatre vents.
Victor Hugo
Chocolat douceur
Chocolat Passion
Chocolat Chaleur
Chocolat tentation
Un bon dessert
Mais plein de vices
Loin d’être de couleur claire
Mais reste malgré tout un délice.
Et que dit-on du chocolat ?
Il apaise, il réconforte
Il amuse, il chatouille
Il te câline de toutes sortes
Et au fond de toi se fouille
Que dit-on aussi du chocolat ?
Il procure des calories
Et sur ton corps, c’est bien vu
Il te cause des carries
Il passe pas inaperçu
Trouves-tu des ressemblances
Entre chocolat et passion
Trouves-tu des résonnances
Entre chocolat et tentation
Quand on en a, on en veut encore
On n’en a jamais assez
Quand on aime, on sent que s’est fort
D’où vient cette force, personne ne le sait
On le goûte… le chocolat
On la goûte…la passion
On en rêve… quand il ne vient pas
On l’attend… impatiemment
Poème chocolat
Tu mélanges rêve et tentation
Poème chocolat
Tu mêles un goût et des passions
Goûtez à nos poèmes
Goûtez nos sentiments
Goûtez, venez, on s’aime
On vous accueille, on vous comprend
- RobinFidèle du forum
Bon ben, je commence : Victor Hugo, c'est un écrivain français de la Renaissance, je crois. Il est né je sais pas trop où, parce que des places Victor Hugo, y'en a pas mal, alors je pense qu'il est assez célèbre. Voilà ce que peux vous dire sur l'auteur de ce poème. Si on compte bien, on a sept paragraphes de quatre vers et je sais comment ça s'appelle : des alexandrins (j'espère que vous me mettrez au moins un point pour ça). Le poète se promène au bord d'un étang. Il dit qu'il est mystérieux, je sais pas pourquoi. Près de chez moi, aussi, y'a un étang, mais je le trouve pas mystérieux. Y'a une vieille godasse , un vieux pneu et un vélo tout rouillé. Bon, ben un suaire, je sais c'que c'est pace qu'il y a une note : linceul, c'est-à-dire drap blanc qui enveloppe les défunts. Les moires, y disent que c'est les reflets changeants, mats ou brillants, de certains tissus. C'est pas bien gai tout ça ! Bon, alors Victor Hugo dit que l'étang frissonne, donc il a froid. Donc ça se passe en hiver, dans la forêt et il demande au lecteur s'il a vu Vénus. Vénus, ça doit être sa copine. Et il doit vraiment avoir du mal à la trouver passe qu'il pose la question plusieurs fois. Non, Victor, on n'a pas vu Vénus, ni dans la forêt, ni sur les collines. Peut-être qu'elle est en boîte ou qu'elle le trompe avec un autre ("êtes-vous des amants ?"). Bon, alors il dit que les sentiers bruns sont plein de blanches mousselines. Il compare la neige à de la purée mousseline. Et puis après, y a un truc vraiment bizarre. Victor Hugo, il a vécu sur une île déserte et il a fumé des trucs bizarres parce qu'il dit "L'herbe s'éveille et parle aux sépulcres dormants". Ça m'est arrivé moi aussi, mais franchement, j'ai pas éprouvé le besoin d'écrire un poème. Alors, il a l'air d'être vraiment parti dans un trip pass qu'il entend l'herbe parler aux "sépulcres" (la note dit que ça veut dire "tombeaux") et lui, il voudrait savoir ce qu'elle dit l'herbe : "Que dit-il le brin d'herbe ? et que répond la tombe ?" Donc d'abord il demande où est sa copine Vénus et maintenant il demande ce que dit l'herbe au tombeau. Mais là, il répond : "Aimez, vous qui vivez ! on a froid sous les ifs. Lèvre, cherche la bouche ! aimez-vous ! la nuit tombe..." Donc c'est l'hiver, il fait froid et il conseille aux amoureux de se serrer l'un contre l'autre et de faire des choses pour avoir moins froid. (Bon, ça fait déjà trois strophes !) Après il parle de Dieu qui conseille aux amoureux de s'aimer et de prier. Pour moi, c'est pas pareil. Peut-être qu'il faut s'excuser auprès de Dieu après avoir fait l'amour. Je sais pas. Truc de ouf ! Bon, alors après il dit que "les mortes d'aujourd'hui furent jadis les belles". Tiens, il faudra que je dise ça à ma copine, que le ver luisant tient un flambeau, que le vent fait tressaillir le brin d'herbe. L'herbe lui fait avoir des visions. Il voit aussi une chaumière et il entend le pas d'un gars qu'est fauché et il voit une étoile. C'est joli. Ça ressemble au calendrier des Postes. A la fin, il parle des fraises. Ça, je sais ce que c'est et il dit "c'est le mois où les fraises sont mûres", mais comme les fraises, aujourd'hui, on en trouve dans les supermarchés, je sais pas quel mois c'est. Et puis il parle de l'Ange du soir, sans doute un de ses copains et il le voit flotter dans le vent (son herbe, ça doit vraiment être de la bombe) et à la fin, c'est carrément gothique : il parle des baisers des morts vivants.
C'est bon ?
C'est bon ?
- Thalia de GMédiateur
Merci Robin
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- trompettemarineMonarque
Ah, s'est sa que sa voulé dire !
En fait, s'est come s'il avé fait passé un message !
En fait, s'est come s'il avé fait passé un message !
- Luigi_BGrand Maître
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- BalthazaardVénérable
moi j'ai bien vu "les philosophes de l'antiquité, Platon , Socrate, Sartre..."
- NLM76Grand Maître
Parce que vous pensez qu'un matheux, ça compte sur ses doigts ?Dhaiphi a écrit:Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont leur compte de pieds, ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes.nlm76 a écrit: En vers. La poésie, c'est un truc de matheux.
Léo Ferré, album Il n'y a plus rien.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- NLM76Grand Maître
Et alors ? Quel est le problème avec l'opacité ? Par exemple, début du poème en accusation :tango33 a écrit:nlm76 a écrit:Ah bon. J'ai eu un bac C, avec mes meilleures notes en sciences, et je préférais la poésie. En vers. La poésie, c'est un truc de matheux.Chocolat a écrit:Que l'on serve ça aux S au bac, c'est du n'importe quoi, compte tenu du fait que ces élèves préfèrent en général la littérature d'idées (et moi avec).
Et je dis cela alors que j'ai moi-même passé un bac scientifique ; par ailleurs, pour mon premier poste j'ai eu des S et des L et je me souviens très bien du fait que je ne pouvais absolument pas proposer de corpus ou de problématique identique des deux côtés.
J'ai fait S, je lis beaucoup, mais j'ai du mal avec la poésie. Cela reste très opaque pour moi. Surtout du Hugo, je préfère Baudelaire (si vraiment je dois en lire, mais à petite dose...).
J'aurais aimé du Zola au bac. Je ne sais plus ce qui était tombé lors de ma session.
"L'étang mystérieux, suaire aux blanches moires..."
(Suaire = étang) → étonnement; on superpose, à la lecture deux images (suaire*étang) où [suaire = drap (donc voile, donc vie cachée) + mort + sueur + Christ; étang = eau+ nature+ lieu de rdv amoureux] : opérer la multiplication et développer les sens produits par l'association des deux mots. Etc.
C'est dans un poème qu'une "explication" (dépliage) prend tout son sens.
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Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- ChocolatGuide spirituel
Cripure a écrit:
Allez, l'an prochain, je propose ça.
Chocolat douceur
Chocolat Passion
Chocolat Chaleur
Chocolat tentation
Un bon dessert
Mais plein de vices
Loin d’être de couleur claire
Mais reste malgré tout un délice.
Et que dit-on du chocolat ?
Il apaise, il réconforte
Il amuse, il chatouille
Il te câline de toutes sortes
Et au fond de toi se fouille
Que dit-on aussi du chocolat ?
Il procure des calories
Et sur ton corps, c’est bien vu
Il te cause des carries
Il passe pas inaperçu
Trouves-tu des ressemblances
Entre chocolat et passion
Trouves-tu des résonnances
Entre chocolat et tentation
Quand on en a, on en veut encore
On n’en a jamais assez
Quand on aime, on sent que s’est fort
D’où vient cette force, personne ne le sait
On le goûte… le chocolat
On la goûte…la passion
On en rêve… quand il ne vient pas
On l’attend… impatiemment
Poème chocolat
Tu mélanges rêve et tentation
Poème chocolat
Tu mêles un goût et des passions
Goûtez à nos poèmes
Goûtez nos sentiments
Goûtez, venez, on s’aime
On vous accueille, on vous comprend
Pffff, adieu !!!
Puis tu sais quoi ? Mes copies de bac, c'est toi qui les corrigeras, na !
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- SphinxProphète
Balthazaard a écrit:salut
HS j'ai pas lu tout le fil (flemme et refus de l'énervement un we)
"Je hais vigoureusement Bernanos"...quand même....
On a tous des auteurs qui nous parlent plus que d'autres, c'est naturel. Lui me parle fort peu. Je te rassure, j'ai eu quinze à la dissertation sur Sous le Soleil de Satan, ce qui prouve que ma détestation ne m'aveugle pas
Balthazaard a écrit:"Bernanos, auteur élitiste" vraiment? ça me semble le contraire
Là, je crois que tu m'as lue un peu trop en diagonale.
- User5899Demi-dieu
Rhôôô, Maman !
Et merci Robin Avec de l'indulgente bienveillance, ça va bien chercher dans les 15.
Et d'ailleurs, au fond, il n'est pas inintéressant, votre travail, pour que nous nous représentions ce qu'en effet, un texte classique peut signifier à quelqu'un d'ignorant des codes. Le problème, c'est que les codes, nous devons les fournir, et que personne ne les a eus avec son biberon.
Autant dire que je demeure circonspect quant aux tweetclasses...
Et merci Robin Avec de l'indulgente bienveillance, ça va bien chercher dans les 15.
Et d'ailleurs, au fond, il n'est pas inintéressant, votre travail, pour que nous nous représentions ce qu'en effet, un texte classique peut signifier à quelqu'un d'ignorant des codes. Le problème, c'est que les codes, nous devons les fournir, et que personne ne les a eus avec son biberon.
Autant dire que je demeure circonspect quant aux tweetclasses...
- Elle aimeExpert
Robin a écrit:Bon ben, je commence : Victor Hugo, c'est un écrivain français de la Renaissance, je crois. Il est né je sais pas trop où, parce que des places Victor Hugo, y'en a pas mal, alors je pense qu'il est assez célèbre. Voilà ce que peux vous dire sur l'auteur de ce poème. Si on compte bien, on a sept paragraphes de quatre vers et je sais comment ça s'appelle : des alexandrins (j'espère que vous me mettrez au moins un point pour ça). Le poète se promène au bord d'un étang. Il dit qu'il est mystérieux, je sais pas pourquoi. Près de chez moi, aussi, y'a un étang, mais je le trouve pas mystérieux. Y'a une vieille godasse , un vieux pneu et un vélo tout rouillé. Bon, ben un suaire, je sais c'que c'est pace qu'il y a une note : linceul, c'est-à-dire drap blanc qui enveloppe les défunts. Les moires, y disent que c'est les reflets changeants, mats ou brillants, de certains tissus. C'est pas bien gai tout ça ! Bon, alors Victor Hugo dit que l'étang frissonne, donc il a froid. Donc ça se passe en hiver, dans la forêt et il demande au lecteur s'il a vu Vénus. Vénus, ça doit être sa copine. Et il doit vraiment avoir du mal à la trouver passe qu'il pose la question plusieurs fois. Non, Victor, on n'a pas vu Vénus, ni dans la forêt, ni sur les collines. Peut-être qu'elle est en boîte ou qu'elle le trompe avec un autre ("êtes-vous des amants ?"). Bon, alors il dit que les sentiers bruns sont plein de blanches mousselines. Il compare la neige à de la purée mousseline. Et puis après, y a un truc vraiment bizarre. Victor Hugo, il a vécu sur une île déserte et il a fumé des trucs bizarres parce qu'il dit "L'herbe s'éveille et parle aux sépulcres dormants". Ça m'est arrivé moi aussi, mais franchement, j'ai pas éprouvé le besoin d'écrire un poème. Alors, il a l'air d'être vraiment parti dans un trip pass qu'il entend l'herbe parler aux "sépulcres" (la note dit que ça veut dire "tombeaux") et lui, il voudrait savoir ce qu'elle dit l'herbe : "Que dit-il le brin d'herbe ? et que répond la tombe ?" Donc d'abord il demande où est sa copine Vénus et maintenant il demande ce que dit l'herbe au tombeau. Mais là, il répond : "Aimez, vous qui vivez ! on a froid sous les ifs. Lèvre, cherche la bouche ! aimez-vous ! la nuit tombe..." Donc c'est l'hiver, il fait froid et il conseille aux amoureux de se serrer l'un contre l'autre et de faire des choses pour avoir moins froid. (Bon, ça fait déjà trois strophes !) Après il parle de Dieu qui conseille aux amoureux de s'aimer et de prier. Pour moi, c'est pas pareil. Peut-être qu'il faut s'excuser auprès de Dieu après avoir fait l'amour. Je sais pas. Truc de ouf ! Bon, alors après il dit que "les mortes d'aujourd'hui furent jadis les belles". Tiens, il faudra que je dise ça à ma copine, que le ver luisant tient un flambeau, que le vent fait tressaillir le brin d'herbe. L'herbe lui fait avoir des visions. Il voit aussi une chaumière et il entend le pas d'un gars qu'est fauché et il voit une étoile. C'est joli. Ça ressemble au calendrier des Postes. A la fin, il parle des fraises. Ça, je sais ce que c'est et il dit "c'est le mois où les fraises sont mûres", mais comme les fraises, aujourd'hui, on en trouve dans les supermarchés, je sais pas quel mois c'est. Et puis il parle de l'Ange du soir, sans doute un de ses copains et il le voit flotter dans le vent (son herbe, ça doit vraiment être de la forte) et à la fin, c'est carrément gothique : il parle des baisers des morts vivants.
C'est bon ?
Je regrette de ne pas avoir scanné une copie d'EAF de 2012. C'était du même tonneau.
- User5899Demi-dieu
Je ne sais pas comment vous faites, mais pour ma part, en classe, je l'écris dans le sujet. Les phrases du type "l'auteur dit que" entraînent 0, c'est comme jouer au foot avec les mains. On trouve autre chose comme démarche ou on rend feuille blanche.
- Luigi_BGrand Maître
L'auteur dit que c'est la Chandeleur, mais qu'il crève la misère, puisqu'il est question de "crépuscule" dans le titre.Robin a écrit:Donc d'abord il demande où est sa copine Vénus et maintenant il demande ce que dit l'herbe au tombeau. Mais là, il répond : "Aimez, vous qui vivez ! on a froid sous les ifs. Lèvre, cherche la bouche ! aimez-vous ! la nuit tombe..." Donc c'est l'hiver, il fait froid et il conseille aux amoureux de se serrer l'un contre l'autre et de faire des choses pour avoir moins froid. (Bon, ça fait déjà trois strophes !) Après il parle de Dieu qui conseille aux amoureux de s'aimer et de prier. Pour moi, c'est pas pareil. Peut-être qu'il faut s'excuser auprès de Dieu après avoir fait l'amour. Je sais pas. Truc de ouf ! Bon, alors après il dit que "les mortes d'aujourd'hui furent jadis les belles". Tiens, il faudra que je dise ça à ma copine, que le ver luisant tient un flambeau, que le vent fait tressaillir le brin d'herbe. L'herbe lui fait avoir des visions. Il voit aussi une chaumière et il entend le pas d'un gars qu'est fauché et il voit une étoile. C'est joli. Ça ressemble au calendrier des Postes. A la fin, il parle des fraises. Ça, je sais ce que c'est et il dit "c'est le mois où les fraises sont mûres", mais comme les fraises, aujourd'hui, on en trouve dans les supermarchés, je sais pas quel mois c'est.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- LeclochardEmpereur
Luigi_B a écrit:L'auteur dit que c'est la Chandeleur, mais qu'il crève la misère, puisqu'il est question de "crépuscule" dans le titre.Robin a écrit:Donc d'abord il demande où est sa copine Vénus et maintenant il demande ce que dit l'herbe au tombeau. Mais là, il répond : "Aimez, vous qui vivez ! on a froid sous les ifs. Lèvre, cherche la bouche ! aimez-vous ! la nuit tombe..." Donc c'est l'hiver, il fait froid et il conseille aux amoureux de se serrer l'un contre l'autre et de faire des choses pour avoir moins froid. (Bon, ça fait déjà trois strophes !) Après il parle de Dieu qui conseille aux amoureux de s'aimer et de prier. Pour moi, c'est pas pareil. Peut-être qu'il faut s'excuser auprès de Dieu après avoir fait l'amour. Je sais pas. Truc de ouf ! Bon, alors après il dit que "les mortes d'aujourd'hui furent jadis les belles". Tiens, il faudra que je dise ça à ma copine, que le ver luisant tient un flambeau, que le vent fait tressaillir le brin d'herbe. L'herbe lui fait avoir des visions. Il voit aussi une chaumière et il entend le pas d'un gars qu'est fauché et il voit une étoile. C'est joli. Ça ressemble au calendrier des Postes. A la fin, il parle des fraises. Ça, je sais ce que c'est et il dit "c'est le mois où les fraises sont mûres", mais comme les fraises, aujourd'hui, on en trouve dans les supermarchés, je sais pas quel mois c'est.
0/20.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- User5899Demi-dieu
'Xactement
Il s'agit d'être aussi stupidement borné qu'en sport : la paraphrase sera évitée telle le penalty
Il s'agit d'être aussi stupidement borné qu'en sport : la paraphrase sera évitée telle le penalty
- ChocolatGuide spirituel
Cripure a écrit:Je ne sais pas comment vous faites, mais pour ma part, en classe, je l'écris dans le sujet. Les phrases du type "l'auteur dit que" entraînent 0, c'est comme jouer au foot avec les mains. On trouve autre chose comme démarche ou on rend feuille blanche.
+1 !
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- tangoExpert spécialisé
Je n'ai pas dit que je ne comprenais pas mais que ca ne me donne pas d'émotions, en cela la poésie est opaque pour moi, je n'arrive pas à ressentir ce que je ressens pour d'autres genres littéraires. A quelques exceptions près.nlm76 a écrit:Et alors ? Quel est le problème avec l'opacité ? Par exemple, début du poème en accusation :tango33 a écrit:nlm76 a écrit:
Ah bon. J'ai eu un bac C, avec mes meilleures notes en sciences, et je préférais la poésie. En vers. La poésie, c'est un truc de matheux.
J'ai fait S, je lis beaucoup, mais j'ai du mal avec la poésie. Cela reste très opaque pour moi. Surtout du Hugo, je préfère Baudelaire (si vraiment je dois en lire, mais à petite dose...).
J'aurais aimé du Zola au bac. Je ne sais plus ce qui était tombé lors de ma session.
"L'étang mystérieux, suaire aux blanches moires..."
(Suaire = étang) → étonnement; on superpose, à la lecture deux images (suaire*étang) où [suaire = drap (donc voile, donc vie cachée) + mort + sueur + Christ; étang = eau+ nature+ lieu de rdv amoureux] : opérer la multiplication et développer les sens produits par l'association des deux mots. Etc.
C'est dans un poème qu'une "explication" (dépliage) prend tout son sens.
- tangoExpert spécialisé
+1Chocolat a écrit:Luigi_B a écrit:La beauté des vers, voilà ce qui illumine...Chocolat a écrit:Nous sommes invités à aimer sous le signe du désespoir et la mort domine l'intégralité du poème.Je ne comprends pas comment un poème aussi sombre puisse illuminer quoi que ce soit, mais nous allons dire que c'est une question de sensibilité personnelle.
Perso, cela ne me suffit pas, chez Hugo...
Je préfère Baudelaire, Blake ou Wordsworth ; et de loin.
- CatalunyaExpert spécialisé
il explique, il raconte, il n'omet pas le fait que, nombreux sont les subterfugesCripure a écrit:'Xactement
Il s'agit d'être aussi stupidement borné qu'en sport : la paraphrase sera évitée telle le penalty
- User5899Demi-dieu
Oh ne vous inquiétez pas, s'ils veulent jouer aux cons, ils ont un maître en faceCatalunya a écrit:il explique, il raconte, il n'omet pas le fait que, nombreux sont les subterfugesCripure a écrit:'Xactement
Il s'agit d'être aussi stupidement borné qu'en sport : la paraphrase sera évitée telle le penalty
- DhaiphiGrand sage
Je suis certain que vous êtes moins "premier degré" que vous voulez le laisser paraître.nlm76 a écrit:Parce que vous pensez qu'un matheux, ça compte sur ses doigts ?
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- ChocolatGuide spirituel
tango33 a écrit:Chocolat a écrit:Luigi_B a écrit:
La beauté des vers, voilà ce qui illumine...
Perso, cela ne me suffit pas, chez Hugo...
Je préfère Baudelaire, Blake ou Wordsworth ; et de loin.
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- Luigi_BGrand Maître
Je proteste contre mon 0/20, m'sieur Cripure. J'ai quand même fait un jeu de mot dans ma copie.
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