- henrietteMédiateur
Quel gâchis.
- doublecasquetteEnchanteur
atrium a écrit:Mais les parents pensent que la participation aux multiples activités annexes énoncées par Pablo, permet de mesurer l'implication du PE dans son travail. Au collège d'ailleurs, en tant que parent, je peux te dire que les profs qui ne jouent pas le jeu du "centre de loisir" se font mal voir.
La preuve, c'est que Peillon en a fait une condition sine qua non de réussite des élèves à l'école : plus de temps hebdomadaire dans les bâtiments mais moins de temps quotidien en classe. Vivent les animateurs de pâte à sel qui feront les bons élèves de demain, eux !
- ZorglubHabitué du forum
Qui peut me confirmer que ce problème est effectivement réussi par la majorité des élèves de CP de Singapour ?shepherd a écrit:Oui. Mais par exemple, avec seulement 5 heures de maths par semaine, il est impossible d'esperer atteindre le niveau de Singapour qui presuppose une lecture totalement courante en debut de CP. Exemple d'un probleme de maths d'examen de fin de CP de Singapour:
Il reste 20 dollars a Mary, qui a achete 6 bonbons de 20 cents chacun pour chacun de ses 5 amis. Combien Mary avait-elle d'argent avant l'achat des bonbons?
Paske, heu, moi, en fin de sixième je n'en suis pas certain.
D'ailleurs ça me donne envie de faire le test cet am et je vous donne les résultats par la suite.
- CeladonDemi-dieu
Déjà bien séquencer le segment chacun pour chacun...
- shepherdNiveau 4
Zorglub a écrit:Qui peut me confirmer que ce problème est effectivement réussi par la majorité des élèves de CP de Singapour ?shepherd a écrit:Oui. Mais par exemple, avec seulement 5 heures de maths par semaine, il est impossible d'esperer atteindre le niveau de Singapour qui presuppose une lecture totalement courante en debut de CP. Exemple d'un probleme de maths d'examen de fin de CP de Singapour:
Il reste 20 dollars a Mary, qui a achete 6 bonbons de 20 cents chacun pour chacun de ses 5 amis. Combien Mary avait-elle d'argent avant l'achat des bonbons?
Paske, heu, moi, en fin de sixième je n'en suis pas certain.
D'ailleurs ça me donne envie de faire le test cet am et je vous donne les résultats par la suite.
Je me pose exactement les memes questions quand je vois la difficulte et la longueur de l'examen annuel de fin de CP de Singapour. Reste que la question de l'interdiction des devoirs ecrits n'est curieusement jamais debattue. Or meme dans les pays les plus pedagogos, il y a des devoirs ecrits.
- Luigi_BGrand Maître
C'est faux : il est même question de l'étendre au secondaire !shepherd a écrit:Je me pose exactement les memes questions quand je vois la difficulte et la longueur de l'examen annuel de fin de CP de Singapour. Reste que la question de l'interdiction des devoirs ecrits n'est curieusement jamais debattue. Or meme dans les pays les plus pedagogos, il y a des devoirs ecrits.
http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20120927.AFP0276/la-fcpe-veut-arreter-les-notes-avant-le-lycee-les-devoirs-et-le-redoublement.html
_________________
LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- BoubousNiveau 6
La résolution d'un problèmes nécessitant plusieurs étapes et la manipulation de dollars et de cents dans un même problème ne sont pas au programme de CP à Singapour !Zorglub a écrit:Qui peut me confirmer que ce problème est effectivement réussi par la majorité des élèves de CP de Singapour ?shepherd a écrit:Oui. Mais par exemple, avec seulement 5 heures de maths par semaine, il est impossible d'esperer atteindre le niveau de Singapour qui presuppose une lecture totalement courante en debut de CP. Exemple d'un probleme de maths d'examen de fin de CP de Singapour:
Il reste 20 dollars a Mary, qui a achete 6 bonbons de 20 cents chacun pour chacun de ses 5 amis. Combien Mary avait-elle d'argent avant l'achat des bonbons?
Cf. page 34
http://www.moe.gov.sg/education/syllabuses/sciences/files/maths-primary-2013.pdf
- egometDoyen
Zorglub a écrit:Qui peut me confirmer que ce problème est effectivement réussi par la majorité des élèves de CP de Singapour ?shepherd a écrit:Oui. Mais par exemple, avec seulement 5 heures de maths par semaine, il est impossible d'esperer atteindre le niveau de Singapour qui presuppose une lecture totalement courante en debut de CP. Exemple d'un probleme de maths d'examen de fin de CP de Singapour:
Il reste 20 dollars a Mary, qui a achete 6 bonbons de 20 cents chacun pour chacun de ses 5 amis. Combien Mary avait-elle d'argent avant l'achat des bonbons?
Paske, heu, moi, en fin de sixième je n'en suis pas certain.
D'ailleurs ça me donne envie de faire le test cet am et je vous donne les résultats par la suite.
La difficulté est uniquement dans la compréhension de l'énoncé. Les calculs sont très simples. Si les élèves ont été correctement entraînés à analyser les mots du problème, et il n'y en a pas beaucoup (reste, chacun), je ne vois pas ce qui les empêcherait de répondre en fin de CP.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- ZorglubHabitué du forum
I ni cè, n'térikè !Boubous a écrit:La résolution d'un problèmes nécessitant plusieurs étapes et la manipulation de dollars et de cents dans un même problème ne sont pas au programme de CP à Singapour !Zorglub a écrit:Qui peut me confirmer que ce problème est effectivement réussi par la majorité des élèves de CP de Singapour ?shepherd a écrit:Oui. Mais par exemple, avec seulement 5 heures de maths par semaine, il est impossible d'esperer atteindre le niveau de Singapour qui presuppose une lecture totalement courante en debut de CP. Exemple d'un probleme de maths d'examen de fin de CP de Singapour:
Il reste 20 dollars a Mary, qui a achete 6 bonbons de 20 cents chacun pour chacun de ses 5 amis. Combien Mary avait-elle d'argent avant l'achat des bonbons?
Cf. page 34
http://www.moe.gov.sg/education/syllabuses/sciences/files/maths-primary-2013.pdf
- ZorglubHabitué du forum
Ben alors ils auront beaucoup régressé entre la fin du CP et la sixième.egomet a écrit:Zorglub a écrit:Qui peut me confirmer que ce problème est effectivement réussi par la majorité des élèves de CP de Singapour ?shepherd a écrit:Oui. Mais par exemple, avec seulement 5 heures de maths par semaine, il est impossible d'esperer atteindre le niveau de Singapour qui presuppose une lecture totalement courante en debut de CP. Exemple d'un probleme de maths d'examen de fin de CP de Singapour:
Il reste 20 dollars a Mary, qui a achete 6 bonbons de 20 cents chacun pour chacun de ses 5 amis. Combien Mary avait-elle d'argent avant l'achat des bonbons?
Paske, heu, moi, en fin de sixième je n'en suis pas certain.
D'ailleurs ça me donne envie de faire le test cet am et je vous donne les résultats par la suite.
La difficulté est uniquement dans la compréhension de l'énoncé. Les calculs sont très simples. Si les élèves ont été correctement entraînés à analyser les mots du problème, et il n'y en a pas beaucoup (reste, chacun), je ne vois pas ce qui les empêcherait de répondre en fin de CP.
A lire votre réponse, je crois deviner que vous n'enseignez pas en collège (en tout cas ... pas dans le mien) !
- atriumNeoprof expérimenté
shepherd a écrit:
Je me pose exactement les memes questions quand je vois la difficulte et la longueur de l'examen annuel de fin de CP de Singapour. Reste que la question de l'interdiction des devoirs ecrits n'est curieusement jamais debattue. Or meme dans les pays les plus pedagogos, il y a des devoirs écrits.
Même dans des pays en voie de développement, il y a des devoirs écrits et la majorité des parents achètent certaines fournitures scolaires. Quand on voit que la FCPE revendique la gratuité totale des fournitures et que, sous leur pression, le DASEN 13 nous avait signalé dans sa circulaire de rentrée 2013 qu'il ne fallait rien demander aux parents, même pas un stylo (avec une ARS en hausse de 25%...), il y a vraiment de quoi se poser des questions sur notre beau pays...
- ZorglubHabitué du forum
Déconnez pas vous !atrium a écrit:shepherd a écrit:
Je me pose exactement les memes questions quand je vois la difficulte et la longueur de l'examen annuel de fin de CP de Singapour. Reste que la question de l'interdiction des devoirs ecrits n'est curieusement jamais debattue. Or meme dans les pays les plus pedagogos, il y a des devoirs écrits.
Même dans des pays en voie de développement, il y a des devoirs écrits et la majorité des parents achètent certaines fournitures scolaires. Quand on voit que la FCPE revendique la gratuité totale des fournitures et que, sous leur pression, le DASEN 13 nous avait signalé dans sa circulaire de rentrée 2013 qu'il ne fallait rien demander aux parents, même pas un stylo (avec une ARS en hausse de 25%...), il y a vraiment de quoi se poser es questions sur notre beau pays...
Y'a le forfait de tel à payer et l'iphone zinzin et les baskets nike ke sinon t'es un bolos.
Ne tentez pas de dévoyer le bon usage de l'ARS.
- atriumNeoprof expérimenté
Zorglub a écrit:Déconnez pas vous !atrium a écrit:shepherd a écrit:
Je me pose exactement les memes questions quand je vois la difficulte et la longueur de l'examen annuel de fin de CP de Singapour. Reste que la question de l'interdiction des devoirs ecrits n'est curieusement jamais debattue. Or meme dans les pays les plus pedagogos, il y a des devoirs écrits.
Même dans des pays en voie de développement, il y a des devoirs écrits et la majorité des parents achètent certaines fournitures scolaires. Quand on voit que la FCPE revendique la gratuité totale des fournitures et que, sous leur pression, le DASEN 13 nous avait signalé dans sa circulaire de rentrée 2013 qu'il ne fallait rien demander aux parents, même pas un stylo (avec une ARS en hausse de 25%...), il y a vraiment de quoi se poser es questions sur notre beau pays...
Y'a le forfait de tel à payer et l'iphone zinzin et les baskets nike ke sinon t'es un bolos.
Ne tentez pas de dévoyer le bon usage de l'ARS.
Je tiens à dire que les parents fraîchement immigrés tenaient eux absolument à équiper Junior ou Juniorette eux-mêmes et demandaient des conseils aux enseignants.
- egometDoyen
Zorglub a écrit:Ben alors ils auront beaucoup régressé entre la fin du CP et la sixième.egomet a écrit:Zorglub a écrit:
Qui peut me confirmer que ce problème est effectivement réussi par la majorité des élèves de CP de Singapour ?
Paske, heu, moi, en fin de sixième je n'en suis pas certain.
D'ailleurs ça me donne envie de faire le test cet am et je vous donne les résultats par la suite.
La difficulté est uniquement dans la compréhension de l'énoncé. Les calculs sont très simples. Si les élèves ont été correctement entraînés à analyser les mots du problème, et il n'y en a pas beaucoup (reste, chacun), je ne vois pas ce qui les empêcherait de répondre en fin de CP.
A lire votre réponse, je crois deviner que vous n'enseignez pas en collège (en tout cas ... pas dans le mien) !
Mon expérience de l'enseignement des mathématiques se limite en effet à un centre d'alphabétisation.
La difficulté qu'on rencontrait n'était pas dans l'enseignement du calcul lui-même, mais dans l'enseignement du français, car mes élèves parlaient somali à la maison et nous n'avions que trois ans à mi-temps pour leur apprendre à lire en français. Tant qu'on en restait à des problèmes assez bien calibrés, c'est à dire reprenant le vocabulaire utilisé en classe pour construire les notions d'addition, de soustraction ou de multiplication, ils étaient performants.
Maintenant, je ne remets en cause ni votre témoignage, ni votre compétence. Vous n'êtes pas reponsable de l'état de l'école française. Je dis juste qu'il est parfaitement possible de faire faire un tel exercice à des petits, à condition de travailler le langage.
Par ailleurs, je suis professeur de français.
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Primum non nocere.
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Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- V.MarchaisEmpereur
Reine Margot a écrit:mais est-ce seulement la méthode qui pèche? n'y a-t-il pas aussi l'ajout d'activités annexes, la réduction des heures...? Lorsque les PE contestent la réforme des rythmes et expliquent pourquoi les élèves sont surchargés d'activités et ne font pas assez de lecture-écriture, personne ne les entend.
Bien sûr, Reine. Quand je dis que c'est tout le système qui merdoie, c'est bien ainsi que je l'entends. Je n'en pense pas moins que nous avons un problème de méthode de lecture, qui n'apprend pas le déchiffrage rigoureux, qui veut faire lire vite et silencieusement trop vite, qui brûle les étapes, et crée ces lecteurs approximatifs qui passent leur temps à lire un mot pour un autre au mépris du sens, voire les dyslexiques dont on a constaté la prolifération. C'est déjà terrible, mais ce n'est que la première étape d'un système qui a tout mis sens dessus dessous. On se disperse trop, il y a trop peu de temps consacré à la lecture et à l'écriture à cause de tout ce qui envahit le temps scolaire. Il y a la disparition des aides pour les élèves en difficulté (on nous bassine avec le système finlandais, mais en Finlande, les mauvais lecteurs sont systématiquement pris à part pour retravailler la lecture aussi longtemps que nécessaire), etc.
doctor who a écrit:Il est vrai que la querelle des méthodes occulte d'autres facteurs scolaires qui entrent en jeu dans la création de bons lecteurs.
Mais avec de mauvaises méthodes, tout ce qu'on peut faire ultérieurement est peu efficace.
C'est exactement cela. Ça n'explique pas tout, mais ça fait déjà prendre un mauvais départ.
PabloPE a écrit:
quand on passe une demie journée sur un parcours cycliste ou que l'on va une demie journée par semaine à la piscine on perd du temps d'apprentissage .Mais le pire est de voir ramenés les horaires du français à 7h30 par semaine, pour permettre 1h30 d'anglais au lieu des 9h de mes débuts...Et encore en 2002 c'était 7h30 maximum, depuis c'est 7h30/8h00.
Mais le pire est que avant on pouvait recourir au RASED pour les élèves en grande difficulté, les parents nous écoutaient pour les orientations ou tout simplement les redoublements... Maintenant ils ont le paravent idéal: l'AVS et la quasi totalité refusent les CLIS/ITEP/IME/SEGPA/ULIS.
Alors on pourra toujours se retrancher derrière l'incompétence des PE en la matière, tant que l'on ne leur donnera pas du temps pour ces apprentissages ils continueront à devoir encaisser sans pour autant détenir la solution.
Ce témoignage illustre exactement ce que je disais plus haut. Nous sommes d'accord sur la difficulté de faire face à des exigences devenues délirantes.
Maintenant, face à ces exigences délirantes, je vois autour de moi au moins 3 types d'instits :
- les combatifs, comme DC ou Rikki. Ils tournent le dos à des programmes furieux, assument, et s'efforcent de faire mieux. J'admets que c'est compliqué. Certains l'ont payé cher. Mais ils le font.
- les résignés, qui n'approuvent pas, déplorent la situation ainsi que le fait Pablo, mais qui restent dans les clous, à cause des multiples pressions évoquées. Sans doute la majorité, même si je suis mal placée pour en juger, n'ayant pas une vision globale de la situation.
- et aussi, il faut le dire, des bien convaincus que tout ceci est nécessaire, qui s'insurgent quand on parle de se recentrer sur les fondamentaux, d'apprendre d'abord à lire, écrire, calculer, disant : "On ne va pas faire que ça ! Quelle régression ce serait !" et qui appellent humanisme le fait de fabriquer, génération après génération, 40% d'illettrés ; qui se flattent de leurs merveilleux projets pédagogiques, sont les premiers à dénoncer l'injustice des devoirs écrits et la beauté du livret de compétences. Et ces derniers font bien des dégâts, d'autant plus facilement que ce sont eux qui sont en odeur de sainteté, récoltent les remerciement des parents (qui trouvent tout ça vachement épanouissant), la reconnaissance de leur direction et les lauriers des IEN.
Alors je dirais qu'aucun instit n'est responsable individuellement de la situation telle qu'elle est, mais qu'une fois ça posé, il faut choisir son camp et savoir ce que l'on défend, et pourquoi.
C'est là qu'il y a un hic. Le même hic que pour ceci :
doublecasquette a écrit:
Avec des méthodes efficaces et des exigences personnelles, c'est suffisant. Au CP, on a aussi besoin de se dégourdir les papattes, de créer, de découvrir. Mais il faut absolument et ces méthodes efficaces et ces exigences personnelles.
Qui, parmi les instits, a reçu une formation pédagogique suffisamment complète et ouverte pour avoir un réel recul sur ses pratiques, savoir pourquoi telle méthode est préférable à telle autre, connaître les enjeux de chaque activité, penser une progression des apprentissages dans des domaines aussi essentiels que la lecture ou l'écriture ? Rachel Boutonnet, dans sa relation de son année d'IUFM, disait qu'elle avait eu à peine deux après-midi sur l'enseignement de la lecture. Que peut-on apprendre de sérieux en si peu de temps ?
On se demandera sans doute d'où je parle, moi, professeur de collège, et on me trouvera peut-être méprisante avec les instits. Or je n'ai aucun mépris pour le travail des instits, bien au contraire. C'est avec eux que j'ai réappris mon métier, parce que faut pas rêver, moi, prof de collège, je n'étais pas mieux formée qu'eux pour enseigner ma discipline. C'est avec eux que je me suis réunie régulièrement pendant des années pour travailler sur la pédagogie de la grammaire, la conception des progressions pédagogiques. Et même si je pouvais paraître n'être que peu concernée, j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt le travail sur la lecture et l'écriture (et la mise au point de la fameuse méthode d'écriture-lecture du réseau SLECC). De mon côté, je menais des recherches actives sur la pédagogie de la rédaction, en passant au crible les manuels anciens donnés en référence au GRIP. Et j'ai beaucoup appris des instits, de mon travail avec eux. Et en travaillant pour le collège sur la manière de travailler l'écrit à ce niveau, j'ai compris une chose que les anciens manuels avaient parfaitement intégrée : l'apprentissage de la lecture et de l'écriture, ainsi que le dit le GRIP, est lié. C'est évident pour le déchiffrage. Mais cela va bien au-delà.
Le rapport du HCE parle de 40% d'élèves non-lecteurs autonomes. Dieu merci, parmi ces 40% (c'est énorme), la majorité déchiffre tout de même. Voici ce que dit le rapport :
Ce que moi j'ai constaté sur le terrain (du collège, donc), c'est un grand déficit de vocabulaire, mais aussi une insuffisance en grammaire (incapacité à suivre la chaîne référentielle par une identification claire des pronoms, par exemple, qui ne sont parfois même pas lus mais ignorés comme des "petits mots" sans importance) et en syntaxe. Or, depuis que je fais travailler mes élèves de façon très méthodique en rédaction, avec une progression annuelle, des exercices d'entraînement, je remarque que progresser en écriture, c'est-à-dire intégrer, faire siennes des tournures syntaxiques, des formes grammaticales, cela permet de progresser en compréhension.Ils ne sont pas encore des lecteurs assez entraînés pour assimiler le contenu de livres scolaires, ou même pour les utiliser. Les professeurs de sixième constatent qu’ils lisent trop lentement parce qu’ils déchiffrent mal, ou bien qu’ils déchiffrent correctement mais ne comprennent que très partiellement ce qu’ils lisent, faute des connaissances linguistiques (lexique, grammaire) et culturelles suffisantes.
On n'a jamais autant parlé de tâche complexe et on oublie trop souvent que lire est une tâche complexe en soit, qui nécessite le travail conjoint de la grammaire, de la syntaxe et de l'écriture. Et je ne parle pas là de séquences à la con qui viendraient tout mélanger sous couvert d'unité thématique, en dépit de toute considération relative à la progressivité nécessaire dans chaque domaine. Je parle d'enseigner à écrire, des phrases simples, des réponses rédigées, puis quelques phrases qui progressent bien, se relient progressivement entre elles pour former de petits paragraphes. Qui sait encore faire cela, en Primaire ?
Pas le temps, me direz-vous.
On n'a pas assez de temps pour lire, on en a encore moins pour faire écrire et, de toute façon, la pédagogie de la rédaction s'est perdue. Il y aura toujours quelques PE pour protester que moi, madame, ne vous en déplaise, je fais faire tant de rédactions par an. Mais d'une part, les témoignages sont suffisamment nombreux pour constater que c'est loin d'être la majorité. La plupart des cours consistent en photocopies à compléter, y compris les contrôles qui demandent rarement de rédiger une réponse complète, et les rédactions, même modestes (on ne va pas faire écrire une page en CE), restent bien rares. En outre, je l'affirme aussi bien pour le collège que pour le Primaire, ce n'est pas une simple juxtaposition de rédactions qui fait progresser en rédaction. Il faut encore être capable, entre deux évaluations (car c'est d'abord cela, l'exercice traditionnel de la rédaction), de transmettre un contenu, et ce de façon aussi méthodique, organisée que possible. Seulement, on ne sait plus faire.
Et je pense que l'apprentissage de la lecture souffre directement de cette perte, car c'est par l'écriture que l'on fait sienne cette syntaxe de l'écrit dont la maîtrise est nécessaire pour être un lecteur autonome.
- V.MarchaisEmpereur
(Ça y est, j'ai dû achever tout le monde avec mon pavé.)
- doctor whoDoyen
En passant, bonne nouvelle Véronique ! L'année prochaine, rebelotte du collège. Donc moi pouvoir utiliser ton futur manuel de rédaction ! (Je vais en gagner, du temps et de l'énergie...)
Sinon, permets-moi de te citer me citant :
Ce qui est étonnant, c'est que les mêmes qui disent qu'il n'y a pas de problème de méthode d'apprentissage initial de la lecture peuvent défendre l'idée selon laquelle ce problème existait autrefois, en se fondant sur les propos d'un ministre de l'éducation qui parlait justement des problèmes rencontrés dans l'apprentissage ultérieur de la lecture (en CM).
Voir mon article contestant les propos de l'historien Antoine Prost au sujet d'une phrase de Jean Zay en 1938 :
http://pedagoj.eklablog.com/jean-zay-et-l-enseignement-de-la-lecture-a103893896
(Lire plus particulièrement le grand IV, qui distingue justement ces deux étapes de l'apprentissage.)
Deux poids, deux mesures !
Sinon, permets-moi de te citer me citant :
V.Marchais a écrit:C'est exactement cela. Ça n'explique pas tout, mais ça fait déjà prendre un mauvais départ.doctor who a écrit:Il est vrai que la querelle des méthodes occulte d'autres facteurs scolaires qui entrent en jeu dans la création de bons lecteurs.
Mais avec de mauvaises méthodes, tout ce qu'on peut faire ultérieurement est peu efficace.
Ce qui est étonnant, c'est que les mêmes qui disent qu'il n'y a pas de problème de méthode d'apprentissage initial de la lecture peuvent défendre l'idée selon laquelle ce problème existait autrefois, en se fondant sur les propos d'un ministre de l'éducation qui parlait justement des problèmes rencontrés dans l'apprentissage ultérieur de la lecture (en CM).
Voir mon article contestant les propos de l'historien Antoine Prost au sujet d'une phrase de Jean Zay en 1938 :
http://pedagoj.eklablog.com/jean-zay-et-l-enseignement-de-la-lecture-a103893896
(Lire plus particulièrement le grand IV, qui distingue justement ces deux étapes de l'apprentissage.)
Deux poids, deux mesures !
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- V.MarchaisEmpereur
Mais tu avais donc quitté le collège ?
Pardon pour le HS perso.
Pardon pour le HS perso.
- doctor whoDoyen
V.Marchais a écrit:Mais tu avais donc quitté le collège ?
Pardon pour le HS perso.
Non, mais j'aurions voulu (poste visé donné à un stagiaire...)
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- SeiGrand Maître
Tu n'as pas achevé tout le monde, Véronique !
Je suis attentivement ce que disent les PE sur ce forum et je suis très intéressée par ta réflexion sur la rédaction (j'ai déjà eu l'occasion de te le dire). Je tâtonne énormément (CAD2), c'est difficile d'allier tous les apprentissages avec le peu de temps dont nous disposons (en 6e, dans mon collège, par semaine : 4,5 heures en classe entière / 0,5 heure en demi-groupe).
Je suis attentivement ce que disent les PE sur ce forum et je suis très intéressée par ta réflexion sur la rédaction (j'ai déjà eu l'occasion de te le dire). Je tâtonne énormément (CAD2), c'est difficile d'allier tous les apprentissages avec le peu de temps dont nous disposons (en 6e, dans mon collège, par semaine : 4,5 heures en classe entière / 0,5 heure en demi-groupe).
- User17706Bon génie
Moi aussi je respire encore (tout juste mais ça va)
- Luigi_BGrand Maître
Moi je t'ai lue avec beaucoup d'intérêt.V.Marchais a écrit:(Ça y est, j'ai dû achever tout le monde avec mon pavé.)
_________________
LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- doublecasquetteEnchanteur
Boubous a écrit:La résolution d'un problèmes nécessitant plusieurs étapes et la manipulation de dollars et de cents dans un même problème ne sont pas au programme de CP à Singapour !Zorglub a écrit:Qui peut me confirmer que ce problème est effectivement réussi par la majorité des élèves de CP de Singapour ?shepherd a écrit:Oui. Mais par exemple, avec seulement 5 heures de maths par semaine, il est impossible d'esperer atteindre le niveau de Singapour qui presuppose une lecture totalement courante en debut de CP. Exemple d'un probleme de maths d'examen de fin de CP de Singapour:
Il reste 20 dollars a Mary, qui a achete 6 bonbons de 20 cents chacun pour chacun de ses 5 amis. Combien Mary avait-elle d'argent avant l'achat des bonbons?
Cf. page 34
http://www.moe.gov.sg/education/syllabuses/sciences/files/maths-primary-2013.pdf
Ah ! Ça me soulage ! Je veux bien croire que quelques élèves, généreusement dotés par Dame Nature et surentraînés, peuvent en effet arriver à résoudre ce problème entre 7 et 8 ans mais je n'arrive pas à croire que toute une génération ou presque de bambins de cet âge-là réussit ce type de problème...
- doublecasquetteEnchanteur
egomet a écrit:Zorglub a écrit:Ben alors ils auront beaucoup régressé entre la fin du CP et la sixième.egomet a écrit:
La difficulté est uniquement dans la compréhension de l'énoncé. Les calculs sont très simples. Si les élèves ont été correctement entraînés à analyser les mots du problème, et il n'y en a pas beaucoup (reste, chacun), je ne vois pas ce qui les empêcherait de répondre en fin de CP.
A lire votre réponse, je crois deviner que vous n'enseignez pas en collège (en tout cas ... pas dans le mien) !
Mon expérience de l'enseignement des mathématiques se limite en effet à un centre d'alphabétisation.
La difficulté qu'on rencontrait n'était pas dans l'enseignement du calcul lui-même, mais dans l'enseignement du français, car mes élèves parlaient somali à la maison et nous n'avions que trois ans à mi-temps pour leur apprendre à lire en français. Tant qu'on en restait à des problèmes assez bien calibrés, c'est à dire reprenant le vocabulaire utilisé en classe pour construire les notions d'addition, de soustraction ou de multiplication, ils étaient performants.
Maintenant, je ne remets en cause ni votre témoignage, ni votre compétence. Vous n'êtes pas reponsable de l'état de l'école française. Je dis juste qu'il est parfaitement possible de faire faire un tel exercice à des petits, à condition de travailler le langage.
Par ailleurs, je suis professeur de français.
Quel âge avaient les élèves de ce centre d'alphabétisation ?
Par ailleurs, en groupe, avec du matériel et le maître pour les aider à s'organiser, en effet, je pense qu'il peut n'y avoir aucun problème.
En revanche, seuls, en autonomie, même avec un bon niveau de langage et une excellente capacité de lecture, on se heurte au problème de la maturité. C'est un problème qui "revient en arrière" et pour l'enfant de sept ans, ce n'est pas naturel.
- doublecasquetteEnchanteur
doctor who a écrit:V.Marchais a écrit:Mais tu avais donc quitté le collège ?
Pardon pour le HS perso.
Non, mais j'aurions voulu (poste visé donné à un stagiaire...)
Ah tiens... Ça me rappelle quelqu'un, ça... Je ne savais pas que ça atteignait aussi le secondaire ce genre de casse-moral !
- PabloPEExpert
J'aime beaucoup être cataloguée ainsi, j'ignorais qu'on se connaissait et tu prétends ne pas juger? Franchement je passe mon temps à dire à mes collègues PE que non les profs de collège ne nous méprisent pas. Alors oui allez je te l'accorde seules DC et Rikki sont des bons PE, tous les autres nous sommes soit incompétents soit des moutons.V.Marchais a écrit:
Ce témoignage illustre exactement ce que je disais plus haut. Nous sommes d'accord sur la difficulté de faire face à des exigences devenues délirantes.
Maintenant, face à ces exigences délirantes, je vois autour de moi au moins 3 types d'instits :
- les combatifs, comme DC ou Rikki. Ils tournent le dos à des programmes furieux, assument, et s'efforcent de faire mieux. J'admets que c'est compliqué. Certains l'ont payé cher. Mais ils le font.
- les résignés, qui n'approuvent pas, déplorent la situation ainsi que le fait Pablo, mais qui restent dans les clous, à cause des multiples pressions évoquées. Sans doute la majorité, même si je suis mal placée pour en juger, n'ayant pas une vision globale de la situation.
- et aussi, il faut le dire, des bien convaincus que tout ceci est nécessaire, qui s'insurgent quand on parle de se recentrer sur les fondamentaux, d'apprendre d'abord à lire, écrire, calculer, disant : "On ne va pas faire que ça ! Quelle régression ce serait !" et qui appellent humanisme le fait de fabriquer, génération après génération, 40% d'illettrés ; qui se flattent de leurs merveilleux projets pédagogiques, sont les premiers à dénoncer l'injustice des devoirs écrits et la beauté du livret de compétences. Et ces derniers font bien des dégâts, d'autant plus facilement que ce sont eux qui sont en odeur de sainteté, récoltent les remerciement des parents (qui trouvent tout ça vachement épanouissant), la reconnaissance de leur direction et les lauriers des IEN.
Alors je dirais qu'aucun instit n'est responsable individuellement de la situation telle qu'elle est, mais qu'une fois ça posé, il faut choisir son camp et savoir ce que l'on défend, et pourquoi.
C'est là qu'il y a un hic. Le même hic que pour ceci :
C'est sympa l'ambiance ici.
Et sinon donc les seuls responsables de l'échec du système scolaire sont les PE. Donc si on applique ton raisonnement les profs de collège devraient pouvoir sans aucun problème rectifier le tir alors, il suffit qu'ils choisissent leur camp ....Donc comme PISA se passe à l'issue du collège on est au top
Finalement il a raison mon voisin, si le système éducatif va mal c'est la faute de ces faignasses de profs.
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"Et moi qui
me croyais tranquille pour un bout de temps avec mon chat brun."
- Le programme éducatif du FN selon Florian Philippot - Interview dans Le Point par J.P. Brighelli
- "Je suis toujours maîtresse d'école". Une réflexion sur la "refondation" , par Catherine Huby.
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